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Synthèse 1 - Les fugues, émancipations créatrices

"Ma Bohème" (étude linéaire), "Roman", "Sensation" et "Au cabaret vert"

La marche ; gure de l'errance

La marche est omniprésente dans les quatre poèmes étudiés, notamment par le
champ lexical "je m'en allais" "j'avais déchiré mes bottines" "j'irai", etc.
La marche amène la fuite, la fugue ; dans "Ma Bohème", Rimbaud fugue de chez lui, erre
sur les routes, écho fait à "Sensation" où il traîne sur les sentiers.

Les poèmes accordent une place importance à la marche, dont témoigne la place
du verbe « aller » dans de nombreux poèmes, avec une progression chronologique. « Les
Reparties de Nina » s’ouvre, en effet, sur ce verbe conjugué au conditionnel, en unissant
les amants, « nous irions », puis le « je » s’affirme : « j’irais ». Ce mouvement, encore
rêvé, imaginaire, se change ensuite en certitude, avec le choix du futur dans « Rêvé
pour l’hiver » (« Nous irons »), puis, dans « Sensation », avec la répétition de « j’irai ».
Enfin, dans « Ma Bohème », le choix de l’imparfait, « Je m’en allais », « J’allais »,
marque un retour sur soi, dot la durée est accentuée, comme un souvenir ébloui de ce
temps des fugues.

La nature, inspiration créatrice

Les poèmes liés aux "fugues" de Rimbaud vont bien au-delà d’une simple
description de la nature. Elle est totalement sublimée, invoquée telle une divinité. Elle
est omniprésente pour lui, nourrit sa poésie et l'inspire. Elle joue son rôle d'inspiration
pour Rimbaud : dans "Sensation", il utilise la majuscule pour la diviniser, et dans "Ma
Bohème", elle est sa Muse, figure divine du poète. Omniprésente et synonyme de liberté
pour Rimbaud ; il est dehors, où il se sent libre (à l'exception de "Au Cabaret vert") et se
confond avec l’amour et la femme : « Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, /
Par la Nature, – heureux comme avec une femme. »

Dans "Sensation", le rôle de la nature est renforcé par le mouvement ascendant :


nous passons des « pieds », du sol, de la terre avec « les blés » et « l’herbe », à la « tête
», donc au ciel, avec la mention du « vent ». Enfin, comme dans « Ma Bohème », dans
l’exclamation du vers 4, le verbe « baigner » métamorphose l’air, « le vent », en un
élément liquide, comme s’il donnait le baptême au poète.
fi
L'imge du poète vagabond.
La marche va de paire avec le vagabondage, parce que c'est ce qui nourrit
Rimbaud. Ainsi "Sensation" est une errance dans la nature, "Ma Bohème" de même ; "Au
Cabaret vert" nous fait marquer une pause ; Le début du sonnet fait directement écho à
« Ma Bohème » en évoquant une longue marche, « huit jours » sur les « chemins », et
son résultat, « j’avais déchiré mes bottines » qui rappelle les « souliers blessés ».

Le ton du premier quatrain est prosaïque, avec la mention du lieu, illustrée


ensuite par le rejet, « … la table / Verte », et surtout, la commande passée avec
précision : « des tartines / De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. » Ce temps de
pause est mis en valeur par l’adjectif hyperbolique lancé en tête de vers, « Bienheureux
», et par la gestuelle. L’intérêt porté au décor, lui, « les sujets très naïfs de la tapisserie
», fait penser à la déclaration de Rimbaud dans « Alchimie du Verbe », extrait d’Une
Saison en enfer, ses goûts encore enfantins : « J’aimais les peintures idiotes, dessus de
portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ».

L'amour, désir adolescent


L'amour, dans "Roman" est renvoyé à une amourette d'été, quelque chose qui n'est
pas sérieux. Mis également à distance dans "Ma Bohème" où la nature a une place plus
importante qu'une femme.
"Au Cabaret vert" nous offre cependant le prisme du désir, du début de la libido
adolescente. Les détails et l'attention portées à la serveuse par l’élément physique
propre à fasciner un adolescent : « la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs ». C'est la
naissance du désir, concret et présent.

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