C’EST L’AVENTURE

MANU WATTECAMPS,
MARIN A L’ANCIENNE
LE TOUR DU MONDE
DE KUMBAYA

NOS TUTOS
MONTAGE D’UNE POMPE DE CALE
MANŒUVRES DE PORT
MOUILLER SANS STRESS

OU LOUER NOS ESSAIS

LIBERTIST 853 SW

CET ETE ?
PREPAREZ VOTRE CROISIERE
NAUTITECH 48
UN BAVARIA 46
D’OCCASION

✔ DESTINATIONS, PROCHE OU LOINTAINE ?

✔ OU SONT LES BATEAUX SYMPAS ?
✔ INVENTAIRE ET PRISE EN MAIN
✔ ANTIGUA ET BARBUDA :
OSEZ LES ILES DU NORD !

6,99 € - N°340 S - AVRIL 2024

BEL/LUX : 7,70 € - DOM S : 8 € - ESP/PORT CONT/IT/GRECE/ANDORRE : 8 €
- POL S : 1 200 CFP - CAL S : 1 100 CFP - CANADA : 11,99 $CAD - TUNISIE :
25 TND - MAROC : 84 MAD - SUISSE : 11,60 CHF
 L’EDITO

Un First 36 en Slovénie
vu par Bertrand Duquenne.
VOILE MAGAZINE
9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX
voilemag@editions-lariviere.fr
Vous pouvez joindre votre correspondant
en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué
Président du conseil de surveillance
Patrick Casasnovas
Présidente du directoire
S. Casasnovas
Directeur général
Frédéric de Watrigant
BERNADETTE MONTHEMBAULT/ALEA

REDACTION
Rédacteur en chef
François-Xavier de Crécy 41 00
Rédacteur en chef adjoint
Damien Bidaine 3292
Rédacteur
Paul Gury 33 46
Secrétariat de rédaction Isabelle Autissier
Laurence Corroler au cap Horn lors du Vendée
Maquette
Stéphane Machelart 33 43 Globe 1996-97.
Illustrations Seule.
Laurent Hindryckx 56 60
Ont collaboré à ce numéro
Adrien Dartig, Bertrand Duquenne, Olivier Péretié, Pierre-Yves Poulain,
Sidonie Sigrist, François Van Malleghem

WWW.VOILEETMOTEUR.COM

Solitaires ?
André-Bernard Vidie 56 36
Sherine Lefébure
PUBLICITE
Directeur de publicité
Laurent Lallier 33 42
Chef de publicité Méditerranée
Manon Pirotte 34 31
Assistante : Manon Roger 33 40

C
e-mail : pubvoile@editions-lariviere.fr lap de fin sur l’affaire Crémer. sujets abordés. Et à la rigueur, rien ne vous
SERVICE DES VENTES Crémer contre Crémer, diront les empêche de laisser votre équipe à terre
(réservé aux diffuseurs et dépositaires)
Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 cinéphiles facétieux*, tant le couple veiller sur les paramètres du bateau
PROMOTION DES ABONNEMENTS
Carole Ridereau : 33 48
de marins incriminé a frôlé – force et angle du vent, vitesse, tension
Abonnements et Vente
Par Correspondance
la correctionnelle… Oui, disons-le, Clarisse dans le gréement – pendant que vous vous
Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr
Service abonnements, Voile Magazine,
Crémer et Tanguy Le Turquais s’en sortent reposez… De toute évidence, la course
45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex bien (voir p. 22). A titre personnel je m’en autour du monde en solitaire, sans escale
TARIFS ABONNEMENTS
France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement réjouis, tout en comptant sur eux pour avoir et sans assistance, s’est laissée déborder
versions papier + numérique : 146,34 €
Tarifs 2024, prélèvements mensuels : 6,95 € le triomphe modeste. Le procédé consternant par la technologie. La première réaction de
Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79
ou abo.lariviere@ediis.fr dont ils étaient victimes a sans doute joué l’organisation a été d’évoquer une « boîte
Directeur de la publication en leur faveur : sanctionner Clarisse, c’était noire » enregistrant tous les échanges, à
et responsable de la rédaction
Patrick Casasnovas quelque part légitimer et donc encourager prévoir pour l’édition 2028 – c’est bien tard.
Impression :
Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne
la délation anonyme, ce que personne Et si, plutôt que d’ajouter un machin
Diffusion MLP
« Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier :
ne souhaite. Pas question de faire naître supplémentaire à des IMOCA déjà bardés
Allemagne. Taux de fibres recyclées : 63 %. Certification :
PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,003 kg/tonne »
de nouvelles vocations de corbeau dans d’électronique, on revenait plutôt au Vendée
Printed in France - Imprimé en France ce milieu de la course au large qui apparaît Globe des origines ?
Voile Magazine
est une publication des Editions Larivière, à cette occasion sous un jour peu glorieux. Rêvons un peu… Des bateaux déconnectés,
SAS au capital de 3 200 000 €. Dépôt légal, 1er trimestre 2024
Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. C’est d’ailleurs le deuxième facteur qui a joué ou plutôt connectés via un canal unique
Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884.
CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. pour eux : il fallait mettre un point final passant par le comité de course qui filtre et
à l’affaire au plus vite, passer à autre chose. laisse intervenir les équipes quand c’est vital.
Tant mieux pour l’IMOCA, tant mieux pour Des marins qui vivent vraiment leur course
le Vendée Globe. en solitaires et retrouveront leurs proches
Mais toutes les questions restent sur la table. à l’arrivée ; qui partent sur un IMOCA dont
L’affaire a notamment mis en évidence ils maîtrisent la technicité, sans avoir besoin
les fameuses zones grises qui environnent d’appeler un ingénieur dès qu’un voyant
la notion d’assistance sur des IMOCA plus rouge s’allume quelque part. Ce qui, soit dit
Siège social : 12, rue Mozart,
92587 Clichy cedex, France.
Tél. : 01 41 40 32 32.
connectés que jamais. Vous pouvez en passant, simplifierait peut-être la sélection
INCORPORANT demander un tuto détaillé pour réparer des prétendants à l’Everest des mers. De là
le moteur, mais pas vous en laisser compter à imaginer une sorte de Golden Globe Race
sur la grosse dépression qui arrive. Appeler sur IMOCA, sur des bateaux à dérives
vos proches trois fois par jour si ça vous décarbonés… et après tout, pourquoi pas ?
chante, mais rester en contrôle total des François-Xavier de Crécy
*Kramer contre Kramer, Robert Benton, 1979.
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 3
58. Location : de la prise en main aux premières
F.-X. DE CRECY

F.-X. DE CRECY
PAUL GURY

32. Confidences 46. Nautitech 48 : 114. Pompe de

d’un oiseau du large : en croisière, cale et accastillage
Manu Wattecamps mais avec élégance sur le Super Arlequin
 SOMMAIRE
N°340 - AVRIL 2024

ACTUS
Les potins des pontons .......................................................................10
Le club du mois...........................................................................................18
La Gazelle en bulles ................................................................................20
Course et régate........................................................................................22
Arkea Ultim Challenge.........................................................................24
Le journal du littoral..............................................................................36
Les lecteurs ont la parole..................................................................40

RENCONTRE
Manu Wattecamps Confidences d’un bourlingueur.......32

MATOS
Tests équipement Bottes Zhik, gants Gill ...............................44

ESSAIS
Quelques bords à bord
Nautitech 48 Open.....................................................................................46
Libertist 853 SW ...........................................................................................52

DOSSIER
Location Destinations, proche ou lointaine ?.......................58
Enquête Où louer un bateau sympa ? ......................................70
Prise en main Le guide du locataire ...........................................74
Premières manœuvres .......................................................................80
Premiers mouillages .............................................................................86
F.-X. DE CRECY

NAVIGUERDURABLE
Méditerranée : Posidonie : levons l’ancre ! ..........................94

manœuvres CROISIERE
Antigua et Barbuda Les Antilles sauvages..........................98

PARTIR
Témoignage : Kumbaya autour du monde.....................108

REFIT
Saison 2, ép. 2 : Travaux d’hiver et variés ..........................114

OCCASION
Une occasion mise à nu Bavaria 46 Cruiser ....................120
F.-X. DE CRECY

Retrouvez-nous sur

52. Libertist 853 SW : Abonnez-vous, page 125

ou sur le site www.editions-lariviere.fr
foiler, habitable et repliable… Le prochain numéro de Voile Magazine
un trimaran à tout faire ! sortira en kiosque le 12 avril 2024

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 5

ACTUS
LES POTINS DES PONTONS

BENOIT TUDURI

Sur la Route
du Pardon
Vous vous en souvenez peut-être, la dernière Solitaire du Figaro avait été
secouée par deux affaires de tricherie présumée dont les protagonistes
avaient été disqualifiés, puis lourdement sanctionnés par la Fédération.
Mais l’un de ces deux coureurs, Benoît Tuduri, ne veut pas rester sur cette
sortie de route. L’automne qui a suivi cette malheureuse affaire, il était
certes à deux doigts de raccrocher son ciré et de vendre son bateau. Puis
le temps a passé et après quelques mois de recul et de réflexion, il a pris
une autre décision. Ayant eu connaissance de la route commémorative
lancée par Daniel Doizé, de la Fédération internationale des gens de mer,
il a eu l’idée de lui donner un double sens. Son nom ? La Route du Pardon.
Un triangle atlantique de 9 000 milles en mémoire des victimes de la traite
négrière au départ de Saint-Malo. L’épreuve telle qu’elle est conçue laisse
une grande liberté aux navigateurs : avec ou sans escales, en solitaire ou en
équipage. Seuls sont imposés le parcours et la date de départ : il faut laisser
l’île de Gorée, au large du Sénégal, puis la Martinique et la Guadeloupe
à tribord avant de rentrer à Saint-Malo, et partir entre le 21 et le 28 mars
2024. L’idée n’est pas d’établir un record mais d’annoncer son temps avant
de partir : le vainqueur sera celui qui collera le mieux à ses prévisions. Avec
un enjeu financier à la clé, puisque la bourse de 10 000 € offerte à chaque
équipage participant sera amputée de 1 000 € par 12 heures de différence
entre le temps estimé et le temps réalisé. Benoît Tuduri, qui a remis à l’eau
son Figaro 3 le 27 février dernier, s’élancera en solo et sans escale. Il table
LUDOVIC FRUCHAUD

sur 48 ou 49 jours de mer et a préparé son bateau en conséquence – en

toute discrétion –, l’équipant d’un dessalinisateur manuel et d’un peu de
confort. Mais cette Route du Pardon, dont il s’est fait un objectif personnel,
reste un sacré défi sur un bateau aussi peu adapté au grand large.

LIVRE TRANSPORT MARITIME

Heureux qui comme Explore Le fret autrement

Le fonds de dotation Explore créé
par le navigateur Roland Jourdain
Grain de Sail II est parti le 15 mars de Saint-Malo, pour sa première
fête ses 10 ans et présente les traversée transatlantique. Arrivée prévue à New-York le 1er avril. C’est la
explorations qu’il a permises dans première fois qu’un cargo à voile de cette taille (52 m, 1 500 m2 de surface
un recueil de dix contes écologiques. de voiles au portant et 600 tonnes de marchandises) effectue une rotation
Heureux qui comme Explore, écrit entre l’Hexagone, les Caraïbes et New-York. Il est ainsi tout un symbole
par Cécile Peltier et illustré par qui prend la mer pour cet armateur français qui depuis quatre ans a
Antoane, est librement inspiré des résolument pris le cap de l’innovation et d’une mobilité plus douce, et moins
aventures vécues par les explorateurs importante des marchandises à travers l’Atlantique. L’équipage pionnier
du Nomade des Mers, d’Under the composé de sept marins sera mené par le capitaine Yann Jourdan.
Pôle, de Plastic Odyssey ou encore
Captain Darwin. C’est aussi l’histoire Une goélette
de tout une odyssée d’intérêt général marchande de 52 m :
initiée par Sophie Jourdain Vercelletto alternative crédible !
et Bilou en 2013, menée par des
explorateurs d’un genre nouveau.
Autant de passionnés qui rêvent
d’un monde plus durable. Les dix contes nous invitent ainsi à bord du We Explore
pour mener une réflexion sur un cap alternatif. « Cet ouvrage illustre les réflexions
GRAIN DE SEL/EASYRIDE

que l’on a depuis toujours chez Explore, sur la manière de représenter la notion
d’exploration, la nécessité de changer de paradigme et d’accompagner les
transitions qui nous attendent en s’adressant au plus grand nombre. Cet objet
culturel peut rassembler les générations autour de sujets qui nous concernent tous ».
Cécile Peltier, Antoane, Ed. Locus Solus, 14,90 €

10 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 enbref…
CALENDRIER
Correction du calendrier publié
dans le dernier numéro : le Spi
Ouest France se tiendra du 28 mars
au 1er avril à La Trinité-sur-Mer et
la Merlucup, inspirée par la mythique
régate brestoise des 4ventsCup,
se déroulera les 14 et 15 septembre
à La Rochelle.

RUBI’S CUP
L’ouverture
des inscriptions
à la Rubi’s Cup
2024, du 28
au 30 juin
prochain, est
imminente ! Et on rappelle que
le nombre de place à Port-Tudy
est limité… Le formulaire d’inscription
en ligne est ci-dessus.

RALLYE
Echanger, partager, s’informer,
conseiller… Voilà les objectifs de
cette tournée Rallye des Iles du Soleil
2024 qui passera par Le Crouesty
(22 mars et 1er novembre), La Grande
Motte (début avril), Saint Malo
(27 avril), Cannes (13 septembre)
et La Rochelle (début octobre).

Benoît Tuduri, hors course,
se lance dans un triangle atlantique
de 9 000 milles sur son Figaro 3.
SCIENCES
INDUSTRIE
Le groupe tchèque PPF a annoncé,
jeudi 29 février, avoir finalisé
l’acquisition du constructeur
de catamarans Privilège Marine,
installé aux Sables d’Olonne.
SALON
Le salon à flot de La Ciotat,
les Nauticales, se tiendra du 20
au 25 mars. En guise de parrain,
le couple de voyageurs Philippe
Poupon et Géraldine Danon, cette
dernière étant la réalisatrice du film
Flo, biopic inspiré de la vie de
Florence Arthaud, lequel sera projeté

L’Océan des possibles le jour de l’ouverture au cinéma

l’Eden et suivi d’une rencontre débat.

La ligne d’horizon,
unique limite d’un équipage
scientifique engagé.
SNSM
En 2023, les Sauveteurs en Mer ont
réalisé plus de 7 000 interventions,
secourant 10 000 personnes en mer,
un chiffre stable. La teneur des
interventions est inchangée :
avaries (moteur, électrique, système
de barre, ruptures de mouillage)
et échouements liés à une
méconnaissance de la cartographie.
76 % des interventions concernent
des plaisanciers.

PEN DUICK
Qu’on se le dise : l’association
Eric Tabarly recherche actuellement
DR

trois volontaires en service civique

Beau bateau, beau projet, et un nom qui sonne comme
une invitation au voyage ! L’Océan des possibles, c’est la
concrétisation d’un rêve : proposer aux équipes scientifiques
un navire océanographique qui soit à la fois un outil
largement décarboné et un laboratoire performant. Tout en
travaillant non pas en vase clos, mais en interaction constante
avec les populations locales. La première étape consistait
à trouver un bateau : c’est chose faite depuis le 15 décembre,
date d’acquisition par l’association d’une formidable goélette
en acier de 24 m, Patriarch. Reste à la reconditionner à embaucher pour six mois.
entièrement pour pouvoir proposer 12 cabines et trois Ces trois jeunes compléteront
laboratoires bien équipés, à le doter d’un treuil capable les équipages de Pen Duick, ainsi
que des Pen Duick II et V pendant
de descendre des appareils de mesure dans les grands fonds, toute la saison, de début avril
etc. La première mission, qui devrait commencer en fin à fin septembre.
d’année, emmènera l’équipe sur les côtes malgaches Ecrire à assotabarly@gmail.com
où le Patriarch devrait passer trois ans. Une sacrée ou appeler au 02 97 83 72 64.
aventure… Renseignements : www.loceandespossibles.com
ou 06 28 95 10 34.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 11

ACTUS LES POTINS DES PONTONS

enbref…
REFIT
PROJET WATTER Un groupement d’entreprises
spécialisées dans le refit et la

L’énergie dans le vent

L’énergie éolienne en mer : on en
rénovation de bateaux a ouvert
un pôle de compétences
à Canet-en-Roussillon.

parle, mais qui a vraiment fait le tour VOILE OLYMPIQUE

de la question ? Des choix La Fédération française de voile
publie la première édition d’un livret
techniques à l’acceptabilité sociale sur la voile olympique faisant le lien
en passant par l’efficience entre le programme scolaire du
économique réelle, les effets de bord cycle 3 (CM1, CM2, 6e) et la voile
environnementaux ? C’est cet état aux Jeux olympiques.
des lieux de l’éolien en mer que
FRERES DE LA COTE
proposent Benjamin Catry (ENSTA
Cette confrérie maritime mondiale,
Paris), Louis Denonnain (ESA), née au Chili en 1951, reste très
Noémie Besserve (ESA) et Sophie implantée dans le milieu nautique
Gambier (Agro ParisTech), quatre avec son jargon et ses traditions.
étudiants et jeunes diplômés qui Elle défend une certaine idée de la
ont commencé par aller interroger mer et de la voile, tout en favorisant

des élus, des industriels et des
ingénieurs avant de passer à l’étude
de terrain. Car l’éolien maritime,
ça s’étudie en mer ! L’équipage
du Projet Watter, c’est son nom,
partira donc fin mars pour une
tournée européenne qui passera
par la Belgique, les Pays-Bas,
l’Allemagne, le Danemark,
EVENEMENT
DR
Un équipage très motivé par la navigation et par leur sujet d’étude.
la Norvège, puis les îles Shetland sur plan Joubert qui a été ramené
et l’Ecosse avant un retour mi-août de Mâcon jusqu’en Morbihan
par la mer Celtique. par voies fluviale et maritime,
Le bateau ? Ce sont nos amis de et qui est en train d’être entièrement
l’association Passe-Coque qui leur réhabilité. Et il ne s’agit pas de
ont trouvé. Il s’agit de la Rêveuse, lambiner, la mise à l’eau est prévue
un Damien 40 construit chez Meta pour le 19 mars !
EQUIPEMENT
la solidarité et l’hospitalité entre
marins. Les Frères de la Côte vont
aussi désormais décerner un prix
littéraire maritime dans deux
catégories, les romans et les récits.
Ce prix sera présenté à Escale
à Sète fin mars, puis décerné
aux Automn’halles, la grande fête
du livre sétoise qui se tiendra
du 25 au 29 septembre prochain.
VENDEE VA’A
La course internationale de pirogues
polynésiennes en haute mer réunit
chaque année des compétiteurs

Parade classique Support solaire venus des quatre coins du monde

sur le Bassin
Début mai, Les escales du Bassin rassembleront
les voiliers anciens et classiques de l’association
organisatrice APTRA tels que bacs à voiles, canots mixtes,
Monotype, Loup, Dragon, Bélouga, Pacific et autres
pinasses du bassin d’Arcachon. Cette flottille hétéroclite
voguera de port en port, faisant escale dans les différents
ports du bassin. Une
façon très vivante de
mettre à l’honneur la
plaisance traditionnelle
qui attire et fédère un
public toujours très
large. Une centaine
d’embarcations est
attendue du 8 au
12 mai. programme
complet lacabaneajean.
wordpress.com
SPORTOUERE
La société de Saint-Malo Seatronic, spécialisée
dans la gestion de l’énergie à bord, présente
une nouvelle gamme de panneaux solaires
livrés avec différents supports adaptables sur
structures tubulaires (portique ou balcon). Les
panneaux sont alors inclinables afin de suivre
l’astre et d’augmenter leur capacité de charge.
Le kit sur balcon permet une inclinaison à 360°
sur les deux axes, celui sur portique à +/- 60°.
A partir de 252 €, panneau solaire inclus.
aux Sables d’Olonne se tiendra
du 8 au 11 mai.
ANNIVERSAIRE
SamBoat, créé en 2014 par deux
jeunes Bordelais, Laurent Calando
et Nicolas Cargou, fête aujourd’hui
ses 10 ans. La société de location,
qui fait désormais partie du groupe
français Dreams Yacht Worldwide,
commercialise près de 50 000 voi-
liers, catamarans et bateaux à moteur
dans plus de 1 400 destinations
autour du Globe.
PORTS
La start-up WA Concept cherche à
inciter les usagers des ports de plai-
sance à adopter des comportements
plus éco-énergétiques. Cela passe
par le réemploi d’équipements
en rénovant l’existant à performance
équivalente. Une des solutions
proposées consiste à rénover les
bornes portuaires et à les optimiser
en les dotant d’une technologie
connectée. Tout en limitant l’impact
carbone et le coût d’une rénovation
à neuf de ces équipements, la start-

Polaires responsables up offre la possibilité aux ports de

se moderniser et aux plaisanciers
d’adopter des habitudes
Nohé est une polaire en matière recyclée fabriquée au Portugal et de consommation écoresponsable.
acheminé à Lorient, sur l’Ocean Fifty de Laurent Bourguès. Une façon
pour le skipper et la marque de passer un message sur les enjeux EXPO PHOTOS
Plus que deux semaines pour
climatiques : localiser une production sur le continent où elle sera
découvrir les grands tirages photo-
commercialisée, s’assurer une logistique moins impactante pour la graphiques de notre collaboratrice
planète. Si un Ocean Fifty n’est pas adapté au transport de marchandise, Cécile Hoynant qui expose à l’espace
il garantit une livraison express : compter 2 à 3 jours de Porto à Lorient. Terre Marine de Trégunc (29).
Polaire Nohé, 195 € en précommande sur www.nohe-wear.com

12 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ACTUS LES POTINS DES PONTONS

FRANCK GAZZOLA
UNDER THE POLE

Cap sur la Grèce pour la goélette Why

Depuis 2010, l’équipe Under The Pôle enchaîne les expéditions, sous les glaces
polaires comme son nom l’indique puis aux Canaries, aux Antilles et en Polynésie
à bord de la goélette Why. Cette dernière vient de quitter son port d’attache,
Concarneau, pour de nouvelles aventures qui vont la conduire en Grèce,
puis en Italie et en Méditerranée française avant de repartir vers les tropiques.
Le sujet à l’étude est toujours sous-marin, il s’agit plus précisément de la zone
mésophotique, c’est-à-dire littéralement celle où il y a peu de lumière – mais
qui n’est pas non plus condamnée à l’obscurité des abysses. Dans ce clair-obscur
des 30 à 200 m de fond, selon la turbidité des eaux, règne une biodiversité
largement sous-estimée par le passé, redécouverte et réévaluée par les
précédentes expéditions d’Under The Pôle. En Polynésie et ailleurs, il est apparu
que des corails récifaux et des gorgones, qui souffrent cruellement du
réchauffement des eaux de surface, se développent bien dans la zone des 40
et 60 m et forment ce que les scientifiques de l’expédition appellent désormais
des « forêts animales marines ». Un biotope à peu près inexploré à découvrir
et à documenter afin de permettre ensuite sa protection : c’est le programme
Deep Life, dont la direction scientifique est assurée par Laetitia Hédouin
et Lorenzo Bramanti, du CNRS.

ROUTE DU RHUM 2022 SALON NAUTIQUE

Une tragédie évitable Du beau monde

Le 17 février dernier, le BEA
Mer a rendu son rapport
définitif sur le tragique
à Arcachon
accident – le chavirage
La 9e édition du Salon
du bateau accompagnateur
nautique d’Arcachon
Coralia – ayant conduit
se tiendra du 19
au décès de deux membres au 21 avril. Plus de
de l’organisation OC Sport 400 bateaux neufs
Pen Duick, François Naveilhan et d’occasion sont
attendus quai
PILPRE ARNAUD

et Alex Picot, à l’arrivée

de la Route du Rhum 2022. du Commandant
Plusieurs anomalies ont ainsi Silhouette ainsi que
été pointées du doigt dans ce de nombreux
L’arrivée de la Route du Rhum 2022, endeuillée par la équipementiers. Le
compte rendu… En premier
noyade de deux membres de l’organisation de la course. trois-mâts le Français,
lieu, il apparaît que le Coralia
ne correspondait pas au cahier des charges établi par la Région Guadeloupe dans son appel de 47 m de long, et le
d’offres public et qu’il « n’était pas autorisé à naviguer de nuit ». Enfin, il invoque également brick de 34 m Phoenix,
le manque d’expérience du jeune capitaine. Celui-ci « a (…) été confronté à une situation construit en 1929 au
qu’il ne pouvait parfaitement appréhender au regard de son expérience et de sa formation ». Danemark, seront les
Il avait 10 mois d’activité « pour une navigation de jour et en eau calme » et « c’était la première deux invités d’honneur de ce salon printanier.
fois qu’il était confronté à une navigation de nuit sur le Coralia ». OC Sport Pen Duick, qui De nombreuses activités sont proposées aux plus jeunes.
s’est constituée partie civile, attend désormais les conclusions de l’enquête judiciaire en cours Entrée : 10 €, tarif réduit à 5 €, gratuité pour les enfants
afin que toute la lumière soit faite sur ce drame dont ses collaborateurs ont été victimes. de moins de 5 ans. Tarif famille : 25 €.

14 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ACTUS LES POTINS DES PONTONS

F.-X. DE CRECY
SALON DU MULTICOQUE

Rendez-vous à La Grande Motte

Le Salon du multicoque, lancé par Frédéric Morvan et
Philippe Michel en 2010, a été cédé par ses
fondateurs et repris par la Fédération des industries
nautiques qui organise donc sa première édition
du 3 au 7 avril prochain. Une première donc, mais
pas de révolution en vue. Le site et la physionomie
du « Multihull Show » sont les mêmes, avec
un espace à terre pour les équipementiers et les
services, et des pontons bien garnis. 150 exposants
présenteront 58 bateaux. Parmi eux, 11 sont des
« power cats », donc des bateaux à moteurs, et sept
font plus de 18 m. Une montée en gamme dont se
félicitent les professionnels, mais qui intéresse
moins les particuliers. Ces derniers auront peu
de nouveautés de moins de 40 pieds à se mettre
sous la dent, à l’exception notable du Libertist 853
(p. 52) et de l’Aventura 37 présenté dans une version
Day-Charter. Donc plutôt pour les professionnels.

MUSTO SNSM

Un ensemble Le voyage d’Heidi

hauturier blindé !
Contrairement à des vêtements de mer classiques, la
Fin janvier, le canot tout temps
de la station SNSM de
Saint-Guénolé était alerté
Le voilier démâté
a dérivé trois mois.

gamme MPX Impact souhaite offrir aux marins une par un pêcheur signalant la
protection efficace contre les blessures liées aux chocs et présence au large d’un voilier
aux frottements grâce à la technologie de pointe dite D3O démâté à la dérive, sans signe
déjà utilisée en Formule 1 pour protéger les pilotes. Des de vie à bord. Pris en charge
plaques de protections en D30 sur mesure sont intégrées et ramené au port, le Heidi,
sous la membrane Gore-tex du ciré au niveau des genoux, qui avait visiblement dérivé
des hanches et des coudes. Souples, légères, discrètes pendant longtemps, restait
et résistantes à l’eau, elles ont été recouvertes d’un film une énigme. Mais une rapide enquête a permis de retracer ses 500 milles de dérive sans équipage.
résistant aux frottements et découpé au laser afin d’offrir C’est le 2 novembre en effet que son skipper, blessé suite au démâtage du bateau en pleine
une protection sur le pont sans impacter les propriétés tempête Ciaran, était pris en charge par un pétrolier. Abandonné en mer, Heidi a tracé sa route
respirantes du tissu. Un test grandeur nature a été réalisé et même traversé le DST d’Ouessant sans attirer l’attention. Son propriétaire, contacté, est venu
par Armel Le Cléac’h lors de l’Arkéa Ultim Challenge : le retrouver au port de Saint-Guénolé où les bénévoles de la SNSM avaient déjà asséché les fonds.
c’est validé !
Prix : 1 000 € (salopette), 1 100 € (veste).
DREAM YACHT CHARTER

Pour une gestion-location accessible

MARIN LE ROUX/POLARYSE

Pour faire face à la hausse des prix des bateaux neufs, Dream Yacht a ouvert de nouveaux
programmes d’accès à la propriété permettant l’achat en gestion locative basique en
copropriété. Le programme principal garantit un revenu à 10 % pendant 3,5 ans incluant
les coûts liés à l’assurance, l’amarrage, la maintenance et permettant aux propriétaires
de compenser les taux d’intérêts actuels plus élevés. Dream Yacht, en tant qu’entité du Groupe
Bénéteau, s’engage à relever de 1 % le revenu annuel garanti pour certains modèles neufs
de la marque Lagoon. Dans une logique d’accessibilité, on note aussi la création d’une offre
d’achat-gestion pour des bateaux d’occasion. Pour ceux qui rêvent de grandes unités, un
programme permettant d’accéder à la copropriété en gestion-location, des grands catamarans
très luxueux Samana 59 et Thira 80 du chantier Fountaine Pajot.

16 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ACTUS
LA VIE DES CLUBS

Le Super Arlequin,
navire étendard
du Voile Mag Club.

VOILE MAG CLUB

Ici, c’est votre club !

Le Voile Mag Club a été créé il y a deux ans seulement pour officialiser une relation
de 25 ans entre le journal et ses lecteurs, et pour prolonger sur l’eau les liens tissés
dans le journal. Bienvenue à bord !
PAS DE BATIMENT rutilant face ensemble en « 100 milles à bord » ou lors de l’élection Et bien sûr, à la rentrée de septembre, une grande
à la mer ni de fauteuils club, mais un voilier amiral annuelle du Voiler de l’année. L’ADN du club partie du club se retrouve pour l’élection du Voilier
évidemment, une carène élancée rouge et blanche est intimement lié au magazine, et la première de l’année, juste après le salon du Grand Pavois.
et un guidon flamboyant et tout sourire que l’on de ses activités est donc naturellement
partage aujourd’hui avec l’armada des voiliers de
nos adhérents : près de 50 ! Ce club est la réunion
la participation à nos reportages et à nos essais
en mer. Avec sa gestion collégiale (journalistes et Calendrier
de lecteurs fidèles devenus, au fil de nos lecteurs), il propose désormais à ses adhérents des 15-16 JUIN : 4 Vents Cup à Brest.
retrouvailles annuelles à La Rochelle, les amis réunions nautiques le temps d’un rallye, d’une régate, 28 AU 30 JUIN : Rubi’s Cup à Port Tudy
de la rédaction. Nous ne le répéterons jamais assez : d’un rassemblement le long de nos côtes. A Port-Tudy avec le Club nautique de Groix.
Voile Magazine s’est construit autour de ses fin juin pour la Rubi’s Cup, avec nos amis du Club 10 AU 25 AOUT : Viva Espana,
lecteurs. Vos astuces enrichissent nos dossiers nautique de Groix, en Charente pour un rallye qui navigation au départ du Crouesty
pratiques, vos navigations côtières et hauturières s’annonce animé en septembre (il reste des places !), en direction de la péninsule ibérique
nourrissent notre imaginaire, vos interrogations ou encore en Espagne, en association avec le Club avec escales à Viveiro, Gijon, Santander,
nous forcent à enquêter, et nos échanges animés nautique hoëdicais. Et la Méditerranée ? Il ne tient Getaria et Hondaribia avec le Club nautique
nous aident à juger les nouveautés essayées qu’à vous de nous proposer un petit événement. hoëdicais.
9 AU 11 SEPTEMBRE : Rallye des Pertuis
au départ de La Rochelle.
Comment nous rejoindre ? 1er AU 6 OCTOBRE : exposition
du Super Arlequin au Grand Pavois
Pas d’ostracisme au Voile Mag Club. Vous êtes les bienvenus avec ou sans voilier, avec de La Rochelle.
ou sans abonnement à la revue, avec ou sans CV nautique. Nos conditions d’adhésion :
être prêt à embarquer avec nous tout au long de l’année pour une à trois journées en mer, être 7-8 OCTOBRE : élection du Voilier
volontaire pour nous rejoindre sur nos événements avec votre voilier, avoir une folle envie de naviguer. de l’année.
Le club n’a qu’une limite : celle que chacun se fixe. Quant au Super Arlequin, il est à la disposition des TOUTE L’ANNEE : invitations aux essais
membres pour naviguer ou bricoler ! Adhésion annuelle : 20 €. Ecrire à : voilemagazineclub@gmail.com « 100 milles à bord » Voile Magazine.

18 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LA GAZELLE
EN BULLES PAR ADRIEN DARTIG

20 AVRIL 2023• •VOILE

JUILLET2024 VOILEMAGAZINE
MAGAZINE
Constructeur de la Gazelle

VOILE MAGAZINE
VOILE MAGAZINE •• JUILLET 2023 21
AVRIL 2024 21
ACTUS
COURSE

TRANSAT CIC

Les 60 ans d’une

victoire fondatrice
La redoutable Transat anglaise, rebaptisée
depuis en Transat CIC, partira le 28 avril 2024
du port de Lorient en direction de New-York
sur un parcours exigent de 3 000 milles
en Atlantique Nord. Cette 15e édition sera
aussi l’occasion de célébrer en grande
pompe les 60 ans de la victoire d’Eric Tabarly
sur Pen-Duick II. The Transat CIC sera ouverte
aux Classes IMOCA – la course est
qualificative pour le Vendée Globe 2024,
aux Class40 (13 inscrits à ce jour) ainsi
qu’aux Ocean Fifty. On retrouvera également
des catégories Vintage monocoques et
multicoques et voiliers cargos. Cette dernière
catégorie Exhibition de voiliers cargos
sera non officielle car ces bateaux peuvent
difficilement être menés en solitaire.
On se souvient pourtant d’Alain Colas, seul

DR
à la barre de son Club Med de 72 mètres
lors de l’édition 1976. Eric Tabarly, vainqueur à Newport en 1964.

SAILGP

Encore raté !
Irréguliers, à l’image de leur décevante 9e place
sur la course n°4 et malgré une belle victoire
sur la dernière manche du dimanche, les
Français échouent une nouvelle fois aux portes
de la grande finale (et du podium) à Sydney
après les Grands Prix d’Abu Dhabi et de Dubaï.
Ce sont les Australiens de Tom Slingsby qui
s’imposent pour la première fois cette saison
devant les Danois et les Néo-Zélandais.
Après ce 8e Sail Grand Prix, les Français
BOB MARTIN

remontent à la 5e place au classement général

du SailGP. Leur objectif : atteindre le top 3
pour accéder à la grande finale à 2 millions de
dollars qui aura lieu à San Francisco mi-juillet. La France a manqué de régularité pour espérer se hisser en finale lors du Grand Prix de Sydney.

CAP MARTINIQUE

Transat IRC sans escale

Après le succès de la première édition, en 2022, la Cap
Martinique, cette transatlantique sans escale dédiée aux
amateurs et ouverte aux équipages IRC, affiche déjà complet.
Ce sont 68 bateaux et 111 marins (25 solitaires et 43 doubles)
qui vont en effet prendre le départ de La Trinité-sur-Mer
(Morbihan) le 14 avril prochain pour mettre le cap vers Fort-
de-France, en Martinique, sur un parcours de 3 800 milles.
CAP MARTINIQUE

Parmi les coureurs, on retrouve près de la moitié des concurrents

de la dernière édition dont Alexandre Ozon, vainqueur en 2022
en solitaire, mais aussi des anciens de la course au large
à l’image de Jo Setten, 10e du Vendée Globe en 2001.

22 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 enbref…
OCEAN GLOBE RACE
Marie Tabarly et son
équipage, vainqueurs
En 2016, Loïck Peyron avait de la troisième étape entre
Auckland et Punta Del Este,
pris le départ de The Transat
en Uruguay, vont-ils confir-
sur Pen Duick II, mais
mer sur la quatrième
avait été contraint à l’abandon. et dernière étape de l’Ocean
Globe Race ?
Verdict à l’arrivée à Cowes
entre le 11 et le 26 avril.

RORC 600
Premier sur la ligne avec
un temps de course de 1 jour
8 heures 8 minutes et
40 secondes, le trimaran
américain Argo (un Mod 70)
remporte l’édition 2024
de la RORC Caribbean 600
et s’adjuge au passage
le classement général.

MONDIAL MIXTE 470

Camille Lecointre et Jérémie
Mion, prétendants aux JO
de Paris 2024, prennent
la 6e place du championnat
du Monde de 470 organisé à
Palma. Prochain objectif pour
les deux athlètes tricolores :

BERNARD RUBINSTEIN
un mois d’entraînement
intensif à Marseille avant
le Trofeo Princesa Sofia,
une nouvelle fois sur le plan
d’eau de Palma.

MONDIAL 49ER ET 49ERFX

VENDEE GLOBE 2020 SOLO GUY COTTEN Du 5 au 11 mars a eu lieu
le championnat du monde
Clarisse Crémer blanchie Honneur de dériveur double femmes
et hommes (49er et 49er FX)

à la jeunesse ! sur l’île de Lanzarote, aux

Canaries. Quatre duos
féminins, dont l’attelage
Ils étaient 36 figaristes dont 16 bizuts à prendre composé de Charline Picon
et Sarah Steyaert, ainsi
le départ de la 47e édition de la Solo Guy Cotten le que six équipages masculins
9 mars dernier. Parmi ces jeunes pousses, plusieurs tricolores sont en lice pour
anciens ministes accompagnés par leurs partenaires la qualification aux JO 2024.
dans ce passage en Figaro 3, à l’image de Jacques
L’OCCITANE EN PROVENCE

Delcroix (Actual) ou Laure Galley (DMG Mori). AMERICA’S CUP

Après l’annonce d’un
A noter la présence de vieux briscards comme Alexis partenariat avec Alpine début
Loison, déjà 14 participations dans le sillage février, le défi français Orient
et Martin Le Pape qui fait son grand retour sur Express est rejoint par le
le circuit mais aussi la grande première de Quentin Groupe Rebirth, spécialisé
Vlamynck, le vainqueur de la Transat Jacques Vabre dans le cyclisme.
Tout a commencé le 13 février lorsque nos collègues 2023 en Ocean Fifty. Côté parcours, des côtiers
du Télégramme et de l’Equipe annonçaient que la Fédération THE FAMOUS PROJECT
(coeff. 1,5) sont prévus aux abords de Concarneau Après une très belle 3e place
française de voile avait ouverte une enquête suite à une les deux premiers jours avant la grande course sur la RORC Caribbean 600
suspicion de triche concernant Clarisse Crémer, engagée sur de 48 heures (coeff. 5) qui devrait emmener et un entraînement intensif
le Vendée Globe 2020 et son compagnon Tanguy Le Turquais la flotte vers le raz de sein, avant un tour en mer autour de l’île d’Antigua, les
resté à terre. Quelques jours plus tôt, plusieurs messages et d’Iroise puis un retour par l’île d’Yeu. sept membres de l’équipage
captures d’écran accréditant cette thèse avaient été envoyés de The Famous Project ont
quitté les Antilles le 27 février
à plusieurs médias et à la FFV par un mystérieux délateur…
G. DEDEURWAERDER

pour leur première traversée

C’était donc à un jury international de statuer sur la véracité de l’Atlantique au féminin,
des faits reprochés aux deux coureurs en lice pour une en direction de Portimao,
qualification pour le prochain Vendée Globe. Le 4 mars, au Portugal, à bord de leur
la décision tombait : après examen attentif des éléments Mod70 The Famous Project.
présentés, le jury a conclu que Clarisse Crémer n’avait pas
LA MANDREENNE
reçu d’assistance météorologique de la part de son mari La grande régate IRC
pendant sa participation au Vendée Globe. Cette décision du Centre nautique
maintient la position de la navigatrice à la 12e place dans de Saint-Mandrier aura lieu
la compétition, avec le meilleur temps féminin enregistré les 27 et 28 avril prochains.
sur le Vendée Globe. Basile Bourgnon sera à suivre de près…

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 23

COURSE

24 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ARKEA ULTIM CHALLENGE - BREST

Caudrelier
au paradis !

Il peut exulter le grand Charles, vainqueur

ELOI STICHELBAUT

de cette première édition de l’Arkéa Ultim Challenge.

Auteur d’une course parfaitement maîtrisé à bord
d’un Ultim très fiable qui a tenu le coup malgré
de multiples avaries, le skipper du Maxi Edmond
de Rothschild est aujourd’hui au firmament de la voile
française.
Texte : Paul Gury. Photos : Vincent Curutchet.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 25

COURSE
Cette victoire, c’est aussi celle de toute l’équipe Gitana.
A BORD DU BATEAU affrété par
l’organisation de la course, tous les regards
sont braqués vers l’horizon, en direction
de ce petit trait noir qui grossit à vue d’œil.
Déchirant les nuages bas massés à l’ouest,
le Maxi Edmond de Rothschild se dirige
de toute la puissance de ses foils à l’assaut
d’une ligne d’arrivée fictive positionnée
entre le phare Saint Mathieu et la pointe
du Toulinguet. « 3, 2, 1, top arrivée de Charles
Caudrelier », crachote la VHF. A 8h37 ce mardi
27 février 2024, le skipper de Gitana 17 l’a
fait ! Il vient de remporter en patron la toute
première édition de l’Arkéa Ultim Challenge,
cette course autour du monde en solitaire
réservée aux Ultims. Au même moment,
son dauphin, Sodebo Ultim 3, est à 1 500 milles
de la délivrance : la performance est
spectaculaire ! Après 50 jours et 19 heures
Lumière matinale magique pour célébrer
l’arrivée de Charles Caudrelier à Brest.
26 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
et 7 minutes d’une course rondement menée,
le succès de l’écurie Gitana est historique.
Retour sur cette victoire majuscule.
Ils étaient six Ultims à partir du port finistérien
le 7 janvier dernier. Au bout de leurs étraves,
une circumnavigation d’une longueur
théorique de 20 600 milles d’est en ouest
par les trois caps.
UN TOUR DU MONDE
TROP ULTIME ?
Un incroyable pari pour ces multicoques
capables de traverser des océans à haute
vitesse, de dépasser les 800 nautiques par jour
mais possiblement trop fragiles pour aller
se frotter en course aux mers australes.
Un défi matériel certes mais également
humain au regard de l’exigence physique
et de la vigilance demandées par ces machines
volantes survitaminées. Charles Caudrelier, lors
de la conférence presse donnée à l’arrivée,
avouait d’ailleurs avoir frôlé la sortie de route
dans le Grand Sud : « J’ai senti le bateau partir
dans une survente mais heureusement, j’ai
réagi en un quart de seconde. Je peux aussi
remercier les systèmes anti-chavirage à poste
sur le bateau qui ont joué leur rôle à la
perfection. » La direction de course ne s’est
pas trompée en autorisant des haltes
techniques avec pénalité de 24 heures. Cette
décision originale, qui avait fait grand bruit
lors de son annonce, devait permettre aux
écuries en lice d’effectuer des réparations
tout au long de ce parcours semé d’embûches.
ALEXIS COURCOUX
La peur de neutraliser l’épreuve par faute
d’Ultims encore valides à l’arrivée était bien
réelle. Rétrospectivement, ce fut une sage
décision puisque tous les skippers sans
exception ont effectué un arrêt, voire plusieurs
au gré de leurs fortunes de mer.
Précisons que seul le Maxi Edmond
de Rothschild, qui s’est arrêté à Horta, aux
Açores, à quelques jours de l’arrivée, l’a fait
pour des raisons météorologiques. Et pourtant,
les tracas matériels ne l’ont pas épargné.
Dès les premiers jours de course, un surf non
maîtrisé à plus de 45 nœuds dans une mer
formée a eu raison de son carénage de bras
avant tribord. Heureusement, la pièce était
non structurelle, confiait-il à son arrivée :
« Guillaume Verdier a eu la bonne idée, lors de
la construction du bateau, de ne pas en faire
un élément structurel comme c’était le cas
avant mais simplement une pièce
d’aérodynamisme. Autrement, j’aurais dû jeter
l’éponge. Là, je me faisais surtout du souci
pour le potentiel de vitesse de mon trimaran. »
Cette obsession d‘atteindre les 100 % de la
polaire, du moins sur ce début de course très
serré, semble avoir été le cheval de bataille
des Ultims de tête. En effet, après un départ
au contact et une sortie du golfe de Gascogne
groupée, les speedomètres de Charles
Caudrelier, Tom Laperche et Armel Le Cléac’h
commençaient à dépasser régulièrement les
40 nœuds, leurs multicoques avalant les milles
comme on enfile les perles dans un alizé
musclé. La bataille à trois faisait rage mais très
vite, le skipper de Banque Populaire XI devait
faire escale au Brésil la faute à des problèmes
 Le tour du monde des trois premiers

TROIS QUESTIONS A L’ARCHITECTE NAVAL VINCENT LAURIOT-PREVOST

« Les évolutions viendront du plan de voilure »
Le patron du cabinet VPLP fait le point sur l’évolution

architecturale des Ultims alors que cinq des six multicoques
engagés sur l’Arkéa Ultim Challenge sont signés VPLP.
Comment expliquez-vous
la réussite sportive du Maxi
Edmond de Rothschild ?
Quelles différences affiche-t-il
par rapport aux Ultims VPLP ?
C’est un Ultim très bien conçu avec l’ambition
affirmée, dès le départ, de voler au large. Mis
à l’eau en 2017, il a eu le temps d’être
fiabilisé après une phase d’apprentissage
assez longue. Il a en plus bénéficié du savoir-
faire de Franck Cammas, de l’implication
constante de ses skippers (Sébastien Josse
puis Charles Caudrelier) et de toute l’équipe
Gitana tout en étant équipé rapidement
d’une paire de foils de deuxième génération.
La réussite du Maxi Edmond de Rothschild
est le fruit de cette maturité, de cette
fiabilisation sur le long terme. Sodebo,
Banque Pop et SVR ont, eux aussi, été pensés
pour le vol océanique. En cela, les
performances de ces quatre Ultims sont
assez proches. Lors de la descente de
l’Atlantique, on a bien vu que les vitesses
étaient similaires. Sur le plan architectural,
ces Ultims sont très proches : même dimensions
et poids identiques, et l’on retrouve ce gros
travail effectué sur l’aérodynamisme.
Comment va évoluer
l’architecture des Ultims
dans les années à venir ?
L’évolution tiendra entre autres au règlement de
la classe Ultim et à la possibilité ou non d’asservir
les foils. Coques et plateformes devraient peu
bouger dans les années à venir. Ce sont le
gréement et le plan de voilure, les éléments
propulsifs, qui sont susceptibles d’apporter des
changements majeurs. La problématique sera
aussi de trouver le bon compromis entre la taille
des foils pour voler plus rapidement, la rigidité
de la structure pour résister aux efforts
demandés par les appendices et les limites de la
cavitation à haute vitesse. Enfin, quelles seront
les aptitudes demandées aux Ultims de demain ?
Réaliser des tours du monde en solitaire en
limitant la casse ou traverser l’Atlantique à
grande vitesse, ce n’est pas le même cahier des
charges.
JEAN-MARIE LIOT
Dans les années 1990,
ces multicoques volants vous
semblaient-ils réalistes ?
C’est venu assez progressivement. L’ORMA
de Desjoyeaux à l’époque était déjà équipé
de grands foils et de plans porteurs de
safrans. Les dernières America’s Cup ont
aussi prouvé qu’il était possible de faire voler
des multicoques de 25 mètres et plus. A ce
titre, le lancement du Macif 100 en 2015 a été
une phase intermédiaire très riche en
enseignements. D’ailleurs, François Gabart,
sur ce multicoque semi-volant, un peu
conservateur dans ses lignes, est toujours
l’homme le plus rapide autour du monde
avec ce record de 42 jours…

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 27

COURSE ARKEA ULTIM CHALLENGE - BREST

de J0 (gennaker) et à un balcon avant arraché.

Commençait alors un duel rapproché dans
l’Atlantique Sud, SVR Lazartigue et Edmond
de Rothschild se rendant coup pour coup.
« C’était incroyable en termes d’intensité.
Tom Laperche m’a poussé dans mes
retranchements. J’avais le sentiment que rien
ne l’arrêtait, pas même les changements de
voiles. A l’AIS, sa vitesse ne faiblissait jamais.
On naviguait tous les deux à plus de 100 %
de nos polaires respectives en éclatant
les prévisions des routages, c’était dingue… »,
concédait Charles Caudrelier dans un
hommage appuyé au skipper du trimaran bleu
venu le féliciter sur le ponton du quai Malbert.
Le Maxi Edmond de Rothschild
a prouvé une nouvelle
ABANDON PRECOCE fois son immense potentiel.

POUR SVR LAZARTIGUE
Tom Laperche, victime d’une collision violente
au niveau du puits de dérive entraînant une
voie d’eau importante à quelques jours du
passage du cap de Bonne Espérance, a dû,
la mort dans l’âme, renoncer à l’Arkéa Ultim
Challenge. C’était alors une nouvelle course
qui débutait pour un leader confortablement
installé en tête de flotte avec comme objectif
la gestion du bateau, du marin, et l’ambition
stratégique de rester devant la première
dépression attrapée à l’entrée de l’océan
Indien. Poussé par des vents forts mais
maniables et une mer à peu près ordonnée,
Charles Caudrelier avalait l’océan Indien
à une vitesse stratosphérique. Le 25 janvier,
il coupait la longitude du cap Leeuwin après
seulement 18 jours 5 heures 44 minutes
et 5 secondes de course, établissant au
passage un nouveau temps de référence
en solitaire. Quasiment intouchable,
l’incroyable régularité du Maxi Edmond
de Rothschild portait un coup de massue
au suspense de la course. Le deuxième,
Sodebo Ultim 3, pointait alors à plus de
1 500 milles derrière. Une avance bientôt
portée à 2 600 milles dans l’océan Pacifique
ou l’équivalent en distance d’un océan
Atlantique… Le point Nemo dans le sillage, le
passage du cap Horn s’annonçait en revanche
très compliqué, la faute à un système
dépressionnaire particulièrement virulent. Sans
hésiter, la cellule de routage de l’écurie Gitana
prenait la responsabilité d’arrêter le bateau
pour laisser le mauvais temps s’évacuer. « Il
faisait grand beau même si la taille de la houle
était dingue. Je me suis mis vent arrière,
poussé gentiment vers l’est par la mer. J’en ai
profité pour faire un check complet du bateau
et pour me reposer. Je faisais 17 heures
de bricolage par jour et je dormais le reste
du temps. Ça m’a permis de bien récupérer
et de repartir sereinement pour la dernière
ligne droite. Ce fut une sage décision… ».
Le 6 février, après 30 jours et 4 heures
de course, Charles Caudrelier passait pour
la première fois de sa vie en solitaire (et
en multicoque) le célèbre cap. Mais de retour
en Atlantique, la remontée le long des côtes
de l’Amérique du Sud fut tout sauf une balade
de santé, dépressions et systèmes
anticycloniques jouant avec les nerfs d’un
marin pressé d’arriver. En refusant bêtement
(sic) de réduire la toile à temps, le skipper du
Maxi Edmond de Rothschild finissait même par
déchirer sa grand-voile au-dessus du premier
ris. Une avarie suffisamment grave pour
envisager une pause technique en Uruguay
ou au Brésil. Suite à un long échange avec
son équipe technique, la réparation fut
finalement réalisée en mer. Plus rien ne
semblait alors pouvoir arrêter la marche
victorieuse d’un attelage vivant le large
en parfaite harmonie. Avec une avance
monstrueuse sur ses concurrents, le Team
Gitana prenait même la décision d’arrêter
le bateau aux Açores pendant deux jours
– une première dans l’histoire de la course au
large – pour laisser passer le coup de chien
attendu sur le proche Atlantique. Encore une
décision heureuse, n’en déplaise aux puristes,
qui lui permettait d’aborder les atterrages de
la Bretagne dans des conditions maniables. Et
de jour s’il vous plaît pour le plus grand plaisir
d’un public nombreux venu saluer un marin

LES STIGMATES D’UN TOUR DU MONDE ULTIM

Même si Charles Caudrelier n’a pas eu recours aux escales techniques
autorisées par le règlement de la course, il n’en demeure pas moins
que son Ultim a subi de nombreuses avaries. « J’ai dû sortir la caisse
à outils tous les jours. A force de grappiller du poids partout à bord,
on finit par fragiliser certains éléments des bateaux et perdre en
performance pure. A l’avenir, le challenge sera d’arriver au cap Horn
avec un multicoque à 90 % de son potentiel de départ », assurait
le skipper du Maxi Edmond de Rothschild à l’arrivée… Après la perte
du carénage du bras avant tribord dès le début de la course,
le vainqueur de l’Arkéa a enchaîné les pépins matériels : les vis
récalcitrantes des emmagasineurs, les deux dessalinisateurs du bord
qui produisaient une eau de mauvaise qualité, la perte de son plan
porteur tribord dans l’Indien, un foil abîmé dans le Pacifique ou encore
une GV déchirée après le Horn. Notons aussi le délaminage
du plancher au niveau des postes de barre qui aurait pu aboutir
PAUL GURY

à une catastrophe. En effet, le skipper de Gitana a avoué être passé

au travers jusqu’à la taille, et seul son réflexe de se raccrocher à des
bouts traînant dans le fond du cockpit lui a évité de finir à la mer… Des plaques en « toile d’avion » recouvrant le bras arrière se sont fait la malle.

28 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 COURSE

Séquence émotion : Thomas Coville,

exténué à l’arrivée, se livre
à un public sous le charme…
ALEXIS COURCOUX

comblé par cette victoire sur la plus difficile

des courses jamais organisées.
Deux jours plus tard, par un après-midi
franchement maussade, ce fut au tour de
Thomas Coville de goûter aux joies de l’arrivée
après 53 jours, 1 heure et 12 minutes d’une
chevauchée folle. Dans une brise bien établie,
le skipper de Sodebo Ultim 3 assurait même
le show en lançant sa monture à fond sur les
derniers milles de ce tour du monde exténuant
pour le plus grand plaisir des supporters venus
à sa rencontre.

SEQUENCE EMOTION
AVEC THOMAS COVILLE
JEAN-LOUIS CARLI

Au ponton, c’est un marin sans filtre qui livrait

ses premières impressions : « Quand vous
arrivez d’un tour du monde comme je viens
de le faire et que vous vous êtes laissé prendre
par l’histoire, vous êtes comme ce petit
morceau de bois flotté (qu’il sort d’une poche
de sa veste de quart) : vous avez devant
vous un mec qui est lavé par la mer, épuré,
et se livre à vous, comme ça. » Lui, qui peut
se targuer de la plus grande expérience
en multicoque de la flotte, reconnaissait
sans détour la dureté de cette compétition.
Cette énergie qu’il a dû aller chercher au plus
profond de ses tripes pour faire face aux
avaries à répétition – il s’est arrêté à Hobart
suite à des soucis de balcon avant et de
système de descente des foils – et aux
Le Team Banque Populaire doit se contenter d’une troisième place qui ressemble fort à une victoire.
conditions météorologiques difficiles
rencontrées dans le Grand Sud, puis lors de
sa remontée de l’Atlantique Sud. Mais il s’est
accroché, s’est battu comme un beau diable
pour rester au contact de Banque Populaire XI
pour terminer sur la deuxième marche du
podium de cette magnifique course. L’histoire
est belle !
Trois jours après, au bout de lui-même
et de 56 jours, 8 heures et 1 minute d’une
compétition acharnée, Armel Le Cléac’h
pouvait enfin lever les bras au ciel à son tour.
Avec deux haltes techniques au Brésil (une à
l’aller et l’autre au retour) et une ultime voie
d’eau à trois jours de la délivrance, le Chacal
a souffert et fait preuve d’une grande
abnégation pour ne pas jeter l’éponge et finir
sur le podium. En comparaison, ses trois
Vendée Globe, c’était presque des vacances
avouait-il lors du traditionnel échange au
ponton. Quant à Actual et Adagio, les deux
derniers concurrents en lice, la route est
encore longue puisqu’ils se tiennent en moins
de 200 milles à l’approche de l’équateur.

30 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

RENCONTRE
MANU WATTECAMPS
Les confidences
d’un bourlingueur
A moins de 40 ans, il a fait le passage du Nord-Ouest, le tour du monde
par les trois caps et connu plusieurs naufrages. 36 ans, 150 000 milles…
Une vie de marin peu ordinaire !
Propos recueillis par F.-X. de Crécy.
POIGNEE DE MAIN FRANCHE,
cheveux longs et sourire en coin : Manu vous
accueille à bord et vous vous sentez tout
de suite à l’aise en présence de ce garçon qui
ne cherche jamais à imposer ni ses souvenirs
du large ni son statut de vieux loup de mer.
Il pourrait pourtant en remontrer à plus
d’un cap-hornier de ponton, Manu, lui qui
a tout largué à 20 ans à la barre d’un Super
Challenger pour partir à la découverte
de l’Amazone, qui a franchi le passage du
Nord-Ouest sur un Glénan 33 avant de faire
naufrage au large de l’Alaska, puis de se lancer
dans un tour du monde par les trois caps…
Mais n’anticipons pas. Pour l’heure, Manu
est surtout un marin en mal d’horizons qui
cherche à finaliser (et financer) la préparation
de son nouveau bateau, le magnifique 50 pieds
open qu’il a racheté à Luc Coquelin. Un marin
Dans le carré de Kong, l’ex-Top 50 de Luc Coquelin qu’il veut emmener autour du monde.
32 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
animé d’une telle passion, d’une telle foi
en la haute mer qu’on ne peut s’empêcher
de lui demander d’abord comment s’est
allumé ce feu. Réponse : sur la Manche, la mer
Celtique et l’Atlantique qu’écume sans relâche
l’équipage familial du First 30 paternel.
GRANDE AVENTURE,
PETITS BATEAUX
Les vacances sont courtes, il faut faire
des milles. La côte des Abers, l’Iroise, les îles
Anglo-Normandes ? Non, plutôt l’Espagne,
l’Irlande et l’Ecosse ! De telle sorte que Manu
a appris très tôt que la grande aventure ne
nécessite pas un grand bateau, seulement une
bonne dose d’enthousiasme et de courage.
Ce que confirment ses lectures de l’époque :
Moitessier, Janichon, tous les classiques
y passent et Manu en redemande.
Très jeune, son rêve prend forme et il lui
donne un nom : La Chimère. Promis, ce sera
celui de son bateau et il partira au large.
Quand ? Le plus tôt possible… « Ça te passera,
répondent les parents, pense d’abord
à ton bac. » Perdu, ça ne passe pas. Manu,
adolescent turbulent et farceur que les
gendarmes de Perros-Guirec connaissent bien,
n’a pas la fibre scolaire mais ne manque pas de
courage quand il s’agit d’acheter sa première
Chimère, un vaillant Super Challenger. Travaux
agricoles, intérimaire à l’usine, tout y passe ;
et à 19 ans, le voilà seul maître à bord, cap
sur le Brésil, puis Terre-Neuve, rien ne l’arrête !
Son père le rejoint à Saint-Pierre-et-Miquelon
et embarque pour une transat retour qui
se termine malheureusement sur un pétrolier
de 189 m de long suite à la rupture du safran
à 800 milles au nord des Açores. Le grutage
du Super Challenger en plein Atlantique, alors
que le pétrolier continue à faire route à près
de 7 nœuds, est pour le moins scabreux
et c’est une quasi-épave qui est débarquée
à Amsterdam. Pas découragé, le jeune Manu
se retrousse les manches et répare le pont
à moitié décollé, les taquets arrachés avec leur
contre-plaque. Quelques semaines plus tard,
il remet le cap sur Perros-Guirec où il achève
les réparations avant de repartir au cap Horn,
puis aux Marquises et à Hong-Kong où il vend
son bateau.
Fin du premier chapitre ! Mais pas de
l’aventure en mer. Pour aller plus loin, il rêve
d’un vrai baroudeur et jette son dévolu sur un
Glénan 33 vendu par l’école éponyme. A peine
à la barre de ce solide voilier en alu, il met le
cap sur les Antilles où il remplit la caisse de
 Me priver de bateau, c’est me
priver de liberté. C’est pour ça
que je donne tout à mes bateaux.
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 33
RENCONTRE MANU WATTECAMPS
bord en exerçant divers métiers, notamment
élagueur de cocotiers. A Saint-Barth, il manque
perdre son bateau pendant un cyclone
et dépense en réparations le peu qu’il avait
gagné avant de partir pour Terre-Neuve…
au mois de février. Mauvaise idée : il fait - 27°.
Entre la Nouvelle-Ecosse et Saint-Pierre,
les paquets de mer gèlent instantanément
sur le pont. Comment réduire le génois quand
l’enrouleur forme un gros bloc de glace avec
le balcon avant ? Manu s’en sort tant bien que
mal, bosse sur un bateau de pêche au flétan,
reprend son élan avant le passage du
Nord-Ouest qu’il franchit en solitaire pendant
l’été qui suit. Dans les îles Aléoutiennes, il
adopte un petit chat qui le rendra célèbre bien
malgré lui... Alors qu’il fait route au sud avec
pour projet de rejoindre sa petite amie au Chili,
il est cueilli à froid par un coup de vent majeur.
Manu est par nature plutôt avare de
superlatifs, surtout quand il s’agit de météo.
Mais il suffit de savoir que son Glénan 33
a chaviré deux fois en une douzaine d’heures
pour se faire une idée des conditions
qu’il a rencontrées dans le Pacifique Nord,
aux alentours du 48e parallèle. Condamné
à barrer suite à la défaillance du pilote, il finit
par tomber d’épuisement, met à la cape
et va se coucher. Le premier chavirage est
immédiat. Le second aura raison de la mèche
de safran et du tube de jaumière qui,
dessoudé, occasionne une grosse voie d’eau.
Bref, la situation n’est pas reluisante et Manu
doit déclencher sa balise de détresse. Une
quinzaine d’heures plus tard, un brise-glace
propose son assistance, mais uniquement
pour le marin, le bateau ne peut pas être pris
en charge dans cette mer chaotique. Et de
toute façon, dès que Manu cesse d’écoper,
il embarque beaucoup trop d’eau pour rester
longtemps à flot. L’équipage du brise-glace
jette une échelle de corde tandis que le
Glénan 33 cogne durement sur son bordé.
Manu, son petit chat dans son blouson,
34 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
Kong est prêt à repartir à un détail
près : le grand mât qui doit être réparé
suite à une manutention scabreuse.
se lance quand une vague le met presque au
niveau d’une coursive… Sauvé ! Le petit chat
devient immédiatement la mascotte du bord,
puis la star éphémère des réseaux sociaux.
Mais Manu, lui, accuse le coup. On veut le
mettre au chaud dans le bateau, il résiste pour
voir disparaître son bateau, le cœur en berne.
LE BATEAU EST LE CORPS,
JE SUIS SON AME
« Mon bateau, c’est tout ce que j’ai. On ne fait
qu’un, lui le corps et moi son âme, il peut
m’emmener partout et grâce à lui je suis
un homme libre. C’est pour ça que voir mon
bateau disparaître, c’est pire que de me mettre
en tôle, c’est comme si tu me coupais les deux
pieds et les deux mains – sans lui, je ne suis
plus rien. Sans même parler de l’aspect
financier... » Manu rentre en effet en Bretagne
avec ses bottes, son ciré et 8 000 € de dettes, Manu a déjà largement rénové son Open 50
point. Mais pas point final, car la solidarité en sandwich balsa sur plan Mortain/Mavrikios.
des uns, boostée par le fameux petit chat qui
émeut les internautes, la générosité des autres Il y passe des semaines, se liant d’amitié avec
lui permet de rebondir une fois de plus. Deux des compagnons qui ne parlent pas un mot
mois pile après son naufrage, il peut acquérir de sa langue mais communiquant malgré tout.
un Jaguar 11.99 sur plan Auzépy-Breneur. Il ramène de ces îles l’éblouissement d’un
Fini les Chimères, il le baptise Céleste et arrive monde jeune, intact, miraculé, et un nom :
enfin à bien finir ses voyages qui le mènent Kong. Ce sera celui de son quatrième bateau,
en Afrique de l’Ouest, autour du monde l’Open 50 dont la mission sera de lui faire
par les trois caps, puis à nouveau en Afrique, retrouver ce bonheur archaïque, par exemple
et toujours à bon port. Ce tour du monde en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais c’est
fut presque une formalité au regard de encore une autre histoire, et un voilier d’une
ses voyages de jeunesse. Presque, parce autre envergure. L’ex-Top 50, avec ses 150 m2
qu’un nouveau problème de tube de jaumière de toile au près, le double au portant,
– décidément – l’oblige à écoper souvent, est certes plus exigeant mais il permet aussi
puis à s’arrêter à Mar Del Plata. Mais Manu de voir plus loin et de couvrir de longues
est plus prolixe sur le voyage qu’il fit ensuite distances. Alors va pour la Papouasie, une
dans l’archipel des Bijagos, en Guinée Bissau. terre qui l’attire aujourd’hui comme un aimant.
Accueilli dans un campement de pêcheurs puis D’abord un grand mât en carbone à réparer,
dans un village où vivait une communauté en la faute à une mauvaise manutention…
complète autonomie, il est marqué à vie par Trop cher, trop compliqué ? Pas de quoi
les gens, leur authenticité, leur cadre de vie. effrayer Manu quand il a un voyage en tête !
ACTUS
LE JOURNAL DU LITTORAL

On a en France l’habitude
de dénoncer vertement
les navires voyous sous
pavillon de complaisance,
les pollueurs et les pilleurs
d’océan. Mais il est bien
breton, l’armateur de ce
chalutier-usine qui menace
de piller la Manche !
Damien Bidaine

Un sanglier coincé par la marée

Ce lundi était une journée de fort
coefficient aux Sables d’Olonne :
110. Un numéro qui n’a pas porté
chance à un sanglier qui s’est
retrouvé coincé sur un rocher
à marée montante. L’épisode
s’est déroulé en fin d’après-midi
au pied du prieuré Saint-Nicolas,
dans le quartier de la Chaume.
Les moules font
LUNDI 12 FEVRIER

Une zone très régulièrement

DR

visitée par des sangliers. Des

battues sont d’ailleurs organisées Ce cochon téméraire a passé une marée à se donner
du côté de l’Aubraie et de la forêt en spectacle sur la côte vendéenne.
d’Olonne. On sait que ces animaux sont de bons nageurs. En août dernier, des plaisanciers
leur pandémie
Des scientifiques du CNRS et de l’Université de Montpellier
avaient croisé l’un d’eux à 3 km des côtes bretonnes. F. Hermel viennent de démontrer que les ports maritimes jouaient un rôle
de « foyers épidémiologiques » dans la propagation mondiale
d’un cancer contagieux affectant les moules. Dans la nature, rares
Opération littoral propre sont les cancers contagieux parmi les quatorze lignées de cancers
transmissibles décrites à ce jour, la majorité concernant les
A l’appel de l’association bivalves vivant en milieu marin. L’une de ces lignées cancéreuses
Corsica Clean Nature, est la MtrBTN2 (Mytilus trossulus Bivalve Transmissible
une trentaine Neoplasia 2) qui affecte, comme son nom l’indique, la moule
de bénévoles s’est mytilus trossulus et peut survivre plusieurs jours dans l’eau de
rassemblée pour mer. Une équipe de recherche l’a donc étudiée le long de la côte
ramasser un maximum vendéenne et du sud de la Bretagne. D’après les résultats, publiés
de déchets sur un bout dans la revue Proceeding of the Royal Society B, l’incidence
du littoral de Paese di du cancer transmissible est plus élevée dans les ports.
Lava, sur la commune « Si, dans la nature la contagion n’est efficace qu’entre individus
d’Alata, dans la région d’un même banc, les ports et le transport maritime favorisent
d’Ajaccio. Les plus jeunes sa dissémination entre individus de différents bancs, via le
DR

et leurs parents se sont déplacement de moules malades fixées aux coques des bateaux ».
MERCREDI 21 FEVRIER

concentrés sur le L’équipe de l’association Corsica Clean Nature a prouvé Pour limiter la propagation de ce cancer et préserver la santé des
nettoyage de la Grande son efficacité sur ce bout de côte situé au nord d’Ajaccio. écosystèmes côtiers, les auteurs préconisent ainsi le déploiement
DIMANCHE 3 MARS

plage quand les adultes ont suivi le sentier littoral pour débusquer les morceaux de plastique
coincés dans les rochers. Après une petite dune recouverte de griffes de sorcière fleuries de
polystyrène, une barque en plastique éventrée a été débusquée par les bénévoles. Emballages,
plastique, morceaux de bateaux, poubelles et beaucoup de mégots ont été retirés de la plage.
Au total, près 60 kg de déchets y ont été récoltés. L’association organise tout au long de l’année
ce type d’action. Son programme est annoncé sur sa page Facebook. N. Wallon
de politiques de régulation du phénomène de « biofouling »,
c’est-à-dire l’attachement d’organismes marins aux navires.
Des mesures qui seraient également utiles pour lutter contre la
propagation d’espèces invasives – l’une des principales causes de
déclin de la biodiversité – par le transport maritime. N. Michaels

36 AVRIL 2024• VOILE MAGAZINE

 Le trafic maritime mondial tend à propager
des agents infectieux, entre autres.
La SNSM teste des biocarburants
Total Energies expérimente un
biocarburant marin de type Emag à 30 %,
appelé Gopbio30, depuis août 2023
sur la SNS 153 Penn Sardin de la station
de Douarnenez. Il s’agit d’un ester
méthylique d’acides gras (Emag),
c’est-à-dire un composé renouvelable
obtenu à partir d’huiles végétales
usagées, mélangé au gasoil et à un additif
qui empêche le bouchage des filtres
et qui désencrasse le moteur, sans
surconsommation importante (+ 1,5 à
2 %). L’expérimentation se fait sur la base
des deux soutes séparées – l’une remplie
de Gopbio30, l’autre de gasoil classique –
qui alimentent les deux moteurs Iveco
de 550 ch. A chaque sortie du canot
tout temps, une trentaine de capteurs
collectent différentes données – niveaux
de pression du turbo, gradient de
viscosité de l’huile, températures en
LUNDI 26 FEVRIER
divers endroits du moteur… Total
Energies prévoit de travailler avec
des Emag issus de différentes matières
premières végétales adaptées aux
marchés où elles sont produites. Par
exemple, des coproduits de coton ou
Le canot de Douarnenez a été choisi pour ces tests qui doivent permettre de
documenter en profondeur les performances du nouveau carburant Gopbio30.
de coco cultivés localement pour
le marché africain [pour les navires
d’exploration et de production]. A l’issue
des tests à bord de la Penn Sardin prévus
jusqu’en septembre, Total Energies
enbref…
LUNDI 26 FEVRIER
Xavier Harlay, ancien directeur
adjoint du Parc naturel marin des
estuaires picards et mer d’Opale
a retrouvé, le 2 janvier, les bancs
de l’Ifremer en tant que directeur.
Il gère le site de Boulogne-
sur-Mer et des stations de Port-
en-Bessin et Saint-Pierre et
Miquelon. Son objectif en tant
que directeur du centre Manche-
mer du Nord sera de mieux faire
connaître et reconnaître régiona-
lement l’activité de l’institution.
MERCREDI 28 FEVRIER
Le Parlement européen
a élargi la liste des crimes
environnementaux, y incluant
notamment la pollution causée
par les navires. Le bruit sous-
marin et le recyclage des navires
sont également mentionnés
dans la directive.
VENDREDI 2 FEVRIER
Au Salon international de
l’agriculture de Paris, il y avait
des vaches, des moutons,
des cochons… Mais aussi
des produits de la mer avec la
représentation des ostréiculteurs
F.-X. DE CRECY
normands ou méditerranéens
et des pêcheurs boulonnais,
bretons.
MARDI 27 FEVRIER
Le Parlement européen a voté
ce mardi en faveur de la loi dite
de restauration de la nature, qui
impose pour la première fois aux
Vingt-Sept d’instaurer d’ici à
2030 des mesures de rétablisse-
ment des écosystèmes terrestres
et marins. Parmi les écosystèmes
marins dégradés, le document
cite les prairies sous-marines,
les forêts de macro-algues,
les gisements conchylicoles ou
encore les bancs d’éponges, de
corail et les bancs coralligènes.
F. Rochart
LUNDI 12 FEVRIER
L’entreprise marseillaise
Seawards a mis au point une
technologie moins énergivore et
PHILIP PLISSON/SNSM
plus respectueuse de l’environ-
nement que celle généralement
utilisée aujourd’hui pour dessaler
l’eau de mer. L’entreprise opte
non pas sur l’osmose inverse
(très énergivore) mais sur la cryo-
séparation. Il s’agit de refroidir
l’eau de mer et de n’en garder
que les cristaux d’eau pure, qui
devrait tester son biocarburant sur des gèlent avant l’eau salée. Cette
remorqueurs plus gros, à la consommation caractéristique permet d’extraire
plus élevée. Les discussions sont en cours les cristaux d’eau pure sous
pour démarrer fin 2024, début 2025. une forme solide. A. Perrier
F. Jourdain
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 37
ACTUS LE JOURNAL DU LITTORAL
Un chalutier monstre en Manche
La Compagnie des pêches Saint-Malo a investi plus de 15 millions d’euros
dans l’un des plus grands chalutiers du monde pour pêcher le merlan bleu
et le transformer en surimi. Surnommé le navire de l’enfer par les pêcheurs de
Mauritanie après ses années de campagne devant leurs côtes, l’Annelies-Ilena est
15 FEVRIER
capable de prendre 400 tonnes de poissons par jour et d’en stocker 7 000 tonnes
avant de le transformer. Les associations Bloom et Pleine Mer (qui développe
la vente directe de poissons en circuits courts au nom d’une « transition durable
de la pêche »), auxquelles se sont jointes la CGT des marins du Grand-Ouest,
Hécatombe d’oiseaux marins
Triste : des centaines
de guillemots
s’échouent sur les
plages de l’Atlantique.
SEA SHEPERD FRANCE
Cet hiver, des centaines de guillemots, des oiseaux marins cousins des pingouins, s’échouent
et périssent sur le littoral du golfe de Gascogne. « Le phénomène n’est pas limité à la Vendée
et s’étend à la Bretagne et à la Manche », précise Sea Shepherd. L’ONG spécifie toutefois avoir
« comptabilisé plus de 130 cadavres de guillemots sur une seule portion de plages de 120 km »,
en Vendée. De son côté, les bénévoles de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ont signalé près
de 250 guillemots échoués sur la côte ouest de l’Hexagone. Le phénomène semble s’être accéléré
ces dernières semaines, puisque 172 oiseaux ont été décomptés depuis début février, toujours
selon la LPO. Pour l’heure, aucune association n’est capable d’établir avec certitude les raisons
de ces échouages sur les plages françaises. La LPO avance que « la grippe aviaire ne semble pas
impliquée ». Parmi les 85 oiseaux vivants qu’elle a recueillis, elle a constaté des symptômes
similaires, à savoir « une hypothermie et une maigreur inquiétante ». Même diagnostic du côté
de Sea Shepherd : « Tous ont perdu plus de 25 % de leur poids et sont en hypothermie avec
une température à 3° de moins que leur température normale ». Parmi les causes possibles, la
SAMEDI 2 MARS
raréfaction de la nourriture due à la surpêche, au changement climatique ou à la conjonction des
deux. La LPO mentionne aussi que de nombreux cadavres d’oiseaux – fous de Bassan, océanites
cul-blanc, mouettes de Sabine et phalaropes à bec large – ont déjà été retrouvés fin 2023
sur les plages de la façade ouest du pays. Un phénomène qui n’est pas inédit puisqu’en 2014,
plus de 40 000 oiseaux marins avaient été retrouvés sur les littoraux.
38 AVRIL 2024• VOILE MAGAZINE
La présence de cet énorme
chalutier-usine
fait hurler les ONG.
DR
l’association bretonne Mor Glaz, qui « défend la pêche raisonnée et les marins »,
ainsi que l’antenne régionale de France Nature Environnement dénoncent un
modèle qui surexploite les ressources. Le chalutier pélagique (qui traîne ses filets
en pleine eau, sans toucher le fond) croisait ces derniers jours au large du
Royaume-Uni pour une première campagne d’essai. Sa cargaison est destinée à
être débarquée à Ijmuiden, aux Pays-Bas. Une partie doit ensuite être transportée
par la route jusqu’à l’usine de La Compagnie des pêches de Saint-Malo qui produit
des bâtonnets de surimi. Martine Valo
Saisie record
aux Antilles
Les 20, 22 et 26 février, au large de la Martinique,
différentes opérations conduites par la Marine aux Antilles
ont mené à la saisie de 8,3 tonnes de cocaïne par la frégate
Germinal et le patrouilleur Antilles-Guyane la
Combattante, deux navires de la Marine nationale.
« C'est presque autant que le total des saisies réalisées
en 2023 » [11 tonnes], a précisé la procureure de la
Martinique, Clarisse Taron. La valeur des produits saisis
« se compte en centaines de millions d'euros ». Des saisies
qui ont été successivement faites sur quatre embarcations
dont un voilier naviguant sous pavillon Jersey à 300 milles
des côtes martiniquaises. A son bord, 25 ballots et
plusieurs pains de cocaïne, pour un poids total d'un peu
plus d'une tonne. Au total huit personnes, de nationalités
britannique, sud-africaine, allemande, russe, espagnole
et colombienne ont été mises en examen.
MARINE NATIONALE
LUNDI 4 MARS
Les équipiers du voilier encourent jusqu’à trente ans
de prison et une amende de 7,5 millions d’euros.
COURRIER
LES LECTEURS ONT LA PAROLE

Gagnez un RM : Le projet Cap au nord de Jean-Luc,

c’est un long périple par la Norvège
en passant par le Spitzberg

qui part au nord ? et retour par les îles britanniques.

Le numéro de mars est encore meilleur que celui de février !

En lisant les pages sur le concours, il m’est venu deux idées :
- Serait-il possible de mettre tous les projets sur un Drive avec
un accès pour tous ceux qui ont candidaté ? Les dossiers ont l’air
top, et ça donne envie de les lire. Comme on a tous bien bossé
pour faire les docs, à défaut d’avoir gagné, le lot de consolation
pourrait être celui de lire les dossiers des autres. Nous on est
d’accord pour que les autres lisent notre doc !
- Est-ce qu’on peut avoir les coordonnées des gens qui voulaient
aller au Nord ? J’aimerais bien discuter avec eux. Je suis sûr
qu’on doit pouvoir trouver des solutions de partage de bateaux
à plusieurs pour faire nos projets ! Parce que c’est vrai,
maintenant que c’est écrit, faut y aller !
Bonne journée, et à bientôt pour la bière, le carbone, et le reste !
JEAN-LUC BARADAT (PAR MAIL)

Merci pour vos encouragements. Malheureusement, c’est délicat

de partager de but en blanc tous les dossiers que nous avons reçus
à la rédaction. En revanche, nous pouvons envisager de pousser
votre adresse auprès des gens intéressés par votre projet. On en reparle
de vive voix.

Fortune de mer en rade de Toulon

Fabriqué des mains de mon père, l’année
de ma naissance, sur un plan Franqueville
en 1979. Sorti du chantier de Bragaillon
à La Seyne-sur-Mer dans le Var où sept
amateurs s’étaient lancé ce défi fou de
construire un Dragonfly. 9,20 m de long,
avant droit, arrière droit, en bouchain
et surtout avec un bulbe ! Avant-gardiste,
innovant pour l’époque, moderne et surtout
concurrent des Rush et des First 30 de cette
époque. Tu restes mon bateau. Un peu
comme un frère tu as fait partie de moi tous
CELINE BROUSSAIS

les week-ends, les vacances, les régates

acharnées en baie de Bandol. Entre-temps
tu as été vendu. Ton nouveau propriétaire
n’a pas eu les moyens de t’offrir un
amarrage dans un port. En baie de Tamaris,
la « Largade » t’a emporté l’année dernière.
Tu gis toujours dans les cailloux. Triste fin de
vie. Un déchirement de te voir couché, pillé,
délaminé, vaseux. Je revois aussi tout le
travail de mon père, des heures harassantes,
des économies passées pour t’équiper
toujours à la pointe envolées par 100 km/h
de vent d’est en janvier dernier. Le jour où
Ce plan Franqueville ne méritait pas de finir à la côte… L’aménagement des mouillages
en rade de Toulon pose question, et la gestion des épaves reste un problème d’actualité.
tu t’échoues je suis sur place. Impuissante, connais ton nom. Adessias mon beau bateau.
poussant des cris d’orfraie, je découvre Que cette corniche de Tamaris qui est
que ton nouveau propriétaire a peint aujourd’hui un cimetière à bateaux devienne
de blanc le tableau arrière pour masquer mieux organisée pour offrir à chacun
ton nom. Tu es une construction amateur, des mouillages sécurisés.
pas de plaque, plus d’indice… Moi seule CELINE BROUSSAIS (SITE VOILE&MOTEUR)

Merci pour votre récit émouvant. En effet, trop de bateaux mouillés le trimaran éponyme), n’y a-t-il pas moyen de le reprendre en main ?
entre La Seyne-sur-Mer et Saint-Mandrier finissent au plein à chaque Peut-être pourriez-vous en parler à l’association Passe-Coque
coup de vent d’est… Ne serait-il pas temps de gérer efficacement (pj.jannin@wmsmarine.com) qui s’est fait une spécialité de la réhabilitation
cette zone de mouillage ? Quant à votre Dragonfly (à ne pas confondre avec des voiliers bons pour la casse.

40 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 JEAN-LUC BARADAT
La Balise Dial retirée Surprise au mouillage !
du marché ?
Il y a deux ans, mon épouse m’a offert
une balise Dial qui se met au poignet.
En cas de chute à la mer, je pouvais
l’actionner, ce qui aurait permis
à mon épouse de déclencher les secours
via son smartphone en donnant ma
position. Plutôt intelligent ! En 2023
malheureusement, la mise à jour du logiciel
a été ratée. La SNSM qui commercialisait
le produit m’a remboursé en m’expliquant que la société à l’origine
F.-X. DE CRECY

du développement était défaillante. Dommage ! Savez-vous

si cette balise a une chance d’être de nouveau commercialisée ?
PASCAL THIVEND (PAR MAIL)
Effectivement la SNSM
nous a confirmé qu’il n’y
avait pas de repreneur
pour continuer la commercialisa-
tion du DIAL. Seul le service pour
les DIAL activés et ayant effectué
leur mise à jour est maintenu.
Mais rassurez-vous, d’autres
technologies similaires sont
disponibles, à l’image des balises
Olas (ACR), Kip (qui a fait ses
preuves en haute montagne)
et Sea-Tags. Ce dernier produit,
développé par la société Securitag,
reprend le principe du bracelet
connecté qui vous est cher. Basé
sur une application (iOS ou Android)
et un smartphone, ce système
« homme à la mer » se veut simple,
économique et fiable. Dès que
le bracelet porté au poignet est
immergé, la boucle radio Bluetooth
est interrompue, ce qui déclenche
une alarme sur le téléphone et
l’enregistrement de la position GPS.
L’application affiche alors la
position du bateau, le cap et la
distance au naufragé. L’autonomie
du bracelet est de 600 heures
en fonctionnement continu.
Bonjour. Il m’est arrivé un incident un peu bizarre avec l’orin.
Une nuit, au mouillage, l’annexe était amarrée à l’arrière du bateau.
Le vent a tourné et l’annexe est venue flirter avec l’orin qui s’est
pris de fidélité avec le bout de l’annexe. Notre alarme de mouillage
nous a réveillés, l’annexe avait soulevé l’orin et désengagé l’ancre !
Maintenant, l’annexe remonte sur le bateau.
JEAN-MARIE BOURIEZ (SITE VOILE&MOTEUR)
Incroyable… Comme quoi, préventive, vous pourriez aussi
et encore plus en mer, il raccourcir sensiblement le bout
n’est pas saugrenu de partir d’amarrage de celle-ci pour éviter
du principe que tout ce qui peut qu’elle n’aille traîner trop librement
arriver se produira tôt ou tard autour de votre mouillage.
en vertu de la loi de Murphy. Ou, à l’inverse, vous assurer
A l’avenir, pour éviter de remonter que votre orin n’a pas trop
l’annexe tous les soirs de façon de longueur…

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 41

COURRIER LES LECTEURS ONT LA PAROLE

Acajou, ipé, okoumé

okoumé,
é,
game !
pas d’amalgame
A la suite de votre article
cle
oile
« Voile de demain » (Voile
Magazine N°338 de février vrier
mportant
2024), il nous semble important
d’apporter un regard éclairé sur le
contreplaqué d’okoumé, mé, incorrectement
cité comme « issu de laa déforestation des
zonie, Indonésie et Afrique
forêts tropicales (Amazonie,
koumé est en effet une
Equatoriale) » (sic). L’okoumé
essence exclusivementt africaine (bassin du Congo :
Gabon, Congo, Guinéee Equatoriale), produite et
sonnée et légale dans des forêts gérées
exploitée de façon raisonnée
durablement. A ce titre, e, l’okoumé n’est nullement concerné
gaux » qui « profitent aux narcotrafiquants
par les « abattages illégaux narcotrafiquants » L’exploitation forestière y est régie par la loi
llusion. Au Gabon par exemple, qui compte
auxquels l’article fait allusion. n° 016-01 portant Code forestier en République
quelque 23 millions d’hectares
hectares de forêts, nos partenaires forestiers Gabonaise. Par sa résistance naturelle à l’humidité et aux
ne prélèvent qu’un à trois ans,
rois arbres par hectare tous les 25 ans intempéries
intempéries, le contreplaqué d’okoumé demeure enfinenfin le matériau
période durant laquelle les parcelles concernées sont ensuite de prédilection pour la construction des coques et aménagements
laissées au repos afin que la ressource se reconstitue intérieurs de bateaux. Le respect de ces normes
naturellement. Ce, pendant que des zones protégées environnementales est garanti par le logo du label FSC.
sont sanctuarisées pour la protection de la faune sauvage. ERIC LE MIERE (PAR MAIL), UNION DES INDUSTRIES DU PANNEAU CONTREPLAQUE

Merci pour ces précisions, et tant mieux apprécié des constructeurs comme RM qui d’envisager l’utilisation d’autres essences moins
si le recours à un okoumé labellisé FSC y sont attentifs. Le propos de Gildas Plessis nobles mais plus locales, comme le bouleau
permet d’éviter d’alimenter des filières était aussi de souligner que la saturation européen qu’ont déjà utilisé des architectes
non durables. Le CP d’okoumé reste en effet très des panneaux de CP à la résine époxy permet constructeurs comme François Vivier.

L’art du luminaire IMOCA

La bonne recette
Bonjour,
Voilà comment je nettoie
le gel-coat de mon voilier.
J’utilise un produit à base
de bicarbonate de soude,
par exemple du
Chanteclair que j’achète
JULIEN FAURE
à Intermarché pour moins
de 3 €. Vous pouvez faire
L’astuce du mois…

le mélange avec de l’eau,

vous-même, en achetant Après avoir lu votre article sur le projet fou d’un IMOCA en bois dans
le bicarbonate de soude le magazine n°338, je souhaitais partager un de mes passe-temps,
seul. Ce produit peut vous la fabrication de mes Lumimocas. En effet, je suis un passionné
servir pour l’intérieur du Réaliser soi-même son nettoyant de voile. Je possède un First 25-7 et j’ai eu la chance de faire une
bateau du sol au plafond. de pont : c’est possible et facile ! transatlantique il y a quelques années. Parallèlement, j’ai commencé
Il vous suffit aussi de deux
tout petit à réaliser des maquettes de bateaux en bois et en résine
éponges, une « grattante » et l’autre de gros travaux. Voilà une idée qui peut
et je me suis toujours dit qu’il était dommage de recouvrir ces
faire économiser les voileux.
squelettes en bois ! En voyant les plans du projet d’IMOCA en bois,
MARC GESTEL (PAR MAIL)
je n’ai pu m’empêcher de remarquer une ressemblance avec
mes maquettes de lumimoca. Je réalise depuis plusieurs années
Alors vive des luminaires en plusieurs tailles basés sur des plans en vue coupe
le nettoyant de des dernières générations d’IMOCA dont Apivia.
gel-coat fait maison ! JULIEN FAURE (PAR MAIL)
Pour vous
récompenser, Votre production méritait réussis. Bravo ! Vous devriez même
Plastimo vous offre amplement d’avoir sa place les commercialiser, nous sommes
cet outil multifonction dans la rubrique réservée sûrs que vous trouverez preneurs.
d’une valeur de 32 €. à nos lecteurs. Et pour cause, en plus Dans une maison de bord de mer,
Avis à la population des astucieux : faites-nous parvenir vos bonnes d’être originaux, vos luminaires en un tel objet trouverait bien sa place
idées au mail suivant : paul.gury@editions-lariviere.com bois façon coque d’IMOCA sont très dans un salon, une chambre…

42 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

MATOS
TESTS EQUIPEMENT

BOTTES ZHIK
Un laçage rapide
ELLE ETONNE, avec son chausson et
son laçage rapide. Les snowboarders ne seront
pas surpris par cette technologie qui offre un
excellent maintien tout en facilitant la chausse.
En effet, la Seaboot 700 s’enfile sans effort.
Plus question de s’échiner pour passer
le cou-de-pied. Une fois le chausson refermé,
on recouvre la tige avec son bas de ciré
(pas comme nous…) et on referme la guêtre, « Dalot » d’évacuation au bas de la guêtre. Laçage d’une main du chausson respirant.
qui dispose en partie haute d’un élastique
non réglable, sur l’ensemble. De cette façon,
impossible de prendre l’eau. Quand bien
même la guêtre laisserait passer un filet d’eau
(c’est possible avec les plis du ciré), huit trous
se chargeraient d’évacuer l’eau. Eprouvée
sur l’essai ensoleillé du Bavaria C46, elle
s’avère ultra confortable et bien respirante.
Sensation de légèreté et bonne accroche de
cette semelle Michelin très souple, y compris
sur des panneaux de pont mouillés. Attention La semelle s’encrasse peu et colle au pont.
à ne pas user exagérément la semelle en
rejoignant le café du port ! Une botte pensée
ZHIK SEABOOT 700
pour un usage exclusif et intensif en régate Avis de la rédaction : ★★★★★
côtière et hauturière. Grosse fermeture à glissière pour la guêtre.
Prix : 399 €

GANTS GILL
Les mains au chaud en hiver
ILS SONT LEGERS et nous avons
immédiatement apprécié leurs manchettes
qui remontent haut sur le blouson, protégeant
parfaitement les poignets et empêchant
l’infiltration d’eau ou d’air frais. Leur préforme
facilite la préhension d’un cordage, d’une
manivelle ou de la barre. Evidemment, vous
n’aurez pas la dextérité pour défaire une
manille, mais le revêtement de l’index rend
possible l’utilisation d’un écran tactile. C’est
appréciable. La paume de la main et l’intérieur La paume est en cuir. La manchette remonte
des doigts sont protégés contre l’usure par un largement au-dessus du poignet et se referme.
empiècement souple et résistant. Côté confort,
nous les avons éprouvés tout l’hiver en essais,
en convoyage de nuit, mais aussi sur nos
trajets quotidiens à vélo et même aux sports
d’hiver pour un résultat tout à fait probant et
TEXTES ET PHOTOS : DAMIEN BIDAINE

sans jamais ressentir de sensation d’humidité

ni même de froid. Leur légèreté et leur finesse
Bonne protection contre le vent et l’humidité,
sont de réels atouts, tout comme la
mais sous-gants bienvenus pour le grand froid.
respirabilité et le séchage rapide. Par grand
froid, l’utilisation de sous-gants en soie nous GILL HELMSMAN GLOVES
semble cependant opportune. Des gants bien Avis de la rédaction : ★★★★★
positionnés en tarif et tout à fait adaptés Prix : 79 € Les deux index sont tactiles. Un bon point
à de longs quarts de veille. pour manipuler smartphone et lecteur de cartes.

44 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD
NAUTITECH 48 OPEN
Le large
en Pullman
VENT
15 20
MER
PEU AGITEE
PROGRAMME : CROISIERE
Le Nautitech 48 Open reprend les bonnes recettes
du 44 avec des finitions à la hausse et une
ergonomie très bien pensée. C’est la monture
idéale pour s’offrir une navigation hauturière
tout confort et rapide !
CE NOUVEAU Nautitech 48 Open se
veut le remplaçant du 46 Open mis à la retraite
en 2023, comme l’aboutissement d’une longue
réflexion menée depuis 2019 par le BE du
chantier implanté à Rochefort. Originalité
de cet essai au départ de Port Haliguen,
la présence d’un Nautitech 44 Open amarré
devant notre 48 flambant neuf. En plus
de pouvoir se jauger en navigation en mode
speed tests dans la journée, cette association
nous permet de réaliser tout de suite un petit
tour comparatif en passant d’un bord à l’autre.
Idéal pour apprécier les similitudes et les
différences entre ces deux modèles mis à l’eau
avec seulement deux années d’écart. Il est
toujours construit sur plan Lombard, mais
les coques du 48 Open ont évolué : si l’on
retrouve toujours ces étraves arrondies et
inversées pour autoriser un passage facilité
dans la mer et ce redan qui court sur toute
la longueur, en revanche la hauteur du
franc-bord a été limitée afin de proposer
une courbure de coque agréable à l’œil mais
surtout des entrées d’eau affinées pour les
performances sous voiles ! Le grand cockpit,
quant à lui, propose encore ces deux postes
de barre excentrés sur l’arrière, toujours aussi
agréables en navigation que bien protégés
des éléments. La vue est bien dégagée tout
en profitant à plein du rouf panoramique et le
siège derrière la console équipée d’un traceur
GPS B&G est très confortable. L’ensemble des
manœuvres revient d’ailleurs sur deux
imposants winches – électriques ça va de soi
46 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
*ANGLE VENT REEL
*
60°
8 nd
GV/Génois
*
140°
10,5 nd
GV/Code D
mais en option – à portée de main du barreur
après un passage par des goulottes situées
de chaque côté du rouf. Celui-ci, imposant
et largement pourvu en hublots pour garantir
du volume habitable, le plein de lumière
et une vue imprenable sur l’extérieur,
est toutefois suffisamment rabaissé
pour que la bôme reste à portée de main.
UN COCKPIT
ACCUEILLANT
Cette disposition permet donc à l’équipage
de ferler ou d’intervenir sur la grand-voile
en toute sécurité. Le réglage de la grand-voile
est une nouvelle fois repris sur la poutre
arrière : écoute et chariot se veulent toujours
accessibles. Un bon point pour garder
les coques à plat en cas de survente !
Toujours à notre visite, et même si le maître
bau a été augmenté de 60 cm par rapport
à celui du Nautitech 44, la sensation d’espace
supplémentaire dans le cockpit du 48 Open
ne nous semble pas flagrante à première vue.
Il faut dire que l’agencement est plus
généreux : une grande table déportée
sur tribord qui gagne un troisième battant,
ceinturée d’une banquette en U sous laquelle
se trouvent de nombreux coffres de
rangement. Elle fait face à une banquette
d’appoint avec présence d’un frigo. C’est
plutôt dans le carré que le changement Plan de voilure puissant avec cette GV à corne
d’échelle se fait sentir au moment de ranger et ce gennaker sur bout-dehors.
Les lignes du Nautitech 48 Open
sont agréables à l’œil.

Le rouf panoramique offre une vue

imprenable sur l’extérieur.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 47

ESSAI NAUTITECH 48 OPEN

Sortie matinale du joli port

du Palais à Belle-Ile.
son sac et de passer en mode bottes/ciré pour version Flexibility avec au choix un couchage de problème particulier, ce qui est un bon
aller affronter les grains qui nous attendent d’appoint ou un bureau… Même si notre argument pour un périple hauturier sans
dehors. La table du carré située à bâbord, programme du jour ne nous verra passer compter que le confort proposé par les cabines
juste derrière la grande baie vitrée la nuit en mer, je profite des préparatifs de doubles invite sincèrement au repos…
qui sépare de façon hermétique si nécessaire départ pour finir ma visite des aménagements Equipés de deux moteurs de 75 ch (en option),
le cockpit de l’espace de vie intérieur, intérieurs sur cette version deux cabines, deux nous larguons les amarres sous la pluie froide
a incontestablement gagné en taille. salles de bains – celle située à l’avant bâbord d’un ciel de traîne assez actif. Face à un clapot
On peut même la baisser pour se faire une jolie est gigantesque – et SmartRoom Flexibility désagréable, nous nous dépêchons de hisser
couchette de veille en navigation. avec lit d’appoint. Les rangements sont légion, la grand-voile et de dérouler le foc autovireur
les accès aux organes du bateau (plomberie, pour lancer la bête au bon plein vers l’île
électricité, structure et fonds) ne posent pas d’Houat. Surpris par la force des rafales, nous
DES FINITIONS
HAUT DE GAMME
La cuisine en U très bien équipée s’en trouve
aussi agrandie : de nouveaux équipets font
leur apparition tandis que le bar – une
innovation lancée sur le Nautitech 44 et reprise
sur le 48 – qui sépare le coin cambuse du reste
du carré est lui aussi désormais XXL.
A côté, la table à cartes est clairement montée
en gamme, que ce soit au niveau de sa finition
en cuir que par ses dimensions. Enfin, les
nouvelles boiseries proposées sur le 48 Open,
le chêne ou le noyer, apportent un surplus
d’éclat à l’ensemble. Précisons que le chantier
Nautitech propose cinq configurations
d’aménagements intérieurs pour coller aux
envies du futur propriétaire tandis que la zone
avant tribord pourra être proposée dans une
version Utility (local technique ou buanderie),
destinée à la grande croisière, ou dans une La lumière s’invite à l’intérieur via de larges hublots de coque et ce rouf entièrement vitré.

48 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

A voir ... et à revoir !

Innovation du Nautitech 48 Open, la table du carré s’abaisse pour se transformer en une douillette couchette double de veille
ou d’appoint, au choix !

La cartographie est clipsée Depuis le grand cockpit avant, on L’échelle permet d’accéder
pour intervenir facilement. dirige la manœuvre du mouillage. au coffre avant en toute sécurité.

Le foc est sur rail autovireur, La bôme est accessible. Le rouf Il manque des bailles à bouts
bien pratique aux virements ! accueille des panneaux solaires. pour ranger les dormants…

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 49

ESSAI NAUTITECH 48 OPEN

ne tardons pas à réduire la toile puis à tout

renvoyer quelques minutes plus tard dans 2
la molle. Ah ces satanés cumulus congestus 8
sont joueurs ! La prise de ris automatique 3 1
où tout se passe depuis le poste de barre, et
l’ergonomie de ce plan pont simple et efficace 6
4
rendent cependant la manœuvre d’une facilité
déconcertante. A plus de 8 nœuds au speedo,
nous profitons d’un bord à bord avec le
Nautitech 44 Open pour éprouver en douceur 7
un accastillage de qualité (Lewmar pour le
5
pouliage de pied de mât, Antal pour les filoirs
et les poulies de voile d’avant, Harken pour
les winches et Rutgerson pour les « deck
blocks » de piano). Toutes voiles dehors,
la course s’engage. Avec ce devis de poids
maîtrisé (13,5 tonnes pour 14,60 mètres de Le Nautitech 48 Open EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 14,60 m
longueur hors tout), nous allons plus vite que
notre petit camarade qui s’échine pourtant en 8 points LARGEUR
TIRANT D’EAU
7,97 m
1,55 m
à mettre du charbon. A la barre, les sensations 1. La zone de stockage dans la pointe DEPLACEMENT 13 500 kg
sont plutôt bonnes, le bateau réagit en avant bâbord mesure 1,50 x 2,40 x 1,35 m. SV AU PRES 127,50 m 2
douceur aux sollicitations du capitaine 2. Passavants : 0,84 m au niveau FOC AUTO 45,50 m 2
des haubans. GRAND-VOILE 85 m 2
du moment, votre heureux serviteur.
GENNAKER 110 m 2
3. Espace de douche dans salle de bains sandwich vinylester/
bâbord : 0,90 x 1,30 m. MATERIAU
DE JOLIES POINTES Hauteur sous barrots : 1,94 m. CONSTRUCTION
mousse/verre
infusion
DE VITESSE 4. La table à cartes située contre le vitrage
du rouf mesure 1,46 x 0,32 m.
MOTORISATION
RESER. CARBURANT
2 x 60 ch Volvo Penta
2 x 300 l
RESERVOIRS EAU 2 x 300 l
Nous avalons rapidement les quelques milles 5. Plan de travail de la cuisine :
ARCHITECTE Cabinet Lombard
qui nous séparent de la pause déjeuner 1,03 x 0,40 m.
DESIGN INTERIEUR Chedal Anglay Design
en longeant la côte est de Houat tout en 6. Banquette du carré : 2,04 x 0,60 m CONSTRUCTEUR Nautitech Catamaran
restant attentifs aux quelques écueils présents de large. Hauteur à l’entrée du carré : CATEGORIE CE A pour 10 personnes
sur notre route et à ce vent décidément très 2,12 m.
instable. Nous choisissons de mouiller au plus 7. Table de cockpit : 1,74 x 0,80 m. PRIX DE BASE 1 084 800 € TTC
près de la Grande plage de Houat pour limiter Banquette principale : 2,50 x 1,34 x 0,55 m. PRIX BATEAU ESSAYE 1 471 400 € TTC
les effets d’une petite houle qui rentre 8. Couchage cabines arrière : Principales options :
par le sud-ouest, et posons la pioche – elle 1,95 x 1,60 m aux épaules. Hauteur Pack lithium (25 000 €), Pack navigation
est située, contrairement au Nautitech 44, sous barrots dans les coursives : 1,98 m. (23 628 €), Flexiteek (16 200 €), Pack
sport (16 080 €), gennaker (9 804 €),
dans un davier en retrait de la poutre réfrigérateur 90 l dans le cockpit (3 480 €).
avant – sur quatre mètres de fond. Bonheur
du multicoque, la vie à bord est parfaitement
stable, le roulis s’acharnant en revanche
sur nos malheureux voisins en monocoque….
Après une collation expédiée à l’abri
des bâches du cockpit, nous voilà déjà repartis
sous code zéro à l’assaut de la baie de
Quiberon. Ce sont 20 puis bientôt 25 nœuds
qui s’affichent à l’anémomètre tandis que
le bateau comme posé sur des rails accélère
pour dépasser les 12 nœuds dans une claque.
Grosse ambiance à bord !
Pour ne pas jouer avec le diable, nous
descendons au maximum sous le vent, un œil
toujours attentif sur le plan d’eau mais la
sérénité règne à bord, preuve du bon équilibre L’ergonomie très aboutie du cockpit invite au farniente.
qui se dégage de cette carène. C’est
finalement l’approche de la côte qui nous
oblige à rouler puis à virer de bord pour faire
route vers Port Haliguen. Une dizaine de milles
à parcourir que nous accomplirons au moteur,
le vent ayant décidé de quitter la zone pour
de bon, à 7 nœuds de moyenne et sans forcer.
Puissant, confortable et marin, ce Nautitech 48
Open a tout du catamaran idéal pour se lancer
en grande croisière. Les couchettes proposent tout le confort La grande salle de bains située dans la coque
Texte : Paul Gury. attendu d’une unité de 48 pieds. bâbord est aussi spacieuse qu’à la maison.
Photos : Nautitech Catamarans et l’auteur.

50 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD
LIBERTIST 853 SW
Foiler, repliable
et habitable !
VENT
15 28
MER
PEU AGITEE
PROGRAMME : CROISIERE SPORTIVE
On ne l’a pas poussé à fond, loin de là, mais
cette version repliable du Libertist 853 tient
ses promesses. Une nouvelle proposition
dans le petit monde des trimarans repliables,
avec des plans porteurs qui changent la donne.
LES TRIMARANS franco-polonais
Libertist nous avaient habitués à une livrée
rouge pétard, bien dans la tradition de leur
architecte Erik Lerouge. Voilà donc la première
surprise que nous réserve le nouveau 853 SW
amarré à Port-Camargue : c’est un bel oiseau
bleu qui tire doucement sur ses amarres,
tourmenté par la tramontane. Un bel oiseau
capable de replier ses ailes : c’est la grande
nouveauté signalée par le SW, comme Swing
Wings. Car ce trimaran n’est pas en soi un
complet inconnu. Nous l’avions essayé en 2019
dans sa version non repliable, dans un vent
trop timide à La Rochelle puis dans cette
même baie d’Aigues-Mortes dans une brise
bien frappée. Et c’est bien ce deuxième run qui
était resté dans les annales de Voile Magazine,
car ce n’est pas tous les jours qu’on dépasse
les 20 nœuds en essai, qui plus est sur un
bateau habitable… La sensation de stabilité
et de puissance procurée par les petits plans
porteurs implantés au début du tiers avant des
flotteurs nous avait alors épatés : un vrai tapis
volant ! Et qui ne nécessite pas forcément une
expertise du multicoque de sport. La question
qui se pose, concernant le nouveau SW,
est donc simple : retrouve-t-on les mêmes
sensations, les mêmes performances avec
la version repliable ? Car attention, même s’il
ne s’agit pas d’un bateau volant façon Ultim,
relever le défi de concevoir un foiler repliable
n’a rien d’anodin. Les concurrents, y compris
Quorning Boats qui est pourtant allé assez loin
dans la recherche de performance de ses
52 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
*
*ANGLE VENT REEL
40°
9 nd
GV/Génois
20 nd vent
*
120°
12 nd
GV/Foc
22 nd vent
derniers Dragonfly, semblent y avoir renoncé
pour des raisons structurelles. Erik Lerouge,
l’architecte, ne dit pas autre chose : il fallait
arriver à concevoir des bras articulés qui
ne dégradent pas la raideur de la plateforme.
Cette raideur transversale, importante pour
tout trimaran aspirant à la performance,
est plus critique encore s’agissant d’un foiler.
Si l’énergie de la rafale qui atteint le gréement
est partiellement dissipée par la déformation
de la plateforme, on perd cette accélération
immédiate, synonyme d’adrénaline et
d’euphorie à la barre de ces fabuleux jouets à
trois coques. Erik a donc lui-même dessiné les
pièces d’articulation des bras et les raidisseurs
textiles généreusement dimensionnés.
UN VRAI PETIT CROISEUR
AVEC UN BEAU VOLUME
Plus qu’un jouet, notre monture du jour
se présente comme un vrai petit croiseur dont
la coque centrale, fine sous la flottaison, offre
de toute évidence un beau volume au-dessus.
Sensation confirmée dès la première visite :
au pied de la courte descente, qui demande
certes un peu de souplesse, on découvre
un espace agréable et plutôt bien agencé
avec cette double table mobile qui offre une
modularité intéressante et peut permettre de
prendre de vrais repas à bord. Ce qui tombe
bien, car on trouve à bâbord une vraie petite L’équipage joue la prudence sous un ris, mais
cuisine avec tout ce qu’il faut pour bricoler le bateau glisse déjà à 8 ou 9 nœuds.
Trois safrans, une dérive, deux plans porteurs :
une belle collection d’appendices.

On peut discuter des

selleries et de l’éclairage,
mais le volume est
confortable et les
finitions très correctes.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 53

ESSAI LIBERTIST 853 SW
Au portant,on peut aller
barrer à son aise dans
le trampoline au vent : royal !
des repas chauds, et des rangements malins.
De façon générale, le niveau de finition
est clairement à la hausse par rapport aux
premiers Libertist. Le changement de direction
et d’équipe, côté polonais, n’y est pas pour
rien : Alain Margerie, qui porte le projet depuis
son origine avec son associé Patrice Pou-Pup,
s’en félicite et nous fait remarquer les progrès
réalisés, dans les emménagements mais aussi
sur le pont. Les accroches des trampolines
sont plus esthétiques et plus efficaces, les
panneaux solaires sont remarquablement
Le plan porteur est ici visible au vent. L’avantage de ces foils fixes, c’est qu’ils ne demandent
ni réglage ni expertise particulière : on peut donc mettre le bateau entre toutes les mains.
54 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
intégrés dans le pont avant. De bon augure
pour la suite !
Nous lançons le hors-bord sans tarder, cap
vers la sortie de ce petit labyrinthe portuaire
qu’est Port-Camargue. L’envoi de la grand-
voile, dont la drisse est mouflée, demande
moins d’une minute avec un équipier en pied
de mât pour faire l’arbalète, tandis qu’un autre
avale le mou en rythme dans le cockpit. Affaire
d’autant plus rapide que nous partons sous
un ris, histoire de prendre la mesure de cette
tramontane aux rafales facétieuse tout en
préservant notre trimaran dont ce n’est
que la troisième sortie. Le foc monté sur
mousquetons textiles est envoyé dans la
foulée, et c’est parti ! Un premier bord au bon
plein nous donne rapidement une idée du
caractère de ce Libertist qui ne demande qu’à
prendre appui sur son plan porteur et faire
fumer ses étraves à la première survente. Des
accélérations sur courant alternatif, la faute
à cette brise de terre rafaleuse en diable, mais
on sent tout de suite que, repliable ou pas, le
potentiel du trimaran est pour ainsi dire intact.
Et c’est toujours aussi magique de sentir
la barre s’alléger dès qu’il part en survitesse :
au-delà de 10 nœuds, le bateau est dans
son véritable élément.
DES SENSATIONS
DE GLISSE GRISANTES
Il offre des sensations de glisse grisantes en
même temps qu’un contrôle irréprochable
avec ses trois safrans, sous la coque et sous les
flotteurs. Un triple appendice habituellement
réservé aux multicoques de course, et de fait
assez contraignant puisqu’il impose
ces longues bielles de transmission qui
se rejoignent au niveau d’une sorte de carré
de barre monté sur un rail. Une jonction
facilement démontable, puisqu’il faut
nécessairement désolidariser ces bielles pour
replier les flotteurs. C’est là aussi qu’est frappé
le stick, indispensable si vous voulez barrer
A voir ... et à revoir !

Le repliage des flotteurs ne

prend que quelques minutes
au port. Il faut détendre
les haubans sur pantoire et
le trampoline, ouvrir le
mousqueton de la drosse de
sécurité, déconnecter la barre
et haler sur le bout de
repliage. L’opération réduit
drastiquement la largeur,
c’est bien le but, mais
augmente la longueur
hors tout par l’arrière
d’environ 1,50 m.

Les positions de barre sont multiples, L’antidérapant rapporté est efficace L’intégration des panneaux
nous, on aime bien l’hiloire. et plutôt esthétique. solaires (3 x 60 W) est remarquable.

Pour les trampos, des loops en Des rangements partout, y compris Frapper la pointe avant du flotteur
Dyneema passés dans le composite. dans les hiloires de cockpit. demande un bon équilibre…

La découpe de la descente est On doit pouvoir concevoir un Tout est prévu derrière le rouf pour
un peu courte, mais on s’en sort. accouplement barre/hors-bord… ne pas laisser traîner les bouts.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 55

ESSAI LIBERTIST 853 SW
3
5
6 1
depuis les hiloires. Il est aussi possible de 2
rester à l’abri du cockpit, ou au contraire 7 4
d’aller mettre la main directement sur la barre
franche au vent, comme nous le ferons au
retour au portant. Pour l’heure, il nous faut
louvoyer pour essayer de gagner le port
de Sète, à une grosse vingtaine de milles
du Grau-du-Roi. Le côté facile, c’est ce foc
autovireur qui se gère tout seul. Le côté
pénible, c’est cette tramontane très instable
en force comme en direction qui nous incite
à prendre et larguer des ris toutes les dix Le Libertist 853 SW EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 8,50 m (replié 10 m)
minutes. Rien de compliqué, la boucle Dyneema
à passer dans les œillets de ris fait très bien
en 7 points LONG. COQUE
LONG. FLOTTAISON
8,50 m
8,50 m
son office, et le plan de pont du Libertist 1. La couchette avant fait 1,97 m de long LARGEURS 6,98-4,20 m
est, de façon générale, parfaitement rodé. pour 1,13 m de large aux épaules. La hauteur TIRANTS D’EAU 0,45-1,88 m
sur matelas est de 1 m. Panneau de pont. DEPLACEMENT 2 200 kg
2. Hauteur sous barrots à l’épontille : 1,86 m. SV AU PRES 62 m 2 (avec 3 m 2 de mât)
BLOQUEURS DE DRISSES 3. La cuisine comporte un réchaud Wallas FOC
GRAND-VOILE
19 m 2 (arisable)
40 m 2
(qui peut aussi faire chauffage), et une
SUR LE MAT vasque (pompe manuelle, élec. en option).
CODE O
GENNAKER
41 m 2
85 m 2
Le frigo ouvre sur l’arrière de la banquette
Ses particularités ? Des bloqueurs de drisse MATERIAU
sand. verre/PVC/vinyl. (inf.)
montés sur le mât pour éviter la compression tribord. bras/appendices carbone
4. Les banquettes du carré font 1,97 m de MOTORISATION hors-bord 9,9 ch
sur le pont de cet espar tournant, un réglage
long pour 0,47 m de profondeur. Les deux RESERVOIRS EAU 45 l
de l’arthur (la drosse qui peut permettre ARCHITECTE Erik Lerouge YD
de forcer la rotation du mât) depuis la bôme, plateaux de la table font 1,50 x 0,50 m (env.).
CONSTRUCTEUR Libertist Yachts
et un circuit de grand-voile qui passe par 5. La hauteur sous barrots au pied de la CATEGORIE CE B/4 pers. ; C/6 pers.
le vît-de-mulet. Notez à ce sujet que les bras descente est de 1,85 m (pas de plancher).
repliables imposent logiquement un rail de GV 6. La couchette arrière fait 1,98 m de long PRIX DE BASE 184 000 € TTC
plus court que dans la version à bras fixes, pour 1,02 m de large aux épaules. La hauteur PRIX BATEAU ESSAYE 249 388 € TTC
ce qui pourrait éventuellement militer pour sur matelas est de 0,49 m (il faut être souple). Principales options : mât carbone Perf.
l’installation d’un système pour tendre la chute 7. Les bancs de cockpit font 1,75 m de long (15 000 €), pack voiles Perf. (9 800 €),
pour 0,48 m de profondeur. Fond de cockpit gennaker (3 850 €), pack Confort
au portant – à voir à l’usage. N’oublions pas (16 800 €), électronique NKE (8 550 €)...
entre les bancs : 1,70 x 0,60 m de large.
qu’il s’agit d’une première unité, dont la
construction a été menée à bien par une
nouvelle équipe, il n’y a rien de choquant à ce
que nous ayons noté çà et là des améliorations
à étudier ; certaines sont d’ailleurs en cours,
à l’image du mât qui va changer (de Pauger
à AG+) avec un autre système d’arthur à la clé,
de la commande moteur qui pourrait être
couplée à la barre, ou encore du rail de barre
qui devrait gagner en fluidité.
Le retour de Sète au portant est forcément
plus facile que l’aller au louvoyage, mais nous
restons prudents et sentons que notre Libertist
en a sous le pied… Le propriétaire, Patrick,
préfère préserver son spi de grammage plutôt
léger. Passé tout récemment du Pogo 36
au Libertist, il fait en outre ses débuts en
trimaran. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’on
va attaquer sous gennaker, mais il est clair
que le bateau ne demande que ça. Et il y en
a peu, des voiliers capables d’offrir autant La grande table est constituée de deux plateaux sur pieds pivotants. L’un d’entre eux peut
de fun à la barre en même temps qu’un vrai aussi être monté dans le cockpit. Ça s’arrose !
programme de croisière. Vraie cabine avant,
WC marin isolé, couchette double sous le
cockpit, que demander de mieux pour une
semaine en famille ou entre potes ? Un brin
de longueur en plus ? Un peu de patience, le
Libertist 903 est déjà en construction et devrait
être présenté au prochain Grand Pavois.
Un demi-mètre de coque, c’est peu mais ça
permet d’allonger la jupe et de charger un peu
plus le bateau pour la croisière sans dégrader Le coin cuisine et son réchaud. Notez les La couchette sous le cockpit donne accès
les performances. On a hâte de voir ça ! poches de rangement au-dessus de l’étagère. à des soutes de rangement latérales.
Texte et photos : F.-X. de Crécy.

56 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION

DESTINATIONS
Vacances proches
ou lointaines ?
Faut-il partir loin pour trouver l’Eden nautique ? Pas si sûr…
La preuve en six matches à distance entre croisières
européennes et destinations tropicales.
Texte : F.-X. de Crécy.

58 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

Magie d’un mouillage parfait
à Dokos, non loin de la grande
île d’Hydra, en Grèce.

F.-X.DE CRECY
La Martinique, c’est
plus loin mais ce n’est
pas mal non plus !

THIBAULT DESPLATS

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 59

LOCATION DESTINATIONS

Antilles
vs
Grèce
Les trésors des îles de Grèce sont plus proches,
mais la basse saison estivale peut offrir des opportunités
assez incroyables aux Antilles, avec une fréquentation
à la baisse… Pas un choix facile !

GRECE
UN PAYS DE COCAGNE
INUTILE DE REFAIRE ici l’inventaire des
attraits de la navigation en Grèce. Ou plutôt
dans les divers archipels grecs, tant ce pays
est un joyau maritime aux facettes si variées
qu’on peut y retourner encore et encore sans
jamais poser sa pioche deux fois dans la même
baie. Reste à se frotter au meltem si vous
naviguez dans les Cyclades entre juillet et
début septembre : attention, c’est du costaud !
Mais toujours sous un ciel d’un bleu profond.
Pour échapper au meltem, cap sur le Sud
Péloponèse pour remonter ensuite vers
Athènes. Le vent devrait également être plus
modéré dans les îles Sporades, au nord, ou
en mer Ionienne, sur la côte ouest à l’ouvert
de l’Adriatique. Ce bassin-là est peut-être
plus touristique, mais il est vaste et offre plein
de possibilités pour échapper à la foule.
GRECE
641 €/PERSONNE*
SUN ODYSSEY 440, 4 CABINES, 2021
LOUEUR : Albatros Yachting
BASE DE DEPART : Nikiti (Thessalonique)
LOCATION : 5 130 €/semaine
TRANSPORT AERIEN : 450 €/personne
TEMPS DE TRANSPORT : 3 heures de vol
* Sur une base de 8 équipiers

60 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE


ANTILLES
PENSEZ A LA BASSE SAISON
LES MOIS D’ETE ont certes de bons et
de mauvais côtés aux Antilles. Côté pile, moins
de monde et des locations beaucoup moins
chères. Côté face, des tarifs aériens au zénith
et une météo un peu plus incertaine, surtout
à partir de la deuxième quinzaine d’août :
le risque cyclonique devient alors significatif,
en particulier de la Guadeloupe au nord
de l’arc antillais. De la Martinique au Sud,
vous serez en revanche tranquille : ces îles-là
sont très rarement touchées. Le temps est
en revanche plus changeant, avec des pluies
éventuellement plus sévères pendant les
BERTRAND DUQUENNE
grains, voire une éventuelle onde tropicale
synonyme de plusieurs jours de pluie – mais
cela peut aussi se produire en hiver. Les alizés
devraient être fidèles au rendez-vous,
et les Antillais aussi ! Profitez de l’accueil
Le petit port de l’île
de Serifos.
F.-X. DE CRECY
des rastas-pêcheurs aux Grenadines,
des langoustes, des marchés de Pointe-à-Pitre
ou de Bequia… C’est du bonheur !
ANTILLES
1 310 €/PERSONNE*
EXCESS 12, 4 CABINES, 2024
LOUEUR : Star Voyage
BASE DE DEPART : Le Marin (Martinique)
LOCATION : 3 280 €/semaine
TRANSPORT AERIEN : 900 €/personne
TEMPS DE TRANSPORT : 9 heures de vol
DECALAGE HORAIRE : - 5 heures
* Sur une base de 8 équipiers
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 61
LOCATION DESTINATIONS

Polynésie
vs
Bretagne
Deux pays au caractère bien trempé, non séparés mais
reliés par ces océans qui subliment leurs côtes. Ici un
paradis méconnu, là-bas un mythe et le voyage d’une vie.

POLYNESIE
AUX ILES SOUS-LE-VENT
LA PRINCIPALE BASE de location
polynésienne (Dream Yachts, Tahiti Yachts
Charter, Sunsail-Moorings) se trouve à Raiatea,
au cœur des îles Sous-le-Vent de Tahiti. On
s’y rend au moyen d’un vol inter-îles au départ
de Papeete. Les meilleures périodes pour
y naviguer restent le printemps et l’automne
de l’hémisphère nord. C’est la garantie d’avoir
un régime d’alizé constant et médium entre
Quinze jours sont
15 et 20 nœuds lorsque, l’été, le mara’amu un minimum pour vivre
peut souffler entre 25 et 35 nœuds, rendant à fond cette croisière
extraordinaire.
la navigation plus exigeante. Mais l’aventure
n’en sera peut-être que plus belle d’un lagon
à l’autre ! Attention cependant à la houle
qui peut rendre certaines passes difficiles
et génère du courant à l’intérieur des lagons,
surtout quand ils forment des goulets comme
à Huahine.

Aux îles Glénan,

devant le phare
de Penfret.
FRANÇOIS VAN MALLEGHEM

62 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 POLYNESIE
1 375 €/PERSONNE*
HELIA 44, 4 CABINES, 2014
LOUEUR : Tahiti Yacht Charter
BASE DE DEPART : Raiatea
LOCATION : 11 000 €/semaine
TRANSPORT AERIEN : 2 800 €/personne
TEMPS DE TRANSPORT : 20 heures de vol,

BERTRAND DUQUENNE
deux escales
DECALAGE HORAIRE : - 11 heures
DEVISE : 1 euro = 119 francs pacifiques
* Sur une base de 8 équipiers

BRETAGNE
PLAISIRS D’ARMOR
LES SAISONS CANICULAIRES de ces
dernières années ont mis en exergue les attraits
du climat breton, généralement bien ventilé quand
le reste de la France suffoque ! Et ce n’est qu’un
atout supplémentaire dans le jeu d’une région qui
n’en manque pas, surtout si vous savez sortir des La Caraïbe malouine.
sentiers battus pour redécouvrir ses joyaux, de la
côte sauvage de Belle-Ile au littoral du Trégor en
passant par les rias du Finistère. En très haute BRETAGNE
saison (première quinzaine d’août) en particulier,
démarquez-vous en mettant le cap sur la 452 €/PERSONNE*
Bretagne Nord, globalement moins fréquentée et OVNI 435, 4 CABINES, 2002
plus sauvage. L’offre locative y est un peu moins
LOUEUR : Naviloc
riche qu’en Morbihan (voir par ailleurs), mais il y
a quand même de bonnes adresses, par exemple BASE DE DEPART : Saint-Malo
à Saint-Quay (LocVoile Armor) et Saint-Malo LOCATION : 3 622 €/semaine**
(Naviloc). Pensez aussi à Brest (Eridan), une base TRANSPORT AERIEN : 1 372 €/personne
qui permet de naviguer dans la rade en cas TRANSPORT : 3 heures de train depuis Paris
de mauvais temps avant de gagner les îles d’Iroise * Sur une base de 8 équipiers
quand le soleil fait son retour. ** Basse saison : 2 877 €

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 63

LOCATION DESTINATIONS

Seychelles vs Corse
D’un côté un archipel de rêve, moins fréquenté et mieux préservé que les Antilles,
de l’autre une île de Beauté au zénith de sa popularité. La deuxième a l’avantage
de la proximité, mais elle est très demandée et les bateaux sont chers !
LIONEL BAIZEAU

SEYCHELLES
L’ETE DECALE DANS L’INDIEN
LA BASSE SAISON ne manque pas d’attraits aux
Seychelles. Pourquoi ? D’abord parce qu’il y a beaucoup SEYCHELLES
moins de monde. Ensuite parce qu’il y a plus de vent,
20 nœuds en moyenne alors que pendant l’été austral
590 €/PERSONNE*
c’est plutôt mou… Si vous y allez en juillet-août, LAGOON 42, 4 CABINES, 2018
l’ambiance se rapproche davantage de celle des Antilles LOUEUR : Sailoé
sous l’alizé de nord-est. Egalement parce que ce vent
BASE DE DEPART : Mahé
d’hiver austral est orienté nord, donc plus favorable
pour écumer l’archipel en ouvrant de nouvelles LOCATION : 4 720 €/semaine
possibilités de mouillage. Et enfin parce que la moindre TRANSPORT AERIEN : 1 500 €/personne
fréquentation conduit les loueurs à modérer leurs prix. TEMPS DE TRANSPORT : 10 heures de vol
De telle sorte que si vous faites bien le compte, DECALAGE HORAIRE : 3 heures
P.-Y. POULAIN

les économies réalisées sur la location par rapport

DEVISE : roupie seychelloise
à un cata en Corse financent le billet d’avion. Résultat :
* Sur une base de 8 équipiers
vous partez aux Seychelles avec le même budget.

64 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE


THIBAULT DESPLATS
CORSE
UN PARADIS TRES DEMANDE
ON L’A DIT, c’est un peu la destination reine
ces dernières années et il y a des raisons
à cela : qualité de vie, paysages spectaculaires,
littoral préservé, eaux cristallines… La Corse
est bel et bien un pays de cocagne pour
les plaisanciers. Le revers de la médaille,
ce sont les mouillages parfois encombrés
– mais le terrain de jeu est vaste. A vrai dire,
Splendeurs minérales de la
Scandola : peu de mouillages,
mais un bout de côte à grand
spectacle.
CORSE
817 €/PERSONNE*
DUFOUR 360, 3 CABINES
la popularité de la Corse fait surtout mal LOUEUR : Dream Yacht Charter
au porte-monnaie : les flottes ne sont pas BASE DE DEPART : Propriano
pléthoriques, les demandes de location LOCATION : 4 905 €/semaine**
nombreuses, il n’en faut pas plus pour faire
TRANSPORT : 500 €/pers. en avion de Paris,
monter les prix. Résultat : la Corse semble bien
être l’une des destinations location les plus même budget pour 2 personnes et 1 véhicule
chères du monde. N’empêche, c’est toujours en ferry Marseille-Ajaccio.
aussi beau ! * Sur une base de 6 équipiers.** Basse saison : 784 €
Rondinara, l’un des spots
mythiques de la côte sud.
CAMILLE MOIRENC
CAMILLE MOIRENC
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 65
LOCATION DESTINATIONS

Cuba
vs
Iles Pontines
Les grands loueurs désertent Cuba : bonne ou mauvaise
nouvelle ? En attendant de le savoir, autant découvrir
les trésors endormis de la vieille Europe, à l’image
du chapelet d’îles qui s’égrènent des eaux napolitaines
au large du port d’Hostie. Les merveilleuses îles Pontines.

CUBA
UN LAGON REVOLUTIONNAIRE
SI CUBA A RENOUE depuis longtemps
avec le tourisme, rares sont ceux qui explorent
ses côtes depuis la mer. De plus en plus rares
devrait-on dire, car le contexte politique
et international a conduit les grands loueurs
(Sunsail il y a quelques années, et désormais
Dream Yachts Charter) à se retirer de la grande
île caraïbe. Les catamarans qui restent
disponibles en agence appartiennent à la flotte
espagnole Alboran Charter. Ils ne sont pas
de première jeunesse, d’où leur prix plutôt
abordable. On peut donc se laisser tenter
et découvrir les Joyaux de la Reine, ce petit
archipel corallien peu fréquenté. L’occasion
de découvrir la joie de vivre cubaine malgré
des temps difficiles. Comptez trois heures
de car ou de voiture pour gagner le port
de Cienfuegos depuis La Havane.

Au vieux port romain

de Ventotene.
F.-X. DE CRECY

66 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE


ILES PONTINES
CAP SUR LA DOLCE VITA
LES ILES PONTINES, qui se succèdent de
la baie de Naples jusqu’au large d’Ostie, sont
une destination extraordinaire et relativement
peu connue, du moins en France. Chacune
de ces îles a son caractère, de Procida, où
se trouve la base Sunsail, à Ponza et ses eaux
translucides en passant par Ventotene et
son petit port romain. Vieilles pierres, façades
colorées agrippées à flanc de coteaux, douceur
de vivre en Italie insulaire. Avec en prime une
gastronomie du quotidien qui fait de votre
croisière une expérience sensorielle complète.
Le plein été est forcément plus touristique,
la croisière la plus authentique pourrait bien
se faire à Pâques, avec des températures
déjà douces mais des villages encore un peu
endormis où vous serez néanmoins accueilli
CUBA
232 €/PERSONNE*
LAVEZZI 40, 4 CABINES, 2004
LOUEUR : Alboran (Via GlobeSailor)
BASE DE DEPART : Cienfuegos
LOCATION : 1 862 €/semaine
TRANSPORT AERIEN : 1 022 €/personne
TEMPS DE TRANSPORT : 10h30 de vol
DECALAGE HORAIRE : - 6 heures
DEVISE : 1 euro = 27 pesos cubains
* Sur une base de 8 équipiers
BERTRAND DUQUENNE
chaleureusement. Si vous préférez rester
en baie de Naples, ou si la météo
vous y contraint, Capri est évidemment
incontournable, mais plus touristique.
ILES PONTINES
683 €/PERSONNE*
OCEANIS 38, 3 CABINES
LOUEUR : Sunsail-Moorings
BASE DE DEPART : Procida
LOCATION : 4 100 €/semaine**
TRANSPORT AERIEN : 220 €/personne
TEMPS DE TRANSPORT : 2h20 de vol
* Sur une base de 6 équipiers. ** Moyenne saison (avril) : 2 225 €
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 67
LOCATION DESTINATIONS

Thaïlande vs Croatie
Deux destinations que tout sépare. Et pourtant, leur géologie hors norme les rapproche
et nous subjugue. Qu’il s’agisse des formations karstiques en lévitation en face de Phuket
ou des îlots arasés de la mer Adriatique, dépaysement garanti !

THAILANDE
UNE CROISIERE EN LEVITATION
Dans la baie de Phang Nga.
BERTRAND DUQUENNE

EAUX TRANSLUCIDES, mouillages
déserts, grottes poissonneuses, lagons secrets,
conditions de navigation très tranquilles et,
à chaque mouillage, bienveillance des locaux.
La navigation le long de la péninsule
thaïlandaise est tout simplement paradisiaque.
S’il faut trouver un bémol, sans doute est-ce le
vent qui manque un peu dans les voiles… Une
THAILANDE
197 €/PERSONNE*
DUFOUR 520 GL, 5 CABINES
des raisons qui explique le faible développement LOUEUR : Dream Yacht Charter (Phuket)
du tourisme nautique qui vous permettra de LOCATION : 1 978 €/semaine
profiter de mouillages tranquilles et préservés. TRANSPORT AERIEN : 1 500 €/personne
Quelques « long tails » passent généralement TEMPS DE TRANSPORT : 12 heures de vol
la journée dans les mouillages les plus connus,
mais en soirée on se retrouve souvent seul. DECALAGE HORAIRE : + 6 heures
Moins attrayant : le prix des billets d’avion, DEVISE : 1 euro = 38 baths
qui a doublé en quelques années. * Sur une base de 10 équipiers

CROATIE
DES ARCHIPELS ENCORE SAUVAGES CROATIE
LA CROATIE est devenue un eldorado 753 €/PERSONNE*
du charter : on y trouve des centaines de SUNSAIL 41**, 3 CABINES
voiliers en location. Mais le terrain de jeu LOUEUR : Sunsail
est si vaste, les archipels si découpés, qu’on
BASE DE DEPART : Dubrovnik
peut aussi s’y retrouver seul au mouillage
en plein mois d’août. La préservation LOCATION : 4 518 €/semaine
de ces îles et l’abondance de l’offre locative TRANSPORT AERIEN : 400 €/personne
BERNARD RUBINSTEIN

entretiennent le succès de la Croatie en TEMPS DE TRANSPORT : 3 heures de vol,

tant que destination. Mais attention, depuis 17 heures de voiture
son passage à l’euro (janvier 2023) la vie
y est devenue plus chère, y compris dans
Devise : euro
* Sur une base de 6 équipiers.** Sun Odyssey 410
les ports et les mouillages organisés.

68 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION
ENQUETE
Où louer
un bateau sympa ?
Louer, c’est aussi l’occasion de prendre la barre de l’une de ces nouveautés récemment
découvertes à La Rochelle ou à Cannes, ou dont l’essai dans la presse vous a fait rêver.
Bonne nouvelle : c’est facile...
Texte : F.-X. de Crécy.
IL Y A DEUX SORTES de locataires
de voiliers : ceux qui veulent simplement être
sur l’eau dans un coin de mer qui les fait rêver,
et ceux qui cherchent aussi le plaisir de barrer
et manœuvrer un bateau sympa. Les premiers
regardent en priorité le nombre de cabines,
le confort, la date de mise à l’eau et le prix.
Les seconds savent généralement ce qu’ils
veulent : de longs bords à 12 nœuds de
moyenne en Pogo 44 dans le meltem grec
70 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
ou dans les alizés antillais ; une croisière
classieuse sur un Solaris 40 en Bretagne ;
ou encore l’essai au long cours du tout dernier
Dufour ou Bénéteau en vue, pourquoi pas,
d’un achat. La location offre aussi toutes
ces possibilités, car l’époque où on ne pouvait
louer que des caravanes à une ou deux étraves
est bien heureusement révolue. Encore faut-il
savoir où les trouver. Le tableau page suivante
peut vous y aider. De façon générale, il y a
au moins trois façons de chercher un bateau
atypique.
Première solution : vous adresser à l’un de ces
loueurs qui ont fait de l’oiseau rare en location
leur spécialité : Alternative Sailing, à La Trinité,
fait figure de pionnier en la matière. Iliora
Bretagne a aussi quelques voiliers décalés et
fort sympathiques pour une croisière bretonne
à l’image de ses Mojito (IDB), et Open Sail
s’est fait un nom sur le créneau de la croisière
sportive avec sa belle flotte de Pogo
qui écument l’Atlantique de la Bretagne
(ou la Charente-Maritime) aux Antilles.
Certains loueurs se lâchent aussi en
Méditerranée, à l’image du Marseillais Saileazy,
le seul à notre connaissance qui propose
un Dragonfly 28 et un Tricat 30 en location –
mais avec un modèle un peu différent, incluant
 Arriver au mouillage de Houat
à la barre d'un JPK 39 FC
flambant neuf, c'est quand
même gratifiant.

BERTRAND DUQUENNE

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 71

LOCATION BATEAUX ATYPIQUES

la possibilité de s’abonner et de louer

à la journée, voire à l’heure.
Deuxième solution : faire votre marché sur une
agence en ligne. Les outils de recherche d’une
plateforme comme GlobeSailor permettent
d’aller à l’essentiel en saisissant par exemple
un modèle, une destination, et voir si ça
« matche ». C’est ce que nous avons fait
pour les destinations étrangères, l’agence
nous a ensuite fourni les noms des loueurs
correspondants. Ces derniers n’apparaissent
pas à l’écran, probablement, on s’en doute,
pour que le client ne passe pas en direct.

EN DIRECT OU VIA
UNE AGENCE ?

Mais l'explication de GlobeSailor est un peu
plus subtile. D’une part, les loueurs croates,
grecs ou autres qui délèguent la
commercialisation de leurs bateaux à
GlobeSailor le font pour sous-traiter toutes
les tâches qui précèdent l’arrivée du locataire
sur la base. Ils ne cherchent donc pas à être
démarchés en direct et rester cachés au moins
jusqu’à la signature leur va bien. D’autre part,
le locataire ne paie pas moins cher en passant
en direct, car les 20 % de commission sont
payés par le loueur et non par le locataire.
Donc, si après deux locations chez Star Voyage
ou CFC Location via GlobeSailor je décide
de passer en direct, je paierai le même prix. La
différence, c’est que le loueur gagnera mieux
F.-X. DE CRECY
Louer ce RM chez Iloria Bretagne, ou un autre chez Alternative Sailing, et profiter des joies de
l'échouage sur l'estran. On trouve aussi un Ovni chez Naviloc… mais ils ne sont pas si nombreux.
sa vie… Et fera peut-être une ristourne. Mais moins homogènes. Chercher un bateau sur
il peut aussi proposer des rabais en agence. Click&Boat ou SamBoat demande donc un peu
Troisième solution : aller chercher le bateau de de flair pour distinguer la perle rare du bateau
vos rêves sur une plateforme de location entre qui risque de gâcher vos vacances, et ce
particuliers. Ces bateaux-là ne sont pas sur n’est pas toujours si facile. Mais c’est sûr,
les agences de location professionnelle comme il y a des bons plans entre particuliers.
GlobeSailor. Mais inversement, les bateaux de Si vous en trouvez un, profitez-en et surtout
loueurs sont aussi sur Click&Boat, de telle sorte gardez le contact pour une prochaine croisière,
que ces plateformes, initialement développées tant la dimension humaine est cruciale
pour les particuliers sont très riches, mais dans la location entre particuliers.

OU LOUER DES BATEAUX RECENTS OU ATYPIQUES ?*

Modèle Constructeur Année Base Pays Loueur Tarif basse Tarif haute
saison** saison**
Bavaria C42 Bavaria 2024 Sibenik Croatie Pitter Yachting 990 € 3 757 €
Bavaria C42 Bavaria 2020 Athènes Grèce K2 Yachting 1 292 € 4 074 €
Dehler 38 Dehler 2020 Zélande Pays-Bas Venturi Sailing 1 995 € 2 557 €
Django 9.80 Marée Haute 2021 La Trinité-sur-Mer France CFC La Trinité 1 848 € 2 716 €
Dragonfly 28 Perf. Quorning Boats 2023 Marseille France Saileazy 924 € nc
Dufour 41 Dufour Yachts 2024 Sibenik Croatie Jadranka Yachting 1 829 € 4 635 €
Figaro 3 Bénéteau 2019 Marseille France Saileazy 945 € nc
First 36 Bénéteau/Seascape 2024 Pirovac Croatie Euronautic 2 245 € 3 660 €
Grand Soleil 44 Del Pardo 2022 Sibenik Croatie NCP Charter 2 860 € 5 143 €
Hallberg-Rassy 36 Hallberg-Rassy 1994 Hamble Royaume-Uni Hamble Point YC 699 € 2 443 €
Hanse 460 Hanse 2022 Gocek Turquie Saysail 2 975 € 4 800 €
Hanse 460 Hanse 2023 Marseille France Midi Nautisme 3 360 € 6 500 €
Italia 11.98 Italia Yachts 2024 Lavrion Grèce Hellenic Yachting 3 420 € 7 200 €
JPK 39 FC JPK 2023 Lorient France Iloria Bretagne 2 440 € 3 731 €
Mojito 888 IDB Marine 2020 Lorient France Iloria Bretagne 1 356 € 2 109 €
Neel 43 Neel Trimarans 2021 La Trinité-sur-Mer France Alternative Sailing 2 890 € 4 400 €
Oceanis 37.1 Bénéteau 2024 Ajaccio France Union Nautique Insulaire 3 000 € 3 750 €
Oceanis 37.1 Bénéteau 2024 Marmaris Turquie Sailway 2 000 € 2 916 €
Oceanis 37.1 Bénéteau 2024 Castiglioncello Italie North Sardinia Sail 1 791 € 3 999 €
Pogo 36 Pogo Structures 2020 La Rochelle France Open Sail 2 050 € 3 250 €
Pogo 36 Pogo Structures 2023 La Rochelle/Le Marin France Open Sail 2 950 € 3 950 €
Pogo 36 Pogo Structures 2020 Lavrion Grèce Fast Sailing 3 105 € 4 545 €
Pogo 44 QR Pogo Structures 2022 Quiberon France Alternative Sailing 3 750 € 4 950 €
Pogo 44 QR Pogo Structures 2022 La Rochelle/Le Marin France Open Sail 3 650 € 4 800 €
Pogo 44 QR Pogo Structures 2022 Bandol France Open Sail 3 750 € 5 800 €
RM 1180 RM Yachts 2022 La Trinité-sur-Mer France Alternative Sailing 2 250 € 3 550 €
RM 1180 RM Yachts 2020 Lorient France Iloria Bretagne 2 440 € 4 000 €
Solaris 40 Solaris yachts 2022 La Trinité-sur-Mer France Alternative Sailing 2 250 € 3 550 €
Sun Fast 3300 Jeanneau Yachts 2023 La Trinité-sur-Mer France Alternative Sailing 1 590 € 2 490 €
Sun Odyssey 350 Jeanneau Yachts 2024 Dubrovnik Croatie Euromarine nc nc
TS 42 Marsaudon Composites nc Daouët/Le Marin France Open Sail 4 750 € 6 500 €
TS 42 Marsaudon Composites 2022 La Trinité-sur-Mer France Electron Libre 3 400 € 5 000 €
*en location professionnelle, disponibles chez GlobeSailor ou en direct. **tarif hebdomadaire .

72 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION
PRISE EN MAIN
Le guide
du locataire
95 % des aléas qui surviennent en location peuvent
être résolus en moins de deux heures : c'est le rôle
de l'inventaire. Allez, un dernier effort afin d'appareiller
l'esprit tranquille pour des vacances de rêve !
Texte : Damien Bidaine. Photos : François Van Malleghem.
LA DECOUVERTE du voilier réservé
depuis de longs mois pour votre semaine de
vacances est toujours marquée par l'excitation
de l'équipage. Chacun pose son sac à bord,
tous souhaitent choisir leur cabine, souffler
au plus vite, déconnecter et se fondre dans
le rythme coulant des vacances. Il s'agit aussi
de s'acclimater après un voyage plus ou moins
long en voiture, en avion ou en train, de
prendre la température locale, d'envisager
l'avitaillement et l'organisation du bord.
UN DERNIER JOB
AVANT L'APPAREILLAGE
Mais avant ça, il y a une tâche incontournable :
l'inventaire et l'état des lieux du voilier.
Attention, il ne s'agit pas seulement de
compter les assiettes, les couverts et les gilets
de sauvetage, mais plus largement d'explorer
le voilier dans tous ses recoins à la recherche
de l'armement de sécurité, des notices
d'utilisation, des documents officiels,
des outils, etc. Il s'agit surtout de prendre
connaissance des spécificités de ses
équipements de confort et de navigation :
s'assurer que vous saurez utiliser
l'électronique embarquée, que vous
comprenez bien le gestionnaire des batteries
de service. Il faut aussi contrôler le bon
fonctionnement du moteur, du guindeau,
des toilettes, du circuit d'eau douce sous
pression, éventuellement du dessalinisateur.
Autant de tâches inhabituelles à faire en
commun, afin que chacun gagne en autonomie
sur la semaine à venir.
74 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
Il faut enfin lever tout malentendu avec
la société de location concernant l'état
du bateau. Repérer les éventuels manques
à l'inventaire, s'assurer par exemple que la
caisse à outils est complète, noter les usures
ou les petits défauts sur les voiles et le pont et
Du guindeau aux feux
la coque, afin qu'au retour, aucune ambiguïté de mouillage, il faut
ne soit possible. Une opération instructive tout tester avec le loueur
et gagnant-gagnant à laquelle il faut consacrer pour partir serein.
du temps, mais qui vous permettra
d'appareiller plus sereinement.
Nous avons joué le jeu avec le RM 1070 prêté
par Alternative Sailing. Après nous en avoir
confié les clefs, Paul nous a remis un inventaire
REMERCIEMENTS
sous forme de chek-list à cocher. « Faites
le tour, je repasse dans une heure ». C'est le
temps qu'il faut pour explorer ce petit croiseur
et noter nos questions. A son retour, il reprend
avec nous une visite complète sous le pont
– de la cabine avant à la soute arrière – et
sur le pont, de l'enrouleur à la douchette du
cockpit. A chaque fois, une démonstration du
bon usage de l'équipement. Avec une prise en
main aussi systématique, impossible de passer
à côté d'un détail. Certes, tous les loueurs
ne seront peut-être pas aussi exhaustifs, sans
compter la barrière de la langue. Mais quoi
qu'il en soit, c'est le moment opportun pour
laisser libre cours à vos questionnements. Valérie Tisseraud-Julien a des milliers
Chaque éclaircissement est un souci à venir de milles derrière elle en Mini 6.50 (proto),
en moins ! C'est aussi le moment d'interroger en course IRC et aussi en croisière.
le chef de base sur la zone de navigation : les Skippeuse professionnelle et patentée, elle a
bons mouillages, les pics de fréquentation, la régulièrement l’occasion de mettre à profit son
météo locale et ses effets de site, mais aussi sens de la pédagogie, mais aussi l’expertise
les bons plans gastronomiques, touristiques. technique qu’elle retire de son expérience
Les loueurs ne sont avares de bons conseils et de préparatrice de bateaux de course.
ne souhaitent que votre bonheur, profitez-en !
 Ouvrir et faire
l'inventaire de l'armement
de sécurité. Une opération
que le chef de bord
doit effectuer avec tout
l'équipage, de façon
à partager un maximum
d’informations. Une bonne
façon de revoir – ou
d’apprendre – les rappels
de sécurité avec la
première navigation.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 75

LOCATION PRISE EN MAIN
LES EQUIPEMENTS DE CONFORT ET DE SECURITE
PROFITEZ DE L'INVENTAIRE pour
explorer le voilier dans ses moindres recoins.
Le RM 1070 très récent, prêté pour l'occasion
par la société de location Alternative Sailing
basée à La Trinité-sur Mer, ne laisse pas
de place au doute. C'est un bon élève :
les fonds sont propres et secs, la caisse à outils
est complète, les pleins sont faits, tout est
fonctionnel. Mais tous ne sont pas toujours
aussi irréprochables, ne serait-ce que parce
qu'en haute saison, la rotation continue des
voiliers, l’enchaînement des locations limitent
le temps de maintenance. Soyez donc attentif
et signalez tout ce qui vous semble faillible.
Evidemment, faites l'inventaire des ustensiles
de cuisine, veillez à la présence indispensable
Repérez la caisse à outils et n'hésitez surtout
pas à la faire compléter s'il y a des manques.
Testez le fonctionnement des toilettes
et enseignez-le à tout l'équipage.
Contrôlez le niveau de la jauge d'eau douce
avant et après le remplissage des réservoirs.
Contrôlez et faites-vous expliquer si besoin
l'indicateur de charge des batteries du bord.
76 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
d'un briquet fonctionnel près de la gazinière,
d'une bouteille de gaz pleine, d'une pompe
à eau douce en état de marche, du bon
fonctionnement des plafonniers. Mais surtout,
soulevez les planchers : interrogez le loueur
s'il y a de l'eau dans le puisard ou dans la cale
moteur et signalez-le (photographiez-le) avant
d'assécher les fonds. C'est un bon moyen
de vérifier le fonctionnement de la pompe
de cale. Est-elle à déclenchement automatique,
manuelle ? Dans la cale moteur, vérifiez
le niveau d'huile avant d'allumer le moteur.
Veillez au rejet d'eau du circuit de
refroidissement, actionnez le guindeau
(cherchez et trouvez le fusible), puis allumez Après un auto-inventaire, le loueur doit faire
l'électronique et enclenchez le pilote. le tour du propriétaire avec vous.
Inspection des fonds : ils doivent être propres, Trouvez et testez la pompe de cale. Elle est ici
secs et sans fissures. Prenez des photos. manuelle et baladeuse, avec un long flexible.
Vérifiez le niveau d'huile puis inspectez la cale Ne négligez pas l'inventaire des ustensiles
moteur qui doit être propre et sèche. de cuisine et des couverts !
 Passer du temps autour de la table
à cartes est indispensable
pour bien comprendre l'usage
de la VHF et les spécificités
du tableau électrique.

UNE INSPECTION MINUTIEUSE

LES VOILIERS DE LOCATION naviguent
beaucoup, qu'ils ne soient pas comme neufs
est normal, il faut donc être attentif aux points
d'usure habituels (vît-de-mulet, poulies
de pied de mât, gréement courant) et à ceux
fortement sollicités : chandeliers, balcons,
guindeau, annexe. Veillez évidemment
aux impacts sur le gel-coat (coque et pont)
et sur les hublots ou panneaux de pont. Soyez
également attentif aux charnières (portes,
et coffres) et à la présence des accessoires tels
que les manivelles de winch, les clefs de nable. La gestion du gaz : un impératif Manipulez toutes les vannes et veillez
Sans être suspicieux, soyez minutieux ! pour une croisière réussie. à leur état de service.

Testez la robustesse des chandeliers, des Allumez le moteur et assurez-vous du bon Soyez attentif aux éclats de gel-coat,
balcons avant et arrière ainsi que des filières. fonctionnement du circuit de refroidissement. aux éléments usés et signalez-les au loueur.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 77

LOCATION PRISE EN MAIN

PRET A PARTIR ? PRENEZ VOS PROPRES REPERES

PAS QUESTION de découvrir au large
un accroc dans les voiles ou un problème
électronique. Déroulez le génois, hissez la
grand-voile au port ou, à défaut, inspectez-les
minutieusement lors du premier envoi.
Prenez des photos et contactez le loueur. Pour
l'électronique, faites-vous bien expliquer son
fonctionnement et vérifiez que les capteurs
sont opérationnels et cohérents. Concernant
le sondeur, il est toujours recommandé
de vérifier l'étalonnage et la justesse de
l'affichage avec la sonde à main. Prenez
enfin le temps de repérer le centre de la barre
à roue, quitte à y accoler un repère adhésif.

Vérifiez d’emblée le calage du sondeur avec Si l’absence de vent le permet, déployez vos voiles afin d’en inspecter l‘état. Sur le génois,
la sonde à main : vous n’aurez pas de doute. soyez attentif à l’état de la bordure et de la chute. Une inspection à parfaire sur le premier bord.

LA CHECK-LIST DU LOCATAIRE
AVANT LA CROISIERE
❑ Anticipez les réservations de mouillages
(parcs nationaux, marinas).
❑ Commandez l'avitaillement de base avec
livraison au bateau (fonds d'épicerie, produits
d'hygiène).
❑ Réservez les jouets de mouillage : paddle,
masques, palmes, etc.
❑ Préparez votre navigation et embarquez guide
de mouillage, guide touristique ; chargez votre
cartographie, vos applications de navigation.
❑ Faites votre trousse à pharmacie (crème solaire,
Biafine, antalgiques, anti-vomissements, etc.).
❑ Allumez le moteur et checkez la couleur de la
fumée (blanc = danger), l'évacuation de l'eau de
refroidissement. Testez la commande d'inverseur.
❑ Vérifiez la présence d'une bouteille de gaz
de remplacement.
❑ Faites le plein de la nourrice ou du hors-bord.
Testez-le. Si possible, gonflez l'annexe.
❑ Allumez l'électronique, étalonnez le sondeur.
❑ Vérifiez la bonne tenue des chandeliers.
❑ Assurez-vous que vous avez bien le numéro
de portable du chef de base.
❑ Vérifiez l'état de toutes vos voiles (au port
ou bien lors de la première navigation)

AVANT D’APPAREILLER PENDANT LA CROISIERE

Faites-vous expliquer le fonctionnement
de l'électronique embarquée.
❑ Faites revêtir à l'équipage les gilets avec ❑ Vérifiez régulièrement l'état de charge
les longes, expliquez leur fonctionnement. des batteries (service et moteur).
❑ Inspectez les fonds, testez la pompe de cale. ❑ Faites vos pleins (eau, gasoil).
❑ Inspectez le moteur, vérifiez le niveau d'huile. ❑ Naviguez en « bon père de famille ».

78 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION PREMIERES MANŒUVRES

Premières manœuvres
Le premier départ, à la barre d’un bateau qu’on ne connaît pas, génère toujours
un peu d’appréhension : normal… Préparez-vous, anticipez l’effet de pas et privilégiez
la marche arrière, si efficace et facile quand on en a pris l’habitude.

AVANT DE PARTIR
IL EST TEMPS D'APPAREILLER, reste
à sortir sans encombre un voilier dont on ne
connaît pas la manœuvrabilité. Familiarisez-vous
avec l'inverseur (les gaz). Ceci fait, le loueur vous
aura peut-être renseigné sur le pas de l'hélice.
Sinon, mettez le moteur en marche arrière,
voilier amarré, et observez de quel côté partent
les remous (en regardant vers l'arrière). Si les
remous vont à droite : le pas d'hélice est à droite
et inversement. L'effet de pas (voir schéma)
est très marqué sur les carènes creuses, mais
beaucoup moins sur des carènes plates, surtout
avec des motorisations saildrive comme sur
notre RM 1070. On répète enfin l'importance de
la communication, orale et visuelle : si besoin,
abattez la capote le temps des manœuvres et
enfin, manœuvrez à reculons. La marche arrière
est d'autant plus facile avec les voiliers dotés de
deux safrans, moins perturbés par le flux central
de l'hélice. Notez qu'en regardant vers l'arrière,
la barre à roue s'utilise tel un volant. Quant
à la barre franche, il suffit de la pointer dans
la direction voulue, en se méfiant de la forte
pression exercée sur le safran. Voilier en marche arrière et barreur face à la route : l’idéal pour ne pas s’emmêler les pinceaux !

Une hélice au pas

Sur quel « pas » jouez-vous ? Le pas de l'hélice

peut être d'une grande aide à la manœuvre.

80 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

Avant d'appareiller, testez et débloquez le frein
de barre, repérez le milieu de la barre à roue.
Gare aux amarres et aux écoutes
qui traînent dans l'eau !
✘
DEPART SUR GARDE AVANT

1 La garde seule retient le voilier du taquet

avant vers l'arrière. L'étrave est protégée.

2 Avant lente et barre à roue à bâbord (si quai

à bâbord) : l'arrière s'éloigne du ponton.

4 Le voilier qui forme un angle de 45°avec le ponton est largement dégagé des infrastructures et
de ses voisins. Le barreur embraye la marche arrière tandis que l'équipier libère rapidement la garde.

3 Point mort. La garde mollie, l'équipier
se prépare à larguer l'aussière.
IDEAL AVEC UN VENT PLAQUANT. Une
manœuvre à réaliser au choix avec une garde
avant (pivot à l’étrave) ou arrière (pivot à
l’arrière), ce qui permet d'opérer en solitaire
en détachant la garde sans quitter le poste
de barre. Nous préférons cependant le départ
sur garde avant, car nous privilégions toujours
la marche arrière qui permet de mieux contrôler
la direction. Maîtrisé, le départ sur garde est
le créneau du plaisancier ! Sa réussite tient pour
l'essentiel à la bonne protection du point de
pivot. Il ne faut pas hésiter à exagérer le nombre
de pare-battage et à attendre que le croiseur
forme avec le quai un angle de plus de 45°.

LE COUP DE LA CRAVATE

1 Arrivez à 45° du quai et donnez le coup de 2 Stoppez avec une petite marche arrière.
barre quand l’étrave est à 1,50 m, pas avant. L'équipier descend avec l’amarre d’embelle.

3 Le plus efficace est de passer une « cravate »

bien tendue (voir ci-contre) au taquet d’embelle.
4 Reprenez calmement la pointe arrière
pour faire le plein de gasoil plus aisément.
Avec cette « cravate » bien souquée,
bordé bien protégé, on peut se passer
de pointes quelques minutes. ✔
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 81
LOCATION PREMIERES MANŒUVRES

L'ARRIVEE AU PONTON
ON NE CHOISIT PAS sa place d'escale,
ce qui oblige souvent à composer avec le vent
qui peut être débordant ou plaquant. Le tout
est de bien l'intégrer dans votre manœuvre
en imaginant son effet pour ne pas être
surpris. Les agents du port sont là pour vous
aider et si ce n'est pas le cas, il ne faut pas
hésiter à demander leur aide par VHF (canal 9).
Dans tous les cas, une arrivée au ponton
se prépare en sortant tous les pare-battage
disponibles et en les plaçant assez bas pour
des pontons, à mi-hauteur pour un quai en
pierre, plus haut si vous êtes placé à couple.
Attention à ne pas faire pression sur les
hublots de coque. Gardez un pare-battage
libre et confiez-le à un équipier mobile. Dans
la séquence ci-dessous, nous l’aurions chargé
de la protection du bordé tribord. Préparez
ensuite une garde qui va permettre d’arrêter
le voilier : garde avant (empêche d'avancer)
du taquet avant vers l’arrière ou gare arrière
(empêche de reculer) du taquet arrière vers
l’avant. Dans le doute, préparez une aussière
au taquet d'embelle (au niveau des haubans)
pour faire l’une ou l’autre des gardes ou bien
le coup de la cravate (voir page précédente).
Les pointes avant et arrière sont prêtes à être
lancées à terre. Pour cela, lovez de longues 2 Le bordé a été garni de pare-battage
disposés à la hauteur du ponton. Ne pas
glènes disposées à cheval sur la filière haute 1 Préparez pointes et gardes lovées en en mettre sur les hublots (plus fragiles).
en prenant bien garde à leur équilibre ! de larges glènes laissées pendantes sur la filière.

3 L'équipier aux haubans est prêt à descendre. 4 La garde ou l’embelle est prise. Le barreur est 5 La pointe avant est rapidement prise
Le vent léger souffle sur bâbord avant. à la barre. L’équipier récupère la pointe avant. au taquet.

6 Le voilier est stabilisé avec la pointe arrière

que le barreur a lancée à son équipier.

7 La seconde pointe, passée par le barreur 8 Le voilier est sécurisé, le moteur éteint. La longueur des amarres peut être ajustée. C’est aussi
resté à bord, est prise sur le ponton. le moment d'anticiper le prochain départ en les passant en double avant de profiter de l’escale.

82 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 NŒUD DE TAQUET ET AUSSIERE EN DOUBLE

2 Faites un premier tour mort 3 … puis une première boucle

autour du pied du taquet… autour du doigt opposé…

1 Faites une tête d'alouette avec l'aussière en passant la boucle 4 … et une deuxième qui 5 Ce nœud suffit, faites la
d'un grand nœud de chaise dans, puis autour du pied du taquet. bloque en faisant une demi-clé boucle dans le bon sens mais
Double avantage : très costaud, et prend peu de place sur le taquet. sur l’autre doigt. n’encombrez pas le taquet.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 83

LOCATION PREMIERES MANŒUVRES

Stop aux acrobaties !

✔ ✘
Ne sous-estimez pas la force de traction du voilier ! Une amarre doit être immédiatement tournée sur le taquet. Faites ensuite un tour mort
et reprenez la tension en violonant à la main ou en faisant une légère pression sur le dormant en tension avec votre pied.

✔ ✘
On ne saute pas à terre, mais on descend tranquillement sur le ponton une fois que le voilier est le long du quai et au plus près. Si vous être trop
loin de ce dernier, attendez un peu ou refaites faire la manœuvre d’approche au barreur. C'est bien mieux qu'une jambe cassée ou un bain forcé !

✘ ✔
Repousser un voilier,
à la main, au pied, ou à l’aide
d’une gaffe est illusoire et
dangereux. La seule et unique
parade efficace est le pare-
battage volant. Affectez
cette tâche importante qui
ne demande pas de force mais
du bon sens à un équipier.

84 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION PREMIERS MOUILLAGES

Le mouillage facile
Mouiller l'ancre ou prendre un coffre demande de l'attention et une excellente
communication entre le barreur -– qui ne voit pas grand-chose – et l'équipier de la plage
avant qui lui tourne naturellement le dos ! Et pourtant, bien préparé, c'est très simple.

UN MOUILLAGE SE PREPARE DEVANT LA CARTE

LES VRAIES VACANCES, c'est au mouillage
que ça se passe ! De bonnes vacances passent
donc par des mouillages sereins, du choix de
l'anse à l'appareillage le lendemain matin après
une nuit calme et reposante. Un bon mouillage
commence donc devant la cartographie, en
cherchant un spot abrité de la houle et du vent
dominant, en tenant compte d'un éventuel
changement de direction du vent. Documentez-
vous sur l'application Navily qui est de bon
conseil, mais faites confiance à votre sens marin.
A l'approche du mouillage, évaluez bien
l'encombrement, ne cherchez pas à être devant
les autres. Par convenance et par sens marin,
on mouille en dernière ligne ou bien on arrive
tôt ! (voir schéma). Pour mouiller, déroulez bien
la chaîne (voir schémas ci-contre) en évitant
les zones d'algues en Atlantique comme
en Méditerranée. Enfin, lorsque viendra le temps
de relever l'ancre et sa ligne de mouillage,
ne tirez pas sur celles-ci avec le guindeau mais
remontez-les lentement au moteur à l'aplomb
de la chaîne. Enfin, sur le pont, place à la
communication : par gestes (avec les bras), par
relais (ci-contre) ou avec des talkies-walkies ! Entre le barreur et son équipier, la communication doit être claire. Un équipier peut faire le relais.

Bien choisir son mouillage

Une main de fer dans

un gant de velours,
avec cette manille textile
glissée dans un des
maillons de la chaîne
d'ancre pour passer
une amarre.

Sur ce voilier de
location, le marquage
de la chaîne d'ancre
est limpide. Si ce n'est
pas le cas, demandez
Avant de mouiller votre ancre, prenez le temps de faire le tour du site. au loueur la longueur
Repérez bien les hauteurs d'eau, évaluez le cercle d'évitement de vos voisins. de chaîne totale.

86 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 1 A l'approche, l'équipier a fait légèrement basculer l'ancre du davier. 4 Une fois la bonne longueur de chaîne mouillée (3 fois la hauteur d'eau
Le voilier est à l'arrêt lorsque le barreur ordonne de mouiller l'ancre. minimum), on se met au point mort et on ajuste la longueur de chaîne.

2 Dès que l'ancre touche l'eau, le barreur met en marche arrière lente. 5 On remet en arrière, pour éprouver la tenue du mouillage. Si la chaîne
Objectif : ne pas former un tas de chaîne sur le fond. tremble, c'est que l'ancre dérape. Remouillez ou donnez plus de chaîne.

3 Le voilier recule lentement dans l'axe du vent tandis que la chaîne 6 Au point mort et sans vent, le voilier revient légèrement sur la chaîne.
se déroule sur le fond. Prenez un repère fixe, à la perpendiculaire pour surveiller vos évolutions.

Au plus près, le barreur mouille

à hauteur de la jupe de son voisin.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 87

LOCATION PREMIERS MOUILLAGES

PRENDRE UN COFFRE EN MARCHE ARRIERE

LA METHODE EST IDEALE pour les
croiseurs récent sans tableau arrière, ou avec
un tableau arrière basculant. Plusieurs
avantages à cette procédure. Pour le barreur,
il s'agit de garder une vision claire de la
manœuvre, tant sur le corps-mort que sur
l'équipier qui reste à portée de voix. En marche
arrière, il maîtrise plus sûrement l'arrêt et
le maintient face au vent du croiseur, car ce
dernier va naturellement se mettre en drapeau
derrière son hélice. Pour l'équipier, l'opération
est plus simple, car il n'a pas à se pencher par-
dessus bord ni à recourir à la gaffe. En revanche,
il va devoir être très attentif à son aussière qui
ne doit en aucun cas traîner dans l'eau en raison
de la proximité de l'hélice. Au barreur d'être prêt
à se mettre au point mort au moindre incident.
Un autre équipier peut être bienvenu pour aider
aux étapes 2 à 4 et vite remonter l'aussière – qui
doit être très longue – vers le taquet d'étrave. Remontez le vent en marche arrière : le voilier se met alors en drapeau derrière son hélice.

1 Le barreur immobilise le voilier en maintenant un filet de gaz. 2 En prenant garde à maintenir l'aussière sous tension, l'équipier passe
L'équipier passe son amarre. Le risque : faire tomber l'aussière à l'eau… par l'extérieur du pataras et amène la bouée le long du bordé.

3 Le barreur remet légèrement les gaz en arrière pour aider le voilier 4 Il suffit au barreur de donner un peu d’ère, tandis que l’équipier reprend
à venir s’aligner derrière la bouée. L'équipier suit le mouvement. le mou de l'aussière. Il la passe sous le balcon et la tourne au taquet.

5 Manette des gaz stoppée. Le voilier commence à pivoter dans le lit 6 Le voilier a fini sa rotation. Il est désormais face au vent. Il est temps
du vent. L'aussière est tournée au taquet, elle se met en tension. d'installer une seconde aussière en pantoire sur le taquet bâbord.

88 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION PREMIERS MOUILLAGES

Nœud de chaise : voyez grand !

✔ ✘

L’idéal est de tourner l’aussière au taquet du bateau, mais si vous devez faire un nœud de chaise, ne lésinez pas sur la taille de sa boucle. Plus
elle est grande, plus il sera facile à faire et à défaire. Avant d'opérer, révisez le nœud de chaise sous tension, également appelé nœud de guide.

LE BON USAGE DE LA GAFFE CLASSIQUE OU AUTOMATIQUE

1 Avec une gaffe classique, opérez à trois. Le gaffeur indique au barreur

la situation de la bouée (distance et direction).

2 Une fois l'anneau saisi, la gaffe le hisse à la portée de l'équipier qui va y Avec une gaffe automatique, il suffit de crocheter l'anneau de la bouée
passer l'aussière. Ne cherchez surtout pas à retenir la bouée avec la gaffe ! avec le mousqueton de l'amarre préalablement saisi sur le taquet.

90 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

LOCATION PREMIERS MOUILLAGES

Amarre : lancez-la bien !

✔ ✘

Pour lancer une amarre à terre et éviter qu’elle ne finisse à l'eau : divisez les glènes en deux et lancez-les en même temps en direction
de l'équipier à terre. L'aussière (passée au taquet du bord) va naturellement se déployer tout en allant bien plus loin sans plus de force.

LE CALCUL DE MAREE FACILE

Si vous louez en Atlantique, une révision du calcul des hauteurs d'eau est
impérative. Bien sûr, les applications (Marée info…) pour avoir une indication
du niveau d'eau à l'heure près existent. Evidemment, les applications de
cartographie intègrent cette information, mais cela ne doit pas vous dispenser
de faire le petit graphique présenté ci-contre. Tout commence avec la
récupération des horaires et les hauteurs d'eau de pleine mer (PM) et de basse
mer (BM) sur la documentation du bord ou disponible avant la croisière à la
capitainerie. Il vous faut ensuite une feuille à petits carreaux. C'est impératif !
En abscisses, notez les heures. En ordonnées, inscrivez les hauteurs d’eau.
Il faut ensuite compter autant de carrés (ou de paires de carrés, comme ici) que
de douzièmes entre chaque heure. En reportant puis en reliant les coordonnées
de la PM et de la BM, on obtient une droite facile à interpréter. Autrement dit,
on trouve aisément pour chaque moment de la journée la hauteur d’eau
correspondante par rapport au 0 des cartes. Il ne reste plus qu'à prendre en
compte votre tirant d'eau et vous saurez exactement où mouiller votre ancre.

92 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

NAVIGUERDURABLE
MEDITERRANEE
Posidonie :
levons l’ancre!
Pour protéger les herbiers de posidonie des assauts
de nos ancres, les règles de mouillage se sont durcies
ces dernières années en Méditerranée, et les skippers
encourent des amendes assez lourdes. Décryptage.
Texte : Sidonie Sigrist.
1/ COMPRENDRE LE ROLE
ECOSYSTEMIQUE DE LA POSIDONIE
La posidonie est une plante endémique que
l’on retrouve le long du littoral méditerranéen,
entre 0 et 40 mètres de profondeur. Elle est
peu présente en Occitanie, elle recouvre 33 %
du littoral de PACA et surtout 66 % de celui de
la Corse. C’est LA star sous-marine en matière
de services écosystémiques : elle filtre l’eau,
séquestre le carbone, produit de l’oxygène
(1 m² d’herbier produit 14 litres d’oxygène
par jour), abrite de nombreuses espèces
de poissons. En prime, elle protège contre
l’érosion car elle amortit la houle et fixe
les fonds meubles. Mais voilà : la posidonie
Une ancre arrachée du fond charrie avec elle
les matériaux qui s’y trouvent.
94 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
est fragile et menacée par la plaisance comme
par les aménagements côtiers, les réseaux
pluviaux urbains, la modification des
courants… Les assauts de nos ancres
et l’évitement de nos chaînes constituent
l’une des principales menaces pour sa survie.
Voilà pourquoi les autorités compétentes se
creusent la tête depuis des années pour tenter
de la préserver en créant des réserves
protégées et des zones d’interdiction
de mouillage pour certains navires. Alors oui,
ça demande d’être un peu concentré sur sa
carte mais à la clef, c’est la survie des herbiers
(et celle de la biodiversité sous-marine)
qui est en jeu.
2/ UNE REGLEMENTATION
PROGRESSIVE
Depuis 1988, la posidonie est une espèce
marine protégée et depuis quelques années,
de nouvelles réglementations ont éclos sur le
littoral méditerranéen. Le capitaine de frégate
Pierre-Louis Josselin, porte-parole du préfet
maritime de la Méditerranée, nous éclaire
sur ce point : « L’arrêté de 2019 organise
le mouillage des grands navires supérieurs à
45 mètres et délimite des zones de mouillages
spécifiques. Ensuite, des arrêtés locaux
réglementent et interdisent certaines zones
pour le mouillage des navires de 20 à 24 m
(et plus). Ces zones ont fait l’objet de longues
concertations entre les usagers de la mer, les
associations environnementales et les acteurs
socio-économiques du secteur pour rester
au plus près des problématiques locales. »
Avant de rappeler : « Dans tous les cas,
le mouillage ne doit pas excéder 72 heures et
cela concerne tous les navires. » Les autorités
ont d’abord joué la carte de la sensibilisation,
plutôt que celle de la verbalisation.
 Il faut faire avancer le bateau
pour relever le mouillage en douceur.
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 95
NAVIGUER DURABLE POSIDONIE
3/ TOUT COMPRENDRE
SUR LE PREJUDICE ECOLOGIQUE
L’association France Nature Environnement
PACA s’est constituée partie civile dans
les premiers dossiers « posidonie » afin
de sensibiliser le public sur les conséquences
de sa destruction et d’établir, aussi, une
jurisprudence sur ce préjudice écologique.
Mais comment l’estimer ? Dans sa plaidoirie,
l’association s’est basée sur deux méthodes
de calcul, détaillées par son avocate Maître
Vergnoux. La première méthode consiste à
estimer la valeur écosystémique des services
rendus par les herbiers de posidonie.
« Concrètement, il s’agit de multiplier la
surface d’abrasion de l’ancre et de la chaîne
par la valeur écosystémique (une moyenne
issue de deux études de terrain en Corse et
en Italie) multipliée par 25, le nombre moyen
d’années qui seraient nécessaires à sa
repousse. Le second calcul estime ce que cela
coûte de réparer, de restaurer cette surface
détruite. Or c’est très onéreux de replanter
des herbiers de posidonie : 170 €/m2
en moyenne. »
Dans le cas du Take Off, un yacht de 26 m
poursuivi pour trois mouillages illicites entre
Cannes et Saint-Tropez, l’association a estimé
que la superficie détruite par son ancre
et sa chaîne était de 981 m2 pour ces trois
mouillages illicites. Et elle estime donc que
le préjudice écologique se chiffrerait entre
213 000 et 246 000 € selon la méthode
de calcul retenue (valeur écosystémique ou
coût de la restauration). Des sommes assez
proches… Et un argument de poids pour ne
pas poser son ancre n’importe où. Notez que
le capitaine a déjà été condamné au pénal à
20 000 € d’amende, assortis d’une interdiction
de naviguer d’un an dans les eaux françaises.
Pour le volet civil – et la fameuse jurisprudence
sur le préjudice écologique – il faudra
patienter jusqu’à l’été prochain pour obtenir
le délibéré.
Perdu ! Ces massifs de posidonie mettront
des années à repousser, s’ils repoussent.
96 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
4/ QUI PEUT VERBALISER
LES PLAISANCIERS ?
Les sémaphores ont un œil sur le littoral et sur
l’AIS et contactent les autorités compétentes
lorsqu’une infraction est suspectée. Le respect
de ces nouvelles réglementations est assuré
par les agents habilités : la Gendarmerie
maritime, les Douanes, la Marine nationale
et les Affaires maritimes. Il faut qu’il y ait
constatation de l’infraction : la simple
observation du sémaphore, via l’AIS ou les
jumelles n’est donc pas suffisante pour dresser
un procès-verbal. « On a besoin de constater
l’infraction, de relever aussi la longueur du
bateau », précise Pierre-Louis Josselin. Et inutile
de miser sur la clémence des autorités
compétentes : elles ont la capacité de dresser
Plus le bateau est gros, plus les risques
sont élevés pour les fonds. Ici en Grèce.
un procès-verbal (qui n’est pas une amende
forfaitaire) ensuite instruit par le tribunal
maritime de Marseille (lire le reportage
dans VM 338). Pour info, en 2023, il y a eu
933 suspicions d’infractions observées par les
sémaphores, contre 650 en 2022, le nombre
de procès-verbaux était de 115 en 2023 contre
119 en 2022. Pierre-Louis Josselin analyse
ces chiffres avec un certain enthousiasme :
« C’est une bonne nouvelle : notre maillage
a augmenté, notre surveillance s’est resserrée
grâce à une plus grande sensibilisation des
sémaphores sur ces questions. Nous avons
les yeux sur le littoral. » Quant aux peines 6/ COMMENT CONNAITRE LES
encourues, elles peuvent grimper jusqu’à
150 000 € d’amende, un an
INTERDICTIONS DE MOUILLAGE ?
Pour l’instant, les arrêtés ne concernent que
d’emprisonnement, au titre de l’article L5242-2
la grande plaisance. Cependant, tout navire
du Code des transports, une peine qui peut
peut être poursuivi si son ancre porte des
être assortie d’une interdiction de naviguer
traces de posidonie. Pour rester dans les clous
dans les eaux françaises, peine à laquelle
de la législation, il faut d’abord regarder
s’ajoute le calcul du préjudice écologique.
où vous mettez votre pioche : les herbiers
sombres se distinguent bien du sable blanc par
5/ EST-CE LA POSITION DE L’ANCRE temps clair. Deux applications peuvent vous
QUI FAIT FOI ? CELLE DU BATEAU ? aider. Nav & Co est le fruit d’une collaboration
Lors d’une audience au tribunal maritime entre l’Office français de la biodiversité (OFB),
de Marseille, les magistrats ont été sourds à le Secrétariat d’Etat chargé de la mer, et le
l’argument plaidé par la défense sur la position SHOM. L’appli (régulièrement mise à jour)
de l’ancre – photo sous-marine à l’appui – dispense sur la carte la réglementation à jour,
à la lisière de la zone interdite, sur un banc avec notifications d’une aire marine protégée
de sable. Pierre-Louis Josselin nous explique ou d’une réglementation environnementale.
sans détour : « Ce qui fait foi, c’est la position L’appli a aussi des fonctions interactives,
du navire, pas celle de l’ancre. » Parce que avec photos d’identification des amers et infos
les dommages occasionnés par la chaîne, ludiques et pratiques pour en savoir plus
qui rampe par vent faible jusqu’à la verticale sur l’environnement marin ou les bonnes
de l’étrave, ne seraient pas négligeables. pratiques pour le préserver. L’autre appli,
Et parce que la position du bateau Donia, émane de l’agence Andromède
est beaucoup plus facile à contrôler… Océanologie (voir encadré ci-contre).
 Une ancre de type charrue, comme son nom l’indique,
creuse un profond sillon dans le fond.

DONIA, UNE APPLI POUR MOUILLER PROPRE

L’application Donia a été développée en version gratuite, a priori largement
par l’agence Andromède Océanologie suffisante pour tenir son mouillage
pour permettre aux plaisanciers de à l’écart des herbiers. Les équipes
mouiller facilement hors des herbiers. d’Andromède sont aussi actives dans
Elle est fondée sur une cartographie haute la réimplantation d’herbiers – un travail
définition de la bande des 100 m de tout fastidieux pour une repousse très lente.
le littoral méditerranéen français (Corse Elle s’intéresse également aux récifs
incluse), réalisée à l’aide de sonars tractés coralligènes qui peuvent souffrir du
ou montés sous un bateau. Le rendu mouillage des gros navires repoussés
graphique qui en résulte offre une au large pour la protection des herbiers.
précision de l’ordre de 10 cm, même Elle installe d’ailleurs des tonnes
d’amarrage pour les grands yachts.
Et utilise aussi l’appli pour diffuser des
messages de bon sens : mouiller court
si c’est juste le temps d’un déjeuner,
avancer en relevant l’ancre, etc.
Andromède Océanologie
réalise sa propre cartographie
des herbiers grâce à des sonars L’appli Donia comporte d’autres fonctionnalités,
haute définition. notamment une alerte en cas de dérapage de l’ancre.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 97

CROISIERE

98 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

ANTIGUA ET BARBUDA

Les Antilles
sauvages
Les Grenadines, on connaît un peu… Et si on allait voir plutôt au nord ?
En plein alizé, plein soleil, deux sœurs posées à quelques encablures
au nord de la Guadeloupe n’attendent que vous : Antigua et Barbuda.
Pourquoi les laisser aux Anglais ?
Texte et photos : Bertrand Duquenne.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 99

CROISIERE ANTIGUA ET BARBUDA

ON NE PRESENTE PLUS Antigua

aux marins. Chaque année s’y déroule
une semaine de régates où ferraillent, dans
ces eaux azurées, les voiliers les plus affûtés
et le gratin des régatiers. A quelques jours
de cette confrontation [la Semaine d’Antigua],
nous aurons d’ailleurs l’occasion de croiser
de jolis équipages à l’entraînement. Son relief,
sa géographie lagunaire et ses plages de sable
aveuglant font d’Antigua une destination
prisée. Sa population fluctue au rythme
des vagues touristiques qui s’étalent sur
le moindre mètre carré de rivage. Barbuda,
à l’inverse, semble plus confidentielle, quasi
déserte, hors du temps. Posée sur l’horizon
comme un paréo de sable sans relief, elle
se mérite et son adresse s’échange sous
le manteau entre amateurs de glisse.
Alors évidemment, je savais qu’en diffusant
une malhonnête proposition d’embarquement
sur mon réseau de « glisseurs », je ferais
mouche… Banco ! C’est ainsi que quelques
heures de paquetage et de vol plus tard,
notre équipée posa ses valises dans la moiteur
d’une soirée tropicale, à la charmante marina
de Jolly Harbor.

GARE AU BALISAGE
ANGLO-SAXON
Notre placide Palilu, un Hélia 44 appartenant
à Dream Yacht Charter, semble n’attendre
que nous au fond d’un dédale coloré de
canaux et pontons privés. Il règne ici une
chouette effervescence de samedi soir dans
les nombreux bars. L’occasion d’aller peaufiner
notre circuit les pieds dans l’eau autour d’une
Carib, la bière locale. Eole semble favorable
aux amateurs de kite cette semaine. L’alizé
s’annonce puissant. Très puissant même, nous
aurons l’occasion de nous en rendre compte !
Notre destrier sur deux coques ayant
visiblement privilégié le confort de vie sur la
performance pure, nous préférons lui ménager
des bords de débridé. Du coup, non optons
pour une virée par l’est à l’abri des récifs de heureusement à l’abri du reef qui parsème le
corail, le reef comme on dit ici. Et puis ne nous tour de l’île car notre route nous oblige à tirer
mentons pas, Green Bay et son spot légendaire des bords. Ce qui n’est pas l’exercice préféré
nous tendent les bras à quelques heures. Barre d’un catamaran de croisière. Le vent qui s’est
à bâbord toute donc en sortant du chenal fort installé depuis plusieurs jours a formé au large
exigu et fréquenté de la marina. Hauts-fonds une houle assez rigoureuse qui nous malmène
et balisage anglo-saxon (attention, les rouges dès que nous quittons la protection naturelle
sont à bâbord en sortant !) obligent à la du récif. Après quelques heures au rythme
prudence. En s’éloignant quelque peu de la de ce louvoyage, English Harbour nous ouvre
côte, on s’offre un panorama du relief aperçu sa baie pour une étape bienvenue. L’endroit
lors de l’atterrissage. De hauts monts viennent semble avoir la faveur des plaisanciers car il
chuter dans une eau turquoise peu profonde. faudra jongler pour se trouver une petite place
Les cumulus du large s’y accrochent, à l’abri des hautes collines. English Harbor,
accumulent l’eau avant d’y arroser une nature aussi surnommé Nelson Harbour, est célèbre
luxuriante. Quelques venturis sauvages dans tout l’arc antillais. L’histoire de ce havre
dévalent les pentes et s’offrent de beaux magnifique commence à la fin du XVIIIe siècle,
sprints dans les baies. quand l’amiral Nelson y installe son quartier
Après une première baignade, nous contournons général pour planifier les opérations de la
Johnsons Point, au sud de l’île, pour nous Royal Navy dans la région. On y trouve encore
engager dans le Goat Head Channel. Les belles les vestiges de ses logements, un peu comme
bouffées d’alizé nous cueillent, fort à Mahon, sur Minorque, où il siégeait pour

100 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

Il est des mouillages qu’on oublie
moins vite que d’autres…

Un équipage
aux anges, déterminé
à explorer les Antilles
du Nord par le chemin
des écoliers...
et à s’offrir des
sessions de kitesurf
mémorables.
Qu’on se le dise,
« On n’est pas
là pour faire
des barbecues ! »

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 101

CROISIERE ANTIGUA ET BARBUDA
la Méditerranée… Aujourd’hui, de par sa
configuration, English Harbour offre un abri
sûr à tous les navires de passage. Maxi,
Wally et autres Class J font donc ici de longues
escales, pour le plus grand bonheur des
amateurs de beautés nautiques. Nous avons
d’ailleurs pu profiter en annexe du ballet des
équipages s’activant dans les premières lueurs
du jour, à essuyer les vernis humidifiés par les
grains de la nuit. Un thé dans la pure tradition,
une visite au Nelson’s Dockyard inscrit au
patrimoine mondial de l’Unesco, un petit tour
à la voilerie A&F – une institution antillaise –
et nous voilà repartis. Une deuxième étape
aussi agitée que la première nous attend.
Notre cata fait de son mieux en attendant de
pouvoir débrider son allure. L’équipage, quant
à lui, se motive en pensant à la prochaine
étape derrière les crêtes d’écume. Un des plus
beaux spots de kitesurf de l’arc antillais nous
attend… Alors quand nous pénétrons dans
Nonsuch Bay, le spectacle est à la hauteur de
nos espérances. Une baie immense, émeraude
et peu profonde, s’étend à l’abri du reef. Puis,
au contournement de Green Island, notre spot
se dévoile. Un bout de plage d’où s’élancent
quelques ailes de kite sur une étendue
translucide à perte de vue, balayée par
un vent régulier. L’île est quasi déserte et
102 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
les voiliers qui se sont posés là ne s’y sont pas
trompé, planches de wing et ailes de kite
flottent à l’arrière des tableaux. On n’est pas là
que pour faire des barbecues ! C’est clairement
un paradis pour les amateurs de glisse.
SLALOMER ENTRE
LES TETES DE CORAIL
Notre nouveau paradis, donc. Fi du déjeuner,
passons sur la description de notre après-midi
de foil à slalomer entre les têtes de corail,
à perturber bancs de poissons et tortues
qui foisonnent dans ces eaux peu profondes.
Nous en parlerons longtemps après le coucher
du soleil. Rester, continuer, tout le dilemme
de la croisière s’installe déjà mais la curiosité
sera plus forte. Car c’est Barbuda qui tente à
présent nos étraves. Peut-être excité par cette
perspective, notre Fountaine Pajot semble
tout ragaillardi ce matin. Son étrave pourfend
sans relâche les bancs de poissons volants qui
s’éparpillent en planant ! Les allures portantes
lui vont si bien qu’il ne nous faudra que
quelques heures pour parcourir les 30 milles
qui séparent les deux îles. Mais contrairement
à sa grande sœur, point de reliefs ici. Barbuda
ne surgira de l’horizon qu’au dernier moment,
pour ainsi dire par surprise ! Reste à rallier
le point précis d’approche car la cartographie
elle-même vaut le coup d’œil… Un haricot
de sable, une lagune intérieure, puis des
hauts-fonds et autres têtes de roches qui
envahissent l’écran à mesure que l’on zoome.
L’endroit semble peu hospitalier. Une vraie
île de pirates ! Une incursion prudente entre
les ombres qui trahissent les têtes de coraux
et nous voilà posés devant Cocoa Point.
De chaque côté, une plage immaculée s’étend
à perte de vue. Seuls quelques voiliers de
voyage s’étalent vers l’horizon, animés par
une légère onde qui maintient le sable en
suspension. Quel contraste avec Antigua. Ici,
point de « resort » ou de « beachers » prêt à
vomir ses hordes de touristes. L’île ne compte
que 1 600 habitants, principalement à
Codrington. Sur la plage, quelques bâtisses en
construction et des échoppes qui s’animeront
la nuit tombée puis, au bout de la pointe,
le Budda Kite. Comme son nom l’indique,
l’endroit semble attendre le glisseur en mal
de spot. Devant nous s’offre un plan d’eau
parfaitement plat couvrant un jardin de corail,
balayé par l’alizé. A couper le souffle !
Personne sur zone. Le gérant semble attendre
le client avec une nonchalance toute
caribéenne. Nous serons seuls cet après-
 La physionomie très découpée
d’Antigua offre
de nombreux havres et autres
lagons très préservés.

L’agencement de l’Hélia 44 permet de multiplier les espaces de vie. A la base Dream Yacht de Jolly Harbour, on est déjà un peu en vacances.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 103

CROISIERE ANTIGUA ET BARBUDA
Une fois calés à l’écart des patates
de corail, on n’est pas mal à la pointe sud de Barbuda...
midi-là à alterner entre longs bords de wing et
de palmes – en évitant la rencontre des deux.
Notre ballet finira par sortir le gérant de
sa torpeur pour venir croiser les ailes. Sur
ses conseils, nous pousserons jusqu’à Spanish
Point, au sud de l’île. Quelques voiliers s’y
concentrent sur une langue de sable entourée
de patates de corail. L’approche semble
très hasardeuse pour les néophytes que nous
sommes, tant les roches qui affleurent
aléatoirement n’offrent pas d’erreur possible.
NOUS SOMMES SEULS,
AU PARADIS
Mais l’endroit semble hors du temps. Quelques
cabanes éphémères de pêcheurs se dressent
çà et là. Abris désuets de bois et tissu
au regard de la houle qui arrive sans frein
du large. Même la végétation semble s’être
adaptée. Quelques rares palmiers préfèrent
courber la tête plutôt que de grimper. Notre
curiosité nous pousse vers la lagune au
nord-est de l’île, inaccessible en voilier.
Nous posons notre ancre derrière la plage,
à quelques encablures des ruines d’un hôtel
mangé par le sable il y a bien longtemps
semble-t-il. La plage s’étend à perte de vue,
notre unique voisin est à l’horizon. Nous
sommes seuls. Même les frégates, qui ont
104 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
ici leur sanctuaire, nous ont accordé un droit
à la robinsonade. Alors quoi de mieux qu’un
apéro sur le sable ? Celui-ci revêt une teinte
typiquement rosée en cette fin de journée.
Puis l’heure vient de tenter d’attraper
quelques carangues cachées sous nos
flotteurs. Succès des filles qui, à l’aide de la
ligne de traîne, garnissent le barbecue du soir !
On rêve… Mais hélas il faut déjà penser
au retour. Nous quittons cette escale
intemporelle par une belle nuit de pleine lune,
poussés au large par un vent léger sous
la voûte étoilée. Quelques masses nuageuses
grasses et chargées d’eau, si familières
maintenant, viennent perturber la quiétude de
cette navigation à mesure que le vent monte.
Nous voilà donc de nouveau à jongler
entre réductions de voilure et largages de ris.
Mais quel plaisir de naviguer de nuit et cette
impression que le monde nous appartient.
Aux premiers rayons du jour, la mer est
blanche et les rafales atteignent 45 nœuds.
Nous avons un peu de mal à repérer le Prickly
Pearl Channel, le point d’entrée du reef qui
protège le nord d’Antigua. Le passage se situe
entre une tête de roche à fleur d’eau que seule
l’écume permet de repérer et une petite île
sur laquelle est installé le célèbre Flotting Bar
d’Antigua. Il est un peu tôt pour s’y arrêter,
l’endroit semble d’ailleurs fermé. Mais nous
nous promettons d’y repasser tant l’idée
de se mouiller à quelques mètres d’un bar
nous amuse. Nous nous engageons sous Long
Island et ses villas au parfait gazon anglais.
Une petite heure de zigzags plus tard, entre
coups de barre et grains puissants, nous nous
nichons sous Black Cliff Island. Le soleil jouant
des coudes finit par imposer ses couleurs
aveuglantes et nous découvrons notre
nouvelle île déserte. Nous avions programmé
cette étape pour aller nager avec les raies de
Guiana Island. Les plus amicales des Caraïbes
selon les locaux. Malheureusement, la météo
semblait rendre l’entreprise hasardeuse alors
nous nous sommes rabattus sur un snorkelling
avec les tortues entre les coraux qui entourent
notre mouillage. Bien sûr il y a eu du kite,
du wing et des lumières somptueuses de fin
de journée comme savent nous les offrir
les tropiques. Nous étions si proches de
Tôt ou tard, les carangues trop curieuses
finissent en filets, puis sur la plancha.
Le mouillage clapote un peu
mais pour tout dire,
on s’en fiche un peu : on vit
un moment de grâce.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 105

CROISIERE ANTIGUA ET BARBUDA
la civilisation et tellement hors du temps.
Au petit matin, nous partons achever le tour
d’Antigua par l’ouest. La partie sous le vent
de l’île nous apparaît comme un retour à la
civilisation. Nous nous déhalons entre resorts
et autres villas qui envahissent les plages.
A l’heure du déjeuner, nous stoppons dans
l’étonnante Deep Bay. « Pensez à serrer les
rochers en rentrant », m’avait-on conseillé au
briefing. Je comprends mieux maintenant. Une
belle épave occupe le milieu de la baie et seule
la cheminée affleure. Au fond de la baie,
une magnifique plage semble séparer
deux mondes. A droite un resort qui tient
absolument à réveiller ses clients à coups de
décibels autour de la piscine. A gauche un fort
en ruine endormi qui a dû garder en son
temps l’entrée de la baie de St John’s. Entre
les deux, quelques échoppes aux couleurs
surannées hésitent entre les deux époques
en tentant de vendre des souvenirs… Pas
vraiment prêts à retrouver la civilisation, nous
voguerons en fin de journée pour un havre
Antigua, c’est aussi le fief de plus d’un milliardaire et le port d’attache de leurs orgueilleux
maxi-yachts. Parmi eux, des classiques à couper le souffle.
Le paradis du kite existe : nous l’avons trouvé du côté de Cocoa Point, à Barbuda.
106 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
plus paisible. Une baie profonde, balayée par
les vents qui devaient alimenter les moulins
Comment y aller ?
en ruine que l’on distingue encore. Au milieu,
un îlot. Pas très engageant, nous nous en
approchons pourtant à le toucher pour profiter
de son cône de dévent. Une énorme colonie
de pélicans s’en envole alors, nous révélant
un énorme rocher en forme de tête de mort.
Serait-ce là notre île de pirates ? Nous
veillerons tard autour d’un rhum dans l’espoir
d’entendre quelques jambes de bois battre le
caillou. Hélas, nos rêves furent plus agités que
la réalité et rien ne vint réveiller les volatiles.
Restait à rentrer à Jolly Harbor, qui s’éveille
alors que nous accostons. Ce matin, l’animation
semble se concentrer dans un bar paré
de drapeaux irlandais, Tournoi des six nations
oblige. Seule table de Gaulois au milieu
d’une marée verte, nous voilà à hurler, râler
et applaudir. Une façon comme une autre
de revenir au monde des hommes
tout en gardant pieusement le souvenir
d’une escapade hors du temps !
S’Y RENDRE
Il existe de nombreuses solutions pour
rejoindre Antigua tant la destination est bien
desservie par des vols directs ou avec
correspondance en Guadeloupe. Plusieurs vols
par jour sont opérés par British Airways
ou Virgin Atlantic en provenance de l’Europe
pour VC Bird International Airport.
LOUER
La compagnie Dream Yacht Charter dispose de
nombreux voiliers monocoques et catas sur sa
base de Jolly Harbor (www.dreamyachtcharter.
com). Il faudra une demi-heure pour rejoindre
la base située sur la côte ouest depuis
l’aéroport. Une équipe aux petits soins, une
prise en main et un briefing bien rodés, et vous
voilà à la sortie du port. Jolly Harbor est une
marina tout confort qui offre tous les services
nécessaires aux plaisanciers, quelques bons
restaurants et un supermarché permettant
l’avitaillement. Il est d’ailleurs conseillé
de faire les courses avant de partir car
il est compliqué de trouver de l’avitaillement
sur les différents mouillages et encore moins
à Barbuda. Mais on saura vous conseiller
quelques bons restaurants au briefing.
SAISONS DE NAVIGATION
La meilleure saison pour naviguer entre
Antigua et Barbuda est de janvier à mai,
quand la météo et les vents dominants sont
plus stables et les températures plus douces.
Les vents sont généralement d’est
à nord-est entre 18 et 20 nœuds, plus forts
sous les grains.
Il peut y avoir une houle de nord qui affecte
certains mouillages, notamment à Barbuda.
En été, les températures sont plus élevées
de 3-4 °C et la météo plus instable.
Les vents oscillent entre l’est et le sud-est
de 10 à 25 nœuds.
Vous pouvez retrouver toutes les informations
météo sur accuweather ou weathercarib mais
aussi sur 95.50 FM
PARTIR

TEMOIGNAGE

Kumbaya
autour du monde
108 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

« Comment ? Vous partez S’ILS AVAIENT ECOUTE les marins
de salons nautiques et les cap-horniers
autour du monde, cinq de yacht-clubs, ils ne seraient jamais partis.
Mais Juliette et Hubert n’étaient ni inconscients
jours après avoir reçu ni incompétents. Ils ont quitté La Rochelle
en octobre 2020, cap sur le grand océan.
votre Nautitech 46 ? Cela faisait plus de dix ans qu’ils construisaient
leur grande boucle brique par brique, elle
En automne avec quatre infirmière en disponibilité, lui gestionnaire
de patrimoine en années sabbatiques.
enfants ? Inconscience ! » Ils racontent leur histoire depuis le carré de
Kumbaya. Leur Nautitech 46 Open est devenu
Texte : Olivier Péretié. une sorte de référence dans la communauté
Juliette et Hubert sur leur Nautitech,
c’est le tour du monde
de la fraîcheur et de l’audace !
des candidats au grand départ en catamaran.
Parce que leur voyage – ou leur voix – est
emblématique. Même si ce couple de quadras
ne se voit pas du tout comme un exemple du
tour du monde à la portée de tous. Pourtant,
la voie tracée par cette jeune et grande famille
a tout pour inspirer. Elle a déjà derrière elle
un sillage de rêve : Cascais devant Lisbonne,
Graciosa aux Canaries, Sal et Mindelo au
Cap-Vert, Saint-Laurent du Maroni en Guyane,
la Martinique, Panama, les Galapagos, les
Marquises, les Gambier, les Tuamotu, Tahiti
et Moorea… Tandis qu’ils reviennent sur
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 109
PARTIR KUMBAYA
un sillage de deux années, déjà long
de 21 500 milles, Kumbaya se balance
doucement, au mouillage dans une baie
des Yasawas. C’est un chapelet d’îlots planté
au nord des îles Fidji. Ils attendent
la bonne fenêtre météo pour descendre
en Nouvelle-Zélande. En deux ans, ils
ont donc atteint les antipodes. Ils partaient
pour trois années, ils pensent maintenant
que leur « petite croisière » pourrait durer
une année de plus.
Tout a commencé par cette idée qui éclate
dans leur tête comme une fleur de feu
d’artifice. Ils venaient de découvrir la
navigation en voilier habitable, ils revenaient
d’un stage aux Glénans. « Et si nous faisions
le tour du monde ? » Combien ont formulé
ce rêve sans jamais l’extraire de la case idées
folles ? Ce n’est pas leur genre, à ces deux-là.
UNE EXPERIENCE
NAUTIQUE LIMITEE
Elle est fille d’officier de marine mais n’avait
pas beaucoup navigué avant de rencontrer
Hubert. Quelques semaines d’école de voile
l’été, des petits cabotages en Grèce ou en
Corse à bord de voiliers de location menés par
des skippers professionnels. Bref, pas de quoi
se prendre pour Isabelle Autissier ou Samantha
Davies. Enfant, Hubert passait ses vacances
en Bretagne Nord. « Il fallait bien nous occuper.
Les parents nous ont mis à la voile. L’Optimist
à huit ou neuf ans, les dériveurs en double
ensuite. Mais je n’avais jamais fait d’habitable
avant de rencontrer Juliette. » Le premier
stage aux Glénans leur ouvre des horizons,
au sens propre comme au figuré. Après leur
éblouissement initial, l’idée du tour du monde
commence doucement à mûrir. Juliette revient
aux Glénans et franchit les niveaux un
à un jusqu’au monitorat. Hubert multiplie
les expériences. Ils se marient, partent
en coopération au Cameroun. Cette année
africaine les marque profondément. A leur
retour, ils veulent un projet de vie différent.
C’était il y a dix ans. Ils décident déjà d’une
date de départ. Comme une balise, une
obligation peut-être. Ils ont un premier enfant,
une fille. Ils en veulent quatre, peut-être cinq.
Ils ont identifié le bon moment : quand l’aînée
aura douze ou treize ans et le ou la plus jeune
pas moins de trois ans. Ils se disent avec raison
que les grands, les grandes en l’occurrence,
s’occuperont des plus jeunes et que tous
inventeront une vie entre eux. « On avait vu
juste, disent-ils, avec leur façon inimitable de
reprendre à la volée la phrase que l’autre vient
de terminer. Quand on subit un coup dur, on
sait que les grandes prennent bien en charge
les petits. Cette entraide au sein du cocon
familial fonctionne parfaitement. Elle libère
l’esprit des parents et responsabilise les
enfants. » Quand ils ont osé parler de leur
projet, leur famille et leurs proches ont tout
de suite compris qu’ils n’avaient pas affaire
110 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
à des velléitaires. Hubert aurait pu changer
deux ou trois fois d’entreprise. Il s’est accroché
parce qu’il savait que sa boîte offrait la
possibilité de cumuler deux, voire trois années
sabbatiques. Avec la garantie de retrouver
son job au retour. Juliette s’investissait dans
le dur métier d’infirmière d’Etat, où l’une des
compensations consiste à pouvoir demander
une mise en disponibilité.
Dossier primordial : le choix du bateau. Du
meilleur voilier possible pour voyager loin en
famille. « Nous avons retenu le catamaran pour
des raisons pragmatiques, reconnaît Hubert.
Première raison : nous serions six à bord
et nous savions d’expérience qu’un minimum
d’espace est indispensable pour préserver
l’harmonie familiale. Chacun devait pouvoir
trouver son endroit à lui. Deuxième raison,
nos recherches nous avaient permis de savoir
qu’en grand voyage, on passe 80 % du temps
au mouillage. Voire plus. Et dans les mouillages
rouleurs, on est bien mieux à plat plutôt que
de jouer les bras de métronome, comme les
monocoques que nous rencontrons et dont
nous n’envions pas un instant les équipages. »
« Troisième raison, renchérit Juliette,
la sécurité. Le carré extérieur entièrement
protégé du Nautitech 46 est très rassurant.
Il rend la chute à la mer d’un enfant – ou d’un
adulte, d’ailleurs – pratiquement impossible.
Et par gros temps ou grosse mer, se tenir
à l’abri dans le carré tout en gardant la vue
sur l’horizon à 360° est un avantage
inestimable. Quatrième raison : avec tout
le matériel que nous devions emporter, par
exemple avec la nécessité de faire l’école « à la
maison », il nous fallait un volume de stockage
important, que seul le cata pouvait nous
offrir. » C’est Hubert qui s’est chargé
de trouver le modèle adapté à leur projet.
Il a écumé les forums, les sites internet,
les magazines spécialisés, les salons nautiques.
Le spi, ce n’est pas que pour les amateurs de vitesse. C’est une voile indispensable en grande
croisière, pour descendre le vent sur de longs bords océaniques.
 Une telle route permet de découvrir
des archipels très isolés.

Couchers et levers de soleil rythment la vie quotidienne en haute mer, Le cadeau qu’on se fait quand on part en grande croisière, ce n’est pas
mais on ne s’en lasse pas. tant l’espace – le voyage – que le temps. Et c’est précieux.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 111

PARTIR KUMBAYA

Avec une grille de sélection aussi rationnelle

qu’inattaquable : le bateau devait être solide,
bon marcheur, confortable, facile à
manœuvrer, intelligemment aménagé, et jouir
d’une bonne réputation. Et le tout pour un prix
raisonnable qui éliminait d’emblée les unités
de très haut de gamme. Quant aux modèles
de très grande série, Hubert ne s’y voyait pas.
« Je voulais traiter avec un chantier à taille
humaine. Je voulais une vraie relation
personnelle. Les gens de Nautitech ont été les
seuls à nous parler structure et construction
avant d’évoquer la couleur des boiseries
ou la douceur des canapés. »

DE L’ESPACE
POUR LES INVITES
Ils ont passé le 40 Open au crible, avant de
réaliser que ce modèle serait sans doute trop
juste pour eux. Ils prévoyaient d’embarquer
des équipiers lors des traversées
transocéaniques, essentiellement pour alléger
la fatigue des quarts de nuit. Ils tenaient
à accueillir leur famille aux escales et pour
les trajets plus courts. Or leur cellule de base
comptait déjà six équipiers, grands et petits.
Un an avant leur départ, ils ont loué un
Nautitech 46 Fly en Croatie. Ils entendaient
valider la taille du bateau et vérifier que ses
volumes leur convenaient. Pour faire bonne
mesure, ils ont accueilli la sœur de Juliette,
son mari et leurs trois enfants. Et constaté,
ravis, que ce catamaran accueillait sans
difficulté onze adultes et enfants à bord.
Ils ont finalement opté pour la version Open,
qu’ils jugeaient plus adaptée à leur
programme. En revanche, ils n’ont pas pu
cocher la case comportement dans la brise,
l’Adriatique offrant surtout des calmes blancs,
l’été. Commandé au Salon de Cannes en
septembre, Kumbaya devait leur être livré
au début de l’été suivant. Mais le Covid s’est

Variante dans la garde-robe, non de Juliette,
mais de Kumbaya : le spi Parasailor.
chargé de retarder la mise à l’eau jusqu’au
Grand Pavois, fin septembre. Puis le chantier
a exposé le bateau et l’a gardé un temps pour
des essais clients. C’est ainsi que la famille a
dormi pour la première fois à bord cinq jours
seulement avant de partir autour du monde.
« C’était ma première vraie navigation
hauturière, témoigne Hubert, nous visions les
Canaries, mais une dépression automnale nous
a contraints à réviser nos plans. Les autorités
espagnoles nous imposaient de nous tenir
à 50 milles des côtes pour éviter les attaques
d’orques. Nous avons donc visé Lisbonne.
Et tout s’est passé à merveille. » Durant les
premières quarante-huit heures, les enfants
étaient comme anesthésiés, nauséeux,
presque apathiques. Ils ont dormi tous
ensemble dans la même cabine. Puis ils ont
retrouvé leur énergie, merci. Il faut dire que
leurs parents les avaient totalement associés
au projet. Quand ils naviguaient l’été, filles
et garçon savaient qu’il s’agissait de préparer
le grand départ. Quand Hubert s’absentait
pour suivre toutes les formations possibles,
les enfants comprenaient que, lui aussi, allait
à l’école.
La préparation du bateau a été prise en main
par les agents Nautitech de La Rochelle et
du Marin. Panneaux solaires, dessalinisateur,
bannette supplémentaire, lave-linge à grande
capacité, narguilé pour le carénage à flot…
« On a essayé de penser à tout ! » Ce qui
n’a pas empêché les surprises. Durant cette
première étape, Kumbaya a frôlé la panne
totale d’énergie. En dépit de ses 1 200 watts
de panneaux solaires… au rendement trop
faible dans la grisaille de novembre. Et par
ignorance de son équipage qui a mal surveillé
ses consommations. Ajoutez-y une petite
erreur de paramétrage qu’un départ trop
précipité n’avait pas permis d’identifier… et
voilà ! Mais Juliette et Hubert ne se sont pas
affolés : ils ont juste gardé de quoi pouvoir
manœuvrer au moteur en arrivant à Cascais.

112 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE


Précisons qu’ils communiquent très bien
sur le pont grâce à leurs oreillettes Bluetooth.
Ensuite, ils se sont débrouillés pour garder
leur consommation sous contrôle jusqu’en
Martinique, où l’agent Nautitech a corrigé
l’erreur de paramétrage. Et leur a conseillé
de s’équiper d’un petit générateur portable.
Pour sécuriser complètement la suite du
voyage. Parce que le Pacifique est immense
et que deux précautions valent mieux qu’une.
Et les voilà qui évoquent les plus grands
souvenirs de cette moitié de tour du monde.
Le calme surnaturel qui a enveloppé Kumbaya,
à peine mouillé dans l’embouchure du Maroni,
en Guyane, après le vacarme d’une traversée
chahutée depuis le Cap-Vert ; l’émerveillement
des enfants devant les singes hurleurs du
fleuve guyanais, les otaries des Galapagos, les
poules volantes des Marquises ; la traversée
du Pacifique entre Galapagos et Marquises :
3 600 milles en dix-neuf jours, avec de longs
moments sous spi « Parasailor » seul,
La vie dans un lagon est comme
suspendue dans le bleu.
trente-quatre changements de voiles d’avant,
mais aucune prise de ris ; le grain à 40 nœuds
entre Tahiti et Moorea qui les a forcés à
réduire la grand-voile au troisième ris, pour
la première fois du voyage. Les traversées
hauturières qu’ils abordent avec une sérénité
de vieux loups de mer…
UNE DEUXIEME MOITIE
DE TOUR DU MONDE
Comme aux Marquises où, plutôt que de rallier
comme prévu l’île qu’ils visaient à 40 milles
de leur mouillage, ils ont mis le cap
sur les Gambier… à 1 000 milles de là !
Devant leurs étraves s’ouvrent maintenant
les horizons d’une deuxième moitié de tour
du monde. Une autre partie d’échecs avec
la météo commence. Déjà, pour rejoindre
la Nouvelle-Zélande, ils guettent le moment
propice : la saison des ouragans commence en
novembre dans cette partie de l’hémisphère
sud. Ensuite, quand le temps le voudra bien,
leur longue route reprendra : ils feront cap sur
l’Australie. Puis ils aborderont l’océan Indien
et ses trésors par son antichambre, la mer de
Corail, où l’on accède par le détroit de Torres.
Ce chenal quasi mythique serpente entre
Australie et Nouvelle-Guinée. Là, leurs options
peuvent nous donner le tournis : après Darwin
au nord du pays des kangourous, s’autoriser
un léger détour par l’Indonésie et Bali ou
suivre la route la plus courte jusqu’aux îles
Cocos ? Viser les Chagos, les Seychelles et
pourquoi pas Madagascar, ou l’île Maurice
et la Réunion ? Bonne Espérance ou le canal
de Suez ? Il ne leur reste qu’à choisir.
Etonnez-vous qu’ils envisagent de consacrer
une année de plus que prévu à leur tour
de la planète mer… Tout a l’air si simple
à entendre Juliette et Hubert parler
de leur voyage. C’est peut-être ça,
la « voie Kumbaya » : il suffit de se lancer !
VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 113
REFIT
SAISON 2 EP. 2
Travaux d’hiver
et variés !
Les stagiaires de l’Institut nautique de Bretagne
de Port-la-Forêt n’ont pas perdu de temps,
achevant ce que nous n’avions pas pu finir l’an dernier
et corrigeant nos coquilles d’apprentis techniciens.
Texte et photos : F.-X. de Crécy et Paul Gury.

NOUVELLE structure, même ambition :
on veut un Super Arlequin aux petits oignons !
Et on sent dès les premières poignées de main
que formateurs et stagiaires de l’INB la partagent
sans réserve. Il leur revient d’abord de revenir
sur ce qui a été mal fait l’an dernier, en grande
partie par nous, journalistes, trop pressés de
mettre à l’eau… En tête de cette liste noire,
l’accastillage de pont dont l’étanchéité laisse à
désirer. Les stagiaires n’hésitent pas, déposent
rails et chandeliers et refont tout dans les
règles de l’art. Important également : la
pompe de cale dont le montage était resté
inachevé. La présence de la pompe Whale
ultra-plate, la seule qui tienne dans nos fonds
très bas de plafond, prend tout son sens dès
lors que son tuyau d’évacuation est branché
sur son nable d’évacuation. Un bon point !
Et on vous passe les reprises de peinture
antidérapante, la fabrication d’un coffrage
pour la cale moteur, le calage des batteries, le
montage de la plaque de cuisson sur cardans
ENO... Pascal Monin, de ShipHeart, est aussi
passé à Port-la-Forêt pour mettre à jour le
système et optimiser son montage. Vetus a fait
expédier un abaisseur de tension 48/12 V qui
va permettre d’alimenter la batterie 12 V à
partir du parc de propulsion si nécessaire. Et
pendant ce temps, un nouveau mât se prépare
chez Sparcraft… Mais c’est une autre histoire !

Chandeliers : ça va mieux avec les bonnes têtes de vis…

1
L’entrée d’eau sous le chandelier est évidente,
il faut bien racler le vieux Sika.

3 4
2 Les vis à tête fraisée seront remplacées par Chaque vis est passée à fond avant de recevoir
Bien fraiser les trous pour y accumuler le Sika. des vis à tête plate qui plaqueront mieux le pied. son cordon de Sika, puis le pied est mis en place.

114 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 Bien calé dans son nouveau hangar,
le Super Arlequin est dorloté à l’INB.

5
Le tournevis maintient, mais sans tourner !

6 7
C’est de l’intérieur qu’on visse l’écrou. Le Sika déborde légèrement sur les bords de la plaque, c’est plutôt bon signe.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 115

REFIT SUPER ARLEQUIN

Rails de génois et de GV : enfin étanches !

Le principe est le même que pour les pieds … avec générosité. Il faudra ensuite les mettre en place avec le rail sans les faire jouer, ou le moins
de chandeliers. Les vis sont garnies en place… possible. Puis elles seront vissées par le bas, sans tourner car cela tendrait à chasser le Sika.

Winches de rouf : des platines toutes neuves

1 2
Les anciennes cales de winch ont été Les nouvelles cales seront taillées dans un panneau de composite réalisé en infusion.
supprimées, leur emplacement stratifié. Elles seront constituées de plusieurs épaisseurs superposées.

3
Les panneaux sont débâchés…

5
4 Après collage et peinture, le winch a été monté et nettoyé. La cale lui donne les quelques degrés
Un gabarit pour découper les « galettes ». d’inclinaison à l’opposé de la batterie de bloqueurs qui permettent d’éviter le surpattage.

116 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 Pompe de cale : l’atout sécurité

1
Une gaine protectrice est mise en place
pour regrouper les câbles électriques.

2 3
La pompe est vissée au fond de coque Pour percer afin d’encastrer le passe-coque d’évacuation (à droite) dans le bordé, Oscar,
et collée au Sika. stagiaire à l’INB, va utiliser une scie cloche (à gauche).

4 5 6
Début de l’opération de l’intérieur grâce au foret La réalisation d’un trou de 25 mm se fait L’opération se termine à la Dremel pneumatique
intégré qui permet de percer un trou de 4 mm. de l’extérieur pour ne pas abîmer le covering. pour obtenir un trou de 26 mm tout pile.

7 8 9
Le passe-coque est enduit de Sika Enfoncement du passe-coque à l’aide du pouce. Rebelote depuis l’intérieur sur le filetage.
pour parfaire l’étanchéité du bordé. La pression doit faire ressortir l’excédent de Sika. Un écrou viendra serrer le tout.

10
Commencé à la main, le serrage
du passe-coque se termine à la clef.

11 12
Double collier obligatoire pour fixer le tuyau Reste à fixer des embases adhésives avec des serre-flex pour soigner le passage du câblage vers
d’évacuation au tout nouveau passe-coque. le circuit électrique du bord. Et à vérifier l’état de fonctionnement de la pompe en mode manuel.

VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 117

REFIT SUPER ARLEQUIN

Covering : comment réparer un accroc ?

1 2 3
L’accroc dans le covering a été dûment nettoyé On met en place une pièce qui déborde L’astuce consiste ensuite à découper au cutter
et dégraissé pour un bon collage. largement le rectangle manquant. les deux épaisseurs de covering.

5
Et la pièce en question a forcément le même
gabarit : c’est le même coup de cutter.

4 6 7
On peut décoller le rectangle découpé Il n’y a plus qu’à coller la pièce dans Un coup de carte de crédit pour parfaire
sur la coque en même temps que la pièce. le rectangle ajouré, en s’appliquant bien. l’adhésion, et le tour est joué.

MERCI LES GARS !

Pierre-François et Florent ont été les bonnes fées
du Super Arlequin pendant ses premières
semaines de chantier à l’INB, que ce soit sur
le pont ou à l’intérieur (photos ci-contre). Deux
passionnés mais deux profils bien différents.
Florent Cluzeau, bien que natif d’Hyères, a officié
pendant 22 ans dans le Vercors en tant
qu’accompagnateur moyenne montagne.
Pierre-François Raisin-Galot a travaillé dans
l’horticulture avant de se réorienter dans le
nautisme, cap sur le Capitaine 200 en passant
par l’INB. Et pour ne pas perdre de temps,
il vient d’acheter un Gib’Sea 30 qui a besoin
d’un sérieux coup de neuf. Le réchaud sur cardan ENO est en place…

Pierre-François, à gauche, et Florent, à droite, deux stagiaires aux petits soins du Super Arlequin. … Et la cale moteur est enfin fermée !

118 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

OCCASION
MON PREMIER BATEAU
Coup de cœur
en Toscane
Cet été, quand il a décidé de se lancer, Mark n’imaginait pas se retrouver dans cette
marina italienne, à négocier le bateau de ses rêves dans une langue qu’il ne parle pas.
Texte et photos : Pierre-Yves Poulain.
IL NE TIENT PAS longtemps en place,
Mark. Peut-être parce que ses ancêtres n’ont
cessé de changer de pays au gré des aléas de
l’Histoire. Peut-être aussi parce que son métier
actuel l’a conduit à explorer le monde.
Peut-être enfin parce que sa vie de famille
recomposée le place souvent dans un avion ou
un TGV quand arrive le week-end. A l’approche
de la cinquantaine, il découvre la voile, un peu
par hasard. Une semaine de charter avec
skipper aux Seychelles, où il prend la barre
pour la première fois. Amusant. Une quinzaine
de cabotages en Norvège, en formule
combinée voile et randonnée. C’est le déclic.
La voile, ça permet non seulement de ralentir
un peu ce rythme de fou, ça donne aussi
la possibilité de voir du pays.
Il commence à rêver sur des brochures,
s’interroge sur sa capacité à mener de telles
unités, lui qui n’a fait que du bateau à moteur
en Méditerranée jusque-là. Mais on verra ça
Rien de tel que quelques manœuvres pour se projeter dans la future vie à bord.
120 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE
plus tard, après tout, ça ne doit pas être bien
sorcier. Et puis s’il y a un projet de vie à bord
à l’horizon de trois ans, ça lui laisse largement
le temps d’aller faire des stages aux Glénans.
Il en a envie, ça se voit.
SEPT EQUIPIERS
A EMBARQUER
D’abord, trouver le bateau qui corresponde
à ses besoins. Avec sa compagne et leurs
enfants respectifs, il a déjà un équipage
de sept à embarquer. Sans compter les amis
qui vont vouloir en profiter, c’est certain.
Le tout dans un confort minimum, mais
dans une taille acceptable pour rester
manœuvrable en solo et surtout espérer
trouver une place de port sur la Côte d’Azur.
Disons qu’entre 42 et 46 pieds serait un bon
début, avec obligatoirement quatre cabines.
Si l’équation semble facile à résoudre avec un
multicoque – même un bon vieux Lagoon 380
cocherait toutes ces cases – elle devient vite
plus ardue avec un monocoque !
Il existe en fait deux types de quatre-cabines
dans ces tailles-là : la génération récente qui,
pour satisfaire aux exigences du marché du
charter, a divisé la grande cabine propriétaire
de la pointe avant en deux cabines
symétriques, de taille égale. Et une génération
antérieure qui proposait encore dans le tiers
avant une cabine latérale dotée de lits
superposés, qui n’empiétait pas trop sur
la cabine dite propriétaire (voir encadré).
Les deux cabines arrière étant toujours là par
défaut, avec plus ou moins d’écart de surface
en fonction de la taille de la salle d’eau.
Mark raccourcit donc sa short-list, et se met à
éplucher les petites annonces. Las, la plupart
de ces unités ont souvent plus de vingt ans,
et leur état de fraîcheur est très variable.
Apprendre à naviguer, oui, mais se lancer dans
un refit sans y connaître grand-chose, non !
La tentation est forte de regarder dans la taille
des plus de 50 pieds, mais finalement, la raison
l’emporte à chaque fois. Un modèle finit par
sortir du lot : le Bavaria 46 Cruiser. Certes, sa
silhouette un peu massive est peut-être moins
flatteuse qu’un Océanis Clipper, et fait plus
penser à une caravane flottante qu’à un
course-croisière italien, mais après tout,
qu’importe ? Si l’objectif n’est pas de gagner
un concours d’élégance ni de battre des
records de vitesse, ce modèle semble parfait
pour se faire la main et emmener tout ce petit
monde tirer ses premiers bords.
Quelques photos, un prix alléchant, un numéro
de téléphone : le premier broker joint explique
que le bateau est à Saint-Cyprien. L’inventaire
est un peu approximatif, on a presque
l’impression d’un copié-collé. Le verdict tombe
Un Bavaria 46 de 2008 à 137 000 € :
c’est OK pour Mark ! VOILE MAGAZINE • AVRIL 2024 121
OCCASION BAVARIA 46 CRUISER

rapidement : son propriétaire veut en profiter

cet été, par conséquent le bateau ne sera pas
visible avant la rentrée. Le genre d’information
qui ne cadre pas avec l’impatience de Mark !
Qu’à cela ne tienne, des Bavaria 46 à vendre,
il doit bien y en avoir ailleurs. Il élargit son
cercle de recherches et se lance sur des sites
européens. Bingo ! Un 46 Cruiser de 2008,
apparemment très bien optionné, et
visiblement en bon état. Echanges d’e-mails
avec le second broker, qui semble
parfaitement manier Google Translate, et
rendez-vous est pris à la Marina Cala di Medici,
à Rosignano, à 50 km au sud de Pise. Luciano
Galli, 80 ans, est un distributeur local
Bénéteau, et vend surtout du bateau à moteur,
avec son fils qui reprend le flambeau.

UNE PREMIERE
IMPRESSION POSITIVE L’affaire est faite, reste la signature, le moment de vérité dans toute transaction.
Le Bavaria 46 ? C’est celui d’un de ses amis,
Diego, qui ne veut pas vraiment le vendre,
mais bon, il a des soucis de santé, alors
LE BAVARIA 46 FACE A SES CONCURRENTS
sa femme lui a dit de mettre une annonce. MODELE Bavaria 46 Cr. Oceanis 473 Sun Odyssey 45 Dufour 44
LONGUEUR COQUE 13,99 m 14,16 m 13,38 m 13,35 m
Spritz, c’est son nom, est là, au ponton,
apparemment très bien entretenu. LARGEUR 4,35 m 4,33 m 4,37 m 4,25 m
C’est la coque n°609. L’intérieur est TIRANT D’EAU 1,88 m 2,10 m 2,05 m 2,30 m
impeccable, les fonds sont secs, la cale moteur DEPLACEMENT 11 000 kg 11 500 kg 9 900 kg 9 300 kg
est propre. Une seule photo encadrée trône LEST 3 300 kg 3 800 kg 2 954 kg 3 250 kg
dans le carré : celle d’un superbe golden SV AU PRES 118 m 2 108 m 2 104 m 2 109 m 2
retriever. Et il y a bien les quatre cabines. GRAND-VOILE 47 m 2
43 m 2
52 m 2
50 m 2
Ainsi qu’une liste impressionnante 2 2 2
GENOIS 71 m 65 m 52 m 59 m 2
d’équipements : un dessalinisateur, pas moins
MATERIAU stratifié de verre stratifié de verre stratifié de verre stratifié de verre
de huit batteries de 100 Ah (!), six winches
dont quatre électriques, un propulseur ARCHITECTE(S) J&J Design Finot/Conq Philippe Briand Umberto Felci
d’étrave en tunnel, un convertisseur, et CONSTRUCTEUR Bavaria Bénéteau Jeanneau Dufour
une électronique qui vient d’être entièrement COTATION ARGUS 72 600 € (2005) 76 000 € (2001) 75 600 € (2004) 85 100 € (2003)
changée, pour ne citer que les premières
Le Dufour 44 (très bon bateau, soit dit en passant) et l’Océanis 473,
lignes. Le prix affiché est dans le haut de la comme le Bavaria, ont une quatrième cabine décalée avec lits superposés.
fourchette, mais semble raisonnable au vu des Le Sun Odyssey 45 propose une « simple » cabine avant coupée en deux. On aurait aussi pu parler
options, et est bien précisé « non négociable » de l’Oceanis 44 CC, un joli plan Farr à cockpit central, avec de superbes boiseries.

122 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

 EN CHIFFRES…
LONGUEUR COQUE 13,99 m
LONGUEUR FLOT. 12,20 m
LARGEUR 4,35 m
TIRANT D’EAU 1,88 m
DEPLACEMENT 11 000 kg
LEST 3 300 kg
SV AU PRES 118 m 2
GENOIS 71 m 2
GRAND-VOILE 47 m 2
MOTORISATION Volvo Penta D2-55
RESERVOIR FUEL 210 l
RESERVOIRS EAU 460 l
MATERIAU stratifié de verre
CONSTRUCTION au contact
ARCHITECTE J&J Design
La brochure de
CONSTRUCTEUR Bavaria
l’époque met en
PRODUCTION 2004-2009
avant les boiseries
claires qui ESTIMATION EXPERT 140 000 €
rompent avec les
premières PRIX DE VENTE 137 000 €
générations
de Bavaria.

LE BAVARIA 46 SPRITZ EN DETAIL

LE MOTEUR est un Volvo Penta D2 de 75 ch (plus Le gréement courant est de qualité, mais a subi LA QUILLE a des boulons en parfait état, tout
puissant que le 55 ch prévu d’origine), avec un les assauts du soleil méditerranéen. Un petit comme son joint. Après grattage au couteau,
alternateur boosté qui produit 166 Ah. Il affiche lavage en machine lui redonnera sûrement un elle semble en parfait état.
2 400 heures et a été régulièrement entretenu. peu de souplesse, en attendant d’être changé.

LES VOILES sont en bon état : la grand-voile date

de quatre ans, et le génois, changé il y a trois ans,
est en état d’usage. Le gennaker, qui peut être
amuré sur un bout-dehors que le propriétaire a
fait monter, est un peu fatigué à force d’être plié
dans son sac. Un spi asymétrique à chaussette
est également disponible, ainsi qu’une trinquette
neuve.
LE SAFRAN suspendu ne présente pas de jeu
ni d’impact. Seule une légère humidité au niveau
du tube de jaumière, mais sans délaminage
intérieur.

LES PASSE-COQUE sont d’origine, et devront

être changés. La priorité est à la vanne d’arrivée
d’eau des WC électriques, en bronze,
et clairement fatiguée.

LA COQUE est exempte d’osmose et ne présente

LE GREEMENT DORMANT est d’origine, inspecté
l’an dernier par un professionnel, ne présente
pas de signe de faiblesse particulier au niveau
des torons, mais gagnerait à être changé
dans l’année à venir, pour plus de sécurité.
pas d’humidité excessive. Les œuvres mortes
méritent un petit coup de polish pour effacer
quelques rayures mineures. L’antifouling date
de l’an dernier, mais la coque est globalement
propre.

VOILE
VOILEMAGAZINE
MAGAZINE • AVRIL 2024 123
• FEVRIER
OCCASION BAVARIA 46 CRUISER
LE BAVARIA 46 SPRITZ (SUITE)

en gras dans le descriptif. La difficulté semble

être, c’est un peu un comble, de convaincre le
propriétaire de suivre la volonté de son épouse
et d’accepter de vendre. Mark réfléchit vite,
et se dit qu’il peut gagner du temps en signant
tout de suite un compromis, avec comme
condition suspensive de sortir le bateau et
de faire procéder à une expertise. Le temps
pour Luciano de travailler au corps son ami.
A ce stade, il ne s’engage pas à grand-chose, si
ce n’est faire une bonne affaire. Une signature
en bas de la page, et le tour est joué.
Commence alors une autre affaire :
coordonner une seconde visite tout début
septembre, lorsque le chantier naval local aura
rouvert, que le grutier sera disponible, que
l’expert sera rentré de vacances, et que Diego,
qui habite à 100 km, pourra se rendre sur
place. Le tout avec Google Translate, et
Luciano qui s’efforce d’être rassurant avec
quelques bribes dans la langue de Molière.
LE JOUR J
EST ARRIVE !
Enfin, le jour J est arrivé, tout est calé, et Mark
propose de rencontrer le propriétaire la veille
de l’expertise. Il nous attend à bord, Diego, et
il n’a pas l’air ravi, pour tout dire. Derrière ses
lunettes teintées, on croirait presque voir des
larmes. L’émotion est palpable dans la poignée
de mains. Pendant que la machine à café
aligne les ristrettos, il tire avidement sur
son cigarillo. « Ce bateau, commence-t-il,
c’est comme mon fils… C’est toute ma vie ».
On croirait presque entendre la bande-son
du Parrain en fond, tant la scène paraît sortie
d’un film. En racontant sa vie, Diego jauge
en fait celle de Mark, et son projet.
Comme pour s’assurer que Spritz sera entre
de bonnes mains.
Ingénieur à la retraite, il avait acheté
ce bateau pour partir avec ses enfants et
petits-enfants. Ancien régatier de haut niveau,
il avait remplacé son First 40 par ce Bavaria
« parce qu’il était solidement construit et
confortable pour toute une famille » explique
-t-il entre deux volutes bleutées. La Corse,
Capraia, Elbe et le littoral italien représentent
son jardin pour le week-end. Il a aussi fait
les Baléares, une année. Désormais, il n’a plus
la forme pour faire de la voile et cherche un
trawler. Spritz est suréquipé parce que Diego
aime avoir ses aises au mouillage : de l’eau
sans limite, et de l’énergie à gogo pour les
winches, le guindeau, le propulseur, la TV et…
sa machine à café. « Par contre la machine
à café, je la garde... » décrète-t-il dans un
sourire. « Tout le reste est en parfait état, car
j’ai toujours entretenu ce bateau, vous verrez
demain avec l’expertise », conclut-il en nous
raccompagnant sur la passerelle en carbone,
siglée Spritz, qui nous relie au ponton. Pour
l’heure, il veut passer cette dernière nuit tout
seul à bord, nous dit-il en nous conseillant
un restaurant local. Buona notte !
L’HELICE est une quatre pales repliables,
qui fonctionne parfaitement. La peinture
à la silicone mériterait un petit coup de pinceau
pour lui rendre meilleure allure. Le joint
du saildrive a été changé il y a deux ans,
et est garanti sept ans.
LE MOUILLAGE est constitué d’une ancre
Kobra et de 100 m de chaîne récemment
changée. A côté du guindeau d’origine a été
monté un petit winch électrique pour souquer
les pendilles.
L’ELECTRONIQUE de bord est signée
Raymarine, et a été changée il y a trois ans.
Le logiciel Axiom est à jour, et le panneau
du traceur monté sur la table centrale est
pivotant. Un montage NMEA permet de
transformer n’importe quel téléphone ou
tablette en répétiteur. La VHF fixe dispose d’un
combiné déporté qui peut se brancher à côté
des postes de barre. Le radar et l’AIS sont
multiplexés et s’affichent sur la cartographie.
LES EQUIPEMENTS sont pléthoriques :
dessalinisateur de 80 l/h, WC électriques, cuves
à eaux noires, TV, système son Fusion, bloc
froid, chauffage Webasto, propulseur d’étrave.
SUR LE PONT, un grand bimini couvre le
cockpit dans le prolongement de la capote de
descente. Les chandeliers inox sont en très bon
état. Le lazy-bag qui porte le nom du voilier,
semble un peu petit pour la taille de la grand-
voile, mais est en bon état. Six winches Lewmar
se trouvent dans le cockpit, dont quatre
électriques. Une passerelle de type pont-levis,
en carbone, relie la jupe au ponton. Le gel-coat
autour de la cadène bâbord est légèrement
craquelé. Le cockpit est ponté en teck.
L’INTERIEUR est dans un bon état général : les
huisseries, le plancher, la sellerie et les hublots ne
font pas leur âge. Il est recommandé de graisser
les joints des panneaux ouvrants, qui souffrent
du soleil.
LE CIRCUIT ELECTRIQUE est composé de huit
batteries au gel de 111 A chacune : une pour
le moteur, et sept en parallèle pour toutes les
servitudes. Un petit panneau solaire de 130 watts
est disposé sur la capote de descente. L’ensemble
de l’éclairage du bateau a été remplacé par
des LED.
L’ANNEXE est un 3D tender à fond alu en bon
état. A part les poignées qui se sont décollées
avec le soleil, tout est en état d’usage. Le moteur
hors-bord Mercury 6 ch est neuf.
LE GAZ nécessite que l’on change rapidement
le tuyau d’arrivée, qui expire cette année.

124 AVRIL 2024 • VOILE MAGAZINE

RÉGULATEUR D’ALLURE

EQUIPEMENT

MEDITERRANÉE

OUEST - SUD OUEST

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Laurent LALLIER : 01 41 40 33 42 • Manon PIROTTE : 06 88 60 66 09

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