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ÉCOLE SUPÉRIEURE DE GESTION

ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES


Brazzaville – Congo

Agrément définitif par Arrêté n°4677/MES/CAB du 05 Juillet 2017


Accréditée par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES)
BP : 2339 – Tél.(+242) 06691 96 79 / 05 739 26 89
E-mail : esgae@yahoo.fr ; esgae@esgae.org
Site web : www.esgae.org

Droit Administratif

Licence 2 – GESTION DES RESSOURCES


HUMAINES

1
INTRODUCTION

Au nombre des disciplines qui relèvent du droit public, nous avons le droit
administratif. Considéré comme un droit récent par rapport à d’autres
disciplines juridiques, le droit administratif est celui qui s’applique aux
structures de l’Administration d’Etat. Comme le disait Léon Duguit, le droit
administratif est le droit qui concerne les Services Publics.

L’Administration elle- même est considérée comme l’ensemble des organes par
lesquels sont conduites et exécutées les taches publiques. Notons aussi que, à la
différence d’autres droits ; le droit administratif est un droit largement
jurisprudentiel .Il a un objet très vaste :

-l’organisation administrative ;
-l’activité administrative ;
-les moyens utilisés par l’administration ;
-le contentieux administratif...

Signalons que, le droit administratif présente une certaine particularité dans la


mesure ou il a ses propres règles, juridictions et juges spéciaux (juges
administratifs).

Dans cet enseignement, il est question d’examiner d’une part l’organisation


administrative (principes généraux d’Etat d’organisation administrative d’Etat,
les organes de l’administration d’Etat) et d’autre part ; l’action administrative
(les actes administratifs unilatéraux, les contrats administratifs et les services
publics. )

1
1ère partie :

L’Organisation Administrative d’Etat

Chapitre 1: Les principes généraux de l’organisation administrative d’Etat

Il s’agit d’examiner la centralisation, la déconcentration et la décentralisation


qui sont des modes de gestion administrative d’un Etat unitaire

S1: La Centralisation

P1: Définition et généralités

La centralisation est le mode de gestion par lequel, le pouvoir de décision est


concentré entre les mains des autorités centrales de l’Etat (gouvernement). Dans
cette technique, les autorités de l’Etat (pouvoir central) sont les seules qui
prennent les décisions à caractère national.

Dans la centralisation, l’Etat est la seule personne publique qui assure la


satisfaction des besoins d’intérêt général. Autrement dit, l’administration
centrale fait tout et décide de tout pour les administrations locales qui
deviennent comme des simples organes d’enregistrement.

P2 : La déconcentration, forme d’exécution de la centralisation

Techniquement, pour que les décisions des autorités centrales soient bien
appliquées et mieux suivies sur tout le territoire, elles délèguent certains
pouvoirs aux agents inferieurs de l’Etat : c’est la déconcentration.

La déconcentration est le mode de gestion administrative selon lequel, le


pouvoir central nomme ses représentants auprès des collectives locales pour
décider et agir en son nom et pour son compte

Notons que, ces agents (représentants) ne sont pas autonomes .Ils appliquent
uniquement la politique du gouvernement à qui, ils rendent compte. En cas de
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manquements, ces agents de l’Etat sont sanctionnés ou démis de leurs fonctions
par le pouvoir central. Il en est ainsi des préfets, des sous préfet, des secrétaires
généraux des départements et de districts, des administrateurs maires …

Ces agents sont appelés « autorités déconcentrées ». Signalons que, le Congo


est un l’Etat unitaire et fortement centralisé (Voir constitution du 25 octobre
2015)

S2 : La Décentralisation

P1 : Définition et généralités

D’emblée, notons que la décentralisation a été instituée au Congo par la loi n°9
-2003 du 6 février 2003.

La décentralisation est une technique de gestion administrative par laquelle,


l’Etat transfère certaines de ses compétences (pouvoirs, attributions) aux
collectivités locales dotées de la personnalité morale et gérées par les autorités
ou organes élus par les populations locales.

Au Congo, les organes décentralisés sont les conseils municipaux et conseils


départementaux qui s’administrent (se gèrent) librement mais sous l’œil
vigilant du pouvoir central.

La gestion administrative décentralisée permet aux populations locales de


s’exprimer, d’identifier et de faire le choix des projets par rapport à leurs
besoins. La réalisation de ces projets (construction d’écoles, d’hôpitaux, des
marchés, pistes agricoles …..) permet aux collectives locales de se moderniser.

A cet effet, la décentralisation qui vise a rapprocher l’administration de


l’administré est considérée comme un levier du développement des collectives
locales.

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P2 : La répartition des compétences entre le pouvoir central et les
collectives locales

Elle est prévue par la loi n°1O du 6 février 2003 .

Dans la mise en œuvre de la décentralisation, la loi procède à un partage des


compétences entre l’Etat et les collectives locales. A cet effet, certaines
matières restent ou relèvent exclusivement de la compétence de l’Etat c'est-à-
dire du gouvernement.

Ainsi, sont considérées comme domaines réservés de l’Etat ; les matières ci-
après : l’enseignement supérieur, la défense nationale, la justice, les affaires
étrangères, les matières premières stratégiques, les questions de nationalité et de
monnaie.

Ceci étant, la loi reconnait aux collectives locales, les compétences sur les
domaines tels que : l’enseignement primaire et secondaire, la construction des
petits hôpitaux, des marchés, des pistes agricoles, des routes d’intérêt
départemental …. ( Loi N°10 du 6 février 2003) .

Au regard de cette répartition légale des compétences, il sied de dire que l’Etat
conserve

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Chapitre2 : Les Organes d’Administration d’Etat

Il s’agit des organes suprêmes, centraux et locaux de l’administration d’Etat.

S1 : Les organes suprêmes de l’Etat

Ce sont les institutions politiques et administratives se trouvant au sommet de


l’administration.

P1 : La présidence de la république

Elle est animée par le président de la république, chef de l’Etat. Conformément


à la constitution, le président de la république dispose de plusieurs pouvoirs et
attributions. Il est le garant du fonctionnement des institutions. Le président de
la république nomme aux hautes fonctions civiles et militaires par décret en
conseils des ministres, prend les décisions nécessaires pour la bonne marche de
la nation. IL exerce le pouvoir réglementaire et assure l’exécution des lois. Il
est le chef de l’administration et des armées. De même, il est le chef de
l’Exécutif et préside les conseils des ministres

La présidence de la république en tant que administration de direction et


d’impulsion dispose de plusieurs services et organes : le cabinet, le secrétariat
général et d’autres départements ou directions à caractère civil et militaire.

P2 : La primature

Elle désigne l’ensemble des services administratifs dirigés par le premier


ministre, chef du gouvernement. La primature est le pivot ou le cœur de
l’administration, car elle coordonne tous les départements ministériels.

Nommé par le président de la république, le premier ministre assiste le chef


d’Etat dans l’exécution des lois et l’exercice du pouvoir réglementaire.

Le premier ministre est en effet, la deuxième autorité de l’administration après


le président de la république. De même que la présidence de la république, la
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primature comprend plusieurs organes et services. Le premier ministre préside
les conseils de cabinet et les comites interministériels. Il coordonne l’activité
gouvernementale et rend compte au chef de l’Exécutif.

De même que la présidence de la république, la primature dispose d’un cabinet,


d’un secrétariat général du gouvernement, de plusieurs départements ou
services ….

(Tout sur le président et le premier ministre : voir constitution du 25 Octobre


2015)

S 2 : Les organes centraux de l’administration

Ce sont des services administratifs regroupés en ministères et en organismes


Consultatifs.

P1 : Les départements ministériels

L’administration centrale est celle que détient et gère le gouvernement par le


truchement des ministères et autres organes permanents.

Le gouvernement est une équipe politique et administrative composée des


ministres. IL a pour mission de mettre en œuvre la politique générale de la
nation déterminée par le président de la république. Dirigé par le premier
ministre, car avec la constitution du 25 octobre 2O15, l’Exécutif Congolais est
bicéphale. Le gouvernement dispose de plusieurs départements ministériels
ayant chacun à sa tête un chef dénommé ministre. Dans un gouvernement on
peut distinguer les ministres d’Etat, les ministres, les ministres délégués et
même les secrétaires d’Etat.

Parmi les ministres, il ya ceux qui s’occupent des domaines de souveraineté :


Affaires étrangères, défense, intérieur, justice, finances ….

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Les ministres sont à la fois autorités politiques et administratives désignés par le
président de la république sur proposition du premier ministre .Ils mettent en
exécution les décisions du gouvernement en prenant les arrêtés ou autres textes
administratifs. Les ministres sont des autorités centrales ayant compétences
nationales. Ils perdent leurs fonctions sur décisions présidentielles.

Enfin, chaque ministère comprend un cabinet, des directions générales et


centrales, des directions départementales, des services techniques et bureaux ...

P2 : Les différentes administrations et organismes

Nous avons notamment les administrations de régulation, les administrations


consultatives et les administrations de mission.

1- Les administrations consultatives et de régulation

a- Les administrations de régulation

Il s’agit des administrations qui créent des règles destinées à encadrer où régir
un Secteur d’activité ou un domaine précis.

On peut citer le conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) qui est


à la fois un organe consultatif et de régulation sur les questions relevant du
domaine de l’information et de la communication. On peut ajouter l’A.R.P.C.E,
organe de régulation en matière de communications électroniques, l’agence de
régulation de transfert de fonds (ARTF) format électronique.

b- Les administrations consultatives

Ce sont des organes ayant pour vocation d’apporter aux administrations actives,
les avis nécessaires à une action ou à une prise de décision.

C’est le cas du Conseil Economique et Social qui est consulté pour des
questions économiques et sociales, au moment de l’élaboration du budget de
l’Etat, le CSLC avant la création des stations de radio et tv…
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2- Les administrations de mission

Ce sont des administrations de passage créées pour élaborer et exécuter des


projets précis.

Ayant un caractère transversal, ces administrations relèvent le plus souvent de


l’autorité du président de la république et agissent dans les activités de tous les
ministères.

Il en est ainsi de la Délégation Générale des Grands Travaux au Congo.

S3 : Les organes locaux de l’administration d’Etat

Il s’agit des services de l’Etat déployés sur toute l’étendue du territoire.

Conformément à la loi N°3-2003 du 17/ 01 /2003, portant organisation


administrative territoriale, l’Etat intervient dans les collectivités locales
directement (déconcentration) et indirectement (décentralisation).

P1 : L’administration territoriale déconcentrée

Au niveau local, l’Etat est représenté par des organes et autorités désignés par le
pouvoir central. Ainsi, dans chaque département, commune décentralisée
district, communauté urbaine et arrondissement ; existent un préfet, un sous
préfet et un administrateur –maire qui sont tous des autorités déconcentrées.

Dans chaque entité administrative, existent des services de l’Etat regroupés en


direction départementale siégeant au chef –lieu du département (DDEPSA,
DDS, DDEF, DDP, DDB, DDI). Notons que les services locaux sont placés
sous l’autorité du préfet, représentant de l’Etat

Le Préfet et ses différents pouvoirs ou attributions.

Ils sont prévus par les décrets n 64-4O6 du 15déc 1964 etn2OO3-2O du 6janv
2OO3.

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Le préfet est la 1ère autorité d’un département. Il est nommé par décret
présidentiel .Il est le représentant du P R et du G dans sa circonscription
territoriale .Il met en exécution la politique de l’ Etat dans son périmètre
territorial .Il rend compte au gouvernement du fonctionnement de son
département et ceci ,sur tous les domaines .Un mot, le préfet est le dépositaire
de l’autorité de l’Etat dans le département ; il est l’autorité de police et chef de
tous les Services de l’Etat au niveau local .Enfin, le préfet contrôle les actes des
autorités déconcentrées telles que les sous- préfets ,les maires de communes ou
communautés urbaines , les D D ,,,

P2 : L’administration territoriale décentralisée

C’est l’administration des collectivités locales animées et gérées par des


organes ou autorités élus par des populations locales. L’administration
décentralisée est celle reconnue aux départements et communes (autonomes) ou
collectivités locales.

Le département est placé sous l’autorité d’un conseil départemental dont le


bureau est composé d’un président, d’un vice –président et d’un secrétaire…

La commune est dotée d’un conseil municipal dont le bureau composé de la


même façon, dirigé par le maire.

Actuellement, le Congo compte 12 départements et 6 communes


décentralisées : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Ouesso, Mossendjo.

Notons que les conseils municipaux et départementaux décident par voie de


délibérations. Conformément à l’art 67 de la loi électorale du 24 nov 2OO1, le
conseil départemental ou municipal est élu pour un mandant de cinq (5) ans.

Notons que, en dehors de Brazzaville et Pointe –Noire un département est


composé de districts (communautés urbaines) et de villages. Cependant, une
commune est formée d’arrondissements et quartiers.

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Enfin, retenons que l’administration décentralisée n’est pas indépendante. Elle
reste soumise au principe de légalité et ; est sous tutelle de l’Etat. A cet effet, le
préfet contrôle la légalité des actes des autorités décentralisées. Il saisit le
tribunal administratif s’il estime que ces actes sont contraires aux lois et
règlements.

IL en demande l’annulation totale ou partielle (Loi no8 6-2OO3 du 6fév 2OO3.

❖ Statut spécial de Brazzaville et Pointe-Noire

La loi N°11 -2003 du 6 février 2003 accorde à ces deux villes, un statut spécial.

Les villes de Brazzaville et Pointe-Noire sont à la fois départements et


communes. Les maires de ces deux villes et d’autres communes sont en même
temps des autorités déconcentrées et décentralisées : C’est le dédoublement
fonctionnel.

- En tant que départements. Ces deux villes ont chacun un préfet. Ils ont
également un budget et un personnel différents de la commune de
Brazzaville et Pointe-Noire.
- En tant que communes, Brazzaville et Pointe-Noire sont dirigées par des
maires élus par leurs conseillers municipaux et départementaux
respectifs.

Ces deux maires sont sous l’autorité des préfets qui contrôlent tous leurs actes
de gestion et rendent compte au gouvernement.

Pour mémoire, la commune de Brazzaville compte neuf (9) arrondissements et


celle de Pointe –Noire en a sept (7).

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2ème partie

L’action administrative

Elle repose sur les actes unilatéraux, les contrats administratifs et la notion de
service public.

Chapitre I : Les actes administratifs unilatéraux

S1 : Classification

P1 : Définition

Encore appelé décision exécutoire, l’acte administratif unilatéral est la volonté


exprimée par l’administration seule, de créer, de modifier ou de supprimer une
situation juridique.

Exemple : Une note administrative accordant aux fonctionnaires certaines


primes.

P2 : Les différents types d’actes unilatéraux

D’une manière générale, on classe les actes administratifs unilatéraux en tenant


compte de leur objet et de leur formation :

1) Du point de vue objet, on distingue :


- Les règlements à caractère général portant sur des situations juridiques
générales ;
- Les règlements ou actes individuels portant par exemple nomination d’un
agent public.
2) Du point de vue formation, on distingue :
- Les actes unilatéraux émanant d’une seule volonté (individuelle ou
collective). Il en est ainsi de la délibération d’une assemblée ;

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- Les actes bi ou plurilatéraux émanant de deux ou plusieurs volontés ; cas
des contrats.

S2 : Entrée en vigueur des actes administratifs unilatéraux

P1 : Les formes de la décision exécutoire

La décision administrative emprunte son nom selon l’auteur de l’acte.

A cet effet, on a :

- les décrets pour le président de la république et le premier ministre, chef


du gouvernement ;
- les arrêtés pour les ministres, préfets et maires de commune (autonome) ;
- les circulaires, notes de service pour les ministres et autres autorités dont
les directeurs généraux, maires d’arrondissement, sous préfets …

P2 : Entrée en vigueur et force de la décision administrative

L’acte unilatéral créant une nouvelle situation juridique prend effet dès le jour
où il est pris.

Concernant la publication, la décision règlementaire est soit insérée au Journal


Officiel ou bulletin administratif, soit par affiche dans la presse.

S’agissant des actes individuels, ils doivent être notifiés aux intéressés.

La décision exécutoire à une force obligatoire. On parle de « l’autorité de la


chose décidée » à l’image de « l’autorité de la chose jugée » en matière
judiciaire.

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S3 : Le non rétroactivité des actes administratifs

P1 : Le principe

De même que la loi, la décision administrative obéit au principe de non


rétroactivité qui est un principe général au droit.

Ce principe signifie que, un texte juridique ou règlementaire ne dispose que


pour l’avenir, il n’a pas d’effet rétroactif. Autrement dit, un texte ne s’applique
pas aux faits passés mais aux faits futurs.

P2 : Exception au principe

A l’image de certaines lois qui peuvent rétroagir, certaines décisions


administratives peuvent également s’appliquer aux faits antérieurs sur demande
de la loi.

Dans ce sens, un acte individuel prévoyant des avantages à un fonctionnaire


mais parvenu à l’intéressé avec plusieurs mois de retard, doit s’appliquer à
l’intéressé à compter de la date de signature de la décision.

LE RECOURS POUR EXCES DE POUVOIR

Il s’agit du pouvoir ou droit reconnu à un administré d’attaquer une décision


Administrative supposée illégale devant l’autorité judiciaire .Si le juge estime
que la décision de l’autorité administrative est illégale, il l’annule. Cette
annulation a un caractère également rétroactif (C .S Adm 26 Juillet 62,
MBARGA requête l’annulation d’une décision du Ministre de la Fonction
Publique).

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S4 : Fin des effets des actes administratifs unilatéraux

D’une manière générale, l’acte administratif cesse de produire des effets suite à
son abrogation ou à son retrait.

P1 : L’abrogation des actes administratifs

Il s’agit de l’annulation de l’acte pour illégalité déclarée pour excès de pourvoir


devant le juge ou l’autorité administrative supérieure hiérarchique.

Compagnie des chemins de fer de l’Est et autre (6 décembre 1907 ;


GAJA ,913).

Notons que l’abrogation annule la décision uniquement pour l’avenir.

Du point de vue formel, la décision qui met fin aux effets d’un acte doit émaner
de l’autorité qui l’avait pris : C’est le principe du parallélisme de forme.

P2 : Le retrait des actes administratifs

C’est l’opération qui consiste pour l’administration de retirer un acte pour un


ou plusieurs motifs.

Toutefois, on fait la différence entre les actes créateurs et non créateurs de


droits.

CE,26-oct-2001 ; arrêt Ternon .

Contrairement à l’abrogation, le retrait supprime l’acte administratif de façon


rétroactive c'est-à-dire l’acte est considéré comme n’ayant jamais existé.

NB : Dans certains cas, la décision administrative cesse de produire des effets


quand son délai d’application arrive à terme.

On peut citer l’autorisation administrative accordée pour 1an ; l’agrément


provisoire délivré à un établissement scolaire …

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Chapitre 2 : Les contrats administratifs

En dehors de l’acte unilatéral, l’administration fonde également son action sur


le procédé contractuel.

L’administration passe à la fois, des contrats administratifs et non


administratifs.

S1 : Identification du contrat administratif

P1 : Définition du contrat administratif

Selon la jurisprudence, on reconnait un contrat administratif à partir des


critères suivants :

- les parties au contrat (l’existence au moins d’une personne publique)


TC 3Mars 1969 ;
- l’objet du contrat (exécution d’un service public) décret du 22 Avril
1982 ;
- l’existence d’une clause exorbitante (disposition contractuelle absente au
droit commun).

Un contrat est dit administratif également par détermination de la loi (ex :


marchés de travaux publics).

En résumé, le contrat administratif est celui qui déroge au droit commun et


relève de la compétence de la juridiction administrative.

S2 : Les principaux contrats administratifs

En combinant les textes législatifs et les critères jurisprudentiels, on cite les


contrats ci-après :

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1- Les marchés de travaux publics

Ce sont les marchés par lesquels, l’administration confie à un entrepreneur privé


la construction ou l’entretient d’un ouvrage d’intérêt public.

2- Les marchés de fournitures

Ils ont pour objet l’acquisition par l’administration de biens mobiliers de toute
sorte.

3- Les marchés de transports

Ce sont des contrats passés par l’administration avec des compagnies de


navigation en vue du transport des personnes et des biens de caractère public.

4- La concession du service public

Il s’agit d’un contrat par lequel, l’administration confie à un particulier la


mission de gérer ou de faire fonctionner un service public dans un but d’intérêt
général.

5- L’emprunt public

Contrat par lequel, un particulier prête une somme d’argent à l’Etat ou à une
autre personne publique.

6- Les marchés de recherche et d’étude

Contrat auquel, une personne publique confie une recherche scientifique à un


chercheur ou à un organisme spécialisé.

Les contrats d’étude quant à eux, préparent la réalisation d’un projet.

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S3 : Régime du contrat administratif

Il s’agit de parler de la spécificité des contrats administratifs qui se résume en


l’existence des clauses exorbitantes et la compétence du juge administratif en
cas de contentieux.

P1 : L’existence des clauses exorbitantes

Les contrats administratifs son t des contrats spéciaux en droit. Ils ont leurs
caractères propres et ne sont pas soumis au même régime que les contrats
privés.

Ces contrats contiennent des clauses exorbitantes c à d des dispositions qui


dérogent au droit commun. Si dans les contrats privés les deux parties sont
égales et libres, dans les contrats administratifs l’administration prime et impose
sa volonté sur l’autre partie au nom de la Puissance Publique qui incarne
l’intérêt général.

L’administration dispose des prérogatives qui lui permettent par exemple de


modifier ou rompre le contrat ou encore de changer de partenaire sans consulter
son cocontractant.

Toutefois, les contrats administratifs obéissent aux conditions de validité


prévues par le code civil. (consentement, la capacité, l’objet du contrat)

P2 : Le contentieux des contrats administratifs

Les contrats administratifs n’étant pas soumis aux mêmes règles que les contrats
privés, leur contentieux ne relève pas des juridictions judiciaires mais des
tribunaux administratifs.

Ce détachement à la juridiction administrative marque d’une part, la


particularité des contrats administratifs et d’autre part, l’autonomie du droit
administratif.

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La compétence du juge administratif s’affiche tant sur la validité et
l’interprétation des contrats administratifs que sur leur exécution.

NB : Les contrats non administratifs de l’administration

Tous les contrats passés par l’administration n’ont pas un caractère


administratif.

Certains sont appelés contrats de l’administration parce qu’ils sont identiques a


ceux conclus par les particuliers tels que définis et réglementés par le code
civil.

On peut citer : l’achat des biens meubles et immeubles par l’administration ; la


location d’un appartement par l’administration pour loger ses services.

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CHAP 3 : Le Service Public (S P)

S1 : Le Service Public et l’Etablissement Public

P 1 : Le Service Public

A- Définition et présentation

Pour subvenir aux besoins communs de la population, l’Etat et ses


démembrements ont créé différents Services publics. Le Service public désigne
toute activité d’intérêt général réalisée par l’Administration ou une personne
privée sous l’autorité d’une personne publique.

Le S P est crée dans un domaine bien précis (santé ; enseignement, eau,


électricité…) Il ne peut intervenir au delà de son domaine : c’est le principe de
la spécialisation du service public

Le SP présente deux caractères principaux :

- l’exécution d’une mission d’intérêt générale ;


- La création par l’administration ou l’exécution du service publique par un
privée sous son contrôle

B - Modes de gestion et financement des Services Publics (S P)

1 : Modes de gestion des S P

On note : la régie, la concession, l’Ets public et la société d’économie mixte.

a- La régie

On parle de régie lorsque le S P est géré ou exécuté directement par


l’Administration elle- même. L’Administration est incarnée par l’Etat ou une
collectivité locale.

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Dans ce cas, le Service public n’a pas de personnalité morale. C’est le cas par
exemple des Ets scolaires ou de santé, les sociétés publiques de transport…

On peut citer au Congo ; l’exemple de la Société de Transport Public Urbain

(STPU) par les Pouvoirs Publics

b-La concession du SP

C’est un contrat par lequel, l’Administration confie la gestion d’un S P à une


personne privée qui le gère avec ses propres moyens (humains, matériels…).

A cet effet, le S P est doté de la personnalité morale.

Ex ; la Sté Averda à BZV et P Noire, pour le ramassage des ordures ménagères

Le contrat de concession est réalisé a base d’un document appelé cahier de


charges ou sont insérés les droits et obligations des deux parties : le concédant
(personne publique) et le concessionnaire (personne privée) Ace titre, le
concessionnaire a obligation principale d’exécuter ses taches afin de satisfaire
l’intérêt général .D e son coté, le concédant dispose d’un pouvoir de contrôle et
peut mettre fin au contrat en cas de mauvaise exécution.

c-l’établissement public

C’est un mode de gestion de service public par une structure autonome vis avis
de l’Etat. On parle de service public personnalisé, c’est-à-dire doté de la
personnalité morale .Dans ce sens, la structure qui fait fonctionner un service
public dispose des doits et obligations différents de ceux de l’Etat.

Au Congo , on peut citer ; le Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville ( C


H U ) ,la Société Nationale des Pétroles du Congo ( SNPC ) ,l’Université
Marien Ngouabi ( UMNG ) .

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d- La société d’économie mixte

Sous cette forme, le service public est géré par une entreprise para-étatique
dotée également d’une personnalité morale .Cette structure est gérée par un
college représentant à la fois l’administration et la personne privée. C’est le cas
de la société sucrière Saris-Congo.

2- Financement des services publics

Le financement tient compte du mode de gestion et de la classification du


service public.

Concernant la régie et les services publics administratifs, le financement est


entièrement assuré par la personne publique concernée.

S’agissant de la concession, les charges sont partagées entre le concédant


(l’Adm) et l’entreprise concessionnaire. Cette dernière se rémunère également
sur les usagers bénéficiaires de ses services.

Enfin, les S P à caractère industriel et commercial fonctionnent avec leurs


ressources propres, sous réserve des subventions de l’Etat. C’est le cas de
l’Energie Electrique du Congo, la Congolaise des Routes …

C- Les principes des Services publics

Tous les SP présentent les mêmes principes : la continuité, l’égalité des citoyens
la mutabilité ou adaptation.

- Le principe de continuité signifie que, le S P doit fonctionner sans cesse


c'est-à-dire de manière ininterrompue, pour ne pas pénaliser les
populations.
Ainsi, même en cas de grève le S P doit fonctionner : C E.ASS.7juillet
195O ; Dehaene GAJA p46.

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- le principe de l’égalité des citoyens devant les S P implique que, tous les
usagers doivent être traités de la même façon et bénéficiés des mêmes
prestations.
C E .1O mai 1974.Aff.Denoyez et Chorques rec ; p274.
- le principe de mutabilité ou d’adaptation est celui pour lequel, le service
public doit se moderniser et s’adapter aux nouvelles technologies pour
que ,les usagers bénéficient des prestations de bonne qualité.
C E 1O janv 19O2.Compagnie nouvelle du gaz de Deville-Les-
Rouen ;Rec p85

D- Création et Suppression des Services Publics

L’autorité ou l’organe ayant compétence de créer et de supprimer un S P est


déterminé par la loi :

- Au niveau étatique, le S P est crée par le gouvernement qui prend un


projet de loi de création. Ensuite, ce texte est transmis au parlement qui
l’adopte pour devenir une loi de création de S P ;
Il en est ainsi de la création de la Société des Transports Publics Urbains
( STPU) au Congo :
- Au niveau local, l’organe de création d’un S P est le Conseil
Départemental ou Municipal en prenant une délibération.

La suppression des services publics obéit au même schéma de création


conformément au principe de parallélisme de forme.

E- les différents types de services publics

Au regard des besoins des citoyens qui sont énormes et variés (activités
régaliennes et de souveraineté, économiques, sociales, culturelles …), la loi et
la jurisprudence classent les services publics en deux catégories :

- Les services publics administratifs ( SPA) ;

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- Les services publics à caractère industriel et commercial ( SPIC )

TC, arret Société commerciale de l’ouest africain, 22janv1921.GAJA p91

1) Les Services Publics Administratifs (S P A)

Ils désignent l’ensemble des Services de l’Etat dont l’objet n’a pas un caractère
économique, commercial ou industriel .Il s’agit notamment des Services
régaliens de l’Etat tels que la défense, la police, la diplomatie …

De même, la loi congolaise reconnait à certaines Agences, le caractère


administratif .Loi n°16-2OO3 du 1O avril 2OO3 ; Agence régulation du secteur
électrique …

2) Les Services Publics à caractère industriel et commercial (SPIC )

Ce sont des Services de l’Etat ayant un objet industriel et commercial issus de


l’interventionnisme économique. Dans ces conditions, la personne publique agit
comme une personne privée. Ainsi, le législateur congolais attribue à la radio et
télédiffusion de SPIC.

NB : Les SPA et SPIC se distinguent par leur objet, leur source de financement
et les règles applicables.

T.C ; Arret Société commerciale de l’ouest africain du 22 janv 1921 GAJA p91

P2 : L’Etablissement Public

A- Définition et présentation

L’établissement public est un mode de Service public auquel la personnalité


publique est conférée .On évoque l’idée de service public personnalisé.

L’établissement public désigne tout organisme doté d’une personnalité morale,


d’une autonomie de gestion administrative et financière, fonctionnant avec ses
propres moyens humains, financiers et matériels …

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Il est crée pour une mission spéciale bien déterminée. Ainsi, un établissement
public peut s’occuper de l’enseignement, de la santé, de la sécurité sociale …

❖ Critères de reconnaisse

Un établissement public se reconnait par la réunion des critères ci- après :


création par une personne publique, objet de service public, contrôle étroit de
l’organisme par l’Administration, existence des prérogatives de puissance
publique.

B- Les différents types d’établissements publics

En tenant compte de l’objet de leurs activités, on distingue :

- les établissements publics administratifs (EPA),


- les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC).

1- Les Etablissements Publics Administratifs

Ce sont des structures créées par les personnes publiques, notamment l’Etat
dont l’activité n’a pas un caractère économique, c’est commercial ou industriel.

Au Congo, on peut citer : l’Université Marien Ngouabi (UMNG), l’Agence


Nationale de l’Artisanat (ANA) ,le Centre de Formalité des Entreprises ( CFE
)…

Dans ce lot, on peut ajouter certaines structures dont l’objet économique n’est
pas clairement défini ; cas de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC).

2- Les Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial

Ils s’agit des services publics qui réalisent des activités économiques ayant un
objet industriel ou commercial .Les EPIC fonctionnent comme des entreprises
privées, sauf que le privé vise le profit contrairement à la personne publique.

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Il en est ainsi au Congo, de la Congolaise des Eaux, l’Energie Electrique du
Congo.

Dans certains cas, un établissement public peut être investi à la fois des
missions administratives, industrielles et commerciales ; cas de la Société
Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) et du Port Autonome de Pointe –noire
(PAPN).

C –Régime juridique des Services publics

N’ayant pas le même objet, leurs personnels ne partageant pas aussi le même
statut ; les EPA et les EPIC ne sont pas soumis au même régime.

Concernant les EPA, on fait application des règles de droit public et en cas de
contentieux ; la compétence est celle de la juridiction administrative donc du
juge administratif.

S’agissant les EPIC, les règles applicables sont normalement celles du droit
privé .A cet effet, en cas de litige la compétence est celle du juge de droit
commun. Cependant, en 1921 le tribunal des conflits a estimé que l’accident
subi par le bac sur la lagune EBRIE en Cote d’Ivoire en septembre 192O devait
relever de la compétence juridiction administrative, la société assurait une
mission de service public.

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