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Dossier

Papillomavirus : les virus


et la physiopathologie
de l’infection
Sophie Alain, Sébastien Hantz, François Denis
Service de bactériologie-virologie-hygiène, Hôpital Dupuytren, CHU de Limoges, 2 avenue
Martin Luther-King, 87042 Limoges
<sophie.alain@unilim.fr>

Les papillomavirus constituent une vaste famille de plus de 200 petits virus à
ADN non enveloppés, capables d’infecter l’Homme et de nombreux mammifè-
res, avec une spécificité d’espèce étroite. Leur tropisme est strictement épithélial
et on distingue, comme appartenant à des genres différents, papillomavirus
muqueux et papillomavirus cutanés. Ils sont responsables de tumeurs bénignes
et malignes chez l’homme et chez l’animal, et ont été à l’origine du premier
modèle de tumeur liée à un virus à ADN, découvert en 1920 par Shope chez le
lapin. Chez l’Homme, les HPV (Human papillomavirus) sont responsables de
100 % des cas de cancer du col utérin et sont impliqués dans de nombreux
cancers cutanés et muqueux. Tous les types viraux ne sont pas oncogènes et on
distingue les HPV oncogènes dits à haut risque (HPV HR) et les HPV non
oncogènes dits à bas risque (HPV BR). Le pouvoir oncogène des HPV oncogènes
repose essentiellement sur deux oncoprotéines virales possédant des propriétés
transformantes, E6 et E7, capables d’interagir avec les produits des gènes sup-
presseurs de tumeur p53 et pRB. Le mode d’action de E6 et de E7 est en réalité
plus complexe. Capables d’établir la persistance virale, indispensable au
développement d’un cancer, elles interagissent avec de nombreuses protéines
régulant le cycle cellulaire et la stabilité génétique de la cellule. Elles interfèrent
également avec le système immunitaire en diminuant la réponse cytotoxique et
la réponse interféron. Si le type viral est déterminant, le terrain génétique de
l’hôte est également un facteur impliqué dans la persistance virale et la cancé-
rogenèse, et les travaux les plus récents suggèrent l’existence de « barrières
génétiques » contre l’infection par les HPV.
Mots clés : papillomavirus, cancer du col utérin, cancer cutané, cycle viral, oncogenèse

L es papillomavirus représentent
une vaste famille de petits virus
nus à ADN, à tropisme épithélial,
en 1976 et confirmée ultérieurement
par les études épidémiologiques
et fondamentales. Certains modèles
dont une caractéristique essentielle animaux, comme le papillomavirus
est de favoriser la prolifération, de Shope chez le lapin « cotton-
bénigne ou maligne, des cellules tail », le papillomavirus du chien ou
qu’ils infectent. Ces virus ubiquitaires le papillomavirus bovin, ont large-
infectent l’Homme et de nombreuses ment contribué à la compréhension
doi: 10.1684/mtp.2010.0275

mtp espèces animales, et sont générale-


ment spécifiques d’espèce. La respon-
des fonctions des principales protéi-
nes virales en relation avec le terrain
sabilité des papillomavirus humains génétique, et posé les principes de la
dans le développement d’un cancer protection par les anticorps neutrali-
Tirés à part : S. Alain
du col utérin a été suggérée pour la sants. Les pathologies associées chez
première fois par Harald zur Hausen l’Homme varient selon le génotype

mt pédiatrie, vol. 13, n° 1, janvier-février 2010


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Papillomavirus : les virus et la physiopathologie de l’infection

impliqué. Les mécanismes régissant le tropisme cutané ou selon le génotype (figure 1) [1]. Ce génome est associé à
muqueux, l’évolution des lésions vers la régression spon- des histones cellulaires pour former un minichromosome.
tanée, la prolifération maligne ou bénigne, sont com- Il est entouré d’une capside constituée de pentons
plexes, impliquant une interaction étroite entre protéines comportant une protéine majeure, L1, associée à une pro-
virales et protéines cellulaires, et constituent un champ de téine mineure plus interne, L2. Ces protéines portent des
recherche très actif du fait de leur implication thérapeu- antigènes de groupe, cibles des anticorps neutralisants.
tique potentielle. L1 possède la capacité de s’assembler spontanément en
pseudo-particules virales, propriété exploitée dans la
fabrication des vaccins [2], mais aussi dans l’étude des
Structure des papillomavirus mécanismes d’entrée et de diffusion cellulaire du virus.
Les papillomavirus sont des virus dépourvus d’enveloppe
Appartenant à la famille des Papillomaviridae, les et la structure de leur capside les rend extrêmement résis-
papillomavirus ont en commun une structure compacte tants, dans le milieu extérieur, à la congélation et à la
(diamètre 55 nm), comportant un génome circulaire de dessication, facilitant leur transmission par contact cutané
petite taille (8 000 paires de bases), codant 8 à 9 protéines ou muqueux, mais aussi leur transmission indirecte, par

A B

L2 ADN génomique
L1
Penton de protéine L1
C1
E6 E7
LCR Protéine Fonction
 
7904/1 E1 Réplication (hélicase)
L1   E2 Régulation de la transcription 
et de la réplication
E1
E4 Interaction avec le cytosquelette
E5 Immortalisation/prolifération
E4 E6/E7 Immortalisation/prolifération,
instabilité génétique
L2 E2 L1, L2 Protéines structurales 
E5
C2 Intégration
aire re
lul LC lai
l L1 L2 E6 E7 E1 E2,E4,E5 llu
ce ce
N  R N 
AD AD

Figure 1. Structure des papillomavirus et fonction des protéines virales.


A) Virions : les papillomavirus sont des virus de petite taille, 55 nm, reconnaissables en microscopie électronique ; B) modèle de structure
des papillomavirus. La capside icosaédrique est constituée de pentons de protéine majeure L1. Cette protéine est capable de s’auto-
assembler dans la cellules ou en solution. Cible d’anticorps neutralisants protecteurs contre les réinfections, elle constitue la base des vac-
cins papillomavirus. La protéine mineure de capside L2 est associée à L1 et interagit avec la molécule d’ADN viral. Le génome est constitué
d’une molécule d’ADN double brin circulaire de 8 000 pb associée à des histones cellulaires ; C) structure du génome des alpha-papillo-
mavirus humains (papillomavirus à tropisme génital, type HPV16) et fonction des protéines virales.
C1 : Au cours de l’infection productive, le génome est sous forme épisomale dans la cellule infectée (ADN circulaire double brin). Il com-
porte une région de régulation (LCR), six phases ouvertes de lecture codant des protéines de régulation précoces « early » (E1, E2, E4, E5,
E6, E7) et deux protéines de capside L1 et L2. La phase ouverte de lecture E5 est absente chez les papillomavirus du groupe (à tropisme
cutané, prototype HPV8). Une protéine E8 est codée par certains HPV génitaux. La région de régulation de la réplication virale LCR com-
porte de nombreux sites pour des facteurs de transcription cellulaires, et plusieurs sites de fixation pour le protéine E2. La composition de
la région LCR diffère entre les papillomavirus génitaux et cutanés ; C2 : génome viral dans sa forme intégrée : l’intégration au génome cellu-
laire interrompt la phase ouverte de lecture E2, supprimant la régulation négative de l’expression de E6 et E7 et plaçant E6 et E7 sous
contrôle direct de la région de régulation.

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les sécrétions génitales, les surfaces, le linge souillé ou les sein de ces groupes, des types associés à un risque
mains [3]. élevé de cancer. À ce jour, plus de 200 types de papillo-
Le génome viral comporte une origine de réplication mavirus humains (HPV) et de nombreux papillomavirus
associée à une région régulatrice dite LCR portant animaux ont été classés sur la base du séquençage de
des séquences cibles pour de nombreux facteurs de la région codant la protéine majeure de capside L1 et le
transcription cellulaire et pour la protéine E2, et code génome de 112 HPV a été intégralement séquencé [7-9].
plusieurs protéines, dites précoces « early » ou E, et tardi- Malgré leur structure identique, le degré d’homologie
ves « late » ou L. Les protéines précoces (E1, E2, E4, E5, génomique entre les différents papillomavirus n’est que
E6 et E7) régulent la réplication virale et le maintien de de 40 %, témoignant de la grande dispersion de cette
l’infection. Parmi celles-ci, les protéines E1 (hélicase) et famille. Les papillomavirus sont regroupés en genres –
E2 sont impliquées dans la réplication du génome viral, définis par un degré d’homologie inférieur à 60 % de
et les protéines E5, E6 et E7 sont impliquées dans la pro- la séquence L1 –, parmi lesquels cinq correspondent aux
lifération et la transformation cellulaire (figure 1) [1, 4-6]. HPV α, β, γ, μ et ν, et sept aux papillomavirus animaux.
Au sein des genres, on distingue des espèces (60 à 70 %
d’homologie) et des types (71 à 89 % d’homologie, soit au
Une classification témoignant moins 10 % de divergence). Au sein des types existent des
d’une adaptation étroite du virus variants, qui peuvent ne différer des autres virus du même
à son hôte et à sa niche écologique type que par une ou quelques paires de bases (moins de
2 % de divergence) [7].
Les caractéristiques génétiques et moléculaires parti- Cette classification est corrélée au tropisme et au
culières des papillomavirus ont amené à les regrouper pouvoir pathogène des virus (figure 2 et tableau 1).
dans une famille unique, les Papillomaviridae, dont la L’analyse phylogénique indique que les papillomavirus
taxonomie a été récemment revue [7]. Parmi les papillo- ont coévolué depuis des centaines de milliers d’années
mavirus, on distingue les papillomavirus à tropisme avec les différentes espèces, l’adaptation progressive du
muqueux et les papillomavirus à tropisme cutané, et, au virus à son hôte au fil de l’évolution aboutissant à une

Genus
Alpha-papillomavirus

Bêta-
papillomavirus
HPV muqueux oncogènes (Haut Risque)
Delta- HPV16 et HPV18 les + fréquents
papillomavirus
HPV muqueux non oncogènes (Bas Risque)
HPV6 et HPV11 les + fréquents

Verrues

Gamma- Épidermodysplasie Verruciforme


Epsilon-papillomavirus papillomavirus (cancer de la peau)
Zeta-papillomavirus

Pi-papillomavirus
Eta-papillomavirus Omikron-papillomavirus
Mu-papillomavirus Xi-papillomavirus
Theta-papillomavirus Lambda-papillomavirus
Kappa-papillomavirus
Iota-papillomavirus Nu-papillomavirus

Figure 2. Classification des papillomavirus humains et animaux sur la base de la séquence du gène codant la protéine majeure de capside
L1, d’après [7].
Cette classification illustre la très grande variété des papillomavirus humains et animaux et montre la distance phylogénétique entre les
groupes HPV α et β ou γ, ainsi qu’entre les papillomavirus humains et animaux. Les virus impliqués dans les principales pathologies humai-
nes sont repérés par les cercles. On remarque la proximité phylogénique entre HPV 16 et HPV31, HPV 18 et entre HPV 45 et HPV6 et
HPV11.
BPV : bovine papillomavirus ; CRPV : Cotton tail Rabbit papillomavirus ; ROPV : rodent papillomavirus, COPV : canine papillomavirus,
EEPV : Equine papillomavirus; DPV : Deer (cervidés) papillomavirus.

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Tableau 1. Pathologies associées aux papillomavirus humains, des papillomavirus. Celui-ci dépend essentiellement du
lien avec le génotype, d’après [7, 9, 11, 15, 55] type. Dans la sphère muqueuse, parmi plus de 40 types
décrits au sein du genre α, 18 types oncogènes sont
Lésions Génotypes HPV associés retrouvés au sein de lésions de haut grade ou de cancers
Verrues palmoplantaires 1 et sont dits à haut risque oncogène (12 types) ou poten-
Verrues vulgaires 2 (26, 27, 65, 78)
tiellement à haut risque (6 types) [10] ; d’autres types, non
oncogènes dits à bas risque sont associés à des lésions de
Verrues planes 3, 10 (27, 28, 49) bas grade ou à des condylomes, et une infection à HPV
Verrue des bouchers 7 peut associer des HPV à haut risque et des HPV à bas
risque. Au sein des papillomavirus muqueux à haut
Condylomes acuminés 6, 11 (70, 83) risque, HPV 16 est le plus prévalent dans les cancers du
Papulomatose Bowenoïde 16 canal anal, les dysplasies vulvaires de haut grade et les
cancers de l’oropharynx liés aux HPV [11-13] (tableau 2).
Néoplasies cervicales 16 et 18 ; mais aussi 31, 33, 35, 39,
intraépithéliales, cancers du col, 45, 51, 52, 58, 66, 69, (30, 34, 40,
HPV 16 et HPV 18 sont, à eux seuls, responsables de
cancers anogénitaux 42-44, 53-57, 59, 61, 62, 64, 67, 70 % des cancers du col utérin et de plus de 60 % des
68, 71-74, 82) néoplasies intraépithéliales cervicales (CIN) de grade 3.
Les types 16, 18, 31, 33 et 45 sont à l’origine de plus de
Papillomatose orale 6,11
80 % des cancers du col (92 % en France), des cancers
Hyperplasie épithéliale focale orale 13, 32 épidermoïdes, mais aussi des adénocarcinomes, et de
Papillomatose laryngée récurrente 6, 11
plus de 80 % des cancers anogénitaux [14-17]. Ces HPV
à haut risque se répartissent dans les espèces 5, 6, 7, 9 et
Carcinome cutané à cellules 41, 48 (29) 11. HPV 16 et HPV 18 appartiennent aux espèces 9 et 7 ;
squameuses
HPV 31 et HPV 45 sont respectivement proches de
Carcinome laryngé 16, 18 HPV 16 et de HPV 18. À l’opposé, parmi les HPV à bas
risque, HPV 6 et HPV 11, qui représentent plus de 85 %
Carcinome verruqueux 16, 6, 11
des HPV impliqués dans les condylomes anogénitaux
Épidermodysplasie verruciforme 3, 5, 8, 9, 10, 12, 14, 15, 17, 19, 20, [18] et qui sont les agents de la papillomatose laryngée
(EV) 21, 22, 23, 24, 25, 36, 46, 47, 50 juvénile transmise lors de l’accouchement, sont proches
(37, 38)
et se trouvent tous deux dans l’espèce 10. Dans les lésions
Cancers associés à 5, 8 de dysplasie génitale de bas grade, parmi les HPV respon-
l’épidermodysplasie verruciforme sables, on retrouve soit les types à haut risque 16 et 51
Verrues vulgaires chez les patients Types de l’EV et 75, 76, 77 (espèces 9 et 5) soit les types bas risque 66 et 53 (espèce 6)
immunodéprimés 60 [7]. L’appartenance à une espèce n’est donc pas un critère
Kystes épidermiques strict de pathogénicité, mais reflète plutôt une proximité
Verrue de Myrmecia 63
phylogénique et certaines caractéristiques moléculaires
communes. Le caractère pathogène, et en particulier
oncogène, est lié aux caractéristiques du type, voire à
« spécialisation » de certaines espèces virales en termes
de tropisme et de pathogénicité. Les papillomavirus
Tableau 2. Fréquence des cancers attribuables aux
humains et animaux se trouvent ainsi dans des genres dis-
papillomavirus et à certains génotypes d’après [15]
tincts pour la plupart. Chez l’Homme, la très grande majo-
rité des HPV infectant les muqueuses (HPV muqueux Cancers Sexe Association Place
génitaux ou non) et quelques HPV cutanés (HPV 2, 3, aux HPV (%) HPV 16+18 (%)
10) appartiennent au genre α. À l‘opposé, les HPV α 4 et Col de l’utérus F 100 70
ceux des genres β, γ, μ, et ν n’infectent pas la sphère géni-
tale. Les HPV cutanés responsables d’épidermodysplasie Anal H, F 90 92
verruciforme, laquelle correspond à une susceptibilité Vulvo-vaginal* F 40 80
génétique aux HPV à tropisme non génital conduisant
Pénis H 40 63
à des cancers cutanés, appartiennent tous au genre β
[1, 3, 5]. Toutefois, certains HPV, qui se comportent Bouche H, F 3 95
comme des virus commensaux isolés des phanères ou Oropharynx H, F 12 89
de la peau en l’absence de lésion, appartiennent égale-
ment au genre β. L’appartenance à un genre ou à une Tous cancers H, F 5 72
espèce ne permet pas de préjuger du caractère oncogène *Vulvaire (VIN) 16-18 (6-11) ; vaginaux (VaIN) 16-18.

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des propriétés particulières de certains variants au sein pour des HPV de groupes différents d’infecter un même
d’un même type. site rendent complexe la construction d’un modèle
La répartition géographique des HPV illustre l’adapta- unique. Cependant, malgré leur hétérogénéité, des carac-
tion des HPV au terrain génétique. Ainsi, l’écologie des tères communs demeurent. Du fait de leur spécificité
HPV muqueux génitaux étudiée chez les femmes à frottis stricte d’espèce, l’utilité des modèles animaux reste
normaux montre une hétérogénéité intercontinents : limitée et la multiplication en culture cellulaire des papil-
HPV 16 reste le plus fréquent sur tous les continents, sur- lomavirus nécessite la reconstitution d’un épithélium stra-
tout en Europe (21 %) où la fréquence des autres HPV est tifié, qui n’est pas accessible aux laboratoires de routine.
faible, au contraire de l’Asie ou de l’Afrique subsaharienne Bien que phylogénétiquement distincts, ce sont toutefois
où tous les autres types sont retrouvés avec une fréquence les papillomavirus animaux qui ont offert les premiers
de 4 à 6 % [19]. Dans les cancers du col, HPV 16 reste modèles d’étude [1, 20]. Le CRPV, identifié par Shope
le type le plus fréquemment retrouvé, suivi par HPV18 en en 1930 dans une tumeur transmissible chez le lapin
Afrique subsaharienne et en Asie, et par HPV 31 et HPV18 sauvage « cotton-tail », a été le premier virus tumorigène
en Europe et en Amérique du Sud. [11, 19]. Cette à ADN décrit et le premier modèle de cancer lié à un
variabilité géographique est également constatée pour les virus. La découverte dans la même décennie d’un autre
localisations oropharyngées [11] (figure 3). papillomavirus, responsable de tumeurs bénignes de la
muqueuse orale du lapin domestique (ROPV : rodent
papillomavirus) a permis de démontrer la spécificité
Pouvoir pathogène des papillomavirus, d’espèce stricte des papillomavirus, et l’absence de
modèles d’étude protection croisée entre deux papillomavirus. Dans les
années 1970, la possibilité de transformation de lignées
L’évolution des différents groupes de papillomavirus de cellules de rongeur par le papillomavirus bovin (BPV)
au sein d’une niche écologique spécifique et la possibilité a permis de comprendre le mécanisme de la réplication

A
16 46.1
16+18 63.9 Afrique
16+18+45 77.7 Subsaharienne
16+18+45+58 80.9
16+18+45+58+56 83.4
16+18+45+58+56+35 85.7
16+18+45+58+56+35+51 88.0
16+18+45+58+56+35+51+33 89.9
0 20 40 60 80 100 %

16 65.4
16+18 71.5 Europe
16+18+33 77.7 Amérique du Nord
16+18+33+31 81.2
16+18+33+31+45 84.1
16+18+33+31+45+56 85.6
16+18+33+31+45+56+35 86.8
16+18+33+31+45+56+35+52 87.8
0 20 40 60 80 100 %

60 Cavité orale Oropharynx Larynx


Prévalence (%)

50
40
30
20
10
0
Prévalence globale des HPV
Au s ie
Au sie

N pe
N e

Au ie
es
ue Eu s

N e

s
d
d
d

tre

tre
du rop

du rop

As
or
r
or
or

du ro

A
A

Prévalence d'HPV 16
Eu

ue E u
ue

iq
iq
iq

ér
ér
ér

Am
Am
Am

Figure 3. Répartition géographique des HPV dans les différents types de cancers montrant la prédominance d’HPV 16.
A : cancer du col utérin ; B : cancers ORL ; A) cancer du col d’après [15] ; B) cancers ORL d’après [11].

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Papillomavirus : les virus et la physiopathologie de l’infection

virale, et notamment le rôle des protéines E1 et E2, l’origine d’une papillomatose laryngée juvénile respon-
jusqu’à ce que des modèles d’HPV, en particulier 16, sable de détresse respiratoire ou de papillomatose
18, 31 et 11, soient disponibles. C’est chez le lapin et récurrente. D’autres HPV, dont certains HPV à haut
chez le chien que la réponse immune a été étudiée. potentiel oncogène comme HPV 16, peuvent également
Enfin, le papillomavirus du singe rhésus, proche des être transmis. L’infection est en général transitoire, mais
HPV muqueux génitaux, a été utilisé comme modèle de peut persister jusqu’à deux ans chez l’enfant [24]. Elle
transmission sexuelle des HPV. L’évolution des techni- est parfois associée à la survenue d’un cancer oropha-
ques de biologie moléculaire et de culture cellulaire, le ryngé. En cas de lésion orale ou génitale chez des enfants
clonage et le séquençage du génome de nombreux papil- plus âgés, la distinction entre transmission périnatale et
lomavirus ont ouvert de nouvelles possibilités d’étude. inoculation secondaire par contamination indirecte
Actuellement, la réplication virale et les interactions manuportée ou oropharyngée, familiale ou au contact
entre le virus et la cellule infectée sont analysées dans d’autres enfants, voire sexuelle, est difficile. Plusieurs étu-
des cultures de kératinocytes en radeau ou dans des des démontrent en effet un portage oropharyngé d’HPV à
modèles organotypiques, biopsies en culture ou greffes haut risque chez les enfants de moins de 11 ans, avec une
de tissu épithélial sous la capsule rénale de souris immu- prévalence pouvant aller jusqu’à 60 % selon les métho-
notolérantes. L’utilisation de pseudo-particules virales de des, ainsi que la présence de co-infections, qui suggère
protéine L1 dans ces modèles permet d’étudier l’entrée et des modes de contamination multiples [25, 26].
le trafic du virus dans les cellules ainsi que l’interaction Concernant l’infection des voies sexuelles par les HPV
virus-cellules. génitaux, le pic d’infection est observé au moment des
premiers rapports, soulignant la transmission sexuelle de
l’infection. À 20 ans, près de 40 % des jeunes femmes ont
Modes d’acquisition de l’infection été infectées par un HPV. La prévalence de l’infection
diminue ensuite du fait de la clairance spontanée pour
Les papillomavirus sont essentiellement transmis par atteindre 10 % à partir de 30 ans [27]. Un deuxième pic
contact direct de peau à peau ou de muqueuse à d’infection, moins important, est souvent observé chez les
muqueuse [3]. La transmission par les mains, le linge ou femmes ménopausées (figure 4). Chez l’homme, la préva-
les surfaces contaminées est également possible. La trans- lence de l’infection varie de 20 % à 80 % selon les études.
mission sexuelle des HPV est favorisée par la forte charge Elle est globalement plus faible que chez la femme [22].
virale présente au niveau des voies anogénitales à la phase
productive de l’infection, ce qui fait de l’infection par les
HPV muqueux génitaux la plus fréquente des infections Cycle viral
sexuellement transmises. Les hommes sont également
infectés au niveau pénien ou anal et sont donc des vec- Les papillomavirus présentent une spécificité d’espèce
teurs majeurs des papillomavirus génitaux [21, 22]. stricte et ne se répliquent que dans les cellules des épithé-
Les HPV génitaux sont également retrouvés dans les liums stratifiés. La coévolution entre les papillomavirus
poils pubiens et les sécrétions génitales. Les infections et leurs hôtes a pour conséquence un lien étroit entre
externes pouvant migrer secondairement au niveau du chaque génotype et la différenciation de ses cellules-
col, l’infection est possible même en l’absence d’acte cibles (épiderme plantaire, peau extragénitale, anogéni-
sexuel et de pénétration, et une lésion au niveau du col tale, ou muqueuse anogénitale et oropharyngée). Les virus
doit faire rechercher une autre localisation au niveau de pénètrent dans l’épithélium à la faveur d’une microlésion
l’ensemble du périnée. Ceci explique également les et infectent les cellules de la couche basale, qui sont les
données controversées concernant la protection conférée seules capables de proliférer. Les cellules cibles sont
par l’usage de préservatifs, en particulier chez la femme directement accessibles au virus au niveau de la zone
[22, 23]. Du fait de leur mécanisme de transmission de jonction entre épithélium mapighien de l’exocol et
identique, plusieurs espèces d’HPV peuvent être simulta- l’épithélium glandulaire de l’endocol ou du canal anal,
nément ou successivement transmises, et les co-infections expliquant la localisation préférentielle des lésions. Chez
sont fréquentes (20 à 30 %) dans la population générale les jeunes adolescentes, l’extension de la zone de jonc-
féminine [19]. Les hommes peuvent également être infec- tion endocol-exocol pourrait également expliquer la
tés par plusieurs types d’HPV (51 % de co-infections) et susceptibilité de cette tranche d’âge à l’infection lors des
peuvent donc transmettre plusieurs types, simultanément premiers rapports sexuels. L’existence d’une zone simi-
ou successivement [22]. laire au niveau des amygdales pourrait expliquer la forte
La transmission verticale, au moment de l’accouche- prévalence des HPV dans les cancers du tissu amygdalien
ment, d’un HPV 6 ou 11, à partir de lésions génitales ou (51 % versus 25 % pour l’ensemble des cancers oropha-
de condylomes maternels à forte charge virale, peut être à ryngés) [11]. Au contraire, les cancers vulvaires ou

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10
Taux/100 000 femmes par an
Pourcentage
35 Fréquence 35
des infections à
30 papillomavirus 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5
5
0
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Cancer du col de I'utérus en France : Incidence Mortalité
(Sources INVS 2003)

Figure 4. Épidémiologie de l’infection par les HPV génitaux chez la femme en fonction de l’âge.

péniens sont plus rares. Les récepteurs du virus et le mais la réplication virale est très faible et l’infection virale
mécanisme d’entrée font l’objet de nombreuses recher- abortive stimule la prolifération cellulaire via E6 et E7.
ches. Ils diffèrent selon les types. Les intégrines de type Le nombre de cellules produisant des virions est faible,
α6 et l’héparan sulfate sont impliqués dans la fixation du les ARN messagers E6 et E7 sont abondants, et les cellules
virus à la basale et dans l’accès au récepteurs. L’entrée se transformées par HPV sont majoritaires. Une forte charge
fait par endocytose, médiée par la voie des clathrines virale ADN HPV, en particulier une augmentation de
pour HPV16 ou 58 ou par la voie des cavéoles pour la charge virale E6 et une diminution de la charge virale
HPV31 [28]. Le cycle viral suit la différentiation de l’épi- E2 témoignant de l’intégration virale, et la présence
thélium (figure 5). La réplication du génome viral a lieu d’ARN messagers E6 et E7, sont ainsi des facteurs pronos-
dans les cellules basales. Après décapsidation et migra- tiques d’évolution vers une lésion de haut grade ou un
tion de l’ADN viral vers le noyau, la réplication du cancer, que ce soit au niveau des muqueuses génitales
génome viral par les enzymes cellulaires, puis le maintien ou des muqueuses oropharyngées [29, 30].
de 50 à 100 copies de génome dans les cellules basales et
suprabasales, sont contrôlés par les protéines E1 et E2.
Le maintien des cellules basales et suprabasales en Persistance ou clairance de l’infection :
phase de synthèse d’ADN (phase S), indispensable au facteurs viraux - facteurs de l’hôte
cycle viral, est assuré par les protéines E6 et E7, exprimées
à faible taux. Dans la basale et dans la zone suprabasale Tous les HPV sont à l’origine de lésions ou proliféra-
sont exprimées les protéines régulatrices précoces E1, E2, tions de bas grade. Au contraire, les lésions de haut grade
E5, E6 et E7. Les protéines de structure L1 et L2, permet- et les cancers invasifs sont majoritairement associés à la
tant l’assemblage des particules virales et l’encapsidation présence d’HPV à haut risque oncogène. Au niveau des
de l’ADN viral, sont exprimées dans les zones différen- muqueuses, la survenue d’une lésion de haut grade ou
ciées plus ou moins kératinisées selon l’épithélium. d’un cancer est en général précédée de l’apparition
La protéine E4, responsable des modifications du cyto- d’une lésion de bas grade, que ce soit au niveau des
squelette associées au trafic intracellulaire des constituants muqueuses génitales ou des muqueuses oropharyngées
viraux, est exprimée tout au long de la différenciation cel- [26, 31]. Si la persistance de l’infection par un HPV est
lulaire. Les cellules chargées de virions desquament et se un facteur indispensable de l’évolution vers un cancer,
lysent à la surface de l’épithélium, permettant la diffusion l’infection par un HPV à haut risque et l’existence de
du virus. Elles sont reconnaissables à la présence d’inclu- cofacteurs liés au terrain est un phénomène fondamental
sions virales. Ce sont les koïlocytes, visibles sur le frottis dans la genèse des cancers liés à ces virus. Les détermi-
cervico-utérin, pathognomoniques de l’infection par un nants de la persistance sont à la fois viraux – type ou
HPV. L’infection productive aboutit à la production d’un variant, charge virale, intégration de l’ADN et caractéris-
très grand nombre de particules virales, favorisant la dis- tiques des protéines E6 et E7 – et liés au terrain – réponse
sémination de l’infection. Lorsque l’infection productive immune, génétique, cocarcinogènes. Au niveau du col
évolue vers la persistance virale, les protéines E6 et utérin, la grande majorité des HPV est éliminée spontané-
E7 permettant le maintien de la prolifération cellulaire, ment en un à deux ans. Les études de cohortes montent
sont préférentiellement exprimées. Dans les lésions pré- que 10 % seulement des infections par un HPV muqueux
cancéreuses, les phases du cycle viral sont maintenues, génital progressent vers une lésion de haut grade et un

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11
Papillomavirus : les virus et la physiopathologie de l’infection

Présentation de l’antigène viral Cytotoxicité médiée par les lymphocytes T


FAS FAS ligand

INF
CMH Intégrine
classe I/II α6
Synthèse d’anticorps TCR CMH classe I
(exsudation ou
transsudation) TNFα

Synthèse

s ADN Protéines
structurales

Koïlocytes + +++

Stratum granulosum +++ +

Stratum spinosum +/- -

Couche basale + -

Membrane basale

Vaisseaux sanguins
Organes lymphoïdes sous-épithéliaux

Cellule épithéliale infectée Virion HPV

Cellule présentatrice d’antigène


IgG

Lymphocyte T
s IgA-sécrétoire

Lymphocyte B/plasmocytes Toll-like receptor (TLR)

INF Interféron

Figure 5. Physiopathologie de l’infection et réponse immune naturelle au cours de l’infection par un HPV.

cancer, et ce en 10 à 20 ans [1, 32]. Dans certains cas Facteurs viraux


cependant, la période d’évolution entre dysplasie légère Le type viral est un élément essentiel de l’évolution
et lésion de haut grade peut être courte, d’un à deux ans, vers un cancer. L’infection par un HPV à haut risque
et certaines lésions peuvent s’avérer d’emblée de haut oncogène est un élément fondateur de la carcinogénèse.
grade, évoluant très rapidement vers un cancer [33] Toutefois, le potentiel oncogène diffère entre ces virus.
(figure 6). Dans les infections par des HPV muqueux, quelle que

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A) Évolution vers un cancer du col utérin

Âge, tabac, facteurs hormonaux, IST, terrain génétique, génétique du virus


Persistance HPV oncogène

Infection Progression Invasion

Col utérin Col utérin Lésions


Cancer
normal infecté précancéreuses

Clairance CIN I / LSIL CIN II-III/HSIL


Régression
90 % cas à 3 ans
7 à 30 ans*
Adolescence 90 %
Adultes 40-60 %

B) Cycle viral et production des protéines virales


E1, E2, E5, E6, E7

Koïlocytes
L1, L2
ADN épisomal

ADN épisomal

E6, E7
puis
E4

ADN intégré
Suprabasale Modifications
Basale épigénétiques

Cellule productrice de virions

Cellule transformée

Cellule non infectée

Figure 6. Cycle viral normal et évolution vers une prolifération maligne au cours d’une infection par un HPV muqueux génital. (D’après
[54] et [4]).
Le cancer du col ne survient qu’en présence d’une infection persistante par un papillomavirus. Parmi les femmes infectées par un HPV à
haut risque, l’infection régresse spontanément dans 90 % des cas. Une infection persistante se développe dans 3 à 10 % des cas qui évo-
lue vers une lésion de haut grade sous l’influence du type viral (oncogène), mais aussi de l’âge, du terrain immunologique. Une infection
sexuellement transmise associée, l’imprégnation œstrogénique ou un déficit immunitaire sont des facteurs favorisant la persistance de
l’infection. Le tabac joue à la fois un rôle immunosuppresseur et cocarcinogène. L’évolution se fait en général lentement, en 7 à 30 ans.
Dans certains cas, l’infection peut évoluer très rapidement en deux à trois ans vers une lésion précancéreuse (CIN II ou III), puis poursuivre
son évolution vers un cancer.
A) Évolution des lésions au niveau de l’épithélium ; B) modifications du cycle viral au cours de la progression vers un cancer : à gauche le
cycle viral est productif, les lésions sont bénignes et spontanément régressives ; à droite , au cours de la persistance virale le cycle viral est
abortif, avec maintien du virus dans les cellules basales et risque d’intégration.
* Certaines lésions peuvent évoluer en deux à trois ans vers une lésion de haut grade précurseur de cancer.
CIN I ou LSIL (Low Grade Squamous Intra Epithelial Lesion ; lésion de bas grade) : à ce stade on observe une prolifération virale, avec koï-
locytose, dysplasie modérée, et une extension des lésions ne dépassant pas le tiers de l’épithélium, l’ADN viral est sous forme épisomale,
les protéines E6 et E7 favorisent la prolifération.
CIN II-III ou HSIL (High grade Squamous Intra Epithelial Llesion ; lésion de haut grade): dysplasie sévère à modérée, avec extension à la
totalité de l’épithélium, et instabilité génomique sous l’influence de E6 et E7. L’ADN viral est présent sous forme intégrée. La réplication
virale est réduite. La régression des lésions est moins fréquente. Le nombre de copies de génome HPV est corrélé avec le potentiel évolutif
des lésions.
Cancer : les cellules transformées, du fait de la prolifération et de l’instabilité génétique constamment entretenue par la synthèse dérépri-
mée des protéines E6 et E7, ont acquis les propriétés nécessaires au développement de la tumeur, telles que la perte d’inhibition de
contact et la capacité d’envahissement de la basale permettant le passage dans le tissu conjonctif puis l’atteinte ganglionnaire et la dissémi-
nation de métastases.

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13
Papillomavirus : les virus et la physiopathologie de l’infection

soit la région du globe, HPV 16, 18, 31, 33, 35, 45, 52, et immune est essentiellement spécifique de type, reflétant
58 sont les plus présents dans les lésions précancéreuses et la nature spécifique de type des épitopes B et T. L’exis-
les cancers du col [17, 19]. L’infection par un HPV 16, 18, tence d’une protection croisée, observée cliniquement
31 ou 33 est un facteur de risque d’évolution d’une lésion lors des essais vaccinaux, pourrait correspondre à la pré-
de bas grade vers une lésion de haut grade, la présence sence d’épitopes communs à des types d’HPV phylogéné-
d’HPV 16 étant un facteur majeur d’évolution défavorable tiquement proches (HPV 16 et HPV 31).
dans les études prospectives [34]. La fréquence de détec- D’une façon générale, la réponse immune contre les
tion d’HPV 16, et, à un moindre degré, celle d’HPV 18 et HPV au niveau des épithéliums est peu efficace. Les kéra-
d’HPV 45 augmentent avec le degré de dysplasie pour être tinocytes sont de mauvaises cellules présentatrices d’anti-
maximales dans les cancers, alors que la fréquence rela- gènes et les cellules dendritiques sont peu nombreuses.
tive des autres types diminue, témoignant de la capacité Le déroulement intraépithélial du cycle viral, peu lytique
oncogène d’HPV 16 [19]. En cas d’immunodépression, avec une faible production des protéines virales et un
chez les personnes infectées par le VIH ou chez les trans- relargage des virions uniquement en surface de l’épithé-
plantés, et on observe une diminution apparente de la pré- lium, ainsi que l’absence de virémie, exposent peu le
valence du type 16 au profit d’autres types, dont le pouvoir virus au système immunitaire, en particulier aux cellules
oncogène est favorisé par l’immunodépression [35]. de Langerhans et aux cellules dendritiques. La production
Les types à haut risque oncogène diffèrent des types de cytokines pro-inflammatoires est donc peu ou pas sti-
non oncogènes par leur capacité de persistance, du fait mulée, ce qui favorise un état de tolérance immunitaire.
de différences génétiques, conférant des propriétés trans- Enfin, les protéines E6 et E7, notamment pour HPV 16,
formantes accrues aux protéines E6 et E7. En outre, cer- diminuent l’expression des récepteurs de surface de type
tains variants oncogènes possèdent des mutations TLR 9 (Toll Like Receptor 9), reconnaissant les ADN
d’échappement aux défenses immunitaires et aux barriè- viraux ou bactériens. S’y associent l’inhibition du système
res naturelles contre l’infection. Par ailleurs, l’étude com- interféron par les protéines E6 et E7, la diminution par la
parée des HPV génitaux et des HPV cutanés montre que protéine E5 de la présentation des antigènes par les molé-
les mécanismes de progression vers un cancer diffèrent cules HLA de classe II, qui favorisent l’échappement
entre les HPV α et les HPV β – ces caractéristiques seront immunologique [1, 37-40]. La réponse immune est donc
développées plus bas. Au cours du cycle viral normal, la modérée et retardée, ce qui favorise l’installation et la
protéine E5, pour les HPV muqueux génitaux, et la pro- persistance de l’infection.
téine E1 favorisent la persistance virale. E5 stimule la pro- Plusieurs observations illustrent l’importance des
duction de E6 et E7, et E1 permet la persistance de l’ADN réponses cellulaires : ainsi l’élimination d’une verrue
épisomal dans les cellules basales [36]. conduit à l’élimination des autres verrues, probablement
par stimulation de l’immunité par les virions relargués.
Le maintien d’une infection latente par certains types
Les traitements stimulant la réponse immunitaire T locale
viraux après clairance de l’infection productive pourrait
tels que l’imiquimod ont montré une efficacité dans le
expliquer la réapparition de l’infection avec le même
traitement des lésions cutanées et muqueuses [41]. L’alté-
virus, observée dans les cohortes de femmes suivies plus
ration des défenses immunitaires cellulaires, physiolo-
de 10 ans. La sénescence de l’immunité cellulaire et
gique (grossesse, ménopause) ou acquise (infection par
l’immunodépression pourraient participer à ces réacti-
le VIH, tranplantation) augmente la persistance et la fré-
vations, expliquant le pic d’infection observé chez les
quence, non seulement des infections HPV à haut risque
femmes ménopausées (figure 4) ou la réapparition de
oncogène, mais aussi des infections bénignes, condylo-
l’infection chez les sujets infectés par le VIH. Chez les
mes ou lésions cutanées [3, 42, 43]. Dans les modèles
HPV génitaux oncogènes, une protéine virale issue d’un
animaux comme chez l’Homme, les réponses cytotoxi-
ARN transcrit codant une protéine de fusion ente E8 et
ques sont faibles ou indétectables dans les lésions cancé-
E2 pourrait inhiber la réplication du génome viral et
reuses. Au contraire, la régression des lésions est associée
favoriser le maintien de la latence.
à une réponse cytotoxique et T helper intense, dirigée
contre les protéines E1, E2, E6, E7 et L2 [1, 40]. La déré-
Réponse immune gulation de la réponse cellulaire spécifique par les HPV
L’échappement viral à la réponse immune favorise la associe l’inhibition des réponses Th1 et Th2, l’inhibition
persistance virale. L’étude des modèles animaux et l’ana- par E7 de l’expression du transporteur TAP1 qui permet le
lyse des réponses immunes dans la genèse des cancers du chargement des peptides antigéniques sur les molécules
col ont montré le rôle majeur de l’immunité cellulaire HLA de classe I avant leur transfert vers la surface cellu-
dans la régression de l’infection et la prévention des réin- laire, diminuant la présentation des antigènes et la
fections avec un même type viral. La réponse humorale réponse cytotoxique, l’induction de cellules T CD4 régula-
par la présence d’anticorps neutralisants, prévient l’infec- trices (Treg), favorisant la tolérance de l’infection et sa per-
tion de nouveaux sites et les réinfections. La réponse sistance [40].

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La réponse humorale naturelle, dirigée contre plu- HPV ont un risque plus élevé de développer un cancer
sieurs protéines virales (E6, E7, E2, L1 L2), est peu intense, lors d’une réinfection. Le phénomène de restriction allé-
avec des taux d’anticorps circulant beaucoup plus faibles lique HLA II pourrait jouer un rôle important dans l’adé-
que ceux obtenus par la vaccination, y compris vis-à-vis quation de la réponse immune à certains variants HPV
de L1 protéine constitutive majeure du virion, et donc expliquant pourquoi parmi deux variants HPV 16 différant
exposée au système immunitaire. Lors de l’immunisation par le polymorphisme des protéines E6 et E7, l’un persiste
naturelle ou après administration de vaccins prophylacti- et l’autre non. Des variants d’échappement HPV16 portant
ques, les anticorps neutralisants, essentiellement dirigés des mutations dans un épitope T HLA B7 restreint ont été
contre L1, bloquent les sites de fixation du virus. Ils peu- retrouvés dans les lésions cancéreuses de femmes porteu-
vent, dans le cas d’une porte d’entrée muqueuse, agir soit ses de l’allèle HLA B7 [45, 46]. D’autres gènes peuvent
par transsudation soit par exsudation, au niveau de micro- être impliqués en plus du polymorphisme HLA de classe I
lésions de l’épithélium (figure 5). La protection post- et II : les allèles Tap1, Tap2 et KIR notamment [46-48]
vaccinale contre les condylomes externes liés à HPV 11 et influencent la protection ou la survenue de dysplasies
HPV 6, situés en zone non muqueuse suggère une protec- cervicales ou de cancers du col.
tion suffisante obtenue par exsudation au niveau des Les maladies génétiques favorisant les infections HPV
microlésions. L’importance clinique des anticorps neutra- illustrent bien la spécificité génétique de l’hôte. L’épidermo-
lisants est également suggérée par la corrélation entre les dysplasie verruciforme en particulier confère une
génotypes HPV et les sérotypes neutralisés par différents sensibilité particulière à certains types d’HPV, sans être
anticorps. Cependant, l’absence de tests standardisés de associée à un déficit immunitaire qui favoriserait d’autres
mesure de la réponse humorale, en particulier des anti- infections virales. Elle constitue un modèle d’étude spéci-
corps neutralisants, ainsi que la possibilité d’infections fique des HPV cutanés, qui a permis de mettre récemment
antérieures inaperçues, rendent difficile l’appréciation de en évidence l’existence d’une défense naturelle contre les
la réponse humorale efficace en situation clinique [2]. HPV cutanés via le contrôle du métabolisme du zinc,
Le développement de vaccins prophylactiques repose impliqué dans la transcription et la réponse immune, par
sur l’instauration d’une mémoire immunitaire à la suite de les protéines EVER [5]. Cette barrière serait défectueuse du
la vaccination. Les données actuelles sur le sujet sont peu fait de mutations des gènes EVER au cours de l’épidermo-
nombreuses, et si les anticorps induits et la protection dysplasie verruciforme. Chez les HPV muqueux génitaux,
conférée par la vaccination persistent plus de trois ans la protéine E5 dégrade les protéines EVER et permet de
d’après les données de cohorte [44], la protection à plus contourner cette barrière naturelle.
long terme par la vaccination reste à démontrer. Des incer-
titudes demeurent sur les mécanismes de la protection D’autres facteurs peuvent favoriser
« mémoire » au cours de l’infection naturelle. L’absence la persistance virale
de virémie et le caractère localisé de l’infection ne sont L’influence de cofacteurs exogènes peut favoriser l’évo-
pas en faveur d’une réponse anamnestique, même si un lution vers un cancer. L’administration d’un cocarcinogène
rappel vaccinal survenant des années après la vaccination alimentaire au bétail infecté par un BPV-1 normalement
entraîne une remontée très rapide et à un niveau très non carcinogène provoque l’apparition de cancers de
élevé d’anticorps. La présence d’anticorps neutralisants l’œsophage. Chez l’Homme, le tabac, par son rôle cocarci-
sur le site au moment de l’exposition pourrait constituer nogène ou immunosuppresseur [49] et l’immunodépres-
un mécanisme important dans la protection, mais le sion acquise, notamment au décours de certains traite-
mécanisme de protection n’est pas complètement ments immunosuppresseurs en transplantation ou au
élucidé. cours de l’infection par le VIH, favorisent le développement
de lésions malignes. L’imprégnation œstrogénique du col,
Spécificité génétique de l’hôte acquise ou intervenant lors de la grossesse, favorise la
et persistance virale métaplasie malpighienne et pourrait faciliter l’évolution
Le polymorphisme génétique du système immunitaire vers un cancer [50-52].
de l’hôte, en particulier le polymorphisme HLA de classe
II, influence la réponse immune, la persistance virale et la
survenue de tumeurs, vraisemblablement en rapport avec Mécanismes de la carcinogénèse
le type viral ou certains variants viraux. Ainsi le CRPV,
responsable de tumeurs bénignes chez le lapin « cotton- Les papillomavirus sont des virus lytiques. La transfor-
tail » (sauvage), provoque des cancers chez le lapin mation cellulaire résulte d’une prolifération cellulaire
domestique et la survenue de cancers chez le lapin sau- exagérée, stimulée par les protéines E6 et E7, en réponse
vage est étroitement liée au polymorphisme de classe II. à l’infection abortive associée à la persistance virale.
De même, les patients ayant développé un cancer lié aux De tels cycles abortifs sont observés en particulier au

mt pédiatrie, vol. 13, n° 1, janvier-février 2010


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Papillomavirus : les virus et la physiopathologie de l’infection

niveau des zones de jonction entre épithélium malpighien des anomalies de ségrégation des chromosomes, avec
et épithélium glandulaire. L’évolution d’une infection par duplication des centrosomes, et divers phénomènes épi-
un HPV oncogène vers un cancer nécessite la coopéra- génétiques entraînant une instabilité génétique et une
tion de plusieurs protéines virales interférant avec le aneuploïdie, sous l’influence des protéines E6 et E7, déré-
cycle cellulaire normal. Deux oncoprotéines, E6 et E7, gulant l’expression des protéines oncogènes virales. Cet
dont les propriétés transformantes ont été démontrées in événement est associé à une augmentation de la dyspla-
vitro et in vivo, sont essentiellement impliquées. E5 pos- sie, et précède l’intégration. L’intégration du génome viral
sède également des propriétés transformantes, mais son dans le génome cellulaire constitue un événement
mécanisme d’action est moins connu. Selon le type majeur, qui intervient dans les premières phases d’évolu-
viral, cutané ou muqueux, les mécanismes moléculaires tion vers un cancer. C’est un événement terminal qui
impliqués sont différents [4, 5, 53]. interrompt la réplication virale. Au cours de l’intégration,
le génome viral est clivé au sein de séquences codant
HPV génitaux muqueux E1 ou E2, préservant les séquences codant E6 et E7.
Cela affranchit la synthèse de E6 et E7 du contrôle exercé
L’infection par un HPV est une condition nécessaire par E2 au cours du cycle viral normal et contribue à aug-
au développement d’un cancer du col utérin, comme en menter la dérégulation du cycle cellulaire. L’intégration
témoigne la présence du génome viral, retrouvée dans du génome viral est constamment observée dans les can-
99,9 % des cancers du col et dans plus de 80 % des cers liés à HPV 18 alors qu’elle n’est pas systématique
lésions de haut grade. L’évolution d’une lésion de bas dans les cancers liés à HPV 16 (figure 6).
grade vers une lésion de haut grade puis un cancer néces- Les HPV muqueux oncogènes se caractérisent essen-
site la persistance de l’infection virale et nécessite en tiellement par les propriétés particulières de leurs onco-
général sur plusieurs années. Au niveau cellulaire, l’évo- protéines E6 et E7 qui coopèrent pour assurer le maintien
lution d’une dysplasie de bas grade vers une lésion de de la réplication virale dans les cellules différenciées
haut grade est associée à phase initiale de prolifération (figure 7). E6 favorise la dégradation de la protéine p53,
cellulaire, avec production persistante des oncoprotéines qui active notamment l’apoptose en cas de lésions de
E6 et E7 et diminution de la réplication virale et de l’ADN cellulaire, mais aussi celle d’autres protéines régu-
l’expression des autres protéines virales. Puis surviennent lant le cycle cellulaire. E6 se lie à p53 en favorisant son

Augmentation Anomalies
de la duplication Aneuploïdie génétiques
des centrosomes  Immortalisation
cellulaire
Dégradation
Inhibition de la 
de pRB/E2F restriction G1/S
Prolifération 
aberrante
E7 Immortalisation

Dégradation des Inhibition de la 
PDZ protéines restriction G1/S

Suppression   Facilitation 
E5 Dégradation de la prolifération
Activation  E6 de P53 des réponses 
de la transcription sentinelles
E6AP

E6
Dégradation
de NFX1
E6
C-myc
Suppression  Anomalies
hTERT de l’érosion 
Activée génétiques
des télomères
Formation de ponts Immortalisation
anaphasiques cellulaire

Figure 7. Coopération des protéines E6, E7 et E5 des HPV muqueux génitaux dans la persistance virale et l’oncogénèse virale.
Les protéines E5, E6 et E7 coopèrent non seulement pour favoriser l’échappement du virus à la réponse immune mais aussi pour transfor-
mer les cellules basales et suprabasales. L’activation de la prolifération cellulaire par inactivation des répresseurs de l’entrée en phase S,
la dérégulation de la ségrégation des chromosomes et l’augmentation de l’activité télomérase contribuent à augmenter la fréquence des
mutations dans les cellules en phase de croissance. L’inhibition des facteurs cellulaires suppresseur de tumeur p53 et pRB empêche la des-
truction des cellules transformées.

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ubiquitination et sa destruction empêchant ainsi p53 de différents [5]. En particulier, l’ADN viral ne s’intègre pas
bloquer le cycle cellulaire en phase G1 et d’induire et la séquence codant E5 est absente du génome des HPV
l’apoptose cellulaire en réponse à l’infection. Un second β et γ. Les protéines E6 et E7 sont toujours impliquées
mécanisme, impliquant la télomérase, inhibe la sénes- dans la transformation cellulaire, sans interagir avec
cence cellulaire liée à l’érosion des chromosomes. p53 ou pRb, mais en utilisant les voies stimulées par les
E6 active l’expression de la sous-unité catalytique de la UV. Ainsi, E6 favorise la dégradation de Bak, protéine
télomérase humaine (hTERT) qui porte la fonction tran- proapoptotique stimulée par les UV. Les protéines
scriptase inverse de cette protéine en dégradant son E6 des HPV 5 et 8 interfèrent avec la voie du TGF β qui
inhibiteur NFX1(53). Cette sous-unité hTERT est naturelle- inhibe la régulation du cycle cellulaire par différentes
ment activée dans les cellules souches, et dans certains cyclines, alors que cette voie n’est pas utilisée par les
cancers. Les protéines E6 des HPV à haut risque onco- HPV muqueux.
gène possèdent également un motif capable de se lier au
domaine « PDZ » de nombreuses protéines régulatrices
du cycle cellulaire [53]. La protéine E7 interagit avec la Conclusion
protéine suppresseur de tumeur pRb en favorisant sa liai-
son à la calpaine, qui dégrade partiellement pRb et Premiers virus à ADN décrits comme responsables de
provoque sa dégradation par le proteasome. Ceci empê- tumeurs, les papillomavirus sont responsables de nom-
che sa liaison avec le facteur de transcription E2F dont breux cancers de l’homme et de la femme, et représen-
l’activité est régulée par pRb. Le relargage de E2F favorise tent, après l’hépatite B, le deuxième virus responsable
la transcription de nombreux gènes cellulaires impliqués d’un cancer à pouvoir être prévenu par la vaccination.
dans la réplication de l’ADN et la progression de la cellule Les mécanismes par lesquels ces virus persistent et indui-
vers la phase S. E7 interagit également avec p16, p21, sent des cancers sont complexes et étroitement adaptés au
p107 et p130 [53], qui inhibent la réplication cellulaire. tropisme cellulaire, mais aussi au contexte génétique du
E7 interagit également avec p600, facteur associé à patient. La compréhension intime des mécanismes de
pRb qui régule la dépendance d’ancrage cellulaire et cancérogénèse, encore très incomplète, ouvre la possibi-
l’expression des intégrines. Elle favorise également lité de nouvelles thérapeutiques anticancéreuses.
l’aneuploïdie, en dérégulant le contrôle des centrosomes,
Remerciements et autres mentions.
essentiel pour la ségrégation des chromosomes au cours
Remerciements : Nous remercions le Dr Christine Clavel pour ses
de la mitose. E6 serait également capable d’induire une suggestions lors de la relecture du manuscrit. Financement :
polyploidie indépendamment de p53. aucun ; conflit d’intérêts : aucun.
Les protéines E6 des HPV à bas risque oncogène diffè-
rent des protéines des HPV à haut risque, notamment par
l’absence de liaison à p53 et l’absence de motif de liaison Références
au domaine PDZ [5]. De même, le moindre pouvoir trans-
formant des protéines E7 des HPV à bas risque oncogène 1. Howley PM, Lowy D. Papillomaviruses. Fields Virology. Harvard :
est associé à une substitution d’un acide aminé dans le site Lippincott, 2007.
de liaison à pRb. Enfin, les protéines E7 des HPV à bas 2. Hantz S, Alain S, Denis F. Human papillomavirus prophylactic
risque n’entraînent pas de surduplication des centrosomes. vaccines: stakes and perspectives. Gynecol Obstet Fertil 2006 ; 34 :
Essentiellement étudiée chez HPV 16, E5 joue un 647-55.
rôle certain dans la prolifération et la persistance virale. 3. Mansour C. Human papillomaviruses. In : Tyring S, ed. Mucocu-
Elle intervient précocément dans l’évolution des lésions taneous manifestations of viral diseases. 2005.
et se trouve fréquemment délétée en cas d’intégration. 4. Doorbar J. The papillomavirus life cycle. J Clin Virol 2005 ; 32
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