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La marche est omniprésente dans les quatre poèmes étudiés, notamment par le
champ lexical "je m'en allais" "j'avais déchiré mes bottines" "j'irai", etc.
La marche amène la fuite, la fugue ; dans "Ma Bohème", Rimbaud fugue de chez lui, erre
sur les routes, écho fait à "Sensation" où il traîne sur les sentiers.
Les poèmes accordent une place importance à la marche, dont témoigne la place
du verbe « aller » dans de nombreux poèmes, avec une progression chronologique. « Les
Reparties de Nina » s’ouvre, en effet, sur ce verbe conjugué au conditionnel, en unissant
les amants, « nous irions », puis le « je » s’affirme : « j’irais ». Ce mouvement, encore
rêvé, imaginaire, se change ensuite en certitude, avec le choix du futur dans « Rêvé
pour l’hiver » (« Nous irons »), puis, dans « Sensation », avec la répétition de « j’irai ».
Enfin, dans « Ma Bohème », le choix de l’imparfait, « Je m’en allais », « J’allais »,
marque un retour sur soi, dot la durée est accentuée, comme un souvenir ébloui de ce
temps des fugues.
Les poèmes liés aux "fugues" de Rimbaud vont bien au-delà d’une simple
description de la nature. Elle est totalement sublimée, invoquée telle une divinité. Elle
est omniprésente pour lui, nourrit sa poésie et l'inspire. Elle joue son rôle d'inspiration
pour Rimbaud : dans "Sensation", il utilise la majuscule pour la diviniser, et dans "Ma
Bohème", elle est sa Muse, figure divine du poète. Omniprésente et synonyme de liberté
pour Rimbaud ; il est dehors, où il se sent libre (à l'exception de "Au Cabaret vert") et se
confond avec l’amour et la femme : « Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, /
Par la Nature, – heureux comme avec une femme. »