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14 - Levures Et Métabolisme Fermentaire
14 - Levures Et Métabolisme Fermentaire
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Auteur : Bruno Dassy (Maître de conférences, Sorbonne université)
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Muséum national d’Histoire naturelle – DIREF © 2018
Edu.mnhn.fr
Comme l’ensemble des eucaryotes, les levures sont chimio-organotrophes, c'est-à-dire qu'elles utilisent les
substrats carbonés à la fois comme sources de carbone et d'énergie. Elles sont capables de métaboliser de
nombreux sucres simples, mais pas des polysaccharides tels que l'amidon et la cellulose. Cela a des
conséquences sur la fabrication d'aliments et de boissons à base de céréales dans laquelle interviennent des
levures.
+ 2-
Toutes les levures sont capables d’utiliser l'ion ammonium (NH 4 ) comme source d’azote et l'ion sulfate (SO 4 )
comme source de soufre.
Certaines levures sont auxotrophes pour des vitamines ou des coenzymes, variables selon les cas. Il existe de
plus des auxotrophies conditionnelles : le dioxygène est nécessaire en tant que co-substrat pour la synthèse des
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stérols et de l'acide nicotinique (vitamine PP, précurseur du coenzyme NAD ) du fait de la présence
d'oxygénases dans les voies correspondantes, ce qui implique que ces composés doivent être ajoutés au milieu
de culture pour une culture anaérobie.
La principale fermentation est bien sûr alcoolique avec comme produits l'éthanol et le CO2. La production de
glycérol peut aussi être importante dans certaines conditions, par exemple en cas de stress osmotique. Il y a
aussi les voies moins importantes de l'acétate et du 2,3-butanediol. Le cas de la fermentation lactique est
particulier : elle est très réduite car il n'y a pas de lactate déshydrogénase cytoplasmique mais uniquement
mitochondriale.
Chez les levures aéro-anaérobies, l’aiguillage vers la respiration cellulaire ou la fermentation dépend de deux
facteurs : la concentration en dioxygène et en glucose dans le milieu.
- en présence d’une forte teneur en dioxygène, la respiration cellulaire s’opère,
- en présence d’une faible teneur (ou absence) en dioxygène, la fermentation prend le relais.
Le dioxygène exerce en effet une inhibition des processus fermentaires. C’est l’effet Pasteur. Ce processus
implique que la production d’alcool doit être mise en œuvre dans des conditions sans dioxygène, pour favoriser
la fermentation alcoolique.
D’autre part, un milieu riche en glucose inhibe le métabolisme respiratoire. La concentration élevée en glucose
exerce en effet une répression sur les enzymes de la respiration indépendamment de la présence en dioxygène
dans le milieu. C’est l’effet Crabtree. Ce phénomène est très important pour la vinification. En effet le moût est
très riche en sucres, ce qui inhibe la respiration favorisant de ce fait la fermentation alcoolique et donc la
production d’alcool dans le vin.
Quelques espèces de levure, dont Saccharomyces cerevisiae, ont la particularité de ne présenter que peu ou
pas d'effet Pasteur en présence de fortes concentrations en glucose. L’effet Cabtree explique chez ces
dernières que le passage à l'aérobiose diminue peu la consommation de glucose par rapport à l'anaérobiose,
cette consommation restant élevée et associée à des réactions de fermentation du fait de la respiration réduite.
On parle alors de fermentation aérobie, phénomène important dans la fabrication de certaines boissons
alcoolisées.
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Muséum national d’Histoire naturelle – DIREF © 2018
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