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Durkheim
« On a souvent observé que les peuples qui perdent leur foi religieuse ne tardent pas à tomber en
décadence. Nous pouvons maintenant comprendre d’où vient cette remarquable coïncidence.
Pour en rendre compte, il n’est pas nécessaire d’imaginer que les dieux se vengent des peuples
qui les oublient. Les choses se passent bien plus simplement et bien plus naturellement.
Puisque les dieux ne sont que des idéaux collectifs personnifiés, ce dont témoigne tout
affaiblissement de la foi, c’est que l’idéal collectif s’affaiblit lui-même ; et il ne peut s’affaiblir
que si la vitalité sociale est elle-même atteinte. En un mot, il est inévitable que les peuples
meurent quand les dieux meurent si les dieux ne sont que les peuples pensés symboliquement. Le
croyant lui-même ne peut pas ne pas reconnaître cette importance du facteur sociologique.
Pour que les dieux exercent l’action salutaire qui est leur raison d’être, il ne suffit pas qu’ils
soient ; il faut encore qu’ils soient représentés dans les esprits, et avec une énergie suffisante
pour que la représentation qui les exprime soit efficace ; il ne suffit pas qu’ils existent dans je ne
sais quel monde transcendant, il faut qu’ils soient crus, et crus d’une foi collective, car la foi de
chacun ne peut être forte que si elle est partagée par tous. Ainsi le rôle utile de la religion dépend
de l’état dans lequel se trouvent certaines représentations et tout fait présumer que cet état lui-
même dépend éminemment de causes sociales. »
1er paragraphe :
"On" => pronom personnel indéfini. Ce mot permet de parler de manière générale pour parler
d'un ensemble de personnes, sans en spécifier une en particulier
"Souvent"=> adverbe qui permet d'exprimer la fréquence ou la répétition d'une action. C'est un
mot utile pour indiquer à quelle fréquence qqch se produit.
" a observé" => passé composé, qui permet de parler d'actions passées qui se sont produites et
qui sont maintenant terminées. Cela permet de raconter des événements qui ont eu lieu à un
moment donnée dans le passé.
" peuples" => désigne de manière générale différentes communautés humaines ou groupes de
personnes. Ce terme fait référence à l'ensemble des populations de différentes régions.
"Foi religieuse"=> croyance en des doctrines, des enseignements ou des principes spirituels
propres à une religion spécifique. Elle représente un aspect important pour de nombreuses
personnes dans le monde puisqu'elle guide souvent les croyants dans leur vie quotidienne et
influence leurs valeurs et leurs actions. Perdre la foi religieuse signifie donc douter, remettre en
question ou à abandonner complètement ses croyances.
" Ne tardent pas" => ici "ne...pas" est utilisé pour exprimer la négation et l'absence d'une action.
Cela signifie que les peuples ne prennent pas beaucoup de temps pour entrer en décadence après
avoir perdu leur foi religieuse.
"Tomber en dacadence" => le terme décadence évoque souvent une période de dégénérescence
ou de déclin. Lorsqu'un peuple tombe en décadence, il entre dans un état de déclin qui peut
prendre un aspect moral, social, ou culturel. Cela peut impliquer une perte de valeurs, de normes
ou de qualités à différents niveaux dans la société.
"Nous"=> pronom personnel français. Il est ici utilisé pour désigner un groupe de personnes (les
lecteurs) tout en incluant la personne qui parle (l'auteur)
Il s'interroge sur l'origine de cette coïncidence, il s'apprête à exposer ses réflexions et son
raisonnement afin de mieux comprendre comment se produit ce phénomène de déclin lorsqu'un
peuple perd sa foi religieuse.
"Maintenant "=> A présent que le phénomène de déclin s'est produit au sein de différents
peuples, il est davantage évident d'expliquer à présent cette coïncidence entre perte de la foi
religieuse et décadence du peuple.
Il qualifie cette coïncidence de "remarquable"=> adjectif qualificatif qui sert à décrire qqch
d'exceptionnel qui mérite qu'on lui porte une considération particulière, digne d'attention.
"Pour en rendre compte"=> pour rendre compréhensible cette coïncidence, l'expliquer, la décrire,
fournir des informations ou des explications
"Il n'est pas nécessaire"=> négation qui exprime le fait que qqch n'est pas obligatoire ou
indispensable
Il explique ici que le déclin des peuples n'est en aucun lié à la colère des dieux qui se sentent
oubliés. La chute d'un peuple s'effectue "bien plus simplement et bien plus naturellement"=>
expression qui sert à mettre en avant une action effectuée de manière plus simple, plus facile.
Cela souligne que qqch est fait de manière plus directe ou moins complexe. Expression qui met
en en ont le fait de faire qqch de manière plus instinctive et spontanée. Cela souligne que l'action
se déroule de façon plus fluide et sans effort particulier.
2ème paragraphe :
" Les dieux ne sont que des idéaux collectifs personnifiés"=> les dieux représentent des idéaux
ou des valeurs importantes pour une société puisqu'ils sont le fruit d'une création sociale. Ils sont
personnifiés, c'est-à-dire qu'ils prennent une forme humaine ou symbolique pour incarner ces
idéaux collectifs. Ainsi, les dieux deviennent des symboles vivants des croyances, des principes
moraux ou des normes partagées par un groupe de personnes. C'est comme si les dieux étaient
les manifestations concrètes des idéaux auxquels les gens aspirent.
"ce dont témoigne tout affaiblissement de la foi, c’est que l’idéal collectif s’affaiblit lui-même"
=>Lorsque l'idéal collectif d'une société s'affaiblit, cela peut conduire à une diminution de la foi
religieuse chez les individus. En d'autres termes, si les valeurs et les idéaux partagés par la
communauté perdent de leur importance ou sont remis en question, la croyance en des entités
supérieures associées à ces idéaux peut également s'estomper. C'est comme si la force de la foi
religieuse était étroitement liée à la solidité des valeurs et des idéaux collectifs qui la soutiennent.
C'est une réflexion profonde sur l'interconnexion entre la société et la spiritualité.
"il ne peut s’affaiblir que si la vitalité sociale est elle-même atteinte."=> L'idéal collectif peut
s'affaiblir de différentes manières. Cela peut se produire lorsque les valeurs traditionnelles d'une
société sont remises en question, lorsque les individus ne se sentent plus aussi connectés ou
engagés envers ces valeurs, ou encore lorsque de nouvelles idées ou influences entrent en conflit
avec les idéaux établis. Parfois, les changements sociaux, politiques ou culturels peuvent
également contribuer à affaiblir l'idéal collectif en modifiant les priorités et les croyances
partagées au sein de la communauté. C'est comme si l'évolution de la société pouvait influencer
la force des idéaux qui la soutiennent.
"il est inévitable que les peuples meurent quand les dieux meurent si les dieux ne sont que les
peuples pensés symboliquement."=> cette phrase suggère que si les dieux ne sont que des
symboles créés par les peuples pour représenter leurs idéaux et leurs valeurs, alors lorsque ces
idéaux et valeurs s'effacent, la croyance en ces dieux peut aussi disparaître. En d'autres termes, la
mort des dieux symboliserait la perte des idéaux collectifs et des croyances partagées qui les ont
créés. C'est comme si la disparition des dieux refléterait la fin de la connexion entre la société et
ses valeurs fondamentales.
"Le croyant lui-même ne peut pas ne pas reconnaître cette importance du facteur
sociologique."=> cette phrase suggère que même le croyant, celui qui croit en une entité
supérieure, ne peut pas ignorer l'impact du facteur sociologique sur sa croyance. En d'autres
termes, le contexte social et culturel dans lequel évolue le croyant influence inévitablement sa
perception de sa foi. Cela souligne l'importance de l'environnement social dans la formation et le
maintien des croyances individuelles. C'est comme si la société jouait un rôle crucial dans la
manière dont les individus perçoivent leur propre croyance.
3ème paragraphe :
"Pour que les dieux exercent l’action salutaire qui est leur raison d’être, il ne suffit pas qu’ils
soient"=> Cette phrase suggère que pour que les dieux puissent accomplir leur objectif
bénéfique, qui est la raison de leur existence, il ne suffit pas qu'ils existent simplement en tant
que concepts ou entités. En d'autres termes, il ne leur suffit pas d'être présents, mais ils doivent
également agir de manière positive pour remplir leur rôle et leur but dans la vie des croyants.
Cela met en lumière l'idée que la simple existence des dieux ne garantit pas automatiquement
leur influence bénéfique sur les croyants ; ils doivent également agir de manière significative
pour apporter le salut et la protection. C'est comme si leur présence seule ne suffisait pas, mais
que leurs actions étaient essentielles pour accomplir leur dessein.
"il faut encore qu’ils soient représentés dans les esprits, et avec une énergie suffisante pour que la
représentation qui les exprime soit efficace" => Cela signifie que la représentation mentale des
dieux doit être forte et vibrante pour que leur influence et leur pouvoir soient pleinement
ressentis et efficaces. En d'autres termes, la foi et la dévotion des croyants doivent être intenses
pour que la représentation des dieux ait un impact réel dans leur vie. C'est comme si la force de
la croyance et de la représentation mentale des dieux étaient essentielles pour que leur influence
se fasse sentir.
"il ne suffit pas qu’ils existent dans je ne sais quel monde transcendant, il faut qu’ils soient crus,
et crus d’une foi collective, car la foi de chacun ne peut être forte que si elle est partagée par
tous."=> Cette phrase met en avant le fait que ce n'est pas simplement l'existence des dieux dans
un monde transcendant (espace supérieur, au-delà de ce que nos sens peuvent percevoir, où
certaines croyances situent des entités divines rudes principes spirituels, c'est une dimension au-
delà de notre monde tangible, ou des réalités plus profondes ou sacrées peuvent être envisagées.)
qui importe, mais aussi la croyance en eux, et cette croyance doit être partagée collectivement.
En d'autres termes, la force de la foi individuelle envers les dieux ne peut être pleinement
réalisée que si elle est partagée par une communauté de croyants. C'est comme si la foi de chacun
gagnait en puissance
Lorsque la foi est partagée par l'ensemble d'une communauté, elle devient un lien puissant qui
renforce la conviction de chacun. C'est cette croyance partagée qui donne vie aux divinités et qui
les rend significatives dans la vie des individus. La force collective de la croyance crée un
sentiment d'unit" et de solidarité, ce qui peut renforcer la foi individuelle de chacque membre du
groupe. Ainsi, le partage de la foi entre tous les membres d'une société peut contribuer à
renforcer et à nourrir la conviction de chacun. lorsqu'elle est soutenue et partagée par tous. Cela
souligne l'importance de la foi collective dans le renforcement de la croyance individuelle.
"Ainsi le rôle utile de la religion dépend de l’état dans lequel se trouvent certaines
représentations et tout fait présumer que cet état lui-même dépend éminemment de causes
sociales."=> La phrase met en lumière que l'impact bénéfique de la religion est lié à l'état des
représentations religieuses, et cet état est fortement influencé par des causes sociales. En d'autres
termes, l'efficacité et l'utilité de la religion dépendent de la manière dont les croyances sont
perçues et entretenues, et ces perceptions sont largement influencées par des facteurs sociaux.
Cela souligne l'importance du contexte social dans lequel les croyances religieuses se
développent et se maintiennent.