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Chapitre 3

Anatomie de l’appareil digestif


des ruminants
L’appareil digestif des ruminants
La cavité buccale
 Les mâchoires comportent 32 dents : 24 molaires (dont 12 sur la mâchoire
supérieure et 12 sur la mâchoire inférieure) et 8 incisives implantées
uniquement sur la mâchoire inférieure.
 Sur la mâchoire supérieure, les incisives sont remplacées par un bourrelet
corné qui permet de pincer l'herbe pour la couper.
 Toutes les deux mâchoires se meuvent latéralement, pour bien broyer les
aliments
L’estomac
 La particularité de l’appareil digestif des ruminants est que l'estomac est
composé de 4 poches :
 la panse ou le rumen
 le bonnet ou réseau
 le feuillet
 la caillette
 Les 3 premières poches sont appelées pre-estomacs et la 4e – caillette est
l’équivalent de l’estomac chez les monogastriques
L’appareil digestif des ruminants
Le rumen
 C’est de loin le plus volumineux des 4 poches (environ 100 litres chez
un bovin adulte de 500 à 600 kg); il représente plus de 90% de leur
volume total
 Présence d’une population de micro-organismes variée et dense:
• des milliards de bactéries essentiellement de bactéries anaérobies
strictes qui constituent plus de la moitié de la biomasse microbienne
totale.
• bactéries cellulolytiques,
• Bactéries amylolytiques,
• Bactéries protéolytiques ou uréolytiques.
 des protozoaires, surtout des ciliés anaérobies, dont la population est
comprise entre 105 et 106 individus/ml de contenu de rumen.
 des champignons anaérobies, plus fréquents chez les ruminants
tropicaux que les ruminants tempérés.
 Ces microbes sont capables de dégrader la cellulose et l'hémicellulose,
principaux constituants des fourrages. Ils peuvent également dégrader
d'autres composants alimentaires tels que les protéines et l'amidon.
Le réseau

 sert de réservoir temporaire aux aliments provenant de l'oesophage.

 Il a pour fonction de trier les particules alimentaires. Les plus grosses

sont refoulées dans la panse avant d'être mastiquées une nouvelle fois
dans le processus de rumination. Les plus fines peuvent passer dans le
feuillet.
Le feuillet
 cavité qui absorbe l'eau du bol alimentaire (masse d'aliments mastiqués
et imprégnés de liquides) avant son passage dans la caillette ou
abomasum
 Grâce à ses lames, qui ont un espacement bien déterminé, le feuillet
fonctionne aussi comme un filtre : Seules les particules de moins de 2
mm de long peuvent traverser le feuillet
La caillette
 fonctionne comme l'estomac des monogastriques;
 Elle sécrète de l'acide chlorhydrique et de nombreuses enzymes
digestives, comme le fait l'estomac des monogastriques, qui vont
dégrader le bol alimentaire;
 Participe donc à la digestion enzymatique des particules alimentaires
mais aussi des bactéries provenant de la panse;
 Elle sécrète la présure, enzyme très abondante chez le jeune veau et qui
permet le caillage du lait. Chez le jeune veau, seule la caillette
fonctionne.
Chapitre 4

Physiologie de la digestion
Introduction

 Les éléments nutritifs contenus dans les aliments ne sont pas directement
utilisables par l’animal ;
 ils doivent subir le processus de transformation en des composés simples
qui vont passer à travers la membrane muqueuse du tube digestif dans le
sang et la lymphe.
 La digestion correspond à l'ensemble des étapes de transformation des
aliments en nutriments absorbables.
 Les processus important de la digestion peuvent être regrouper en 3 types:
mécanique, chimique et microbien.
 Les activités mécaniques sont la préhension, la mastication et les
contractions musculaires du tube digestif;
 Les principales actions chimiques sont dues à des enzymes sécrétées
par l’animal; ce sont essentiellement des réactions d’hydrolyse.
 La digestion microbienne, aussi de nature enzymatique est due
principalement à l’action des microorganismes (bactéries et
protozoaires), important dans le rumen des ruminants.
1. La digestion dans la bouche

Processus de rumination
 Quand le ruminant a fini de manger, il régurgite sa nourriture et la
remastique : c’est la rumination;
 La rumination est donc un processus d’allers-retours des aliments entre la
bouche et les premières poches de l’estomac;
 un bovin rumine de 8 à 12 heures par jour.
 la rumination commence quand l’animal s’alimente. Il va brouter
beaucoup d’herbe sans mâcher et avaler sous forme de brins assez longs.
Ces brins descendent dans l'œsophage et tombent dans le réseau ou
directement dans la panse.
 Lorsqu’il a brouté une grande quantité d'herbe, l’animal va se coucher
au calme, et c'est à ce moment que commence la rumination vraie
 De la panse, les gros brins d'herbe vont être renvoyés vers la bouche,
grâce à une contraction du réseau synchronisée avec l'œsophage. De
retour dans la bouche, ce bol alimentaire va être mastiqué longtemps
 Cette mastication réduit la dimension des particules d'herbe.
 Pendant cette étape, une quantité importante de salive est mélangée
à l'herbe
 la vache mastique entre 6 et 8 heures par jour, pouvant produire 160
litres de salive.
 La taille ainsi suffisamment réduite permet la digestion par les
microorganismes de la panse.
 Une fois bien broyés, les petits brins d'herbe retournent dans la panse.
Ils vont alors être " attaqués " par les micro-organismes, qui vont
commencer à les digérer.
 La rumination permet de limiter le temps passé aux pâturages où les
animaux sont exposés au soleil; ils peuvent passer un minimum de
temps à brouter et stocker cette herbe dans leur panse. Puis ils vont se
mettre à l'abri, et recommencer à les mastiquer.
2. La digestion dans le rumen

 Le rumen a des mouvements réguliers et se contracte une fois par


minute;

 Il existe une intense activité microbienne qui est une fermentation


produit en continu;

 Cette fermentation produit une grande acidité que l’animal contrôle


par une production abondante de salive alcaline qui va neutraliser
l’acide.
 La fermentation fabrique des substances volatiles, qui vont passer à
travers la paroi de la panse et être utilisées comme source d'énergie
par les organes de la vache;

 un même brin végétal peut reste dans le rumen de 24 à 48 h, pendant


lesquelles il est "attaqué" par les micro-organismes.

 Seuls les aliments finement broyés en bouillie passent dans les


réservoirs suivants : le feuillet, puis la caillette.
Les conditions ambiantes du rumen:
 un milieu riche en eau (85 à 90%),
 un apport régulier de nutriments fournis à la fois par l'ingestion des
aliments et par la rumination,
 un pH (6,4 à 7,0) tamponné par l'apport de minéraux (bicarbonates et
phosphates) de la salive,
 une température de 39 à 40°C,
 une élimination continue des produits terminaux de la digestion
microbienne,
 des échanges permanents à travers la paroi du rumen
Importance des microbes chez les ruminants
Ils fournissent l'énergie à l'animal hôte
 Les aliments ingérés subissent d'abord une fermentation grâce aux
microbes du rumen;
 cette fermentation microbienne est très importante puisque 60 à 90% des
glucides de la ration, y compris ceux des parois végétales, y sont
fermentés.
 Ces parois, qui sont les composants essentiels des fourrages pauvres
sont partiellement dégradées par les microbes à l'aide de l'enzyme
cellulolytique (cellulase) qu'ils sécrètent et que l'animal hôte ne possède
pas.
 La fermentation des glucides conduit à la production d'énergie sous
forme d'adénosine triphosphate (ATP) utilisée par les microbes pour
leurs besoins d'entretien et de multiplication.
 Les produits terminaux de cette fermentation sont:
 les acides gras volatils (AGV): acide acétique, acide propionique et
acide butyrique, dont les proportions dépendent de la nature des
glucides alimentaires,
 le gaz carbonique et le méthane.
 Les AGV issus de la fermentation ruminale, sont absorbés dans le sang
à travers la paroi du rumen.
 Ils constituent la principale source d'énergie pour l'animal hôte
fournissant de 70 à 80% de l'énergie totale absorbée chez le
ruminant
Ils fournissent des protéines pour l'animal hôte
 Les matières azotées (protéiques et non protéiques) ingérées par
l'animal sont soumises à l'action protéolytique des microbes du rumen.
 Elles sont partiellement dégradées dans des proportions variables selon
plusieurs facteurs (en particulier leur solubilité).
 Les matières azotées non protéiques des aliments, comme l'urée qui
peut être ajoutée à la ration, sont dissoutes en totalité et hydrolysées en
ammoniac.
 L'ammoniac est un élément précurseur essentiel pour la croissance de
la plupart des espèces bactériennes du rumen qui le prélèvent et
l'utilisent pour la synthèse de leurs propres acides aminés constitutifs.
 Il est même considéré comme la principale source d'azote pour
plusieurs souches de bactéries, en particulier celles impliquées dans la
digestion de la cellulose et de l'amidon
 L'utilisation de l'ammoniac pour la synthèse microbienne est
étroitement liée à la quantité d'énergie (ATP) produite par la
fermentation des glucides
 On estime que 145 g de MAT d’origine microbienne sont synthétisés
pour chaque kg de Matière Organique Fermentée (MOF) dans le
rumen ;
 Les microbes sont ensuite entraînés avec les digesta, dans la caillette et
l'intestin grêle, où ils vont subir le processus classique de digestion.
 Ils sont constitués de 80% de protéines, très bien équilibrées en acides
aminés indispensables, et sont digérés à 80-85%, fournissant les PDIM
du système PDI.
 Ces PDIM jouent un rôle très important dans la couverture des besoins
azotés des ruminants, surtout ceux alimentés à base de fourrages
pauvres.
 A ces protéines s'ajoutent celles d'origine alimentaire qui ont échappé à
la dégradation microbienne dans le rumen. Ces dernières sont digérées
selon un coefficient appelé coefficient de digestibilité réel; ils
fournissent les PDIA
3. La digestion dans le feuillet

 Dans le feuillet, le bol alimentaire subit un essorage et certaines


substances contenues dans le mélange d'herbe et de micro-organismes
sont absorbées: l'eau, le sodium, le phosphore et d'autres substances
volatiles.
 Le sodium et le phosphore sont récupérés dans le sang et retourneront
dans la panse par l'intermédiaire de la salive
 Le feuillet régularise le transit digestif et prépare le repas de la vache à
la digestion vraie qui se fera dans la caillette.
4. La digestion dans la caillette

 La caillette sécrète de l'acide chlorhydrique et de nombreuses enzymes


digestives, comme le fait l'estomac des autres animaux non ruminants;
 La caillette digère la majorité des graisses (lipides) et les protéines
végétales qui ont échappé à la fermentation dans la panse.
 Elle digère aussi les protéines que les bactéries ont fabriqué dans la
panse.
 Par la suite le bol alimentaire passe dans l'intestin grêle, puis le gros
intestin, où la digestion se poursuit grâce aux sécrétions du foie et du
pancréas (processus similaire à celui des monogastriques).
5. Digestion dans les intestins

La digestion dans l’intestin grêle


 L’intestin grêle sécrète un suc relativement complexe contenant du
mucus et de nombreuses enzymes : enzymes glycolytiques (maltase,
lactase, saccharase, isomaltase), enzymes protéolytiques (peptidases) et
une lipase.
 La motricité intestinale (phénomènes réflexes), assure le malaxage du
chyme intestinal, sa progression et son contact avec l’ensemble de la
muqueuse.
 L’intestin grêle reçoit également les sécrétions digestives du foie et du
pancréas au niveau de duodenum.
 La bile provenant du foie et stockée dans une vésicule biliaire, est
déversée par le canal cholédoque juste en aval du pylore. Basique, elle
a deux actions digestives:
 neutraliser du contenu acide provenant de l’estomac
 Aider à la digestion des lipides et activer de la lipase pancréatique ;
 Les sécrétions digestives du pancréas sont déversées dans le
duodénum par le canal de Wirsung, en aval du pylore. Elles
contiennent:
 des enzymes protéolytiques : peptidases, trypsine et chymotrypsine,
(digestion des protéines)
 une amylase (digestion des glucides)
 une lipase (digestion des lipides)
 C’est dans l’intestin grêle que s’effectue l’essentiel de la digestion
chimique sous l’action conjuguée de la bile et des enzymes du pancréas
et de l’intestin.
 Ces enzymes constituent un équipement complet agissant sur l’ensemble
des substrats alimentaires.
 L’intestin grêle est aussi le lieu préférentiel de l’absorption du
nutriments: la région duodénal est le site de mélange des digesta et
sécrétions, et la région jéjunal le site de l’absorption;
 Les résidus non digérés et les sécrétions vont passer dans le gros intestin.
La digestion dans le gros intestin
 Les résidus alimentaires arrivant dans le colon, sont ceux qui ont résisté
à l’action des enzymes sécrétées dans le tube digestif.
 Le colon joue donc un rôle important dans la récupération de
nutriments, des électrolytes et de l’eau contenu dans le digesta.
 Dans le gros intestin, le fluide et les particules fines sont retenus au
niveau du colon ascendant, tandis que les grosses particules sont
évacuées rapidement dans la partie distale.
 Les glandes du gros intestin produisent essentiellement du mucus qui
agit comme un lubrifiant.
 La digestion enzymatique à ce niveau est alors l’œuvre des enzymes
produites antérieurement et évacuées dans le gros intestin avec les
résidus alimentaires.

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