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DIAGNOSTIC FINANCIER APPROFONDI

Pr : Abdelkrim KANDROUCH

L'objectif du cours est la maîtrise des outils de l'analyse financière dans un but de
diagnostic financier fonctionnel. C'est essentiellement une question de démarche, et de
savoir-faire.

Après le rappel de l'intérêt de l'analyse financière pour l'entreprise et ses


partenaires, la démarche du diagnostic financier repose essentiellement sur la collecte
des informations comptables et extracomptables.

L'application des outils de l'analyse financière aux informations comptables,


accessibles aux analystes externes, permet de se prononcer, d'une part sur la structure
financière de l'entreprise et l'équilibre financier qui en découle, et d'autre part sur
l'activité et sa conséquence la rentabilité.
Cette approche réputée être "statique", doit être complétée par l'analyse en
termes de flux (tableau de financement) qui permet de se prononcer sur la viabilité de
l'entreprise dans le temps (approche "dynamique").

 Introduction:
- Intérêts de l'analyse financière
- Rappel des états de synthèse
- Démarche du diagnostic financier

 Structure et équilibre financier:


- F.R.F
- B.F.R (BFRE et BFRHE)
- T.N.
- Ratios de structure et d'équilibre

 Activité et rentabilité:
- E.S.G
- C.A. F (deux méthodes)
- Ratios d'activité et ratios de rentabilité
- Rentabilité économique et rentabilité financière (effet de levier
financier)

 Flux financiers: le tableau de financement du PCGM

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INTRODUCTION

La progression de la science financière au cours des trois dernières décennies


est la traduction d'un besoin qui trouve son origine dans une modification de la
conception et de la place de l'entreprise au sein de la société.

Champ d'initiative personnelle, lieu d'innovation et de promotion, l'entreprise est


l'un des acteurs essentiels du dynamisme, des performances et du devenir de
l'économie nationale.

Aussi, aujourd'hui des acteurs plus nombreux et plus divers sont amenés à
émettre un jugement explicite ou implicite sur les performances et la situation financière
de l'entreprise.

Pour la plupart des partenaires de l'entreprise susceptibles de conduire une


analyse financière, le problème du diagnostic se pose à l'occasion de relations d'affaires
qui mettent en cause la capacité de l'entreprise à respecter ses engagements de façon
durable.

Les utilisateurs de l'analyse financière cherchent en effet à formuler une


appréciation relative aux performances de l'entreprise et aux risques qu'elle encourt.

Le diagnostic financier peut être réduit à l'appréciation du risque qu'un partenaire


extérieur est susceptible d'assumer du fait de ses relations d'affaires avec l'entreprise.

L'analyse des dossiers de crédit par les banques et autres institutions financières
représente le type même d'une telle application.

L'énoncé d'un jugement conduit à s'interroger sur la composition du financement


de l'entreprise, sur la façon dont elle utilise et valorise les fonds qui lui sont confiés, sur
l'autonomie financière dont elle peut bénéficier et sur son aptitude à assurer les
"équilibres financiers fondamentaux".

Ces interrogations constituent les objectifs du diagnostic financier qu'on peut


traduire en trois questions essentielles.

- Comment apprécier la composition des emplois et des ressources :


analyse de la structure financière

- Comment les équilibres fondamentaux sont assurés: étude de l'équilibre


financier

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- L'entreprise fait elle preuve d'une efficacité suffisante dans l'emploi des
ressources financières et économiques qu'elle parvient à rassembler : étude
des performances.

STRUCTURE ET EQUILIBRE FINANCIER

En termes pratiques, la contrainte d'équilibre financier s'exprime dans la règle


impérative suivant laquelle une entreprise doit maintenir sa solvabilité immédiate et à
terme, mais aussi assurer sa survie et sa pérennité dans une optique de continuité
d’exploitation

L'équilibre financier d'une entreprise dépend de sa structure financière.

L'approche traditionnelle de la solvabilité à partir du bilan ; confrontation entre


liquidité de l'actif et exigibilité du passif, fournit des indications irremplaçables.
Cependant, son principe fait aujourd'hui l'objet d'une contestation qui débouche sur une
approche nouvelle qui accroît la pertinence et la rigueur des méthodes de diagnostic.

L'énoncé de la relation fondamentale qui lie le fonds de roulement (FR), le besoin


en fonds de roulement (BFR) et la trésorerie, a permis grâce à l'introduction du point de
vue fonctionnel dans l'étude du bilan (Nouveau plan comptable), d'enrichir
l'interprétation fonctionnelle.

L'approche fonctionnelle des nouveaux états de synthèses a permis un


élargissement de la gamme des indicateurs d'équilibre ou de performance utilisable en
vue du diagnostic.

Le tableau de financement (TF), en introduisant une analyse dynamique en


termes de flux financiers, permet un enrichissement de ce diagnostic en justifiant les
variations de la trésorerie par une intégration cohérente de l'équilibre financier et des
performances de l'entreprise.

ANALYSE DES PERFORMANCES

L'appréciation de la solvabilité immédiate et future de l'entreprise ne peut négliger


le lien qui existe entre ses performances, sa qualité bénéficiaire présente et future.

D'une part, l'entreprise doit assurer la rémunération et le renouvellement des


ressources qu'elle met en œuvre. Or une telle rémunération n'est possible que si elle a
fait preuve d'efficacité suffisante dans son activité.

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D'autre part, l'entreprise engendre des obligations auxquelles elle ne pourra faire
face que si elle dégage un flux de résultat suffisamment abondant. Ainsi l'aptitude à
rembourser les emprunts requis par des investissements additionnels qui suscitent des
besoins de financement élargis ne pourra être assurée que si l'entreprise dégage des
marges d'autofinancement adéquates.

Enfin, compte tenu des obligations que l'entreprise souscrites à moyen et long
terme, il apparaît que la solvabilité future est largement déterminée par les
performances économiques et financières.

Les problèmes rencontrés à propos de l'évaluation des performances concernent à la


fois :

- le choix des indicateurs de résultats les plus adéquats pour traduire l'efficacité de
l'entreprise.

- le choix des indicateurs monétaires relatifs aux moyens engagés pour obtenir ses
résultats.

Le problème des choix des indicateurs de résultat utilisables semble largement


résolu en pratique dans la mesure où le tableau de l'E.S.G fournit un ensemble de
soldes de gestion, parmi lesquels l'E.B.E est un indicateur privilégié des performances
industriels et commerciales de l'entreprise, et le point de départ du calcul de la C.A.F.

Dans la mesure où l'analyse financière adopte un point de vue normatif et


cherche à exprimer un jugement à travers un diagnostic, l'analyse a besoin de s'appuyer
sur des références (ratios) auxquelles les caractéristiques financières de telle ou telle
entreprise devront être rapportées et comparées.

Les méthodes des ratios fournissent des indicateurs synthétiques d'une grande
utilité et un complément nécessaire à l'analyse classique.

DIAGNOSTIC FINANCIER ET DIAGNOSTIC DE L'ENTREPRISE

L'analyste financier doit utiliser toutes les sources d'information susceptibles


d'éclairer les caractéristiques financières de l'entreprise.

Si l'information comptable constitue pour le diagnostic financier le matériau


nécessaire, essentiel et particulièrement adapté à l'analyse externe, les informations
extracomptables de nature qualitative sont d'une importance supplémentaire.

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Ainsi, l'appréciation des performances et des risques exige une évaluation du
potentiel de l'entreprise :

- le potentiel technique,
- le potentiel commercial,
- le potentiel humain,
- la qualité de l'organisation et du système de gestion.

De ce fait, le diagnostic financier n'est qu'un volet du diagnostic de l'entreprise.


C'est une vision partielle et spécialisée de la situation et de l'activité centrée sur des
préoccupations spécifiques (solvabilité, performances, structure).

Même s'il n'éclaire qu'un aspect du diagnostic de l'entreprise, le diagnostic


financier apporte une contribution essentielle, à cause du rôle que jouent les variables
financières dans la finalisation, le contrôle et plus généralement dans la régulation de
l'activité.

I. Diagnostic financier et diagnostic général

Dans la préparation de certaines décisions, les partenaires extérieurs à


l'entreprise font appel aux indications fournies par les outils du diagnostic financier.

Pour les banquiers, ils jouent un rôle essentiel dans les "analyses de crédit" et
donc dans l'évaluation du risque financier. Mais, vu sa position d'analyste externe, la
maîtrise des informations comptables publiées (bilans, C.P.C, ETIC) constitue un
préalable nécessaire à tout jugement de valeur.

Malgré sa contribution primordiale, le diagnostic financier n'est qu'un des volets


du diagnostic d'entreprise. Le recours aux informations extracomptables de nature
quantitative et qualitative constitue un apport essentiel pour un diagnostic général de
l'entreprise.

1.1. Les informations comptables :

La comptabilité générale fournit au diagnostic financier sa source d'information la


plus systématique et la plus élaborée.

Les documents de synthèse du C.G.N.C en vigueur depuis 1994, présentent une


contribution de qualité à l'analyse économique et financière de l'entreprise.

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Le bilan, le compte de produits et charges et l'annexe des comptes constituent les
documents de base de l'analyste financier.

1.1.1. Le bilan

Le bilan décrit les avoirs et les engagements de l'entreprise et donne une


évaluation de son patrimoine (c’est l’héritage du plan français de 1957). En l'absence
d'autres informations, les tiers qui contractent avec l'entreprise voient dans l'importance
et la composition du patrimoine le support de garanties que l'entreprise peut offrir.

Cette approche prudente et bien entendu statique puisqu'elle suppose qu'un capital
accumulé constitue une protection contre le risque de défaillance.
Cette notion de risque utilisée par les banquiers dès le 19e siècle, permet une
appréciation globale de la liquidité de l'entreprise. C'est une optique liquidative de
l'entreprise.

La nouvelle conception "fonctionnelle" du bilan du C.G.N.C rompt avec la


présentation du plan de 1957. Elle renonce à la présentation patrimoniale classique de
l'actif et du passif du bilan par ordre de liquidité et d'exigibilité croissantes et à la
distinction entre créances et dettes à plus et à moins d'un an.

Le bilan fonctionnel se place dans une optique de continuité d'exploitation. Le


bilan est aussi la situation financière et économique de l’entreprise à un moment donné

Dans ce bilan, les opérations principales ou fonctions économiques principales sont au


nombre de quatre : Financement, Investissement, Exploitation, Répartition.

- Financement : opérations qui permettent d'adapter les ressources aux besoins


des activités.

- Investissement : inscriptions dans les actifs immobilisés de biens acquis qui


concourent à la production et l'émergence d'un résultat. Cette fonction est dans le
langage commun souvent confondue avec le financement. L'un n'allant pas sans l'autre,
et la séparation des fonctions est une tâche essentielle de l'analyste.

- Exploitation : ensemble des emplois et ressources du cycle d'exploitation qui se


modifient en permanence avec l'activité courante : stocks, clients, fournisseurs..

- Répartition : distribution d'un résultat aux partenaires économiques et sociaux,


aux actionnaires, à l'Etat, aux salariés et à l'entreprise par l'autofinancement

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Bilan

Opérations d'investissement Opérations de financement

Opérations d'exploitation

Trésorerie

L'analyse de ces quatre opérations ou fonctions permet d'appréhender les


relations fonctionnelles et montre ainsi qu'on est passé assurément avec le plan
comptable marocain d'une approche patrimoniale à une approche fonctionnelle.

Grâce à l'approche fonctionnelle du bilan, dont la lecture est horizontale, les


proportions des fonctions sont l'expression d'une politique financière, la mise en œuvre
du développement de l'entreprise et l'équilibre des moyens nécessaires pour atteindre
les objectifs.

La relecture financière des postes d'actif et de passif ne peut jamais totalement


être exhaustive. Toutefois, certains grands principes doivent être suivis. La prudence
sous-évalue toutes les valeurs inscrites du bilan. Leur inscription en coût historique
nécessite une relecture financière pour dégager une situation plus actuelle au jour de
l'analyse.

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La structure globale du bilan du C.G.N.C est :

Actif N N-1 Passif N N-1

Brut Amort Net


P rov
* Actif immob : *Financement perm.
-permanent
Capitaux propres
- immob en non-valeurs •
- Immob incorp.

- Immob corp. résultat net de l’ex.
- Immob financières l'exercice
-Capitaux propres
* Actif circulant assimilés
- Prov. Durables R.C.
- Dettes financement
- Stocks
- Créances * Passif circulant :

* Trésorerie-actif - Dettes du PC
- Autres prov pour RC
* Trésorerie passif

Total général Total général

1.1.1.1. L'actif .

C'est le portefeuille des emplois de fonds qui sont classés selon leur nature ou
leur destination.

- Les immobilisations en non-valeurs : ce sont les actifs fictifs qui correspondent


le plus souvent à des charges à étaler sur plusieurs exercices par le biais de
l'amortissement. Certains actifs fictifs ont de nos jours ont une grande importance et que
la survie de nombreuses entreprises passe actuellement par l'investissement dans la
communication externe et dans la formation pour obtenir des gains de productivité.

- Les immobilisations incorporelles : contiennent en plus du fonds commercial, les


investissements en recherche développement, innovation et apportent parfois plus de

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garantie sur la pérennité de l'entreprise que de nombreux équilibres financiers souvent
précaires à terme.

- Les immobilisations corporelles : elles sont présentées au bilan avec leurs


valeurs brutes, leurs dépréciations, et leurs valeurs nettes comptables (VNA). Les
annexes concernant ces immobilisations permettent d'analyser la politique
d'investissements par rapport au financement du bilan, le flux d'amortissement annuel,
les cessions et les acquisitions...

L'évolution des investissements industriels exprime la croissance interne de


l'entreprise.

- Les immobilisations financières : l'acquisition des titres et autres droits exprime


la croissance externe de l'entreprise.

- Les stocks : ils entrent dans le calcul du besoin de financement de l'exploitation


et influent sur le niveau de la trésorerie, et le résultat. Une augmentation du stock de
produits finis va augmenter la production stockée (SF - SI) et donc le résultat. Une
augmentation du stock de marchandises et de matières diminue la variation des stocks
(SI - SF) et augmente le résultat.

- Les créances : représentent avec les stocks un poste important dans le calcul
du besoin de financement de l'exploitation. Le niveau des créances dépend de la
gestion de l'encours clients (délais de règlement).

- Les effets escomptés non échus détenus sur les clients sont retirés des
créances et inscrits avant leur échéance en trésorerie passif dans le compte "crédits
d'escompte". Cela a pour effet de gonfler la trésorerie et de dégonfler l’encours client du
besoin de financement de l'exploitation.

- La trésorerie - actif : c'est l'ensemble des disponibilités sous forme de


chèques et effets à encaisser ou à l'encaissement, d'avoirs en banques et de liquidités
en caisse.

1.1.1.2. Le passif

C'est le portefeuille des ressources de l'entreprise, les moyens de financement


dont dispose l’entreprise, qui nous renseigne sur l'origine des fonds.

- Les capitaux propres : comprenant le capital social, les réserves et le résultat


net de l'exercice. Le capital social est diminué du capital souscrit non appelé. La partie

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appelée mais non versée figurera en créances sur les actionnaires (Actionnaires, capital
souscrit et appelé non versé).

Les capitaux propres et les capitaux propres assimilés qui sont composés des
subventions d'investissement et des provisions réglementaires, dépassent la simple
situation nette du bilan.

- Les dettes de financement : regroupant l'ensemble des dettes ayant servies au


financement des emplois stables de l'actif (actif immobilisé), sous forme d'emprunts
obligataires et autres dettes de financement. La distinction selon l'échéancier des dettes
est abandonnée au profit de la destination des moyens de financement.

- Les provisions durables pour risques et charges : représentent des réserves


durables et qui viennent de ce fait consolider les financements permanents de
l'entreprise.

- Les dettes du passif circulant : sont constituées de l'ensemble des ressources


d'exploitation et hors exploitation, qui permettent de diminuer les besoins de
financement liés à l'activité de l'entreprise. Ces dettes sont essentiellement composées
des dettes envers les fournisseurs, les clients (avances et acomptes), le personnel, les
organismes sociaux, l'Etat,...

- La trésorerie-passif : c'est l'ensemble des concours bancaires courants et crédit


de trésorerie à très court terme. Ces ressources de trésorerie viennent, en principe,
combler le manque de financement lié au cycle d'exploitation.

Le bilan du C.G.N.C, en adoptant une classification fonctionnelle faisant


apparaître trois masses à l'actif (actif immobilisé, actif circulant, trésorerie-actif) et trois
masses au passif (financement permanent, passif circulant, trésorerie actif) permet une
approche plus aisée de l'équilibre financier de l'entreprise.

1.1.2 Le compte de produits et charges : CPC

Le compte de produits et charges est établi à partir des comptes de gestion. Ces
comptes distinguent pour une période donnée (en principe un exercice), les
mouvements constatant les charges et les mouvements constatant les produits, dégage
le solde provenant de l'enregistrement de ces mouvements (bénéfice ou perte).

Du point de vue financier, le CPC est centré sur la production globale de l'entreprise.
Autrement dit, il décrit l'activité ou l'exploitation qui était à l'origine de cette production

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globale. Il détermine donc, les ressources produites par l'activité de l'entreprise, et les
charges occasionnées par les moyens mis en œuvre. La structure globale du CPC est :

Charges Exercice Produits Exercice


N N-1 N N-1
Charges d'exploitation Produits d'exploitation
Charges financières Produits financiers

Charges non courantes Produits non courants

Impôts sur les résultats


SC = bénéfice SD = perte

Total général Total général

Le résultat de l'entreprise, fruit de son activité, est obtenu par comparaison entre
les ressources dégagées et les charges supportées durant l'exercice.

Le CPC est l'outil de base de l’analyse de l'activité et de la rentabilité de


l'entreprise. Le CPC peut être présenté en liste ou en tableau. Comme le bilan, il doit
présenter les montants de l'exercice précédent ce qui facilite la comparaison.

Les charges et les produits de l'exercice sont découpés en trois parties distinctes
qui regroupent les éléments d'exploitation, les éléments financiers et ceux à caractère
exceptionnel on non courant.

Tout analyste voulant analyser l'activité de l'entreprise ne peut se contenter du


résultat net comptable qui n'a qu'une signification toute relative. La décomposition du
CPC permet d'avoir des informations intéressantes sur la manière dont le résultat final a
été obtenu.
Ainsi, le résultat est la conséquence de l'activité d'exploitation courante et
habituelle, de la politique financière et de l'activité exceptionnelle de l'entreprise.

L'apport du CPC est complété par le calcul d'autres soldes intermédiaires (E.S.G)
permettant un jugement plus précis de l'activité et des performances de l'entreprise.

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1.1.3. Les annexes : E.T.I.C

L'annexe ou E.T.I.C (Etat des informations complémentaires) est une suite de


tableaux comportant des explications nécessaires à la compréhension du bilan et du
C.P.C, pour que ceux-ci donnent une image fidèle du patrimoine, de la situation
financière et du résultat de l'entreprise. De ce fait, l'annexe s'adresse aux tiers
extérieurs à l'entreprise.

Pour l'analyste financier, l'annexe (ETIC) apparaît donc comme un document


particulièrement précieux puisqu'il fournit des précisions sur le mode d'élaboration des
états de synthèse et sur le contenu détaillé de certaines de leurs rubriques, notamment
celles concernant les immobilisations, les amortissements, les provisions, les créances
et les dettes ainsi que les sûretés réelles données ou reçues.

Le plan comptable marocain regroupe en trois points les indications contenues


dans l'E.T.I.C :
o principes et méthodes comptables
o informations complémentaires au bilan et au CPC
o autres informations complémentaires

Les indications détaillées correspondant à ces trois titres sont reprises ci-après
en annexes.

1.2. Les informations extracomptables

La comptabilité générale constitue une source d'information privilégiée pour


l'analyste financier en ce qu'elle apporte des indications monétaires, systématiques,
homogènes, synthétiques concernant l'entreprise. Cependant, cette source essentielle
ne saurait être une source exclusive dans la mesure où le diagnostic d'entreprise exige
la prise en compte d'indications que la comptabilité générale ne peut traduire compte-
tenu de leur nature.

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Alain LEIRITZ dans son ouvrage "La pratique de la gestion financière" propose
une réflexion sur l'identité et le secteur d'activité de l'entreprise.

1.2.1. Carte d'identité de l'entreprise

L'identification de l'entreprise est une recherche d'informations utiles la


concernant. Ces informations peuvent être obtenues en cherchant à répondre aux
questions suivantes :

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 Quel est le statut juridique et sa conséquence en matière d'imposition ?

 Quelle est la responsabilité pécuniaire du gestionnaire


en cas de difficultés ?
 L'entreprise a-t-elle des filiales ? Est-elle filiale? ...

 Quel est le capital de l'entreprise ?

 Montant ?
 Accès au marché financier ou non Société cotée ou non?
 Surface financière des principaux actionnaires? Qui sont les
successeurs ?

 Quelles ont été les grandes étapes du développement de l'entreprise ?

 Crises importantes dans le passé ou pas ?


 Principaux événements ?
 Principales dates de l'évolution : création implantation de nouveaux
marchés, développement de nouveaux produits, modifications
juridiques, changements de dirigeants...

1.2.2. Etude de secteur d'activité et des


environnements de l'entreprise

L'étude du secteur d'activité et des environnements de l'entreprise c'est la


réflexion qu'il faut mener sur l'activité exercée par l'entreprise et le marché sur lequel
s'exerce cette activité.
 Quelle activité exerce l'entreprise ?
 Que produit- elle ?
- Un ou plusieurs produits ? Phase de vie des produits? - Composantes
essentielles de fabrication : . Cycle long ou pas
. Investissement lourd ou pas
. Stocks importants ou pas
. Forte capitalisation technique ou pas.
- Contraintes financières résultant des données techniques

 Comment l'entreprise produit-elle ?

- A quel stade de fabrication intervient- elle ?


- Sa valeur ajoutée est-elle forte ou pas (degré d'intégration)

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- Intervient-elle comme sous-traitante ?

 Quels sont les moyens humains ?

- En nombre, en qualification professionnelle ?


- Qui assure la direction générale ?
- Qui assure la direction commerciale ?
- Quel est le climat social ?
- En quels termes se pose une éventuelle succession ?
- Les actionnaires sont-ils dirigeants ? Quelle est leur motivation pour
l'entreprise ? Leur surface financière ?

 Dans quel marché s'exerce l'activité ?

 Qui sont les clients de l'entreprise ?

- Quelle relation établie entre eux : délais de paiement, risques de


non paiement ?
- S'agit-il de services de l'administration, de commerçants, d'industriels,
de particuliers, ...?
- Quels sont les liens de dépendance entre l'entreprise et sa clientèle : les
risques sont-ils bien répartis sur plusieurs clients ou l'entreprise dépend-
t-elle de quelques gros clients?
- Quel est le "comportement d'acheteur" des clients : Quel rapport y-a-t-il
entre leurs besoins et le produit vendu? Le marché est-il saturé ? Existe-
t-il des produits de substitution...?
- Les clients sont-ils stables, fidèles ?
- Quels sont les objectifs commerciaux de la direction?

 Qui sont les fournisseurs de l'entreprise ?

- Quels "rapports de force" les lient à l'entreprise?


- Qui impose les conditions de règlement ?
- Existe t-il des liens juridiques entre fournisseurs et entreprise ?
- Le prix des matières fournies fait-il l'objet de fortes fluctuations, de fortes
spéculations ?
- Si les fournisseurs sont étrangers, quels sont les risques de change ?

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 Positionnement de l'entreprise dans son secteur :

- Quelle est la taille relative de l'entreprise dans son secteur ?


- Cette taille est-elle un atout ou un handicap ? - Le secteur est-il
concentré, dominé par quelques grosses entreprises ?
- Quels sont les atouts de l'entreprise par rapport à ses concurrents ?
- Quel est son créneau, son dynamisme commercial ?
- Dans quelle mesure l'entreprise est-elle affectée par la conjoncture.
Progresse t - elle plus vite ou moins vite que son secteur d'activité ?
- Est-elle sensible à la conjoncture régionale ?
- Quelle est son implantation et sa zone géographique d'influence ?

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II. STRUCTURE ET EQUILIBRE FINANCIER

D'une manière générale, l'équilibre évoque l'idée d'harmonie entre les différents
éléments d'un système ; ce qui, dans le domaine financier, se traduit par l'harmonisation
des ressources et des emplois qui apparaissent au bilan.

L'étude de la structure financière, et donc l'équilibre financier qui en découle, sera


faite dans une optique d'analyse financière fonctionnelle. Celle-ci s'efforce de dépasser
la conception patrimoniale de l'entreprise, pour, d'une part prendre en compte la fonction
des différentes opérations réalisées par l'entreprise (financement, investissement,
exploitation et répartition) et d'autre part, s'intéresser aux conséquences de ces
différentes opérations.

2.1. Les grandes masses du bilan :

Le bilan du C.G.N.C s'inscrit dans cette nouvelle optique d'analyse financière


fonctionnelle. Il renonce ainsi à la présentation "liquidité" de l'actif et "exigibilité" du
passif. L'entreprise devient ainsi un "portefeuille d'emplois et de ressources" classés
selon leur nature ou leur destination dans une optique de continuité d’exploitation.

2.1.1. L'équilibre fonctionnel

L'équilibre fonctionnel met en évidence trois niveaux :

- Le niveau des ressources stables et des emplois stables qui permet de


déterminer la part des ressources stables pouvant financer les besoins engendrés par le
cycle d'exploitation ; c'est le fonds de roulement fonctionnel (F.R.F)

- Le niveau des stocks, des créances et des dettes qui fait apparaître le
besoin en fonds de roulement d'exploitation et hors exploitation (B.F.R.E,
B.F.R.H.E).

- Le niveau des comptes de trésorerie dont la différence correspond à la


trésorerie nette (TN).

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Les masses du bilan peuvent être donc classées ainsi :

Actif Passif

Actif Immobilisé Financement permanent


ou ou
Emplois Stables Ressources Stables
F.R.F

BFR F.R.F
bruts Actif Circulant
BFR=
Passif Circulant AC-PC

Trésorerie-actif Trésorerie-passif TN=


TA-TP

F.R.F : Fonds de roulement fonctionnel


B.F.R : Besoin en fonds de roulement
AC : Actif circulant
AP : Passif circulant
TA : Trésorerie-actif
TP : Trésorerie-passif

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Le besoin en fonds de roulement peut-être analysé en besoin en fonds de
roulement d'exploitation et besoin en fonds de roulement hors exploitation.

Actif Passif

Actif immobilisé Financement


ou permanent
Emplois Stables
ou
Ressources. stables

F.R.F

BFR Stocks F.R.F


bruts
d'expl.
Créances d'expl. Dettes d'expl. RFRF

BFRHE
bruts Autres créances Autres dettes RFRHE

Trésorerie - TN=TA
Trésorerie passif
actif

2.1.2. L'équilibre liquidité – exigibilité :

L'objectif de l'analyse liquidité-exigibilité est de vérifier que la valeur des actifs est
suffisante pour couvrir les dettes. C’est une approche d’analyse du risque qui se place
dans une optique de liquidation de l’entreprise.

Le contenu du bilan liquidité-exigibilité découle de cet objectif : ses éléments


doivent correspondre à une valeur réelle, et les différents postes comptables doivent
être reclassés en fonction de la limite d'un an, adoptée pour séparer le long terme du
court terme.

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Le passage d'un "bilan fonctionnel" à un bilan "financier" est toujours
envisageable pour apprécier le risque du prêteur, et donc pour déterminer la solvabilité
de l'entreprise à court terme.

L'équilibre est obtenu à partir d'un "bilan financier" qui permet de calculer le
Fonds de Roulement liquidité (souvent qualifié de Fonds de Roulement Net) qui est
obtenu à partir de la différence entre les ressources à plus d'un an et les emplois à plus
d'un an.

Actif Passif

Emplois à plus Ressources à plus


d'un an ou actif à d'un an ou capitaux
LT permanents
F.R.N

F.R.N
Emplois à moins d'un an ou
actif à CT
Ressources à
moins d'un an ou passif à CT

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Retraitements :

 L’actif fictif : constitué des immobilisations en non-valeurs, des écarts de


conversion – actif est à retrancher de l’actif immobilisé et des capitaux
propres.
 Certaines immobilisations peuvent avoir une liquidité inférieure à un an :
à retrancher de l’actif immobilisé et à ajouter au niveau de l’actif circulant.
 Le stock outil : représente des marchandises ou des produits qui restent
en permanence dans l’entreprise sous forme de stock de sécurité: à
retrancher des stocks et à ajouter aux immobilisations.
 Les TVP : représentent soit des actions soit des obligations dont la
détention est à caractère spéculatif. Si ces T.V.P. sont facilement
négociables au niveau du marché financier, il y a lieu de les retirer de
l’actif circulant hors trésorerie et de les rajouter aux disponibilités. Dans le
cas contraire, aucun retraitement.

 Dettes de financement : à retrancher la partie à moins d’un an et l’ajouter


aux dettes à court terme.

N.B. : Au niveau de l’approche patrimoniale, le bilan doit être après répartition.


Les dividendes à verser doivent être inscrits en dettes à CT.

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2.1.3._ Les principaux retraitements :

Les retraitements des masses du bilan pour la détermination de l'équilibre


fonctionnel concernent les éléments suivants :

 Les ressources propres : capitaux propres, réserves, résultats reportés et


de l'exercice, on doit retrancher les immobilisations fictives
(immobilisations en non-valeurs) qui n'ont pas de valeur de revente, et
donc les ressources affectées à leur financement sont assimilées à des
ressources perdues au même titre que les ressources destinées au
financement des charges courantes.

 Par contre on doit rajouter les amortissements et les provisions de l'actif


immobilisé hors non-valeurs. Ce sont des ressources stables, elles
réduisent le résultat sans engendrer de dépenses.

 De même il faut rattacher aux ressources propres les annuités de crédit-


bail correspondant à des amortissements de capital.

 Les dettes de financement doivent comprendre le montant en capital des


échéances de crédit-bail. non remboursées.

 Les immobilisations doivent comprendre les immobilisations acquises en


crédit-bail. Les amortissements et les provisions ayant été virés en
ressources propres, les valeurs retenues sont les valeurs brutes.

2.2. Contenu de l'équilibre fonctionnel

L'analyse fonctionnelle suppose une hypothèse de continuité d'exploitation, ce


qui correspond au contexte de la grande majorité des entreprises. Dans un tel contexte,
et d'un point de vue économico-financier, c'est le financement du besoin en fonds de
roulement qui devient le problème central, d'où la relation fondamentale de trésorerie.

2.2.1. Le fonds de roulement fonctionnel : F.R.F

Le fonds de roulement fonctionnel est l'excédent des ressources stables


(financement permanent) sur les emplois stables (actif immobilisé). C'est la part
des ressources stables qui est affectée au financement du cycle d'exploitation. Il est
donc calculé par le haut du bilan.

22
F.R.F = Financement permanent (ressources stables) - Actif immobilisé (emplois
stables)

Ce mode de calcul par le haut du bilan met l’accent sur l'origine du fonds de
roulement.

Le mode de calcul par le bas du bilan (Vérification) met l'accent sur la finalité du
fonds de roulement qui est le financement de l'actif circulant.

F.R.F = Actif circulant (y compris la trésorerie)- Passif circulant (y compris la


trésorerie)

Schéma :

Actif Financement
Immobilisé Permanent

OU
Emplois
stables
OU
Ressources Stables
F.R.F

Actif
circulant (y compris
la trésorerie) F.R.F

Passif circulant
Ou (y compris
Actif
cyclique la trésorerie)
Ou
Passif cyclique

23
2.2.2. Le besoin en fonds de roulement :B.F.R

La notion de besoin en fonds de roulement est au centre de la nouvelle


conception de l'équilibre financier présenté par l'analyse fonctionnelle.

En effet, il ne suffit pas de financer les immobilisations avec des ressources


stables et de posséder un fonds de roulement positif. Il faut être certain de pouvoir
assurer le financement des capitaux immobilisés dans le cycle d'exploitation. Le besoin
en fonds de roulement est assimilable à un véritable investissement dont il faut assurer
le financement.

B.F.R = Actif Circulant (hors trésorerie) - Passif Circulant (hors trésorerie)

B.F.R = (Besoins d'expl. + Besoins hors expl.) - ( Ressources d'expl. + Ressources


hors expl.)

Cette égalité peut également s'écrire :

B.F.R = Besoins nets d'expl. + Besoins nets hors expl.


ou
B.F.R = B.F.R.E + B.F.R.H.E

24
Schéma :

Actif Financement
Immobilisé Permanent

OU

Emplois
stables
OU
Ressources
Stables
F.R.F

Passif
circulant
Actif Hors
circulant trésorerie
hors
trésorerie

B.F.R F.R.F
TN
Trésorerie- Trésorerie-
actif passif

2.2.3. La relation fondamentale de l’équilibre financier :

L'objectif prioritaire de l'analyse fonctionnelle est l'impact des différentes


opérations (investissement-financement, exploitation, répartition) de l'entreprise sur la
trésorerie.

L'évolution de la trésorerie nette permet d'appréhender la vulnérabilité de la


structure financière de l'entreprise.

La trésorerie nette peut être obtenue directement grâce à la différence entre les
disponibilités et les concours bancaires courants.

25
T.N = Trésorerie actif - Trésorerie passif

Cette trésorerie nette est la conséquence de la politique d’investissement-


financement et de la politique d’exploitation, d’ou la relation fondamentale de
l'équilibre financier:

TN = F.R.F - B.F.R

Différents niveaux de trésorerie peuvent être observés mettant en évidence des


cas d'équilibres financiers courants :

* BFR > 0

BFR FRF+
TN
Cette situation décrit en général une position d'équilibre financier satisfaisante.
Les BRF sont entièrement financés par des ressources (FR+) dont l'importance
permet de dégager des disponibilités dont il convient de rechercher si elles ne
recouvrent pas un sous-emploi de capitaux.

FRF+
BFR

TN-

Les BER sont financés, partie par des ressources stables (FR+), partie par un
excédent des concours bancaires courants sur les disponibilités. La situation est
déséquilibrée et doit s'apprécier en relation avec la rentabilité de l'entreprise. Il
convient également d'apprécier l'importance du risque bancaire courant.

26
FRF- TN-
BFR

Situation dangereuse et déséquilibrée. L'entreprise n'a aucune marge de sécurité


et dépend complètement des crédits bancaires pour le financement des besoins
d'exploitation. Ces crédits financent aussi une partie des immobilisations. Cette
situation si elle n'est pas occasionnelle, il exige de reconsidérer les structures de
financement.

* BFR < 0 ou RFR :

FRF+
TN+

RFR

Situation intrinsèquement favorable. Les ressources induites par le cycle


d'exploitation s'ajoutent à un excédent de ressources stables pour donner des liquidités
importantes dont il est utile
de juger si elles ne recouvrent pas un sous-emploi des capitaux.

FRF-

RFR
TN+

Situation déséquilibrée mais acceptable si elle est permanente. La trésorerie et une


fraction des immobilisations sont financées par des ressources issues du cycle
d'exploitation. En général, un renforcement des ressources stables est à examiner.

27
RFR
FRF-

TN-

Situation déséquilibrée. Les ressources permanentes ne couvrent qu'une partie de


l'actif immobilisé (FRF-) et leur insuffisance
est compensée par les ressources d'exploitation et les concours bancaires courants. La
dépendance financière externe de l'entreprise est grande et la structure des
financements est à revoir.
(Source Rapport de l'OECCA)

2.3. Les ratios de structure financière

Les principaux ratios qui traduisent la structure financière sont les suivants :

- Ratio de couverture des immobilisations


Ressources stables
en%
Valeurs immobilisées brutes
Supérieur à 100, permet de dégager un FRF nécessaire. Ce ratio est en liaison
avec la nature de l'activité de l'entreprise.

- Ratio de couverture des capitaux investis

Ressources stables
en%
Capitaux investis

Capitaux investis = Immobilisations + B.F.R.E

Ce ratio généralement est inférieur à 100, doit être aussi voisin de ce


pourcentage. En effet, plus il est faible plus la structure financière est fragile.

28
- Ratio de fonds de roulement

F. R. F
en%
Actif circulant ( hors trésorerie)

Couverture des besoins bruts par des ressources stables

- Ratio du taux d'endettement

Capitaux empruntés
en%
Ressources propres

Capitaux empruntés = comptes d'associés + capitaux empruntés à terme


+ concours bancaires de trésorerie

Ce ratio de solvabilité, traduit le degré de dépendance de l'entreprise vis à vis des


tiers.

- Ratio de capacité de remboursement

Capitaux empruntés à terme


=a
Capacité d'autofinancement

A : c'est le délai théorique minimum de remboursement des capitaux empruntés à


terme en utilisant la capacité d'autofinancement (3 ans en moyen)

- Ratio d'autonomie financière

Capitaux propres
en%
Ressources stables

29
III- ANALYSE DE L’ACTIVITE ET DES PERFORMANCES:

Après avoir essayé de porter un jugement sur l'équilibre des structures financières
de l'entreprise à l'aide de l'analyse fonctionnelle, il faut maintenant s'interroger sur les
résultats engendrés par l'activité de l'entreprise et donc sur sa gestion et sa rentabilité.

Rappelons que le CPC détermine les différents niveaux de résultats de la


manière suivante:
 Résultat d'exploitation = Produits d'expl. -- Charges d'expl.
 Résultat financier = Produits financiers - Charges financières
 Résultat courant = Résultat d'expl. + Résultat financier
 Résultat non courant = Produits non courants - charges non
courantes
 Résultat avant impôts = Résultat courant + Résultat non courant
 Résultat après impôts = Résultat avant impôts - Impôts sur résultats

Le plan comptable marocain propose en même temps une analyse de la formation


du résultat.

3.1. L'Etat des Soldes de Gestion : E.S.G

Nous allons étudier le contenu comptable des soldes de l'E.S.G. ainsi que leurs
intérêts et limites pour l'analyse financière.

 La marge brute sur les ventes en l'état:


C'est la marge commerciale dégagée par les entreprises de négoce ou par les
entreprises industrielles ayant en même temps une activité commerciale.

Marge brute sur ventes en l'état = Ventes de marchandises - Achats revendus de


marchandises

Du point de vue financier, la marge commerciale est le premier indicateur pour


apprécier l'activité de négoce de l'entreprise.
La marge commerciale doit être rapportée au chiffre d'affaires qui mesure l'activité
d'une entreprise pour l'analyse des tendances dans le temps.

30
 La production de l'exercice:

Production de l'exercice = Ventes de biens et services produits


+Variations stocks de produits
+Immob. produites par l'entreprise pour elle-
même

La production donne une image plus fidèle de l'activité réelle de l'entreprise que le
chiffre d'affaires. Elle ne doit pas être utilisée et interprétée sans réflexion du fait elle est
constituée d'éléments très hétérogènes: production vendue évaluée au prix de vente et
production stockée et production immobilisée évaluées au coût de production

 La consommation de l'exercice:
C'est la consommation en provenance des tiers.

Consommation de l'exercice = Achats consommés de matières et


fournitures + Autres charges externes

 La valeur ajoutée:

La valeur ajoutée exprime une création de valeur ou l'accroissement de valeur que


l'entreprise apporte aux biens et services en provenance des tiers dans l'exercice de ses
activités professionnelles courantes. C’est la richesse créée par l’entreprise.

Valeur ajoutée = Marge commerciale + Production - Consommation

Il s'agit d'une valeur ajoutée produite brute, c'est à dire avant consommation du
capital nécessaire à sa réalisation, puisque les dotations aux amortissements ne figurent
pas parmi les consommations soustraites.

La V.A. peut être utilisée pour mesurer le poids économique de l'entreprise, à


savoir sa dimension et sa croissance ainsi que ses structures de production.

La V.A. critère de dimension de l'entreprise:

Le C.A. n'est pas un bon indicateur de la dimension de l'entreprise. Il représente


sa capacité à vendre (une entreprise avec des installations réduites peut réaliser un
C.A. important si elle sous-traite la grande partie de sa production ). Seule la valeur
ajoutée mesure l'apport spécifique à la production qu'elle réalise.

31
On peut calculer le taux de la V.A = [V.A. / C.A.(HT)]x100

La V.A. critère de croissance de l'entreprise:

Le taux de croissance de la V.A. permet de mesurer la croissance réelle (le taux


de croissance du C.A. est souvent trompeur). Encore faut-il utiliser un taux de
croissance corrigé de l'inflation.

La V.A. critère d'intégration de l'entreprise:

Le degré d'intégration de l'entreprise est mesuré par le ratio V.A. / Production.


Plus le ratio est élevé plus l'entreprise est intégrée, c'est à dire qu'elle réalise elle-même
un plus grand nombre de phases de fabrication sans le recours à la sous-traitance.

Plus le degré d'intégration est élevé, plus il faut s'attendre à des B.F.R.E.
importants.
La V.A. et la structure d'exploitation:

La structure d'exploitation de l'entreprise est appréciée par les ratios de


répartition de la valeur ajoutée:
 Charges de personnel / V.A.
 Charges financières / V.A.
 Impôts et taxes / V.A.
 Autofinancement / V.A.

La V.A. et l'utilisation des facteurs de production

L’utilisation des facteurs de production peut être mesurée par les ratios suivants:
 V.A. / Effectifs => rendement de la main d'œuvre
 V.A. / Immob. d'exploitation => rendement de l'équipement
 Capital économique / V.A.
Capital économique = Immob. d'expl. + B.F.R.E
Ce ratio exprime le montant des investissements nécessaires pour obtenir 1 Dh de V.A.

 L'excédent brut d'exploitation: E.B.E.

L'E.B.E. occupe une place centrale dans le tableau de l'E.S.G. II permet l'étude
des autres soldes et aussi de calculer la capacité d'autofinancement.

E.B.E. = V.A. + Subventions d'expl. - Impôts et taxes - Charges de personnel

32
Lorsque ce solde est négatif, il s'agit d'une insuffisance brute d'exploitation.

Pour l'analyse financière l'E.B.E représente un intérêt capital:

- L'E.B.E. mesure la performance économique de l'entreprise. Il est le résultat des


opérations d'exploitation de l'entreprise, c'est à dire des opérations strictement
liées à la production industrielle, à l'activité de négoce et à la prestation de
service de l'entreprise.

Il sera retenu dans le calcul de la rentabilité économique brute et dans le taux de


marge brute d'exploitation:
Rentabilité économique brute = E.B.E. / Capital économique
Taux de marge brute =[ E.B.E. / C.A.(HT)] x 100

- L'E.B.E. est indépendant de la politique financière, au sens large, poursuivie par


l'entreprise.
L'E.B.E. est calculé avant frais financiers, donc indépendant des structures
financement de l'entreprise, c'est à dire de la composition de son passif et
particulièrement du montant de l'endettement.
Les frais financiers sont dépendants de la structure financière de l'entreprise
( Dettes /capitaux propres; Dettes / passif total )

L'E.B.E. est aussi indépendant de la politique des amortissements suivie par


l'entreprise (linéaires; dégressifs)

Enfin, E.B.E. est indépendant des décisions prises concernant la distribution des
bénéfices.

- L'E.B.E. est une source financière fondamentale pour l'entreprise. Il sera utilisé
pour maintenir ou accroître la capacité de production de l'entreprise
(autofinancement), payer les frais financiers, l'impôt sur les résultats, les
dividendes et rembourser les emprunts antérieurs. C'est d'ailleurs à partir de
l'E.B.E. que sera calculée la capacité d'autofinancement de l'entreprise.

 Le résultat d'exploitation:

IL correspond au résultat se rapportant à l'exploitation normale et courante, y


compris les dotations d'exploitation aux amortissements ainsi que leurs reprises.

33
Résultat d'exploitation = E.B.E. + Autres produits d'exploitation
- Autres charges d'exploitation
+Reprises d'exploitation, transferts de charges
- Dotations d'exploitation

Ce solde est considéré comme le revenu, avant impôt, laissé par l'exploitation
courante aux apporteurs de capitaux qu'il s'agisse des fonds propres ou de dettes.
C'est un solde auquel seront particulièrement attentifs les apporteurs de capitaux:
banquiers et actionnaires.

 Le résultat financier:

C'est un résultat qui traduit la politique financière de l'entreprise et le choix de


la structure de financement. Il met en évidence le poids des charges financières et
des produits financiers de l'entreprise.

Résultat financier = Produits financiers – Charges financières

 Le résultat courant:

Résultat courant = Résultat d'exploitation + Résultat financier

C'est un indicateur de l'activité économique et financière de l'entreprise


indépendamment des opérations exceptionnelles ou non courantes. Ce solde
intéressera particulièrement les propriétaires de l'entreprise.

 Le résultat non courant:

Résultat non courant = Produits non courants - Charges non courantes


C'est le produit des opérations exceptionnelles réalisées par l'entreprises.

 Le résultat net de l'exercice:

Résultat net de l'exercice = Résultat courant + Résultat non courant


- impôts sur les résultats

34
3.2. Principaux retraitements des soldes du tableau E.S.G:

Les principales corrections concernent les éléments suivants:

 Redevances de crédit-bail:

Les annuités de crédit-bail sont à extraire des autres charges externes et à


reclasser pour partie dans les charges financières (intérêts du crédit-bail), et pour partie
dans les dotations aux amortissements (part correspondant à l'amortissement du
capital).

 Rémunération du personnel extérieur à l'entreprise:

Ces charges sont à extraire des autres charges externes et à reclasser dans les
charges de personnel, puisque le personnel fait partie du capital humain de l'entreprise.

 Subventions d'exploitation:

En fonction de leur objet, on peut les retraiter de la manière suivante:


- si elles sont accordées pour compenser l'insuffisance des prix de
vente de certains produits d'exploitation, elles doivent être
rattachées à la production.
- si elles sont destinées à faire face à certaines charges d'exploitation,
on pourrait dans ce cas, les déduire des charges d'exploitation
auxquelles elles ont pour objet de faire face

3.3. Le calcul de la capacité d'autofinancement: C.A.F.

L'analyse des différents résultats et leur formation permet de dégager des


concepts utiles à l'analyse financière et donc d’apprécier la gestion de l’activité et les
performances qui en découlent.
La notion de la capacité d'autofinancement est l’indicateur synthétique par excellence de
la performance réalisée durant un exercice.
Elle représente le surplus monétaire dégagé par l'exploitation et qui permet de
mesurer la capacité de l'entreprise à financer sa survie et éventuellement sa croissance
et son développement.
Elle est aussi appelée Marge Brute d'Autofinancement: M.B.A.

35
Deux méthodes de calcul de la C.A.F.:

 La méthode soustractive:

C'est la définition qui nous renseigne sur l'origine de la C.A.F. Celle-ci provienne
du premier revenu dégagé par l'exploitation à savoir l'E.B.E., auquel on rajoute tous les
produits encaissés ou encaissables et on retranche toutes les charges décaissées ou
décaissables.

C.A.F. = E.B.E. + Produits encaissés - Charges décaissées


ou encaissables ou décaissables

Cette méthode soustractive peut être schématisée ainsi:


(-) (+)
Autres charges d'exploitation (décaissées, y
compris dotations relatives aux actifs et E.B.E.
passifs
Chargescirculants et à(ylacompris
financières trésorerie)
dotations Autres produits d'exploitation (encaissés)
la trésorerie)
relatives aux actifs et passifs circulants et à
la trésorerie)
Charges non courantes (y compris dotations Reprises d'exploitation; transferts de charges
relatives aux actifs et passifs circulants et à (sauf reprises sur éléments de l’A.I. et F.P.)
la trésorerie, et sauf VNA des immob.
cédées)
Impôts sur les résultats Produits financiers (y compris reprises
relatives
Produits non courants (y compris reprises
aux actifs et passifs circulants et à la
C.A.F. relatives aux actifs et passifs circulants et à la
trésorerie)
trésorerie, et sauf produits des cessions
d'éléments)
d'actif)

Cette méthode soustractive est assez lourde à utiliser aussi le PCGM lui a
préféré la méthode additive.

36
 La méthode additive:

La méthode du PCGM est une méthode de reconstitution de la C.A.F. à partir


du résultat net de l'exercice. Si cette méthode est simple d'utilisation, on lui reproche
de ne pas démontrer la formation de la C.A.F. et donc sa constitution.

C.A.F = Résultat net de l'exercice + Charges calculées - Reprises et transferts


de charges + V.N.A. des immob. cédées - Produits des cessions
d"immob.

Cette méthode additive peut être schématisée ainsi:


(+) (-)
Résultat net de l'exercice Reprises d'exploitation (2)
Dotations d'exploitation (1) Reprises financières (2)
Dotations financières (1) Reprises non courantes (2)
(y compris reprises sur subventions
d'investissement)
Dotations non courantes (1) Produits des cessions d'immob.
VNA des immob. cédées C.A.F
(1) Sauf dotations relatives aux actifs et passifs circulants et à la trésorerie
(2) Sauf reprises relatives aux actifs et passifs circulants et à la trésorerie
Autofinancement = C.A.F. - Distribution de bénéfices
ou
Marge nette d'autofinancement = M.B.A. - Dividendes

La C.A.F. joue un rôle important dans le diagnostic financier, dans


l'établissement du tableau de financement et dans l'appréciation de la capacité de
remboursement de l'entreprise.

3.4. Résultat, autofinancement et trésorerie d'exploitation:

Les analyses de la capacité à s'autofinancer impliquent à la fois, une étude du


résultat, de l'autofinancement et des flux de liquidité d'exploitation.
Le résultat étant trop "entaché" de fiscalité et de biais comptables, il est dépourvu
de signification économique.

La C.A.F. correspond aux flux de liquidités potentiels. Mais étant sujette aux
fluctuations liées aux pratiques comptables et fiscales et à la politique de financement
de l'entreprise, elle ne constitue pas un indicateur structurel.

En revanche l'E.B.E. constitue une ressource potentille de trésorerie qu'une


entreprise tire de son activité cyclique.

37
l'E.B.E., retraité des décalages entre les engagements et les avoirs d'exploitation
et leurs règlements définitifs, permettrait de connaitre l'excédent de trésorerie
d'exploitation correspondant aux flux de trésorerie générés par l'exploitation.

On peut écrire:
E.T.E = Produits d'expl. encaissés -- Charges d'expl. décaissées
On sait que:
E.B.E = Produits d'exploitation encaissés
+ Produits d'exploitation encaissables
- Charges d’exploitation décaissées
- Charges d'exploitation décaissables
Donc:
E.T.E. = E.B.E. - Produits d'exploitation encaissables
+ Charges d'exploitation décaissables
E.T.E = E.B.E
- ∆ créances d'expl
- ∆ stocks ∆BFRE
+ p dettes d'expl.
E.T.E = E.B.E - ∆ BFRE

3.5. Ratios des performances:

A partir des soldes de l'ESG et du calcul de la CAF, nous pouvons établir les
principaux ratios analysant l'exploitation et la rentabilité de l'entreprise.

3.5.1. Les ratios d'activité:

Ces ratios permettent d'éclairer la réalité économique de l'entreprise. Ils sont


indépendants des problèmes de financement et n'abordent pas les problèmes de
rentabilité. Parmi ces ratios, les plus utilisés concernent les délais moyens ou ratios de
rotation et les ratios de structure économique (voir les ratios de valeur ajoutée ci-
dessus).

Ratios de rotation :
Stock final brut x 360j
Délai de stockage des marchandises =------------------------------------------------------------
Achats de marchandise HT + Variation de stock

38
Stock final brut
ères
Délai de stockage des mat. 1 =------------------------------------- ---------------------- X 360j
Achats de mat. 1èm HT + Variation de stock
Stock final brut
Délai de stockage des produits =--------------------------------------- X 360j
Production vendue HT

Créances clients + EENE


Délai du crédit-clients=-------------------------------------- x 360j
Chiffre d'affaires TTC
Dettes fournisseurs
Délai du crédit - fournisseurs =------------------------------------------------------------ x 360j
Achats TTC + Autres charges externes TTC

Ces ratios de gestion sont des outils précieux pour l'analyse du besoin en fonds
de roulement d'exploitation. Ils permettent d'en suivre l'évolution relative et de faire des
comparaisons sectorielles souvent instructives.

N.B. : L'inverse des rapports ci-dessus exprime le degré de liquidité des stocks,
des clients et des fournisseurs d'où le nom de ratios de "liquidité".

Ratios de rentabilité:

La rentabilité d'une entreprise peut être définie comme son aptitude à sécréter un
résultat pour un montant de capitaux investis. Il s'agit principalement de la
rentabilité économique et de la rentabilité financière.
Mais, compte tenu des différents niveaux de résultats, il existe
différents niveaux de rentabilité appréciés souvent par des ratios de
marges.
 Ratios des marges bénéficiaires:
Taux de marge commerciale = Marge commerciale / Chiffre
d'affaires HT
(ou taux de marge brute)
Ce ratio permet d'apprécier la stratégie commerciale de l'entreprise.
Taux de valeur ajoutée = Valeur ajoutée / Chiffre d'affaires HT
Taux d'E.B.E. = Excédent brut d'expl. / Chiffre d'affaires HT

39
C'est l'aptitude de l'entreprise à dégager des profits. Il mesure la performance de
l'entreprise indépendamment de l'incidence de la politique d'investissement
(amortissements) et de la politique financière (frais financiers)
Taux d'exploitation = Résultat d'exploitation / Chiffre d'affaires HT

Performance de l'entreprise dans le cadre de son exploitation courante en dehors


de la politique financière. Autrement dit, c'est la rentabilité normale dégagée par une
rentabilité financée par les capitaux propres.
Taux de marge nette = Résultat net / Chiffre d'affaires HT

C'est un indicateur de l'aptitude de l'entreprise à réaliser un bénéfice et résister à


la concurrence.
Tous ces ratios qui prennent comme référence le C.A. intéressent plus
particulièrement les gestionnaires de l'entreprise.

Rentabilité économique et rentabilité financière:

Les ratios de rentabilités économique et financière expriment la rentabilité de


l'actif total ou l'ensemble des capitaux engagés, et de ce fait ils attirent l'attention de
l'investisseur.
Un bilan économique simplifié permettra de bien comprendre ces deux ratios de
rentabilité et leur relation. Tout bilan peut se résumer ainsi:

Bilan économique
Actif économique net Passif financier

ACTIF IMMOBILISE CAPITAUX PROPRES


NET CP

BESOIN EN FONDS DETTES FINANCIERES


DE ROULEMENT GLOBALES
(Dettes de financement et
crédits de trésorerie)
DISPONIBILITES D

40
La rentabilité économique:

C'est la rentabilité des capitaux engagés et donc la comparaison des investissements


aux résultats qu'ils génèrent.

Rentabilité économique = Résultat d'exploitation / Actif économique net

Si dans les actifs les immobilisations financières et les valeurs mobilières de


placement sont importantes, on calcule le ratio suivant:
Résultat d'exploitation + Produits financiers
Rentabilité économique globale = ----------------------------------------------------------------------
Actif économique net
Si l'analyste choisit de calculer la rentabilité des actifs bruts:
Rentabilité économique brute = E.B.E. / Actif économique brut

Il est important de noter que la rentabilité économique est l'aboutissement de


l'activité industrielle et commerciale. Elle est donc liée au secteur d'activité et à la qualité
de la gestion. Aussi, conviendra-t-il d'analyser avec précision la part du secteur et de la
gestion dans la rentabilité finale.
Pour y parvenir, on peut décomposer la rentabilité économique comme le produit
de la profitabilité et de la rotation des actifs:

Résultat d'exploitation Résultat d'exploitation Chiffre d'affaires


------------------------------------- = --------------------------------- X --------------------------------
Actif économique net Chiffre d'affaires Actif économique net

Le ratio (Résultat d'expl. / C.A.) est un ratio de profitabilité et indique la part de


résultat dégagée par les ventes. Ce ratio varie beaucoup avec le secteur d'activité.

Le ratio (C.A. / Actif éco. net) est un ratio de rotation des actifs (une productivité).
Il indique l'importance des capitaux nécessaires à la sécrétion du chiffre d'affaires, ou le
nombre de dirhams de chiffre d'affaires dégagé pour 1 dirham investi.

Au total, la décomposition de la rentabilité économique permet de bien


comprendre qu'une activité à faible profitabilité exige une forte rotation et, à l'inverse,
qu'une activité à faible rotation exige une forte profitabilité.

41
La rentabilité financière:

La rentabilité financière ou la rentabilité des capitaux apportés (fonds propres) est


la capacité de l'entreprise à servir un résultat à ses actionnaires. Lorsqu'on parle de
rentabilité en général, on sous-entend rentabilité financière.

Rentabilité financière = Résultat net / Capitaux propres

Rentabilité financière et effet de levier:

Entre le résultat net qui revient aux actionnaires et le résultat d'exploitation fruit du
métier de l'entreprise, intervient le problème du financement externe.
L’ écart entre la rentabilité économique et la rentabilité financière dépend de la
politique d'endettement.
L'incidence réelle des charges financières pour l'entreprise est fonction:
- du coût des dettes financières globales (donc des taux d'intérêt en
vigueur);
- du poids de l'endettement dans les ressources de financement
globales (dettes financières / capitaux propres)
- de la fiscalité (en raison de la déductibilité des charges financières
pour le calcul du résultat imposable).

Le principe de l'effet de levier résulte du simple développement suivant:


Résultat net = Résultat d'expl. + Produits financiers (pFi) - Charges
financières(cFi) - impôt sur les sociétés
Or, Charges financières = iD avec i = taux d'intérêt
D = Dettes financières globales
et Impôt sur sociétés = (Résultat d'expl. + pFi - cFi) x T
avec T = taux dl. S.
D'où Résultat net = (résultat d'expl. + pFi - iD) (1 - T)
Mais, Résultat d'expl. + pFi = Rentabilité économique globale x Actif économique et

Actif économique = Capitaux propres + Dettes financières globales = CP + D


d'où Résultat net =[ Rté éco. globale x(CP + D) - iD] (1 - T)
Résultat net
il vient -------------------------- [Rté éco. globale (1 - T) + (Rté éco. globale - i)D/CP](1 - T)
Capitaux propres
soit:

Rté financière = (Rté éco. globale +(Rté éco. globale - i) D/CP] (1 - T)

42
VI – LES FLUX FINANCIERS : LE TABLEAU DE FINANCEMENT DU PCGM

L’analyse des flux financiers permet de construire des tableaux de flux qui sont
des outils fondamentaux de l’analyse financière. Ceux-ci cherchent avant tout à
exprimer une dynamique et introduire l’évolution dans un diagnostic de la situation
financière qui autrement serait trop statique.

L’analyse en termes de flux est une analyse dynamique qui permettra de décrire
les évolutions entre les états périodiques que sont les bilans successifs, et donc de
présenter un équilibre financier dynamique.

Le C.G.N.C a proposé un cadre d’analyse des flux normalisés par le biais de son
tableau de financement (T.F).

4.1. La structure du T.F. du plan comptable :

Le tableau de financement ou tableau des emplois et ressources de l’exercice, a


pour but de faire apparaître les variations des ressources de financement de l’entreprise
au cours d’un exercice et l’emploi qui en a été fait.

La structure de ce tableau repose sur l’équation fondamentale de la trésorerie


dans l’analyse fonctionnelle :

TN = F.R.F – B.F.R

Qui dans une optique dynamique devient :

∆ TN = ∆ F.R.F - ∆ B.F.R

L’analyse en termes de variations permet de dégager les variations de flux qui se


traduisent par des emplois nets ou des ressources nettes d’où le tableau emplois-
ressources. Les variations de flux entre l’année (N-1) et l’année (N) sont des
mouvements enregistrés en emplois ou en ressources selon le tableau suivant :

Emplois Ressources

Augmentations des postes de l’actif Augmentations des postes du passif

Diminution des postes du passif Diminution des postes de l’actif

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Dans sa présentation du tableau de financement, le plan comptable prévoit le
calcul préalable des agrégats de l’équilibre financier fonctionnel dans un tableau appelé
« synthèse des masses ».

4.1.1 La synthèse des masses :

Le tableau « Synthèse des masses du bilan » n’est qu’un calcul préliminaire à la


présentation à la présentation du tableau emplois – ressources ou tableau de
financement.

Dans ce tableau, la variation de la trésorerie nette entre l’exercice (N) et


l’exercice (N-1) qui se traduit par une ressource nette ou un emploi net, n’est que la
différence entre la variation du fonds de roulement fonctionnel et la variation du besoin
en fonds de roulement (besoin de financement global). Autrement dit, les différentes
variations (∆F.R.F, ∆B.F.R, ∆T.N) sont obtenues à partir des masses du bilan sans
explication de leurs origines, c'est-à-dire sans analyser les mouvements de flux à
l’intérieur de chaque masse.

L’utilité de ce tableau réside dans le fait que l’emploi net issu de la ∆B.F.R calculé
à ce niveau est repris par le tableau emplois – ressources sans qu’il soit analysé.

I. SYHTHESE DES MASSES DU BILAN

Variations (a-b)
a
Exercice Exercice Emplois Ressources
MASSES
a précédent b
1 Financement Permanent
b
2 Actif Immobilisé

3 = Fonds de Roulement Fonctionnel (A) b


4 Actif circulant

5 Passif circulant

6 =Besoin de Financement Global (B)

7 Trésorerie Nette = (A) – (B)

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4.2.1. Le tableau des emplois – ressources :
Le tableau emplois – ressources du plan comptable met l’accent sur l’analyse de
la variation du fonds de roulement fonctionnel en analysant les mouvements qui ont
concernés les ressources stables et leur affectation à des emplois de même nature.
La variation du B.F.R et la variation de la trésorerie nette sont reprise du tableau
« synthèse des masses du bilan » sans aucune explication, ce qui limite la portée du
tableau de financement.
Les ressources stables de l’exercice proviennent :
 De l’autofinancement qui est égal à la différence entre la capacité
d’autofinancement et les dividendes distribués.
 Des cessions et réductions d’immobilisations : il s’agit des prix des cessions
des immobilisations incorporelles, corporelles et financières. Les informations
sont obtenues de l’ETIC et plus particulièrement des tableaux B 2, B2 Bis, B4, B5
et B6.
 De l’augmentation des capitaux propres et capitaux propres assimilés par
apports en numéraires.
 De l’augmentation des dettes de financement obtenue à partir du tableau B7.

Les emplois stables de l’exercice sont :


 Les acquisitions et augmentations d’immobilisations qui constituent les
investissements réalisés durant l’exercice et dont les informations se trouvent
dans les tableaux B2, B4, et B6.
 Les remboursements des capitaux propres, c'est-à-dire la réduction des
capitaux propres.
 Les remboursements des dettes de financement dont les informations figurent
au tableau B7.
 Les emplois en non valeurs figurant au tableau B2.

Le tableau emplois – ressources (TF) du plan comptable marocain est


l’explication de la variation du F.R.F résultant de la confrontation des ressources stables
et des emplois de même nature. Si la différence est positive elle traduit une
augmentation du F.R.F et donc des ressources stables qui seront consacrées aux
besoins de financement générés par l’exploitation. Dans le cas inverse l’insuffisance des
ressources stables pour financer des investissements peut être à l’origine d’une
situation financière déséquilibrée qui se traduirait par une trésorerie négative.

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II. EMPLOIS - RESSOURCES
EXERCICE EXERCICE PRECEDENT

Emplois Ressources Emplois Ressources

I- RESSOURCES STABLES DE L’EXERCICE :

 Autofinancement (A)

- Capacité d’autofinancement

- Distribution de bénéfices

 CESSIONS ET REDUCTIONS
D’IMMOBILISATIONS (B)
- Cessions d’immobilisations incorporelles

- Cessions d’immobilisations corporelles

- Cessions d’immobilisations financières

- Récupérations sur créances immobilisées

 AUGMENTATION DES CAPITAUX


PROPRES ET ASSIMILES (C)
- Augmentation de capital, apports

- Subventions d’investissements
 AUGMENTATION DE DETTES DE
FINANCEMENT (D) (nettes de primes
de remboursement)
TOTAL I – RESSOURCES STABLES (A+B+C+D)

II - EMPLOIS STABLES DE L'E-IŒRCICE (FU X)

 ACQUISITIONS ET
AUGMENTATIONS D’IMMOB. €

- Acquisitions
- d’immob. incorporelles
Acquisitions d’immob. corporelles
- Acquisitions d’immob. financières
- Augmentation des créances immob.
 REMBOURSEMENT DES CAPITAUX
PROPRES (F)

 REMBOURSEMENT DES DETTES DE


FINANCEMENT (G)
 EMPLOIS EN NON VALEURS (H)

TOTAL II – EMPLOIS STABLES (E+F+G+H)

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III- VARIATION DU B.F.R.

IV- VARIATION DE LA TRESORERIE

TOTAL

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ANNEXES ET ETUDES DE CAS

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Etude de cas

La Société LACAZE, crée depuis une quinzaine d'années, fabrique des produits
surgelés et des crèmes glacées. En outre, elle achète et vend en l'état des meubles de
congélation aux distributeurs. Elle regroupe depuis le premier trimestre de l'année N les
activités de deux sociétés, ce qui lui a permis de se développer parallèlement dans
des réseaux commerciaux divers: vente à domicile, secteur de la restauration,
distribution moderne.
Cette opération, appuyée par des programmes industriels importants, devrait
permettre une amélioration des résultats qui ont été peu satisfaisants pour l'année N.

Vous êtes chargé par la direction de porter un jugement sur l'orientation


nouvelle de la société à partir des documents en annexes I à VIII (en milliers de Dh)

Travail demandé:

1. Calculez le FRF, le BFRE, le BFRHE et la TN.


2. Présentez l'ESG et calculez la CAF par les deux méthodes.
3. Calculez la rentabilité économique et la rentabilité
financière, et mettez en évidence l'effet de levier financier.
4. Présentez le tableau de financement du CGNC. Commentez
5. Portez un jugement motivé sur la situation financière de la
société.

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