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Unité-Progrès-Justice
POLYTECHNIQUE (ISPP)
LICENCE 3 ANNEE ACADEMIQUE 2023-2024
FINANCES ET COMPTABILITE
INTRODUCTION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
Le droit des affaires est une branche du droit privé regroupant l’ensemble des règles
juridiques qui régissent les rapports entre les personnes privées telles que les commerçants et
les sociétés. Il constitue un vaste domaine complémentaire du droit civil couvrant les
questions relatives aux structures commerciales (statut des entreprises et des sociétés
commerciales), celle relative à l’activité commerciale (la concurrence, la propriété
industrielle, les contrats commerciaux distribution, les opérations financières telles que les
effets de commerce et les opérations de banque) ainsi que celles ayant trait à la juridiction
commerciale, à la juridiction arbitrale et aux procédures collectives des entreprises. Il vise à
répondre aux exigences propres du monde des affaires notamment la rapidité, la sécurité
juridique ou la confiance mutuelle, la nécessité du crédit, la célérité des transactions
commerciales, la nécessité de la publicité. L’activité commerciale est encadrée par un certain
nombre de règles regroupées sous l’appellation droit commercial général d’une part et droit
des sociétés commerciales d’autre part. Selon l’article 2 du Traité relatif à l’organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du droit des affaires signé par les Etats africains membre de la
zone franc, entre dans le domaine du droit des affaires l’ensemble des règles relatives au droit
des sociétés et au statut juridique du commerçant, au recouvrement des créances, aux sûretés
et aux voies d’exécution, au régime du redressement des entreprises et de la liquidation
judiciaire, au droit de l’arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et
des transports, et toutes autres matières que le Conseil des ministres déciderait, à l’unanimité,
d’y inclure ». Ainsi, l’activité commerciale s’exerce à travers les moyens que ses sujets
utilisent en vue d’atteindre leurs objectifs.
L’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général (AUDCG) énumère les actes de
commerce aux articles 3 et 4. Désormais et contrairement au Code de commerce, le
législateur OHADA a pris le soin de donner une définition de l’acte de commerce par nature
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avant de se contenter d’une petite modernisation de certains termes de la liste des actes de
commerce qu’il qualifie désormais par nature. Ainsi, l’acte de commerce par nature est celui
par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou
par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un profit
pécuniaire.
Les actes de commerce par la forme sont faciles à identifier. Ils se voient appliquer les règles
de droit commercial conçues expressément à leur intention sans conférer à leurs auteurs non
commerçants la qualité de commerçant.
La définition des actes de commerce par accessoire s’applique à tout acte civil accompli en
accessoire à un acte de commerce. Ce sont des actes de commerce par ricochet. Enfin, il y a
des actes de commerce qui sont commerciaux pour l’une des parties et non commerciaux pour
l’autre et qu’on appelle actes mixtes.
Telle est la classification traditionnelle des actes de commerce ressortissant de l’étude du droit
commercial ; laquelle n’a pas été remise en cause par l’Acte Uniforme. Sans doute, ledit Acte
comble les insuffisances de l’article 632 du Code de commerce étoffant la liste des actes de
commerce, mais cette liste n’est pas exhaustive et effectivement, on note dans l’énumération
faite, l’absence de certains actes considérés jusqu’ici, commerciaux. La conséquence
immédiate est que l’Acte Uniforme n’épuise pas le débat sur la détermination d’un ou des
critères de l’acte de commerce.
On peut les regrouper en deux catégories suivant que l’on se réfère à leur forme ou à leur
nature.
Ce type d’acte de commerce n’était pas prévu à l’origine par le Code de commerce. Ce sont
des lois postérieures qui les ont institués. La loi du 1 er août 1893 modifiant la loi du 24 juillet
1867 sur les sociétés par action ; la loi du 7 juin 1894 sur la lettre de change ; la loi du 7 mars
1925 sur les sociétés à responsabilité limitée. L’article 4 de l’Acte Uniforme relatif au droit
L’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général précise que l’acte de commerce par
nature est celui par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle
produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en
tirer un profit pécuniaire. Ce sont ceux qui relèvent de la sphère commerciale en raison de leur
nature commerciale. Le législateur dresse une liste : les activités manufacturées, de transport
par eaux et terre, les activités d’achats et de ventes. Les activités commerciales peuvent être
classées en 4 catégories que sont les activités de distribution, les actes de production, les
activités de services et les activités financières.
Paragraphe 2 : Les actes de commerce non prévus par la loi : critère de recherche
A- La cause de l’acte
En partant de la théorie générale des obligations, la doctrine a proposé de faire une distinction
entre acte de commerce et acte civil sur le fondement de la cause. En s’obligeant par le
contrat, chaque partie poursuit un but qui est le motif déterminant de son obligation et sans
lequel elle ne donnerait pas son consentement au contrat. Le motif déterminant de chaque
partie pénètre ainsi donc le cercle contractuel sous le nom de la cause. La principale difficulté
qu’elle présente réside dans la reconnaissance du motif déterminant lorsque celui qui passe
l’acte n’est pas un commerçant.
B- L’intention de spéculer
Ce critère de la commercialité se fonde sur le but poursuivi à travers l’acte. Celui-ci est
commercial s’il est fait dans l’intention de spéculer, c'est-à-dire dans l’intention de réaliser un
gain pécuniaire. Mais ce critère est trop large et son acception conduirait à supprimer
pratiquement toutes barrières au droit commercial puisque c’est le profit ou l’intérêt qui est à
la base de toutes les activités humaines. Les professions libérales par exemple, ainsi que les
exploitants agricoles recherchent bien un profit, et pourtant elles ne sont pas considérées
comme des activités commerciales. Mais ce critère semble avoir la faveur de la jurisprudence.
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C- L’entremise dans la circulation des richesses
En application de ce critère, un acte est commercial s’il s’interpose dans la circulation des
richesses entre ceux accomplis par le producteur et le consommateur. Cependant, quelque
juste que soit ce critère, il est lui aussi insuffisant car l’entremise dans la circulation des
richesses peut exister en dehors de toute idée de profit. L’association charitable qui achète
pour revendre à prix coûtant ou la coopérative qui achète pour ses membres n’accomplit pas
d’acte de commerce, pourtant l’une et l’autre se situent entre ses fournisseurs et ses membres
ou ses adhérents. C’est pourquoi un groupement d’intérêt économique peut ne pas être
commercial.
L’entreprise est créée pour exercer une activité déterminée. C’est pourquoi on l’a utilisée
comme critère de recherche des actes de commerce. Un acte est commercial s’il est accompli
en entreprise, c'est-à-dire s’il a un caractère répétitif. Pour défendre ce critère, on a cherché
appui dans le texte même de l’article 632 du Code de commerce qui répute acte de commerce
un certain nombre d’acte accomplis dans le cadre d’une entreprise. Mais ce critère aussi n’est
vrai qu’en partie puisque, d’une part, il existe bien des actes de commerce isolés et, d’autre
part, certaines entreprises telles les entreprises agricoles et les professions libérales ne
réalisent pas d’opérations commerciales.
En fait, il n’y a pas de critère unique et général applicable à l’acte de commerce. Parfois, il
sera nécessaire de combiner plusieurs critères pour parvenir à la caractérisation de l’acte.
Les actes de commerce par accessoire, encore appelés actes de commerce relatifs ou actes de
commerce subjectifs, ne constituent pas dans notre système de droit une catégorie légalement
définie. C’est la jurisprudence qui en a bâti la théorie en présumant que les actes accomplis
par le commerçant le sont pour les besoins de son exploitation. Ce sont donc des actes civils
par nature, mais qui ont acquis le caractère commercial du fait qu’ils ont été accomplis par un
commerçant dans l’intérêt de son commerce. L’acte peut être accessoire à la profession
commerciale ou à un acte de commerce à titre principal.
La théorie des actes de commerce par accessoire se fonde sur les articles 631 et 632 du Code
de commerce qui considère comme acte de commerce les engagements, transactions et
obligations entre commerçants, présumés contractés pour les besoins de leur profession. Plus
explicite, l’article 3 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général range dans les
actes de commerce « les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ». La
théorie des actes de commerce s’applique également aux engagements extracontractuels dans
certains cas.
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1- Les actes juridiques
La situation des sociétés commerciales est la plus simple. N’ayant pas de vie privée et
obéissant au principe de spécificité, les sociétés commerciales ne peuvent accomplir que des
actes de commerce, quand bien même leur objet serait civil, pourvu qu’elle soit commerciale
par la forme. L’article 3 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général mentionne
d’ailleurs expressément « les actes effectués par les sociétés commerciales » dans
l’énumération qu’il donne des actes de commerce.
La situation des personnes physiques est plus complexe. Il y a lieu tout d’abord d’écarter de la
théorie des actes de commerce par accessoire tous les actes faits par le commerçant pour les
besoins de sa vie privée (contrats de la vie domestique, achats d’aliments et de vêtements
etc.), ainsi que tous les actes accomplis à titre gratuit (donation par exemple) à moins que ces
derniers ne se rattachent à l’exploitation commerciale (gratification du personnel, bourse de
recherche).
Réserve faite de ces cas, il est généralement admis que la théorie des actes de commerce par
accessoire atteint les contrats les plus variés conclus par le commerçant dans l’intérêt de son
commerce : achats ou location de matériel ou d’outillage, emprunts, contrat d’assurance, de
transport, etc.
La théorie des actes de commerce par accessoire joue également pour les obligations quasi
contractuelles contractées par le commerçant dans l’exercice de sa profession. La
jurisprudence a même fini par présumer commercial tout engagement extracontractuel du
commerçant dès lors qu’il se rattache à l’exercice du commerce.
Par contre, les obligations légales du commerçant et, notamment l’obligation fiscale, ne sont
pas atteintes par la théorie de l’accessoire. D’autres actes lui échappent également tel le
contrat de travail régi par le Code du travail.
La théorie traditionnelle de la commercialité par accessoire postule qu’un acte, civil par
nature, devienne commercial parce qu’il est accompli par un commerçant pour les besoins de
son commerce. La théorie de l’acte de commerce accessoire à un acte de commerce à titre
principal est un peu différente. Ici, l’acte de commerce est accompli par un non commerçant,
On rappelle que le caractère commercial d’un acte juridique peut s’apprécier en fonction de la
qualité de la personne qui accompli cet acte. On sait aussi que l’acte de commerce est
généralement un acte bilatéral (contractuel). Si les deux parties à l’acte sont des commerçants,
aucune difficulté ne se présente : l’acte est commercial pour chacune d’elles (par exemple, les
ventes de grossistes à des demi-grossistes ou à des détaillants). Mais, il arrive fréquemment
que l’acte soit commercial pour une partie et civil pour l’autre (ventes faites par un
commerçant détaillant à sa clientèle). On est alors en présence d’un acte mixte. Le domaine
des actes mixtes est au moins aussi vaste que celui des actes de commerce puisque tout acte
peut être un acte mixte dès lors qu’il met en présence deux personnes dont l’une seulement
exerce la profession de commerçant. Il existe cependant des exceptions où l’acte ne se prête
pas à être mixte : ce sont la lettre de change, le billet à ordre et le warrant, que loi déclare
commerciaux entre toutes personnes.
Les différentes classifications des actes de commerce n’influent pas sur leur régime juridique.
Celui-ci sera identique tant pour l’acte de commerce prévu par la loi que pour celui qui ne
l’est ou pour l’acte de commerce par accessoire. Par contre, le régime juridique des actes
mixtes est différent et bien plus complexe.
La théorie des actes de commerce tire son importance en partie de l’existence d’une
juridiction commerciale spécifique devant laquelle s’appliquent des règles particulières de
compétence et de preuve sans préjudice d’autres règles exigées par la spécificité du droit
commercial.
Les tribunaux de commerce ou les juridictions de droit commun qui en tiennent lieu sont
compétents pour connaitre, d’une part, des contestations entre commerçants et, d’autre part,
de celles relatives aux actes de commerce entre toutes personnes. Il faut que la contestation
entre commerçants se rapporte à un engagement pris dans l’exercice du commerce. Les
contestations relatives à un acte de commerce isolé ne sont pas de la compétence de la
juridiction commerciale sauf bien entendu le cas de la lettre de change, du billet à ordre, et le
warrant, dont le contentieux ressortit toujours à la compétence des tribunaux de commerce.
Ces règles spéciales sont tantôt de fond, tantôt relatives à la clause compromissoire.
Il y a d’abord la prescription dont le délai est plus court en matière commerciale qu’en
matière civile. L’article 16 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial fixe le délai de
prescription à 5 ans. Il est réduit à 2 ans en matière de vente commerciale. Une autre règle de
fond est relative à la capacité de faire le commerce. Le droit commercial interdit au mineur
non émancipé, aux aliénés, prodigues et faibles d’esprit de faire le commerce.
Les actes mixtes n’étant pas une catégorie légale prévue par le Code de commerce, il va sans
dire qu’il n’y a pas non plus de règles légales régissant leur régime juridique. Ce sont donc la
jurisprudence et la doctrine qui tentent de résoudre les problèmes qu’ils posent.
Une doctrine très minoritaire soutient qu’en présence d’un acte mixte, le commerçant doit être
cité devant le tribunal de commerce. Mais la position de la jurisprudence varie suivant la
qualité du demandeur à l’action. Le demandeur non commerçant a l’option entre le tribunal de
commerce et le tribunal civil. Au contraire, le demandeur commerçant ne peut citer le non
commerçant que devant le tribunal naturel de celui-ci, c'est-à-dire le tribunal civil.
Elles sont déterminées, non pas en fonction de la nature du tribunal, mais en fonction de la
qualité du demandeur à la preuve. La preuve est libre si l’action est dirigée par le non-
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commerçant contre le commerçant. Elle est soumise aux règles du droit civil si l’action est
dirigée par le commerçant contre le non-commerçant. L’article 5 de l’Acte uniforme relatif au
droit commercial général consacre cette distinction en énonçant que les actes de commerce
peuvent se prouver par tout moyen à l’égard des commerçants.
A la suite de la doctrine française, l’Acte uniforme relatif au droit commercial général indique
que le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens permettent à un
commerçant d’attirer et de conserver une clientèle. La nécessité de déterminer la nature
juridique du fonds de commerce tient au fait que celui-ci se présente sous deux aspects
apparemment contradictoires. Il se présente en effet à la fois sous un aspect unitaire et sous un
aspect disparate. D’une part, le fonds de commerce est une propriété incorporelle rassemblant
différents éléments unis entre eux pour une destination commune qui est d’attirer et de
conserver la clientèle. La dispersion de ses éléments entraine la perte de la clientèle et la
destruction du fonds. D’autre part, le fonds de commerce ne se confond pas avec les différents
éléments qui le composent et qui sont très divers.
Dans le droit français, le législateur ne les a énumérés qu’en vertu de l’exercice des privilèges
du vendeur et du créancier nantis, cependant que le propriétaire du fonds peut toujours les
séparer. Chacun de ses éléments est soumis à un régime propre. Plusieurs théories ont été
avancées pour expliquer la nature juridique.
En partant de l’universalité des éléments du fonds de commerce que justifie leur destination
commune, certains auteurs considèrent le fonds comme une universalité juridique, un
patrimoine d’affectation, doté d’un actif et d’un passif. Cette théorie jure avec le système
juridique qui prévaut en France et dans les pays de traditions juridiques françaises. Dans ces
pays, le principe est qu’une personne n’a et ne peut avoir qu’un patrimoine, ce qui exclut la
possibilité d’un patrimoine d’affectation.
D’autres auteurs préconisent de voir dans le fonds de commerce une universalité de fait,
définie comme un assemblage de biens réunis par une personne pour servir une destination
commune, et exclusive de toute idée de passif propre. C’est cette destination commune
(l’exploitation commune) qui fait que le fonds de commerce n’est pas une simple
juxtaposition de biens ou de valeurs, mais une universalité. Mais ces auteurs ne font que faire
un constat que nul ne conteste. Mais, ils ne définissent nullement la nature juridique du fonds
de commerce. De toute façon, cette universalité n’est soumise à aucun régime juridique
particulier, alors que le fonds de commerce est bien soumis à un régime juridique propre.
La référence historique que constitue la loi du 17 mars 1909, non plus qu’aucun autre texte
d’ailleurs, ne définissait la composition du fonds de commerce. La loi de 1909 se contentait à
énumérer les divers éléments susceptibles d’entrer dans la composition du fonds de
commerce. Elle relevait l’existence d’éléments incorporels (enseigne et non commercial, droit
au bail, clientèle et l’achalandage, brevet, licence, etc.), du matériel et de l’outillage, et des
marchandises. L’article 137 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général retient lui
aussi que le fonds « regroupe différents éléments mobiliers, corporels et incorporels ». Il
convient par conséquent avant d’exposer les différents éléments constitutifs du fonds de
commerce, indiquer ceux qui en sont nécessairement exclus.
Tant la doctrine que la jurisprudence s’accordent pour dire que deux catégories de biens ne
font pas partie du fonds de commerce : il s’agit d’une part, les immeubles et d’autre part, des
valeurs liquides, des obligations du commerçant et les documents comptables.
Le fondement général de cette exclusion est que la loi ne mentionne, parmi les éléments qui
composent le fonds de commerce, ni les valeurs liquides, ni les obligations, actives ou
passives d’ailleurs, ni les documents comptables. La justification de l’exclusion des
documents comptables : en exigeant du commerçant qu’il conserve les livres de commerce,
ainsi d’ailleurs que la correspondance commerciale, pendant dix ans, la loi entend les
rattacher, non au fonds de commerce, mais au commerçant lui-même. Il en est de même de
celle des valeurs liquides en caisse ou déposées dans un compte en banque, la stipulation d’un
prix pour de telles valeurs étant tout simplement absurde si l’on considère que la
règlementation du fonds de commerce a pour finalité la vente et le nantissement de ce dernier.
La justification de l’exclusion des obligations et, plus généralement des contrats, est plus
critiquable. On comprend aisément l’exclusion des dettes parce que, dans le cas du
nantissement, on évite d’affecter à la garantie des créanciers des valeurs négatives et, dans le
cas de la vente, on se heurte à un principe du droit selon lequel la cession de dette est
impossible. Par contre, on peut en dépit d’une jurisprudence constante, s’interroger sur
l’impossibilité d’inclure dans le fonds de commerce les créances, surtout qu’elles sont
relatives à l’exploitation du fonds.
Le cas des contrats est encore plus révélateur de l’incohérence du système. Il est incohérent
par exemple, de donner une importance primordiale à la clientèle comme élément du fonds de
commerce et de priver celui-ci des contrats qui sont le support juridique de l’attachement de
cette clientèle. C’est d’ailleurs pour cette raison que la loi fait exception de certains contrats
jugés inséparables du fonds de commerce, tels le bail commercial, le contrat d’assurance et les
contrats de travail.
1- Le fonds commercial
Le fonds commercial est un concept nouveau introduit par l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général pour désigner des éléments particuliers entrant nécessairement dans la
composition du fonds de commerce. Sa caractéristique principale est d’être exclusivement
composée d’éléments incorporels, c'est-à-dire, la clientèle d’une part, l’enseigne et le nom
commercial de l’autre.
2- La clientèle et l’achalandage
S’il n’y a pas de fonds de commerce sans clientèle, l’analyse juridique n’est pas pour autant
unanime à considérer le droit à la clientèle comme un élément du fonds. On soutient en effet
qu’en dehors des monopoles de droit (brevets d’invention, marque de fabrique, dessein et
modèle, etc.), il n’y a pas de droit à la clientèle puisque celle-ci peut être retirée par la
concurrence. En effet, dans un régime d’économie libérale, « la clientèle est à qui sait la
prendre » (Paul ROUBIER). Celle-ci ne se mesure d’ailleurs pas à son importance numérique.
La domination économique qu’une entreprise peut exercer sur une autre et résultant par
exemple d’un contrat d’exclusivité ou de sous-traitance, peut avoir pour résultat de réduire la
clientèle de cette dernière à la seule entreprise dominante.
En partant du principe qu’il n’y a pas de fonds de commerce sans clientèle, peut-on conclure à
l’identité entre les deux choses ? La question est d’importance, puisse que la cession de la
seconde implique celle de la première. L’ensemble de la doctrine reconnait que la
jurisprudence réserve un sort particulier à la clientèle parmi les éléments du fonds de
commerce. Mais, en se fondant sur le fait que pour la jurisprudence, l’élément essentiel du
fonds de commerce est la clientèle, certains auteurs vont jusqu’à assimiler le fonds de
commerce à la clientèle. En pratique, si la clientèle est nécessaire au fonds, elle est cependant
L’article 136 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général comprend également
dans le fonds commercial le nom commercial ou l’enseigne. L’emploi par le texte de la
conjonction de coordination « ou » rappelle l’analogie qui peut exister entre les deux en tant
qu’éléments d’identification du fonds, mais cache la différence car, contrairement au nom
commercial qui est « la dénomination sous laquelle est connu et exploité un établissement
commercial », l’enseigne, destiné à attirer le regard des passants, peut consister en un
emblème (objet, animal, signe ou symbole quelconque) ou en une appellation de fantaisie. Le
nom commercial du fonds ne se confond pas avec le nom du propriétaire du fonds. Le nom
patronymique, en tant qu’il exprime l’état d’une personne physique, est soumis à un régime
d’ordre public qui en interdit la cessibilité et, plus généralement le place hors du commerce.
Dans la pratique cependant, il y a souvent confusion entre les deux, par exemple lorsque le
créateur du fonds de commerce lui donne son nom. On considère, dans ce cas, que la
confusion est fortuite, le nom patronymique pouvant changer alors que le titulaire du fonds
subsiste. Il peut en être ainsi par suite d’une filiation nouvelle ou d’un divorce. Par contre
l’identité entre le nom patronymique et celui du fonds de commerce disparait lorsque le
créateur du fonds, lui ayant donné son nom, le cède à un tiers. Si le nom paronymique est
celui d’un tiers, surtout un personnage historique ou prestigieux, le commerçant engage sa
responsabilité civile au cas où son choix crée la confusion et occasionne un préjudice pour ce
tiers.
Quant à l’enseigne, elle peut consister, comme le nom commercial, en un nom patronyme. Si
elle consiste en un emblème, elle doit revêtir une forme et avoir des attributs particuliers pour
être suffisamment arbitraire. Mais, elle ne doit pas être de mauvais gout, par exemple
constituer une insulte à l’art, au bon sens et à l’esthétique générale de l’immeuble. Si tel est le
cas, le propriétaire de l’immeuble peut demander en justice que soit ordonnée la suppression
des peintures et inscriptions placées par le commerçant sur la façade.
Le nom commercial comme l’enseigne se transmettent avec le fonds. Leur protection est
assurée par l’exercice de l’action en concurrence déloyale sur le fondement des articles 1382
et 1383 du Code civil. Pour éviter la confusion, chaque acquéreur ou exploitant successif doit
ajouter son propre nom à celui du fonds, suivi du mot « successeur ».
Mise à part la clientèle, le nom et l’enseigne que l’article 136 de l’Acte uniforme relatif au
droit commercial général désigne comme étant des éléments obligatoires du fonds de
commerce, d’autres éléments dont la liste est donnée par l’Article 137 de l’Acte uniforme
relatif au droit commercial général, peuvent être compris dans le fonds à condition qu’ils
soient nommément désignés. Ils peuvent être regroupés selon qu’il s’agit de biens incorporels
ou au contraire des biens corporels.
Ils viennent à la fin de l’énumération de l’article 137 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général : il s’agit du droit au bail, des licences d’exploitation, des brevets
d’invention, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de
propriété intellectuelle nécessaire à l’exploitation. De façon synthétique, on peut les regrouper
en droit au bail, en propriétés industrielles et en d’autres éléments incorporels.
Les brevets d’invention sont des droits, limités dans le temps, conférés par l’Etat à l’inventeur
d’une création nouvelle. Ils ne sont valablement protégés au profit des titulaires que s’ils sont
exploités. L’exploitation est donc essentielle dans le droit des brevets. Elle peut être assurée
par l’inventeur lui-même ou par un tiers à qui le breveté aura consenti une licence
d’exploitation.
Les marques de fabrique ou de commerce sont des signes visibles utilisés ou que l’on se
propose d’utiliser pour distinguer les produits ou les services d’une entreprise quelconque.
Elles constituent des supports pour une politique de publicité et comme telles, elles sont des
instruments privilégiés de promotion commerciale des produits ou des services.
Contrairement au brevet dont la durée est limitée dans le temps (10 ans dans l’OAPI), les
marques de fabrique ou de commerce font l’objet d’un dépôt indéfiniment renouvellement.
Quant aux dessins et modèles, ils constituent comme les brevets, un monopole d’exploitation,
sur la forme nouvelle donnée à un produit existant et non sur une découverte. Ils font l’objet
d’un dépôt simplement déclaratif et non constitutif d’un droit, mais qui fait présumer la
propriété.
La licence du commerce et de l’industrie ne signifie pas qu’elle est absolue. L’Etat est
toujours intervenu pour règlementer les activités industrielles et commerciales notamment par
la voie de l’autorisation de certaines d’entre elles. Autorisation qu’on appelle licence. Lorsque
la licence est accordée en considération des qualités personnelles du commerçant, elle ne peut
pas faire partie du fond. Par contre, lorsqu’elle est accordée en considération du fond exploité,
elle rentre dans les éléments constitutifs du fonds et par conséquent, se transmet avec lui.
Certains des éléments pouvant faire partie du fonds de commerce en plus du fonds
commercial sont des éléments corporels. Ils peuvent être classés en trois groupes.
A quelques nuances près, ces termes désignent la même chose. Ils évoquent tous, lorsqu’il
s’agit de choses matérielles, l’idée d’une disposition en un lieu donné pour un temps plus ou
moins long. Si les objets installés, aménagés ou agencés deviennent des immeubles au sens de
l’article 524 du Code civil, ils ne peuvent pas faire partie du fond.
b) Le matériel et le mobilier
La distinction est importante à faire entre les marchandises en stock d’une part et tous autres
biens corporels mobiliers servant à l’exploitation du fonds d’autre part. Les marchandises en
stock s’entendent non seulement des matières premières destinées à être travaillées, mais aussi
Les lois antérieures à l’Acte uniforme relatif au droit commercial général ont surtout envisagé
le fonds de commerce comme objet de contrat (vente, apport en société, nantissement, etc.) et
non comme objet de propriété. La jurisprudence et la doctrine ont donc été bien obligés de
considérer le fonds de commerce sous cet aspect aussi, puisqu’il est admis que le fonds est un
bien distinct des éléments qui le composent.
La première difficulté à laquelle elles se sont heurtées tenait à la preuve de la propriété. Le
fonds de commerce n’étant pas un bien immobilier, les règles de l’usucapion ne lui sont pas
applicables. Par ailleurs, la règle « en fait de meubles, la possession vaut titre » ne lui est pas
non plus applicable puisqu’elle ne concerne que les meubles corporels. Il en résulte que la
preuve directe de la propriété du fonds doit être faite, mais elle peut l’être par tous moyens.
La seconde difficulté se rencontre dans le cas où le fonds de commerce serait l’objet d’une
indivision ou d’une copropriété, par la suite du décès du propriétaire. L’importance de la
question tient au fait que la valeur du fonds ne se maintiendra que si le fonds est exploité. Or,
l’exploitation, dans cette hypothèse, soulève de graves difficultés. Si les héritiers gèrent le
fonds pour leur compte, ils deviennent commerçant ce qui peut ne pas être leur souhait. Dans
tout les cas, à un moment ou à un autre, il faut en finir traditionnellement par la licitation ou
par le partage. Dans le cas d’un fonds de commerce, la licitation est seule possible car par
nature, le fonds n’est pas partageable. Mais il est possible au conjoint survivant ou à tout
héritier copropriétaire de demander l’attribution préférentielle du fonds de commerce (article
842 du CPF).
Le problème de la propriété du fonds et les autres problèmes subséquents étant résolus, il reste
à voir comment le fonds est exploité. Selon l’article 138 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général, il peut l’être par son propriétaire, comme aussi il peut l’être par une
tierce personne.
Le fonds de commerce est souvent l’objet de location-gérance et ceci est particulièrement vrai
dans le domaine de la distribution des produits pétroliers. La location gérance encore appelée
gérance-libre est règlementée par les articles 138 à 146 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général. L’article 138 la définit comme une convention par laquelle, le
propriétaire du fonds, personne physique ou morale en concède la location à un gérant
personne physique ou morale qui l’exploite à ses risques et périls. A l’opposé du gérant-
salarié qui n’est qu’un simple employé, le gérant-locataire est un locataire qui exploite le
fonds de commerce en son propre nom et pour son compte moyennant le paiement d’une
redevance au propriétaire. Par la location-gérance, il devient commerçant s’il ne l’était pas
auparavant. La location-gérance est pour lui commerciale. Le propriétaire du fonds n’a pas
nécessairement la qualité de commerçant et il cesse de l’avoir s’il l’avait auparavant.
L’article 138 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général dispose que le fonds de
commerce peut être exploité dans le cadre d’un contrat de location-gérance. L’importance
particulière que revêt la personnalité du gérant dans un tel contrat fait que l’on doit considérer
que la location-gérance est conclue intuitu personae. Par conséquent, le contrat n’est pas
susceptible de cession. De plus, la nature particulière du fonds de commerce ainsi que les
intérêts qu’il met en jeu font que le contrat de location-gérance est soumis à des conditions
très strictes.
Elles concernent essentiellement la publicité de la location gérance. Le contrat doit être publié
dans les quinze (15) jours de sa date, sous forme d’extraits, dans un journal d’annonces
légales. S’il est commerçant, le propriétaire loueur du fonds doit faire modifier son inscription
au registre du commerce et du crédit mobilier par la mention de la mise en location-gérance
de son fonds. La fin du contrat de location donne lieu aux mêmes mesures de publicité. Le
locataire-gérant doit se faire immatriculer et il doit indiquer l’identité et le domicile du loueur
ainsi que les dates du début et de la fin de la location-gérance. Enfin, le locataire-gérant doit
indiquer en tête de ses bons de commande, factures et autres documents à caractère financier
ou commercial, avec son numéro d’immatriculation au registre du commerce et du crédit
mobilier, sa qualité de locataire-gérant.
Ces effets varient suivant qu’ils se produisent entre les parties au contrat ou au contraire à
l’égard des tiers.
Relativement aux effets entre les parties au contrat, ils sont soumis au droit commun et la
liberté contractuelle. Ayant les obligations d’un bailleur, le propriétaire ne doit pas,
notamment, troubler le locataire par son fait personnel en lui faisant concurrence. En
contrepartie, le locataire s’engage à bien exploiter le fonds, à ne pas en modifier la
destination, et à payer le loyer.
Quant aux effets de la location-gérance à l’égard des tiers, seuls certains d’entre eux ont été
règlementés par la loi. Ainsi :
- les créanciers du loueur peuvent demander au tribunal de prononcer l’exigibilité de
leurs créances. A peine de forclusion, l’action est introduite dans le délai de trois mois
de la date de publication du contrat de location-gérance ;
- les créanciers du locataire-gérant bénéficient de la solidarité entre le loueur et le
locataire-gérant pour le paiement de leurs créances. Cette solidarité dure tant que la
publicité du contrat n’a pas eu lieu ;
L’article 147 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général énonce que la cession du
fonds de commerce obéit aux règles générales sur la vente sous réserve des dispositions
particulières prévues par cet acte ou par des textes spécifiques à l’exercice de certaines
activités commerciales. La référence au droit commun de la vente, ainsi que l’absence de
dispositions déclarées d’ordre public font que la cession du fonds de commerce est assez
libérale. La règlementation reste néanmoins minutieuse en raison de la nécessité de protéger
les intérêts en présence. Les conditions de la vente peuvent être regroupées suivant qu’elles se
rapportent au fond, à la forme ou à la publicité du contrat.
Relativement aux parties au contrat, on applique en principe les règles de capacité concernant
la vente de meubles, puisque la propriété du fonds est une propriété mobilière. Deux
précisions s’imposent cependant. D’une part, l’acquéreur du fonds de commerce doit avoir la
capacité de faire le commerce, puisque par cette acquisition, il devient commerçant. D’autre
part, la vente du fonds de commerce d’un mineur ne peut être réalisée par le tuteur qu’avec
l’autorisation du conseil de famille, et celle d’un fonds commun par l’administrateur de la
communauté qui doit recueillir l’accord de l’autre. La vente du fonds de commerce étant un
contrat, on exige également que le consentement des parties soit exempt de vice et qu’il porte
sur la chose et sur le prix.
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Quant à l’objet du contrat, la loi dispose que la cession du fonds de commerce porte
obligatoirement sur le fonds commercial, c'est-à-dire la clientèle, le nom commercial ou
l’enseigne. Mais le propriétaire peut inclure dans la vente d’autres éléments corporels ou
incorporels du fonds à condition de les préciser expressément dans l’acte de vente.
L’article 150 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général fait figurer parmi les
énonciations obligatoires du contrat de vente, le prix auquel le fonds est cédé. Ce prix doit
être sincère et sa dissimulation en partie est fiscalement sanctionnée. Au plan civil, la
convention de dissimulation est sanctionnée par la nullité, mais cette nullité n’affecte pas
l’acte de vente lui-même.
La vente du fonds de commerce était un acte purement consensuel qui, en raison de son
caractère commercial, pouvait être prouvé par tous moyens. Dans la pratique cependant, un
acte sous seing privé ou même notarié était toujours rédigé par nécessité pour la publicité de
la vente et du privilège du vendeur, pour l’immatriculation de l’acquéreur au registre du
commerce et du crédit mobilier, pour le paiement des droits de mutation, etc.
Selon l’article 149 alinéa 1er, de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général, la vente
d’un fonds de commerce peut être réalisée soit par acte sous seing privé, soit par acte
authentique. Ce texte est complété par l’article 150 qui prévoit un certain nombre de mentions
devant figurer dans l’écrit :
- éléments d’identification du vendeur et de l’acquéreur ;
- numéro d’immatriculation au RCCM ;
- origine de la propriété du précédent vendeur, s’il y a lieu ;
- état des privilèges, nantissement et inscription grevant le fonds ;
- chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années d’exploitation
ou depuis l’acquisition du fonds si celui n’est pas exploité depuis trois ans ;
- résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;
- date et durée du bail ;
- prix convenu ;
- la situation et les éléments du fonds vendu ;
- le nom et l’adresse de l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre si la
vente a eu lieu par acte sous seing privé.
L’omission ou l’inexactitude de ces mentions peut entraîner la nullité de la vente. On peut être
tenté de soutenir, compte tenu de cette exigence et de cette sanction que la vente du fonds de
commerce n’est pas une vente consensuelle mais un contrat solennel.
Mais une telle analyse ne peut être retenue. En effet dans les contrats solennels, l’absence
d’écrit entraîne la nullité absolue.
Or, en matière de vente du fonds de commerce, la nullité est relative. Elle ne peut être
prononcée que sur la demande de l’acquéreur qui doit agir dans le délai d’un an et prouver
que l’omission ou l’inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds et il a subi
un préjudice de ce fait.
Comme toute vente, celle du fonds de commerce produit des effets à l’égard des parties. Mais
le fonds de commerce a ceci de particulier qu’il tient sa valeur de la clientèle, c'est-à-dire de
l’ensemble des personnes qui sont en relation avec lui. Dans la mesure où la situation de ces
personnes peut être modifiée par la vente du fonds, la loi leur donne des prérogatives pour la
protection de cette situation.
Le vendeur du fonds de commerce est tenu à deux obligations principales envers l’acquéreur,
comme tout vendeur du reste : une obligation de délivrance et une obligation de garantie.
L’obligation de délivrance
Le vendeur doit mettre l’acquéreur en possession des éléments du fonds cédé à la date prévue
par l’acte de vente. Concrètement, l’exécution de cette obligation consiste pour le vendeur à
permettre à l’acheteur d’entrer en jouissance du fonds ou à prendre possession du fonds.
Pratiquement, elle est réalisée par la remise à l’acquéreur des clés des locaux où est situé le
fonds. Il n’y a véritablement de difficulté que pour la remise de la clientèle. En principe, cette
délivrance a lieu par le seul fait de la vente du fonds et de l’obligation pour le vendeur de
s’abstenir de se rétablir.
Le transfert de la propriété du fonds n’est pas en principe, une obligation en charge du
vendeur, puisqu’il résulte du contrat de vente lui-même. Il a donc lieu, conformément au droit
commun, tant à l’égard des tiers que des parties, au jour du contrat de vente, sauf clause
contraire, et pour autant que le fonds est vendu dans son ensemble. Dans le cas contraire, le
transfert de propriété n’est opposable aux tiers que si les formalités requises par chacun des
éléments composant le fonds ont été observées : il s’agit de la prise de possession pour les
meubles corporels, les matériels et les marchandises, la signification au bailleur ou au débiteur
,ou l’acceptation de celui-ci dans un acte authentique pour le droit au bail ou les droits de
créances, l’inscription à la structure nationale tenant lieu d’antenne nationale de
l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) pour les brevets d’invention, les
dessins, modèles et les marques de fabrique ou de commerce.
L’obligation de garantie
B- Le privilège du vendeur
Règlementé par les articles 166 et suivant de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés,
le privilège du vendeur permet au vendeur, dans le cas où le fonds serait revendu à l’amiable
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ou sur décision de justice, de se faire payer sur le prix de revente par préférence à toute autre
personne. Pour pouvoir jouer, le privilège doit avoir été publié par une inscription au registre
du commerce et du crédit mobilier du lieu de situation du fonds. Aucune disposition légale ne
fixe le délai dans lequel doit intervenir l’inscription de ce privilège. Celle-ci est par
conséquent laissée à la diligence du vendeur et elle peut être prise à tout moment. Ce
libéralisme n’est pas forcément à l’avantage du vendeur. En effet, l’article 167 de l’Acte
uniforme portant organisation des sûretés ne fait produire effet à l’inscription qu’à compter de
sa date. De même, l’article 149 règlementant la distribution des deniers en cas de réalisation
des sûretés établit l’ordre de chacun des créanciers garantis par un gage selon le rang de son
inscription au registre du commerce et du crédit mobilier. Il peut donc advenir qu’un vendeur
peut diligent se fasse primer par un autre créancier privilégié pour avoir accompli tardivement
la formalité d’inscription. En cas de concours entre deux vendeurs successifs, la préférence est
accordée à celui qui a le premier inscrit son privilège.
Le privilège renferme deux droits au profit du vendeur : un droit de préférence et un droit de
suite. Le droit de préférence permet au vendeur dont le privilège a été inscrit, en cas de
revente du fonds par l’acquéreur, de se faire payer par préférence à tout autre créancier sur le
prix de la revente. Quant au droit de suite, il permet au même vendeur de saisir le fonds de
commerce en quelque main où il se trouve, même entre les mains d’un tiers acquéreur.
Le vendeur non payé peut demander la résolution judiciaire du contrat et obtenir des
dommages et intérêts. Etant rétroactive, la résolution est dangereuse pour les créanciers de
l’acquéreur, surtout pour ceux qui ont obtenu de lui nantissement sur le fonds. C’est pourquoi
l’action résolutoire n’est recevable par la juridiction compétente que si elle a été notifiée par
le vendeur par acte extrajudiciaire ou par tout moyen écrit aux créanciers sur le fonds. En
outre, le vendeur doit procéder à la notation de son action au registre du commerce et du
crédit mobilier avec l’autorisation du président de la juridiction du lieu d’inscription de la
vente.
Le vendeur non intégralement payé peut s’opposer à certains actes de l’acquéreur susceptibles
de faire baisser la valeur du fonds, et donc de diminuer ses propres garanties. Ainsi, le
vendeur non payé peut-il s’opposer au déplacement du fonds. Si ce déplacement a eu lieu sans
son consentement et s’il en résulte une dépréciation du fonds, la créance du vendeur peut
devenir immédiatement exigible. De même, le vendeur non payé peut s’opposer à la
résiliation du bail car celui-ci constitue parfois un élément important voire un élément
essentiel du fonds de commerce. Pour éviter une dépréciation du fonds, le vendeur peut même
se substituer à l’acquéreur pour le paiement des loyers. Dans tous les cas, l’opposition produit
un effet conservatoire. Le vendeur non payé peut par conséquent saisir la juridiction
compétente pour faire constater sa créance et recevoir paiement de celle-ci.
Pour éviter la distraction du prix de la vente du fonds de l’action des créanciers du vendeur,
l’article 157 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général fait obligation à l’acheteur
L’apport d’un fonds de commerce en société obéit aux règles générales sur les apports en
nature et opère transfert de propriété comme la vente. Mais à la différence de la vente, c’est
n’est pas un prix qui est payé en contrepartie de l’apport, ce sont des parts sociales ou des
actions qui sont attribuées à l’apporteur. L’apport est soumis à la même publicité que la vente
sans qu’il y ait lieu de distinguer s’il est fait à une société en constitution ou déjà existante.
Les créanciers de l’apporteur peuvent soit faire opposition au paiement du prix, soit faire
surenchère du sixième du prix dans les mêmes conditions qu’en cas de vente du fonds.
Le crédit est un élément important de la vie des affaires. Les banquiers, et plus généralement
les créanciers, exigent souvent du commerçant qu’il garantisse les crédits qu’ils lui
consentent. Il se trouve que le fonds de commerce présente parfois une très grande valeur.
C’est donc tout naturellement qu’on a imaginé de l’offrir en garantie des dettes du
commerçant. Mais cela ne va pas toujours sans poser quelques problèmes.
Le registre du commerce institué par la loi du 18 mars 1919 était destiné à recevoir
uniquement l’inscription de commerçants. Le nouveau registre du commerce et du crédit
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mobilier reçoit outre l’inscription des commerçants, celle de certaines sûretés dont le
nantissement. Dans le nouveau droit de l’OHADA, le nantissement du fonds de commerce est
règlementé à la fois par les dispositions de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général
et de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés. Le nantissement peut être judiciaire.
L’article 164 de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés donne en effet, la faculté au
créancier de se faire autoriser par décision de justice à prendre une inscription de
nantissement sur le fonds de commerce de son débiteur. La nature civile ou commerciale de la
créance sur le fondement de laquelle l’autorisation est sollicitée détermine la compétence du
président du tribunal civil ou de celui compétent pour les questions commerciales. La
première inscription est provisoire. Une inscription définitive doit être prise après la décision
judiciaire de validation du nantissement passée en force de chose jugée.
Elle n’est pas définie par l’Acte uniforme relatif au droit commercial général, mais par celui
portant organisation des sûretés en son article 162. Les dispositions de cet acte uniforme
relatif au nantissement du fonds de commerce font une distinction tripartie :
1°) Les éléments nécessairement grevés par le nantissement : ce sont le fonds commercial
(clientèle, nom commercial et enseigne) et certains éléments incorporels principaux du fonds
de commerce limitativement énumérés (droit au renouvellement du bail et licence
d’exploitation) ;
2°) les éléments nécessairement exclus du nantissement : ce sont les droits réels immobiliers
conférés ou constatés par des baux (bail emphytéotique par exemple) ou des conventions
soumises à inscription au livre foncier (hypothèque par exemple). Il faut mentionner aussi les
créances qui de toute façon ne font pas partie du fonds ;
3°) Enfin, le nantissement peut porter sur les autres éléments incorporels du fonds (brevet
d’invention, marque de fabrique ou de commerce, dessins et modèles, autres droits de
propriété intellectuelle) et le matériel. Dans le cas d’une telle extension, mention doit en être
faite dans une clause spéciale désignant les biens engagés, ainsi que dans le registre du
commerce et du crédit mobilier.
L’apport d’un fonds de commerce à une société se réalise par voie d’apport en nature, la
valeur dudit fonds contribue à la formation du capital social ou à son augmentation et son
évaluation est une condition préalable en cas d’apport de celui-ci à une société. L’évaluation
est faite par un commissaire aux apports et permet de déterminer le nombre de parts sociales
ou d’actions à distribuer en contrepartie de l’apport effectué.
Aux termes de l’article 2 de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général (AUDCG),
« Est commerçant celui qui fait de l’accomplissent des actes de commerce par nature sa
profession ». Cette définition légale du commerçant est trop brève. Il faut par conséquent
l’expliciter. On note qu’elle fait intervenir trois idées principales: l’accomplissement des actes
de commerce par nature, le compte du commerçant et la profession.
Le commerçant doit accomplir les actes de commerce de façon indépendante. Cette condition
n’est pas formellement prévue dans l’article 2 de l’Acte uniforme relatif au droit commercial
général qui définit le commerçant. Malgré le silence du texte, il n’est pas douté que le
commerçant doit exercer son activité pour son compte, à ses risques et périls, de façon
indépendante. Les personnes qui concourent à la réalisation d’actes de commerce sans en
supporter les risques ne sont pas des commerçants. C’est le cas pour les directeurs, les fondés
de pouvoir et plus généralement les salariés d’une entreprise qui peuvent être amenés à
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accomplir des actes de commerce. C’est le cas également pour les gérants et les
administrateurs de sociétés commerciales qui posent évidemment des actes de commerce.
Il n’existe pas de définition légale de la profession. Pour la doctrine, la profession est
l’activité qu’exerce une personne avec le dessein d’en tirer profit. Si cette activité est
commerciale, la personne qui l’exerce est une commerçante. En réalité, trois hypothèses
doivent être distinguées dans le cas, très courant où une personne exerce plusieurs activités :
1°) si, parmi ses professions, celle qui est exercée à titre principal, c'est-à-dire celle qui
procure à la personne concernée, l’essentiel de ses moyens de subsistance, est commerciale,
cette personne a la qualité de commerçant ;
2°) de même, une profession commerciale, même secondaire, confère la qualité de
commerçant à celui qui l’exerce si cet exercice est faite de façon indépendante par rapport à la
profession principale ;
3°) enfin, une profession commerciale accessoire à une profession principale non
commerciale ne confère pas à celui qui l’exerce la qualité de commerçant.
Avant même de devenir une obligation légale, la comptabilité a toujours été une nécessité
pour le commerçant pour connaitre l’état de ses finances et de ses stocks et pour conserver la
mémoire des opérations effectuées. La loi l’a par la suite imposée, car elle est une source
irremplaçable d’information pour reconstituer l’histoire de l’entreprise au cas où le
commerçant viendrait à faire l’objet d’une procédure collective d’apurement du passif.
Les livres de commerce permettent en outre à l’administration fiscale de connaitre le chiffre
d’affaire réalisé par l’entreprise ainsi que ses résultats pour pouvoir asseoir l’impôt.
Enfin, les livres de commerce peuvent être utilisés pour prouver en justice des faits ou des
actes juridiques.
Les livres de commerce servent à conserver la mémoire des opérations passées par le
commerçant. Ils constituent par conséquent des moyens de preuve dont la force probante est
fonction de la régularité de leur tenue. En effet, l’article 15 de l’Acte uniforme relatif au droit
commercial général dispose que « les livres de commerce…régulièrement tenus peuvent être
admis par le juge pour constituer une preuve entre commerçants ».
La loi n’attache de valeur probante qu’aux livres régulièrement tenus. Pour cela, ils doivent
être tenus sans blanc, ni altération d’aucune sorte, côtés et paraphés par le président de la
juridiction compétente ou le magistrat délégué à cet effet. Dans les sociétés commerciales, la
comptabilité doit parfois être certifiée régulière et sincère par un ou plusieurs commissaires
aux comptes avant d’être soumise à la sanction de l’organe délibérant. En raison de la liberté
de preuve qui prévaut en matière commerciale, les livres de commerce, même régulièrement
tenus, peuvent être combattus par la partie adverse.
La loi civile prescrit que « les livres des marchands font preuves contre eux ». Elle n’admet
donc pas qu’ils fassent preuve contre les non-commerçants. Lorsqu’ils sont régulièrement
tenus, les livres de commerce de commerçants qui sont en relation d’affaire doivent en
principe révéler les mêmes informations. En raison de cette concordance de principe, il est
logique que chaque commerçant se réfère à ses livres pour faire la preuve des actes qu’il
allègue, obligeant ainsi son adversaire à lui opposer le sien. Autrement dit, les livres de
commerce peuvent être invoqués par le commerçant, soit en demande, soit en défense, contre
un autre commerçant. La loi commerciale va donc plus loin que la loi civile et déroge à la
règle selon laquelle, « Nul ne peut se faire un titre à lui-même ». Cependant, la jurisprudence
distingue suivant que les livres sont invoqués par ou contre leur auteur.
Lorsque les livres sont invoqués contre leur auteur, on applique le droit commun puisque les
écrits ont été faits par le commerçant contre qui ils sont invoqués, ils constituent un aveu, et
comme tels, ils sont indivisibles quant à leur contenu. Mais cette dernière règle n’est pas
absolue, s’agissant de contestations entre commerçants. La loi ne donne en effet, qu’une
simple faculté au juge pour admettre les livres de commerce comme preuve.
Quand les livres sont invoqués par leur auteur, dans ce cas, le commerçant ne peut pas
invoquer ses livres comme preuve contre un non-commerçant, car celui-ci se trouverait dans
une position d’infériorité puisque n’ayant pas de livres à opposer à ceux du commerçant. Mais
le juge peut accepter de les considérer comme des commencements de preuve par écrit. Par
contre, le commerçant peut utilement invoquer ses livres contre un autre commerçant pour des
faits de commerce. Les deux parties sont alors dans une position égale, la partie contre
laquelle, les livres sont invoqués pouvant les combattre en leur opposant ses propres livres.
Mais même dans ses cas, le juge demeure souverain pour apprécier la valeur de la preuve tirée
des livres, surtout lorsque ceux-ci sont contradictoires.
L’activité économique d’un pays est en partie le résultat du travail des divers agents
économiques qui produisent des biens et services. Les producteurs de ces richesses sont les
entreprises. Les auteurs ont recherché une définition juridique de l’entreprise. Selon le droit
italien l’entreprise ne serait qu’un fonds de commerce ; cette définition est incomplète, car
elle fait abstraction de l’homme dont le rôle est déterminant dans l’activité économique.
Selon certains auteurs, l’entreprise est toute personne morale de droit privé ou de droit public,
ou toute personne physique exerçant de manière indépendante une activité non salariée. En
tout état de cause, nous retiendrons que l’entreprise n’est pas une notion juridique mais plutôt
une notion économique qui renvoie à une unité économique, autonome ou non, organisée pour
produire des biens ou des services pour le marché. C’est donc l’union intime d’une cellule
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économique rassemblant des éléments matériels nécessaires à l’œuvre de production ou de
distribution et d’une cellule sociale composée des éléments humains à la mise en œuvre des
éléments matériels de la cellule économique. Cependant, dans le langage courant, les non-
initiés confondent l’entreprise à la société. Au sens de l’article 1832 du code civil, « la
société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque
chose de commun, dans la vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ». La notion de
société désigne également la personne morale créée par le contrat de société. En tant que
personne morale, la société dispose d'un patrimoine composé à l'origine des biens apportés par
les associés. L’entreprise quant à elle, ne fait pas l'objet d'une réelle définition légale. C'est
une notion avant tout économique et sociale. Le présent cours a pour objectif de donner un
aperçu sur le droit des sociétés commerciales tout en mettant un accent particulier sur le droit
commun des sociétés commerciales (Titre I) ainsi que les règles spécifiques à chaque type de
sociétés commerciales (Titre II).
Le code civil définit la société comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent de mettre quelque chose en commun, dans la vue de partager le bénéfice qui
pourra en résulter. De cette définition, il ressort clairement que la société est créée pour
rechercher des bénéfices que les associés se partageront.
S’agissant singulièrement de la société commerciale, l’Acte Uniforme relatif au Droit des
Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique (AU/DSC.GIE) en son
article 4 la définit comme celle créée par deux (02) ou plusieurs personnes qui conviennent,
par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l’industrie,
dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter.
Au regard des définitions, la société reste un contrat et est soumise aux règles et conditions
générales de formation des contrats dont le consentement des parties, leur capacité et la licéité
de l’objet social et de la cause auxquelles s’ajoutent d’autres éléments qui font la spécificité
du contrat de société. Une fois valablement formé, le contrat de société donne naissance à une
personne morale, qui acquiert des attributs avant de disparaître par la dissolution.
Comme déjà défini ci-haut, la société est un contrat et comme tout contrat, le contrat de
société est soumis à des conditions de fond mais aussi à des conditions de forme.
Il s’agit des quatre conditions de validité des contrats tel que prévu par l’article 1108 du code
civil dont le consentement, la capacité, l’exigence d’un objet et d’une cause licites.
b- La capacité
En droit, la capacité désigne l’aptitude à être titulaire de droit et à être tenu d’obligations. La
capacité d’entrer en société varie suivant le type de société.
Le principe général est que les incapacités qui s’opposent à l’exercice du commerce à titre
personnel s’opposent également à son exercice en société. Par conséquent, les associés
doivent avoir la capacité de faire le commerce toutes les fois que leur entrée en société leur
confère la qualité de commerçant. Dans le cas contraire, la qualité de commerçant n’est pas
exigée. Ainsi, une personne même mineure peut-elle être associée dans une société dans
laquelle elle n’aurait pas la qualité de commerçant mais elle agira par le biais de son
représentant légal. Par contre, le mineur ne peut être associé d’une SNC ou commandité dans
une SCS.
Pendant longtemps, les sociétés entre époux étaient interdites. Mais avec le législateur
OHADA, l’article 9 de l’AU/DSC.GIE affirme que « deux époux ne peuvent être associés
d’une société dans laquelle, ils seraient tenus des dettes sociales indéfiniment ou
solidairement ». C’est donc proclamer de façon implicite que la société entre époux n’est pas
interdite, sauf dans certains cas. Les époux ne peuvent donc être ensemble associés en nom ou
tous deux commandités d’une SCS.
c- L’objet social
L’objet d’une société est susceptible de deux acceptions : d’une part, l’article 1832 du code
civil conforté par l’article 4 de l’AU/DSC.GIE précise que l’objet de la société est la mise en
commun de quelque chose, des biens en vue de se partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourra en résulter. Il s’agit alors, selon le droit des sociétés, des apports des
parties.
D’autre part, et plus concrètement, l’objet de la société c’est le genre d’activité que cette
dernière se propose d’exercer. C’est donc le genre d’activité de la personne morale, la nature
des opérations où elle va chercher la source des bénéfices escomptés.
L’objet social doit être déterminé par les statuts. Toutefois, la société doit avoir un objet licite,
moral c'est-à-dire qu’il ne doit pas s’agir d’une activité interdite ou limitativement
réglementée, auquel cas il faut nécessairement une autorisation préalable d’exercice.
d- La cause
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La cause s’entend comme la raison pour laquelle la société a été constituée, le motif pour
lequel les diverses personnes sont convenues de s’associer. La cause doit être licite.
En plus des conditions du droit commun, le contrat de sociétés exige d’autres conditions
spécifiques que sont la pluralité des associés, la mise en commun des apports, la recherche
d’un bénéfice ou d’une économie, le partage des bénéfices et la contribution aux pertes,
l’affectio societatis.
L’associé est la personne qui a fait un apport, participe aux bénéfices et aux pertes, et a la
volonté de s’associer. Le contrat de société se forme entre deux ou plusieurs personnes.
Autrement dit, le nombre minimum d’associés est de deux. Cependant ce principe connaît une
exception avec l’entrée en vigueur de l’AU/DSC.GIE. C’est le cas de la société à
responsabilité limitée (SARL) et de la société anonyme (SA) qui peuvent être constituées par
une seule personne.
Les apports sont des biens (espèces, immeubles, fonds de commerce…) que les associés
transfèrent la propriété ou la jouissance à la société en contrepartie desquels ils reçoivent des
parts ou des actions. Ils sont mis en commun pour former le capital social.
Chaque associé est tenu d’apporter un bien à la société et cette règle ne souffre d’aucune
exception. En l’absence de tout apport, il ne peut y avoir une société. Ces apports doivent être
réels et non pas simplement fictifs.
En principe, tout bien peut être apporté à la constitution d’une société. On distingue
traditionnellement les apports en numéraire, les apports en nature et les apports en industrie.
Les apports en numéraires sont des apports qui consistent en des sommes d’argent. C’est le
type d’apport le plus simple et le plus fréquent. L’apporteur verse à la société d’une somme
d’argent (espèces, chèques, etc.). Leur libération c'est-à-dire le versement de leur montant à la
société est librement organisée par les statuts de chaque société sauf dans la SARL et les SA
où elle est règlementée.
Les apports en nature désignent tout apport de bien autre que de l’argent. Il peut s’agir d’un
bien meuble, corporel ou incorporel ou d’un bien immeuble susceptible d’une évaluation
pécuniaire et d’une exploitation commerciale.
Les apports en industrie consistent dans la mise à disposition de la société par un associé de
ses connaissances techniques, son travail ou ses services. De tels apports sont rares dans la
pratique compte tenu du fait qu’ils sont obtenus généralement par la conclusion d’un contrat
de travail ou d’un contrat de prestation de services. Toutefois, lorsqu’il existe, l’apport en
industrie n’est pas pris en compte dans la formation du capital social, car il n’est pas
susceptible de réalisation forcée (saisie en vue de la vente) au profit des créanciers de la
société.
L’apport en industrie est autorisé dans toutes les sociétés à l’exception de la SA (art.50-1).
Tous les apports sont mis en commun pour former le capital social. Pour cela, il faut procéder
à l’évaluation des apports.
L’évaluation d’un apport est l’opération par laquelle on accorde une valeur pécuniaire à un
bien devant entrer dans la formation du capital d’une société. Elle est en principe librement
faite par les associés. Dans certains cas, cette évaluation sera contrôlée par un commissaire
aux apports. Les apports en industrie ne concourent pas à la formation du capital social mais
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donnent lieu à l’attribution de titres sociaux ouvrant droit au vote et au partage de bénéfices et
à charge de contribuer aux pertes. Mais ces droits sont limités. (art.50-2 ; 4).
Le capital social est une notion comptable qui exprime en monnaie, le montant de la garantie
donnée aux créanciers sociaux. C’est en réalité c’est la somme des tous les apports. Il est fixe,
ce qui le distingue du patrimoine social. Ce dernier peut être défini comme l’ensemble des
droits et obligations de la société. Il augmente ou diminue selon que la société fait des
bénéfices ou des pertes sur ses achats, ses ventes ou ses investissements. Le capital social
constitue le gage irréductible des créanciers sociaux et pour cela, les associés doivent toujours
laisser un actif social au moins égal au capital social. Aucune distribution de dividendes ne
peut être faite par prélèvement sur le capital social. Le capital social ne peut être modifié à la
baisse comme à la hausse sans recourir aux formalités prescrites pour la modification.
Toute société est constituée dans la perspective de partager le bénéfice qui pourra résulter de
l’exploitation commune. Le bénéfice se définit comme tout gain matériel ou pécuniaire qui
vient s’ajouter à la fortune des associés. Le critère de la recherche de bénéfice permet de
distinguer la société d’avec les associations ou autres groupements dotés de la personnalité
morale mais ne poursuivant pas un but lucratif.
Les bénéfices réalisés par la société sont partagés entre les associés. De même lorsque la
société réalise des pertes, les associés supportent le passif social.
S’agissant du bénéfice réalisé par la société, le moment du partage dépend de la volonté des
associés. Il peut avoir lieu à la fin du contrat de société. Toutefois, dans la pratique, c’est en
fin d’exercice que les associés sont appelés à statuer sur les résultats de la société. Les statuts
sociaux déterminent librement la part de bénéfice revenant à chaque associé.
En règle générale comme dans le silence des statuts, les bénéfices sont repartis
proportionnellement aux apports. En contrepartie du droit au bénéfice, les associés doivent,
s’il y a lieu contribuer aux pertes subies par la société et en principe, dans les mêmes
proportions.
Qu’il s’agisse de partage de bénéfice ou de la contribution aux pertes, la liberté du choix de la
base de répartition ne trouve de limite que dans l’interdiction de clauses léonines et des
clauses d’intérêt fixe.
L’interdiction des clauses léonines sont des clauses qui donneraient à l’un quelconque des
associés, la totalité des bénéfices sociaux ou les exonéraient à toute contribution aux pertes.
Une telle clause est réputée non écrite de telle sorte qu’elle est méconnue dans la vie de la
société. Elle est dépourvue de toute valeur juridique.
L’interdiction des clauses d’intérêt fixe qui permettent à la société de verser un intérêt aux
associés ou aux actionnaires même en l’absence de bénéfices ou de réserves libres suffisantes.
Elle suppose que le versement s’effectue par un prélèvement sur le capital social ou sur les
réserves légales ou statutaires. Ce qui est une atteinte au principe de l’intangibilité du capital
social et au gage des créanciers sociaux.
5- L’affectio societatis
Toute société qui se crée doit adopter des statuts qui seront le pacte régissant les rapports
entre les associés. Les statuts doivent forcement être faits par écrit et la société, une fois
constituée, sera soumise à d’autres formalités dont le non-respect peut entrainer des sanctions.
La société est un contrat formel qui requiert un écrit doublé d’une publicité. Les statuts
doivent être faits par écrit. Il s’agit d’une exigence légale. La nature de cet écrit peut varier
mais il doit toujours être signé et comporté certaines mentions obligatoires.
La loi laisse aux fondateurs, la liberté de choix entre l’acte authentique et l’acte sous seing
privé. Elle exige cependant dans ce dernier cas que l’acte offre des garanties d’authenticité.
Les statuts doivent énoncer :
• La forme de la société ;
• Sa dénomination suivie le cas échéant de son sigle ;
• La nature et le domaine de son activité qui forment son objet social ;
• Son siège ;
• Sa durée ;
• L’identité des apporteurs en numéraires avec pour chacun d’eux, le montant des
apports, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport ;
• L’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par
chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
• L’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
La publicité de l’acte de société : Elle vise à faire connaître aux tiers, l’existence de la
personne morale. Elle se fait par dépôt d’un exemplaire de l’acte au greffe du tribunal du
siège social. En outre, l’insertion d’un avis de constitution de la société dans un journal
d’annonce légale doit intervenir dans les quinze (15) jours de l’immatriculation de la société
au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
En cas de nullité de la société fondée sur l’incapacité d’un associé ou sur un vice de
consentement d’un associé et lorsque la régularisation peut intervenir, toute personne qui
aurait un intérêt peut mettre l’associé incapable ou dont le consentement a été vicié en
demeure de régulariser ou d’agir en nullité dans un délai de six (06) mois à peine de
forclusion.
Mais lorsque la nullité de la société est fondée sur la violation des règles de publicité, toute
personne ayant un intérêt à la régularisation peut mettre la société en demeure d’y procéder
dans le délai de trente (30) jours à compter de cette mise en demeure. A défaut de
régularisation dans ce délai, tout intéressé peut demander au président de la juridiction
compétente statuant à bref délai, la désignation d’un mandataire chargé d’accomplir la
formalité. Toutes ces actions visent à purger la société des irrégularités pouvant l’entacher et
éviter ainsi son annulation.
La nullité sanctionne les irrégularités les plus graves de constitution des sociétés. Elle peut
résulter d’un vice de consentement (erreur, dol, violence), de l’incapacité des associés dans
certains cas, de l’illicéité de l’objet. En outre, la nullité peut résulter d’une disposition
expresse de l’AU/DSC.GIE notamment la méconnaissance de certaines dispositions
spécifiques en fonction du type de société. Par exemple, dans la société en nom collectif,
l’accomplissement des formalités de publicité de l’acte constitutif est requis à peine de nullité.
Les délais pour agir ont été réduits par l’acte uniforme par rapport au droit commun pour
restreindre les nullités. Ainsi le délai pour demander l’annulation d’une société est de trois
(03) ans à compter de l’immatriculation sauf si la nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet
social.
Le tribunal saisi d’une action en nullité peut même d’office fixer un délai pour couvrir la
nullité. Il reste à préciser qu’en matière de fusion, de scission le délai pour agir est de six (06)
mois.
Pour permettre de régulariser le vice ayant motivé la demande de nullité, trois règles sont
prévues :
• Le tribunal saisi ne peut prononcer la nullité moins de trois (03) mois après l’acte de
saisine ;
• Le tribunal peut même d’office fixer un délai pour couvrir la nullité ;
• Le tribunal accorde le délai nécessaire pour que les associés puissent prendre une
décision si une assemblée doit être convoquée pour couvrir la nullité.
1- Le patrimoine social
La société est propriétaire des biens apportés par les associés lors de la constitution et de ce
qu’elle a acquis pendant son fonctionnement. Egalement, elle assume des charges et des dettes
contractées au cours de sa vie ou à l’occasion de sa constitution.
Le patrimoine seul se compose donc à l’instar du patrimoine des personnes physiques d’un
actif et d’un passif. Le patrimoine seul est autonome par rapport à celui de chacun des
associés. Il résulte de cette autonomie, un certain nombre de conséquences :
Seuls les créanciers sociaux ont sur le patrimoine social, un droit de gage (droit pour le
créancier de se faire payer, par préférence aux autres créanciers ; c’est également la
chose remise en garantie) à l’exclusion des créanciers personnels des associés ;
Il ne peut y avoir de compensation entre les créances de la société et les dettes d’un
associé et vice versa ;
En cas de décès d’un associé, ses héritiers ne peuvent prétendre à aucun droit sur les
biens qui composent le patrimoine social (seuls les droits sociaux peuvent être
recueillis par les héritiers) ;
La cessation du paiement des dettes de la société entraîne en principe son
redressement ou sa liquidation des biens mais pas ceux des associés ;
La société est directement débitrice des impôts qui frappent son bénéfice ;
Cette autonomie patrimoniale de la société connaît cependant des limites dans certains types
de société dont la personnalité ne cache pas totalement celle des associés. C’est le cas de la
société en nom collectif et de la société en commandite simple en ce qui concerne les
commandités. Dans ces sociétés, les associés sont tenus indéfiniment et solidairement du
passif social.
Il est pour la société, ce qu’est le domicile pour la personne physique. La société choisit
librement, le lieu du siège social mais son choix ne doit pas être arbitraire. Les assignations de
la société en justice doivent être faites devant le tribunal du lieu de son siège social.
4- La nationalité de la société
La nationalité des sociétés fait l’objet d’une reconnaissance légale. Cependant, le concept
appliqué aux sociétés est contesté par certains auteurs qui préfèrent parler de droit applicable.
Malgré cette critique, la pratique et le droit positif ont consacré le concept de nationalité des
sociétés.
Trois critères servent traditionnellement à la détermination de la nationalité des sociétés :
Le critère du lieu de constitution ou critère de l’incorporation pratiqué dans les pays
anglo saxons ;
Le critère du siège social généralement retenu dans les pays de tradition juris romano
germanique ;
Le critère du contrôle ;
Le droit burkinabé comme le droit français retient à titre de principe, le critère du siège social.
La dissolution d’une société peut être conventionnellement décidée par les associés ou
judiciairement prononcée. Mais elle peut tenir à des causes accidentelles.
Les associés fixent librement la durée de la société mais elle ne doit pas excédée 99 ans
quelque soit le type de société. L’arrivée du terme fixé par les statuts entraîne la dissolution de
plein droit de la société sauf cas de prorogation décidée par les associés dans les conditions et
suivants les règles prévues pour la modification des statuts.
Lorsque la société est constituée pour une affaire dont la durée est limitée, la réalisation
complète de cette affaire entraîne sa dissolution quand bien même le terme fixé pour la durée
de la société continue de courir.
Quelque soit la durée de la société ou la durée prévue pour la réalisation de l’objet social, les
associés peuvent à tout moment décider de mettre fin à la société. C’est la dissolution
anticipée volontaire.
Les causes de dissolution judiciaire : La dissolution de la société peut être consécutive à son
annulation ou bien tenir à l’effet d’un jugement ordonnant la liquidation des biens sociaux.
Elle peut toujours être demandée par un associé pour justes motifs. Par exemple l’inexécution
par un associé de ses engagements ou la mésintelligence entre les associés lorsqu’elle paralyse
le fonctionnement de la société.
La dissolution d’une société entraîne la liquidation de son patrimoine et produit effet aussi
bien à l’égard des associés que des tiers. Lorsqu’il s’agit d’une société unipersonnelle, la
dissolution entraîne la transmission universelle du patrimoine social à l’associé unique sans
qu’il y ait lieu à liquidation. Les créanciers peuvent alors faire opposition à la dissolution
devant la juridiction compétente dans le délai de trente jours à compter de la publicité de
celle-ci. Le tribunal rejette l’opposition ou ordonne soit le remboursement des créances, soit la
constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes.
Par contre dans le cas d’une société pluripersonnelle, la dissolution entraîne de plein droit la
mise en liquidation. En pareil hypothèse, la personnalité morale subsiste pour les besoins de la
liquidation jusqu’à la clôture de celle-ci.
Dissolution : rupture du contrat de société mais la personnalité morale créée continue de
subsister mais pour les besoins de la liquidation.
Liquidation : conséquence logique de la dissolution d’une société pluripersonnelle.
Le régime de liquidation légale : Il comporte des règles impératives à respecter en tout état
de cause. Ces règles sont les suivantes :
La fin des pouvoirs des organes d’administration et de gestion à la date de la
dissolution de la société ;
Le maintien des fonctions des commissaires aux comptes ;
La durée du mandat du liquidateur fixé à trois ans maximum sauf renouvellement par
décision de justice sur demande motivée du liquidateur ;
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Enseignant : G. Dramane SOUGA, Magistrat, Email : gdsouga82@gmail.com
La convocation par le liquidateur dans les six mois de sa nomination, de l’assemblée
des associés pour lui faire un rapport sur la situation active et passive, et lui exposer
les conditions dans lesquelles il envisage d’accomplir sa mission ;
L’inopposabilité aux tiers des restrictions au pouvoir du liquidateur quant à la
réalisation de l’actif social, même à l’amiable ;
L’établissement par le liquidateur, dans les trois mois de la clôture de chaque exercice,
des états financiers de synthèse annuels au vue de l’inventaire qu’il a dressé, des
divers éléments de l’actif et du passif et d’un rapport écrit pour rendre compte des
opérations de liquidation, etc.
Le régime de liquidation conventionnelle : Il est librement défini par les statuts sociaux
mais il doit observer certaines prescriptions du régime de liquidation légale telles les
interdictions concernant les fonctions de liquidateur.
La liquidation amiable est décidée à l’unanimité des associés dans les sociétés en nom
collectif à l’unanimité des commandités et à la majorité en capital des commanditaires dans
les sociétés en commandite simple, à la majorité en capital des associés dans les SARL et
enfin aux conditions de quorum et de majorité prévue par les assemblées générales dans les
sociétés anonymes.
En fin de liquidation, les associés sont convoqués en assemblée générale pour statuer sur les
comptes définitifs, sur le quitus de la gestion du liquidateur et la décharge de son mandat et
pour constater la clôture de la liquidation.
Le partage de la société intervient en principe après la clôture de la liquidation. Il porte soit
sur l’actif restant en nature ou en espèce après extinction totale du passif soit lorsqu’il s’agit
d’une société dans laquelle les associés sont tenus personnellement et indéfiniment des dettes
sociales sur le passif restant après réalisation totale de l’actif.
Le partage se fait en principe à l’amiable. Mais il peut y être procédé juridiquement soit que
parmi les héritiers figurent des incapables ou des non présents soit qu’il n’y a pas d’accord
entre les héritiers capables et présents.
Dans le partage de société, après règlement du passif, la somme restante à partager sert
d’abord à rembourser les actions non amorties. Le reliquat, s’il y a lieu et qui est le boni de
liquidation, est réparti entre les associés en proportion de leurs droits dans le capital social.
Certaines sociétés présentent la particularité d’être dominées par l’importance des qualités
personnelles des associés. Ces sociétés sont appelées sociétés de personne car les associés s’y
groupent en considération de leur personnalité. Dans l’AU/DSC.GIE, deux types de sociétés
méritent cette qualification : Les SNC et SCS. Mais à côté de ses sociétés formelles, existent
d’autres occultes à savoir la société en participation, la société de fait et la société crée de fait.
Elles sont relatives d’une part aux associés et d’autre part à l’objet social.
En raison de la prédominance du caractère contractuel des sociétés de personne, le
consentement et la capacité des associés jouent un rôle de premier plan dans la formation de
la société.
S’agissant tout d’abord du consentement des associés, il résulte normalement de la signature
des statuts de la société qui constate le contrat de société. C’est dans les sociétés de personne
que l’affectio societatis est la plus accentuée et marque l’intention des associés de se traiter en
égaux.
Par ailleurs, dans la SNC et dans la société en participation, tous les associés ont la qualité de
commerçant tout comme les commandités dans la SCS. Ils doivent par conséquent, avoir la
capacité de faire le commerce. Par contre, les commanditaires dans la SCS n’ont pas cette
qualité et par conséquent, il n’est pas nécessaire qu’ils aient la capacité de faire le commerce
Les conditions relatives à l’objet social s’entendent de l’ensemble des biens apportés par les
associés en vue de l’exploitation commune. C’est dans ce sens qu’il faut entendre l’objet
social tel qu’il découle de la définition que l’article 1832 du code civil donne de la société.
Les apports effectués par les associés peuvent être faits en numéraire, en nature ou en
industrie.
Par contre, les apports en nature ne peuvent être faits qu’en jouissance dans la société en
participation puisque privée de personnalité juridique et elle ne peut être propriétaire. De
même, les apports en industrie ne sont pas possibles pour les commanditaires dans les SCS
puisqu’il est interdit à cette catégorie d’associés de s’immiscer dans la gestion de la société.
Les apports sont mis en commun pour former le capital social pour lequel la loi ne fixe pas
toujours un minimum. Enfin, l’objet social qui désigne aussi l’exploitation commerciale
(genre d’activité) pour laquelle la société a été constituée doit être possible et licite.
On a la rédaction d’un écrit. Les SNC et les SCS doivent être constatées par des actes publics
ou sous signature privée. Dans ce dernier cas, l’acte doit être établi en autant d’originaux qu’il
y a d’associés.
La publicité de l’acte : En raison de son caractère occulte, la société en participation n’est pas
soumise à publicité. La déclaration d’existence de la société à l’administration fiscale n’est
pas considérée comme une mesure de publicité et par conséquent, les tiers ne peuvent pas s’en
prévaloir.
Quant à la SNC et la SCS, elles sont soumises aux formalités prescrites pour la constitution de
toute société commerciale.
Le droit de l’associé dans la société est appelé intérêt ou part social. Il s’en analyse en un
droit de créance sur la société et il porte sur les bénéfices à venir ainsi que le cas échéant, sur
l’actif social en cas de dissolution. Le droit de l’associé est personnel, incessible et
intransmissible en raison du caractère intuitu personae du contrat des sociétés de personne.
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Mais les contrats peuvent déroger à cette règle en posant comme condition, le consentement
de tous les associés à l’option. A défaut d’unanimité, la cession ne peut avoir lieu. Cependant
pour ne pas contraindre un associé à rester dans la société, les statuts peuvent aménager une
procédure de rachat pour permettre le retrait de l’associé qui veut céder sa part sociale. Dans
le cas de cession acceptée, le nom du cessionnaire doit être incorporé dans le pacte social,
faute de quoi, il est considéré comme un croupier et non un associé. De plus, la cession doit,
pour être opposable à la société et aux tiers, soit avoir été signifiée à la première par acte extra
judiciaire ou avoir fait l’objet d’un acte dont dépôt a été fait de l’original au siège social
contre remise par le gérant d’une attestation de dépôt et au second, par publicité.
Enfin, il n’est pas possible à un associé sans le consentement des autres de se substituer un
tiers. Mais il peut librement consentir une vente totale ou partielle de ses parts mais la cession
ne produira d’effet que dans ses rapports avec le cessionnaire. C’est la convention de
croupier. Ce dernier demeure étranger à la société. A l’inverse, ni la société, ni les associés ne
disposent d’une action personnelle directe quelconque contre le cessionnaire ou le croupier.
La gestion de la société : Les sociétés de personne sont administrées par des gérants qui
agissent au nom de tous les associés. Etant les organes de la société, ils engagent la société par
leurs actes juridiques et parfois aussi par leurs faits illicites. Pour les associés non gérants, il
est prévu la tenue d’une assemblée générale annuelle dans les six (06) mois de la clôture de
l’exercice pour approuver les rapports de gestion, l’inventaire et les états financiers de
synthèse établis par les gérants. Il est prévu également, nonobstant le droit de communication
des documents sociaux liés à la tenue de l’assemblée, un contrôle des associés non gérants
consistant en un droit de consultation au siège social une fois par an, de tous les documents et
pièces comptables ainsi que les procès-verbaux de délibérations et des décisions collectives.
Une règle fondamentale est que les associés n’ayant pas la qualité de commerçant ne peuvent
pas intervenir dans la gestion commerciale.
3- La dissolution de la société
Les causes communes de dissolution des sociétés sont valables pour les sociétés de personne.
Mais en raison de leur caractère intuitu personae très marqué, celles-ci sont dissoutes de plein
droit dans les cas suivants :
Décès d’un associé ou son absence, la dissolution d’une personne morale associée, la
révocation des gérants statutaires, la faillite d’un associé, son interdiction ou son incapacité de
faire le commerce.
Il est néanmoins possible dans tous les cas d’éviter la dissolution automatique de la société
soit par une clause appropriée insérée dans les statuts, soit par une décision prise par les
associés à l’unanimité. Il faut rappeler cependant que la survenance de ces évènements à des
associés n’ayant pas la qualité de commerçant n’est pas une cause de dissolution automatique
de la société.
D’une part, cette forme sociétaire convient particulièrement aux entreprises qui
groupent un petit nombre d’associés et aux commerçants ayant un patrimoine
modeste ;
D’autre part, la simplicité de ses règles de constitution et de fonctionnement la rende
particulièrement attrayante.
Les règles générales de formation des sociétés ont vocation à s’appliquer ici. Il ne sera fait
état dans cette partie que des spécificités de la SNC. Les conditions de fond se rattachent aux
associés, au capital social et à l’objet social.
Les associés de la SNC sont indéfiniment et solidairement responsables du passif social et ont
tous la qualité de commerçant. Cela explique l’existence de règles particulières fixant les
conditions exigées des associés de ce type de société. Ceux-ci doivent être deux au minimum
puisque la société en nom collectif ne peut résulter d’un acte unilatéral de volonté. Aucun
maximum n’est cependant fixé.
Quant au consentement, il se traduit par la volonté de s’associer. Celle-ci doit être consciente ;
elle doit également être sincère.
Comme le consentement, la capacité constitue une condition importante de constitution d’une
société en nom collectif. L’incapacité est une cause de nullité de la société. Cette règle
s’explique aisément. Les associés d’une société en nom collectif étant tous des commerçants,
il n’est pas concevable qu’un incapable fasse partie de ce type de société tout au moins à
l’origine, l’accès à la profession commerciale étant refusé aux incapables.
Considérés comme le genre d’activités auxquelles la société peut se livrer pour faire des
bénéfices ou réaliser des économies, l’objet social joue un rôle capital en matière de sociétés
commerciales. Il conditionne l’existence de la société. En effet, l’objet doit être déterminé et
la nullité est encourue si l’objet est illicite. Aussi, l’objet présente un intérêt particulier dans
les sociétés en nom collectif. C’est lui qui, dans ce type de société détermine les pouvoirs des
dirigeants ; ceux-ci pouvant accomplir tous les actes entrant dans l’objet social. Les associés
doivent dans ces conditions, veiller particulièrement à la détermination de l’objet social dans
les statuts. Une formule vague pour fixer l’objet peut se révéler catastrophique pour les
associés de la société en nom collectif, car il permet aux dirigeants d’accomplir les actes
divers qui engagent la société et à travers celle-ci, les associés qui sont tenus indéfiniment et
solidairement du passif social.
Les mesures de publicité : Il est nécessaire de faire connaître aux tiers, l’existence de la
société. Ainsi, la société doit faire l’objet d’une immatriculation au RCCM. L’absence
d’immatriculation prive la société de la personnalité morale.
Il faut aussi une insertion d’un avis dans un journal habilité à recevoir des annonces légales
dans l’Etat partie du siège social.
c- Le fonctionnement de la SNC
Les pouvoirs de décision excédant les pouvoirs du gérant : De telles décisions sont prises à
l’unanimité des associés et si les statuts le prévoient à une majorité qu’ils fixent. Elles peuvent
être prises soit en assemblée, soit par consultation écrite.
L’assemblée générale annuelle : L’AUDSCGIE prescrit la tenue chaque année dans les six
(06) mois de la clôture de l’exercice, d’une assemblée générale des associés à l’effet de
délibérer et approuver le rapport de gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse
établis par les gérants. Celle-ci ne peut valablement se tenir que si elle réunit une majorité
d’associés représentant la moitié du capital social.
La dissolution de la SNC : Outre les causes de dissolution communes à toutes les sociétés,
d’autres causes particulières entraîneraient la dissolution de plein droit des sociétés de
personnes et de la SNC en particulier. Il s’agit du décès ou de l’absence d’un associé, de la
dissolution d’une personne morale associée, de la révocation des gérants associés et de la
faillite d’un associé, son interdiction ou son incapacité de faire le commerce. La pratique
avait, pour éviter cette dissolution automatique, cherché par des clauses appropriées à assurer
la continuation de la société. Ces clauses sont de deux (02) sortes :
La clause de continuation de la SNC avec les seuls associés survivants : Elle postule que
les ayants cause de l’associé décédé ne sont pas acceptés dans la société. Elle implique donc
le rachat des droits sociaux de l’associé décédé à ses héritiers. Mais il faut que les associés
survivants soient au nombre de deux (02) au moins.
La clause de continuation de la société en nom collectif avec tous les héritiers : Elle vise
les personnes appelées à la succession de l’associé décédé et a pour effet de rendre la part
sociale transmissible. La jurisprudence et la pratique ont admis que les héritiers se
transformaient en commanditaires. La SNC se trouve donc transformée en société en
commandite. Même avant cette transformation qui doit intervenir dans le délai d’un an à
compter du décès, les héritiers mineurs non émancipés ne répondent des dettes sociales qu’à
concurrence des parts de leur auteur.
Cette société, encore appelée société en commandite par intérêt est celle qui unit un ou
plusieurs commandités ayant la qualité de commerçant à un ou plusieurs commanditaires qui
n’ont pas cette qualité. Les commandités sont exactement dans la même situation que les
associés en nom collectif. Les éléments de différenciation de la SCS de la SNC concernent le
commanditaire, la défense faite à celui-ci de s’immiscer dans la gestion sociale et sa
participation aux bénéfices et pertes de la société.
Elle se fait proportionnellement aux apports, faute de convention sous la réserve cependant de
la limitation de responsabilité des commanditaires en ce qui concerne les pertes sociales.
d- Le fonctionnement de la SCS
Il est identique à celui de la société en nom collectif sous la réserve des particularités
suivantes. En premier lieu, les associés commanditaires ne doivent pas s’immiscer dans la
gestion sociale, sous peine d’engager leur responsabilité indéfinie et solidaire quant au
paiement des dettes sociales.
Ensuite, en ce qui concerne les décisions collectives à prendre lorsqu’elles excèdent les
pouvoirs des gérants, la réunion d’une assemblée est de droit si elle est demandée soit par un
associé commandité, soit par le quart en nombre et en capital des associés commanditaires.
e- La fin de la SCS
Le décès d’un associé commanditaire ne met pas fin à la société. Si les statuts prévoient que la
société continue avec les héritiers d’un associé commandité décédé, ceux-ci deviennent
associés commanditaires lorsqu’ils sont mineurs non émancipés.
Si l’associé décédé était seul associé commandité et si tous ses héritiers sont mineurs non
émancipés, la loi oblige soit à procéder à son remplacement par un nouvel associé
commandité, soit à transformer la société dans le délai d’un an à compter du décès, faute de
quoi, celle-ci est dissoute de plein droit à l’expiration du délai.
C’est celle dont les associés conviennent librement qu’elle ne sera pas immatriculée au
RCCM et qu’elle n’aura pas la personnalité morale.
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La société en participation est donc en principe ignorée des tiers. Elle n’a pas la personnalité
morale et le gérant ne peut ester en justice pour son compte.
Pour sa constitution, les associés doivent être au minimum deux associés et doivent avoir la
capacité de faire le commerce. Les apports peuvent être faits en nature, en numéraire ou en
industrie. Cependant les apports en nature ne peuvent être qu’en jouissance et demeurent la
propriété de leur auteur.
En ce qui concerne son fonctionnement, chaque associé contracte en son nom personnel et est
seul engagé à l’égard des tiers.
Enfin, outre les causes communes de dissolution des sociétés, la société en participation est
dissoute de plein droit par la mort, l’incapacité, la faillite personnelle ou la liquidation
judiciaire d’un associé.
La société créée de fait et la société de fait sont définies par le droit OHADA qui a précisé le
contenu des deux notions, aux articles 864 et 865 de l’Acte uniforme révisé relatif au droit des
sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.
Il y a société créée de fait, lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se
comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des sociétés reconnues
par l’Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique.
En revanche, il y a société de fait, lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales
ont constitué entre elles l’une des sociétés reconnues par le présent Acte uniforme mais qui
comporte un vice de formation non régularisé ou ont constitué entre elles une société non
reconnue par le même Acte.
Cette définition est à combiner avec la disposition de l’article 115, qui prévoit également
l’hypothèse où les associés ont souhaité créer une société, mais n’ont pas établi par écrit le
contrat de société (ou, le cas échéant l’acte unilatéral de volonté) 3.
La distinction entre société de fait et société créée de fait ne réside qu’au niveau de leur
processus de création respectif.
L’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait peut-être prouvée par toute
voie de droit. Ainsi, cette preuve peut être rapportée par la déclaration des parties et des
témoins, lesquels ont démontré l’existence d’investissements et de dépenses communes dans
l’exploitation d’une boutique. A contrario, l’absence d’apports suffit à caractériser
l’inexistence d’une société de fait.
C’est une société qui regroupe des associés dont la situation est semblable à celle des
commanditaires, c'est-à-dire qu’ils n’ont pas la qualité de commerçant et supportent le passif
social chacun dans la limite de son apport à la société. Une innovation importante a été
apportée par l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique (l’A.U/D.S.C G.I.E), à savoir la possibilité de créer une société à
responsabilité limitée avec un seul associé.
On examinera successivement la constitution de la société à responsabilité limitée, son
fonctionnement ainsi que sa transformation et sa dissolution.
En plus des règles communes à toutes sociétés, la SA.R.L doit être constituée selon quelques
règles spécifiques de fond quant aux associés, au capital social et à l’objet social. On
n’insistera pas sur les conditions de forme car elles ne présentent pas de spécificité par rapport
à celles exigées pour la constitution de toute société commerciale.
A- Les associés
La loi du 7 mai 1925 exigeait un minimum de deux associés et n’imposait aucun maximum.
Si aujourd’hui, la S.A.R.L continue d’être constituée en principe par deux ou plusieurs
personnes physiques et morales, responsables des dettes sociales à concurrence de leurs
apports, l’article 309 alinéas 2 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
du groupement d’intérêt économique autorise la constitution d’une S.A.R.L par un associé
unique.
B- Le capital social
La cession doit être constatée par écrit et n’est opposable à la société qu’après l’une des
formalités suivantes :
- Signification de la cession à la société par acte extra judiciaire ;
- Acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;
- Dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social contre remise par le gérant
d’une attestation de dépôt ;
Cette cession n’est opposable aux tiers qu’après l’accomplissement de l’une des formalités ci-
dessus et modification des statuts et publicité au registre du commerce et du crédit mobilier
(RCCM).
Quant aux modalités de la cession, les statuts organisent librement les modalités de
transmission des parts sociales entre associés, entre conjoints, ascendants, descendants. A
défaut, elle est libre.
Les statuts peuvent prévoir qu’en cas de décès d’un associé, un ou plusieurs héritiers ou un
successeur ne peuvent devenir associés qu’après avoir été agrées dans les conditions qu’ils
définissent. La décision d’agrément doit être notifiée à chaque héritier ou successeur
intéressé. En cas de refus d’agrément, les associés sont tenus solidairement et indéfiniment de
racheter les parts sociales des héritiers ou du successeur, ou la société de réduire son capital
de la valeur nominale des parts à céder et de racheter celles-ci.
En droit civil, le nantissement est un contrat par lequel un débiteur remet une chose mobilière
ou immobilière à son créancier pour la garantie de sa dette. Le nantissement d’une chose
mobilière s’appelle gage et d’une chose immobilière s’appelle antichrèse. En droit
commercial, le nantissement est une forme de gage sans dépossession du débiteur.
S’agissant plus particulièrement du nantissement des parts sociales, la S.A.R.L peut donner
son consentement à un projet de nantissement de parts sociales dans des conditions prévues
pour la cession des parts sociales à des tiers. En pareil cas, le consentement emporte agrément
du cessionnaire si les parts sociales venaient à faire l’objet d’une réalisation forcée.
C- L’objet social
La S.A.R.L peut être constituée pour un objet quelconque pourvu que celle-ci soit licite.
Toutefois, pour prévenir l’insolvabilité de la société, l’article 2 alinéas 2 de la loi du 7 mars
1925 avait interdit aux sociétés d’assurances, de capitalisation et d’épargne de se constituer
sous la forme de S.A.R.L. Le code CIMA impose la forme de société anonyme (S.A) pour les
sociétés désirant se constituer dans ces mêmes matières et exclut par conséquent la forme de
La SARL est une société hybride. Elle emprunte parfois, les règles de sociétés de personnes et
les règles de sociétés de capitaux.
A- L’administration de la S.A.R.L
Le gérant, qui peut être un associé ou un tiers étranger à la société est nommé par les associés,
soit dans l’acte de société, soit dans un acte postérieur pour un mandat de quatre (04) ans
renouvelable. Dans le cas où la désignation du gérant intervient dans un acte postérieur, elle
doit être prise à la majorité des associés représentant la moitié du capital social, sauf clause
contraire des statuts prévoyant une majorité supérieure.
Le gérant cesse ses fonctions par la révocation ou par la démission. La décision de révocation
est prise par les associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Elle doit être prise
pour justes motifs, sinon elle peut donner lieu à des dommages et intérêts.
Pour la démission, elle doit intervenir sur justes motifs sous peine d’ouvrir pour la société de
demander en justice la réparation du dommage qu’elle subit.
Les pouvoirs du gérant doivent être examinés dans ses rapports avec les associés et dans ses
rapports avec les tiers. En principe, le gérant a tous pouvoir pour agir au nom de la société en
toutes circonstances. Toutefois, dans ses rapports avec les associés, les statuts peuvent limiter
ou répartir ces pouvoirs. En cas de violation de cette limitation ou répartition de pouvoir, il
peut être révoqué.
En contrepartie des larges pouvoirs qui leur sont accordés, la loi édicte une responsabilité
civile et pénale à la charge des gérants.
Chaque associé a le droit de participer aux assemblées sans considération du nombre de parts
qu’il détient et il dispose d’une voix égale à celui de ses parts sociales. Il peut se faire
représenter par son conjoint sauf si la S.A.R.L ne comporte que deux époux.
La convocation aux assemblées est faite par le gérant ou à défaut par le commissaire aux
comptes s’il en existe. De même, un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts sociales
ou représentant à la fois au moins le quart des parts sociales peuvent exiger la réunion d’une
assemblée. Enfin, tout associé peut demander en justice, la désignation d’un mandataire
chargé de convoquer l’assemblée et d’en déterminer le jour. La convocation est faite quinze
jours au moins avant la date prévue.
L’assemblée est présidée par le gérant ou par l’un d’eux s’ils sont plusieurs et à défaut
d’associé gérant, par l’associé présent et acceptant qui possèdent le plus grand nombre de
parts sociales.
Les assemblées générales sont ordinaires ou extraordinaires.
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a- Les assemblées générales ordinaires
Elles rendent des décisions collectives ordinaires qui ont pour but de statuer sur les états
financiers de synthèse de l’exercice écoulé, d’autoriser la gérance à effectuer, les opérations
subordonnées dans les statuts à l’accord préalable des associés et le cas échéant, du
commissaire aux comptes d’approuver les conventions intervenues entre la société et l’un de
ses gérants ou associés et plus généralement de statuer sur toutes les questions qui
n’entraînent pas modification des statuts.
Dans le cas particulier des conventions entre la société et ses gérants ou associés, certaines
sont purement et simplement interdites cependant que d’autres sont autorisées mais soumises
à des règles strictes pour garantir l’intérêt social.
Ainsi il est interdit aux personnes physiques gérantes ou associés de contracter sous quelques
formes que ce soit, des emprunts auprès de la société.
L’assemblée générale ordinaire annuelle se réunit dans les six mois de la clôture de l’exercice
sauf prolongation par le président du tribunal compétent statuant sur requête.
Elles sont compétentes pour les décisions collectives dites extraordinaires et qui ont pour
objet, de statuer sur la modification des statuts. Dans ce cas, la décision est prise par les
associés représentant au moins les ¾ du capital social. Comme dans l’assemblée ordinaire
annuelle, il n’y a pas ici non plus de quorum.
Toutefois, l’unanimité est requise lorsque la décision porte sur l’augmentation des
engagements des associés, la transformation de la S.A.R.L en S.N.C, le transfert du siège
social d’un Etat autre qu’un Etat partie au traité OHADA.
Une des attributions de l’assemblée extraordinaire est la modification du capital social, soit à
la hausse, soit à la baisse. Cette décision est prise par les associés représentant au moins la
moitié des parts sociales. Lorsque la réduction du capital social n’est pas motivée par des
pertes, les créanciers antérieurs peuvent faire opposition dans le délai d’un mois à compter de
la date du dépôt du procès-verbal de la délibération au RC CM.
Lorsque les statuts ont prévu le recours à des consultations écrites pour les prises de décision,
les documents nécessaires à l’information des associés sont adressés à chacun de ceux-ci dans
les mêmes conditions que la convocation aux assemblées et ils disposent de quinze jours pour
émettre leur vote.
Au cas où la S.A.R.L ne comporte qu’un seul associé, celui-ci prend seul les décisions qui
sont de la compétence des assemblées générales ordinaires ou extraordinaires. Les décisions
prises revêtent la forme de procès verbal qui sont versés dans les archives de la société.
C- Le contrôle de la S.A.R.L
L’A.U/D.S.C G.I.E ne rend pas obligatoire, la nomination d’un commissaire aux comptes
pour contrôler les comptes de la S.A.R.L. Mais cette nomination peut être demandée en
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justice par un ou plusieurs associés détenant au moins le dixième du capital social. Par contre,
elle est obligatoire dans la S.A.R.L qui, à la clôture de l’exercice social, remplit deux des
conditions suivantes :
-total du bilan supérieur à 125 000 000 F CFA ;
- chiffre d’affaires annuel supérieur à 250 000 000 FCFA
-effectif permanent supérieur à 50 personnes.
Le commissaire aux comptes est nommé pour trois exercices par un ou plusieurs associés
représentant plus de la moitié du capital social. A défaut d’une telle majorité et sauf clause
contraire des statuts, il est nommé à la majorité des votes émis. Ne peuvent être nommés
commissaires aux comptes de la S.A.R.L, les associés, les gérants ou leurs conjoints, les
bénéficiaires d’avantages particuliers etc… (art.378).
A- La transformation de la S.A.R.L
La S.A.R.L peut être transformée en société d’une autre forme. Il convient de rappeler que
lorsque la transformation a pour effet d’aggraver la responsabilité des associés, elle doit être
décidée à l’unanimité. Tel serait le cas si une S.A.R.L se transformait en S.N.C.
De manière particulière, il ressort de l’acte uniforme que la transformation d’une S.A.R.L ne
peut être réalisée que si celle-ci a, au moment où cette opération est envisagée, des capitaux
propres d’un montant au moins égal à son capital social.
La transformation ne peut être faite qu’au vu d’un rapport d’un commissaire aux comptes
certifiant, sous sa responsabilité, que les conditions ci-dessus énoncées sont bien remplies.
Lorsqu’il n’existe pas de commissaire aux comptes, celui-ci est choisi par le gérant. Toute
transformation réalisée en contravention de ces dispositions est nulle.
L’acte uniforme pose trois conditions pour permettre à une S.A.R.L de se transformer en S.A :
- La société doit avoir au moins deux ans d’existence ;
- Elle doit avoir fait établir et approuver par les associés, le bilan de ces deux premiers
exercices. Cette exigence d’ancienneté en cas de transformation de la S.A.R.L en S.A
s’explique dans ce cas par le souci d’éviter la fraude qui consiste, pour échapper aux
formalités de constitution d’une S.A à constituer d’abord une S.A.R.L avant de la
transformer ensuite en S.A. Ces conditions ne s’expliquent difficilement dans
l’hypothèse de la transformation d’une S.A en S.A.R.L.
- L’actif net de la société doit être au moins égal au capital social.
En cas de transformation, les statuts de la S.A.R.L doivent être mis en harmonie avec la
législation propre au nouveau type choisi. Par exemple, si la S.A.R.L se transforme en S.A, il
faut élever le montant du capital social à 10 000 000 FCFA.
Il est possible enfin à une S.A.R.L de fusionner avec une autre S.A.R.L existante ou de se
scinder au profit d’une autre S.A.R.L existante. En ce cas, le président du tribunal compétent
en matière commerciale nomme un ou plusieurs commissaires à la fusion qui établissent sous
leur responsabilité, un rapport écrit sur les modalités de la fusion.
Lorsque la fusion ou la scission est réalisée par apport à une S.A.R.L nouvelle, celle-ci peut
être constituée sans autres apports que celui des sociétés qui fusionnent ou qui se scindent.
B- La dissolution de la S.A.R.L
La Société Anonyme peut être constituée librement. Toutefois, sa constitution doit respecter
le cadre général de toute société sous réserve de quelques spécificités suivant que la SA est
créée avec apport en nature et sans stipulations d’avantages particuliers ou qu’elle est créée
avec ceux-ci.
A- La constitution d’une SA
Elle fait appel à des différentes étapes avec un rôle très déterminant du ou des fondateur (s).
La fondation de la S.A : Elle se définit comme l’ensemble des actes matériels et juridiques
nécessaires pour créer l’organisme juridique mis par le législateur à la disposition de ceux qui
veulent entreprendre une exploitation qui exige des capitaux importants.
Les missions du fondateur : Le fondateur est toute personne qui participe activement aux
opérations conduisant à la constitution de la société. Les missions du fondateur sont diverses
et visent trois objectifs principaux : la rédaction des statuts sociaux, la réunion du capital
social et la constitution définitive de la société.
Les statuts de la société : Ils sont établis par acte notarié ou par tout acte offrant des
garanties d’authenticité dans l’Etat du siège social déposé avec reconnaissance d’écritures et
de signatures par toutes les parties au rang des minutes d’un notaire. Leur contenu est celui
prévu pour la société commerciale en général sauf quelques particularités propres à la S.A. Il
s’agit du mode d’administration, la forme, les modalités de négociation et de cession des
actions. Ils sont en principe signés par tous les souscripteurs, en personne ou par mandataire
spécialement habilité à cet effet, après la déclaration de souscription et de versement.
La réunion du capital social : Le capital social est l’ensemble des apports faits par les
souscripteurs à la société pour pouvoir réaliser son objet et ces apports peuvent être en nature,
ou en numéraire. Trois formalités sont nécessaires pour sa réunion : la souscription, la
libération et la déclaration notariée de souscription et de versement des fonds.
La souscription du capital social : Le capital social doit être intégralement souscrit au
moment de la constitution définitive de la société, c'est-à-dire que toutes les actions émises
aient trouvé preneur soit avant la date de la signature des statuts, soit avant la tenue de
l’assemblée générale constitutive. La souscription suppose le fractionnement du capital social
en action dont la valeur nominale minimum est fixée librement par les parties. En droit, elle
s’analyse en un engagement d’effectuer un apport en société contre remise de parts d’associés
représentés par un certificat négociable.
La libération des actions
La libération d’une action est l’exécution de l’engagement pris par le souscripteur de cette
action. Le minimum imposé par la loi est la libération de la moitié de l’action souscrite
lorsque celle-ci rémunère un apport en numéraire et le reliquat est payable dans deux ans à
partir de l’immatriculation au RCCM. Mais les fondateurs peuvent fixer une quotité
supérieure ou même exiger la libération intégrale des actions.
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La déclaration notariée de souscription et de versement des fonds
Cette formalité vise la constatation de la souscription intégrale du capital social et la
constatation de la libération du ¼ au moins des actions souscrites par le notaire.
Si l’on définit la souscription comme l’engagement pris par des personnes d’entrer dans une
société qui sera créée, il faut bien matérialiser cet engagement. A cet effet, certaines
conditions de forme et de fond doivent être observées.
Les conditions de forme : L’engagement du souscripteur est constaté par la signature d’un
bulletin de souscription, signature donnée par lui-même ou par son mandataire. Ce bulletin est
établi en deux exemplaires originaux dont l’un pour la société en formation et l’autre pour le
notaire chargé de dresser la déclaration notariée de souscription et de versement des fonds.
La publicité de l’acte de société : Elle consiste dans les 15 jours suivant l’immatriculation au
RCCM en l’insertion d’un avis dans un journal habilité à recevoir les annonces légales du
siège social.
Les avantages particuliers désignent une situation privilégiée faite dans les statuts d’une
société par action conférant à son bénéficiaire des droits plus étendus par rapport aux autres
actionnaires tels que le droit de priorité sur les bénéfices, le droit de priorité sur l’actif
social…
L’acte uniforme distingue trois étapes :
- Pour ce qui est de la première étape, la loi oblige à constater par un bulletin de
souscription établi par les fondateurs ou par l’un d’eux, daté et signé du souscripteur
ou de son mandataire, la souscription des actions représentant des apports en
numéraire.
- La deuxième étape de cette procédure de constitution est constituée par le dépôt des
fonds et la déclaration notariée de souscription et de versement des fonds. Tout
souscripteur peut prendre connaissance ou copie de la déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds en l’étude du notaire.
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- La troisième étape enfin consiste en l’établissement des statuts de la société. Ceux-ci
doivent être faits soit en la forme authentique soit par tout acte offrant des garanties
d’authenticité. Ils sont signés par tous les souscripteurs.
Outre les mentions générales que doit comporter tout acte de société, les statuts de la S.A
constituée sans apport en nature et sans stipulations d’avantages particuliers doivent énoncer :
Le mode d’administration et de direction retenus.
Les noms, prénoms, adresse, profession et nationalité des personnes physiques
membres du premier conseil d’administration ou représentants permanents des
personnes morales membres dudit conseil, ou les noms, prénoms, adresse, profession
et nationalité de l’administrateur général ainsi que ceux du premier commissaire aux
comptes et de son suppléant, la forme des actions émises, les stipulations relatives à la
composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes sociaux et le cas échéant,
les restrictions à la libre cessibilité et à la libre négociation des actions ainsi que les
modalités de l’agrément et de la préemption des actions.
Le retrait des fonds de chez le dépositaire ne peut avoir lieu qu’après l’immatriculation de la
société au RCCM.
L’intervention d’un commissaire aux apports : Choisi sur la liste des commissaires aux
comptes, le commissaire aux apports est désigné à l’unanimité par les souscripteurs ou à
défaut, par le président de la juridiction compétente à la demande des fondateurs de la société
ou de l’un d’entre eux. Il est chargé d’établir sous sa responsabilité, un rapport décrivant
chacun des apports ou des avantages particuliers, indiquant leur valeur, précisant le mode
d’évaluation retenu et affirmant que la valeur des biens ou des avantages particuliers
correspondant au moins à la valeur nominale des actions à émettre.
L’assemblée générale constitutive est convoquée à la diligence des fondateurs après
l’établissement de la déclaration notariée de souscription et de versement des fonds. Elle ne
délibère valablement que si les souscripteurs présents ou représentés possèdent la moitié au
moins des actions sur première convocation. Ce quorum est réduit au quart des actions sur
deuxième convocation faite 6 jours au moins avant la date prévue de la réunion. Si cette
deuxième réunion n’aboutit pas faute de quorum, l’assemblée doit se tenir dans les deux mois
qui suivent la date fixée par la deuxième convocation, les souscripteurs convoqués 6 jours au
moins avant la date prévue. Le quorum reste dans ce cas le ¼ des actions. Les décisions sont
acquises à la majorité des 2/3 des voix détenues par les souscripteurs présents ou représentés.
L’assemblée générale constitutive a 2 séries de compétence :
C’est elle qui approuve ou désapprouve le rapport du commissaire aux comptes.
Elle est compétente aussi pour constater la souscription intégrale du capital social et la
libération des actions au quantum fixé par les statuts ; adopter les statuts sociaux
qu’elle ne peut modifier qu’à l’unanimité des souscripteurs ; nommer les premiers
administrateurs ou administrateur général ainsi que le premier commissaire aux
comptes ; statuer sur les actes accomplis pour le compte de la société en formation au
vu du rapport établi par les fondateurs ; et donner le cas échéant mandat à un ou
plusieurs membres du conseil d’administration ou à l’administrateur général de
prendre les engagements pour le compte de la société avant son immatriculation au
RCCM .
La doctrine donnait une définition très large de l’appel public à l’épargne en visant tous les
cas où les sociétés faisaient appel au public pour réunir leur capital. L’A.U/D.S.C G.I.E répute
faire publiquement appel à l’épargne, les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des
valeurs d’un Etat partie au traité OHADA. Il considère également qu’il y a appel public à
l’épargne dès lors qu’il y a diffusion des titres au delà d’un cercle de cent personnes.
Le capital minimum de la SA faisant appel public à l’épargne est de 100 000 000 FCFA. Si le
nouveau capital venait à être inférieur à ce montant, la société doit être transformée en société
d’une autre forme, sinon tout intéressé peut demander judiciairement sa dissolution.
L’A.UD.S.C G.I.E prévoit dans le cas où une SA fait appel public à l’épargne, de publier au
préalable dans l’Etat du siège social et le cas échéant, dans les autres Etats parties au traité
OHADA où le public est sollicité, un document d’information sur l’organisation, la situation
financière, l’activité et les perspectives de l’émetteur.
La nullité de la SA : Dans l’A.U/D.S.C G.I.E, les causes communes de nullité à toutes les
sociétés commerciales s’appliquent également à la SA. Mais de disposition expresse, l’article
243 de l’A.U/D.S.CG.I.E exclut que la nullité de la SA puisse résulter d’un vice du
consentement ou d’une incapacité sauf si dans ce dernier cas, l’incapacité frappe tous les
associés fondateurs.
Il faut signaler enfin que les irrégularités commises postérieurement à la constitution régulière
de la société ne sauraient en principe entraîner la nullité de celle-ci. Elles peuvent, tout au
plus, déboucher sur sa dissolution.
La responsabilité de la nullité de la SA : L’A.U/D.S.C G.I.E déclare que les fondateurs
auxquels la nullité de la SA est imputable ainsi que les administrateurs ou l’administrateur
général en fonction au moment où elle a été encourue peuvent être déclarés solidairement
responsable du dommage résultant pour les actionnaires ou pour les tiers de l’annulation de la
société. Il institue la même responsabilité pour les mêmes personnes en cas de nullité de
l’assemblée générale constitutive lorsque l’annulation subséquente de la société a causé un
dommage à des tiers.
La responsabilité des fondateurs court du jour des premières opérations ou de
l’accomplissement des premiers actes effectués en vue de la constitution de la société et prend
fin dès que les statuts sociaux ont été signés par tous les actionnaires ou après la tenue
régulière de l’assemblée générale constitutive.
Quant aux dirigeants sociaux (membre du premier conseil d’administration ou le premier
administrateur général), leur responsabilité dans la constitution de la société court de la
signature des statuts ou de la tenue de l’assemblée générale constitutive pour s’achever avec
l’immatriculation de la société au RCCM.
Les fondateurs et les premiers organes d’administration de la SA peuvent également engager
leur responsabilité pénale pour des infractions commises lors de la constitution de la société
lorsqu’ils émettent des actions avant l’immatriculation de la société au RCCM.
Dans la perspective de la résorption de l’économie informelle qui bat son plein dans la quasi-
totalité des pays d’Afrique, et en vue de promouvoir l’entreprise individuelle, le droit
OHADA a institué, à côté de la sphère des acteurs économiques traditionnels, une nouvelle
catégorie d’acteurs : « l’entreprenant ». L’Acte uniforme portant sur le droit commercial
général détermine son statut en le définissant et fixe les obligations qui lui incombent ainsi
que le régime de prescription applicable aux litiges nés à l’occasion de l’exercice de son
activité.
Paragraphe 1 : Définition
Paragraphe 2 : Caractéristiques
L’entreprenant bénéficie d’un régime souple qui lui permet de se faire connaître sans passer
par le formalisme de l’immatriculation au RCCM, et qui l’incite à s’engager dans une activité
pour son épanouissement et le développement de son entreprise, si petite soit-elle. Pour
conserver son statut d’entreprenant, il ne doit pas réaliser, pendant deux exercices successifs,
un chiffre d’affaires annuel qui excède les seuils fixés par l’Acte uniforme portant
organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises. Ces seuils sont fixés de la
manière ci-après :
- trente millions (30 000 000) de FCFA pour les entreprises de négoce ;
- vingt millions (20 000 000) de FCFA pour les entreprises artisanales et assimilées ;
- dix millions (10 000 000) de FCFA pour les entreprises de service.
Les obligations comptables de l’entreprenant sont définies dans l’Acte uniforme relatif au
droit commercial général, tandis que les obligations fiscales demeurent régies par la
législation interne de chaque Etat membre de l’OHADA.
La fiscalité fait partie des matières qui échappent à l’architecture juridique de l’OHADA. Elle
est exclusivement réservée à la législation interne des Etats. Il est donc du devoir de chaque
Etat partie de mettre en place un dispositif fiscal attrayant pour promouvoir l’émergence du
statut d’entreprenant. A cet effet, l’élaboration d’une loi sur l’entreprenant est en cours de
réflexion au Burkina Faso.
Paragraphe 3 : Prescription
Les litiges pouvant naître à l’occasion de l’exercice des activités de l’entreprenant peuvent
être réglés par voie judiciaire ou par tout autre mode extrajudiciaire. Dans le cas d’un
règlement judiciaire, l’action se prescrit par l’écoulement du délai de cinq (05) ans, sauf s’il
est prévu un délai plus court, comme en matière de vente qui est de deux (02) ans ou de
transport de marchandises par route qui est d’un (01) an.
Les sûretés sont l’affectation au bénéfice d’un créancier d’un bien ou d’un ensemble de biens
ou d’un patrimoine afin de garantir l’exécution d’une obligation ou d’un ensemble
d’obligations quelle que soit la nature de celles-ci, c’est-à-dire qu’elles soient présentes ou
futures, déterminées ou déterminables, conditionnelles ou inconditionnelles et que leur
montant soit fixe ou fluctuant. En d’autres termes les sûretés sont des affectations par leur
constituant (débiteur ou un tiers) aux créanciers soit par la convention des parties ou par la
volonté de la loi (hypothèque forcée, privilèges) d’un bien précis afin de garantir le paiement
des dettes envers les créanciers. Les sûretés sont donc accessoires de l’obligation dont elles
garantissent l’exécution. On distingue deux types de sûretés notamment les sûretés
personnelles et les sûretés réelles.
Section 1 : Le cautionnement
Paragraphe 1 : Notion
Le cautionnement obéit aux mêmes règles que celles prévues pour la conclusion des contrats
en général notamment le consentement, la capacité, l’objet et la cause. Pour être
régulièrement formé, le cautionnement requiert spécifiquement des conditions de forme et de
fond qui sont l’écrit comportant les signatures de la caution et du créancier ainsi la mention en
toutes lettres de la somme maximale garantie couvrant le principal, les intérêts et autres
accessoires. La caution qui ne sait lire doit se faire assister par deux témoins certificateurs.
Dans le principe le cautionnement est réputé être solidaire et il revêt le caractère simple
lorsqu’il est ainsi décidé expressément par la convention des parties.
Relativement aux effets du cautionnement, la caution n’est tenue de payer la dette qu’en cas
de non-paiement du débiteur principal, c’est-à-dire que le créancier ne peut entreprendre des
poursuites contre la caution qu’après une mise en demeure de payer adressée au débiteur
principal et restée sans effet.
Le cautionnement prend fin lorsque l’obligation garantie est éteinte. Il en est ainsi de la dation
en paiement qui libère la caution, du paiement, de la prescription et de la compensation.
La garantie autonome est l’engagement par lequel le garant s’oblige, en considération d’une
obligation souscrite par le donneur d’ordre et sur instructions de ce dernier, à payer une
somme déterminée au bénéficiaire, soit sur première demande de la part de ce dernier, soit
selon les modalités convenues. Autrement dit, elle est une convention conclue entre le
donneur d’ordre encore appelé débiteur et le garant (profane ou professionnel, un
établissement financier), par laquelle le garant s’engage à payer une somme déterminée au
bénéficiaire appelé créancier, sur première demande de celui-ci. Ici, il n’est pas nécessaire que
le bénéficiaire créancier participe à ladite convention.
Il faut noter qu’il formellement interdit aux personnes de souscrire la garantie et la contre-
garantie autonomes sous peine de nullité de la convention. A peine de nullité, la garantie et la
contre-garantie autonomes doivent obligatoirement être constatées par un écrit mentionnant la
dénomination de garantie ou la contre-garantie autonome, le nom du donneur d’ordre et du
bénéficiaire, le nom du garant ou du contre-garant, la convention de base c’est-à-dire l’acte ou
le fait, en considérations desquels la garantie ou la garantie autonome est émise, le montant
maximum de la garantie ou de la contre garantie autonome, la date ou le fait entrainant
l’expiration de la garantie, les conditions de la demande de paiement s’il y a lieu et
l’impossibilité pour le garant ou le contre-garant, de bénéficier des exceptions de la caution.
Elles comprennent les sûretés réelles mobilières et les sûretés réelles immobilières.
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Section 1 : Les sûretés mobilières
A- Définition
Le droit de rétention est un droit du créancier qui lui permet, en vertu de la loi et de de
certaines circonstances, de retenir une chose mobilière dont il a la possession de par le
consentement du débiteur, et au besoin de faire réaliser cette chose. C’est un droit de gage
légal portant sur une chose mobilière. Le créancier qui détient légitimement un bien mobilier
de son débiteur peut donc le retenir jusqu’au complet paiement de ce qui lui est dû,
indépendamment de toute sûreté sous réserve de quelques exclusions prévues par la loi. Il
constitue un privilège opposable aux créanciers qui ne peuvent faire valoir leurs droits sur la
chose tant qu’elle reste entre les mains de la personne qui exerce son droit de rétention. Ce
privilège est reporté sur le prix si ladite chose est vendue aux enchères publiques.
Il ne peut s’exercer que si la créance est certaine, liquide et exigible. Ainsi, un lien de
connexité doit exister entre la naissance de la créance et la détention de la chose retenue.
Paragraphe 2 : Le gage
A- Définition
On peut définir le gage comme étant un contrat par lequel le constituant accorde à un
créancier le droit de se faire payer par préférence sur un bien meuble corporel ou un ensemble
de biens meubles corporels présents ou futurs. Le gage peut être constitué avec dépossession
de la chose gagée ou sans dépossession de ladite chose.
Le gage peut être constitué en garantie d’une ou de plusieurs créances présentes ou futures, à
condition que lesdites créances soient déterminées ou déterminables. Le gage ne peut porter
que sur des biens meubles corporels notamment sur des sommes ou valeurs déposées à titre de
consignation. Le constituant d’un gage de biens présents doit être le propriétaire de la chose
gagée. Et si le constituant ne l’est pas, alors le créancier gagiste peut s’opposer à la
revendication du propriétaire dans les conditions prévues pour le possesseur de bonne foi. Les
parties au contrat de gage peuvent convenir de la subrogation de la chose gagée par une autre
chose en cours d’exécution dudit contrat. Le gage est opposable au tiers soit par
l’accomplissement de la formalité d’inscription au Registre du Commerce et de Crédit
Mobilier (RCCM), soit par la remise du bien gagé entre les mains du créancier gagiste ou
d’un tiers convenu entre les parties. Sauf stipulations contraires, le constituant ne peut exiger
la radiation de l’inscription ou la restitution du bien gagé qu’après paiement intégral de la
dette garantie en principal, intérêts et autres accessoires.
Lorsque le gage est constitué avec dépossession, le créancier gagiste peut opposer au
constituant son droit de rétention sur le bien gagé directement ou par l’intermédiaire du tiers
convenu jusqu’au paiement intégral de la dette. Le créancier gagiste ne peut utiliser ni
percevoir les fruits de la chose gagée en principe. Le gage est indivisible nonobstant la
divisibilité de la dette envers les héritiers du débiteur ou ceux du créancier.
Le gage peut prendre fin soit à titre principal soit à titre accessoire. A titre principal, c’est-à-
dire indépendamment de l’obligation garantie, le gage est éteint lorsque le bien gagé est remis
au constituant volontairement. Il en est de même lorsque le bien gagé est perdu du fait du
créancier gagiste et ce sans préjudice de la responsabilité de celui-ci.
A titre accessoire, le gage prend fin lorsque l’obligation qu’il garantit est complètement
éteinte en capital, intérêts et accessoires.
Paragraphe 3 : Le nantissement
A- Définition
Le nantissement est l’affectation d’un bien meuble incorporel ou d’un ensemble de biens
meubles incorporels, présents ou futurs en garantie d’une ou de plusieurs créances présentes
ou futures, à condition que celles-ci soient déterminées ou déterminables. Le nantissement
peut être conventionnel ou judiciaire.
Le nantissement ne peut porter uniquement que sur les biens meubles incorporels. Ainsi, ne
peuvent faire l’objet de nantissement que les créances, les comptes bancaires, les droits
d’associé, les valeurs mobilières et le compte de titres financiers, le fonds de commerce et les
droits de propriété intellectuelle. Le nantissement doit être constaté par écrit et faire l’objet de
l’accomplissement des formalités de publicité.
Les créanciers nantis bénéficient d’un droit de suite, d’un droit de réalisation et d’un droit de
préférence.
Ils confèrent un droit de préférence exercé par leurs titulaires et les textes légaux qui les
prévoient doivent préciser le rang de ceux-ci. Certains sont soumis à publicité et d’autres ne le
sont pas. Sont privilégiés, sans publicité et dans l’ordre qui suit, les frais d’inhumation, les
frais de la dernière maladie du débiteur ayant précédé la saisie des biens, les fournitures de
subsistance faites au débiteur, les sommes dues aux travailleurs, les sommes dues aux auteurs
d’œuvres intellectuelles, littéraires et artistiques, les sommes dues pour l’exécution
provisoires des décisions de justice, les créances fiscales et douanières, les créances des
organismes de sécurité sociale et de prévoyance sociale. Les créances douanières et fiscales et
ISPP-Licence Finances-Comptabilité-Cours de Droit des Affaires
Enseignant : G. Dramane SOUGA, Magistrat, Email : gdsouga82@gmail.com
celles des organismes de sécurité et de prévoyance sociales ne produisent leurs effets que si
elles sont inscrites dans le délai de 6 mois de leur exigibilité, au RCCM.
Les créanciers titulaires de privilèges spéciaux ont, sur les meubles qui leur sont affectés
comme assiette par la loi, un droit de préférence qu’ils exercent après saisie. On peut citer
entre autres le privilège du vendeur de meuble, du bailleur d’immeuble, du transporteur
terrestre, du travailleur à domicile des travailleurs des entreprises de travaux et de fournitures,
du commissionnaire et celui du conservateur.
L’hypothèque reste la seule sûreté réelle immobilière et se présente sous trois régimes à savoir
l’hypothèque conventionnelle, forcée ou judiciaire. L’hypothèque consiste en l’affectation
par le débiteur ou le constituant qui en est propriétaire d’un immeuble déterminé ou
déterminable à la garantie d’une ou plusieurs créances, présentes ou futures, à condition
qu’elles soient déterminées ou déterminables. Elle peut être conventionnelle ou forcée (légale
ou judiciaire).
L’hypothèque conventionnelle se définit comme celle qui est consentie par celui qui est
titulaire du droit réel immobilier régulièrement inscrit et capable d’en disposer. L’hypothèque
forcée est par contre celle qui est conférée, sans le consentement du débiteur, soit par la loi
soit par une décision de justice. Et sauf dispositions contraires, les règles applicables aux
hypothèques conventionnelles sont également applicables aux hypothèques forcées.
L’hypothèque est indivisible par nature et subsiste totalement sur les immeubles affectés
jusqu’à complet paiement et malgré la survenance d’une succession.
Peuvent faire l’objet d’une hypothèque, seuls les immeubles présents et immatriculés
notamment les fonds bâtis ou non bâtis et leurs accessoires et extensions, les droits réels
immobiliers susceptibles d’être hypothéqués c’est-à-dire les droits réels régulièrement inscrits
selon les règles de chaque Etat partie au traité OHADA.
Tout acte conventionnel ou judiciaire constitutif d’hypothèque doit être inscrit conformément
aux règles de publicité édictées par l’Etat partie où est situé le bien grevé. La forme de l’acte
d’hypothèque ou tout acte relatif à une hypothèque est établi selon la loi nationale du lieu de
situation de l’immeuble, soit par acte authentique dressé par un notaire ou par l’autorité
administrative ou judiciaire compétente, soit par acte sous seing privé suivant un modèle
conforme aux règles de l’Etat partie concerné et publié comme l’acte par lequel cette
hypothèque est consentie ou constituée.
L’hypothèque est portée à la connaissance des tiers par l’inscription de l’acte d’hypothèque
conformément aux règles de publicité édictées par l’Etat partie où est situé le bien grevé.
L’hypothèque régulièrement publiée prend rang du jour de l’inscription. Cette inscription
conserve l’hypothèque jusqu’à l’expiration d’une durée déterminée par la convention ou la
décision de justice qui ne saurait excéder trente (30) ans sauf disposition contraire de la loi
nationale.