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Le prix de transfert
2016-2017
Plan
Introduction
I. Définition de la notion du prix de transfert
II. Place des prix de transfert dans les groupes de sociétés
1. Le principe de pleine concurrence (Arm’s Lenght principle)
2. Le principe de la dépendance
3. Objectifs de prix de transfert
III. Méthodes de détermination des prix de transfert
1. Méthodes traditionnelles admises par l’OCDE
2. Méthodes récentes
3. Contraintes et opportunités de chaque méthode
IV. Prix de transfert dans la législation marocaine
1. Cadre légal et règlementaire
2. Loi de finances 2015 : Introduction de la procédure d’accord préalable
Conclusion
Introduction
Les transactions au sein des groupes doivent donner lieu à l’émission de factures. Le prix
auquel sont facturées les prestations intra-groupes est un "prix de cession interne" ou un "prix
de transfert".
Le prix de transfert assure donc la même fonction que les prix utilisés pour valoriser les
transactions d’une manière générale. De ce fait, il doit suivre la logique économique et être
identique indépendamment du lien de dépendance entre les sociétés du même groupe. En
d’autres termes, il doit être l’émanation du niveau du marché. Et c’est là, l’un des points
fondamentaux en matière de détermination des prix de transfert, à savoir "le principe du prix
de pleine concurrence" recommandé par l’Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE).
Les groupes effectuent des opérations et des échanges intra-groupes et fixent leurs prix
de transfert. Les entreprises cherchent à résoudre la problématique de transfert de bénéfice
et de double imposition, le principe de pleine concurrence prend la relève.
Selon ce principe, chaque entreprise multinationale doit appliquer le prix de marché ou bien
le prix de pleine concurrence pour ses opérations intra-groupes.
Avec plus d’explication, la multinationale doit appliquer le prix de marché comme s’il réalise
la transaction avec des tiers sans lien de dépendance.
Selon le principe de pleine concurrence, les contrats intra-groupes doivent être identiques
au marché.
La majorité des réglementations impose ce principe pour les transactions intra-groupe mais
la difficulté de l’application de ce principe est de taille, un certain nombre de points de faible
peut être relevés :
- Un prix de marché peut être connu pour les produits grands publics et standards,
alors que la question se pose pour des pièces uniques et des machines industrielles
fabriquées par un seul fabricant sur le marché.
- Un prix de pleine concurrence change d’après le marché d’approvisionnement et on
ne peut pas fixer un prix universel.
- Comment on peut déterminer un prix de marché pour des biens immatériels qui
sont composés par des budgets de recherche et développement difficile à unifier ?
C’est l’article 57 du CGI qui énonce le principe de pleine concurrence selon les lignes
directrices de l’OCDE en la matière et dispose que les transactions entre sociétés liées, c’est
à dire sous le contrôle ou la dépendance d’une société étrangère (ou d’une société locale
d’une filiale étrangère), ou encore que l’entreprise locale est placée sous la dépendance
commune d’une même entreprise étrangère. Le législateur ne définit pas ce qu’il entend par
la « dépendance » mais il est admis par la jurisprudence et par l’administration, dans son
interprétation officielle de la législation fiscale, que la dépendance est juridique ou de fait.
C’est à l’administration fiscale de prouver la dépendance, sauf à compter des exercices clos
de 2014, ou il est fait dispense à l’administration de prouver les liens de dépendance ou de
contrôle aux fins de l’application de l’article 57 du CGI quand le transfert de bénéfices est
réalisé au profit d’une entreprise établie ou constituée dans un Etat ou territoire non
coopératif au sens de l’article 238-0 A du CGI. Cette exception concerne également le cas où
le transfert est accompli au profit d’entreprises établies dans des pays considérés comme
étant à fiscalité privilégiée au sens de l’article 238 A du CGI.
L’article 57 s’applique donc si l’administration prouve que le prix pratiqué pour la transaction
transfrontalière n’est pas celui qu’aurait pratiqué une entreprise dans les mêmes conditions
avec une entreprise étrangère. L’administration sera en droit de redresser toute entreprise
qui ne contracte pas au prix de marché, et pourra réintégrer les recettes que la société a
artificiellement accordées à une entreprise à l’étranger (qui est souvent soumis à un taux
d’imposition sur les sociétés moindre). On parle alors d’évasion des capitaux, évasion fiscale.
Au sein des multinationales et des entreprises regroupées, il est inévitable que les différents
divisions et entreprises de groupes réalisent des transactions intragroupes. Le coût d’échange
des biens et services est appelé prix de transfert. La présence des prix de transfert dans les
entreprises et compagnies multidivisionnelles est indispensable pour un certain nombre
d’objectifs que procure ainsi que pour un suivi de croissance des multinationales, nous
citerons ci-dessous les principaux objectifs des prix de transfert interne ou ce que nous
appelons les prix de cessions internes :
- L’utilisation efficace des prix de transfert permet une optimisation globale du bénéfice
groupe.
- La relation acheteur, vendeur favorise une maximisation du profit au sein du groupe.
- L’importance des prix de transfert se caractérise par l’obtention d’une évaluation financière
des différentes entreprises de groupes et la mesure de la performance globale.
- Une adéquation et un alignement entre les décisions stratégiques et économiques du groupe
avec les différentes filiales et ses décisions deviennent mesurables économiquement (la
répercussion de l’adéquation).
- La possibilité de se « jouer » avec la fiscalité grâce aux prix de cession interne permet de
transférer des profits réels à des sociétés localisées dans pays ou des régions où le
pourcentage de taxation des bénéfices est moins important.
En définitive, toute politique de prix de transfert et quel que soit la raison pour laquelle on
adopte ce mode de fixation de prix de cession, l’objectif reste le même c’est la maximisation
des profits du groupe.
D’après cette méthode, le prix d’achat normal est arrêté à 180 DH tandis que le prix d’achat
payé par la société est de 160 DH, d’où un transfert de bénéfice vers l’étranger de 20 DH (la
différence : 180-160).
L’application de cette méthode suppose que les marges bénéficiaires sont correctement
appréciées en tenant compte notamment des coûts et risques assumés par le vendeur.
L’exclusivité de commercialisation du produit sera également prise en compte, en mesurant
l’ampleur de la concurrence et du territoire concédé.
Cette méthode est à recommander pour les activités où l’essentiel de la marge est lié a un
savoir-faire de distribution, aux activités où le marketing est essentiel, ou aux produits de luxe.
Enfin, ces trois méthodes que l’on vient de présenter, malgré les difficultés éventuelles de
mise en place, sont celles que préconise l’OCDE. Cependant, ce dernier reconnaît que « du fait
de la complexité des situations dans lesquelles se trouvent concrètement les entreprises »,
l’application de ces méthodes « peut soulever un grand nombre de difficultés pratiques ».
Dans des situations exceptionnelles, il est prévu la possibilité de recourir à d’autres méthodes.
Les prix de transfert peuvent être définis d’une manière générale, comme les prix associés aux
transferts de biens, de services ou d’incorporels entre sociétés d’un même groupe, situées dans
des pays différents. Ils peuvent être utilisés comme un levier permettant d’affecter à telle ou
telle entité du groupe une part plus ou moins grande du résultat fiscal d’ensemble et par
conséquent de soumettre ces résultats à des taux d’imposition différents.
Au Maroc, les prix de transfert font quasi-systématiquement l’objet d’un redressement lors des
contrôles fiscaux de sociétés ou succursales membres de groupes multinationaux. De fait, on
observe que l’administration fiscale a tendance à rehausser les bases taxables des contribuables
pour des montants significatifs. Le paiement de « management fees », le versement de
redevances ou encore le niveau des prix d’achat de marchandises sont ainsi fréquemment remis
en cause par l’administration fiscale dans le cadre des procédures de vérification de
comptabilité.
En vue de cette rectification, les bénéfices indirectement transférés sont déterminés par
comparaison avec ceux des entreprises similaires ou par voie d’appréciation directe sur la base
d’informations dont dispose l’Administration.
L’article 214 III du CGI dispose quant à lui que l’Administration peut demander à
l’entreprise imposable au Maroc communication des informations et documents relatifs :
- à la nature des relations liant l’entreprise imposable au Maroc à celle située hors du Maroc ;
- à la nature des services rendus ou des produits commercialisés ;
- à la méthode de détermination des prix des opérations réalisées entre lesdites entreprises et
les éléments qui la justifient ;
- aux régimes et aux taux d’imposition des entreprises situées hors du Maroc.
La Note Circulaire n°717 publiée le 24 mai 2011 par la Direction Générale des Impôts
précise que les transferts indirects de bénéfices entre sociétés dépendantes peuvent résulter de
pratiques variées, telles que :
L'accord préalable peut être défini comme un accord conclu entre le contribuable et la ou les
autorité(s) fiscale(s) compétente(s), permettant à une entreprise multinationale, par la
détermination concertée d'une méthode de prix de transfert, de s'assurer que les prix pratiqués
dans ses relations industrielles, commerciales et financières intragroupe sont conformes au
principe de pleine concurrence.
En théorie, un accord préalable peut porter soit sur l'ensemble des transactions entre les
entreprises liées, soit, à la demande du contribuable, ne concerne qu'un segment d'activité, une
fonction, voire un seul produit ou type de transaction.
Au cas particulier, le texte de loi dispose que : « les entreprises ayant directement ou
indirectement des liens de dépendance avec des entreprises situées hors du Maroc, peuvent
demander à l’administration fiscale de conclure un accord préalable sur la méthode de
détermination des prix des opérations mentionnées à l’article 214–III ci-dessus pour une durée
ne dépassant pas quatre exercices ».
Il s’agit donc là d’une procédure unilatérale, par opposition aux procédures bilatérales, qui
impliquent l’accord des autorités fiscales de l'Etat où est établie l'entreprise située hors du
Maroc.
Pour autant, la signature d’un accord préalable avec l’administration des impôts ne saurait être
vue comme une garantie absolue contre tout redressement fiscal. En effet, une remise en cause
a posteriori peut être opérée en cas de non-respect des termes du contrat.
Ainsi, l’accord est considéré comme nul et de nul effet depuis sa date d’entrée en vigueur dans
les cas suivants : « présentation erronée des faits, dissimulation d’informations, erreurs ou
omissions imputables à l’entreprise, non-respect de la méthode convenue et des obligations
contenues dans l’accord par l’entreprise ou usage de manœuvres frauduleuses. »
Les modalités de conclusion dudit accord seront fixées par voie réglementaire. Il est toutefois
possible d’anticiper la forme que prendra la procédure en observant ce qui se fait dans d’autres
pays.
2. une réunion préliminaire peut se tenir pour s’accorder sur l'opportunité de la demande et les
conditions dans lesquelles l'accord peut être demandé et instruit (« discussion paper ») ;
3. l’Administration prend ensuite position sur la méthode de détermination des prix de transfert
par le contribuable, et l’en informe par écrit ;
4. une fois l’accord préalable conclu, il est de rigueur que le contribuable se voit demander de
produire un rapport annuel afin de vérifier la conformité des méthodes pratiquées aux termes
de l'accord.
Conclusion
Au Maroc, comme dans beaucoup d’autres pays ailleurs, il n’existe pas un droit spécifique aux
groupes. L’absence de la reconnaissance de l’intérêt du groupe se traduit par des conséquences
qui peuvent être lourdes pour les sociétés le constituant. En effet, cette situation met les
différentes entreprises appartenant à un groupe dans l’obligation de traiter entre elles aux
mêmes conditions qu’avec les entreprises extérieures au groupe, en respectant au mieux le
principe de pleine concurrence édicté par l’OCDE en matière de détermination des prix de
transfert. »
Dans les groupes marocains, l’intérêt du groupe prend souvent le pas sur l’autonomie des
filiales, et les prix de transfert peuvent devenir un moyen « d’ajustement » des résultats
contrôlés, pour des motivations fiscales, stratégiques ou autres.
Dans la pratique des prix de transfert au sein des groupes internationaux, le risque fiscal est
omniprésent. Chaque Etat est partagé entre réduire la fraude sur son territoire et attirer les
capitaux et les entreprises susceptibles d’investir et de s’installer. Parallèlement, les législations
tendent à protéger les petits investisseurs et les salariés contre les agissements abusifs de
certains groupes. Enfin, les organisations internationales réfléchissent à une reconnaissance de
l’existence des groupes et à la mise en place des règles particulières visant à protéger les intérêts
des minoritaires, des salariés et des créanciers. »
Bibliographie