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Explication de texte : Le problème religieux et la dualité de la nature humaine, 1913, Émile

Durkheim

« On a souvent observé que les peuples qui perdent leur foi religieuse ne tardent pas à tomber en
décadence. Nous pouvons maintenant comprendre d’où vient cette remarquable coïncidence.
Pour en rendre compte, il n’est pas nécessaire d’imaginer que les dieux se vengent des peuples
qui les oublient. Les choses se passent bien plus simplement et bien plus naturellement.

Puisque les dieux ne sont que des idéaux collectifs personnifiés, ce dont témoigne tout
affaiblissement de la foi, c’est que l’idéal collectif s’affaiblit lui-même ; et il ne peut s’affaiblir
que si la vitalité sociale est elle-même atteinte. En un mot, il est inévitable que les peuples
meurent quand les dieux meurent si les dieux ne sont que les peuples pensés symboliquement. Le
croyant lui-même ne peut pas ne pas reconnaître cette importance du facteur sociologique.

Pour que les dieux exercent l’action salutaire qui est leur raison d’être, il ne suffit pas qu’ils
soient ; il faut encore qu’ils soient représentés dans les esprits, et avec une énergie suffisante
pour que la représentation qui les exprime soit efficace ; il ne suffit pas qu’ils existent dans je ne
sais quel monde transcendant, il faut qu’ils soient crus, et crus d’une foi collective, car la foi de
chacun ne peut être forte que si elle est partagée par tous. Ainsi le rôle utile de la religion dépend
de l’état dans lequel se trouvent certaines représentations et tout fait présumer que cet état lui-
même dépend éminemment de causes sociales. »

1er paragraphe :
"On" => pronom personnel indéfini. Ce mot permet de parler de manière générale pour parler
d'un ensemble de personnes, sans en spécifier une en particulier
"Souvent"=> adverbe qui permet d'exprimer la fréquence ou la répétition d'une action. C'est un
mot utile pour indiquer à quelle fréquence qqch se produit.
" a observé" => passé composé, qui permet de parler d'actions passées qui se sont produites et
qui sont maintenant terminées. Cela permet de raconter des événements qui ont eu lieu à un
moment donnée dans le passé.
" peuples" => désigne de manière générale différentes communautés humaines ou groupes de
personnes. Ce terme fait référence à l'ensemble des populations de différentes régions.
"Foi religieuse"=> croyance en des doctrines, des enseignements ou des principes spirituels
propres à une religion spécifique. Elle représente un aspect important pour de nombreuses
personnes dans le monde puisqu'elle guide souvent les croyants dans leur vie quotidienne et
influence leurs valeurs et leurs actions. Perdre la foi religieuse signifie donc douter, remettre en
question ou à abandonner complètement ses croyances.
" Ne tardent pas" => ici "ne...pas" est utilisé pour exprimer la négation et l'absence d'une action.
Cela signifie que les peuples ne prennent pas beaucoup de temps pour entrer en décadence après
avoir perdu leur foi religieuse.
"Tomber en dacadence" => le terme décadence évoque souvent une période de dégénérescence
ou de déclin. Lorsqu'un peuple tombe en décadence, il entre dans un état de déclin qui peut
prendre un aspect moral, social, ou culturel. Cela peut impliquer une perte de valeurs, de normes
ou de qualités à différents niveaux dans la société.
"Nous"=> pronom personnel français. Il est ici utilisé pour désigner un groupe de personnes (les
lecteurs) tout en incluant la personne qui parle (l'auteur)
Il s'interroge sur l'origine de cette coïncidence, il s'apprête à exposer ses réflexions et son
raisonnement afin de mieux comprendre comment se produit ce phénomène de déclin lorsqu'un
peuple perd sa foi religieuse.
"Maintenant "=> A présent que le phénomène de déclin s'est produit au sein de différents
peuples, il est davantage évident d'expliquer à présent cette coïncidence entre perte de la foi
religieuse et décadence du peuple.
Il qualifie cette coïncidence de "remarquable"=> adjectif qualificatif qui sert à décrire qqch
d'exceptionnel qui mérite qu'on lui porte une considération particulière, digne d'attention.
"Pour en rendre compte"=> pour rendre compréhensible cette coïncidence, l'expliquer, la décrire,
fournir des informations ou des explications
"Il n'est pas nécessaire"=> négation qui exprime le fait que qqch n'est pas obligatoire ou
indispensable

Il explique ici que le déclin des peuples n'est en aucun lié à la colère des dieux qui se sentent
oubliés. La chute d'un peuple s'effectue "bien plus simplement et bien plus naturellement"=>
expression qui sert à mettre en avant une action effectuée de manière plus simple, plus facile.
Cela souligne que qqch est fait de manière plus directe ou moins complexe. Expression qui met
en en ont le fait de faire qqch de manière plus instinctive et spontanée. Cela souligne que l'action
se déroule de façon plus fluide et sans effort particulier.

2ème paragraphe :

" Les dieux ne sont que des idéaux collectifs personnifiés"=> les dieux représentent des idéaux
ou des valeurs importantes pour une société puisqu'ils sont le fruit d'une création sociale. Ils sont
personnifiés, c'est-à-dire qu'ils prennent une forme humaine ou symbolique pour incarner ces
idéaux collectifs. Ainsi, les dieux deviennent des symboles vivants des croyances, des principes
moraux ou des normes partagées par un groupe de personnes. C'est comme si les dieux étaient
les manifestations concrètes des idéaux auxquels les gens aspirent.

"ce dont témoigne tout affaiblissement de la foi, c’est que l’idéal collectif s’affaiblit lui-même"
=>Lorsque l'idéal collectif d'une société s'affaiblit, cela peut conduire à une diminution de la foi
religieuse chez les individus. En d'autres termes, si les valeurs et les idéaux partagés par la
communauté perdent de leur importance ou sont remis en question, la croyance en des entités
supérieures associées à ces idéaux peut également s'estomper. C'est comme si la force de la foi
religieuse était étroitement liée à la solidité des valeurs et des idéaux collectifs qui la soutiennent.
C'est une réflexion profonde sur l'interconnexion entre la société et la spiritualité.

"il ne peut s’affaiblir que si la vitalité sociale est elle-même atteinte."=> L'idéal collectif peut
s'affaiblir de différentes manières. Cela peut se produire lorsque les valeurs traditionnelles d'une
société sont remises en question, lorsque les individus ne se sentent plus aussi connectés ou
engagés envers ces valeurs, ou encore lorsque de nouvelles idées ou influences entrent en conflit
avec les idéaux établis. Parfois, les changements sociaux, politiques ou culturels peuvent
également contribuer à affaiblir l'idéal collectif en modifiant les priorités et les croyances
partagées au sein de la communauté. C'est comme si l'évolution de la société pouvait influencer
la force des idéaux qui la soutiennent.

"il est inévitable que les peuples meurent quand les dieux meurent si les dieux ne sont que les
peuples pensés symboliquement."=> cette phrase suggère que si les dieux ne sont que des
symboles créés par les peuples pour représenter leurs idéaux et leurs valeurs, alors lorsque ces
idéaux et valeurs s'effacent, la croyance en ces dieux peut aussi disparaître. En d'autres termes, la
mort des dieux symboliserait la perte des idéaux collectifs et des croyances partagées qui les ont
créés. C'est comme si la disparition des dieux refléterait la fin de la connexion entre la société et
ses valeurs fondamentales.

"Le croyant lui-même ne peut pas ne pas reconnaître cette importance du facteur
sociologique."=> cette phrase suggère que même le croyant, celui qui croit en une entité
supérieure, ne peut pas ignorer l'impact du facteur sociologique sur sa croyance. En d'autres
termes, le contexte social et culturel dans lequel évolue le croyant influence inévitablement sa
perception de sa foi. Cela souligne l'importance de l'environnement social dans la formation et le
maintien des croyances individuelles. C'est comme si la société jouait un rôle crucial dans la
manière dont les individus perçoivent leur propre croyance.

3ème paragraphe :

"Pour que les dieux exercent l’action salutaire qui est leur raison d’être, il ne suffit pas qu’ils
soient"=> Cette phrase suggère que pour que les dieux puissent accomplir leur objectif
bénéfique, qui est la raison de leur existence, il ne suffit pas qu'ils existent simplement en tant
que concepts ou entités. En d'autres termes, il ne leur suffit pas d'être présents, mais ils doivent
également agir de manière positive pour remplir leur rôle et leur but dans la vie des croyants.
Cela met en lumière l'idée que la simple existence des dieux ne garantit pas automatiquement
leur influence bénéfique sur les croyants ; ils doivent également agir de manière significative
pour apporter le salut et la protection. C'est comme si leur présence seule ne suffisait pas, mais
que leurs actions étaient essentielles pour accomplir leur dessein.

"il faut encore qu’ils soient représentés dans les esprits, et avec une énergie suffisante pour que la
représentation qui les exprime soit efficace" => Cela signifie que la représentation mentale des
dieux doit être forte et vibrante pour que leur influence et leur pouvoir soient pleinement
ressentis et efficaces. En d'autres termes, la foi et la dévotion des croyants doivent être intenses
pour que la représentation des dieux ait un impact réel dans leur vie. C'est comme si la force de
la croyance et de la représentation mentale des dieux étaient essentielles pour que leur influence
se fasse sentir.

"il ne suffit pas qu’ils existent dans je ne sais quel monde transcendant, il faut qu’ils soient crus,
et crus d’une foi collective, car la foi de chacun ne peut être forte que si elle est partagée par
tous."=> Cette phrase met en avant le fait que ce n'est pas simplement l'existence des dieux dans
un monde transcendant (espace supérieur, au-delà de ce que nos sens peuvent percevoir, où
certaines croyances situent des entités divines rudes principes spirituels, c'est une dimension au-
delà de notre monde tangible, ou des réalités plus profondes ou sacrées peuvent être envisagées.)
qui importe, mais aussi la croyance en eux, et cette croyance doit être partagée collectivement.
En d'autres termes, la force de la foi individuelle envers les dieux ne peut être pleinement
réalisée que si elle est partagée par une communauté de croyants. C'est comme si la foi de chacun
gagnait en puissance
Lorsque la foi est partagée par l'ensemble d'une communauté, elle devient un lien puissant qui
renforce la conviction de chacun. C'est cette croyance partagée qui donne vie aux divinités et qui
les rend significatives dans la vie des individus. La force collective de la croyance crée un
sentiment d'unit" et de solidarité, ce qui peut renforcer la foi individuelle de chacque membre du
groupe. Ainsi, le partage de la foi entre tous les membres d'une société peut contribuer à
renforcer et à nourrir la conviction de chacun. lorsqu'elle est soutenue et partagée par tous. Cela
souligne l'importance de la foi collective dans le renforcement de la croyance individuelle.

"Ainsi le rôle utile de la religion dépend de l’état dans lequel se trouvent certaines
représentations et tout fait présumer que cet état lui-même dépend éminemment de causes
sociales."=> La phrase met en lumière que l'impact bénéfique de la religion est lié à l'état des
représentations religieuses, et cet état est fortement influencé par des causes sociales. En d'autres
termes, l'efficacité et l'utilité de la religion dépendent de la manière dont les croyances sont
perçues et entretenues, et ces perceptions sont largement influencées par des facteurs sociaux.
Cela souligne l'importance du contexte social dans lequel les croyances religieuses se
développent et se maintiennent.

Ce texte d'Emile Durkheim extrait de l'oeuvre Le


problème religieux et la dualité de la nature humaine offre
une profonde réflexion sur la question de la foi religieuse
au sein des populations. Le sociologue français, se penche
notamment dans ce texte sur les aspects sociaux des
croyances religieuses. Il place les religions au coeur des
sociétés, et souligne l'importance de ces dernières dans la
cohésion sociale. Cependant il a été observé par de
nombreux sociologues que lorsqu'un peuple perd ses
croyances en dieu, ce dernier ne tarde pas à décliner. C'est
justement ce phénomène de déclin d'un peuple après la
perte de la foi religieuse que l'auteur cherche à expliquer.
Le problème auquel l'auteur entend répondre est le suivant :
En quoi la perte de la pratique religieuse commune
affaiblit-t-elle les les liens sociaux et culturels d'un peuple
jusqu'à potentiellement entrainer son déclin ? Dans ce texte,
Durkheim cherche donc à mettre en avant l'importance de
la religion au sein d'une société en montrant que le déclin
des peuples est souvent lié à une perte de foi religieuse.
Ainsi, dans le premier paragraphe, Durkheim évoque sa
thèse qui exprime le fait que le déclin d'un peuple est
souvent liée à une perte de croyances générale. Puis dans le
second, il poursuit son raisonnement en appuyant sur
l'impact puissant de la perte de la foi religieuse sur les
sociétés. Pour finir, nous verrons que dans la dernière
partie, Durkheim se penche davantage sur l'importance de
la foi commune dans les sociétés.

• Dans le début de la première partie de son texte,


Emile Durkheim commence par mettre en avant une observation
générale marquée par l'utilisation du pronom personnel indéfini
"on" qui permet de parler d'un groupe d'individus sans spécifier
une personne en particulier. Cependant à travers le "on", nous
pouvons supposer que Durkheim parle de l'ensemble des
sociologues qui tentent de comprendre et d'expliquer les
phénomènes et comportements sociaux, et dans ce cas ci, cette
étude se concentre sur le rôle de la foi religieuse au sein des
sociétés. Le constat ici évoqué est clair puisque l'auteur affirme
qu'au cours de l'histoire, nombreuses sont les personnes à s'être
aperçues que l'affaiblissement de la foi religieuse au sein des
différents peuples mène souvent à leur déclin puisqu'ils " ne
tardent pas à tomber en décadence". Ce fait a été observé à
plusieurs reprises comme l'indique l'adverbe de fréquence
"souvent" qui nous indique une certaine répétition de ce fait.
Mais comment la perte de la foi religieuse au sein d'un peuple
peut-elle entrainer sa chute ? Nous savons tous que pratiquer une
religion signifie avoir une croyance profonde et sincère en des
concepts spirituels, divins. Cependant, les croyances religieuses
ne désignent pas seulement une idée que l'on se fait sur le
monde et sur l'existence d'une ou plusieurs divinités. Elles
influencent en profondeur notre manière d'exister dans le monde
puisqu'elle guide nos comportements et nos pensées vis-à-vis
des autres et de nous-mêmes. S'il existe une multitude de
religions souvent influencées par des facteurs culturels,
historiques, géographiques et personnels toutes ont pour but
d'apporter cohésion sociale, valeurs, principes et réconfort. En
tant qu'individus, nous sommes tous capable de savoir si la
religion joue un rôle important dans nos vies personnelles ou
non. Mais sommes nous réellement conscients de l'importance
du rôle de la religion à l'échelle sociétale ? La religion constitue
un véritable pilier, elle est une sorte de ciment social et culturel
qui unit et conduit les êtres humains au sein des sociétés. Alors
lorsque cette dernière commence à s'estomper et à disparaitre de
nos esprits à cause de changements sociaux et d'évolutions
culturelles entrainant des remises en question de nos croyances,
il n'est pas surprenant qu'elle conduise par la suite au déclin du
peuple. Nombreux sont les sociologues qui s'interrogent sur ce
processus de déclin d'une communauté qui semble être
étroitement lié à la perte de la foi religieuse. L'auteur parle
même ici d'une "remarquable coïncidence". L'adjectif
qualificatif ici utilisé met l'accent sur ce phénomène
exceptionnel qui mérite qu'on lui porte une attention particulière.
De plus, selon l'auteur, il est à présent possible de mieux saisir et
d'expliquer l'origine de ce processus de déclin d'un peuple "Nous
pouvons maintenant comprendre d’où vient cette l...l
coïncidence".

• Après avoir exposer ce fait général, Durkheim
poursuit son raisonnement en expliquant les choses clairement.
Selon lui, le déclin d'une civilisation ne peut en aucun cas être
attribuée aux dieux qui auraient maudit les peuples, mécontents
de ne plus être crus et vénérés par les communautés. La chute
d'un peuple n'a donc rien avoir avec le divin et "il n'est pas
nécessaire" de penser que les dieux y sont liés puisque selon
l'auteur les choses se déroulent "bien plus simplement" et "bien
plus naturellement". Ces deux expressions rythmées par
l'anaphore "bien plus" mettent en avant le fait que la chute d'un
peuple s'effectue de manière instinctive, spontanée et sans
efforts particuliers. Ce que Durkheim cherche ici à nous faire
comprendre c'est que lorsque la décadence apparait au sein d'une
population, cela est uniquement lié aux comportements humains
dans la foi religieuse. Si pour donner un sens aux événements
malheureux ou aux périodes de crise, nous avons tendances à les
interpréter comme la colère des dieux qui voudraient punir le
peuple pour avoir de transgresser ou manquer à leurs
enseignements, du point de vue du sociologue, cela représentent
seulement des constructions humaines pour donner un sens aux
événements. La foi religieuse commune permet-elle donc la
survie d'un peuple ? Lorsqu'un peuple est confronté à des défis
importants, la foi religieuse peut représenter une forme de
soutien importante lorsqu'elle est partagée par toute une
communauté. Elle peut fournir un sens de l'unité, de la solidarité
et de l'espoir, ce qui peut contribuer à la résilience et à la survie
d'un peuple face aux épreuves. Cependant, lorsque le peuple
n'est pas soudé dans la foi religieuse, et qu'il décide de se
retourner contre dieu cela peut entrainer un déséquilibre dans la
société. En effet, la croyance en des entités supérieures est très
souvent un facteur unificateur et moteur de valeurs morales au
sein d'une société alors lorsque la foi s'affaiblit cela conduit peut
conduire à une perte de repères spirituels et de cohésion sociale
ce qui peut influencer négativement la culture et les traditions
d'une société. C'est cela que le sociologue tente de nous faire
comprendre ; lorsqu'un peuple perd sa foi religieuse, les dieux
perdent leur pouvoir bienfaisant, ce qui affaiblit la communauté
qui était soutenue par cette croyance. Cela peut par la suite
entrainer l'effondrement du peuple qui reposait sur ce pilier de
foi.


• Après avoir affirmé sa thèse dans la première partie
du texte, l'auteur va s'attacher à l'illustrer dans la seconde. Dans
le début du second paragraphe, Durkheim revient sur l'origine de
la création des dieux. Il les définit comme des "idéaux collectifs
personnifiés". En quoi les dieux sont-ils le fruit d'une pensée
collective ? Les dieux représentent des idéaux ou des valeurs
importantes pour une société puisqu'ils sont le fruit d'une
création sociale. Ils sont personnifiés, c'est-à-dire qu'ils prennent
une forme humaine ou symbolique pour incarner ces idéaux
collectifs. Ainsi, les dieux deviennent des symboles vivants des
croyances, des principes moraux ou des normes partagées par un
groupe de personnes. C'est comme si les dieux étaient les
manifestations concrètes des idéaux auxquels les gens aspirent.
Il poursuit en expliquant que comme les dieux représentent
seulement des idéaux convoités par tous les hommes, il parait
donc logique que lorsque l'idéal collectif en vient à lui-meme
diminuer, cela entraine un "affaiblissement de la foi". Comme
nous le rappelle Durkheim, il a déjà été observé plusieurs fois
chez des populations une diminution de la foi et cela semble
toujours finir par entrainer la décadence au sein de la
population. Si les valeurs et les idéaux partagés par la
communauté perdent de leur importance ou sont remis en
question, la croyance en des entités supérieures associées à ces
idéaux peut également s'estomper puisque "la vitalité sociale est
elle-même atteinte ". Ce sont les maux que la société porte en
elle à cause des comportements humains qui entraine cet
affaiblissement de la foi religieuse. C'est comme si la force de
la foi religieuse était étroitement liée à la solidité des valeurs et
des idéaux collectifs qui la soutiennent. L'auteur nous fait ici
part d'une profonde réflexion sur l'interconnexion entre la
société et la spiritualité. L'idéal collectif peut s'affaiblir de
différentes manières. Cela peut se produire lorsque les valeurs
traditionnelles d'une société sont remises en question, lorsque les
individus ne se sentent plus aussi connectés ou engagés envers
ces valeurs, ou encore lorsque de nouvelles idées ou influences
entrent en conflit avec les idéaux établis. Parfois, les
changements sociaux, politiques ou culturels peuvent être
susceptibles d' affaiblir l'idéal collectif en modifiant les priorités
et les croyances partagées au sein de la communauté. C'est
comme si l'évolution de la société pouvait influencer la force des
idéaux qui la soutiennent.

• Un peu plus loin dans la seconde partie de son texte,
Durkheim poursuit ses réflexions sur l'aspect social que l'on
retrouve dans la foi religieuse. Selon lui, il va dans la logique
des choses que lorsque les croyances communes en un dieu
diminuent au sein d'une population, cela conduit de force à la
décadence de cette société " il est inévitable que les peuples
meurent quand les dieux meurent". L'adjectif "inévitable" est ici
utilisé pour renforcer cette idée de fatalité et le coté tragique que
l'on peut retrouver dans la religion lorsque celle-ci perd de son
importance aux yeux d'un peuple. De plus, l'auteur ajoute que
cette situation se produit lorsque les dieux sont des
représentations abstraites de nos sociétés, s'ils "ne sont que les
peuples pensés symboliquement". Derrière cette affirmation se
cache l'idée que les dieux sont façonnés par nos croyances et nos
cultures pour incarner des forces et des valeurs importantes. Ils
n'existent en réalité que dans nos esprits, mais leur influence et
leur puissance résident dans la façon dont nous y croyons
collectivement. Ils sont des manifestations de nos pensées et de
notre compréhension du monde qui nous entoure. Si les dieux ne
sont que des symboles crées par les peuples pour représenter
leurs idéaux et leurs valeurs, alors lorsque ces principes
fondamentaux sont remis en question par les peuples eux-
mêmes, la foi collective va s'affaiblir risquant de perturber tous
les aspects de la sociétés, ce qui pourrait potentiellement
entrainer le déclin des peuples. Cela signifie-t-il que la foi
commune est essentielle pour maintenir l'équilibre de la
société ? Si il y a bien une chose qu'Emile Durkheim cherche à
mettre en avant c'est bien l'importance du collectif sur la foi.
C'est seulement le comportement du peuple qui est susceptible
d'entrainer l'abandon de la religion par la perte de la symbolique
collective que représente les dieux. Si le peuple n'est pas soudé,
cela entraine la mort des dieux, qui entraineront ensuite la mort
du peuple. Un peuple peut ne pas être uni dans la foi religieuse
lorsque les individus ont des croyances et des pratiques
spirituelles très différentes, ce qui peut entrainer des divisions,
des tensions et des incompréhensions, ce qui peut affaiblir le
sentiment d'unité et de solidarité au sein de la communauté.
Mais au contraire lorsque la foi commune est solide et largement
partagée, elle contribue à renforcer la cohésion sociale et elle
agit alors comme un ciment social qui unit les individus autour
de valeurs et de croyances partagées essentielles pour la stabilité
et l'harmonie de la société. Dans la phrase suivante, Durkheim
affirme que meme le croyant, celui qui croit en une entité
supérieure ne peut pas ignorer l'impact du facteur sociologique
sur sa croyance, il "ne peut pas ne pas reconnaître cette
importance du facteur sociologique." Cela signifie que le
contexte social et culturel dans lequel évolue le croyant
influence inévitablement sa perception de sa foi. Cela souligne
l'importance de l'environnement social dans la formation et le
maintien des croyances individuelles. C'est comme si la société
jouait un rôle crucial dans la manière dont les individus
perçoivent leur propre croyance.


• Dans ce dernier paragraphe, Durkheim se penche
davantage sur l'importance du collectif sur la foi religieuse. Il
commence par expliquer que la simple existence des dieux ne
suffit pas. Pour que les dieux soient réellement bénéfiques aux
êtres humains,"ils ne suffit pas qu'ils soient" affirme Durkheim.
En effet, selon lui la présence des dieux ne garantit pas
automatiquement leur influence bénéfique sur les croyants. Les
dieux doivent également agir de manière positive et significative
pour apporter le salut et la protection dans la vie des croyants.
Les dieux doivent avant tout exercer "l’action salutaire qui est
leur raison d’être". Pour cela, leur présence seule ne suffit pas,
ce sont leurs actions qui sont essentielles afin d'accomplir leur
dessein. Pour que les dieux exercent leur influence bénéfique, il
est essentiel qu'ils soient présents dans nos pensées avec force et
énergie. Leur représentation doit être puissante pour avoir un
impact réel sur nos vies et nos croyances. "il faut encore qu’ils
soient représentés dans les esprits, et avec une énergie suffisante
pour que la représentation qui les exprime soit efficace". Cette
phrase signifie bien que la représentation mentale des dieux doit
être forte et vibrante pour que leur influence et leur pouvoir
soient pleinement ressentis et efficaces. En d'autres termes, la foi
et la dévotion des croyants doivent être intenses pour que la
représentation des dieux ait un impact réel dans leur vie. C'est
comme si la force de la croyance et de la représentation mentale
des dieux étaient essentielles pour que leur influence se fasse
sentir. C'est en fait la conviction profonde en leur existence qui
les rend efficaces et véritablement réels dans nos vies. Cette
conviction est d'autant plus puissante lorsqu'elle est partagée
collectivement " il faut qu’ils soient crus, et crus d’une foi
collective". L'auteur explique ici que la force de la foi
individuelle envers les dieux ne peut être pleinement réalisée
que si elle est partagée par une communauté de croyants "la foi
de chacun ne peut être forte que si elle est partagée par tous".
C'est comme si la foi de chacun gagne en puissance lorsqu'elle
est soutenue et partagée par tous. Cela souligne l'importance de
la foi collective dans le renforcement de la croyance
individuelle.

• Après avoir mis en lumière le rôle crucial du
collectif sur la foi religieuse, Durkheim aboutit et conclut son
argumentation. Cette phrase conclusive permet à Durkheim de
résumer les grands points de sa thèse. Il commence par rappeler
que l'efficacité de la religion dépend de la force et de la clarté
des croyances et des représentations qui y sont associées, "le
rôle utile de la religion dépend de l'état dans lequel se trouvent
certaines représentations". L'adjectif qualificatif "utile" permet
de souligner que la religion joue un rôle significatif seulement si
les idées et les images qui la composent soient bien établies et
fortement ancrées dans les esprits des croyants. L'auteur poursuit
en affirmant que l'état des représentations religieuses est
grandement influencé par des facteurs sociaux. "Tout fait
présumer que cet état lui-meme dépend éminemment de causes
sociales". Le "tout" fait ici référence à l'ensemble des éléments,
à l'ensemble des faits qui ont été observés dans les sociétés et
qui laissent clairement penser que l'état des représentations
dépend de causes sociales qui influencent par la suite la foi
religieuse de manière positive ou négative. Les facteurs sociaux
doivent nécessairement être pris en compte car les croyances et
les pratiques religieuses sont souvent façonnées par le contexte
social dans lequel les individus évoluent. Quand cet état est bien
et stable, cela peut favoriser un environnement positif où les
croyances religieuses sont ancrées de manière solide et où la
pratique religieuse est harmonieuse. En revanche, si cet état
devient mauvais et instable, cela pourrait entraîner des conflits,
des divisions, voire une perte de confiance dans les croyances
religieuses, ce qui pourrait affecter négativement la société et les
individus qui en font partie. Les interactions sociales, les normes
culturelles et les valeurs partagées par la société contribuent
donc à façonner la manière dont la religion est perçue et vécue
par les individus. Durkheim souligne donc l'importance du
contexte social dans lequel les croyances religieuses se
développent et se maintiennent.


• En conclusion, nous pouvons dire que le sociologue
Emile Durkheim nous offre ici une réflexion profonde et
intéressante sur la question de l'importance de la foi commune
au sein d'une société. En quelques lignes, l'auteur nous fait
prendre conscience de certaines choses dont nous n'avions pas
forcément conscience. Le texte est d'autant plus percutent
lorsque le lecteur est lui-meme croyant puisqu'en en effet il nous
ouvre les yeux sur différents aspects de la religion que nous ne
soupçonnions même pas. Il explore la façon dont la religion
contribue à la cohésion sociale en soulignant l'importance de la
foi commune et il démontre à quel point la perte de la foi
religieuse d'un peuple peut venir perturber voire détruire tous ses
fondements. Il présente la religion comme un véritable
phénomène social susceptible de rendre nos sociétés équilibrées
et harmonieuses ou au contraire désaccordées et instables. Pour
terminer, son texte ne s'adresse pas à une personne en particulier
mais à tous, ce qui marque sa portée universelle. De plus, c'est
un texte intemporel puisque la religion continuera à travers les
âges d'être un sujet soulevant des questions essentielles pour les
hommes et elle aura toujours le pouvoir d'exercer une certaine
influence sur nos sociétés.

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