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Simon Alcouffe
Marie Boitier
Anne Rivière
Fabienne Villesèque- Dubus
Edition DUNOD PARIS 2013
c’est la loi structurelle que suivent les coûts des activités : « Le comportement des
coûts dépend d’un certain nombre de facteurs structurels que j’appelle
facteurs d’évolution des coûts (cost drivers). Plusieurs facteurs peuvent se
combiner pour déterminer le coût d’une activité don née. » (Porter, 1986, p. 92).
Comme le souligne Bouquin (1997), lorsqu’on s’intéresse au pilotage
stratégique des coûts, il s’agit moins de savoir ce qui déclenche l’activité et
entraîne en conséquence des consommations (i. e. l’inducteur d’activité en ABC),
mais d’analyser en profondeur ce qui fait que cette activité, lors qu’elle est
déclenchée, est plus ou moins per for mante. Pour Bouquin, le facteur
d’évolution des coûts, c’est la « logique économique structurelle qui, pour une
activité don née, à un niveau de fonction ne ment donné, explique le niveau de
ses coûts. » (Bouquin, 1997, p. 291).
À la suite des travaux de Porter, de nombreuses typologies d’inducteurs de coûts
ont été proposées dans la littérature en stratégie et en économie industrielle, Porter
s’étant lui- même inspiré de cette dernière discipline. Des recherches ont
également été menées en contrôle de gestion mais elles sont peu nombreuses et les
résultats sont pour l’instant assez peu concluants (Banker et Johnston, 2007). Au
final, les deux typologies les plus intéressantes restent celle proposée par Porter
lui- même (Porter, 1986) et celle de Riley (1987). Le tableau 1.2 présente ces deux
typologies.
L’apport de Riley par rapport à Porter est de classer les inducteurs de coûts en deux
catégories : les inducteurs structurels et les inducteurs d’exécution. Les
premiers relèvent de choix stratégiques à long terme et difficilement réversibles
(par exemple le lieu d’implantation d’une usine) alors que les seconds
s’apparentent davantage à des décisions de gestion à plus court terme et aux
quelles des corrections peuvent être apportées plus facilement (optimisation de
l’utilisation de la capa cité de production par exemple).
Une démarche ABM de gestion par les activités implique la mise en œuvre
d’une réflexion stratégique à propos des inducteurs de coûts des
principales activités consommatrices de ressources au sein de l’organisation.
Le coût d’une activité est souvent déterminé par les interactions de plusieurs
inducteurs de coûts. Ces interactions peuvent prendre deux formes :
renforcement des facteurs entre eux ou neutralisation. Par exemple, la hausse
des coûts de transport liée au choix d’un emplacement unique peut neutraliser
les gains d’éco no mie d’échelle. La présence de facteurs qui se neutralisent les
uns les autres peut nécessiter une optimisation.
Par ailleurs, il est également important d’analyser l’impact global de chacun
des inducteurs de coûts sur l’ensemble des activités de l’entreprise afin d e
mettre en évidence la structure causale des coûts de l’organisation et
d’identifier ainsi les principaux leviers sur les quels il faudra agir afin
d’améliorer la performance. Les inducteurs de coûts les plus importants
peuvent varier d’une firme à l’autre, et ce au sein d’un même secteur, si ces
firmes utilisent des chaînes de valeur différentes par exemple.
Une démarche de gestion par les activités suppose que l’on pilote la performance des
activités sur le long terme. L’outil naturel pour assurer un tel pilotage est le tableau de
bord. La performance d’une activité est par nature multidimensionnelle. Six dimensions
peuvent être distinguées pour mesurer la performance d’une activité :
- le volume d’output fourni par l’activité (également appelé « niveau
d’activité ») ;
- l’efficacité, c’est- à-dire l’atteinte des objectifs ;
- l’efficience, qui est égale au ratio out put/input ;
- la qualité (ou non- qualité) ;
- les coûts, – i. e. les ressources consommées par l’activité (input) ;
- les délais de réalisation de l’activité.
Il n’est pas indispensable de mesurer chacune de ces six dimensions de la performance
pour chaque activité ou chaque processus retenu dans le modèle ABC. En effet,
pour être suffisamment pertinente, la mesure de performance sur chacune des
dimensions requiert l’utilisation de plusieurs indicateurs, ce qui entraînerait un trop
grand nombre d’indicateurs dans le cas où l’on voudrait mesurer toutes les dimensions
de toutes les activités. Rappelons que pour être un outil de gestion utile, le tableau de
bord se doit d’être synthétique ! Comme le soulignent Ravignon et al. (2007), chaque
processus ou activité étudiée a ses propres critères majeurs. Ces critères ne sont pas
au même niveau d’importance d’une activité à l’autre. Seules les dimensions de la
performance les plus importantes doivent donc être retenues. En outre,
travailler au niveau des pro ces sus plu tôt qu’à celui des activités peut être un bon
moyen de garder un nombre d’indicateurs raisonnable, c’est- à-dire que l’on pourra
suivre avec l’attention nécessaire. Le tableau 1.3 donne des exemples d’indicateurs de
pilotage de la performance d’une activité « tester la qualité de produits finis ».
La question de la responsabilité