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Q prévaut ? Il n’est déjà pas si simple de s’y retrouver à l’échelon national mais quand le niveau
européen s’intercale, on a l’impression d’être submergé. En fait, toutes ces textes sont hiérarchisés mais
pour plus de clarté nécessitent quelques définitions. Cette courte présentation n’a d’autre ambition que de
donner au lecteur quelques clés pour s’orienter rapidement au sein des données juridiques que le SNPHAR
évoque régulièrement dans ses exposés.
Le système de la hiérarchie des normes est simple et Enfin, la Cour de justice des Communautés européen-
pyramidal : la norme de niveau supérieur s’impose à nes assure le respect du droit dans l’interprétation et
celle de niveau inférieur. Une règle nouvelle doit respec- l’application du traité de l’Union. Elle assure ainsi une
ter les règles antérieures de niveau supérieur mais peut interprétation uniforme du droit communautaire.
modifier les règles antérieures de même niveau. Elle
entraîne, de façon logique, l’abrogation des règles infé- Les normes de l’Union Européenne ont une autorité
rieures contraires. supérieure à celles des lois françaises. En effet, l'arrêt
Boisdet CE 1990 affirme la supériorité des règlements
La logique veut que chaque niveau juridique inférieur communautaires sur la loi ; l'arrêt Rothmans CE 1992
dans la hiérarchie ne peut qu’améliorer la situation celle des directives, même quand elles ne sont pas trans-
telle qu’elle a été définie par les étages supérieurs… posées (arrêt Tête CE 1998). Règlements et directives
n’ont pas à faire l’objet d’une mesure d’introduction
LES 3 NIVEAUX DU DROIT COMMUNAUTAIRE en droit français. Dès qu’ils sont publiés, il s’intègrent
dans le droit français. C’est dire que la fameuse direc-
Comment peuvent s’intégrer règles européennes (droit tive européenne n° 93/104 était applicable il y a 10 ans
communautaire) et nationales au sein d’un tel disposi- déjà !
tif ? En matière de directives, la Cour de justice européenne
Le droit communautaire renvoie aux règles fixées par peut condamner l’État pour non-exécution de son obli-
les institutions de la Communauté européenne et de gation et les tribunaux français peuvent sanctionner
l’Union européenne, définies par le Traité de Rome du les mesures qui pourraient être prises par le gouverne-
25 mars 1957 et par le Traité de Maastricht du 7 février ment français et qui s’avéreraient contraires à
1992. celles prescrites par l’Union Européenne.
Le droit communautaire comprend :
LES 4 NIVEAUX DU DROIT FRANÇAIS
Les recommandations et les avis qui n’ont aucun
caractère obligatoire Ces quelques données européennes fournies, envisageons
l’articulation de ce droit communautaire avec le droit
u Le règlement qui a une portée générale et est français qui est formé de 4 blocs. Il s’agit, du niveau supé-
obligatoire dans tous ses éléments et directe- rieur au niveau inférieur, du bloc constitutionnel, du bloc
ment applicable dans tout Etat membre ; tous législatif, du bloc réglementaire et du bloc contractuel.
les règlements sont publiés au Journal officiel
des Communautés européennes. En haut de la pyramide, le bloc constitutionnel com-
prend la Constitution (celle du 4 octobre 1958 fondant
v La décision qui est obligatoire dans tous ses la Ve République), le préambule de la Constitution du 27
éléments pour les destinataires qu’elle désigne octobre 1946, la déclaration des droits de l’homme et du
citoyen du 26 août 1789 ainsi que les lois organiques
w La directive qui lie tout Etat membre destina- destinées à organiser certaines institutions de l’Etat et à
16 taire quant au résultat à atteindre tout en laissant compléter la Constitution. De façon égale, les traités fon-
aux instances nationales la compétence quant à dateurs et d’évolution de la Communauté et de l’Union
la forme et aux moyens. Les Etats membres de Européennes sont intégrés dans ce bloc puisqu’on a révisé
l’Union Européenne sont tenus de transposer la Constitution pour la rendre conforme aux traités alors
ces directives dans leurs droits internes dans les qu’en pratique ces traités sont supérieurs à la
délais prévus par celles-ci. Constitution.
LÉGISLATION
¶ Les lois ordinaires portant des règles de droit En vertu de l’art. 21 de la Constitution, le Premier
ministre dispose du pouvoir réglementaire de
¶ La décision du Président, prise en vertu de l’art. droit commun (le Président n’étant signataire que des
16 de la Constitution : acte pris par le Président décrets réglementaires délibérés en Conseil des
de la République, en cas d’interruption du fonc- ministres).
tionnement régulier des pouvoirs publics. Dans ce
cas, il peut prendre des décisions dans le domaine Et enfin les contrats et les conventions ; « les
normalement réservé au pouvoir législatif. conventions légalement formées tiennent lieu de lois
entre les parties qui les ont faites » (art. 1134 du Code
¶ La directive européenne non transposée mais civil).
parvenue à sa date d’applicabilité devient direc- Dans la hiérarchie des normes, on n’inclut pas les cir-
tement applicable. Elle peut notamment être évo- culaires qui ne s’imposent pas au juge.
quée dans un procès et appliquée par le juge.
Lorsqu’elle est transposée, c’est une loi –voire L’ASSEMBLÉE NATIONALE, LE SÉNAT ET LES LOIS
une ordonnance- qui la rend applicable.
En pratique, le Parlement (Assemblée Nationale et
¶ Le règlement communautaire qui est directe- Sénat) exercent conjointement le pouvoir législatif puis-
ment applicable dans le droit des États-membres. qu’elles doivent voter la loi en termes identiques, mais
le Sénat, au contraire de l’Assemblée nationale n’a pas
Puis, le bloc réglementaire comprenant : la possibilité de s’opposer, de manière décisive, au gou-
vernement ni sur le plan législatif ni sur celui du
¶ Les ordonnances : le Gouvernement peut, aux contrôle. Le gouvernement peut, en effet, faire préva-
termes de l’art. 38 de la Constitution, demander loir le point de vue de l’Assemblée nationale sur celui
au Parlement, pour l’exécution de son pro- du Sénat, en lui demandant de statuer seule et défini-
gramme et pour une durée limitée, l’autorisa- tivement.
tion de prendre des mesures qui sont du domaine
de la loi. Ces ordonnances sont des actes régle- D’autre part, seule l’Assemblée nationale peut obliger
mentaires jusqu’à leur ratification par le législa- le gouvernement à démissionner en votant une motion 17
teur et peuvent donc être contestées devant le de censure à la majorité absolue de ses membres.
juge administratif En revanche, le Sénat est en mesure d’opposer un veto
juridiquement insurmontable aux révisions constitu-
¶ Les décrets signés en Conseil des Ministres signés tionnelles qui n’auraient pas son accord. Le pouvoir
donc par le Président de la République législatif des deux assemblées parlementaires a été
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LÉGISLATION