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Quatrième partie

Interface eau-sédiment et évolution


diagénétique
Introduction
Réactions rédox
Diagramme d’équilibre
Séquence d’oxydation de la matière
organique
Séquence diagénétique
Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

6. Interaction eau-sédiment
Introduction
Seule une faible proportion de la matière organique produite dans la zone photique atteint
l’interface eau-sédiment (cf. chapitre 4). Dans ce chapitre, nous allons aborder les
mécanismes qui permettent la dégradation de la matière organique à l’interface eau-sédiment.
L’oxydation de la matière organique ou respiration est une réaction rédox (Fig. 6.1). Une
réaction rédox implique un transfert d’électrons et un changement d’énergie libre entre les
produits et les réactants. L’atome qui descend d’état d’oxydation est par définition réduit (e.g.,
C dans la photosynthèse) ; l’atome qui monte d’état d’oxydation est oxydé (e.g., O dans la
photosynthèse). La réaction se caractérise par son énergie libre de formation ∆G ou énergie
libre de Gibbs.

Definition: Redox
Reduction + Oxidation Reaction
• Involves electron transfer between reactants
• Involves free energy change between reactants and products
• Spontaneous redox reactions produce energy
Example: Photosynthesis / Respiration
oxidation +4 -2 +1 -2 0 +1 -2 0
states CO2 + H 2O CH2O + O2
gains 4e-
loses 2e -

∆G°= +501.8 kJoules /mole CO2


E° = -1.30 Volts /mole CO2

Figure 6.1 – Définition d’une réaction rédox – J. Boucher, site web 2000

Energie libre de Gibbs


L’énergie libre de Gibbs est une grandeur thermodynamique, combinant l’enthalpie H et
l’entropie S d’un système (Fig. 6.2):
∆G = ∆H -T∆S
où ∆H<0 = réactions exothermique, ∆H>0 = réactions endothermique,
∆S<0 = ordre accru, ∆S>0 = désordre accru.
La réaction est spontanée si elle produit de l’énergie (∆G < 0) mais peut être inhibée par la
cinétique.

(a) Dans les conditions standards (i.e., à P = 1 atm, T = 298°K):


∆G° = ∆H -T∆S
L’énergie libre de formation peut s’exprimer via le potentiel standard E:
∆G° =-nFE°
où n = nombre d’électrons transférés, F = constante de Faraday, E° réaction = E°anode + E°cathode.

(b) Dans les conditions non standards, l’équation de Nermst permet de calculer le potentiel
d’une réaction.
∆G =∆G° + RT lnQ
où R = constante des gaz parfait, T= température, Q= quotient de la réaction.

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

En remplaçant ∆G par –nFE, ∆G° par –nFE°, obtient l’équation de Nermst :


E (en V) = E° -RT lnQ/nF
E = E°- 0.05916 lnQ/n à 25°C.

Recall Gibbs Free Energy: “G”


∆G°= ∆Η−Τ ∆S Measured by standard potential “E” in volts

∆G°= - nFE ° F = 96,500 Coulomb mol-1, Faraday constant


n = number of moles of electron transferred

∆G° <0: reaction is spontaneous


E° > 0: reaction is spontaneous
Q = reaction quotient
∆G = ∆G°+ RT ln Q R = ideal gas constant

Since ∆G°= - nFE°, ∆G= - nFE,


E = E° - RT ln Q Nernst
nF Equation
Constants
E = E° - RT ln Q at 25°C
nF
E = E° - 0.05916 ln Q
n
Figure 6.2 – Rappels de thermodynamiques: Energie libre de Gibbs – J. Boucher, site web 2000

Le potentiel E permet de caractériser une réaction rédox, la réaction sera spontanée si


E>0. Ainsi, dans les systèmes naturels, le sens d’une réaction rédox peut être prédit en
fonction du pH et du potentiel d’oxydation pE 1 du milieu. Il existe un nombre limité de
valeurs du pH (de 0 à 14, compris généralement entre 4 et 11 dans les sédiments). Les valeurs
du potentiel pE sont limitées par la stabilité de la molécule d’eau, pE varie de –14 à +21 ( à
25°C, pH2 = 1atm, pO2 = 1 atm). La figure 6.3 montre le domaine de stabilité de l’eau (au-
dessus l’eau est entièrement oxydée en O2 et en-dessous entièrement réduite en H2.

Stability Field for water


1.2
Water 21
Oxidized Fe3+ 21
0.8 14

Eh 0.4 7
pE Fe2+
14

Range of Fe(OH)3
7
Natural Waters
0.0 0

Water -7
-0.4
Reduced Fe(OH)2 - 7
-14
0 2 4 6 8 10 12 14 0 2 4 6 8 10 12 14
pH -14
Can describe aqueous
environments by pE and pH but ..
Stability fields for iron
have to consider decomposition species in natural waters
of water: 2H2O(l) 2H2(g)+ O2(g)
Figure 6.3 – Conséquence: Domaine de stabilité des éléments selon les conditions environnementales
– J. Boucher, site web 2000

1
Le potentiel d’oxydation pE se définit comme le pH : pE = -log (aélectron)
conditions oxiques : pE > 0, conditions anoxiques : pE>0

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Les conditions dans un sédiment seront oxiques pour pE > 0 et anoxiques pour pE < 0
(Fig. 6.4). Les diagrammes pE-pH sont calculés selon des données thermodynamiques cela
suppose que le système est à l’équilibre. Pour chaque élément, on peut calculer les domaines
de stabilité de ses différents composés minéraux et espèces dissoutes à une température
donnée. Les limites sont calculées à partir d’une concentration fixée de l’élément. La figure
6.3 présente les domaines de stabilité pour le Fe ([Fe]total = 1µM, 25°C). Les domaines de
stabilité ainsi définis ne sont valables que dans le cas de systèmes à l’équilibre. Si le système
est hors de l’équilibre, le diagramme pE-pH permet de prédire la direction dans lesquelles les
réactions vont se produire.

Figure 6.4 – Définition des environnements


selon les conditions de pE ou de pH et
localisation des eaux, sols et sédiments
– Gill, 1992

O2

H2O

Environnement oxydant:
en contact avec l’atmosphère

Environnement réduit:
isolé de l’atmosphère
H2
Gamme de pH dans les sédiments

Dans les sédiments, on peut combiner les différents éléments C, H, O, N et S, i.e.,


éléments communs pouvant avoir différents états d’oxydation et donc pouvant être affectés
par des réactions rédox (Fig. 6.5). Ces éléments interviennent dans les processus biologiques,
leur distribution dans les eaux naturelles et les sédiments peut être hors équilibre. La
photosynthèse utilise la lumière pour produire une substance instable thermodynamique : la
matière organique. Suite à la dégradation de la matière organique, l’équilibre sera approché.
L’établissement des domaines de stabilité des différentes organiques ou inorganiques permet
de prédire le sens des réactions. En fonction de la décroissance du potentiel d’oxydation,
différentes espèces vont se succéder (à un pH fixé): après la réduction de l’oxygène, les
nitrates seront réduits, puis les sulfates, l’azote et le carbonate (HCO3-). Cette séquence
correspond à la séquence diagénétique.

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Fig. 6.5a – Domaine de


stabilité des espèces dissoutes
pour le système C-N-S-H-O
T= 25°C
Ptotal= 1 atm
PN2 = 0.8 atm
- Berner, 1980

Fig. 6.5b – Domaine de


stabilité des espèces dissoutes
pour le système C-N-S-H-O
T= 25°C
Ptotal= 1 atm
PN2 = 0.8 atm
- Berner, 1980

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Séquence d’oxydation de la matière organique


La photosynthèse est une réaction redox : CO2 + H20 = CH20 +O2
La respiration est la réaction inverse. Il s’agit d’une réaction spontanée, fournissant
l’énergie maximale par rapport à l’utilisation de n’importe quel autre oxydant. La figure 6.6
résume les caractéristiques du cycle du carbone organique. La production de matière
organique via la photosynthèse consomme de l’eau et de l’énergie lumineuse. Elle nécessite +
500kJ par mole de CO2 ou +120 kJ/charge transférée (i.e., 4 électrons). La figure donne
l’énergie dégagée pour l’oxydation de la matière organique pour différents oxydants.
L’échelle pE à droite rappelle les domaines de stabilité des différentes espèces.

Oxidation of Organic matter pE kJ/eq


O2 H 2O 16
O2 120
NO2 N2

MnO2 Mn2+
Sunlight NO3- NO2 - 8 80
H 2O NO3 - NH4 +

Consumption/
Photosynthesis/ Decomposition
Production
CO2 Fe2O3 Fe2+ 0 40
SO42- H2S
Fixed CO2 CH4
Carbon/ Detritus/
Organisms Bacteria CO2 CH2O -8 0

Heat

Fig. 6.6 – Séquence d’oxydation de la matière organique


- From: Stumm, W. and J. Morgan, 1981, Aquatic Chemistry, 2nd Ed.

Les figures 6.7 abcd illustrent les différentes réactions d’oxydation de la matière
organique. L’énergie libre standard et le potentiel pE sont calculés pour chaque réaction en
considérant le système à l’équilibre ; la matière organique est représentée par la molécule de
sucrose. La respiration (Fig .6.7a) libère 502 kJ/mole de CO2. Dès que tout l’oxygène est
utilisé, NO3- (dissous), MnO2 (solide), Fe2O3 (solide), SO42- (dissous) peuvent être également
utilisés (Fig. 6.7b).
L’ordre d’utilisation des différents oxydants varie selon l’importance et la disponibilité
des oxydants dans différents environnements mais également en fonction de la présence de
bactéries spécifiques. Par exemple, SO42- est un ion abondant dans l’eau de mer mais il n’est
utilisé que lorsqu’il n’y a pas d’autres oxydants. Les oxydes de Fe sont plus abondants dans
les sédiments que les oxydes de Mn et seront donc plus importants dans l’oxydation de la
matière organique (Fig. 6.7c).

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Respiration…..O2 as the oxidant


Oxidation 0 +1 -2 0 +4 -2 +1 -2
States
CH2O + O2 CO2 + H2O
gains 2e-
loses 4e-
∆G°= -502 kJoules per mole of CH2O
E° = +1.30 Volts per mole CH2O (CH2O as sucrose)
….But other oxidants of organic matter
common in natural waters:

Nitrate ion dissolved high Energy


Manganese IV oxides solids
Yield
Iron III oxides solids
Sulfate ion dissolved low
all used microbially

Fig. 6.7a – Oxydation de la matière organique par l’oxygène: Respiration – J. Boucher, site web 2000

Nitrate Reduction
0 +1 -2 +5 -2 +4 -2 +1 -2

5 CH2O + 4NO3- CO2 + 3H2O


+ 2N2 + 4HCO3-
∆G° = -448 kJoules per mole CH2O 0 +1 +4 -2
E° = +1.16 Volts per mole CH2O
Mn Reduction
Fe Reduction
Sulfate Reduction
0 +1 -2 +6 -2 +1 +4 -2 +1 -2
2 CH2O + SO42 2HCO3- + H2S
∆G° = -77 kJoules per mole CH2O
E ° = +0.20Volts per mole CH2O
Organic matter Reduction
Fig. 6.7b – Oxydation de la matière organique par différents oxydants – J. Boucher, site web 2000

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Manganese Reduction
0 +1 -2 +4 -2 +1 +4 -2
CH2O + 2MnO2
2Mn2+ + 4HCO3-
+ H2O + 3CO2
∆G° = -349 kJoules per mole CH2O
E ° = +0.90 Volts per mole CH2O

Iron Reduction
0 +1 -2 +3 -2 +1 +4 -2
CH2O + 2Fe2O3 4Fe2+ + 4HCO3-
+ 4H+ + 3CO2 + H2O
∆G° = -205 kJoules per mole CH2O
E ° = +0.53Volts per mole CH2O
Fig. 6.7c – Oxydation de la matière organique par les oxydes de Mn ou Fe – J. Boucher, site web 2000

Généralement la séquence d’utilisation dépend de l’énergie libérée lors de la


décomposition de la matière organique. La réduction des nitrates puis celle des oxydes de Fe
ou de Mn et des sulfates se produit dès que l’oxydant précédent est épuisé. Les zones de
réduction des différents oxydants peuvent se superposer. Les nitrates et les oxydes de Mn
produisent approximativement la même énergie. Cependant les réactions sont contrôlées par
l’existence de bactéries spécifiques (e.g., bactéries réduisant les nitrates ou les sulfates).
Finalement lorsque tous les oxydants sont consommés dans les sédiments anoxiques, la
matière organique elle-même peut servir d’oxydant (fermentation – Fig. 6.7d).

Organic matter itself can serve as both oxidant


and reductant...
Fermentation
0 +1 -2 +4 -2 -4 +4
2 CH2O CO2 + CH4
? G° = -58 kJoules per mole CH2O
E ° = +0.15Volts per mole CH2O

But reactions are more complicated:


• organic matter is more than CH2O
• reactions produce other products
• oxidant composition may vary
(e.g., Fe2O3 , FeOOH)
• non-standard state conditions
Fig. 6.7d – Fermentation
– J. Boucher, site web 2000 • intermediates can form
• dependence on enzyme kinetics

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Ces réactions sont beaucoup plus complexes dans les systèmes naturels : la matière
organique est présente sous une forme plus complexe que la molécule de glucose, d’autres
produits sont formés lors des réactions, la composition de l’oxydant peut varier (Fe2O3,
FeO.OH), le système est généralement hors équilibre,…Le tableau 6.1 donne l’énergie
produite par l’oxydation de la matière organique pour des réactions plus complexes.

Table 6.1 – Exemple de réaction d’oxydation de la matière organique


– Schultz & Zabel, 2000

Séquence diagénétique
L’oxydation de la matière organique par des oxydants successifs dans les sédiments
marins conduit à une zonation géochimique selon la profondeur ou séquence diagénétique
(Fig. 6.8). L’énergie produite, à n’importe quel niveau de cette cascade, sera à son tour
utilisée pour d’autres réactions. La séquence s’accompagne d’une diminution de la
dégradabilité de la matière organique.

Figure 6.8– Conséquence: séquence verticale de réactions d’oxydation – Schultz & Zabel, 2000

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Le tableau 6.2 résume les différents métabolismes énergétiques et les organismes


représentatifs. La terminologie utilisées par les micro-biologistes se base
- sur la source d’énergie (lumière= photo, chimie = chemo) ;
- la source de carbone (autotrophe < CO2, hétérotrophe < C organique) ;
- le donneur d’électron (inorganique = litho, organique = organo).
Par exemple, les organismes chemotrophes comme les animaux, les champignons ou
bactéries utilisent l’énergie chimique dégagée du glucose, méthane ou ammonium. Notons par
exemple que de nombreux organismes phototrophes peuvent vivre ponctuellement selon un
mode hétérotrophe.

Table 6.2 – Relations


entre organismes et
réaction d’oxydations
– Schultz & Zabel, 2000

Conséquence de la séquence diagénétique sur les sédiments marins


L’oxydation de la matière organique modifie les concentrations des différents éléments
dans la phase solide et dans les eaux interstitielles (Fig. 6.9). La profondeur à laquelle les
changements se produisent dépend des conditions environnementales (e.g., apport C
organique, taux de sédimentation). Par exemple, dans les estuaires la couche oxydée n’a que
quelques centimètres alors que dans les océans elle peut dépasser 15 cm ou être absente dans
les zones d’upwellings. La forme des profils de concentration indique quels sont les
mécanismes qui affecte l’élément (i.e., diffusion, advection, consommation, production).

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Marine consequences ...


Concentration

MnO2
O2
Depth Below Seafloor

NO3- SO42-
Mn2+
Fe2O3
NH4+
H2S
Fe2+

CH4

Figure 6.9 – Conséquence sur la distribution des éléments dans les eaux interstitielles des
sédiments – J. Boucher, site web 2000

Les profils de concentration dans les eaux interstitielles dépendent des mécanismes de
diffusion. En thermodynamique, selon la première loi de Fick, la variation selon la verticale
d’un concentration conduit à l’établissement d’un gradient de concentration (Fig. 6.10). Le
flux diffusif se dirige des zones de hautes concentrations vers les zones de basses
concentrations. L’importance du flux est proportionnelle au gradient de concentration. Des
tables donne les coefficients de diffusion caractéristique des différents éléments pour une
température donnée. Ces coefficients sont déterminés pour des solutions diluées.
Dans les sédiments, il faut tenir compte de la présence des particules qui retarde la
diffusion. La loi de Fick est modifiée en conséquence, tenant compte de la déviation par
rapport au chemin direct (notion de tortuosité). Pour des systèmes hors de l’équilibre, la
seconde loi de Fick est d’application.

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Fick’s laws
J = -D (dc/dx) at steady state (First Fick ’s law)
Diffusion coefficient = f(Temperature, substance)
….but valid for dilute solution
In sediments diffusion retarded by particles
- influence of porosity φ
- influence of tortuosity (θ, deviation around particles)

D replaced by Dsed = Dsw/θ2


Diffusion coefficient
in free seawater solution - Tab
θ=φxF where F =f(measured electric resistivity)
or
θ2= 1− ln(φ)2 (empirical relationship)
………….but fixed boundary
Jsed = -φ Dsed (dc/dx) conditions
seldom related to real situation

Figure 6.10 – Loi de la diffusion appliquée au sédiments – Schultz & Zabel, 2000

La séquence de dégradation de la matière organique dans les sédiments est responsable


d’une séquence verticale d’environnements où différents oxydants sont utilisés (Fig. 6.11).
Dans les sédiments oxiques, les eaux interstitielles sont riches en oxygène dissous, les
processus métaboliques sont aérobies. La matière organique est préservée dans le sédiment, la
couche oxydée est épaisse, le taux d’enfouissement est faible.
Dans les environnements anoxiques (e.g., sédiments pélagiques), les eaux contiennent peu
d’O2, le métabolisme devient anaérobie. On distingue les environnements suboxiques et les
environnements sulfatés.
- Les environnements suboxiques, par exemple les sédiments hémi-pélagiques, ne
contiennent pas de SO42- dissous. L’apport de matière organique doit être suffisant
pour atteindre le stade anaérobie, le taux d’accumulation et l’épaisseur de la couche
oxydée sont intermédiaires.
- Dans les environnements riches en SO42- dissous, le stade de réduction des sulfates est
atteint et il y a production de H2S, HS-. Ce stade devrait être atteint couramment étant
donné la concentration élevée des sulfates dans l’océan et les eaux interstitielles. Il est
cependant confiné aux sédiments côtiers et des environnements particuliers (e.g., zone
de subduction, fjords) car l’apport de carbone organique et le taux d’accumulation
doivent être importants.

La profondeur à laquelle on passe d’une zone à une autre dépend essentiellement de


l’apport en carbone organique et du taux d’enfouissement.

130
Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Early diagenesis: the diagenesis sequence


• Redox-mediated
= f(Corg supply and burial) Diagenetic Sequence

(1) Aerobic metabolism (c) Pelagic sediments


O2 = primary oxidant low SAR
“oxic diagenesis” Corg 0.1-0.2%
thick oxic layer (1-10m)
Vertical sequence

(2) Anaerobic metabolism


no more O2
secondary oxidants
“suboxic diagenesis”

« non-sulfidic environment »
« sulfidic environment »
(b) Hemipelagic sediments
(a) Nearshore sediments
intermediate SAR
high SAR
Corg ~2%
Corg < 5%
oxic layer ~ 1-100cm
thin oxic layer (cm)
diagenetic stage
usually sulfate reduction
vs sediment depth
...but sedimentation under anoxic conditions
fjords, trenches
methane reduction Fig. 6.11 – Définition
de la Séquence diagénétique

Lateral sequence

Epaisseur de la couche oxydée


La profondeur à laquelle le sédiment devient anoxique dépend de l’apport de carbone
organique mais aussi du degré de préservation et d’enfouissement (taux d’accumulation). La
figure 6.12 présente une carte de distribution de l’épaisseur de la couche oxydée dans les
sédiments du Pacifique Est (Lyle, 1983). L’épaisseur de la couche oxydée est réduite au
niveau de la marge(upwelling, taux d’accumulation élevé) puis augmente vers le large. Le
taux d’accumulation doit être inférieur à 1-4 cm/103a pour permettre le dépôt de sédiments
oxydés. Si le taux d’accumulation dépasse cette valeur, le sédiment devient anoxique.
L’épaisseur de la couche oxydée augmente donc parallèlement à la diminution du taux
d’accumulation de la côte vers le large.

Fig. 6.12 – Epaisseur en cm de la couche de sédiments oxydés


Exemple dans le Pacifique est (data from Lyle, 1983) – Chester, 2000

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Séquence latérale
Le stade atteint dans la séquence diagénétique dépend de l’environnement sédimentaire.
- Les zones côtières se caractérisent par des sédiments riches en carbone organique
(<5%), des taux d’accumulation élevés. L’anoxie est atteinte à faible profondeur, la
couche oxydée n’est que de quelques centimètres.

- Les sédiments hémipélagiques contiennent de l’ordre de 2% de carbone organique, les


taux d’accumulation sont intermédiaires, la couche oxydée se développe sur quelques
centimètres à un mètre.

- Les sédiments pélagiques présentent un faible pourcentage de carbone organique, des


taux d’accumulation faibles et une couche oxydée épaisse (plusieurs dizaines de
mètres).

La séquence verticale est donc associée à une séquence latérales : boues « noires » en
environnement côtier, boues « vertes » en environnement hémipélagiques aux boues
« rouges » en milieu pélagique (Fig. 6.13).

• oxic to anoxic conditions


• dominant lithogenous fraction Nearshore sediments
• Corg-rich black muds
• grain size = f(energy)
low energy env. fine-grained material = clays
high energy env. Coarse-grained material = gravels, sand...

Hemipelagic sediments BOTTOM TRANSPORT

• redox conditions = f(diagenetic sequence)


…but usually reducing conditions below thin oxidized layer
grey-green in colour
• terrigenous + biogenous fractions
• 1-5 % Corg

Pelagic sediments DOWN-COLUMN TRANSPORT

• 0.1-0.2 % Corg Fig. 6.13 – séquence


diagénétique selon
• oxic conditions l’environnement
• Deep-sea clays calcareous oozes siliceous oozes sédimentaire
red clays < 3-4 km depth upwelling
CCD

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Conséquence sur la concentration des eaux de fond


La dégradation de la matière organique par le réduction des nitrates a pour conséquence le
développement d’un flux benthique dirigé du sédiment vers la colonne d’eau. La figure 6.14
illustre le couplage des réactions produites dans le cycle des nitrates. Les espèces dissoutes
produites lors de la nitrification et dénitrification peuvent s’échapper vers la colonne d’eau par
diffusion principalement ou être impliquées dans d’autres réactions. Par exemple,
l’ammonium libéré est soit ré-oxydé dans le sédiment, soit diffuse vers la colonne d’eau.

Flux
benthique

Fig. 6.14 – Conséquence des réactions diagénétiques sur la concentration des eaux de fond : flux
benthique, exemple du cycle de l’azote – Schultz & Zabel, 2000

L’activité microbienne dépend de l’apport de matière organique et est généralement liée à


la productivité biologique de surface. Les zones de hautes productivités sont proches des
continents et donc l’intensité de la respiration diminue des côtes vers l’océan ouvert. Selon
Middelburg et al. (1993), 83 % de la minéralisation de la matière organique et 87 % de
l’enfouissement dans les sédiments marins se produit dans les zones côtières qui n’occupent
que 9 % de la surface de l’océan. Ainsi le flux de nitrates varie de plusieurs ordres de
grandeur entre l’océan ouvert oligotrophe et la plateforme continentale : de -600 à +380
mmol/m2/a (flux négatif dirigé vers le sédiment).
La carte (Fig. 6.15) donne par exemple le flux benthique en nitrates dans les eaux
intermédiaires à profondes (> 1000 m) dans l’Atlantique Sud. L’interpolation se base sur 180
mesures in situ de [NO3-]. Le flux moyen varie entre 10 et 180 mmol/m2/a. Le flux total
libéré pour la zone reportée sur la carte représente 1.6 1012 mol NO3- par an.

133
Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Fig. 6.15 – Flux benthique en nitrates pour des profondeur d’eau > 1000 m dans l’Atlantique sud
(compilation des données de Hensen et al., 1998) – Schultz & Zabel, 2000

Conséquence des réactions diagénétiques sur [métaux] des eaux interstitielles


Les métaux souvent adsorbés sur la matière organique se concentrent dans les eaux
interstitielles, diffusent vers le haut et sont soit libérés vers la colonne d’eau, soit réincorporés
dans le sédiment. Par exemple, la formation des nodules de Mn résulte de la dissolution des
oxydes de Mn dans la zone anoxique, de la diffusion du Mn2+ dissous et de sa précipitation à
l’interface eau-sédiment dans un environnement oxique (Fig. 6.16).

Another consequence is the formation of manganese nodules...

Slow Sedimentation

Concentration
Depth Below Seafloor

Flux MnO2
benthique

Mn2+

Figure 6.16 – Autre conséquence des réactions diagénétiques:


précipitation d’oxydes de Mn à l’interface eau/sédiment– Schultz & Zabel, 2000

134
Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Le tableau 6.3 présente une comparaison des concentrations des eaux interstitielles et de
l’eau de mer pour des sédiments pélagiques oxydés du Pacifique équatorial.

Table 6.3 – Conséquence des réactions diagénétiques: enrichissement des eaux


interstitielles en métaux et calcul des flux benthiques - Chester, 2000

Préservation de la matière organique dans les sédiments


La quantité de matière organique préservée dans les sédiments est liée à la productivité
biologique de surface. La Fig. 6.17 illustre la variabilité de la production primaire d’une zone
à l’autre de l’océan. Elle est faible (teinte rose) dans l’océan ouvert suite à la faible
concentration en éléments nutritifs dans les eaux de surface, dans les zones non influencées
par les upwellings et dans les zones isolées des côtes par le système de circulation océanique.
Au contraire, la production primaire est élevée (teinte orange) dans les zones côtières où les
apports d’éléments nutritifs des continents sont importants. Elle peut être ponctuellement
élevée dans les zones d’upwelling où les eaux froides et riches en éléments nutritifs remontent
vers la surface (Ouest Amérique du Sud, Ouest Afrique, divergence équatoriale). Elle est
également importante aux hautes latitudes vu la proximité des sources d’éléments nutritifs
terrestres (pour l’Arctique) ou suite à la présence d’un upwelling (pour l’Antarctique). La
distribution de la production primaire océanique sera discutée en détail dans le cours
d’océanographie biologique. Le tableau 6.4 donne l’ordre de grandeur des productions
océaniques. La production totale représente 20 1015 g/a. L’océan ouvert représente 80 % de
cette production: sa production moyenne est faible, de l’ordre de 50 gC/m2/a (i.e., 2 fois
moins que les zones côtières, 6 fois moins que les upwellings) mais il couvre une large
surface (90 % de l’océan de surface).

135
Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Figure 6.17a – Variabilité spatiale: productivité primaire de l’Océan – J. Boucher, site web 2001

Figure 6.17b – Variabilité spatiale: productivité primaire de l’océan – Butcher et al., 1994

Table 6.4 –Productivité primaire des différentes régions de l’océan – Butcher et al., 1994

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Océanographie géologique Chapitre 6 Interaction eau-sédiment

Globalement le budget de carbone organique total qui est enfouis dans les sédiments est
estimé à 160 1012 gC/a (Tab. 6.5). Sur ce total de 1601012 gC/a, 70 (soit 44%) sont enfouis au
niveau des deltas, 68 (soit 42%) au niveau des plateformes continentales et seulement 7 (soit
4%) au niveau des talus et finalement 8 (5%) dans les environnements sédimentaires
océaniques ouverts. On constate que l’essentiel de la matière organique est préservée dans les
environnements où la productivité primaire est élevée. La préservation de la matière
organique dans les sédiments dépend des apports de carbone et de la vitesse d’enfouissement.
Les environnements proches des côtes sont généralement des environnements où a matière
organique est susceptible d’être fortement dégradée, les conditions géochimiques étant
souvent anoxiques. Il existe donc un certain paradoxe. Ces environnements connaissent une
séquence diagénétique complète qui devrait aboutir à la disparition complète de la matière
organique or on constate le contraire. Il faut donc faire intervenir un mécanisme qui protège la
matière organique des conditions environnementales agressives. Il y aurait une couche
minérale protectrice associée à la matière organique, cette couche isolerait la matière
organique et permettrait son enfouissement.

Table 6.5 – Variabilité spatiale de la productivité océanique :


Conséquence sur la préservation de la matière organique dans les sédiments – Chester, 2000

Cas des bassins anoxiques


La matière organique peut également être préservée dans des bassins particuliers ou
anoxiques. Ces bassins contribuent à l’enfouissement d’environ 1 1012 gC/a (0.5% C enfouis).
La figure 6.18 illustre le modèle d’accumulation de la matière organique dans de tels bassins.

Modèle A
La matière organique étant sensible aux processus d’oxydation, ceci suggère que la
concentration en oxygène dans la colonne d’eau et à l’interface eau-sédiment est un facteur
déterminant dans la quantité de matière organique incorporée dans les sédiments. Cette
hypothèse a été étayée par l’étude de la Mer Noire. Le modèle (Fig. 6.18a) est basé sur
l’observation des circulations dans le bassin. La présence d’eau stagnante dans le fond du
bassin empêche le renouvellement en oxygène et peut conduire à long terme à des conditions
anoxiques c-à-d dépourvues en oxygène au sein même de la colonne d’eau. Dans la Mer
Noire (2000 m au centre du bassin), il y a une halocline très stable vers 100-150 m. Cette
limite empêche le mélange vertical des eaux. Les eaux de surface sont alimentées par peu

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d’apports via les rivières et par une eau saline dense qui vient de Méditerranée via le
Bosphore. Dans l’eau profonde, tout l’oxygène est consommé suite à l’oxydation des tests
d’organismes qui sédimentent et transitent dans la colonne d’eau. L’absence de dégradation
intense de la matière organique dans des conditions anoxiques n’implique pas des
productivités primaires élevées en surface pour expliquer les teneurs élevées en carbone
organique dans les sédiments. En effet, les conditions environnementales liées à la présence
de H2S limitent l’activité biologique à des organismes anaérobies qui dégradent lentement la
matière organique.

Figure 6.18 – Modèle d’accumulation de la matière organique dans les bassins anoxiques:
Exemple de la Mer Noire – Schultz & Zabel, 2000

Modèle B
L’autre modèle (Fig. 6.18b) suggère que la production primaire est le facteur déterminant
dans la préservation de la matière organique. Dans ce modèle, l’existence d’un niveau à
déficit d’oxygène est une conséquence de la grande quantité d’organismes qui chutent et
consomment l’oxygène dissous. Le développement de la zone d’oxygène minimum empiète
sur le fond et crée des conditions de dépôt similaire à celles d’un bassin stagnant.

Le débat subsiste en ce qui concerne les conditions de faible concentration en oxygène :


sont-elles requises ou augmentent-elles la préservation de la matière organique dans le
sédiment ? Dans le passé géologique, un ralentissement des circulations océaniques peut avoir

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affecté le degré d’oxygénation des eaux profondes et causé ainsi le développement de bassins
anoxiques (e.g., au Crétacé).

La figure 6.19 présente une carte de localisation des eaux de fond caractérisée par un déficit
en oxygène (i.e., [O2) < 20 µg atm/l) dans les eaux intermédiaires et profondes. Dans l’océan,
seules quelques zones présentent un déficit en oxygène au niveau de l’interface eau-sédiment.
Ces régions coïncident avec des zones de haute productivité biologique en surface : tout
l’oxygène est consommé et il y a développement d’une zone à minimum d’oxygène dans la
colonne d’eau (Chili et Pérou dans Est Pacifique, Mer d’Arabie dans l’Océan Indien, Mer
Noire). Par conséquent, l’interface eau-sédiment est généralement oxique et les conditions
anoxiques ne se développent qu’avec la profondeur.

Les eaux en contact avec les sédiments marins sont exceptionnellement anoxiques
Conséquence sur la séquence diagénétique
Figure 6.19 – Conséquence de l’accumulation de la matière organique dans les bassins anoxiques sur la
concentration en oxygène des eaux intermédiaires et profondes (O dissous < 20 mg atome/l)
– Schultz & Zabel, 2000

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