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Qu'est-ce que la hiérarchie des normes ?

La hiérarchie des normes est une notion qui permet de résoudre les hypothèses de conflits de normes
de droit écrit, mais plus précisément quand il s'agit de règles de différentes natures et non le même type
de norme qui se succèdent dans le temps. Ainsi, le principe de hiérarchie des normes est une règle de
droit permettant d'assurer la cohérence juridique et de déterminer la norme applicable dans de telles
hypothèses de conflits de lois

I) La notion de hiérarchie des normes

A) Le principe

La règle de la hiérarchie des normes impose que chaque norme inférieure doit être conforme aux
normes qui lui sont supérieures, cette règle assure la cohérence juridique, car elle évite les
contradictions entre les normes de différentes natures. Cette règle a été illustrée sous la forme d'une
pyramide par le juriste austro-américain Hans Kelsen qui lui donne son nom.

Au sommet de cette pyramide de Kelsen se trouve la Constitution ainsi que le bloc de constitutionnalité
déterminé par le Conseil constitutionnel dans sa décision de 1971. Le bloc de constitutionnalité
comprend le Préambule de la Constitution, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789,
la Charte de l'environnement de 2004 ainsi que les principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République et les principes et objectifs à valeur constitutionnelle déterminés par la jurisprudence du
Conseil Constitutionnel. Ce bloc de constitutionnalité est supérieur à toutes les normes qui doivent le
respecter.

Ensuite, le second niveau est le bloc de conventionnalité, il réunit tous les traités internationaux, la
Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et la jurisprudence de la Cour
européenne des Droits de l'Homme et du droit de l'Union européenne.

Puis il y a un niveau intermédiaire, inférieur au bloc de conventionnalité constitué uniquement des lois
organiques qui sont considérées comme étant supérieures aux lois ordinaires, car une loi organique a
pour objet spécifique de préciser l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics et qu'elle est
prévue par la Constitution.
Inférieur aux lois organiques, se situe le bloc de légalité composé des lois ordinaires et des principes
généraux de valeur législative ainsi que les décrets autonomes prévus par l'article 37 de la Constitution.

La base de la pyramide de Kelsen est composée par les règlements et tous les autres actes administratifs
avec la nuance que les décrets d'application sont supérieurs aux autres actes administratifs.

Ainsi, chaque norme est créée de manière à être conforme à la norme qui lui est directement supérieure
de sorte que chaque norme respecte l'ensemble des normes qui lui sont supérieures hiérarchiquement.

B) Les dérogations

Il faut nuancer cette règle, car il est impossible qu'un traité international corresponde aux exigences de
la Constitution nationale de sorte qu'en pratique lorsqu'il existe une contrariété entre la Constitution et
le traité international ou européen, la Constitution fait l'objet d'une réforme afin de permettre
l'adoption du traité en question. Cette pratique remet partiellement en cause la réelle supériorité de la
Constitution aux traités internationaux et européens.

Ensuite, il existe une dérogation très partielle concernant le droit du travail qui, dans des hypothèses de
conflits de normes de nature différente ou non, utilise un principe de faveur pour déterminer la norme
applicable plutôt que la règle traditionnelle des conflits de lois.

II) Le contrôle du respect de la hiérarchie des normes

Pour assurer le respect de cette hiérarchie des normes, sont mis en place des contrôles permettant de
vérifier la conformité des normes avec le bloc de norme leur étant supérieur.

A) Le contrôle de constitutionnalité

Le contrôle de constitutionnalité permet de vérifier la conformité d'une norme à la Constitution et au


bloc de constitutionnalité.
Le contrôle de constitutionnalité des traités internationaux s'exerce de manière uniquement a priori
avant la ratification de l'accord international.

Le contrôle de constitutionnalité des lois s'exerce de deux manières soit a priori soit a posteriori. Le
contrôle a priori est prévu par l'article 61 de la Constitution permettant au Conseil constitutionnel de
vérifier la conformité de la loi à la Constitution avant sa promulgation. Depuis la loi constitutionnelle du
23 juillet 208, un contrôle a posteriori est possible en application de l'article 61-1 de la Constitution par
le dispositif de Question prioritaire de constitutionnalité.

B) Le contrôle de conventionnalité

Le contrôle de conventionnalité permet de vérifier la conformité des lois au bloc conventionnel. Ce


contrôle de conventionnalité n'est pas exercé par le Conseil Constitutionnel, mais par la Cour de
cassation depuis l'arrêt Jacques Vabre rendu le 24 mai 1975 et par le Conseil d'Etat depuis son arrêt
Nicolo du 20 octobre 1989.

C) Le contrôle de légalité

Enfin, le contrôle de légalité permet de vérifier la conformité des actes administratifs et des règlements
aux lois de sorte qu'il s'exerce principalement devant les juridictions administratives.

Ces différents contrôles permettent d'assurer la cohérence juridique en conservant le principe de la


hiérarchie des normes.

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