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Author(s): J. G. Bougerol
Source: Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age , 1969, Vol. 36 (1969),
pp. 131-167
Published by: Librairie Philosophique J. Vrin
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doctrinale et littéraire du Moyen Age
(1) P. Lombard, Liber Sent. II , d. 9, c. 1 (éd. Quaracchi 1916, 345) cite la Summa
sent., tr. 2, c. 5 (PL 176, 85) où Denys est invoqué, CHf c. 6 (Dionysiaca, 830 ss.).
(2) Hugues de Saint-Victor, De sacram . fidei Christ ., I, p. 5, c. 30 (PL 176, 260).
(3) Summa sentent ., tr. 2, c. 5 (PL 176, 85-87). On sait que la Summa sententiarum
dépend tout à la fois d' Hugues de Saint-Victor et d'Abélard, mais la question de son
auteur demeure encore insoluble. Pierre Lombard l'a utilisée abondamment, dans un
texte habituellement pur. Cf. J. de Ghellinck, Le Mouvement théologique du XIIe siècle,
2® éd., Paris 1948, 197-203.
(4) Alex. Hal., Glossa in II Sent., d. 9, n. 1 (II, 83).
(5) Guill. Aux., Summa aurea , II, tr. 3 (fol. 42a). Nous reviendrons à ce texte
où l'auteur cite comme étant de Denys, la définition de Prévostin de Crémone.
Alexandre de Halès emprunte peut-être à Guillaume d'Auxerre cette définition, mais
il ne l'attribue plus à Denys et la cite comme si elle était de lui. Bonaventure l'a peut-être
pensé, car il la qualifie de « quaedam deflnitio magistralis » (II Sent., d. 9, praenota ta-
ll, 238). Cette définition se trouve dans le manuscrit de la Summa de Prévostin,
cod. Todi 71, fol. 91b. Il faut remarquer que l'explication donnée de cette définition
par Alexandre de Halès est assez différente de celle de Guillaume d'Auxerre.
(6) Dans l'ordre où les cite Bonaventure, CH, c. 3, § 1 (Dion., 786) ; c. 3, §1 (Dion.,
785-786) ; c. 3, § 2 (Dion., 787-788). Cl. notre étude sur Saint Bonaventure et le Pseudo -
Denys V Aréopagite, dans les Actes du Colloque Saint Bonaventure 1968, E F , supplément
annuel 1968.
(7) Trad. M. de Gandillac, Œuvres complètes du Pseudo-Denys V Aréopagite, Pa
1943, 196.
(8) Cf. les nomenclatures données par Dionysiaca de 'Hierarchia', 'Thearchia
'divinitas'. Luc Mathieu, La Trinité créatrice d'après Saint Bonaventure, 41 s. qui
montre que ce prolongement de la notion de hiérarchie jusqu'à la Trinité a été introduit
par Hugues de Saint-Victor dans son Expos, in HC, 1. IV, super C. 3 (PL 175, 993 AB).
Saint Thomas refuse cette interprétation comme étrangère à Denys. ST, Ia, q. 108,
a. 1, conci., tandis que Bonaventure, nous le voyons ici et nous le retrouverons dans
Hexaem ., coll. 2, n. 16 (V, 339a), fait de la hiérarchie supracéleste ou divine, la
première des hiérarchies, parce qu'il la voit aussi, à partir de la personne du Père,
comme un « sacer principatus »ģ
quod influentiae sit influentia, quia haec influentia reducit in Deum ; dicit enim conti-
nuationem cum primo principio et reductionem in ipsum, non sicut res distans. Unde
vera est influentia, quae egreditur et regreditur, ut Filius exivit a Pâtre et revertitur
in ipsum. Unde dicit, quod est assimilata in sacra ordinatione, scientia et operatione
per hoc, quod est « ad deiforme, quantum possibile est, ascendens », partim per náturám
imaginis, partim per náturám similitudinis, scilicet gratiae, partim per naturam deifor-
mi ta tis gloriae ; et proportionaliter, quia secundum plus et minus, ut capax est, est
in Dei similitudinem rcducta. » Cf. notre Lexique saini Bonaventure, Paris 1969, art.
influentia. La traduction que nous donnons ci-dessus précise une nuance impor-
tante que nous n'avons pas assez mise en lumière dans l'article du Lexique. L 'influentia
qui, dans la pensée de Bonaventure, explique la vision hiérarchique de l'univers et la
ju8tifle, est une réalité complexe. Elle est tout à la fois présence et action de Dieu.
Sans risquer aucune confusion, car Dieu « summe distat a creaturis », I Sent., d. 25,
a. 2, q. 2, fund. 1 (I, 444a). Y influentia manifeste la présence intime de Dieu à toutes
les créatures « intimus est cuilibet rei et summe praesens et totus in qualibet re ».
I Sent., d. 37, p. 1, a. 3, q. 1, conci. (I, 647a).
A son stade ultime de réflexion et d'expérience religieuse, Bonaventure considère
donc la hiérarchie comme un organisme dynamique, vivant et concret, dans lequel
le niveau des structures naturelles s'achève dans le niveau de l'unité surnaturelle.
(19) Cf. note 8.
(20) Hugues de Saint-Victor, Expos, in CH, 1. IV, super c. 3 (PL 175, 993 BC).
Cf. aussi 1. I, c. 2 et 3 (PL 175, 927-930) où Hugues afflrme que trois hiérarchies ou
« puissances sacrées » sont décrites par Denys : Prima principalis omnium, et forma, et
exempla reliquarum summa, et ineffabilis potestas est Trinitatis, simplex, et una, et
uniformis sine gradu et differentia, et comparatione, summa et aeterna, et perfecta,
et vera in omnia opera sua condenda et regenda propria virtute omnipotens, nihil
externum suscipiens, nihil suum amittens (I, c. 3-PL 175, 929 C). Saint Bonaventure
Nous avons déjà noté que Denys n'a jamais étendu son idée de la
hiérarchie à la Trinité. Mais il faut remarquer ici que la hiérarchie supra-
céleste ne paraît pas une fois dans le Commentaire de I Sent .
Par contre, le mot se trouve dans le Breviloquium 21. Le développement
de la pensée est dans Hexaemeron 22.
La collation 20 se présente en quelque sorte comme une introduction
générale à l'explication de la quatrième vision, celle de l'intelligence
élevée par la contemplation.
Après avoir cité le texte de Gn 1, 14-19, thème commun des coll. 20
et 21, Bonaventure explique et divise le texte sacré. L'intelligence ne
peut accéder à cette quatrième vision que par le désir dont parle Daniel,
Dn 9,23. Quoi qu'on lise, quoi qu'on entende, quoi qu'on fasse, c'est par
la voie du désir qu'on y parvient, car il faut d'abord goûter et le goût
de Dieu n'est suave que si l'on a envie de le goûter.
Cette vision de l'intelligence contemplative répond à l'œuvre du
quatrième jour de la création lorsque Dieu créa le soleil, la lune et les
étoiles. Elle n'est possible que si l'âme possède en son firmament ces
trois luminaires pour éclairer la réalité universelle : la contemplation
de la monarchie céleste qui comprend Dieu et les Anges (n. 4-12) ; la
contemplation de l'Église militante (n. 13-21) ; la contemplation de
l'esprit humain hiérarchisé (n. 22-26).
Ce vaste préambule peut nous apprendre beaucoup. Il doit surtout
nous permettre de mieux comprendre l'esprit dans lequel Bonaventure
va développer son sujet.
fait allusion à ce texte dans Hexaem., coll. 2, n. 16 (V, 339a). Le terme « consummativa »
se trouve aussi dans Thomas Gallus, Extraelio de Angelica Hierarchia , éd. Alonso,
520, 1. 9.
(21) Brevil.y prol., § 3, n. 2 (V, 205 ; notre éd. 103) : ... et hoc totum perillum unum
hierarcham Jesum Christum, qui... et media persona in illa supercaelesti hierarchia
beatissima Trinitatis.
(22) Hexaem.y coll. 21, n. 1-15 (V, 431-434 ; éd. Delorme, 223-249).
(23) Cf. Aug., De genesi contra Manich., I, c. 17, n. 28 (PL 34, 186 s.) ; De genesi
ad lilteram incompl., c. 12, n. 37 (PL 34, 235 s.). Saint Augustin part de l'idée d'homo-
imago. L'image réside dans l'homme intérieur, raison et intelligence. La station
debout de l'homme, sa tête érigée vers le haut en est une manifestation.
(24) La reportation Delorme, 224, est plus explicite que la version Quaracchi, elle
est seule à dire : « ... luculenta considera tio caelestis Monarchiae, quae comprehendit
Deum cum angelis... ». A noter que dans les deux reporta tions, Bonaventure emploie
« mens » pour désigner l'être spirituel de l'homme. Cf. I Sent., d. 3, p. 2, dub. 2 (I, 94) :
« Mens dicitur ab actu essentiali. Propterea est intelligendum, quod actus essentialis
' quo est ' dat animae esse generalissimům, et sic dicitur essentia ; vel in quantum
dat esse generale, et sic dicitur vita, quia anima est in genere viventium ; aut in
quantum dat esse spirituale, et sic mens. Mens enim non dicitur nisi quod vivit vita
intellectiva - vel anima in se dicitur essentia, ut actus corporis vita, ut perfectibilis
a Deo mens. » « Mens » signiñe donc l'être spirituel capable de Dieu par la mémoire,
l'intelligence et la volonté. Alexandre de Halès entendait « mens », de l'esprit en tant
que connaissant ( Glossa II Sent., d. 2, n. 5-II, 16 et Summa, II, n. 392-11, 471). Cf.
Lexique Saint Bonaventure , avec textes et références. Ajouter M. D. Chenu, La théologie
au XIIe siècle, Paris 1957, 297 note 4.
' contuitus ' de la ' contemplatio ,a6. Ici, ť meditatio ' est remplacé par
t consideratio '. Comme le précise le De triplici via: « ...ut ex parte Dei
praecedat admiratio divina, quasi major propositio, ex parte nostra
consideratio, quasi assumtio ; et sic fìat latriae plena exhibitio, quasi
conclusio26 ».
La considération de la monarchie céleste est assimilée à la lumière
solaire pour trois raisons : l'éclat d'une pureté privilégiée, l'éclat d'une
limpidité remarquable, l'éclat d'une ardeur vivifiante.
La pureté privilégiée de la lumière du soleil est tout à la fois belle et
féconde. C'est à ce titre que la Sagesse éternelle et l'âme qui la contem
sont assimilées à cette lumière : la Sagesse éternelle conçoit les raisons
exemplaires et les diffuse dans l'âme et l'élève à l'amour sponsal27.
La limpidité remarquable de la lumière du soleil permet à l'âme
contemplative de voir, dans le même rayon qui l'illumine, la créature
du monde, les esprits angéliques et le rayon supersubstantiel. L'âme
devient comme un miroir de toutes les réalités. Le rayon qui la frappe
« qui continet omnem dispositionem et repraesentat omnes theorias,
est in anima, et in ilio anima absorbetur per mentis transformationem
in Deum28 ».
L'ardeur vivifiante de la lumière solaire demande à être accueillie
par les âmes pour porter son fruit. La diversité des situations, Bonav
ture la situe dans les saisons : l'hiver est la saison de ceux que la lum
ne vivifie pas, le printemps est celle des médiocres, tandis que l'exta
est réservée à l'été des âmes qui trouveront le repos en automne.
L'action du rayon de la lumière du soleil sur les âmes emportées da
l'extase est inexplicable. Il illumine en même temps qu'il enflamm
il donne à l'espérance une poussée de désir irrésistible, à la foi la prom
d'une vision, à la charité l'accès à la jouissance spirituelle. La réportat
Delorme semble plus précise dans la manière d'expliquer la « doct
ignorantia » résultant de l'irradiation de l'âme. L'esprit créé est aveu
par une lumière trop forte à supporter, il est ébloui et ne peut en auc
manière scruter du regard celui dont parle Denys : « Taceant, qu
approquinquare volunt, qui posuit tenebras latibulum suum29. »
(30) Denys n'est cité que dans la reportation de Quaracchi (V, 427b), dans la version
de Scot Eriugène.
(31) Hexaem., coll. 20, n. 15 (V, 428).
(32) t Mansivus * se traduit par ' stable ' Cf. Novum glossarium mediae lalinitatis
Aarhus 1959, 145.
(33) CH , c. 1, §2 {Dion., 730-732) : « In sacra tissimorum eloquiorum a Pâtre traditas
illuminationes (quantum possibile) respiciemus ; et ab ipsis symbolice nobis et anagogico
manifesta tas caelestium animorum hierarchias (quantum potentes sumus) conside-
rabimus... immaterialibus et non trementibus mentis oculis recipientes... Etenim neque
ipsa usquam umquam aliquando radius propria singulari unitate deseritur... et manet
intra se... uniformiter ilxus... » (version Scot Eriugène).
(34) Aristote, De caelo et mundo , c. 8 text. 44 s, c. 9 text. 56, c. 12 text. 67 s, c. 13
text. 83.
(35) Dans la reportation Delorme, 231, Bonaventure rappelle la définition que Denys
donne de la hiérarchie, CH, c. 3, § 1 (Dion., 786) : « ut pulchra, ut simpla, ut optima »
- voir plus loin 160 s.
(36) Liber de causis, § 2, éd. Bardenhewer, 165.
(37) Bonaventure en a déjà parlé dans Hexaem ., coll. 15, n. 14 (V, 390).
(38) Cf. Hexaem., coll. 23, n. 14, 15 (V, 447). J. Ratzinger, Die Geschichtstheologie
des heiligen Bonaventura, Munich 1959, 111-112; S. Clasen, Franziskus Engel des
sechsten Siegels, Werl 1962, 216-248.
(39) La reportation Delorme, 234 donne une version plus précise que la reportation
Quaracchi : « Haec ergo tria modo in considerationem veniunt, scilicet quomodo habet
has tres illuminationes ; et incipiendum est a sole. »
(40) Cf. I Sent., d. 2, a. un., q. 4, conci. (I, 57 s).
(41) Hexaem., coll. 21, n. 115 (V, 431-434); Delorme, 234-240. Sur la circum-
incession, voir Lexique saint Bonaventure, avec textes et références.
(45) Hexaem ., coll. 21, n. 7 ; Delorme, 236. Cf. Ill Sent., d. 37, a. 2, q. 1 (III, 821 ss.).
(46) Hilaire, De Trinitate , II, n. 1 (PL 10, 51). Cf. Alex. Hal., Summa, I, n. 448
(I, 641-642) ; Bonav., I Sent., d. 31, p. 2, a. 1, q. 2 et 3 (I, 341 ss.) ; Brevil., p. 1, c. 6
(V, 214 ; notre éd., 93-99).
(47) Greg. Nysse, In Cant., Horn. V (PG 44, 868 D). Cf. R. Leys, L'image de Dieu
chez saint Grégoire de Nysse, Paris-Bruxelles, 1951, 51-52.
(48) La version Delorme, 239 donne une expression plus détaillée de cette appro-
priation dans la circumincession : « Nam Pater in se est summa celsitudine pollens,
Pater in Filio est summa fortitudine praesidens, Pater in Spiritu sancto est summa
dulcedine pascens ; similiter Filius in se est summa fortitudine praesidens, est Filius
in Pâtre summa celsitudine pollens, Filius in Spiritu sancto summa dulcedine pascens ;
Spiritus sanctus in se (est) summa dulcedine pascens, Spiritus sanctus in Patře summa
celsitudine pollens, Spiritus sanctus in Filio summa fortitudine praesidens. Talis
decet ut sit noster Monarcha. »
(49) Cf. M. D. Chenu, La Théologie au XIIe siècle , 353 ss. Un texte de Simon de
Tournai illustre notre commentaire : « De Deo vero cum dici tur, non praedicat motus
actionem ab agendo dietam sed auctoritatem ab authentico. » Summa , ms. Paris
Nat lat. 3114 A, fol. lid, cité par M. D. Chenu, ibid., 353 note 1.
(50) Cf. II Sent., d. 16, dub. 3 (II, 407).
(51) Delorme, 240.
(52) Jean Damascène, De fide orihod ., II, c. 3 (PG 94, 866 ; version Burgundio
de Pise, c. 17, n. 2, éd. E. Buytaert, 69) : « Angelus igitur est substantia intellectualis,
semper mobilis, arbitrio libera, incorporea, Deo ministrans, secundum gratiam, non
natura, immortalitatem suscipiens ; cuius substantiae speciem et terminům solus
creator noscit. Incorporeus autem et immaterialis dicitur, quantum ad nos. » Cf.
Alex. Hal., Summa , II, n. 107-108 (II, 136-143).
(53) DJS y c. 4, § 22 ( Dion ., 269-270).
(54) Homil. in Evang.t II, homil. 34, n. 7 ss. (PL 76, 1249 ss.).
(55) Cf. les titres des chapitres de HCy c. 7, 8, 9 ( Dion ., 835, 869, 892). Cf. R. Roques,
L'univers dionysien , 136 note 2.
(68) Cf. R. Roques, L'univers dionysien, 136-141 qui se réfère à CH., c. 7 (Dion.,
835-868).
(69) Cf. R. Roques, op. cit., 141-143; E. Gilson, La Philosophie de saint Bonaventure,
Paris 1943, 213 ss.
(70) Brevil. , p. 2, c. 8, n. 3 (V, 226; notre éd., 101). Cf. R. Roques, op. cit., 143-147.
Il faut noter que Bonaventure ne parle aucunement du principe dionysien de la
subordination verticale des triades hiérarchiques.
(71) Du moins, dans Delorme, 241. La reporta tion Quaracchi ne mentionne, en
effet, qu'une seule définition. Delorme a raison de dire que le paragraphe de sa repor-
tation reprend le texte des praenotata de la II Sent., d. 9. La reportation Quaracchi
est plus claire et plus originale.
(72) Hexaem., coll. 21, n. 18 (V, 434).
illuminée par Dieu et par les deux hiérarchies qui la précèdent. Le ray
du soleil éternel illumine donc la hiérarchie la plus proche de lui et la
hiérarchise à sa ressemblance. Puis, par elle, il parvient à la hiérarchi
médiane et de là à la hiérarchie inférieure. Et « per omnes in ecclesia
ticam », ce qui n'est pas proprement dionysien76. La reportation Delorm
précise cependant : « propter quem illuminationem ordinem novissim
animabus divinitus hierarchizatis illustrationes de hierarchia infima
effunduntur ». Ceci est beaucoup plus conforme à l'orthodoxie dion
sienne76.
Dieu sauveur
(75) CH, c. 10, § 1 (Dion., 917-920). Cf. R. Roques, op. cit., 147-153. Pour Denys,
la hiérarchie céleste n'arrête rien à soi. Mais c'est la hiérarchie inférieure qui, seule,
influe sur la hiérarchie humaine.
(76) Delorme, 243. Cf. De Trinitate, serm. (IX, 354 b). Référence à Denys : CH,
c. 10, § 2 (Dion., 920).
(77) Hexaem., coll. 21, n. 23 (V, 435; Delorme, 243).
Hugues de Saint-Victor
Quaracchi Delorme
et Denys
Ex verbis Dionys», De De iis novem choris Cf. CH, c. 7 (Dion., 835-
angelica hierarchia, capi- angelorum habes copiose 868). c. 13, § 3 (Dion.,
tulo septimo, extrahitur, in libro De angelica 945-960).
quod hierarchia. Nam ut de Hugues de Saint- Victor,
Amor Seraphim est con- multis aliqua scribantur, Expos, in CH, 1. VI
tinuus, summe intensus, quae ibi a Dionysio (PL 175, 1034-1044)
summe penetrativus us- ponuntur, in Seraphim
que ad cor Dei, usque est amor continuus, in-
ad intima Dei ex intimis tensus, penetrativus, in-
animae procedens ; et timus, suavis, sapiens,
ponit proprietates ignis acutus ; hic amor docet
semper mobilis. Et lo- diligere ex toto corde
quitur isto modo de igne etc.
(81) Bonaventure a déjà développé ces idées dans II Seni., dš 9, praenotata (II,
240 ab).
6-1
Hugues de Saint-Victor
Quaracchi Delorme
et Denys
Similiter de Potestati- Sicut Dominationes
bus. Dominationum est, praesidentiam, Virtu tes
imperare ; Virtutum, executionem, ita habent
prosequi ; Potestatum, Potestates vim defen-
ordinare, ut nihil sit sivam, repulsivam, ex-
contrarium, unde dicit terminativam, trium-
vim repulsivam. phativam, conservati-
vam, respectu hostium
terriflcam et ordinatam,
ut nil omnino contra-
rium inveniatur in exer-
Item, Principatuum est In infima hierarchia est Cf. CH, c. 9 (Dion., 892-
deducere ; ordinate, potenter, di- 916).
recte ducere in divina. Hugues de Saint-Victor,
Prima enim et principa-Expos . in CH, 1. IX
lis ratio deductionis et (PL 175, 1087-1100).
concomitantiae est apud
Principatus.
principaliter deputatur ;
qui dicuntur angeli, quia
nuntii vel missi, eo quod
ultimo ipsis et magis
universaliter ministe-
rium deputatur, licet
omnes « angeli » appel-
lentur, eo quod divini
fungantur officio ad hu-
manae naturae ministe-
rium implendum me-
diate vel immediate.
(82) La reportation Delorme, 248 ajoute au texte que reproduit Quaracchi un long
alinéa qui constitue un résumé excellent de toute la 2e partie de la collation 21 sur la
hiérarchie angélique.
(83) Saint Thomas, en effet, la, q. 108, a. 4, résout autrement cette question :
« Ordinēs distinguuntur in angelis, completive quidem secundum dona gratuita, dispo-
sitive autem secundum dona naturalia. » Alexandre de Halès cite Bernard, De
consideratione , V, c. 4, n. 8 (PL 182, 792 s.). Nous revenons d'ailleurs à Alexandre
de Halès dans la conclusion de l'étude sur la hiérarchie céleste.
(84) Cf. Alex. Hal., Glossa II Sent., d. 9, n. 1-19 (II, 83-94). D'après les éditeurs
de Quaracchi (II, 83 note n. 2-4), Alexandre est tributaire d'un anonyme cod. vat.
lat. 691, de Guillaume d'Auxerre, Summa aurea, II, tr. 3 (fol. 45 v-48 r), de Philippe
le Chancelier, Summa de bono (fol. 73 d-82 a) et d'autres. Cf. Glossa, II, 8+-20+.
(85) Delorme, 249. A. Elsasser, Die verschiedenen Stände in der Kirche nach der
Lehre des heiligen Bonaventura, dans WW, 31 (1968), 13-29 a minutieusement étudié
la coll. 22.
Io L'Église est née dans le temps et progresse sans cesse. Sous l'aspec
de ce processus d'évolution, on peut considérer en elle trois ordres tripl
les ordres fondamentaux, c'est-à-dire ceux qui en sont les piliers hist
riques, correspondant à la hiérarchie angélique suprême ; les ordre
promotionnels qui sont à l'origine de son évolution, correspondan
la hiérarchie angélique médiane ; les ordres que Bonaventure appe
« consummantes » l'on peut traduire, faute de mieux, par « consommant
qui apportent à l'Église l'achèvement dans sa vie intérieure. Reprenon
chacun de ces aspects.
Les ordres fondamentaux sont au niveau spirituel les plus haut plac
alors qu'au niveau corporel, ils apparaissent comme la racine et la b
de l'édifice. Le Christ tête de l'édifice de l'Église tient la place suprêm
dans la hiérarchie humaine, car la tête est la racine spirituelle de l'homme87
Dans l'Église on trouve donc trois ordres fondamentaux, les Patriarch
les prophètes, les apôtres. Le tableau suivant résume les assimilations
ces trois ordres :
spiritum Pauli. » Il est donc nécessaire que les spéculatifs soient cloîtrés
avec Moïse et gravissent la montagne. Ce sont les Prêcheurs et les Mineurs.
Les Prêcheurs s'adonnent principalement à la spéculation dont ils tirent
leur nom, puis à l'onction. Les Mineurs principalement à l'onction, puis
à la spéculation : « Utinam iste amor vel unctio non recedat a Cherubim. »
Bonaventure rappelle ce qu'il a rapporté dans sa Legenda major90 :
le bienheureux François voulait que ses frères étudient pour mettre en
pratique ce qu'ils auront appris et, après l'avoir mis en pratique, pour
enseigner aux autres ce qu'ils doivent faire. A quoi sert de beaucoup
savoir sans rien goûter? « Multa enim scire et nihil gustare quid valet? »
Quant à l'ordre extatique, c'est l'ordre séraphique dont fait partie
saint François. L'Église trouvera dans cet Ordre, sa perfection : « quis
autem ordo iste futurus sit, vel iam sit, non est facile scire. » La reportation
Delorme ajoute : « nec florebit iste ordo nisi prius Christus patiatur in
suis. »
Bonaventure ajoute enfin un épilogue. Les trois ordres distingués sous
ce dernier aspect du ministère établissent le degré de perfection selon
les états et non selon les personnes, « quia una persona laica aliquando
perfectior est quam religiosa ».
Dans la reportation Delorme, la conclusion vaut la peine d'être citée :
« Unus autem est Monarcha, qui est principium omnium ordinum et
graduum. Totum enim Ecclesiae corpus unum est, unum cibum habens,
unum praemium expectans, una columba tam formosa, ut dictum est,
similis lunae. Extra hanc unitatem non est membrum Christi. »
Il est inutile de revenir ici sur ce que J. Ratzinger a déjà fort clairement
montré pour la théologie de la primauté universelle du pape91. Nous
avons déjà mentionné l'apport de Y. Gongar à la compréhension de
Bonaventure92. Une question reste ouverte et demanderait une étude
comparée minutieuse : l'influence joachimite chez Bonaventure93. On
pourrait utilement aussi rechercher les influences littéraires de Thomas
Gallus. Nous en avons déjà parlé dans le cours de notre étude.
Il reste que Bonaventure est directement tributaire de Denys par
Alexandre de Halès et Hugues de Saint-Victor94.
(90) Leg. maj., c. 11, n. 1 (VIII, 535); trad. D. Vorreux dans Saint François
ď Assise. Documents , Paris 1968, 681-682.
(91) J. Ratzinger, Der Einfluss des Bettelordensstreites auf die Entwicklung der
Lehre vom päptslichen Universalprimat , unter besonderer Berücksichtigung des heiligen
Bonaventura , dans Theologie in Geschichte und Gegenwart. Festgabe M. Schmaus,
Munich 1957, 697-724.
(92) Y. M. Gongar, art. cit., surtout 105-114.
(93) Cf. J. Ratzinger, Die Geschichtstheologie des heiligen Bonaventura, Munich
1959, 106 s. ; O. Gonzalez, Misterio trinitario y existencia humana, Madrid 1966,
612-625.
(94) Cf. les conclusions de notre étude, Saint Bonaventure et le Pseudo-Denys VAréo-
pagite, dans Actes du colloque saint Bonaventure, Paris 1969, 113-123.
(105) Saint Thomas emploie le mot dans le même sens dans lia , q. 47, a. 13 ad 4
et a. 14 ad 1. Il le fait dériver de « deinotès » d'Aristote, VI Elhic., c. 12, n. 9 (1144 a
23). Nous sommes d'accord avec H. Duméry, Itinéraire , Paris 1960, 77 note 3 pour
situer ici ce que, plus tard on va nommer l'ascèse. Cf. Itin., c. 4, n. 4 (V, 306) qui reprend
les neuf degrés mentionnés ici. Cf. aussi ci-dessus note 91 sur Thomas Gallus.
(106) La reportation Delorme, 258 est beaucoup moins claire et confond l'ordre des
opérations envisagées ici.
(107) Aug. De Trin., X, c. 11, n. 17 (PL 42, 892). Cf. I Sent., d. 1, a. 1, q. 1, fund. 1
(I, 30).
(108) Reportation Delorme, n. 26, 258.
(109) On lit dans Ilin ., c. 4, n. 4 (V, 306) : « unctio », tandis que les deux reporta tions
Quaracchi et Delorme donnent « unio ». Il semble que Bonaventure emploie indiffé-
remment ces deux mots et même aussi « unitio ». Cf. Lexique saint Bonaventure, art.
Unclio , 129. Cf. Expos, reg., prol., n. 2 (VIII, 392), où Bonaventure cite CH, c. 3, n. 2
et EH, c. 1, n. 3 dans la version V de Thomas Gallus. Cf. G. Théry, Les œuvres de
Thomas Gallus, dans VS, suppl. 32 (1932) (36) ; cf. aussi Pedro Hispano, éd. M. Alonso,
Lisbonne 1957, 560.
(110) Reporta tion Delorme, n. 27, 258 : « primo enim est susceptio luminum divi-
norum secundum praeparationem in recipiente rcpertam. »
(111) Bonaventure dit, n. 28 : «secundum Dionysium ». Il s'agit de if C, c. 15, § 3
(Dion., 1000-1010) où Denys détaille la signification des sens et des organes dans le
composé humain. Cf. Expos, reg., c. 3, n. 5 (VIII, 408) où Bonaventure cite EH, c. 1,
§ 2 et 4 selon le sens, mais assez proche de Thomas Gallus ; cf. éd. M. Alonso, 559-560.
(112) Cf. Lexique saint Bonaventure, art. Desiderium, 52, où l'on trouvera les références
et la bibliographie.
(113) Cf. Tripl, via, c. 3, n. 9-10 (VIII, 16) ; Perf. evang., q. 1 (V, 122) ; Annunl .
BMV, serm., 6 (IX, 684 a).
(114) Ph 4, 13.
(115) Grég., Super Ezech., II, hom. 5, n. 8 ss. (PL 76, 989 ss.). Bonaventure cite
à Tappili de Grégoire, le Liber de Causis, prop. 3 (éd. Bardenhewer, 165) : « Omnis
anima nobilis habet tres operationes. Nam ex operationibus ejus est operatio animalis
et operatio intelligibilis et operatio divina. » La même démarche se retrouve dans Itin.,
c. 1, n. 4 (V, 297), tandis que dans Solil., prol., n. 2 (VIII, 28-29). Bonaventure explique
pourquoi il porte ses réflexions sur quatre objets : intérieurs, extérieurs, inférieurs
et supérieurs, selon les quatre dimensions données par saint Paul dans Ep. 3, 14-17.
(116) Delorme, 261 : «semper pullulant sicut herba ».
ses imaginations, qui lui permet d'être maîtresse chez elle en domin
ses préoccupations117.
3. - Les puissances supérieures sont hiérarchisées par l'œuvre d
grâce : « Quando enim anima facit quod potest, tunc gratia facile le
animam, et Deus ibi operatur, ut sit digna semper admissio, digna in
tio, digna inductioU8. ». Les ordres angéliques correspondant son
Trônes, les Chérubins et les Séraphins.
La digne élévation, « digna admissio » fait dire à l'âme : « Debo
crie dans la nuit au commencement des veilles ; répands ton cœur com
de l'eau devant Yahvé» et : «Seigneur, tout mon désir est devenu toi,
pour toi mon soupir n'est point caché119 ». La digne attention ne perd
rien de ce qui s'offre à son regard scrutateur : « Réveille-toi, réveille-toi !
debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur. A cette vue, tu seras radieuse,
ton cœur sera gonflé d'émotion120. » Alors l'âme contemplative attend
dans l'espérance la digne introduction, « digna inductio », elle est emportée
en Dieu bien-aimé : « Son bras gauche est sous ma tête et sa droite
m'étreint. Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi. Il paît
son troupeau parmi les lis21 ». A ce degré, l'âme ressent la communion,
elle devient un seul esprit avec Dieu : « Celui qui s'unit au Seigneur n'est
avec lui qu'un seul esprit122 ».
Ainsi l'âme hiérarchisée est configurée à Dieu : « per contuitionem
Dei sui deiformiter hierarchizata123 ».
Après un excursus sur les signes du Zodiaque appliqués allégoriquement
à l'âme hiérarchisée, Bonaventure conclut en demandant au contemplatif
d'éviter à tout prix la présomption et l'erreur. Le danger de présomption
qui plonge l'âme dans la plus néfaste illusion est évité par l'humilité.
Le danger de l'erreur qui prend toute pensée pour une révélation divine
est évité par la lecture de l'Écriture qui contient la loi, les Prophètes et
Jésus-Christ124.
(117) Le rassemblement des énergies détruit la présence des démons, qui selon Denys,
DN, c. 4, § 23 {Dion., 280) ont une « furor irrationalis », une « amens concupiscentia »
et une « phantasia proterva ». Bonaventure cite dans les deux reportations, la version E
(Scot Eriugèneì.
(118) Delorme, 262 note des termes quelque peu différents mais dont le sens est
le même : superadmissio, circumspectio, inductio.
(119) Lm 2, 19 et Ps. 37, 10.
(120) Cette citation est un mélange de Is 51, 17, Ba 5, 5 et Is 60, 5.
(121) Ct 2, 6 et 6, 3.
(122) I Co 6, 17. Cf. la même exégèse paulienne dans L. Cerfaux, Le chrétien dans
la théologie paulinienne, Paris 1962, 276.
(123) Delorme, 262.
(124) La fin de cette coll. 22 se retrouve en substance dans Plant, parad., n. 4-7
(V, 575-576). Cela permettrait peut-être de dater le De plantatione paradisi par rapport
à l' Hexaemeron. Par ailleurs, E. Gilson, La Philosophie de saint Bonaventure, 2e éd.
Paris 1943, 364-365, a analysé cette collation 22 et l'a résumée dans un tableau très
suggestif.
Conclusion
le Christ médiateur qui, en tant que Verbe incréé, incarné et inspiré est
présent au départ comme au terme de la réalité.
Tout semble se passer comme si Bonaventure avait situé la Théologie
mystique de Denys au cœur de la Hiérarchie ecclésiastique , si nous nous
permettons de reprendre la suggestion de R. Roques126.
Si, comme nous le pensons, Bonaventure a pu utiliser, dans sa lecture
de Denys, les travaux de Thomas Gallus en particulier à partir de 1257,
il apparaît que Denys Ta aidé à systématiser sa vision de la réalité.
Denys est une « autorité » qu'il vénère à plus d'un titre et dans lequel
il aime retrouver un écho de ses propres préoccupations.
J. G. Bougerol.
(126) A cette différence près, que R. Roques situe sa réflexion dans une lecture appro
fondie de Denys considéré en lui-même, tandis que Bonaventure semble parfois plus
utiliser le vocabulaire de Denys que sa pensée authentique. Cf. R. Roques, L'univers
dionysien , Paris, 1954, 328-329.