Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
<<< Juger l'administration, c'est encore une fois administrer >> cette formule du conseiller d'Etat
Henrion de Pansey dans son ouvrage De l'autorité judiciaire paru en 1827 traduit la nécessité
d'instaurer un juge spécifique encadrant l'administration dissocié juge de droit commun. En effet, la
naissance de la justice administrative résulte historiquement de la méfiance des pouvoirs publics vis à
vis des juges judiciaires. Plusieurs textes issus de la Révolution française témoignent de cette volonté,
notamment la loi du 16 et août 1790 interdisant à l'ordre judiciaire de connaître des affaires de
l'administration. Dans ces conditions, il eut été concevable que l'instance juridictionnelle
administrative échappé à l'application d'un droit commun du procès. Avec le temps, cette conception
du rôle du juge administratif a évolué il n'est plus le protecteur de l'administration mais davantage
celui des citoyens face aux abus que cette dernière pourrait commettre. Ainsi, il a aujourd'hui pour
mission de contrôler l'activité de la personne publique sans pour autant en paralyser le
fonctionnement La justice administrative dans son rôle d'encadrement de l'administration a donc
trouvé sa légitimité. Les juridictions administratives camerounaises ne sont pas en image de cette
évolution. Si juger, c'est trancher les litiges par le droit, le juge administratif dispose nécessairement
d'une sphère de compétence qui lui est propre dans le cadre du contentieux administratif.
Elles correspondent au domaine de compétence dans lequel le juge administratif intervient en raison
soit de la volonté du législateur (A), soit d'une démarche audacieuse de conquête prétorienne de sa
part (B)
Si certains de ces compétences sont classiques, d'autres par contre sont nouvelles. Ainsi, l'article 9
de l'ordonnance n° 72/06 du 26 août 1972 a fixé l'étendue de la compétence du juge administratif en
ces termes le contentieux administratif comprend les recours en annulation pour excès de pouvoir
dirigés contre les actes administratifs; les recours en indemnisation des préjudices causé par les actes
administratifs, le contentieux du contrat administratif le contentieux du domaine public le
contentieux de la police administrative Au rang des compétences nouvelles, l'on peut retenir le
contentieux des libertés publiques, le contentieux de certains opérations électorales non politiques,
le contentieux du recouvrement des cotisations dues à la CNPS, etc.
Dans certains cas, le juge administratif camerounais a, dans le silence de la loi procédé à une
extension prétorienne de sa compétence Il faut entendre par là qu'il s'est déclaré compétent pour
connaître de certains litiges qui ne lui étaient pas formellement attribuées par les textes. Il s'agit
essentiellement du contentieux de la réparation (indemnisation) des préjudices causés par les fautes
des services publics ne résultant pas d'un acte administratif
Une question accessoire est une question soulevée de façon incidente par un justiciable devant un
juge préalablement saisi d'une question ou d'un litige principal. C'est ainsi que le juge administratif
est compétent pour connaître de manière incidente du contentieux de l'appréciation de la légalité. De
même, les juges judiciaires sont compétents pour intervenir en matière de contentieux de
l'interprétation des actes administratifs.
La particularité de ce recours est qu'il peut être devant le juge judiciaire (A) mais aussi devant le juge
civil (B)
Devant le juge répressif, c'est par le mécanisme de la question préalable que le recours est exercé.
C'est une question que le juge doit examiner pour vérifier si certaines conditions requises pour
l'examen de la question principale sont réunies. Le juge pénal a la compétence pour apprécier la
légalité des actes administratifs, lorsque de cet examen dépend de la solution du procès pénal qui lui
est soumis. Le juge répressif est ainsi fondé à examiner la légalité d'un acte où d'un fait lorsqu'elle
conditionne la poursuite de l'examen de la question principale. On dit alors qu'il est juge de l'action et
de l'exception. L'on justifie la compétence de ce juge pour apprécier la légalité des actes de
l'administration par l'impératif de ne pas retarder le cours de la justice pénale. Ce qui atteste de la
plénitude de compétence de ce juge
Devant le juge civil, le recours exercé par le mécanisme de la question préjudicielle. La question
préjudicielle est celle-là qui oblige le tribunal à surseoir à statuer jusqu'à ce qu'elle ait été soumise à
la juridiction compétente. Lorsqu'il se pose devant le juge civil une question d'appréciation de la
légalité d'un acte administratif dont dépend la solution du procès civil, celui-ci doit surseoir à statuer
et envoyer la question devant le juge administratif. L'appréciation de ce dernier va ainsi conditionner
la solution finale du juge civil on dit alors que ce dernier n'est pas juge de l'action mais de l'exception,
Consacré à l'article 3 (2) de la loi de 2006 sur les tribunaux administratifs, les contentieux de l'emprise
(A) et de la voie de fait (B) sont relatifs à la protection contre les atteintes de l'administration au droit
de propriété et aux libertés fondamentales.
L'emprise est liée à la propriété privée immobilière et en constitue une atteinte. L'administration doit
avoir empiété sur une propriété privée (CFJ/CAY, n°167 du 23 mars 1971, MEDOU Gaston c/ État
fédéré du Cor). L'emprise concerne ainsi les immeubles bâtis ou non appartement aux personnes
privée. L'emprise présente trois caractères 1) l'emprise est administrative, c'est à dire quand l'acte est
posé par l'administration (critère organique ); 2) l'emprise se présente comme une véritable
dépossession provisoire ou définitive, 3) l'emprise régulière ne survient que si le titre juridique qui
privé le propriétaire de son immeuble est régulier.
La voie de fait est constituée dès lors que l'administration procède à une opération matérielle
manifestation insusceptible de se rattacher l'exercice d'un de ses pouvoirs et portant atteinte soit à
une liberté publique, soit à une propriété mobilière. La notion de voie de fait fut pour la première fois
appliquée au Cameroun par les arrêts Max KELLER (CFJ/AP, arrêt n° 8 du 16 octobre 1968) et MVE
NDONGO (CFJ/AP, arrêt n° 10 du 17 octobre 1968). Dans ce dernier cas, le préfet de la Boumba et
Ngoko avaient saisis la production cacaoyère d'un contribuable récalcitrant sans suivre la procédure
organisée par le code général des impôts.
Au rang des compétences exceptionnelles, l'on retrouve l'interprétation des actes administratifs (A),
ainsi que l'appréciation de la légalité de ces actes (B).
L'intervention des actes administratifs par les juridictions judiciaires se heurte au principe de la
séparation des pouvoirs, à l'interdiction faite à ces juridictions de connaître des actes de
l'administration. Néanmoins, les juridictions judiciaires et plus particulièrement les juridictions
répressives sont exceptionnellement autorisées à interpréter les actes administratifs.
D'emblée, il faut souligner que le contrôle de légalité consiste à apprécier la conformité des
règlements par rapport aux lois. Il faut en fait distinguer entre les juridictions répressives et les
juridictions civiles. Devant les premiers, la recevabilité de l'exception d'illégalité est
traditionnellement admise. Devant les secondes, l'exception d'illégalité n'est recevable qu'à titre
exceptionnel: lorsque le règlement porte atteinte à la liberté individuelle, et à la violation du domicile
privé où au droit de propriété.
Le contentieux de l'annulation pour excès de pouvoir est un procès fait à un acte administratif. Ce
contentieux est consacré par l'article 2(3) de la loi n°2006/022 du 29 décembre 2006 fixant
l'organisation et le fonctionnement des tribunaux administratifs Le contentieux de l'annulation ne
peut être formé que dans les hypothèses limitativement énumérées. Il s ‘agit de l'incompétence, du
vice de forme et de procédure, de la violation de la loi et du détournement de pouvoir Le contentieux
de la responsabilité, quant à lui, se pose en termes de réparation pesant sur l'administration lorsque
ses activités causent un préjudice à un administré. En effet, selon l'article 2(3) (b) de la loi n°
2006/022 du 29 décembre 2006, les juridictions administratives connaissent des actions en
indemnisation du préjudice causé par un acte administratif
– L'incompétence c'est quand l'autorité qui a agi n'était pas légalement habilitée à prendre l'acte. Ce
vice entraine automatiquement l'annulation de l'acte. On recense l'incompétence rationae personae
dont les exceptions sont en période normale l'idée d'apparence où d'investiture plausible, et en
période de crise c'est la nécessité de la continuité du service public.
- Le vice de forme et de procédure c'est un vice qui porte soit sur la forme de l'acte, c’est-à-dire sur
les éléments relatifs à la date, au visa, à la motivation et davantage à la signature, soit sur la
procédure de l'acte, à savoir le lieu d'élaboration, et le cas échéant la consultation et la contradiction
- La violation de la loi c'est la contrariété entre actes juridiques de niveaux différents, l'agissement en
dehors d'un cadre légal, la mauvaise application de la loi, l'erreur de droit et l'erreur de fait.
- Le détournement de pouvoir intervient quand une autorité administrative utilise ses pouvoirs pour
des fins autres que celles prévues par le texte en vertu duquel il agit.
Par ailleurs, le contentieux de l'annulation pour excès de pouvoir présente trois caractéristiques:
Le recours formé dans le cadre de ce contentieux est d'ordre public, car les administrés ne peuvent
renoncer ni à l'exercice du recours ni au bénéfice de la chose jugée
- C'est un contentieux objectif, c'est à dire qu'à l'appui d'un recours seuls sont invocables des moyens
tirés de la violation d'un droit objectif violation d'une norme constitutionnelle, législative,
jurisprudentielle cette objectivité emporte comme conséquence Autorité absolue de la chose jugée.
Le recours formé dans le cadre de ce contentieux est également d'utilité publique parce que la
légalité est le bien de tous, il est d'intérêt général qu'elle soit respectée
Quoi qu'il en soit, le juge administratif en matière de responsabilité est compétent pour connaitre
d'une part les cas de responsabilité pour faute et sans faute (A) et d'autres part les cas
d'indemnisation de la victime, pour cela, la causalité doit être établie, le cas échéant (B)
La responsabilité pour faute peut d'abord être due pour illégalité fautive de l'acte administratif
unilatéral. C'est le cas de l'incompétence, du vice de forme et de procédure, de la violation de la loi
où du détournement du pouvoir. S'il est causé un préjudice à la victime du fait de ces illégalités, le
juge est fondé non seulement à annuler l'acte en cause mais également à ordonner réparation à
l'administration. Quant à la responsabilité sans faute, elle repose sur deux fondements la rupture
d'égalité des citoyens devant les charges publiques et le risque. Dans le premier cas l'idée est
l'administration use de façon régulière des prérogatives qui lui sont conférées et cela dans l'intérêt
général, mais cet usage peut causer un dommage spécial et anormal à un administre
Le justiciable qui argue d'un préjudice doit établir que ce préjudice qui est l'effet est la conséquence
d'un fait relevant de l'administration (la cause) Par le lien de causalité, l'administration défenderesse
à l'instance est celle qui est responsable du secteur du service public dans lequel est né le préjudice.
Le fait imputé à l'administration doit être la cause directe du dommage. L'indemnisation est le moyen
par lequel le juge procède pour réparer un préjudice. Ici se pose question de la forme de
l'indemnisation, ses caractères, sa date et les intérêts moratoires qu'elle génère. Du point de vue de
la forme, en droit administratif le principe est l'indemnisation en argent. S'agissant de ses caractères,
l'indemnisation accordée à la victime a pour but la réparation intégrale du préjudice où du dommage
subi, il s'agit de réparer le préjudice, tout le préjudice, mais rien que le préjudice.
La responsabilité pour faute peut d'abord être due pour illégalité fautive de l'acte administratif
unilatéral. C'est le cas de l'incompétence, du vice de forme et de procédure, de la violation de la loi
où du détournement du pouvoir. S'il est causé un préjudice à la victime du fait de ces illégalités, le
juge est fondé non seulement à annuler l'acte en cause mais également à ordonner réparation à
l'administration.
La responsabilité pour faute peut être due pour un fait de l'administration préjudiciable à un
administré, c'est le cas notamment lorsqu'il y a dysfonctionnement du service public. Trois
hypothèses ont pu être retenues par le juge administratif à ce sujet : le défaut d'entretien normal
d'un ouvrage public, le retard dans le fonctionnement normal du service public et le mauvais
fonctionnement du service postal et des télécommunications.
La responsabilité sans faute repose sur deux fondements: la rupture d'égalité des citoyens devant les
charges publiques et le risque. Dans le premier cas l'idée est l'administration use de façon régulière
des prérogatives qui lui sont conférés et cela dans l'intérêt général, mais cet usage peut causer un
dommage spécial et anormal à un administré. La personne fautive bien que non fautive, doit rétablir
l'équilibre en réparant le préjudice. Dans le second cas, dans l'exercice de ses missions, l'Etat est
amené à exposer certaines personnes à un risque particulier. Ce risque existe de manière autonome
sans qu'aucune faute ne soit la victime à l'Etat et en cas de surveillance d'un préjudice,
l'administration à l'obligation d'indemniser la victime.
A- La causalité
Le justiciable qui argue d'un préjudice doit établir que ce préjudice qui est l'effet est la conséquence
d'un fait relevant de l'administration. Par le lien de causalité, l'administration défenderesse à
l'instance est celle qui est responsable du secteur du service public dans lequel est né le préjudice. Le
fait imputé à l'administration doit être la cause directe du dommage. La question de la causalité est
selon le Pr Morand - Deviller qui est l'auteur du dommage? La causalité est remplacée par
l'imputabilité qui ne concernait que l'acte dommageable est entendue à l'indication de
l'administration devant pécuniairement supporter le préjudice causé. Au demeurant, le préjudice doit
être direct (résulter directement de l'activité administrative), certain (réalisé où dont la réalisation
future est inéluctable), spécial (particulier à un individu), matériel (physique où financier: pretium
doloris) où moral (préjudice esthétique, atteinte à la réputation).
L'indemnisation est le moyen par lequel le juge procédé pour réparer un préjudice. Ici se pose
question de la forme de l'indemnisation, ses caractères, sa date et les intérêts moratoires qu'elle
génère. Du point de vue de la forme, en droit administratif le principe est à pour but la << réparation
intégrale >> du préjudice où du dommage subi, il s'agit de << réparer le préjudice >>, <<< tout le
préjudice >>, << mais rien que le préjudice>>
Sujet: Le recours gracieux préalable.
D'après l'article 17 alinéa 1 de la loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006, le recours devant le tribunal
administratif n'est recevable qu'après rejet d'un recours gracieux adressé l'autorité auteur de l'acte
attaqué où à celle statutairement habilitée à représenter la collectivité publique où l'établissement
public en cause. Ce préalable à la saisine du juge administratif a une triple exigence l'information de
l'administration, la tentative de conciliation, et la liaison du contentieux
L'objet du recours gracieux préalable est subordonné à quelques exigences, d'une part l'information
de l'administration (A) et d'autres part la tentative de conciliation et la liaison du contentieux (B)
Le recours gracieux permet au moins théoriquement, à chaque partie d'exposer ses vues, de les
rapprocher à celle de l'autre partie pour si possible arriver à une solution négociée. Le recours
gracieux permet le passage de l'opposition des intérêts et de prétention qui constituent la
contestation à l'organisation du débat juridictionnel. (Exemple, l'objet du recours gracieux est
identique à celui du recours contentieux, on dit alors que le recours gracieux lié le contentieux)
Les règles applicables au recours gracieux préalable concernant les règles, celle des autorités
habilitées à le recevoir d'une part (A) et le caractère d'ordre public du recours d'autres part (B).
D'après l'article 17 alinéa 1 de la loi n°2006/022, le recours gracieux doit, sous peine de forclusion,
être formé:
- en cas de demande d'annulation dans les trois mois de publication ou de notification de la décision
attaquée,
⚫en cas de demande d'indemnisation, dans les six mois suivant la réalisation du dommage où sa
connaissance, - en cas d'abstention d'une autorité ayant compétence liée, dans les quatre ans à partir
de la date à laquelle ladite autorité était défaillante Le silence gardé par l'autorité pendant un délai
de trois mois sur une demande où réclamation qui lui est adressé constitue un rejet du recours
gracieux. Ce délai court à compter de la notification du recours gracieux. Dans le padi, le recours
gracieux préalable était adresse au ministre compétent où a l'autorité statutairement habilitée à
représenter la collectivité publique où l'établissement public en cause
Le recours gracieux préalable est un impératif à la saisine du juge administratif quel que soit le
contentieux en cause. Cette impératif prescrit par la loi, est régulièrement rappelé par la doctrine et
fermement entériné par la jurisprudence Le recours gracieux est par ailleurs un moyen d'ordre public.
L'inobservation où la violation des dispositions de la loi qui l'instituent peut être soulevée d'office par
le juge sans qu'aucune des parties à l'instance ne l'ait invoquée (cf jugement n° 4 du 25 mai 1989,
ZENGUE NGOUNOU Dagobert)
Le contentieux de l'annulation pour excès de pouvoir est un procès fait à un acte administratif. Ce
contentieux est consacré par l'article 2 (3) de la loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006 fixant
l'organisation et le fonctionnement des tribunaux administratifs. Le contentieux de l'annulation ne
peut être formé que dans les hypothèses limitativement énumérées. Il s'agit de l'incompétence, du
vice de forme et de procédure, de la violation de la loi et du détournement de pouvoir.
L'incompétence: c'est quand l'autorité qui a agi n'était pas légalement habilitée à prendre l'acte. Ce
vice entraîne automatiquement l'annulation de l'acte. On recense l'incompétence rationae personne
dont les exceptions sont en période normale l'idée d'apparence où d'investiture plausible, et en
période de crise c'est la nécessité de la continuité du service public.
La violation de la loi: c'est la contrariété entre actes juridiques de niveaux différents, l'agissement en
dehors d'un cadre légal, la mauvaise application de la loi, l'erreur de droit et l'erreur de fait.
Le détournement de pouvoir intervient quand une autorité administrative utilise ses pouvoirs pour
des fins autres que celles prévues par le texte en vertu duquel il s'agit. Le but doit être l'intérêt
général déterminé.
Ces recours sont au nombre de deux. Le recours formé dans le cadre de ce contentieux est d'ordre
public, car les administrés ne peuvent renoncer ni à l'exercice du recours ni au bénéfice de la chose
jugée. S'agissant du recours formé dans le cadre de ce contentieux est également d'utilité publique
parce que la légalité est le bien de tous, il est d'intérêt général qu'elle soit respectée.
Toute saisine de la juridiction administrative doit être précédé par l'existence d'une contestation (A)
et l'exigence d'un recours gracieux préalable (B) L'on parle ainsi de la procédure administrative
précontentieuse.
contestation se justifie parce que le juge ne donne pas de consultation. S'il est saisi, c'est parce
qu'une difficulté est née soit de l'application du droit, soit de l'action administrative l'origine de toute
contestation il y a un doute. Le doute doit porter sur une situation juridique ou sur un intérêt
quelconque qui doit être protégé. Pour que ce doute soit pris en compte, il doit se matérialisé sur un
fait régi par le droit, il devient juridique. La contestation est le fait générateur de la condition exigible
du recours gracieux préalable.
D'après l'article 17 alinéa 1 de la loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006, le recours devant le tribunal
administratif n'est recevable qu'après rejet d'un recours gracieux préalable adressé à l'autorité auteur
de l'acte attaqué où à celle statutairement habilitée à représenter la collectivité publique où
l'établissement public en cause. Le recours gracieux préalable soulève deux traits importants à savoir
son objet et les règles qui lui sont applicables. L'objet du recours gracieux préalable à une triple
dimensions, l'information de l'administration, la tentative de conciliation et la liaison du contentieux.
Quant aux règles applicables au recours gracieux préalable, concernent les règles de délai, celle des
autorités habilitées à le recevoir et le caractère d'ordre public du recours gracieux préalable.
Après satisfait aux préalables de l'existence d'un litige et de l'existence d'un recours gracieux
préalable, le justiciable insatisfait par la réponse ou le silence gardé par l'administration pendant délai
de trois mois à compter de la notification du recours gracieux doit se tourner vers le juge
administratif. Pour cela, il lui est exigé un certain nombre de conditions qui touchent directement à sa
personne (A), mais aussi à sa recours (B).
Trois conditions cumulative sont exigées au requérant pour saisir le juge administratif. Il doit avoir
d'abord la capacité c'est à dire que le requérant doit être capable. S'il est une personne physique, il
doit posséder la capacité physique, juridique et morale. En suite, le requérant doit avoir un intérêt
pour agi, c'est à dire une condition générale de recevabilité de l'action, un espoir de gain pécuniaire
où moral. Celui-ci peut être, direct et personnel, matériel ou moral. Enfin, le requérant doit avoir une
qualité et cette qualité consiste dans l'affirmation d'une aptitude à agir pour défendre un intérêt lésé
par l'administration. La qualité est donc le titre juridique dont le requérant se prévaut pour agir en
adressant sa requête contentieuse au juge.
Les conditions relatives au recours contentieux sont encore qualifiées d'objectives. Elles précisent les
éléments de forme et fond de la demande en justice. Les conditions de forme sont relatives à la
présentation du recours. Il s'agit des conditions financières de recevabilité de recours, des règles de
délai et la forme écrite de la demande. Les conditions de fond quant à elles, intéressent le contenu de
la demande en justice où du recours contentieux. La requête introductive d'instance doit ainsi
contenir les noms, prénoms, profession et domicile du demandeur, la désignation du défendeur,
l'exposé des faits qui servent de base à la demande, les moyens et l'énumération des pièces
produites à l'appui de la demande (article, 36 alinéa 1).
première justification du recours gracieux préalable trouve son fondement dans le fait que celui-ci
constitue une sorte de protection précontentieuse de l'administration. La seconde justification réside
en ceci que le recours gracieux préalable représente un atout non négligeable pour le requérant et le
juge. Par le recours gracieux préalable, le requérant informe l'administration de l'imminence d'une
action en justice contre elle. Il lui demande le réexamen d'une décision litigieuse faute de quoi cette
dernière pourra être éventuellement contrainte par une décision de justice. Il s'agit de la protection
non juridictionnelle de l'administration. Le recours gracieux préalable découle de l'idée selon laquelle
on ne surprend pas l'administration en justice. C'est un recours d'ordre public
Il convient ici de déterminer non seulement l'autorité adressataire du recours gracieux préalable,
mais aussi délais prescrit en la matière. S'agissant de l'autorité habilitée à recevoir le recours gracieux
préalable, l'article 17 alinéa 1 de la loi n° 2006/002 du 29 décembre 2006 fixant l'organisation et le
fonctionnement des tribunaux administratifs dispose que << Le recours devant le tribunal
administratif n'est recevable qu'après rejet d'un recours gracieux adressé à l'autorité auteur de l'acte
attaqué ou à celle statutairement habilitée à représenter la collectivité où l'établissement public en
cause>> Il s'agit donc de l'autorité auteur de l'acte attaque où de celle statutairement habilitée à
représenter la collectivité où l'établissement public en cause.
L'atténuation de la règle du recours gracieux préalable est bien une évidence dans le contentieux
administratif camerounais. Un tour d'ensemble de la jurisprudence administrative et des textes sur le
recours gracieux corrobore cette affirmation. Il existe en effet deux catégories d'exceptions à la règle
du recours gracieux préalable les unes découlent des dispositions légales (A) alors que les autres sont
de nature prétorienne (B).
Il convient de retenir ici que dans certains cas, certains types de contentieux administratifs
n'obéissent pas, en vertu même des textes, à la règle de recours gracieux préalable. A titre
d'illustration, l'on peut admirablement mentionner au premier abord la loi n° 90/056 du 19 décembre
1990 sur les partis politiques. Cette loi énonce en son article 8 alinéa 3 que << par dérogation aux
dispositions de l'article 12 de l'ordonnance n° 72/6 du août 1972 fixant l'organisation et le
fonctionnement de la cour suprême, le refus de l'autorisation prévue à l'alinéa 2 ci-dessus est
susceptible de recours, sur simple requête devant le président de la juridiction administrative >>.
Ainsi, le refus de l'autorisation de création d'un parti politique peut donner lieu à un recours devant
le président de la chambre administrative de la cour suprême avec dispense du recours gracieux
préalable.
Il est souvent arrivé que la juridiction administrative camerounaise par surtout d'orgueil, si on peut le
dire ainsi, admettre les recours contentieux malgré l'absence du recours gracieux. L'exception du
recours gracieux préalable dans certains affaires a par ce fait même permis que l'administration soit
directement attraire en justice sans avoir au préalable arrêté sa position définitive sur la question
litigieuse, comme s'il s'agissait d'un simple particulier.