Vous êtes sur la page 1sur 9

Le dépassement de la contradiction entre le structuralisme et le béhaviorisme dans le domaine

des sciences sociales et de la psychologie a été un processus complexe et progressif au fil du


temps. Ces deux approches avaient des perspectives fondamentalement différentes sur la
compréhension du comportement humain et de la société.

1. Structuralisme :

 Le structuralisme, en particulier dans le domaine de la linguistique avec


Ferdinand de Saussure, mettait l'accent sur l'analyse des structures sous-
jacentes et des modèles mentaux qui influencent le comportement humain. Il
s'intéressait à la manière dont les éléments d'un système étaient interconnectés
pour former un tout cohérent.

- Fondements et Principes :

Le structuralisme a émergé au début du 20e siècle, principalement avec le linguiste suisse


Ferdinand de Saussure. Saussure a introduit l'idée que le sens des signes linguistiques dépend
de leurs relations mutuelles plutôt que de leur signification intrinsèque.

Le structuralisme s'est étendu à d'autres domaines tels que la psychologie, avec Edward B.
Titchener, qui a cherché à décomposer la conscience en éléments fondamentaux appelés
"éléments de conscience."

- Méthodologie :
 Méthode d'analyse des structures sous-jacentes et des relations entre les éléments
d'un système.
 Utilisation d'introspection (examen réfléchi des pensées et des sentiments) pour
accéder aux structures mentales.

Le structuralisme a été critiqué pour son manque de rigueur méthodologique, en particulier


dans l'utilisation subjective de l'introspection. Certains critiques estimaient que le
structuralisme ne pouvait pas rendre compte du comportement complexe et dynamique.
2. Béhaviorisme :

 Le béhaviorisme, quant à lui, se concentrait sur l'observation du comportement


observable et rejetait l'importance des processus mentaux internes. Des figures
comme John B. Watson et B.F. Skinner ont influencé cette perspective, en
mettant en avant l'idée que le comportement pouvait être compris en examinant
les réponses observables aux stimuli de l'environnement.

- Fondements et Principes :

Le béhaviorisme a émergé au début du 20e siècle, avec des figures comme John B. Watson et
B.F. Skinner. Watson a préconisé le rejet des processus mentaux non observables et a promu
l'étude scientifique du comportement observable. Skinner a développé le concept de
conditionnement opérant, soulignant l'importance des conséquences du comportement dans
son façonnement.

- Méthodologie :
 Utilisation de l'observation et de l'expérimentation pour étudier le comportement.
 L'accent mis sur les stimuli externes et les réponses comportementales.

Le béhaviorisme a été critiqué pour sa simplification de la complexité humaine en négligeant


les processus mentaux. Certains estimaient que cela réduisait les individus à des "boîtes
noires" dont le comportement pouvait être prévu et contrôlé sans tenir compte de leur
expérience subjective.

Le dépassement de cette contradiction a été réalisé en partie par l'évolution des perspectives
et l'émergence de nouvelles théories qui ont intégré des éléments des deux approches. Voici
quelques développements importants :

1. Cognitivisme :

 L'émergence du cognitivisme dans les années 1950 et 1960 a joué un rôle


essentiel. Cette approche reconnaissait l'importance des processus mentaux
internes tout en s'appuyant sur des méthodes scientifiques rigoureuses. Des
chercheurs tels que Jean Piaget et Ulric Neisser ont contribué à cette
perspective. Le cognitivisme a intégré des éléments des deux perspectives en
reconnaissant l'importance des processus mentaux tout en maintenant une
approche scientifique rigoureuse.

2. Éclectisme :

 Certains chercheurs ont adopté une approche éclectique, en combinant des


éléments du structuralisme, du béhaviorisme et d'autres perspectives pour
former une compréhension plus holistique et complète du comportement
humain.

3. Neurosciences cognitives :

 Les avancées dans les neurosciences ont également contribué à surmonter cette
contradiction en fournissant des bases biologiques aux processus mentaux,
aidant ainsi à intégrer les aspects structurels et comportementaux pour combler
le fossé entre les perspectives mentales et comportementales.

4. Théories contemporaines intégratives :

 Des théories plus récentes, telles que la psychologie cognitive, la psychologie


évolutionniste, et d'autres approches intégratives, cherchent à comprendre le
comportement humain de manière holistique, en tenant compte à la fois des
aspects et des structures mentales, ainsi que des aspects comportementaux
observables, biologiques et environnementaux.

Le dépassement de la contradiction entre le structuralisme et le béhaviorisme résulte de


l'acceptation que la compréhension complète du comportement humain nécessite une
approche plus intégrative qui tient compte à la fois des processus mentaux internes et des
comportements observables, ainsi que des influences environnementales et biologiques.

La psychologie contemporaine a dépassé la contradiction entre la thèse structuraliste et la


thèse béhavioriste en intégrant des éléments des deux perspectives et en développant de
nouvelles approches. Alors que le structuralisme se concentre sur les structures mentales et la
conscience, et que le béhaviorisme met l'accent sur les comportements observables, la
psychologie contemporaine a évolué vers des approches plus holistiques et intégratives. Elle
intègre des éléments de la cognition, de l'émotion et du comportement, tout en tenant compte
des aspects biologiques, sociaux et culturels de l'expérience humaine. Cette intégration a
donné lieu à des domaines tels que la psychologie cognitive, la psychologie comportementale
et la psychologie interculturelle, qui cherchent à comprendre de manière plus complète et
nuancée le fonctionnement humain.

La linguistique contrastive s'intéresse non seulement à la comparaison des systèmes


linguistiques, mais aussi, à l'étude des différences entre les langues, tandis que la psychologie
contemporaine a évolué vers des approches plus holistiques et intégratives, intégrant des
éléments de la cognition, de l'émotion et du comportement. Ces deux domaines partagent un
intérêt commun pour comprendre les mécanismes sous-jacents à la communication,
l'apprentissage, l'utilisation des langues, la compréhension des mécanismes linguistiques et
cognitifs. Les chercheurs dans ces domaines collaborent pour développer des méthodes
d'enseignement des langues et des stratégies d'apprentissage plus efficaces.
En linguistique contrastive, la première et la seconde hypothèse font référence à des
approches théoriques différentes concernant les comparaisons linguistiques entre deux
langues. La linguistique contrastive vise à identifier et à expliquer les similitudes et les
différences entre deux langues dans le but de faciliter l'apprentissage d'une langue étrangère.

1. Première Hypothèse :

 La première hypothèse en linguistique contrastive suppose que les différences entre


deux langues sont la source principale de difficultés pour les apprenants. L'accent est
mis sur la nécessité de cibler et d'enseigner explicitement les différences linguistiques
entre la langue maternelle (L1) de l'apprenant et la langue cible (L2). Cette hypothèse
a été développée dans le contexte de l'enseignement des langues étrangères pour
identifier et remédier aux erreurs fréquentes des apprenants. Les enseignants se
concentrent sur la comparaison constante entre la L1 et la L2 afin d'anticiper et de
remédier aux problèmes potentiels.

Exemple : Si un apprenant dont la L1 est le français apprend l'anglais, la première


hypothèse suggère que les erreurs seront principalement causées par des différences
structurelles, lexicales, ou phonologiques entre le français et l'anglais.

 En français, la structure de la phrase est souvent différente de l'anglais. En français,


l'adjectif vient généralement après le nom, tandis qu'en anglais, il précède souvent le
nom. Un apprenant francophone pourrait faire l'erreur de placer l'adjectif après le nom
en anglais, disant par exemple "a car red" au lieu de "a red car."

 Certains mots peuvent sembler similaires entre le français et l'anglais, mais avoir des
significations différentes. Le mot français "actuellement" ressemble à "actually" en
anglais, mais il signifie "currently" en français. Un apprenant pourrait utiliser
incorrectement "actually" dans le sens de "actuellement."

 Certaines consonnes peuvent également poser problème. La prononciation du "th" en


anglais peut être difficile pour les francophones, car il n'a pas d'équivalent exact en
français. Cela peut entraîner des erreurs de prononciation dans des mots tels que
"think" ou "bath."
1. Différences Structurelles :

 Grammaire : La première hypothèse suggère que des différences grammaticales entre


la L1 et la L2 peuvent être une source majeure d'erreurs. La structure des phrases,
l'ordre des mots, et l'utilisation des temps verbaux peuvent varier considérablement
d'une langue à l'autre.

 Phonologie : Les différences phonologiques, telles que les sons spécifiques à chaque
langue, la prosodie, et l'accentuation, peuvent entraîner des difficultés de
prononciation.

 Lexique : Les variations lexicales, y compris les faux amis, peuvent causer des
confusions. Des mots qui semblent similaires entre deux langues peuvent avoir des
significations différentes.

2. Différences Culturelles :

 Les différences dans la façon dont la langue est utilisée dans des contextes sociaux et
culturels spécifiques peuvent entraîner des erreurs de pragmatique. Les règles
implicites de politesse, les conventions de communication, et les normes sociales
peuvent différer d’une langue à une autre.

 Les expressions idiomatiques propres à chaque langue représentent une source de


confusion. Les apprenants peuvent interpréter littéralement des expressions qui ont un
sens figuré dans la L2.

Les enseignants qui adhèrent à la première hypothèse adopteront souvent une approche
explicite, soulignant les différences structurelles et culturelles entre la L1 et la L2. Ils
chercheront à identifier pour par la suite corriger les erreurs découlant des différences
structurelles qui ont au cœur de l'approche basée sur la première hypothèse. L’enseignant aura
tendance à encourager la comparaison constante en établissant des activités d'apprentissage
qui peuvent inclure des exercices contrastifs qui mettent en avant les divergences entre les
structures linguistiques.

La première hypothèse en linguistique contrastive a joué un rôle essentiel dans la


compréhension des défis auxquels les apprenants sont confrontés lorsqu'ils passent d'une
langue à une autre. Bien que cette approche puisse mettre en lumière des aspects importants
des différences linguistiques, cette hypothèse a pour défaut d’exclure les similitudes qui
pourtant facilitent à leur tour l'apprentissage.
2. Seconde Hypothèse :

 La seconde hypothèse en linguistique contrastive suppose que les similitudes entre la


langue maternelle (L1) de l'apprenant et la langue cible (L2) sont également une
source significative de facilitation pour les apprenants. Cette approche reconnaît que,
tout en existant des différences entre les langues, des points communs peuvent aussi
exister et être utiles aux apprenants. Les similitudes entre la L1 et la L2 peuvent
faciliter l'apprentissage, et les erreurs peuvent également être causées par des
similitudes trompeuses entre les langues. Le rôle de l’enseignant se concentre non
seulement sur les différences, mais aussi sur les similitudes, pour faciliter la
compréhension et l'acquisition de la langue étrangère à ses apprenants. Les
enseignants qui adhèrent à la seconde hypothèse peuvent renforcer les similitudes
entre la L1 et la L2 afin d'exploiter les connaissances préexistantes des apprenants.

1. Similitudes Structurales :
 Grammaire : Des structures grammaticales communes peuvent aider les apprenants à
transférer des compétences linguistiques d'une langue à l'autre.

"Je suis fatigué.", "I am tired." Ici l'apprenant peut exploiter la similitude structurelle
entre les deux phrases pour comprendre la construction grammaticale en anglais. La
correspondance entre "je suis" en français et "I am" en anglais facilite la transition.

 Phonologie : Des similitudes phonologiques, comme des sons partagés entre les deux
langues, peuvent rendre la prononciation plus accessible aux apprenants.

 Lexique : Des similitudes lexicales, tels que des mots apparentés ou des racines
similaires, peuvent simplifier l'acquisition de nouveaux termes. La similitude entre
"hôpital" en français et "hospital" en anglais permet à l'apprenant de faire une
association directe et de faciliter l'apprentissage du vocabulaire médical en anglais.

3. Similitudes Idiomatiques :
"C'est la goutte qui fait déborder le vase." "It's the last straw." En reconnaissant la
métaphore commune de la "goutte" pour décrire une situation qui atteint un point
limite, l'apprenant peut comprendre et utiliser l'expression idiomatique "it's the last
straw" en anglais.
En exploitant ces similitudes lexicales, grammaticales et idiomatiques entre deux langues,
l'apprenant peut rendre l'apprentissage plus intuitif et efficace. La connexion entre les langues
facilite la compréhension et la mémorisation, montrant ainsi comment les similitudes peuvent
être des atouts précieux dans le processus d'acquisition linguistique.

La seconde hypothèse en linguistique contrastive offre une perspective équilibrée qui


reconnaît l'importance des similitudes entre la L1 et la L2 dans le processus d'apprentissage.
Cette approche met en lumière la possibilité de transférer positivement les compétences
linguistiques et de tirer parti des connaissances préalables des apprenants dans sa L1 et qui
peuvent par la suite être utilisées de manière positive pour faciliter l’apprentissage de la L2.

Cependant, certaines similitudes peuvent être trompeuses, conduisant à des erreurs dues à des
faux amis, une focalisation excessive sur les similitudes peut entraîner la négligence des
différences significatives entre les langues.

L'hypothèse du crible phonologique, formulée par Troubetzkoy en 1939, propose une


perspective cruciale sur la manière dont les apprenants abordent l'acquisition d'une nouvelle
langue. Selon cette hypothèse, les apprenants ont tendance à "filtrer" les sons et les structures
de la langue cible à travers le "crible" phonologique de leur langue maternelle. Cela signifie
que la familiarité des phonèmes avec la langue maternelle peut influencer la facilité ou la
difficulté de les acquérir dans la langue étrangère. L'hypothèse du crible phonologique met en
évidence l'impact significatif de la phonologie de la langue maternelle sur l'apprentissage des
sons étrangers. Certains phonèmes de la langue cible seront plus faciles à acquérir car ils
existent dans la L1, d'autres plus difficiles car ils n'existent pas dans le système phonologique
natif de l'apprenant.

D'autre part, l'hypothèse de l'analyse contrastive, formulée par Lado en 1957, élargit la
perspective pour inclure l'ensemble des structures linguistiques. Selon cette hypothèse, les
difficultés des apprenants peuvent être prédites et expliquées par une analyse systématique
des différences entre leur langue maternelle et la langue cible. L'accent est mis sur les
domaines structurels où les deux langues diffèrent, car ces différences sont susceptibles de
poser le plus de difficultés. Par exemple, pour un anglophone apprenant le français, les
différences en matière de genre grammatical (masculin/féminin) peuvent représenter un défi,
car l'anglais n'a pas cette caractéristique. L'hypothèse de l'analyse contrastive offre un cadre
conceptuel pour cibler les aspects spécifiques qui peuvent entraîner des erreurs ou des
malentendus.
La première et seconde hypothèses en linguistique contrastive offrent des perspectives
différentes sur la manière dont les apprenants interagissent avec une langue étrangère par
rapport à leur langue maternelle. Les enseignants peuvent personnaliser leurs approches en
fonction des besoins spécifiques des apprenants, en se concentrant sur les éléments qui posent
le plus de difficultés. En combinant une prise de conscience des filtres phonologiques avec
une analyse contrastive approfondie, les éducateurs peuvent concevoir des stratégies
pédagogiques plus efficaces pour aider les apprenants à surmonter les obstacles inhérents à la
transition entre deux langues.

Vous aimerez peut-être aussi