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EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

UNIVERSITE D’ALGER Résidanat de Biochimie

FACULTE DE MEDECINE Année universitaire 2019/2020

LABORATOIRE DE BIOCHIMIE UV1-Biochimie Clinique

Exploration
fonctionnelle du foie

Dr S.MEHERHERA

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EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Introduction

I. Rappel sur le foie


1. anatomie du foie

2. Histologie

II. Fonctions du foie


1. Fonction d’excrétion Biliaire

2. Fonction métabolique : synthèse, dégradation et stockage

3. Fonction de détoxification et transformation des xénobiotiques

III. EXPLORATION DE LA FONCTION HEPATIQUE

A. Exploration de la fonction excréto-biliaire

1. La bilirubine et pigments biliaires

2. Cholestérol, acides et sels biliaires

3. Les enzymes marqueurs de cholestase

3.1. Phosphatase alcaline

3.2. 5’-nucléotidase (5’-Nuc)

3.3. Gamma Glutamyl Transferase GGT

B. Exploration de la cytolyse hépatique

1. Enzymes hépatocytaires

1.1. Transaminases :
1.2. Lactate DesHydrogenase (LDH)
1.3. Ornithine Carbamoyl Transférase (OCT)

1.4. Autres enzymes

2. Fer sérique et vitamine B12

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C. Exploration des insuffisances hépatocellulaires

1. Défauts des synthèses protéiques

1.1. L’albumine

1.2. Facteurs de la coagulation

2. Fonctions d’épuration plasmatique

2.1. Cholestérol estérifié/cholestérol total (CE/CT)

2.2. Détoxification de l’ammoniac

2.3. Tests d’épuration hépatobiliaire

2.4. Test de détoxification : Test à l’acide hippurique (AH)

D. Exploration du syndrome inflammatoire et de la fibrose


hépatique

1. Le Syndrome inflammatoire

1.1. Electrophorèse des protéines sériques

1.2. Les immunoglobulines

1.3. Dosage des protéines de l’inflammation

2. La Fibrose hépatique

2.1. Marqueurs de la fibrose

2.2. Scores biologiques d’évaluation de la fibrose hépatique

E. Marqueurs d’alcoolisme chronique

IV. PATHOLOGIES HEPATIQUES


A. Classification des ictères
1. Ictère à Bilirubine Non Conjuguée (BNC)

1.1. Ictères hémolytiques

 Hémolyse d’origine intra érythrocytaire


 Hémolyse d’origine extra érythrocytaire
1.2. Ictères hépatocytaires

2. Ictère à bilirubine conjuguée (BC)

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2.1. Maladies héréditaires du métabolisme hépatique de la


bilirubine

2.2. Cholestase

a. Cholestase intrahépatique

 Cholestase intrahépatique sans atteinte des voies biliaires

- Atteinte génétique des transporteurs canaliculaires


- Atteintes acquises des transporteurs canaliculaires :
Inflammation /infection :

1. HEPATITES

2. CIRRHOSE

3. CANCER DU FOIE

 Cholestase intrahépatique avec atteinte des voies biliaires,

1. Cholangite biliaire primitive = Cirrhose biliaire primitive

2. Cholangite immunoallergique

3. Ductopenie idiopathique =Syndrome d’Alagille

4. Syndrome LPAC

5. Mucoviscidose

b. Cholestase extra hépatique

3. Ictère mixte

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INTRODUCTION :
Le foie a de multiples fonctions :

- en premier c’est un lieu de synthèse et de stockage, dont le stockage du


glucose sous forme de glycogène, de synthèse des particules lipoprotéiques,
de protéines dont l’albumine et la plupart des globulines plasmatiques,
d’hormones stéroïdiennes, aussi de stockage de la vitamine A et de certaines
du groupe B.

- En deuxième lieu, le foie présente un rôle d’excrétion biliaire, en produisant la


bilirubine, les pigments biliaires, les acides et sels biliaires et les sécrétant dans
la bile.

- Enfin, le foie détoxifie l’organisme d’un grand nombre de substances


endogènes (NH4+) et exogènes (xénobiotiques).

La biologie tient une place particulièrement l’étude biochimique (par ponction de


sang veineux essentiellement) procure des informations sur les différentes fonctions
du foie.

I. RAPPEL sur le foie :


1. Anatomie du foie :

- le foie est l’organe le plus volumineux du corps humain, ayant un poids de 02 kilos.
- le foie est situé dans la loge sous phrénique droite, il ne ressemble à aucune forme
géométrique
Il est formé de 02 lobes : - droit volumineux
- Gauche plus petit

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- Vascularisation du foie

Sur le plan vasculaire, le foie est irrigué par 02 vaisseaux :


- une veine nutritive : veine porte, elle apporte le sang chargé de nutriments de
l’intestin.
- une artère nourricière : artère hépatique, elle apporte l’oxygène pour la survie du
foie.

Le sang quitte le foie par les veines sus-hépatiques (droite, gauche et sagittale) qui se
jettent immédiatement dans la veine cave hépatique.

2. histologie : le foie est formé de 02 types de cellules :

 HEPATOCYTES : 75٪ des cellules, elles sont nucléés et volumineuses, riches


en glycogène et en lipides.
Leur fonction se résume à l’épuration, siège de nombreuses voies métaboliques
L’hépatocyte possède un pôle vasculaire en rapport avec les capillaires
sinusoïdes, et un pôle biliaire en rapport avec les canalicules biliaires(s/f de
microvillosités)

 CELLULES DES SINUSOIDES : 25 ٪ des cellules, parmi lesquelles :

- Cellules de kupffer (défense) : macrophages tissulaires


- Cellules endothéliales (barrière séparant les hépatocytes du flux sanguin) :
jouent un rôle actif dans le transport vers l’ hépatocyte de certaines substances
(HDL modifiées, glycoprotéines);
- Cellules Ito : impliquées dans le stockage de vitamine A

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II. Fonctions du Foie :

- fonction d’excrétion biliaire


- fonction de synthèse et de stockage
- fonction de détoxification

1. Fonction d’excrétion Biliaire :

Le foie est une glande digestive exocrine par sa sécrétion de bile, acheminée par les
canaux biliaires vers le duodénum.
Le foie synthétise environ un litre de bile par jour, mais sa sécrétion diffère :

→ Entre les repas : le sphincter d’Oddi est fermé et la bile est stockée dans la
vésicule biliaire ayant une contenance de 80 ml
→ Lorsque la nourriture est placée dans la bouche, le sphincter se relâche, et
quand le contenu gastrique pénètre dans le duodénum, la CCK
(CholéCystoKinase : hormone sécrétée par la muqueuse du grêle) déclenche la
contraction de la vésicule biliaire (La cholérèse : sécrétion de la bile).

La bile est un fluide iso-osmotique au plasma, composé d’eau, d’électrolytes, d’acides


biliaires, cholestérol, phospholipides et de bilirubine, de coloration jaune-verdâtre, de
PH basique variant entre 7.6 à 8.6,

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Son rôle dans la digestion se résume :

• La bile neutralise le chyme gastrique acide, grâce à des ions bicarbonates.


• La bile permet la formation de micelles (émulsion) nécessaire à la digestion
des graisses par la lipase pancréatique
• Elle favorise l’absorption des lipides par l'intestin grêle.

 Principaux composants de la bile

• Pigments biliaires (Bilirubine) :


La source principale de bilirubine est la destruction des hématies (au bout de 120
jours de vie pour les GR de l’adulte et de 90 jours pour le NNé) au niveau du SRE de
la rate surtout et du foie : 1g d’hg peut produire 36.2mg de bilirubine
10 à 20% proviennent de deux autres sources :
- Hème érythropeitique des cellules jeunes (érythroblastes+ réticulocytes) et
l’hème non utilisé : détruit au niveau de la moelle osseuse
- Hème non érythropoeitique (myoglobine, systèmes cytochromes, enzymes
hépatique) détruit au niveau du foie et les autres tissus

La production quotidienne de bilirubine est de l’ordre de 250 à 350mg/j

La bilirubine est formée principalement dans la rate, grâce à deux enzymes :


- l'hème oxygénase microsomale qui catalyse une réaction d’oxydation et
transforme l’hème en biliverdine
- la biliverdine réductase cytosolique transforme la biliverdine en bilirubine dite
«libre» «non conjuguée» «indirecte» qui est éjectée dans le plasma

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La bilirubine libérée par le SRE appelée : bilirubine non conjuguée (indirecte) non
filtrable par le rein, est insoluble dans l’eau c’est la raison pour laquelle cette fraction
circule dans le sang liée à l’albumine, acheminée vers le foie, elle sera conjuguée via
une enzyme hépatique : UDP glucuronyl transférase à l’acide glucuronique, ainsi
transformée en bilirubine hydrosoluble appelée bilirubine conjuguée (directe).

Cette bilirubine conjuguée va être acheminée du foie vers la bile à travers les
canalicules biliaires via un transporteur actif (ABCC2= MRP2 multidrug résistance
proteine 2) saturable, compétitif et sélectif prenant en charge les anions organiques
conjugues (comme la bilirubine conjuguée, le glutathion, ou certains acides biliaires
conjugues, mais aussi des xénobiotiques comme la BSP ou certains anticancéreux)

Sachant qu’une petite partie de BD peut refluer dans le plasma car secrétée dans le
sinusoïde par un autre transporteur, ABCC3 et peut se retrouver au niveau urinaire
(la BC est ultrafiltarble)
Elle peut être captée à nouveau par l’hépatocyte, au moyen de transporteurs
polyvalents de nombreux anions organiques OATP1 B1/B3 (organic anion
transporting polypeptide 1 B1 ou B3,)

Figure : Captation et élimination de la bilirubine non conjuguée et de la bilirubine


conjuguée par l’hépatocyte.

La bilirubine déversée vers le duodénum va être dé conjuguée et une partie subit un


cycle entéro-hépatique et une autre partie transformée en urobilinogène puis en
strectobilinogène qui vont être (pour la grande partie) oxydés respectivement en
urobiline (éliminé dans les urines responsable de la coloration) et strecobiline
(éliminé dans les matières fécales responsable de la coloration),

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Métabolisme de la bilirubine

• Sels biliaires (issus du Cholestérol) :

- Le foie synthétise à partir du cholestérol des acides biliaires, qui seront plus ou
moins conjugués à la glycine ou à la taurine, donnant autant de sels biliaires par
salification soit plus de 40 composés (sels biliaires primaires)

- Ils sont éliminés dans la bile par sécrétion d’acides biliaires au pôle biliaire des
hépatocytes par un transporteur nommé ABCB11 ou bile salt export pump
(BSEP).

- Arrivé au niveau intestinal, ils donnent des acides biliaires secondaires ; la plus
grande partie subit un cycle entéro-hépatique (90%) et le reste donne du
coprostérol par dégradation du cholestérol et sera éliminé au niveau des selles

- Rôle :

**Les sels permettent de solubiliser (émulsionner) les graisses au niveau


intestinal facilitant l’action de la lipase pancréatique
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**Les sels biliaires sont des substances osmotiques déversées dans les
canaux biliaires par un transport actif et elles sont responsables de la génération du
flux biliaire

- Une diminution de la sécrétion des acides biliaires entraine une diminution du


flux biliaire ou cholestase

NB :
En cas de cholestase la sécrétion de bilirubine conjuguée peut être maintenue ou
diminué, cela s’explique par le fait que les mécanismes de sécrétion de la BC et de SB
se font par des transporteurs indépendants

Il y a donc deux types de cholestases :


** Cholestase ictérique où il y a diminution de la sécrétion de sels biliaires et de
BC
** Cholestase anictérique où il y a diminution de la sécrétion de sels biliaires
sans diminution de la sécrétion de BC

En cas de cholestase, les sels biliaires vont passer dans le sang et provoquer
l’apparition d’un prurit

Foie
24

24
Sels biliaires primaires
3

Intestin

Sels biliaires secondaires 24

C24 : Glyco- ou tauro-conjugué

Synthèse des acides biliaires

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90 ٪ des sels biliaires sont réabsorbés par l’intestin et regagnent le foie c’est ce qu’on
appelle le cycle entéro-hépatique.

Circulation entéro-hépatique des sels biliaires

Cholestérol
foie

Sels biliaires Iaires


Circulation
vésicule 95% porte
biliaire
5% Circulation
systémique

90%

Sels biliaires Iaires  IIaires SELLES


duodénum intestin

 Les phospholipides biliaires

Principalement de la phosphatidyl-choline (ou lécithine) secrété dans la bile par un


transporteur ABCB4 = MDR3 = multidrug resistance protein3

Les aminophospholipides (phosphatidyl serine et phosphatidyl éthanolamine)


transporté du feuillet interne de la membrane cellulaire vers le feuillet externe par un
transporteur : ATP8B1=familial intrahepatic cholestasis type 1 protein FIC1

2. Fonction métabolique : synthèse, dégradation et stockage :

Particularités au niveau des différents métabolismes :

Glucides Lipides Protéines Stockage

Rôle Anabolique : Anabolique : Anabolique : glycogène


glycogénogenèse Synthèse des AC gras AA, protéines, vitamine A
Néoglycogénése Synthèse des TG, Facteurs vitamine B12
CHOL coagulation, Fer
albumine
Synthèse des
Catabolique : lipoprotéines
Glycogénolyse
Glycolyse Catabolique : Catabolique :
lipolyse protéines,
 Acétyl CoA NH4 urée

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3. Fonction de détoxification et transformation des xénobiotiques :


3.1. Fonction de détoxication
But : obtention de composés plus polaires
 Réaction par modification de structure
- Désamination des acides aminé
L’uréogenèse (cycle de l’urée) qui a pour but l’élimination de l’NH3 toxique, 60% à
90% de l’NH3 de l’organisme est excrété s/ f d’urée, voie strictement hépatique

- Oxydation : exemple de l’oxydation des phénols


- Déshalogénation : exemple de la désiodation de la thyroxine : T4 → T 3

 Réaction de conjugaison
-Glucuronoconjugaison de la BRB
-Conjugaison avec acides aminés : tel que le glycocolle
* avec acide cholique → sels biliaires
* « acide benzoïque → acide hippurique (test de la fonction de
détoxication hépatique).

3.2. Transformation ou métabolisme des xénobiotiques

Xénobiotiques = médicaments, polluants alimentaires ou industriels


(Colorants, insecticides, pesticides, solvants)

Leur transformation implique des réactions d’oxydation par le système des


cytochromes, obtenant des dérivés plus solubles parfois plus toxiques ; exemple :
formaldéhyde et acide formique plus dangereux que le méthanol.

Remarque : chez le fœtus, la capacité de transformation des xénobiotiques est


négligeable de ce fait y a des précautions à prendre chez la femme enceinte prenant
des médicaments.

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III. EXPLORATION DE LA FONCTION HEPATIQUE


Exploration de la fonction excréto-biliaire
Exploration de la cytolyse hépatique
Exploration des insuffisances hépatocellulaires
Exploration du syndrome inflammatoire et de la fibrose hépatique
Marqueurs d’alcoolisme chronique

A. Exploration de la fonction excréto-biliaire :

La cholestase est définie par un défaut de transport des acides biliaires du foie vers
l’intestin. Les tests de cholestase reflètent d’une part les lésions des hépatocytes ou
des cellules épithéliales biliaires induites par l’accumulation des acides biliaires
(enzymes hépatiques) et d’autre part les altérations fonctionnelles de la sécrétion
biliaire (bilirubine, acides biliaires).

1. La bilirubine et pigments biliaires

La bilirubine permet d’évaluer l’intensité de l’ictère. Examen d’urgence en


néonatologie

La bilirubine totale et conjuguée sont dosées, alors que la bilirubine non conjuguée
(libre) est déduite :
Bilirubine libre = bilirubine totale – bilirubine conjuguée

- Dosage :

 Prélèvement

A distance du repas, le Jeun n’est pas obligatoire, Sur tube sec ou avec anticoagulant
(héparine ou EDTA)
Le prélèvement ne doit pas être hémolysé et doit être protégé de la lumière
(photosensible : bilirubine biliverdine)

 Méthodes de dosage :
a. Colorimétrique : Réaction de VAN DEN BERGH
Repose sur le principe de Diazotation : La bilirubine réagit avec les sels se
diazonium (Diazodérivé) pour former un azodérivé coloré

Elle comporte deux étapes :

-Préparation extemporanée du diazodérivé qui correspond à l’acide sulfanilique +


nitrite de sodium en milieu acide fort

- Diazodérivé + bilirubine donne naissance à un azodérivé coloré (intensité


appréciée à 550 nm)

Seule la bilirubine conjuguée est dosée (soluble dans le milieu aqueux)


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La bilirubine totale est obtenue par solubilisation de la bilirubine libre à l’aide


d’adjuvant, on utilise soit :

- Caféine – benzoate → coloration verte (méthode Gendrassik-Grof)


- Diméthylsulfoxyde → coloration violette lue à 555 nm

b. Méthode enzymatique colorimétrique :

Sous l’action de la bilirubine oxydase qui donne la biliverdine.

Bilirubine + O2 Biliverdine + H2O


La réaction finale est la conversion de la biliverdine en divers composés violets (467-
550 nm

La bilirubine est quantifiée comme étant la différence d’absorbance :

L’absorbance initiale de cette réaction en point final est déterminée à partir de blanc
de bilirubine et l’absorbance finale est obtenue à partir de l’essai de bilirubine. La
quantité de bilirubine dans l’échantillon est proportionnelle à la différence entre les
mesures de l’absorbance initiale et final

Avantage : Méthode plus spécifique

c. La chromatographie liquide haute pression HPLC

Est la méthode de référence mais elle n’est pas utilisée en routine à cause de son
coût élevé

d. Bilirubinométrie transcutanée
Nouvelle méthode d’appréciation de la bilirubinémie dont le principe est la
spectrophotométrie = émission de lumière, analyse de la lumière réfléchie dans les
longueurs d’onde d’absorption de la bilirubine
Elle présente l’avantage d’être non invasive (pas de ponction veineuse) mais ne
remplace pas le dosage sérique

Valeurs usuelles :

BRB TOT ≤ 10 mg /l ; BRB conj ≤2 mg /l ; BRB libre ≤ 8 mg /l

***Pigments biliaires :

Dans les urines, on trouve de l’urobiline et un peu d’urobilinogène et de bilirubine


non conjuguée (à partir de la forme libre), celle étant liée à l’albumine n’étant pas
ultra-filtrable

On peut rechercher ou doser les pigments biliaires fécaux et urinaires, constitués


essentiellement de stercobilinogène et d’urobiline ; généralement on se contente
d’une simple recherche à la bandelette (type Multistix®).
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2. Cholestérol, acides et sels biliaires

On peut rechercher la présence de sels biliaires dans les urines en les plaçant dans un
verre à pied et déposant de la « fleur de soufre » à la surface : si les sels sont présents
exerçant un effet tensioactif, le soufre sédimente au fond du verre.

Dans certains cas, on aura recours à la chromatographie gazeuse couplée à la


spectrométrie de masse (CPG-MS) pour les séparer et les identifier.

Le dosage des acides biliaires totaux est utile chez l’enfant et les femmes enceintes ; il
est plus sensible que le dosage des bilirubines.

Valeurs plasmatiques usuelles : Cholestérol (sérum) : 1.5-2g/l (3.85-5.14 mmoles/L)

Acides biliaires totaux (sérum) < 10 μmoles/L

3. Les enzymes marqueurs de cholestase

Les enzymes de la membrane plasmique des hépatocytes et des cellules bordant


l’arbre biliaire peuvent passer en phase soluble, enzymes qui sont normalement
éliminées dans la bile.

En cas de cholestase, on les retrouve en excès dans le plasma sanguin, montrant des
dommages cellulaires ou des altérations fonctionnelles de la sécrétion biliaire.

- Prélèvement : Tube sec ou héparine à distance du repas.

3.1. Phosphatase alcaline

- La PAL est une enzyme qui se situe au niveau des villosités canaliculaires, libérée
lors d’atteinte des voies biliaires intra ou extra hépatiques ou maladies infiltratives.

- Cette enzyme catalyse la libération d’un phosphate inorganique à partir d’esters


phosphate à ph alcalin

- Permet de confirmer une cholestase =diminution du débit biliaire soit intra ou extra
hépatique.

- Il s’agit de tout un groupe d’estérases que l’on peut doser dans leur ensemble en
utilisant un substrat synthétique

- Dosage :

Le choix de la technique de dosage est basé sur le choix du tampon, du substrat et de


la température :

 Substrat : chromogène paranitrophénylphosphate (PNPP)

 Tampon :
- amino-2 méthyl-2 propanol (AMP) technique de la SFBC (société française de
biologie clinique)
- Diéthanolamine (DEA) technique DGKC

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 Température : 37 °c

En présence de tampon et de MG++, la PAL hydrolyse le PNPP en PNP


(paranitrophénol), dont l’intensité de la coloration est lue à 405 nm.

PAL
ParaNitroPhénylPhosphate + H2O ParaNitroPhénol + Phosphate
PH=8.6
pH=10.8

Paranitrophénate
jaune

L’activité enzymatique est calculée selon la formule :

UI/l = (Δ DO/Δt) x (V/v.l.ε ) x 106

t : le temps de la mesure,

v : le volume d’échantillon, V le volume de la mesure,

l : la longueur de la cuve de mesure

ε : le coefficient d’extinction molaire du paranitrophénate (PNP).

- Les valeurs usuelles : varient en fonction de l’âge et de la technique :

SFBC DGKC

Enfant < 375 UI /L < 645 UI /L

Adulte < 125 UI /L < 275 UI /L

En réalité, cette enzyme fait partie d’une grande famille : hépatique, osseuse,
intestinale, placentaire

Ces iso enzymes de la PAL sont séparées par électrophorèse sur gel d’acétate de
cellulose ou actuellement sur gel d’agarose

Normalement on ne voit que deux iso-PAL, la forme hépatique et la forme osseuse


plus rapide sur le gel, et d’intensités quasiment égales.

En cas de cholestase, c’est la forme hépatique qui prédomine (Les PAL seraient
surexprimés dans la membrane plasmique sinusoïdale et canaliculaire des
hépatocytes suite à l’accumulation des acides biliaires. Normalement, les PAL
assurent la détoxication des endotoxines)

D’autres formes de PAL (ou iso-enzymes) peuvent être révélées dont des intestinales.

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Au cours de la grossesse vont apparaître des formes placentaires (P1 et P2) ; c’est
donc un examen utile en cas de prurit chez la femme enceinte, qui peut être d’origine
cholestatique.

Parfois une fraction anormale se rajoute, souvent un néo-antigène d’origine


tumorale.

Les valeurs observées dans le tableau sont élevées chez les enfants en raison de la
croissance osseuse (PAL osseuses), ainsi que chez la femme enceinte à cause de la
fraction placentaire.

3.2. 5’-nucléotidase (5’-Nuc) :

- Il s’agit d’une PAL spécifique de mononucléotides ;

- Elle est mesurée conjointement aux PAL sur AMP (adénosine-monophosphate)


en présence de manganèse (Mn2+) qui les active ; on refait la mesure en ajoutant
du nickel (Ni2+) qui inhibe seulement la 5’-nucléotidase.

- L’activité de la 5’-nucléotidase correspond à la différence entre les deux mesures

valeurs de références : 5’-Nuc < 17 U/L .

Elle est plus spécifique du foie que les PAL totales, très utile chez l’enfant et la
femme enceinte.

3.3. Gamma Glutamyl Transferase : GGT

- C’est une transférase à activité trans-glutaminase de la membrane hépatocytaire


et des cellules de l’arbre biliaire.

- La part la plus importante de la GGT du plasma vient du foie, mais pancréas et


intestin en produisent aussi.

- Elle est ultra-filtrable par le glomérule rénal et est partiellement réabsorbée au


niveau tubulaire ; on peut donc en mesurer dans les urines, mais plutôt pour
juger de l’état fonctionnel des tubules rénaux.

- Le principe de dosage :

Δ-L- glutamyl-paranitro-anilide + glycyl-glycine → δ glutamyl glycyl-glycine +


paranitroaniline
37 °c ; PH = 8.25

La Vitesse de formation de la paranitroaniline (jaune) à 405 nm est proportionnelle à


l’activité de la GGT

- Valeurs physiologiques : GGT < 45 (homme) et < 32 (femme) U/L


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- Elle augmente au cours des cholestases (5 à 30 Normale), la cytolyse hépatique,


cancer hépatocellulaire (marqueur tumoral ?), de la stéatose hépatique
- Elle augmente aussi dans de nombreuses affections extra-hépatiques, telles les :
atteintes pancréatiques, diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale

- subit des inductions enzymatiques par la carbamazépine, la phénytoïne, les


antidépresseurs tricycliques, les hypnotiques, la pilule œstroprogestative et bien
sûr l’alcool (le taux élevé isolement révèle un alcoolisme chronique).

- En cas de cholestase, on va voir augmenter conjointement et presque en même


temps la bilirubine conjuguée, les PAL et la GGT. L’augmentation de la GGT est
plus précoce que celle des PAL et plus spécifique du foie et des voies biliaires.

Diagnostic étiologique des cholestases

α1-AT : alpha-1 antitrypsine

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EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

B. Exploration de la cytolyse hépatique :

La cytolyse hépatique résulte de la rupture de la membrane plasmique des


hépatocytes essentiellement avec déversement de leur contenu cytosolique vers le
milieu extracellulaire puis le plasma sanguin.
On retrouvera des enzymes du cytosol normalement responsables de la régulation
des métabolismes, et des molécules stockées dans les hépatocytes comme le fer et des
vitamines

1. Enzymes hépatocytaires

1.1. Transaminases :

Les transaminases sont des enzymes intra hépatiques de ce fait elles permettent
l’évaluation de la lyse hépatique (destruction du parenchyme).
Les deux transaminases, ASAT ou TGO ou SGOT, et ALAT ou TGP ou SGPT, sont
les deux examens biochimiques les plus demandés montrant leur grande utilité.
Elles assurent la catalyse du transfert d’un groupement aminé (NH2) :

Ac. aspartique ASAT =TGO Ac. glutamique


+ +
Ac. α - cétoglutarique Ac. oxaloacétique
(AOA)
-
Alanine ALAT = TGP Ac.glutamique
+ +
Ac. α - cétoglutarique Ac. Pyruvique

- Les méthodes de dosage :

 Prélèvement
Sang veineux prélevé sur tube sec ou avec héparine, à distance du repas
Éviter le sérum hémolysé car les globules rouges ont :
Activité ASAT 15 fois celle du sérum
« ALAT 7 « « « «

 Techniques colorimétriques

Basées sur la formation des 2,4 dinitro-phénylhydrazones des ac.αcétoniques


(AOA, ac pyruvique)

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EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

 Techniques spectrophotométriques dans l'UV

*ASAT : réaction à pH = 7,4

AOA MDH (PLP) Ac. Malique

NADH2 NAD

*ALAT : réaction à pH = 7,2

Ac. Pyruvique LDH (PLP) Ac. Lactique

NADH2 NAD

Consommation de NADH2 : on suit la diminution de l’absorbance à 340 nm

PLP = pyridoxal phosphate = (Vitamine B 6)

Valeurs usuelles avec PLP (37° C) (IFCC) :

ASAT ALAT

Homme ≤ 50 ≤ 50

Femme ≤ 35 ≤ 35

L’ALAT est plus spécifique du foie, bien que les deux transaminases soient
fortement ubiquitaires

- ALAT est retrouvé au niveau du foie, rein, muscle cardiaque, muscles


squelettiques, pancréas, rate.

- ASAT est retrouvée au niveau du muscle cardiaque, foie, muscles squelettiques,


rein, pancréas, poumons

- Leurs activités augmentent dans les cytolyses hépatique, cardiaque,


musculaire et rénale.

- Le rapport ASAT/ALAT est normalement compris entre 1,3 et 1,6 et est


généralement maintenu dans leurs élévations.
- Leur retour à la normale signe la guérison, une nouvelle augmentation une
rechute et un maintien élevé montre le passage à la chronicité d’une hépatite.
Les transaminases ont une bonne sensibilité : une transaminase un peu élevée signe
toujours quelque chose d’anormal.
La spécificité pour le foie devient excellente au-delà de leur augmentation par un
facteur 10, soit 300 à 400 UI/l

21
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

1.2. Lactate DesHydrogenase (LDH)

La LDH est ubiquitaire, donc son élévation n’est pas spécifique d’une atteinte du
foie, par contre elle est précoce ce qui en fait un marqueur sensible.

- Activité totale non demandée en hépatologie

- 5 types d’isoenzymes séparés par électrophorèse sur gel d’agarose dont LDH 1
de migration anodique et LDH5 de migration cathodique :

LDH-1 (4H) - principalement dans le cœur


LDH-2 (3H1M) - principalement dans le système réticulo-endothélial
LDH-3 (2H2M) - principalement dans les poumons
LDH-4 (1H3M) - principalement dans les reins
LDH-5 (4M) - principalement dans le foie et les muscles striés

- Méthode de dosage de la LDH :


Pyruvate + NADH,H+ ↔ Lactate + NAD
pH= 7.2
Suivre la disparition de NADH à 340 nm
- Valeurs physiologiques à 37°c : 240 - 480 UI /l
1.3. Ornithine Carbamoyl Transférase (OCT)

Enzyme de l’uréogenèse, très spécifique du foie mais son dosage pose des
contraintes techniques.

1.4. Autres enzymes

De nombreuses autres enzymes marqueurs ont été proposées puis renvoyées aux
oubliettes comme la glutamate-déshydrogénase (GLDH), l’aldolase B, et l’α-GST
(glutathion-S-transférase), leur supériorité en sensibilité et spécificité n’ayant pas été
démontrée

2. Fer sérique et vitamine B12

Le fer est stocké dans le foie sous forme de ferritine,

Si cytolyse hépatique :

- Une hypersidérémie (élévation du fer sérique)

- Une diminution de la transferrine basse,

- Le coefficient de saturation très élevé.

La vitamine B12 est elle aussi stockée dans le foie, elle est libérée dans le plasma au
cours des hépatites et des hépato-carcinomes.

22
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Arbre décisionnel devant une élévation de l’ALAT

C. Exploration des insuffisances hépatocellulaire


1. Défauts des synthèses protéiques

1.1. L’albumine

- C’est une des protéines synthétisées par le foie, elle est dosée par différentes
méthodes (colorimétrique, néphélémétrique…) généralement grâce à la
méthode de BCG (vert de bromocrésol)
Valeurs physiologiques : 35 – 50 g/l
- Sa diminution est due à différents processus tels les augmentations de pertes
(protéinurie pathologique, brulures) mais aussi au cours de diminution de
synthèse hépatique observée lors d’insuffisance hépato- cellulaire

- L’hypo-albuminémie va être à l’origine d’un hyperaldostéronisme


secondaire avec hyperhydratation extracellulaire par formation d’œdèmes et
épanchement d’ascite car la baisse d’albuminémie crée une baisse de la
pression oncotique, qui dans certains secteurs vasculaires va se trouver
inférieure à la pression hydrostatique (exercée par le cœur) créant une fuite
liquidienne dans le secteur tissulaire et interstitiel. Cette fuite va entraîner une

23
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

hypovolémie qui va être ressentie par le système juxta-glomérulaire rénal et


active le système rénine angiotensine aldostérone
La formation d’ascite se produira en cas d’hypertension portale, comme on en
voit fréquemment dans la cirrhose

1.2. Facteurs de la coagulation

- Sont de synthèse hépatique : les facteurs vitamine K dépendants (facteur II


ou prothrombine, facteur VII ou pro-convertine, facteur X ou facteur Stuart), le
facteur V ou pro-accélérine (un facteur non vitamine K dépendant), le facteur
IX ou facteur anti-hémophilique B, et plus tardivement le fibrinogène. On dit
aussi qu’est de synthèse hépatique la fraction PPSB + facteur V.
- Le temps de Quick (TQ ou improprement taux de prothrombine), explore
l’ensemble des facteurs hépatiques vitamine K dépendants formant la voie
extrinsèque.
- Leur défaut de synthèse va se traduire par TQ allongé (et un taux de
prothrombine bas< 70%), comme chez un patient sous anti-vitamine K (utilisé
dans la prévention d’accidents thromboemboliques) ou en cas d’avitaminose K
nutritionnelle,
- La diminution du facteur V est plus spécifique d’une atteinte hépatique et
est de mauvais pronostic.

IHC Cholestase
TP Bas Bas
Facteur V Bas Normal

Si TP Bas : Pour trancher entre les deux mécanismes pathogéniques :


Test de KOLLER: injection soit de 80 mg de vit K IV ou 40 mg IM pendant 3 à 5
jours, puis mesure du TP au 3ème ou 5ème jour.
• Si les Taux restent bas IHC.
• Si les Taux se corrigent  cholestase ou mal absorption

- La diminution du fibrinogène est plus tardive et moins spécifique (la


fibrinolyse le consomme et l’inflammation le fait augmenter)
Dosage est basé sur le principe :

Fibrinogène → fibrine
Thrombine+ calcium

Valeurs physiologiques : 2 – 4 g/l

- La baisse du facteur IX et du fibrinogène pourrait favoriser la survenue


d’hémorragies des varices œsophagiennes ou gastriques, créées par

24
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

l’hypertension portale, phénomènes fréquents au cours de l’évolution des


cirrhoses.

2. Fonctions d’épuration plasmatique

Il s’agit de la mesure du taux d’estérification du cholestérol et de la réalisation de


tests d’épuration hépatique.

2.1. Cholestérol estérifié/cholestérol total (CE/CT)

- Normalement 65 à 80 % du cholestérol sont estérifiés au niveau du foie

- On peut doser séparément ces deux formes du cholestérol avec et sans


estérase avant de faire agir la cholestérol-oxydase.

- Le rapport CE/CT chute rapidement par défaut d’estérification hépatique,


tant que la diminution de la synthèse du cholestérol n’est pas trop importante ;
elle est généralement plus tardive que le défaut d’estérification qui montre que
le foie souffre déjà

2.2. Détoxification de l’ammoniac

C’est une des fonctions essentielles du foie en :

- Eliminant l’ion ammonium (NH4+) en le transférant sur le glutamate pour


produire de la glutamine (réaction catalysée par la glutamine-synthétase). La
glutamine gagne le rein ou elle va subir l’action inverse (catalysée par la
glutaminase), permettant de récupérer du glutamate et produire l’ion
ammonium éliminé au niveau tubulaire sous forme NH4+.

- Le foie est aussi le site exclusif du cycle de l’urée qui est la principale voie
d’élimination de l’ammoniac toxique

À concentration trop élevée dans le plasma, l’ion ammonium devient toxique pour le
système nerveux.

Dans l’insuffisance hépatique, on surveillera l’ammoniémie normalement < 40


μmoles/L (homme et femme). L’hyperammoniémie entraîne un coma, appelé coma
hépatique.

Méthode de dosage de l’ammoniac :- Colorimétrique : Réaction de Berthelot


- Enzymatique en UV :

25
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

On suit la diminution de l’absorbance à 340 nm (consommation du NADH,H+)

2.3. Tests d’épuration hépatobiliaire

Il s’agit de calculer la clearance relative (k) d’une substance = fraction du volume


plasmatique total épuré par unité de temps.

Après injection IV de la substance considérée, on distingue :

- une étape de diffusion de quelques minutes

- une étape d’épuration durant laquelle la concentration e la substance diminue de


manière exponentielle selon la relation :

Ct = Co e –kt → Log Ct = Log C0 – kt

Ct = concentration plasmatique de la substance au tps t


Co = concentration plasmatique de la substance au tps o
K = clearance relative
T = tps
E = base des log népériens

Log Ct
1 = sujet sain

2 = sujet avec obstruction

3 = sujet cirrhotique

T (min)
 Test à la BSP
En pratique on administre la solution de BSP bromosulfone phtaléine à une dose
rapportée au poids corporel ( 5 mg /kg de poids) ,puis on effectue des prélèvements
à des temps précis.

26
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

La disparition de la BSP = conséquence de sa fixation par les hépatocytes, suivie par


son élimination par voie biliaire.
Valeurs normales de K = 12 - 18 %
- K diminue en cas d’atteinte hépatique
- présence de 02 pentes (k1 et k2) correspond à un trouble de l’élimination.

Ce test est très sensible mais peu spécifique, surtout sans aucun intérêt diagnostic
étiologique.
Peu utilisé à cause d’une utilité contestable, d’une dangerosité peu acceptable et
d’une difficulté de réalisation certaine

 L’épreuve au vert d’indocyanine (ICG pour IndoCyanin


Green)
L’ICG est un Colorant soluble dans l’eau, non toxique.Plus facile à réaliser et plus
complet car on voit deux pentes :
- Le premier représentant la capture du colorant
- la deuxième son excrétion dans la bile ;

Valeurs normales de K= > 18%-24% per minute

C’est un test métabolique hépatocellulaire donnant une idée de la masse


hépatocytaire fonctionnelle.
Il a longtemps servi dans les bilans pré-transplantation et pour vérifier les fonctions
d’épuration du greffon après transplantation.

2.4. Test de détoxification : Test à l’acide hippurique (AH)

Administration par IV de benzoate de sodium, puis doser l’acide hippurique une


heure après dans les urines.
Administration du benzoate de sodium par voie orale, puis réaliser le dosage de
l’acide hippurique 4 heures après au niveau urinaire.

Chez le sujet normal on retrouve au moins 50% du benzoate de sodium sous forme
d’acide hippurique dans les urines.
L’acide hippurique retrouvé dans les urines est inférieur à 50% du benzoate de
sodium en cas d’insuffisance hépatique (cirrhose et hépatite).
27
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

D. Exploration du syndrome inflammatoire et de la fibrose


hépatique
1. Le Syndrome inflammatoire

1.1. Electrophorèse des protéines sériques :

Les différentes protéines plasmatiques sont synthétisées par le foie, de ce fait tout
processus pathologique intra-hépatique génère un profil protéique particulier.

Exemple : cirrhose décompensée du foie (œdèmo-ascitique) → bloc βδ avec albumine


basse

Hépatite chronique →δ globulines élevées et albumine basse

1.2. Les immunoglobulines

Leur dosage immunoturbidimétrique est nécessaire dans l’exploration des affections


hépato-biliaires :

- ↗ IgM dans la cirrhose biliaire primitive


- ↗ IgG dans l’hépatite chronique active
- ↗ IgA dans la cirrhose alcoolique

1.3. Dosage des protéines de l’inflammation

Beaucoup de maladies du foie s’accompagnent d’une réaction inflammatoire aiguë


ou subaiguë avec élévation de la vitesse de sédimentation (VS), et des protéines de
l’inflammation qu’on les dose individuellement
Orosomucoide, α1antitrypsine (α1 globulines)
Haptoglobine, α2macroglobuline (α2 globulines)
Fractions du complément (c3 et c4)

2. La Fibrose hépatique

La fibrose hépatique se manifeste par des dépôts liés à un excès de synthèse de


produits fibreux et/ou à un défaut de leur destruction avec remodelage de la matrice
extracellulaire
La ponction biopsie hépatique est la référence pour poser de diagnostic et classer la
fibrose hépatique
Elle permet d’individualiser 5 stades de la fibrose (F1 à F5), le stade F4 correspondant
à la cirrhose et le stade F5 au cancer hépatocellulaire

2.1. Marqueurs de la fibrose


- l’acide hyaluronique (HA) : un polymère de glycosaminoglycanes produit
par les cellules étoilées du foie et important constituant de la MEC

Dosage : par méthode immunoenzymatique ou immunonéphélométrique

28
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Les taux sériques d’HA sont corrélés à la sévérité de la fibrose dans l’hépatite virale
chronique et l’hépatopathie chronique liée à l’alcool, avec une capacité importante à
discriminer les stades F0/F1 des stades F2/F3/F4
Dans les autres étiologies de maladies chroniques du foie, l’ HA est un bon
indicateur de présence d’une fibrose mais n’est pas corrélé à sa sévérité

- Le peptide amino-terminal du procollagène III (PIII-NP) : un marqueur


associé aux dépôts de collagène et bien que son taux soit augmenté dans les
maladies hépatiques aiguës et chroniques, il est assez peu corrélé à la sévérité
de la fibrose

- Autres marqueurs : le collagène de type IV, la laminine, les


métalloprotéinases (MMP-1, MMP-2) ou encore les inhibiteurs tissulaires des
métalloprotéinases (TIMPs)

Mais ils ne sont pas spécifiques de la fibrose du foie ; ils peuvent aussi augmenter
au cours des fibroses pulmonaires, artérielles ou cutanées comme la sclérodermie

2.2. Scores biologiques d’évaluation de la fibrose hépatique

Les scores combinant plusieurs variables possèdent des performances meilleures que
les paramètres isolés pour l’estimation de la fibrose, et notamment pour les stades
intermédiaires.

Comparés aux méthodes d’imagerie pour la mesure de l’élasticité du tissu hépatique,


ils présentent l’avantage d’être moins onéreux car ne requièrent pas de dispositif
spécifique, ainsi qu’une plus grande faisabilité.

Plusieurs scores existent dont certains sont des formules brevetées, incluant un
algorithme protégé

- Fibrotest** : α2-MG, γ-GT, ApoA1, Hpt, BT, âge et sexe


- ELF** : HA, MMP-3 et TIMP-1
- Hepascore**BT, γ-GT, HA, α2-MG, âge et sexe
- Fibromètre** α2-MG, PLQ, TP, ASAT, ALAT, HA, urée, BT, γ-GT, âge et
sexe

α2-mg : α2-macroglobuline ; apoa1 : apolipoprotéine a1 ; asat : aspartate amino-


transférase ; alat : alanine amino-transférase ; bt : bilirubine totale ; γ-gt : γ-glutamyl-
transférase ; ha : acide hyaluronique ; mmp-3 : métallo-protéase 3 ; plq : taux de
plaquettes ; timp-1 : inhibiteur tissulaire des métallo-protéases type 1 ; tp : taux de
prothrombine.

29
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Facteurs confondant les scores :

- L’hémolyse qui induit une diminution de l’haptoglobine et influence les


résultats du Fibrotest®,
- l’hypertransaminémie liée à une hépatite aiguë qui influence les résultats du
score du Fibromètre®.
- La thrombopénie ou de l’hyperbilirubinémie liées à la physiopathologie ou
au traitement du VIH et qui peuvent influencer les valeurs des tests chez les
patients bi-contaminés VIH-VHC

E. Marqueurs de l’alcoolisme chronique

- Il s’agit des classiques VGM (macrocytose) et GGT

- Test CDT (« Carbohydrate Deficiency Transferrin ») ou transferrine


désialylée : la transferrine contient des résidus d’acide sialique greffés par des
sialyltransférases (jusqu’à 8 résidus par protéine)
Au niveau hépatique : l’alcool agit par : diminution de l’activité des Désialylation
de la
sialyl transférases transferrine

augmente activité de sialidases

IV. PATHOLOGIES HEPATIQUES


A. Classification des ictères

L’ictère se définit comme un symptôme et non une pathologie propre, il s’agit de la


coloration jaunâtre des téguments (peau, muqueuses).
- Ictère à bilirubine non conjuguée
- Ictère à bilirubine conjuguée
- Ictère mixte

1. Ictère à Bilirubine Non Conjuguée (BNC)

C’est-à-dire que la BNC représente plus de 80 % de la bilirubine totale

1.1. Ictères hémolytiques

Sont essentiellement hématologiques donc pré-hépatiques avec une hyer hémolyse


(dépassement des capacités de conjugaison de la bilirubine libre issue de la
dégradation de l’hème du GR) dont les étiologies sont multiples

30
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

 Hémolyse d’origine intra érythrocytaire

1. Maladie de Minkowski-Chauffard ou sphérocytose héréditaire :


Anémie hémolytique par anomalie membranaire du GR.

2. Hémoglobinopathie :
Thalassémies = défaut de synthèse des chaines de globine (α, β)
Drépanocytose = défaut qualitatif de l’hémoglobine (Hb s)

3. Enzymopathie du GR :
- Déficit en glucose 6 phosphate déshydrogénase(G6PD) : enzyme
globulaire de la voie des pentoses phosphate, à transmission lié à X
- Déficit en pyruvate kinase : enzyme globulaire de la glycolyse,
transmission autosomale récessive.

 Hémolyse d’origine extra érythrocytaire

1. Ictère hémolytique néonatal :


- infection néonatale (CRP élevée)
- incompatibilité fœto-maternelle (système ABO/système Rh) responsable de la
plupart des ictères hémolytiques du nouveau-né
2. Céphalohématome :
Traumatisme crânien

3. Ictère hémolytique chez l’adulte :


Infections/ Auto-immune /médicamenteuse/intoxication aux oxydants

Tableau biologique des ictères hémolytiques :


BRB libre ↗↗↗
BRB conj ↗
Augmentation de l’urobiline et strecobiline (urines et selles
fonçées)
Bilan de cholestase est normal
Bilan de cytolyse normal
Hyperkaliémie
LDH élevée
Haptoglobine basse

1.2. Ictères hépatocytaires

- déficit transitoire de l’UDP-glucuronyl transférase


Ictère physiologique du nouveau né ( 2 éme – 5 éme jour)

- inhibition de l’UDP glucuronyl transférase


Soit due au lait maternel (prégnane) ou la novobiocine (antibiotique)

31
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

- anomalie génétique de l’UDP glucuronyl transférase = syndrome de


Crigler – Najjar
Il s’agit d’une pathologie rare,il en existe 02 types
Type 1 Type 2

Déficit de l’enzyme Total partiel

Début de l’ictère A la naissance De la naissance à l’âge de 10


ans
Risque d’ictère nucléaire Oui Non

Transmission Autosomique récessive Autosomique récessive ou


autosomique dominante
Complications Neurologiques +++ Neurologiques +

Traitement Photothérapie 10h -12h phénobarbital


par jour jusqu’à une
éventuelle transplantation
hépatique

Remarque :

L’ictère nucléaire décrit les changements neuropathologiques (Encéphalopathies) qui


découlent de dépôts de bilirubine non conjuguée dans les noyaux cérébraux

Si taux de bilirubine >340µmol/l (200mg/l) risque de faire un ictère nucléaire

Le mécanisme d'action de la photothérapie imparfaitement connu aboutit à la


formation de photo-isomères de la bilirubine, plus hydrosolubles et par conséquent
plus facilement éliminés.

- Hypothyroïdie congénitale
Pathologie due au défaut de synthèse des hormones thyroïdiennes (hormones du
métabolisme intermédiaire), au cours de cette anomalie il y a une diminution de la
capacité de conjugaison de la bilirubine.

- La maladie de Gilbert
Ce syndrome est une affection totalement bénigne et très fréquente (3 à 10 % de la
population), Il doit être considéré comme un polymorphisme non pathogène.

Tableau biologique des ictères hépatocytaires :


Bil libre ↗↗↗
Bil conj ↘
strecobilinogéne ↘ (selles décolorées)
Bilan de cholestase est normal
Bilan de cytolyse normal, Bilan d’hémolyse normal

32
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

2. Ictère à bilirubine conjuguée (BC)

C’est-à-dire qu’elle représente plus de 80 % de la bilirubine totale

On retrouve dans les ictères à BC différents mécanismes physiopathologiques, à


savoir :

- Maladies héréditaires du métabolisme hépatique de la bilirubine

- Cholestase : intrahépatique et extra hépatique

2.1. Maladies héréditaires du métabolisme hépatique de la


bilirubine

Sont très rares et A transmission autosomique récessive

Entrainant des anomalies du métabolisme de la bilirubine par défaut d’excrétion de


la BRB conjuguée dans les canaux biliaires

- syndrome de Dubin-Johnson :
Ictère de la petite enfance (5 premières années), l’ictère repose sur le défaut
d’excrétion de la BRB conjuguée dans la bile par mutations inactivant le gène
d’ABCC2 (transporteur canaliculaire de la bilirubine)
Caractérisé par une augmentation isolée de la bilirubinémie conjuguée.

- syndrome de Rotor :
Anomalie très rare caractérisé par un ictère plus précoce que le précédent. Due à des
mutations inactivant OATP1 B1/B3.
Il est caractérisé par une augmentation sérique à la fois de la bilirubine conjuguée et
de la bilirubine non conjuguée

TABLEAU BIOLOGIQUE
Bil conj ↗↗↗
Bil libre ↗
Bilirubinurie positive
Epreuve BSP anormale
Les enzymes hépatiques normales (ASAT, ALAT, PAL, GGT)

NB : Toutes les mutations affectant directement le métabolisme de la bilirubine mais


non le métabolisme des acides biliaires ne déterminent pas de cholestase

2.2. Cholestase

a. Cholestase intrahépatique

C’est une diminution du débit sécrétoire du liquide biliaire à l’intérieur des voies
biliaires intra hépatique.
33
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Le tableau biologique :
 Bil conj ↗↗↗
 Urobilinogéne ↘
 Bilirubinurie positive
 Transaminases ↗↗↗ (6 à 10 N hépatites aigues) et (2 à 4 N hépatites
chroniques)
 BSP anormale

 Cholestase intrahépatique sans atteinte des voies biliaires

Par atteinte des transporteurs canaliculaires :


- Atteinte génétique : extrêmement rares :

PFIC* progressive familial intrahepatic cholestasis (ATP8B1, ABCB11, ABCB4)


BRIC* benign recurrent intrahepatic cholestasis (FIC1, BSEP)
ICP* intrahepatic cholestasis of pregnancy (FIC1, BSEP, MDR3)

Figure : Les anomalies génétiques responsables de cholestase par atteinte des


transporteurs canaliculaires et leur expression clinique. PFIC1, 2, 3, cholestase
familiale progressive de type 1, 2, 3. BRIC1, 2, cholestase récurrente bénigne de type
1, 2, 3. ICP cholestase gravidique.

- Atteintes acquises: Inflammation/infection

Liees a une inhibition du transport des acides biliaires et de la bilirubine par les
cytokines proinflammatoires (IL2, IL1, IL6)

1. HEPATITES

Inflammation aigue ou chronique du parenchyme hépatique due à un agent :


- viral ++++ (hépatite virale)
- toxique ou médicamenteux ++
34
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

- radiations
- auto-immune se manifeste par des poussées ictériques, une asthénie, une fièvre, des
arthralgies et des éruptions. Elle peut être asymptomatique, une
hypergammaglobulinémie est fréquente.
Le diagnostic repose sur la présence d’auto-anticorps anti muscle lisse et
antinucléaire (hépatite auto-immune de type I) ou anti microsomes de foie et de rein
anti-LKM1 (hépatite auto-immune de type II, plus rare).

05 virus sont responsables d’hépatite virale :

Virus Incubation Transmission Affection

A 2 – 4 semaines Voie hydrique (eau, aliments souillés) aiguë (bénigne)

B 6 semaines – 4 Voie sexuelle - sang (groupes à aiguë ou chronique


mois risque)

C 4 semaines Sang ou matériel souillé aiguë ou chronique


Nosocomiale : dialyse, endoscopie,
cathétérismes, soins dentaires,
transplantation
Percutanée : percing, scarification,
tatouage

D co-infection avec B Identique à celle de B aiguë ou chronique

E 2 – 3 semaines Voie hydrique aiguë

Les hépatites B, C, D peuvent passer à la chronicité et développer ainsi une cirrhose


→ hépatocarcinome

Hépatite virale A
- Le virus responsable est l’entérovirus de la famille picornavirus à ARN
- Les signes cliniques : état pseudo-grippal (asthénie, courbatures, maux de
tête) + ictère (10 %)
- L’évolution : généralement asymptomatique sans évolution à la chronicité,
rarement fulminante (mortelle)
- Le diagnostic de certitude : Sérologie : IgM anti- HVA qui sont présents 1
mois après l’infection, persistent 06 mois, alors que les IgG anti HVA
apparaissent 2 mois après l’infection et persistent toute la vie (rôle protecteur)

Hépatite virale B
- L’agent causal est l’entérovirus de la famille hepadnavirus à ADN
- Les signes cliniques sont identiques à la précédente

35
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

- L’évolution : 90 % asymptomatique et ne passe pas à la chronicité alors que


10% peut évoluer vers la chronicité.
- Le diagnostic repose sur la sérologie (voir tableau ci-dessous)
- On parle de chronicité quand l’AgHBs est positif au cours de 02
déterminations à au moins 06 mois d’intervalle.
- La présence de l’Ag HBe est un signe de complications.

Marqueur Origine Site de Signification Période


détection biologique
Antigène HBc Capside hépatocyte

Antigène HBs Surface sérum Signe de Phase pré-


membranaire contagion (1er à ictérique et
apparaitre) phase
ictérique
Antigène HBe Capside sérum Signe de Phase pré-
contagion et de ictérique et
réplication du phase
virus ictérique

Anticorp anti- sérum Premier à De la phase


HBc apparaitre ictérique
Couvre la jusqu’à
période entre la plusieurs
disparition de années
l’Ag HBs et
l’apparition de
l’anticorp
antiHBs

Anticorp anti- sérum Indique une 20 -25 éme


HBs infection semaine
antérieure durable le
restant de la
vie
Anticorp anti- sérum Apparait vers la 12 éme
HBe fin de la phase semaine
aigue
Synonyme de
guérison

Tableau récapitulatif de la sérologie de l’hépatite virale B

36
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Hépatite virale C

- L’infection est due à un entérovirus


- La forme chronique est la plus souvent silencieuse : Symptôme = fatigue
- Diagnostic par Ac anti VHC : IgM → infection récente
IgG → infection ancienne
- Il existe un autre paramètre biologique qu’on appelle : charge virale ou ARN
du VHC, ce paramètre trouve toute son importance dans certaines conditions :
immunodéprimés, le nouveau-né de mère ayant l’hépatite C, afin de réaliser
un diagnostic précoce quand les anticorps sont négatifs.
- Evolution vers 60 à 70 % des formes chroniques dont la moitié sont actives
20 % de ces formes actives vont évoluer vers la cirrhose
1/3 se compliquent en cancer

2. CIRRHOSE

La cirrhose est un syndrome anatomopathologique correspondant à l’évolution


naturelle de la plupart des maladies chroniques du foie:
Se définissant par l’association de 03 lésions :
Lésions hépatocellulaires
Fibrose annulaire
Présence de nodules de régénération.
Suivant la taille des nodules, on distingue des cirrhoses macro (> 10 mm) ou micro (<
3 mm) nodulaires.
Les nodules sont formés d’amas d’hépatocytes ayant perdus les connexions
vasculaires et biliaires normales du lobule hépatique.

Découverte :
La cirrhose est longtemps asymptomatique.
L’évolution de la cirrhose peut être divisée en deux périodes : non compliquée
(compensée) et compliquée (non compensée):
- Cirrhose compensée: elle peut être découverte lors d’un examen clinique
révélant une hépatomégalie caractéristique, par des tests biologiques
hépatiques ou par un examen morphologique (échographie, endoscopie).
- Cirrhose décompensée: la cirrhose est découverte à l’occasion d’une de ses
complications (ascite, hémorragie digestive, ictère, carcinome,
encéphalopathie).

L’évaluation biologique de la cirrhose est réalisée par le biais du calcul des scores de
fibrose (fibrotest, actitest,…..)
Etiologies :

 Cirrhose alcoolique : 1 ére cause dans les pays européens


 Cirrhose post-hépatitique B et C
 Cirrhose médicamenteuse
 Cirrhose auto-immune

37
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

 Cirrhose métabolique : secondaire à :

- Hémochromatose génétique

Le tableau biologique :
Bilan martial perturbé : Fer, ferritine et coefficient de
saturation (>65 %) ↗↗
Transferrine ↘
Elévation chronique des transaminases (3 N)
Diabéte (glycémie ↗)

Le diagnostic est confirmé par:


– Les lésions histologiques: surcharge ferrique diffuse et importante (appréciée à la
coloration de Perls) dans les hépatocytes, les cellules de Kupffer et le tissu conjonctif.
– Le dosage du fer intra hépatique.

- Maladie de Wilson

Le diagnostic est confirmé par la diminution du taux sérique de la céruléoplasmine,


et de la cuprémie et l’augmentation de la cupriurie et, histologiquement, par
l’augmentation de la concentration de cuivre hépatique.
Une anémie hémolytique est souvent associée..

- Déficit en α 1 anti-trypsine
Le diagnostic biologique repose sur l’EPP (α 1 globuline basse) et le dosage
immunoturbidimétrique de l’ α 1 anti-trypsine.

- Tyrosinémie, galactosémie, fructosémie, glycogénoses, maladie de gaucher,


maladie de Niemann-pick

3. CANCER DU FOIE

La cirrhose est un terrain de prédilection pour le développement d’un


hépatocarcinome surtout chez les hommes, révélé par le dosage sérique d’un
marqueur qui est l’ α foetoproteine (manque de sensibilité), ainsi le diagnostic est
posé par échographie et analyse anatomopathologique.

 Cholestase intrahépatique avec atteinte des voies biliaires

1. Cholangite biliaire primitive = Cirrhose biliaire


primitive
Survient le plus souvent chez une femme de plus de 40 ans. Il existe une cholestase
clinique ou biologique.

38
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Le diagnostic repose sur l’augmentation importante des IgM et surtout la présence à


un titre élevé d’anticorps anti mitochondries (de type M2) – présents dans 90 % des
cas – et l’histologie.
Elle n’est responsable d’une véritable cirrhose qu’à un stade évolué.
2. Cholangite immunoallergique
Sont principalement médicamenteuses. Les médicaments habituellement en cause
sont : l’association acide clavulanique-amoxycilline, les sulfamides, les macrolides et
l’allopurinol
3. Ductopenie idiopathique Syndrome d’Alagille
Dû à des mutations de gènes impliqués dans la voie de signalisation Notch essentielle au
développement de multiples organes lors de l’embryogenèse
4. Syndrome LPAC*(low phospholipid associated
cholestasis and cholelithiasis) , PFIC3* (ABCB4)
5. Mucoviscidose

b. Cholestase extra hépatique

Stagnation de la bile dans les canaux biliaires situés en dehors du foie


Cliniquement on retrouve, un ictère sévère, douleurs vives et profondes, frissons,
persistance de la fièvre après disparition de l’ictère, prurit, diarrhée, carence en
vitamines A, D, E, K
Conservation d’un état général normal, vésicule biliaire palpable sans
hépatomégalie.
Les causes :
- obstruction de la voie principale d’évacuation de la bile (canal du
cholédoque) : lithiase, Cholangite sclérosante primitive, Cholangite a
IgG4/pancréatite auto-immune
- cancers du foie, de la tête du pancréas ou du cholédoque
- pancréatite (inflammation du pancréas)
- Les parasitoses à grande douve et le kyste hydatique
Tableau biologique :

 Bil conj ↗↗↗


 Strecobilinogéne ↘ (selles décolorées)
 Bilirubinurie positive
 PAL ↗↗↗
 BSP anormale

3.Ictère à bilirubine mixtes

La bilirubine non conjuguée représente de 20 à 80 % de la bilirubine totale. Les


hépatites virales, la cirrhose et l’hépatome en font partie. On voit que pour les
hépatites virales l’ictère peut être mixte ou à bilirubine conjuguée

39
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Profils biologiques observés au cours des différentes maladies


hépatiques ou hépatobiliaires

Test biologique Hépatites Cirrhoses Cholestases Cancers du


virales foie
secondaires

Bilirubine ➚➚ ➚➚ ➚➚➚ ➚ ou ➚➚
conjuguée
Bilirubine non ➚ ou ➚➚ ➚ ou ➚➚ ➚ ➚
conjuguée
PAL N ou ➚ N ou ➚ ➚➚➚ ➚ ou ➚➚
ALAT, ASAT ➚➚➚ N ou ➚ ➚ N ou ➚
TQ N ➘ N ou ➘ N
Facteur V N ➘ N N

40
EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Phase pré ictérique Phase ictérique Convalescence

VIREMIE

TRANSAMINASES

ICTERE

IgM ANTI- HVA

IgG ANTI-HVA

6 12 18 semaines

MANIFESTATIONS CLINICO-BIOLOGIQUES DE L’HEPATITE VIRALE A

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EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Phase pré Ictère Convalescence


Ictérique

Ag HBs

Ag HBe

Transaminases

Ictère
Anti- HBc

Anti- HBe

Anti- HBs

10 15 20 25 SEMAINES

MANIFESTATIONS CLINICO-BIOLGIQUES DE L’HEPATITE VIRALE B

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