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Introduction
Le foie est un organe aux fonctions multiples, intervenant dans de nombreux processus
indispensables à la vie :
- fonctions de synthèse : albumine, diverses globulines, facteurs de coagulation,
- fonctions d’épuration : élimination de l’ammoniac en urée, élimination de la bilirubine
par conjugaison.
En cas d’atteinte hépatique, ces fonctions seront altérées et le dosage des paramètres
biochimiques liés au foie permettra d’orienter le diagnostic dans la mesure où leurs variations
vont regrouper en syndromes. Il existe 4 grands syndromes : le syndrome de cholestatse (que
nous étudierons dans les ictères), le syndrome de cytolyse, le syndrome d’insuffisance
hépatocellulaire et le syndrome inflammatoire (mésenchymateux).
L’ictère est la coloration jaune des téguments et des muqueuses qui accompagne l’augmentation
du taux de bilirubine (un pigment jaune) dans le sang. La cholestase correspond à l’ictère par
rétention.
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1.2. Classification des ictères
Plusieurs critères peuvent être considérés pour classer les ictères mais aucun d’eux n’est
satisfaisant pour tous.
• Le critère le plus simple distingue les ictères par excès de production de bilirubine des
ictères par défaut d’élimination. C’est un critère un peu trop simpliste.
• La classification préférée des cliniciens se calque sur les 3 stades du métabolisme de la
bilirubine :
- ictères préhépatiques correspondant schématiquement aux ictères hémolytiques
et survenant en principe sur foie sain,
- ictères hépatiques ou « médicaux » d’origine hépatocytaire incluant les déficits
enzymatiques du métabolisme de la bilirubine, les lésions hépatocytaires de
l’hépatite et de la cirrhose, les surcharges hépatocytaires (d’origine obstructive
intrahépatiques), regroupant les tumeurs qui envahissent le foie, d’origine mixte,
cas fréquent et difficile.
- Ictères post-hépatiques ou « chirurgicaux » correspondant à l’obstruction
biliaire extra-hépatique : calcul du cholédoque et cancer de la tête du pancréas.
• Un autre critère cliniquement intéressant distingue ictères cholestatiques et ictères non
cholestatiques. La cholestase (ou cholostase) implique la diminution ou l’arrêt de la
sécrétion biliaire d’origine hépatocytaire : tous les constituants de la bile et pas
seulement la bilirubine sont retenus dans le sang. Cette cholestase peut être inta-
hépatique ou extra-hépatique.
• La classification préférée des biologistes repose sur l’importance relative des deux
fractions de la bilirubine circulante :
- ictères à bilirubine libre (environ 70 % de la totale) correspondant aux ictères
préhépatiques des cliniciens,
- ictères à bilirubine conjuguée (environ 80 % de la totale), correspondant aux
ictères posthépatiques,
- ictères mixtes (environ 50 % de libre et 50 % de conjuguée) correspondant aux
ictères hépatiques.
C’est ce critère qui sera retenu pour la description ci-dessous des étiologies.
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1.3. Etiologie des ictères
i) Ictères hémolytiques
L’aspect clinique est univoque : ictère léger, simple subictère avec urines claires ou orangées,
selles non décolorées. Pâleur cutanéo-muqueuse signalant l’anémie, splénomégalie inconstante.
Signes biologiques : en plus de l’hyperbilirubinémie, fer sérique élevé, signes de
régénérescence médullaire (réticulocytose sanguine, érythroblastose médullaire).
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i) ictères par obstruction biliaire extra-hépatique ou ictères par
rétention (biliaire)
Clinique commune : ictère très foncé, bronzé, associé à un prurit et parfois une bradycardie
(sels biliaires). Urines très foncées presque noires (bilirubine + sels biliaires), selles blanchâtres
(absence de stercobiline et urobiline), graisseuses (malabsorption des graisses), gros foie de
cholestase.
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c) Les hyperbilirubinémies congénitales
Il traduit une atteinte de la membrane hépatocytaire. Cette atteinte peut être une destruction de
la membrane qui définit la nécrose hépatocytaire ou une augmentation de la perméabilité
membranaire. Par conséquent, les substances normalement contenues dans l’hépatocyte vont
être relarguées dans les sinusoïdes et leur concentration dans le sang périphérique va augmenter.
Les substances dosées en clinique et qui permettent d’apprécier l’existence et l’intensité de la
cytolyse sont les transaminases.
Les transaminases (ou amino transférases) sont des enzymes hépatocytaires dont la fonction est
de catalyser des réactions de transfert d’un groupe aminé d’un acide alpha-aminé à un acide
alpha-cétonique.
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Le taux des transaminases revient rapidement à la normale lorsque la cause de l’atteinte
hépatocytaire est supprimée. La demi-vie de l’ASAT est plus courte que celle de l’ALAT.
Certaines notions importantes sont à bien connaître pour interpréter les variations du taux
sérique des transaminases.
Le foie contient plus d’ALAT que d’ASAT. Ainsi, la cytolyse qui accompagne les maladies de
foie prédomine habituellement en ALAT. Il y a deux exceptions importantes à cette règle :
D’autres cellules contiennent des ASAT, en quantité toutefois inférieure à celle contenue dans
les hépatocytes. Il s’agit surtout des cellules musculaires, notamment myocardiques : Les
cellules musculaires contiennent plus d’ASAT que d’ALAT.
Il faut donc savoir évoquer la nature musculaire d’une cytolyse lors des élévations modérées
des transaminases qui prédominent en ASAT. En cas de difficulté diagnostique, il faut doser
des enzymes spécifiques des cellules musculaires comme la créatine kinase (élevée dans les
maladies musculaires et normale dans les atteintes hépatiques).
Il ne s’agit pas ici d’anomalies qu’il faut rechercher pour évaluer une maladie du foie mais des
conséquences de la cytolyse sur des substances qui sont dosées fréquemment en médecine. Il
faut savoir que la cytolyse à elle seule entraine des modifications de ces substances et complique
l’interprètation des anomalies qui peuvent être notées.
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b) Elévation de la LDH
La LDH (lactate-déhydrogénase) est une enzyme fréquemment dosée pour rechercher une
hémolyse. Le dosage de l’enzyme total est ininterprétable pour rechercher une hémolyse
lorsqu’il existe une cytolyse hépatique. L’hépatocyte contient essentiellement l’iso-enzyme
LDH5 de la LDH. L’isoenzyme cardiaque HBDH (LDH1) est alors normale.
c) Elévation de la GT
La GT est une enzyme hépatocytaire qui augmente en cas de cholestase. Cependant, son
activité sérique augmente fréquemment de façon modérée en cas de cytolyse en l’absence de
toute cholestase.
3.1. Hypoalbuminémie
L’albumine, dont la synthèse est spécifiquement hépatique, est la protéine sérique la plus
abondante (40 g/l). En raison de sa longue demi-vie (21 jours), l’hypoalbuminémie n’est pas un
marqueur précoce et ne permet pas de suivre l’évolution à court terme de l’insuffisance
hépatocellulaire. Bien entendu, une hypoalbuminémie ne signifie pas nécessairement la
présence d’une insuffisance hépatocellulaire et il y a plusieurs causes d’hypoalbuminémie
(carence alimentaire, fuite digestive, déperdition rénale par syndrome néphrotique).
Ce syndrome se rencontre dans les cirrhoses mais aussi dans les hépatites graves avec cytolyse
massive (hépatites fulminantes).
4. Le syndrome mésenchymateux
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- Enfin, augmentation de la perméabilité digestive qui augmente l’antigénémie du sang
porte et donc accentue le phénomène précédent.
Une forte hypergammaglobulinémie prédominant en IgG est un signe qui oriente vers une
hépatite auto-immune.
Une hypergammaglobulinémie polyclonale prédominant en IgA est un signe qui oriente vers
une cirrhose et vers l’origine alcoolique de cette cirrhose. Elle donne un aspect caractéristique
à l’électrophorèse car, dans la mesure où les IgA migrent entre les et les globulines, il y a
un aspect de comblement entre ces 2 pics qu’on appelle le « bloc ».
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