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Récidive et contention
C. Chabre

La récidive en orthodontie est la réapparition plus ou moins importante de la malocclusion et des


malpositions dentaires initiales à l’issue du traitement actif. Elle doit être différenciée de la maturation
physiologique « normale » des arcades dentaires. C’est toujours une situation difficile à accepter tant
pour le patient que pour le praticien. De nombreux facteurs sont évoqués pour expliquer cette récidive :
croissance, équilibre musculaire, fonction occlusale, phénomènes de dentition, état parodontal, etc.
Malgré les progrès de nos connaissances, la récidive demeure encore, de l’avis de tous les auteurs, le
problème le plus difficile à résoudre de l’orthodontie. La contention, qui fait partie intégrante du
traitement orthodontique, est le moyen de s’opposer à la récidive. Le choix du dispositif de contention à
mettre en œuvre et sa durée d’utilisation doivent être déterminés individuellement en fonction des
caractéristiques initiales de chaque patient, de son traitement et de la situation de relative stabilité de fin
de traitement. Enfin, peut-être faut-il se poser la question de savoir si un certain degré d’instabilité ne doit
pas être accepté car inévitable, sauf à admettre une contention à vie ?
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Mots clés : Traitement orthodontique ; Contention en orthodontie ; Dispositifs de contention

Plan orthodontistes depuis plus d’un siècle et, malgré de nombreuses


études, le clinicien se sent encore très dépourvu pour y faire
face.
¶ Introduction 1
Pour Philippe [5], dès que l’on instaure un contrôle systéma-
¶ Définitions 1 tique et rigoureux du suivi des patients traités, la fréquence des
Récidive 1 récidives est consternante, le nombre de cas récidivants étant
Contention 2 plus élevé que celui des cas stables !
¶ Récidive 2 Encore faut-il savoir ce que l’on entend par récidive. Il y a
Récidive et maturation physiologique 2 tout un monde entre le retour à une classe II totale et la
Origine de la récidive 2 « simple » réapparition d’une légère malposition incisive, mais
Type de malocclusions et récidives 4 c’est cette « petite » malposition incisive qui est la plus percep-
Responsabilité professionnelle et récidives 4 tible pour le patient et, malheureusement, c’est souvent celle
¶ Contention 5 qui est la plus récidivante [3, 6] comme s’il existait une
Objectif 5
« mémoire tissulaire ».
Principes 5
Cependant, pour atténuer ce pessimisme, notons que
Dispositifs 5
Vaden [7] relève que plus de 90 % des patients qu’il a étudiés
sont « mieux » 15 ans après leur traitement qu’ils ne l’étaient
Procédures complémentaires 8
avant.
Durée 9
Cette propension à la récidive après correction orthodontique
Traitement de la récidive 9
est la raison pour laquelle une phase de contention suit
¶ Conclusion 10 toujours la phase active du traitement orthodontique pour
tenter d’en limiter les effets.

■ Introduction ■ Définitions
Le but d’un traitement d’orthodontie est d’obtenir un résultat Récidive
final esthétique, fonctionnel et stable. Selon Oppenheim, cité La récidive en orthodontie, c’est le retour vers la situation
par de nombreux auteurs [1-4] , la stabilité voilà bien « le » initiale, avec la réapparition partielle ou totale des caractéristi-
problème majeur de l’orthodontie. ques dentaires et occlusales qui précédaient le traitement.
Rien n’est plus frustrant que de voir un traitement bien Talmant [8] soulève un problème de sémantique intéressant :
terminé présenter après quelques mois une récidive, laquelle, doit-on parler de récidive ou de rechute ? En médecine, on
souvent ressentie comme un échec, est source de déception définit la récidive comme étant la réapparition d’une affection
pour le patient d’autant plus qu’il s’agit de perturbations dont le patient était guéri et la rechute comme la réapparition
intéressant les secteurs antérieurs et donc plus difficiles à des symptômes après un épisode de rémission sans qu’il y ait eu
accepter. La récidive est un sujet qui suscite l’intérêt des guérison entre-temps.

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 1
23-480-A-01 ¶ Récidive et contention

En orthodontie, si on parle de récidive, cela voudrait dire Pour Limme [12], le caractère immuable de la « stabilité »
qu’il y a eu guérison, c’est-à-dire la disparition des signes morphologique des arcades dentaires et de leur occlusion est
représentés par la malocclusion, mais aussi des causes ! Peut-on une vision intellectuelle confortable, mais dont la nature nous
dire que notre patient est guéri ? (Peut-on même dire qu’il était démontre chaque jour la fragilité dans le temps.
malade ?) Ou doit-on parler de rechute, les causes pouvant Il s’agit là, pour Philippe [5], de phénomènes naturels en
encore être présentes ? rapport avec ce qu’il nomme la « dérive centripète ».
Si cela se produit pour les sujets non traités, bien évidem-
ment, cela se produira aussi chez les sujets traités qui suivent
Contention naturellement la même évolution [13] et ce, quel qu’ait pu être
La contention en orthodontie, c’est la phase de traitement la nature du traitement [14]. Ces modifications n’ont rien à voir
qui suit immédiatement la période de traitement actif. Elle fait avec la récidive.
appel à tout un ensemble de procédés et de dispositifs destinés
à s’opposer à la récidive, c’est-à-dire à la prédisposition naturelle Origine de la récidive
qu’ont les dents à retourner vers leur position d’origine [9]. Comme la plupart des phénomènes physiologiques, l’origine
de la récidive orthodontique est multifactorielle [3]. Les facteurs
principaux reconnus sont : la croissance osseuse, la musculature
■ Récidive orofaciale, l’occlusion dentaire, les phénomènes de dentition et
les tissus desmodontaux.
Croissance osseuse
Récidive et maturation physiologique
Depuis Bjork, on sait que la croissance mandibulaire se
Même si cela n’est pas toujours évident, il est essentiel de ne prolonge après la fin de la croissance maxillaire. Du fait du
pas confondre récidive et maturation physiologique, l’une ne blocage de l’arcade mandibulaire par l’arcade maxillaire, ce
pouvant être évoquée que suite à un traitement, l’autre existant reliquat de croissance mandibulaire est à l’origine de contraintes
qu’il y ait eu ou non traitement. sur les incisives inférieures provoquant leur linguoversion et
La récidive se caractérise, comme nous venons de le voir, par l’apparition de chevauchements à leur niveau. Le phénomène
un retour vers la situation qui précédait le traitement orthodon- est encore plus marqué si la croissance est de type rotation
tique et apparaît rapidement après la fin de ce traitement. antérieure [15]. Vaden [7] note une association statistiquement
En revanche, ce qu’il est convenu d’appeler maturation significative entre l’augmentation de l’encombrement incisif
physiologique se caractérise par des déplacements dentaires sans inférieur et la croissance sagittale de la mandibule. Ormiston [16]
rapport avec la situation initiale et se produisant généralement trouve une très forte corrélation entre la récidive et la quantité
plus tardivement. Les malpositions dentaires qui en résultent se de croissance résiduelle, ainsi les garçons, qui ont une croissance
développent progressivement tout au long de la vie et sont la qui se prolonge davantage que celle des filles, présentent une
conséquence de phénomènes biologiques liés aux modifications plus grande instabilité.
de l’équilibre musculaire résultant de l’évolution physiologique Dans certains cas, à l’issue du traitement orthodontique, des
et du vieillissement des tissus et des fonctions. modifications inattendues de la croissance tant en direction
Berhends [10] et Crétot [11] ont montré que l’on assistait avec qu’en quantité peuvent se produire :
le vieillissement et en l’absence de toute pathologie à la • en direction, il s’agit du type de croissance. Ainsi, une
verticalisation des incisives, à leur recul et à l’ouverture de rotation postérieure qui s’accentue peut être à l’origine de la
l’angle interincisif (Fig. 1). Cela pouvant expliquer l’apparition réouverture de béance et une rotation antérieure de l’appari-
progressive avec l’âge de l’encombrement et des malpositions tion ou de la réapparition d’une supraclusion incisive et
incisives. d’encombrement incisifs inférieurs ;
Bishara cité par Philippe [5] montre que les arcades dentaires • en quantité, une croissance résiduelle excessive peut être à
non traitées présentent une nette réduction de leur taille entre l’origine de la réapparition de certaines malocclusions, et
13 et 45 ans, de même Vaden [7] note la diminution en lon- ainsi, un traitement réussi à 13 ans risque fort d’être anéanti
gueur et en largeur des arcades maxillaires et mandibulaires avec à 18 ans [5]. Cela se rencontre souvent dans les cas de classe
l’âge. III squelettique par promandibulie [15], nécessitant une reprise
de traitement et parfois une chirurgie [2].
Pour Lautrou [17], il est souvent difficile de prévoir le sens et
l’intensité des rotations, ainsi que le potentiel et la quantité de
croissance à venir.
Équilibre musculaire
Lautrou [17] nous rappelle que la stabilité de la correction
d’une dysmorphose ne sera atteinte que si la forme (squelette et
dent) est en harmonie avec les fonctions (environnement non
squelettique). La récidive apparaissant si le conflit existe ou
persiste entre les deux.
Tous les auteurs sont d’accord pour dire que la suppression
des causes de la malocclusion dues à l’environnement muscu-
laire et fonctionnel est indispensable dans la recherche de la
stabilité. L’exemple type étant le traitement des béances
fonctionnelles [2].
Le rôle de cet environnement musculaire doit être considéré
lors du repos (posture), et lors des mouvements (fonctions).
Repos
20 A Les arcades dentaires se situent dans une zone d’équilibre
56 A appelée par Château le couloir dentaire (Fig. 2). Il s’agit d’une
zone où les forces musculaires centrifuges, ayant pour origine la
langue, et les forces centripètes, ayant pour origine les lèvres et
les joues, s’annulent. Cette zone d’équilibre, où les dents
Figure 1. Verticalisation et recul des incisives en rapport avec le vieillis- doivent être situées, est encore appelée « zone neutre » par
sement (d’après M. Crétot). Gugino et « zone calme » par Harfin [18].

2 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
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Figure 3. Un engrènement profond participe à la stabilité dentaire,


Langue encore faut-il que la relation centrée corresponde à l’occlusion maximale.
Bu

ur
ate
cci

in
na

cc
teu

Bu
que « l’équilibre fonctionnel et la reconstruction osseuse varient
r

dans le temps, suivant en cela l’évolution physiologique


normale et naturelle due au vieillissement ». Ainsi, tout au long
Orbiculaire de la vie, comme le souligne Lautrou [17], on assiste aux conflits
entre le squelette et l’enveloppe fonctionnelle, ce qui se
Figure 2. Le couloir dentaire (d’après M. Château). manifeste par des déplacements squelettiques et dentaires.
Souhaités ou non, ceux-ci conduisent à une nouvelle situation
d’équilibre. L’équilibre musculaire est donc essentiel à la
En plaçant les dents en dehors de ce couloir imposé par la stabilité, mais il est appelé à varier dans le temps donc à créer
musculature, on s’expose à des récidives et ce, quel que soit le un état d’instabilité !
type de traitement [14]. Cela concerne tout particulièrement la Alors, qu’en est-il de la récidive et qu’en est-il de la matura-
position donnée aux incisives et la largeur d’arcade. tion physiologique ? Une question de temps semble-t-il :
quelques mois après la fin du traitement, il s’agira de récidive,
Fonctions
quelques années après, de maturation.
La sphère buccale est le siège d’un grand nombre de fonc-
tions faisant intervenir l’ensemble de la musculature orofaciale. Équilibre occlusal
Si, après traitement, une fonction continue de se dérouler selon
un mode pathogène, la récidive est assurée [5]. Sont essentielle- L’absence d’équilibre occlusal est une cause importante et
ment concernées : fréquente de récidive, mais, selon Ormiston [16], un résultat
• la déglutition : elle doit s’effectuer selon le mode secondaire occlusal parfait, même s’il est indispensable et qu’il représente
ou adulte, c’est-à-dire arcades serrées, lèvres jointes sans effort un facteur important de stabilité, n’écarte cependant pas tout
et langue au palais. Si une déglutition dysfonctionnelle avec risque de récidive.
interposition linguale ou participation labiale persiste, le Pour assurer la stabilité occlusale, il est nécessaire, selon
déséquilibre qui s’ensuivra sera à l’origine de déplacements Philippe [7], de se rappeler et de mettre en œuvre toutes les
dentaires et donc de la récidive de béance, de surplomb... ; règles d’occlusodontie.
• la mastication : la restauration d’une mastication fonction- L’équilibre occlusal doit être obtenu tant en statique, c’est-à-
nelle unilatérale alternée et présentant des mouvements dire lors de l’engrènement dentaire comme lors de la dynami-
symétriques est, selon Limme [12] , un facteur d’équilibre que, c’est-à-dire lors des mouvements.
dynamique important et donc de stabilité. Elle doit être
Statique
recherchée ;
• la phonation : des appuis dentaires anormaux peuvent, Philippe [4] nous rappelle que pour stabiliser la position des
comme lors de la déglutition, être générateurs de déplace- dents, l’intercuspidation doit être précise et profonde (Fig. 3) et
ments dentaires et donc de la récidive de béance, de sur- doit respecter les principes du tripodisme et des relations
plomb... ; cuspides fosses. Le nombre de contacts dentaires interarcade est
• la ventilation : une ventilation nasale doit être obtenue. En variable selon les individus, mais, selon Ricketts, un nombre de
effet, la persistance d’une ventilation buccale, par les modifi- 24 par hémiarcade constitue une bonne hypothèse.
cations de la posture et des fonctions orofaciales qu’elle S’il n’est pas possible d’obtenir naturellement une occlusion
entraîne, retentira sur l’équilibre dentoalvéolaire et s’accom- statique « stable », pour Philippe [4], il ne faut pas hésiter à
pagnera de récidive [8]. modifier la forme des dents soit par meulage, soit par apport de
Il est admis par l’ensemble des auteurs que les dysfonctions composite, il cite à ce propos l’exemple des butées rétro-
doivent être corrigées et que négliger leur correction revient à incisives permettant de stabiliser le recouvrement incisif.
laisser en place les mécanismes générateurs de la malocclusion De plus, l’occlusion d’intercuspidation maximale doit corres-
initiale ce qui, selon l’adage « aux mêmes causes les mêmes pondre, aussi précisément que possible, à la relation centrée. En
effets », permet la récidive [8]. effet, toute discordance entre les deux soumettra les dents à des
contraintes, source d’instabilité et donc de récidive.
Parafonctions
Il s’agit d’activités non physiologiques comprenant notam- Dynamique occlusale (Fig. 4)
ment les interpositions labiales et les succions digitales, dont la L’occlusion dynamique obtenue doit être fonctionnelle,
plus fréquente est la succion du pouce. Ces parafonctions sont harmonieuse et équilibrée lors des mouvements d’excursion en
à l’origine d’importants déséquilibres fonctionnels et se trouvent latéralité et en propulsion.
toujours associées à des dysfonctions linguales. Leur disparition Philippe [20] attache un intérêt tout particulier au mouvement
avant la fin du traitement est indispensable à la stabilité du de propulsion comme élément de stabilisation du recouvrement
résultat. incisif. Selon lui, un petit angle interincisif n’empêche en rien
le retour de la supraclusion, seuls des contacts fréquents en bout
Équilibre fonctionnel et maturation
à bout lors de la propulsion mandibulaire, lors de l’incision et
Selon le rapport de l’Agence nationale d’accréditation et lors des mouvements de latéralité permettent le maintien
d’évaluation en santé (Anaes) [19] sur les critères d’aboutissement vertical des incisives tant maxillaires que mandibulaires. Mais ce
des traitements d’orthopédie dentofaciale, s’« il est admis qu’un bout à bout incisif est impossible s’il y a absence d’image
contexte d’harmonie fonctionnelle orale et nasale est nécessaire motrice de propulsion ou si la fonction masticatoire ne fait plus
à la stabilité d’un traitement d’ODF », il est affirmé également appel à l’acte d’incision. Dans ce cas, il est nécessaire de créer

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 3
23-480-A-01 ¶ Récidive et contention

Sauf à se « protéger » à tout prix, il ne semble pas justifié de


préconiser systématiquement l’avulsion des troisièmes molaires
mandibulaires [2] dans le but de prévenir un chevauchement
incisif inférieur ou sa récidive, dont l’origine d’ailleurs peut
relever d’autres facteurs (croissance).
Un fil de contention collé, associé à une surveillance atten-
tive de l’évolution des troisièmes molaires jusqu’à leur éruption
complète, et l’attente de la fin de croissance semble être une
attitude plus adaptée.

Desmodonte
Les mouvements de récidive les plus concernés par les
facteurs desmodontaux sont les rotations et les réouvertures
d’espaces et se rencontrent surtout au niveau des incisives
Figure 4. Les contacts dentaires en occlusion maximale doivent être latérales maxillaires, des incisives mandibulaires et au niveau
nombreux et harmonieusement répartis. des canines et des prémolaires [2]. Il s’agit là des récidives les
plus fréquemment incriminées par nos patients.
un contact occlusal artificiel par apport de composite sur le Tension des fibres desmodontales
cingulum des incisives maxillaires pour s’opposer ainsi à
l’égression des incisives des deux arcades [20]. Lorsque l’on déplace les dents et notamment selon un
mouvement de rotation, les fibres élastiques du desmodonte
Orientation du plan d’occlusion vont se tendre. L’état de tension qui en résulte a pour consé-
Pour Planas et Château cités par Philippe [5], la stabilité du quence de ramener la dent vers sa position initiale. Selon
traitement des décalages antéropostérieurs passe par la recherche Thilander [15] , la récidive commence dans les 2 heures qui
d’un plan d’occlusion correctement orienté. Pour les classes II, suivent l’arrêt de la force, et se poursuit pendant 4 jours pour
le plan d’occlusion doit être orienté en haut et en avant, et se stabiliser ensuite, avant que la dent ne reprenne son dépla-
pour les classes III en bas et en avant. cement vers sa situation d’origine pendant quelques jours
encore pour se stabiliser enfin. Pour Reitan cité par Philippe [5],
Forme d’arcades les fibres sont encore sous tension après 232 jours et il semble-
Comme nous l’avons vu dans le paragraphe sur l’équilibre rait qu’elles puissent rester ainsi en tension avant de se réorga-
musculaire, si la forme d’arcade donnée par le traitement diffère niser totalement pendant 3 ou 4 ans ! Cela peut s’expliquer par
de celle résultant des pressions musculaires, les risques de le fait que les fibres supra-alvéolaires, n’ayant pas d’ancrage
récidive sont importants. osseux, ont beaucoup de difficultés à se réorganiser.
Une expansion importante, un changement de forme de Joondeph [2] fait remarquer que les dents subissant les
l’arcade et une augmentation des diamètres intercanins et déplacements les plus importants sont celles dont la récidive est
intermolaires sont considérés comme des facteurs de récidive moindre. Sans doute du fait de la plus grande réorganisation
majeurs [2]. tissulaire nécessaire lors les déplacements de grande amplitude.
Conserver la forme d’arcade d’origine en maintenant les
Compression tissulaire
diamètres intercanins et intermolaires est la solution proposée
par de nombreux auteurs, sauf à pouvoir modifier l’environne- Après fermeture des espaces suite à des extractions, on peut
ment et l’équilibre fonctionnel par le traitement. observer parfois une réouverture du site d’extraction. Ce
phénomène est lié à l’existence d’un bourrelet épithélial
Courbes de Spee et de Wilson résultant de la compression des tissus parodontaux avec absence
Le nivellement de la courbe de Spee est souvent un objectif de fusion des parodontes lors du rapprochement des dents. Ces
de traitement, mais comme elle se reforme naturellement après excès de tissus sont à l’origine de la réouverture de l’espace
le traitement, elle devient source de récidive d’encombrement d’extraction [2]. Dans certaines conditions, il peut également se
antérieur et de supraclusion. Pourquoi alors niveler la courbe de former des invaginations ou fissures.
Spee ?
Si l’orientation vestibulolinguale des dents cuspidées qui Type de malocclusions et récidives
constitue la courbe de Wilson ne correspond pas à l’équilibre et
à la dynamique occlusale, il s’ensuivra une adaptation par Certaines malocclusions sont connues pour être plus sujettes
version dentaire et la récidive des anomalies du sens transversal. à la récidive que d’autres. Selon les auteurs [3, 5-7, 16, 18], les
Le contrôle du torque des secteurs latéraux revêt là toute son malocclusions les plus récidivantes sont :
importance. • l’encombrement incisif mandibulaire et les rotations d’incisi-
ves ;
Phénomène de dentition, les dents de sagesse • la réouverture d’un diastème antérieur ;
Extraire les dents de sagesse en fin de traitement afin d’éviter • la réouverture d’une béance ;
de voir apparaître ou réapparaître un encombrement incisif • la supraclusion incisive ;
inférieur est admis, voire demandé, par tous nos patients et • les classes II dolichofaciales ;
préconisé par de nombreux praticiens. De ce fait, il n’est pas • les classes III par prognathie mandibulaire ;
étonnant que les raisons orthodontiques représentent la plus • la réouverture d’espaces d’extraction.
forte proportion d’indication d’extractions de dents de sagesse. Pour chacune de ces malocclusions, on peut rechercher parmi
Et pourtant, l’analyse de la littérature scientifique ne permet pas les facteurs de récidives étudiés celui qui semble prépondérant,
de consensus. L’Anaes, dans ses recommandations concernant plusieurs facteurs pouvant être invoqués à chaque fois, afin de
les indications et contre-indications d’extraction des dents de tenter de limiter les risques.
sagesse [21], déclare : « Aucune certitude n’existe entre l’évolu- Il est à noter que les récidives les plus fréquentes intéressent
tion d’une troisième molaire mandibulaire et l’apparition d’un essentiellement des malpositions des secteurs incisifs, régions les
encombrement dentaire [...] il n’existe pas de données scienti- plus visibles pour le patient et son entourage. Ces récidives sont
fiquement établies pour recommander ou contre-indiquer leur donc les plus mal vécues.
avulsion pour raisons orthodontiques [...] ces avulsions font
l’objet de controverses, mais semblent admises dans la pratique
clinique. »
Responsabilité professionnelle et récidives
Combien de dents de sagesse ont-elles été sacrifiées sur l’autel La récidive existe, il suffit de lire les nombreux articles
de la stabilité ? consacrés au sujet. Il est donc absurde de la nier et par là de

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promettre l’impossible. Au contraire, il est indispensable d’en


apporter l’information au patient avant le traitement, en
insistant sur l’importance de la phase de contention et des
risques de récidive possible, et en mettant en œuvre les procé-
dures destinées à la limiter.
Le praticien est soumis à une seule obligation de moyens.
Selon Berry [22] , « l’orthodontiste doit fonder son plan de
traitement sur la meilleure connaissance de la pathologie, sur la
parfaite maîtrise de l’art dentaire [...], mais il doit aussi [...]
anticiper les réactions physiologiques du patient ».
Les modifications en rapport avec le vieillissement n’étant pas
liées au traitement, elles ne peuvent en aucun cas, nous semble-
t-il, être reprochées au praticien !

■ Contention
Succédant immédiatement à la période de traitement actif, la Figure 5. Plaque palatine de contention selon Hawley.
contention orthodontique a pour but de stabiliser le résultat
obtenu et de s’opposer à la récidive. C’est pour Joondeph [2] le
moyen de maintenir les dents dans leur position esthétique et
fonctionnelle optimale.
Philippe [5] fait remarquer qu’il existe tout un arsenal de
dispositifs pour lutter contre la récidive alors que ce qu’il
faudrait, c’est maîtriser les multiples causes de la récidive en
maîtrisant les processus biologiques. « C’est par le traitement,
par sa conception, son exécution et sa finition qu’il faut
éliminer les causes des récidives liées aux particularités de la
croissance, du jeu des fonctions et aux modalités de l’occlusion.
Le seul rôle de la contention est de maintenir les dents en place
pendant que disparaissent les tensions des fibres desmodontales
consécutives aux déplacements dentaires » (Philippe).
Mais nos connaissances sont encore insuffisantes à ce sujet et
de nombreux progrès restent à faire. Aussi utilisons-nous encore
tout un arsenal de dispositifs afin de maintenir les résultats
thérapeutiques aussi stables que possible.
Figure 6. Plaque de Sved.
Objectif
L’objectif est d’assurer la stabilité en s’opposant à la récidive, C’est un appareil amovible en résine acrylique recouvrant
soit de façon permanente si aucun équilibre ne peut être trouvé, plus ou moins totalement la muqueuse du palais dur. Des
soit le temps que l’« environnement » se réorganise autour de la
crochets d’Adams au niveau des molaires assurent sa rétention
nouvelle position des dents et assure leur stabilité par l’obten-
et un arc vestibulaire comportant une boucle en U est au
tion d’un équilibre naturel.
contact des faces vestibulaires des six dents antérieures.
Il trouve essentiellement son indication dans les cas
Principes d’endoalvéolie traitée par expansion maxillaire afin de mainte-
Le type de contention doit être envisagé dès le plan de nir la dimension transversale et la forme d’arcade.
traitement et déterminé en fonction de la malocclusion d’origine Il existe des variantes concernant :
pour être adapté aux risques de récidives qui y sont liés [2-6, 9, 16]. • la plaque : elle peut être évidée au niveau palatin pour
Pour Philippe [4], le dispositif utilisé doit être : permettre les contacts de la langue avec la muqueuse palatine
• fixe et discret, si possible, pour pouvoir être laissé en place nécessaire à la fonction linguale. Dans les cas d’agénésie, une
longtemps sans trop dépendre de la coopération du patient ; facette peut y être ajoutée dans l’attente d’une solution
• immédiat car la récidive commence dès la dépose de l’appa- prothétique définitive ;
reil actif ; • les crochets et l’arc vestibulaire : afin d’éviter le passage des
• prolongé dans le temps pour laisser le temps au desmodonte fils dans les embrasures et les perturbations occlusales qui en
de se réorganiser (3 à 4 ans !). résultent, on préférera un arc vestibulaire circonférentiel
passant en distal de la dernière dent sur l’arcade ;
Dispositifs • des tubes destinés à recevoir un arc facial peuvent être soudés
Il existe de nombreux dispositifs de contention et il est sur les crochets d’Adams dans le cas où une force extrabuc-
impossible de tous les présenter, nous limiterons donc notre cale, pour le maintien de la correction d’une classe II, est
présentation aux principaux types. souhaitée.
Certains de ces dispositifs sont amovibles, c’est-à-dire qu’ils L’arc vestibulaire peut être réglé pour moduler la pression
peuvent être déposés par le patient, d’autres sont fixes, ce qui qu’il exerce sur les faces vestibulaires des dents antérieures, et la
permet de les laisser en place plus longtemps. résine meulée par endroits pour permettre aux dents de mini-
mes déplacements.
Dispositifs amovibles Selon Littlewood [9], la plaque de Hawley permet aux dents de
Parmi ces dispositifs, certains sont passifs, ayant un simple « finir » de se mettre en place, ce qui se traduit par de meilleurs
rôle de maintien, d’autres en revanche peuvent être encore contacts occlusaux, comparé au port d’une gouttière
actifs, notamment au niveau de l’ajustement occlusal. thermoformée.
Plaque de Sved (Fig. 6). Il s’agit d’une plaque palatine avec
Dispositifs amovibles passifs un retour de résine englobant le bord libre des incisives
Plaque de Hawley (Fig. 5). Il s’agit de l’appareil de conten- maxillaires. Les incisives mandibulaires viennent au contact de
tion le plus utilisé, peut-être un peu trop systématiquement et la plaque juste en arrière des incisives maxillaires sur un plan
pas toujours à bon escient selon Philippe [5]. de résine.

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Figure 10. Positionneur préfabriqué.


Figure 7. Gouttière de contention thermoformée.
être utilisés en contention. Ils sont alors construits en très légère
propulsion et portés la nuit. Ils permettent en outre de mainte-
nir la dimension transversale et la forme de l’arcade, ainsi que
l’alignement des incisives maxillaires par un bandeau vestibu-
laire ou un éventuel retour de résine sur leurs bords libres.
Ils permettent même, dans certains cas, de terminer la
correction d’un léger décalage sagittal résiduel.
Dispositifs amovibles actifs
Positionneurs. Le positionneur, fabriqué en caoutchouc ou
en matériau élastomérique élastique, est un dispositif monobloc
constitué de deux gouttières, une maxillaire et une mandibu-
laire, solidarisées entre elles. Ces gouttières sont réalisées selon
Figure 8. Enveloppe linguale nocturne (ELN) de Bonnet. un alignement dentaire et des rapports d’arcades optimaux.
Il est utilisé pour obtenir des ajustements fins et assurer la
contention après un traitement par appareil fixe. Il agit donc
comme un dispositif actif de finition dans un premier temps,
puis, ensuite, comme un dispositif de contention.
Le positionneur doit être porté immédiatement après la
dépose de l’appareil fixe. Il s’agit d’un port actif quelques heures
par jour ou il est demandé au patient de serrer les dents de
façon répétée, et d’un port « passif » la nuit pendant le som-
meil. Sous l’effet des forces engendrées par le matériel élastique
sur les dents, celles-ci effectueront de légers déplacements vers
leur position correcte. Il est possible, chez des patients traités
pour une malocclusion de classe II, de construire le position-
neur en relation de classe I hypercorrigée.
Les positionneurs sont indiqués pour le maintien de la forme
d’arcade et de l’alignement dentaire. Ils s’opposent à la réappa-
rition de malpositions, notamment les rotations incisives. En
Figure 9. Activateur d’Andresen. revanche, ils stabilisent plus difficilement la correction des
rotations de dents plus « rondes » comme les canines et les
La plaque de Sved permet le maintien vertical des incisives, prémolaires. Ils maintiennent les rapports antéropostérieurs des
et ainsi s’oppose à toute récidive de la supraclusion par égres- arcades et s’opposent à l’égression des incisives donc à la
sion des incisives tant maxillaires que mandibulaires. réapparition de supraocclusion incisive.
Gouttière thermoformée (Fig. 7). Il s’agit d’une gouttière Sous certaines conditions, ils permettent de parfaire l’aligne-
réalisée avec un matériau thermoplastique transparent rigide ment dentaire et l’intercuspidation chez les patients « pressés »
chauffé et mis en forme sous vide sur le moulage en plâtre de d’en finir avec le traitement multibague.
fin de traitement. Les positionneurs sont contre-indiqués chez les patients ayant
C’est une contention rigide indiquée pour le maintien de la des antécédents de dysfonctions temporomandibulaires et
forme d’arcade et de l’alignement dentaire et qui s’oppose à la difficilement supportés chez ceux ayant une ventilation buccale.
réouverture de diastèmes ou d’espaces d’extractions et à la Cependant, ils peuvent participer à la rééducation de la venti-
réapparition de malpositions et rotations, notamment des lation et, pour Talmant, le fait de garder un positionneur la nuit
incisives. atteste de la disparition des troubles du sommeil et de la
Transparente et peu encombrante, elle est relativement correction de la ventilation physiologique [8].
discrète, mais fragile, de ce fait, il est recommandé d’en remettre Il existe des positionneurs préfabriqués et des positionneurs
une seconde de rechange pour que, en cas de fracture, il n’y ait individualisés.
pas d’interruption dans la contention. Positionneurs préfabriqués (Fig. 10). Ce sont des positionneurs
Réalisée en matériau mou sur un set-up, elle peut également standards, ils sont fabriqués en plusieurs tailles et selon trois
être utilisée pour quelques déplacements dentaires mineurs. situations : sans extraction, avec extraction de deux prémolaires
Enveloppe linguale nocturne (ELN) (Fig. 8). L’enveloppe maxillaires et avec extraction de quatre prémolaires. S’ils sont
linguale nocturne de Bonnet est un appareil réalisé en résine et standards, ils ne s’adaptent pas idéalement au patient (taille,
ayant pour vocation de permettre à la langue de retrouver une forme d’arcade, etc.) ni aux cas particuliers (extractions asymé-
position haute en la guidant vers le palais. Ce dispositif est triques, agénésies, etc.). Il est possible pour améliorer leur
porté essentiellement la nuit. adaptation de les meuler avec une fraise à résine. S’ils sont
En contention, il permet de maintenir une éventuelle expan- préfabriqués, ils présentent l’avantage d’être disponibles dès la
sion, s’oppose à l’interposition de la langue entre les arcades et dépose de l’appareil fixe, ce qui permet d’assurer la contention
favorise sa rééducation. immédiatement.
Construit en très légère propulsion, il peut également être Positionneurs individualisés (Fig. 11). Ce sont des positionneurs
utilisé pour la contention des classes II. construits à la demande selon les données individuelles des
Activateurs (Fig. 9). Initialement conçus pour la correction patients pour lesquels ils sont réalisés. Ils sont fabriqués sur une
des décalages squelettiques de classe II, ils peuvent également maquette prévisionnelle (set-up) qui représente le résultat

6 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Récidive et contention ¶ 23-480-A-01

Figure 11. Positionneur individualisé (A, B), réalisé à partir d’un set-up fait sur un articulateur semi-adaptable (C).

Figure 12. Après fermeture d’un diastème médian incisif maxillaire (A) et dans l’attente de l’éruption des incisives latérales, un fil lingual assurera le contact
des incisives centrales (B).

Figure 13. Différents types de contentions linguales collées.


A. Fil tressé .0175 collé sur les six dents maxillaires antérieures.
B. Fil acier .030 collé sur les faces linguales de 33 et 43.
C. Fibres de synthèse collées sur les six dents mandibulaires antérieures.

occlusal optimum pour le patient. Cette maquette est réalisée à pour l’éruption des latérales définitives lesquelles risquent alors
partir de moulages montés sur un articulateur semi-adaptable de faire leur éruption en malposition. Avec un système multiat-
réglé en fonction des enregistrements faits sur le patient. taches simple, il est possible de fermer le diastème médian
Les positionneurs individualisés sont parfaitement adaptés au rapidement et ainsi de restituer toute la place nécessaire à
cas de chaque patient, mais ne peuvent pas être placés immé- l’éruption des incisives latérales définitives. Dans l’attente de
diatement après la dépose de l’appareil fixe du fait du temps leur éruption et pour éviter la réouverture du diastème, un fil
nécessaire à leur réalisation. Une contention provisoire doit être tressé peut être collé en palatine des deux centrales, ce qui
envisagée, par exemple avec un positionneur préfabriqué. permet la dépose rapide du multiattaches vestibulaire. On
veillera à ce que le fil collé n’interfère pas avec l’occlusion.
Dispositifs fixes
Il s’agit de dispositifs collés essentiellement sur les faces Contentions collées semi-permanentes
linguales des dents. Certains le sont pour un temps limité, C’est le type de contention le mieux adapté pour s’opposer
d’autres pour plus longtemps, enfin certains le sont à titre aux récidives de malpositions (rotation, version, égression) et de
définitif. réouverture d’espaces après fermeture d’un site d’extraction ou
Leur but est de s’opposer à la réapparition (ou à l’appari- d’un diastème.
tion ?) de toute malposition dentaire des secteurs antérieurs
De plus, le fil collé, assez discret, est vite oublié et, de ce fait,
maxillaire et mandibulaire.
peut rester en place et assurer sa fonction pendant plusieurs
Contentions collées « intermédiaires » ou temporaires années.
(Fig. 12) Il en existe de très nombreuses variantes selon, la nature du
Ces contentions collées ont pour but de maintenir un groupe fil, les dents concernées, la méthode de collage.
de dents en attendant l’éruption des dents voisines qui vien- Nature du fil. Selon les cas, on utilise :
dront stabiliser l’ensemble. C’est par exemple le cas lorsque les • soit un fil rond d’assez gros diamètre .030 si celui-ci n’est
incisives centrales maxillaires, du fait d’un trajet d’éruption collé qu’à ses extrémités sur les canines (Fig. 13B) ;
anormal ou d’un frein médian particulièrement hypertrophique, • soit un fil tressé plus fin .0175 si celui-ci est collé sur toutes
font leur éruption aux dépens des quatre incisives temporaires. les dents. Par sa souplesse, il laisse aux dents un certain degré
Il en résulte un diastème médian important et une place réduite de mobilité en rapport avec leurs fonctions (Fig. 13A) ;

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 7
23-480-A-01 ¶ Récidive et contention

Figure 15. Butée rétro-incisive s’opposant à l’égression des incisives


maxillaires et mandibulaires. Le point représente la section du fil de
contention assurant le maintien de l’alignement des incisives maxillaires
(d’après J. Philippe).

Figure 14. Le fil de contention est réalisé sur le modèle (A), ainsi qu’une Contentions collées permanentes
clé en élastomère qui permet de repositionner parfaitement le fil pour un Dans certains cas, une contention postorthodontique doit
collage précis (B). être envisagée de façon permanente. Différents dispositifs
peuvent être envisagés :
• fils collés : c’est le moyen de contention le plus économe et
• soit des fibres de natures diverses qui seront alors noyées dans le moins agressif vis-à-vis des dents, mais c’est aussi celui
la colle (Fig. 13C) ; ayant la durée de vie la plus faible. Cependant, il peut être
• soit des grilles métalliques. déposé et refait régulièrement sans grande difficulté. Réalisé
Dents concernées. Le fil collé peut intéresser un nombre avec un fil tressé souple, il laisse aux dents une certaine
liberté, et s’il est bien conçu, il permet une hygiène bucco-
variable de dents :
dentaire aisée et efficace ;
• à la mandibule : le plus utilisé est le fil collé de 33 à 43 qui
• fils collés intracoronaires : les dents sont solidarisées deux par
peut être :
deux par un fil métallique adapté à des préparations intra-
C soit collé uniquement sur les canines. Dans ce cas, il est amélaires réalisées a minima (puits ou rainures) dans lesquel-
réalisé avec un fil de gros diamètre. Il maintient la distance les il est scellé ou collé au composite ;
intercanine, s’oppose aux mouvements linguaux des • attelles coulées collées : elles nécessitent une préparation
incisives, mais ne s’oppose pas aux récidives de rotations et amélaire avec création d’éléments rétentifs (puits, cannelu-
de versions vestibulaires incisives (Fig. 13B) ; res...), une technique de laboratoire rigoureuse et un proto-
C soit collé sur toutes les dents. Dans ce cas, on utilise plutôt cole de collage sans faille. Bien exécutées, elles représentent
un fil tressé .0175. Il maintient parfaitement l’alignement la meilleure des contentions permanentes pour l’adulte. En
et la position vestibulolinguale des incisives, et s’oppose à revanche, en cas de décollement d’un seul élément, la dépose
la réouverture d’éventuels diastèmes (Fig. 14B). En cas de l’ensemble de l’attelle peut se révéler fort délicate.
d’extraction des premières prémolaires, le fil peut être Si le patient présente des zones édentées, ce qui est fréquent
prolongé sur la seconde prémolaire afin de s’opposer à la chez l’adulte, une prothèse fixée de grande étendue peut assurer
réouverture du site d’extraction ; à la fois la contention orthodontique et le remplacement des
dents absentes.
• au maxillaire (Fig. 13A) : on utilise essentiellement un fil
tressé .0175 collé sur toutes les dents de 13 à 23 qui :
C du fait de son moindre encombrement permet d’éviter
Procédures complémentaires
toute interférence occlusale avec l’arcade mandibulaire tout Il s’agit de procédures auxiliaires intéressant les dents et le
en restant à distance du bord gingival ; parodonte marginal.
C s’oppose à tous mouvements de version, rotation et
réouverture de diastème (notamment médian).
Fibrotomie supracrestale circonférentielle (Fig. 16)
Comme à la mandibule, en cas d’extraction des premières Cette intervention préconisée par Edwards a pour but de
prémolaires, le fil peut être prolongé sur la seconde réduire la tendance à la récidive des corrections de rotations
prémolaire afin de s’opposer à la réouverture du site dentaires. Elle consiste à insérer une fine lame dans le sillon
d’extraction. gingivodentaire jusqu’à la crête de l’os alvéolaire afin de
Dans les cas de risque important de récidive de supraclu- sectionner les fibres gingivales autour de la dent ainsi que les
fibres transseptales.
sion incisive (classe II2), Philippe [20] utilise le composite
Pour Melrose [14], elle réduit la récidive de 30 %, donne de
servant au collage du fil comme butées cingulaires [20] sur
meilleurs résultats au maxillaire qu’à la mandibule et les effets
lesquelles viendront s’appuyer les bords libres des incisives sur la profondeur du sulcus sont minimes.
mandibulaires, s’opposant ainsi à l’égression tant des Selon Littlewood [9], la fibrotomie supracrestale circonféren-
incisives maxillaires que mandibulaires (Fig. 15). tielle augmente la stabilité de façon significative au niveau des
Méthode de collage. Le collage peut se faire : dents antérieures maxillaires et mandibulaires quand elle est
• soit par méthode directe, c’est-à-dire que le fil est façonné associée à une plaque de Hawley si l’on compare le résultat à
directement au fauteuil et que le collage est réalisé immédia- l’utilisation d’une plaque de Hawley seule.
tement ;
• soit par méthode indirecte (Fig. 14), dans ce cas, le fil est Gingivoplastie
réalisé au laboratoire sur un modèle de plâtre, une clé en Pour réduire les risques de réouverture d’espace au niveau des
silicone facilite le collage en bouche qui se fait dans un sites d’extraction, une gingivoplastie peut être indiquée. Elle
second temps. permet d’éliminer les bourrelets épithéliaux résultant de la
Dans tous les cas, le fil de contention doit impérativement compression des tissus parodontaux, ainsi que d’éventuelles
être collé dans la séance de dépose de l’appareil multiattaches invaginations ou « fissures » sources des forces de tension
actif. responsables de la réouverture d’espace.

8 Odontologie/Orthopédie dentofaciale
Récidive et contention ¶ 23-480-A-01

Figure 16. Fibrotomie supracrestale selon


Edwards.

Figure 17. Multiattaches partiel pour le réalignement des incisives


mandibulaires après récidive d’encombrement. Un fil lingual collé est
placé à l’issue de cette phase avant dépose des attaches vestibulaires.

Frénectomie
Elle permet, par le repositionnement apical du frein et la
destruction des fibres d’insertion, d’assurer une plus grande
stabilité dans les cas de fermeture de diastèmes, notamment
pour le frein médian maxillaire.

Stripping interproximal
Pour améliorer la stabilité des incisives mandibulaires, Peck et
Peck, cités par Melrose [14] , préconisent une réduction par
meulage de leur diamètre mésiodistal. Les surfaces « planes »
ainsi obtenues et la réduction du rapport épaisseur/largeur des
incisives mandibulaires seraient gage d’une meilleure stabilité.

Durée
On attribue à Oppenheim, traitant de la durée de la conten-
tion, la réponse suivante : « jusqu’au mariage pour les filles ! ».
Plus sérieusement, dans la littérature, cela va de l’absence de
contention, pour les cas de correction d’un inversé incisif où un
bon recouvrement a été obtenu, jusqu’à la contention perma- Figure 18. Alignement des incisives mandibulaires après réapparition
nente pour les cas d’adulte avec parodonte réduit. de malpositions à l’aide d’un spring retainer. Un set-up partiel (A) est réalisé
Il n’y a pas de durée déterminée et bien définie pour la pour construire le spring retainer. Placé en bouche, celui-ci se déforme (B),
contention, mais on peut raisonnablement adopter les principes exerçant alors des forces qui seront à l’origine de la correction des
suivants : malpositions (C). La contention est assurée par un fil lingual collé.
• tant que les facteurs de récidive persistent, il est indispensable
de maintenir une contention, mais comme nous l’avons vu,
ces facteurs sont difficiles à définir, à apprécier et à contrôler ; Si la récidive intéresse l’alignement des incisives maxillaires
• pour ce qui est en rapport avec le facteur parodontal, un ou mandibulaires, ce qui est le cas le plus fréquent pour lequel
minimum de 232 jours est requis pour que les fibres se les patients reviennent consulter, il est possible d’envisager de
réorganisent en fonction de la nouvelle position de la dent, réaligner les incisives avec un multiattaches partiel (Fig. 17)
et encore... elles peuvent bouger après ! porté quelques semaines, ou par le port d’un positionneur ou
L’étude de la stabilité des traitements orthodontiques montre d’un « spring retainer » (Fig. 18). Dans certains cas, un stripping
qu’un certain degré de récidive est le lot commun de l’orthopé- interproximal peut être nécessaire. Bien évidemment, à l’issue
die dentofaciale. Pour l’Anaes [19], « cela doit nous inciter à de cette nouvelle phase de correction, une contention collée
prendre des précautions, et à défaut de parfaitement maîtriser doit impérativement être placée, et le patient prévenu de la
les facteurs régissant la stabilité des résultats, la durée souhaita- nécessité d’une surveillance régulière de son intégrité.
ble pour la période de contention peut excéder les délais prévus Si la récidive intéresse les rapports d’arcades, il peut être
par la nomenclature des actes professionnels ». envisagé de reprendre une phase avec un appareil fonctionnel,
d’envisager de nouveau une rééducation des fonctions, de
Traitement de la récidive pratiquer une équilibration, ou de refaire le traitement avec de
nouvelles options thérapeutiques plus appropriées.
Si la procédure de contention n’a pas été parfaitement Enfin pour Joondeph [2], il faut parfois savoir faire accepter
respectée ou si malgré toutes les précautions prises, une récidive une légère récidive et ne rien faire, plutôt que de reprendre un
apparaît à l’issue de la période de contention, quelle attitude traitement et s’exposer à nouveau à la récidive, à moins
adopter ? d’accepter une contention permanente !

Odontologie/Orthopédie dentofaciale 9
23-480-A-01 ¶ Récidive et contention

■ Conclusion [2] Joondeph DR. Retention and relapse. In: Orthodontics: current
principles and techniques. Amsterdam: Elsevier; 2005.
Les facteurs de récidive relevant de la croissance osseuse, de [3] Keim RG. The problem in orthodontics. J Clin Orthod 2004;38:529-30.
[4] Philippe J. 50 ans de récidive. Orthod Fr 2000;71:87-93.
l’équilibre musculaire et de l’équilibre occlusal sont les plus
[5] Philippe J. Les multiples causes de la récidive. Orthod Fr 2005;76:
difficiles à contrôler. Nos connaissances les concernant et nos 183-6.
possibilités de les intégrer à nos projets thérapeutiques sont [6] Ihlow D, Cronau M, Bernitt K, Sadat-Khonsari R, Dathe H, Nagerl H,
encore limitées. De ce fait, ils doivent requérir tous nos efforts et al. The retention catalogue: an instrument for quality management.
tant en recherche fondamentale qu’en recherche clinique, mais J Orofac Orthop 2005;66:377-87.
pourra-t-on un jour les contrôler totalement ? [7] Vaden JL, Harris EF, Gardner LR. Relapse revisited. Am J Orthod
Les facteurs relevant du desmodonte sont sans doute plus Dentofacial Orthop 1997;111:543-53.
aisés à maîtriser. En maintenant les dents en position corrigée [8] Talmant J, Deniaud J. Ventilation nasale et récidive. Orthod Fr 2000;
par un dispositif de contention suffisamment longtemps, les 71:127-41.
fibres peuvent se réorganiser, supprimant ainsi ce facteur de [9] Littlewood SJ, Millett DT, Doubleday B, Bearn DR, Worthington HV.
récidive. Comme nous le fait remarquer Philippe [4], c’est la Orthodontic retention: a systematic review. J Orthod 2006;33:205-12.
[10] Berhends RG. L’orthodontie chez l’adulte. J Edgewise 1992;26:45-71.
seule véritable indication de contention.
[11] Crétot M. Position des incisives et vieillissement facial. Orthod Fr
La stabilité doit être recherchée tout au long du traitement, 1994;65:487-506.
depuis sa conception jusqu’au choix du dispositif de contention [12] Limme M. Stabilité des corrections transversales et mastication. Pro-
et par le respect de certaines règles : gramme des Journées de l’Orthodontie; 2006.
• surveiller la croissance en maintenant, si nécessaire, un [13] Philippe J. Convictions orthodontiques. Paris: SID; 2006.
dispositif de contention jusqu’à sa fin et, dans les cas où l’on [14] Melrose C, Millett DT. Toward a perspective on orthodontic retention?
redoute une poussée de croissance postpubertaire particuliè- Am J Orthod Dentofacial Orthop 1998;113:507-14.
rement importante, terminer le traitement avec la fin de [15] Thilander B. Biological basis for orthodontic relapse. Semin Orthod
croissance ; 2000;6:195-205.
• rechercher l’occlusion la plus stable et la plus fonctionnelle [16] Ormiston JP, Huang GJ, Little RM, Decker JD, Seuk GD. Retrospective
possible en respectant des protocoles de finition exigeants et analysis of long-term stable and unstable orthodontic treatment
en consacrant le temps nécessaire à cette période difficile outcomes. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2005;128:568-74.
[17] Lautrou A. Argumentation du rapport « de la récidive ». Orthod Fr
qu’est la fin de traitement ;
2000;71:109-12.
• attacher une attention toute particulière à la suppression des [18] Gottlieb EL, Cozzani M, De Harfin JF, Helmholdt RD, Logan LR,
dysfonctions et parafonctions, et obtenir ce que Gugino Warren DW. Stability of orthodontic treatment, part 1. J Clin Orthod
appelle la « neutralisation de l’enveloppe fonctionnelle » ; 2006;40:27-38.
• enfin placer systématiquement des contentions linguales [19] Anaes. Les critères d’aboutissement du traitement d’orthopédie dento-
collées dans le cas où les fibres desmodontales ont été facial. Recommandations pour la pratique clinique, 2003.
sollicitées et cela suffisamment longtemps pour permettre leur [20] Philippe J. Les causes de la supraclusion incisive. Orthod Fr 2003;74:
réorganisation. 533-5.
Mais souvenons-nous toujours que l’équilibre physiologique [21] Anaes. Indications et non-indications de l’avulsion des troisièmes
se modifiant au cours de la vie, des modifications affectant molaires mandibulaires. Recommandations et références médicales,
l’alignement et les rapports dentaires peuvent apparaître à tout 1997.
moment, mais sans que cela ne soit à mettre sur le compte [22] Berry A. Argumentation du rapport « de la récidive ». Orthod Fr 2000;
71:105-6.
d’une quelconque récidive.
.

Pour en savoir plus


■ Références Philippe J. La récidive et la contention post-orthodontique. Paris: SID; 2000.
Le Gall M, Deroze D. De la récidive et de la contention. Orthod Fr
[1] Lautrou A. Orthopédie, stabilité, récidive. Orthod Fr 2000;71:117-25. 1999;70(1).

C. Chabre, Docteur en chirurgie dentaire, docteur en sciences odontologiques, spécialiste qualifié en orthopédie dentofaciale, maître de conférences des
Universités [Paris VII], praticien hospitalier (cl.chabre@free.fr).
Hôtel-Dieu-Garancière, 5, rue Garancière, 75006 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chabre C. Récidive et contention. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie
dentofaciale, 23-480-A-01, 2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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