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Analyse Des Politiques de Lutte Contre La Pauvrete en RDC Et Perspectives
Analyse Des Politiques de Lutte Contre La Pauvrete en RDC Et Perspectives
✍
KANDAYI MUSUMBU GINA
L2 Economie de Développement
AOÛT 2023
[I]
FIGURES
Figure 1: Seuil de pauvreté.......................................................................................................10
Figure 2: Etat de la sous-alimentation......................................................................................11
Figure 3: Prévalence de l'insécurité alimentaire.......................................................................11
Figure 4: Durée attendue de scolarisation.................................................................................12
Figure 5: Durée moyenne de scolarisation................................................................................12
Figure 6: Accès à l'électricité....................................................................................................13
Figure 7: Taux de croissance du PIB réel par habitant.............................................................14
Figure 8: Proportion de personnes vivant avec moins de la moitié de la dépense médiane par
sexe du chef de ménage et milieu de résidence........................................................................15
Figure 9: Taux de croissance des dépenses des ménages par habitant pour les 40 % de la
population les plus pauvres et pour l’ensemble de la population selon le sexe du chef de
ménage......................................................................................................................................16
Figure 10: Proportion de la population urbaine vivant dans des quartier taudis ou logements
inadéquats.................................................................................................................................17
[II]
TABLEAUX
Tableau 1: Accès à l'eau............................................................................................................13
Tableau 2: Emploie par secteur d'activité et taux de chômage.................................................14
[1]
0. INTRODUCTION
Au fil des années, la population de la République démocratique du Congo (RDC) a subi
l’accentuation de son appauvrissement, suite à la dégradation du contexte socioéconomique et
politique de son pays. En effet, en dépit de diverses mesures de redressement mises en œuvre
pour la stabiliser, son économie demeurait sous l’effet des déséquilibres fondamentaux
qui se sont davantage accentués durant la période de 1991 à 2001.
L’année 2001 marque alors le début d’une nouvelle ère économique : une ère de réformes
économiques et de stabilisation institutionnelle effectuées dans un contexte d’ouverture
internationale, après des années de turbulence politique (pillage, importation des tensions
interethniques rwandaises, guerres, et conflits armés) et de rupture internationale. Une ère
marquée par une amélioration – bien que fragile de l’environnement macroéconomique.
La dynamique de la croissance économique en RDC est sans conteste. Depuis 2002, ce pays
connait une croissance considérable : le taux de croissance moyen a été de 6,43% entre 2002
et 2014. En dépit de ces performances, les résultats de la pauvreté sont remarquablement
importants (Kodila-Tedika O. et Izu-Makongo A., 2017). Les résultats du Rapport sur
l’évaluation de la pauvreté en RDC présenté par la Banque Mondiale, le 14 mai 2019 à
Kinshasa, couvrant la période de 2005 à 2012, montrent que le taux de pauvreté en RDC a
diminué de 5,3 points de pourcentage (quittant 69,3% pour 64%) alors que le nombre de
pauvres a augmenté d’environ 7 millions (passant de 38 millions à 45 millions).
Parallèlement, la pauvreté alimentaire, la profondeur de la pauvreté (écart de pauvreté) ainsi
que sa sévérité ont baissé respectivement de 6,8% ; 4,3% et 3% sur la même période. On se
rend compte que ce taux est très élevé. Par ailleurs, les facteurs tendant à accélérer l’incidence
de la pauvreté comprennent la croissance rapide de la population urbaine, la diminution de
l’accès aux marchés et du nombre de propriétaires d’entreprises(FEC, 2019).
Selon les statistiques de la Banque Mondiale, en 2015 la RDC est, en valeur absolue, le
deuxième pays africain et le troisième au monde à avoir plus de pauvres (55,11 millions)
après l’Inde (90,17 millions) et le Nigeria (86,54 millions). Selon les mêmes statistiques, 85%
des pauvres de la planète se retrouvent dans les régions de l’Asie du sud-est et l’Afrique
subsaharienne : 629 millions sur les 736 millions de personnes qui vivaient dans l’extrême
pauvreté. La moitié du total des pauvres se concentre dans 05 pays : Inde, Nigéria, RDC,
Ethiopie et Bangladesh (FEC, 2019).
[2]
La présente étude sur la pauvreté en RDC se propose d’illustrer les différentes politiques de
réduction de pauvreté en RDC mis en exergue par des programmes de réduction de pauvreté
sur l’ensemble du territoire du pays et identifier les acquis en termes de pauvreté après les
programmes soit arrivés à leur terme.
La présente étude est structurée autour des axes suivants : après une introduction sur l’analyse
de la pauvreté, nous avons mis en évidence une analyse théorique sur la notion de la pauvreté.
Dans un deuxième axe, on a introduit une partie liée aux stratégies de réduction de pauvreté
dans lesquelles sont articulés les politiques de lutte contre la pauvreté. Le troisième axe de
l’étude est consacré à l’analyse de la pauvreté des données sur l’état de la pauvreté en RDC.
[3]
1. APPROCHE THEORIQUE
Il est question de proposer une synthèse des différents concepts et considérations théoriques
attachés à la notion de la pauvreté.
1.1. Pauvreté
La pauvreté constitue une préoccupation majeure à l’échelle planétaire. Cette importance
émane, entre autres, de son impact sur le bien-être des populations.
La pauvreté est une notion difficilement définissable. Mais, elle est comprise comme un état
d’une personne qui manque de moyens matériels, d’argent, de ressources (Barrat C.F., 1999).
Pour la Banque Mondiale (1990) et le PNUD (2001) la pauvreté résulte d’un manque d’accès
aux actifs, d’une croissance économique insuffisante ou inappropriée, et d’une mauvaise
gouvernance. Les deux organisations s’accordent sur les causes de la pauvreté mais ont
cependant des divergences quant à la définition de celle-ci et de sa quantification. Dans ce
sens, Le PNUD définit spécifiquement trois notions 1:
Eu égard à son ampleur, la question de la lutte contre la pauvreté a été placée, par la
communauté internationale comme premier objectif aussi bien pour les Objectifs du
Millénaire pour le Développement en 2000 que pour les Objectifs de Développement Durable
en 2015. Deux approches marquantes pourraient dessiner l’esquisse du phénomène de la
pauvreté :
1
http://www.bsi-economics.org/images/articles/a164.pdf
[4]
Pour Sen A. (1981), l’analyse de la pauvreté doit s’axer autour des « capabilités » c’est-à-dire
autour des capacités et ressources qui indiquent qu’un individu est libre de mener tel ou tel
type de vie. Ainsi, la pauvreté est vue comme un manque des « capabilités ». Pour échapper à
la pauvreté, Sen A. pense que les dotations initiales en ressources (denrées alimentaires par
exemple) ne suffisent pas. Il faut considérer également les droits d’accès, qui, combinés aux
ressources traduisent les capabilités.
[5]
Depuis 2001, la RDC a mis en œuvre trois stratégies successives de réduction de la pauvreté
et de soutien à la croissance pour offrir des meilleures perspectives de développement humain
durable à sa population. Les résultats globaux sont cependant très mitigés en termes de
développement humain durable, malgré le potentiel de ressources naturelles et minières de la
RDC, ainsi que sa position géostratégique propice aux gains de l’intégration régionale.
2.1.2. DSCRP 1
L’adoption en 2006 du premier Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté (DSCRP 1) a été un tournant majeur pour la gestion des politiques socio-
économiques : pour la première fois, le pays a pu disposer d’un cadre de priorités de
développement à moyen
terme, orienté sur l’accélération de la croissance et la lutte contre la pauvreté. Par la suite, le
DSCRP 2 a été élaboré.
2.1.2.1. Objectifs
De ce fait, le DSCRP a été la première expérience en RDC de formulation des choix
stratégiques et des actions dans un cadre intégré, basé sur le consensus politique et visant à
relier les différentes politiques publiques aux deux objectifs essentiels d’une croissance forte
et d’une baisse rapide de la pauvreté.
2.1.2.2. Piliers
Assis sur cinq piliers stratégiques, il s’est également référé à des objectifs dépassant l’horizon
du document en cherchant à s’inscrire dans la trajectoire d’atteinte des Objectifs du
Millénaire :
[6]
1. Education
Enseignement Primaire Universel
Enseignement Secondaire
Enseignement Supérieur et Universitaire
Education Non Formelle
2. Santé
Développement des Zones de Santé
Le Renforcement du Niveau Intermédiaire
La Rationalisation du Niveau Central
3. Pauvreté Urbaine
Améliorer les Conditions de Vie des Populations Urbaines.
Améliorer la Gestion Urbaine en renforçant la Responsabilisation et la Transparence
Résorber la Carence et la Mauvaise Qualité des Logements
4. Protection Sociale
5. Culture, Science et accès à la technologie universelle
2.1.3. DSCRP 2
La République Démocratique du Congo (RDC) a en 2011 élaboré le Document de Stratégie
de Croissance et de Réduction de la Pauvreté 2 (DSCRP 2).
stratégies devant aboutir à un passage à l’échelle de la RDC dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté.
2.1.3.1. Piliers
La présente stratégie repose sur quatre (4) piliers comportant chacun des axes stratégiques et
des actions prioritaires pour leur mise en œuvre, à savoir :
Globalement, le DSCRP 2 vise, à l’horizon 2015, à améliorer les conditions de vie des
populations en général, et des groupes vulnérables (femmes et aux enfants) en particulier.
2.1.4. Contraintes
Par ailleurs, le DSCRP a connu des contraintes importantes tant au niveau de son élaboration,
qui fut très longue, que de sa mise en œuvre. Premièrement, l’appropriation tant du document
que du processus est restée limitée. En second lieu, le dispositif institutionnel pour
accompagner la mise en œuvre de la stratégie a eu du mal à fonctionner, qu’il s’agisse des
comités institués aux différents niveaux national, provincial et local, ou des groupes
thématiques. De même, les insuffisances au niveau du système d’information statistique,
d’analyse et reporting n’ont pas permis au dispositif de suivi-évaluation d’assurer
correctement sa mission d’évaluation des progrès réalisés et de proposition de mesures
correctrices. Plus fondamentalement encore, la mise en œuvre du DSCRP a été largement
[8]
La priorité accordée à la lutte contre la pauvreté dans les zones rurales et périurbaines par le
PPA-LCPI est la charpente centrale de l’action gouvernementale déclinée dans le Programme
du
Gouvernement approuvé par le parlement le 6 septembre 2019. Cette priorité se justifie par
l’ampleur des défis de la pauvreté multidimensionnelle, des inégalités et vulnérabilités
sociales, ainsi que des risques systémiques auxquels la RDC est exposée. Relever ces défis
contribuera à consolider la stabilité sociale et à répondre à une grande partie des attentes des
populations, notamment rurales, qui ont été des acteurs, entre autres, de l’alternance
démocratique survenue en janvier 2019.
2.2.1. Objectif
L’objectif global du PPA-LCPI est de corriger les disparités de développement humain
durable entre les milieux urbain et rural des vingt-six (26) provinces de la RDC.
[9]
2.2.2. Structure
Le programme est structuré autour des trois composantes ci-dessous :
Composante 1 : Améliorer l’accès des populations rurales et périurbaines aux
infrastructures et services socio-économiques de base.
Composante 2 : Promouvoir des économies rurales et locales dynamiques.
Composante 3 : Renforcer des capacités de gestion du développement local aux
niveaux national, provincial et local.
[10]
En 2020, l’incidence de la pauvreté monétaire en RDC évaluée à partir du seuil national est
estimée à 56,2% avec des disparités selon le sexe du chef de ménage, le milieu de résidence et
les provinces du pays. On estime à 57,1% la proportion de la population vivant en-dessous du
seuil de national de pauvreté dans les ménages dirigés par des hommes contre 52,8% dans les
ménages dirigés par des femmes. Par ailleurs, les résultats ont mis en exergue la persistance
de la pauvreté monétaire dans le milieu rural. L’incidence de la pauvreté évaluée à partir du
seuil national est de 65,4% dans le milieu rural contre 45,2% dans le milieu urbain. A
Kinshasa, la pauvreté monétaire touche 17,6% de la population. Evaluée à partir du seuil
international de 1,90$ en parité de pouvoir d’achat, l’incidence de la pauvreté monétaire est
estimée à 74,7% au niveau national et touche plus les individus vivant dans les ménages
dirigés par les hommes (75,6%). Un peu plus de huit personnes sur dix (84,9%) vivant dans le
milieu rural sont considérées comme pauvre contre 62,6% dans le milieu urbain.
[11]
La proportion de la population vivant dans une situation de pauvreté sous toutes ses formes2
(le noyau dur de la pauvreté) est estimée à 31,2% en RDC en 2020. La pauvreté sous toutes
ses formes touche plus le milieu rural (46,5%) que le milieu urbain (12,9%).
3.2. Alimentation
Figure 2: Etat de la sous-alimentation
42 41.7
41.5
41
40.5 40.4
40.1 40.2
40 39.9 39.8
39.5
39
38.5
2015 2016 2017 2018 2019 2020
Il ressort que plus 65,5% de congolais vivent dans une insécurité alimentaire modérée à
sévère et 43,7% sont dans une insécurité alimentaire sévère. Le milieu rural reste
particulièrement le plus touché avec respectivement 70,3% et 48,5%. La situation de Kinshasa
reste relativement moins préoccupante que pour le reste du pays.
[12]
3.3. Education
Figure 4: Durée attendue de scolarisation
10.40
10.25 10.27
10.20 10.13
10.04
9.98
10.00 9.89
9.78 9.82 9.82
9.80 9.71 9.75
9.68
9.60
9.40
9.20
2015 2016 2017 2018 2019 2020
5.00
4.00
3.00
2.00
1.00
-
2015 2016 2017 2018 2019 2020
S’agissant du niveau d’instruction, ses deux variables ont évolué de façon distincte. En effet,
en termes de durée attendue de scolarisation, elle a pratiquement stagné à 9 ans, niveau
inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne de 10 ans. Quant à la durée moyenne de
scolarisation, elle a relativement progressé de 6.49 à 7.02 ans, niveau supérieur à la
moyenne de l’Afrique subsaharienne de 6 ans.
[13]
Les résultats montrent que près de 45,95% ont accès à une eau potable de qualité améliorée.
Cette proportion est plus élevée en milieu urbain (74,5%) qu’en milieu rural (21,98%). En
intégrant Proportion de la population utilisant l'assainissement amélioré, les résultats montrent
que seulement 15,39% de la population congolaise a accès à l'assainissement amélioré. Cette
proportion est de 11.22% en milieu rural, 20.35% en milieu urbain.
[14]
L’accès à l’électricité pour l’éclairage reste encore faible en RDC. Les résultats montrent que
seulement 49,52% de la population du pays a accès à l’électricité pour l’éclairage. Cette
proportion est nettement plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural (66,01% contre
14,75%).
La dynamique du taux de croissance par habitant a connu une évolution régressive et négative
s’établissant à 3 ;44% en début de période et -1.41% en fin de période. Le taux de croissance
du PIB réel par habitant des personnes employées suit également la même tendance baissière,
en effet, elle enregistre une performance de 3.37% en 2015 et 0.79% en 2020.
[15]
L’emploi agricole domine le marché du travail en RDC. Les résultats relèvent qu’un peu plus
de 65% sont employés dans le secteur agricole. Selon le sexe, 72.73% de l’emploi occupés
par les femmes sont dans le secteur agricole. La majorité des hommes, soit 58.19% des
hommes employés sont dans le secteur agricole.
L’industrie emploie 9.67% de la main d’œuvre et le secteur des services emploie 25.4%.
Le chômage est faible en RDC car il touche seulement 5.27% des individus mais avec un
sous-emploi élevé. L’analyse selon certaines caractéristiques de la population met en évidence
des niveaux relativement élevés au sein des jeunes et des individus ayant le niveau
d’instruction supérieur.
[16]
En RDC, 24% de la population vit avec moins de la moitié de la dépense médiane avec de
fortes
disparités selon le milieu de résidence et le sexe du chef de ménage. Selon le milieu de
résidence,
36,5% de la population vivant dans le milieu rural vit avec moins de la moitié de la dépense
médiane contre 9,2% dans le milieu urbain. Les résultats de l’enquête montrent que 19,5%
des personnes vivant dans un ménage dirigé par une femme vivent avec moins de la moitié de
la dépense médianes contre 25,2% au sein des ménages dirigés par un homme.
Figure 9: Taux de croissance des dépenses des ménages par habitant pour les 40 % de la
population les plus pauvres et pour l’ensemble de la population selon le sexe du chef de
ménage
120
99.6
100
83.4 85.6
80
63.3 59.3
58.3
60
40
20
0
Masculin Féminin RDC Masculin féminin RDC
40% les plus pauvres Ensemble de la population
Les dépenses de consommation des ménages par tête ont plus augmenté au sein de la
population totale que des 40% de la population les plus pauvres. En effet, les résultats
montrent une augmentation des dépenses de consommation par tête au sein de la population
totale de 85,6%
contre une augmentation des 59,3% au sein des 40% de la population les plus pauvres. Selon
le sexe du chef de ménage deux résultats sont mis en exergues :
Au sein de chaque groupe les dépenses de consommation par tête ont plus augmenté
chez les femmes chef de ménage que chez les hommes chef de ménages avec une
croissance plus importante dans la population totale ;
Le taux de croissance des dépenses des ménages par habitant est plus élevé quel que
soit le sexe du chef de ménage au sein de la population totale qu’au sein des 40% les
plus pauvre. L’écart est plus prononcé entre les femmes des deux groupes qu’entre les
hommes.
[18]
3.7. Habitation
Figure 10: Proportion de la population urbaine vivant dans des quartier taudis ou
logements inadéquats
120
94 98 93
100 90 91 91 88 89 90
83 83 85
80 72 72 66
57 58 56 56 57
60 45 42
40 23 24 28 23 24 23
21 22 16 20
20 13
0
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Sa ié du ili œ
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d
Sa la de ai
Sa A i M
Population vivant dans les logements construits avec des matériaux de qualité
Populatio vivant dans les ménages avec au plus deux personnes par pièce
Proportion de la population urbaine vivant dans les quartiers de taudis ou logements inadéquats
57% de la population urbaine vit dans des logements construits avec des matériaux de qualité
et 23% vit dans des ménages avec au plus deux personnes par pièce. On estime à 90% la
proportion urbaine vivant dans des quartiers de taudis ou des logements inadéquats. A
Kinshasa, cette proportion est estimée à 87%.
3.8. Interprétation
Le niveau général de la pauvreté a légèrement reculé au cours de ces dernières années mais
bien trop peu si l’on tient compte du défi démographique.
La population disposant moins d’un dollar par jour en parité de pouvoir d’achat est
relativement plus importante en milieu rural qu’urbain.
Les progrès en matière d’éducation pour tous sont réels mais insuffisants.
De même, les avancées en matière de santé infantile sont faibles puisque le taux de mortalité
infantile (moins de 5 ans) serait passé de 92% à 81% entre 2015 et 2020.
[19]
Les progrès en matière d’assainissement sont peu significatifs puisque la part de la population
ayant accès à un système d’assainissement amélioré est passée de 42% à 45 entre 2015 à
2020. Les progrès sont mitigés en matière d’accès à l’eau potable, le taux d’accès à
l’électricité étant passé de 44% en 2015 à 49% en 2020. En matière de lutte contre le
paludisme et la tuberculose les progrès restent faibles.
La situation des femmes a connu des progrès très lents au cours de ces dernières années et son
autonomisation est encore faible. En effet, le taux d’activité est passé de 62% à 60%, ce qui
dénote une régression.
CONCLUSION
Les performances macroéconomiques enregistrées par le pays au cours des quinze dernières
années n’ont pas suffi pour améliorer les indicateurs de gouvernance, de développement
humain et résilience.
Depuis 2001, la RDC a mis en œuvre trois stratégies successives de réduction de la pauvreté
et de soutien à la croissance pour offrir des meilleures perspectives de développement humain
durable à sa population. Les résultats globaux sont cependant très mitigés en termes de
développement humain durable, malgré le potentiel de ressources naturelles et minières de la
RDC, ainsi que sa position géostratégique propice aux gains de l’intégration régionale.
Des efforts importants sont déployés par les nations pour atteindre en 2030 les ODD mais le
manque de financement non alignement des ressources de l’Etat et de l’aide internationale sur
les stratégies proposées pour atteindre les ODD limite les progrès en la matière. L’Etat n’a
ainsi pas joué son rôle de redistribution des richesses pour permettre au retour de la croissance
économique de se traduire par un recul significatif de la pauvreté. Ces conclusions appellent
au moins 11 suggestions
Afin de faire face aux enjeux émergents, il est primordial pour les États d’investir dans
le financement de la recherche et innovation en développement ;
Valorisation du capital humain, développement social et culturel ;
Renforcement de la bonne gouvernance, restauration de l’Etat et consolidation de la
paix ;
Consolidation de la croissance économique, diversification et transformation de
l’économie ;
Aménagement du territoire, reconstruction et modernisation des infrastructures ;
Environnement et développement durable équilibré ;
Le renforcement du système national statistique ;
La relance d’une croissance à deux chiffres, créatrice d’emplois décents, à travers le
renforcement de la dynamique de reconstruction et de réhabilitation des infrastructures
socioéconomiques de base, notamment en milieu rural, et la relance de l’agriculture ;
Le renforcement des capacités des institutions et des ressources humaines ;
La coordination intersectorielle doit être initiée au plus haut niveau politique ;
Le développement d’une Stratégie de Développement Durable pour la RDC et la mise
en place d’une commission de développement durable sont une priorité.
[21]
BIBLIOGRAPHIE
Fédération des Entreprises du Congo (FEC) (2019), Evaluation de la pauvreté en
RDC, Mai.
Kodila-Tedika O. et Izu-Makongo A. (2017), Croissance pro-pauvres en République
démocratique du Congo, AGDI Working Paper, N° WP/17/003,
OCDD (2020), Les Objectifs de Développement Durable en République
Démocratique du Congo, Décembre
PNUD (2022), Rapport mondial sur le développement humain.
Présidence de la République (2019), Document de programme : le Programme
Présidentiel Accéléré de Lutte contre la Pauvreté et les Inégalités (PPA-LCPI).
[22]