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Réf.

: BE8584

Physique des éoliennes


Date de publication :
10 juillet 2014

Cet article est issu de : Énergies | Ressources énergétiques et stockage

par Hervé NIFENECKER

Mots-clés Résumé La physique de la pale de l’éolienne permet de montrer comment la recherche


Weibull | Betz | Vent d’un rendement optimal aboutit à la définition d’un angle de calage qui dépend de la
distance à l’axe de rotation. Le rendement optimal des grandes éoliennes n’excède pas
15%. Le passage des pales de l’éolienne crée un sillage dont la persistance permet de
comprendre pourquoi il est généralement possible de caractériser les éoliennes par la
surface balayée par les pales en rotation. La densité maximale d’éoliennes correspond à
une production électrique de l’ordre de 55 kWh/(m 2 .an). Malgré l’effet de foisonnement,
à l’échelle européenne, la puissance garantie n’excède pas quelques %. En France, pour
diminuer le nombre de réacteurs de 10% on devrait équiper environ 3 500 km de côtes en
STEP.

Keywords Abstract One describes the physics of the blade. Optimizing its efficiency requires to
Weibull | Betz | wind find the best angle between the blade surface and the wind direction. This angle depends
on the distance to the rotation axis, which leads to the intricate shape of the blades of
large mills. The best efficiency of large mills, with respect to the wind energy, does not
exceed 15%. Flying of the blade creates a wake whose persistence explains why it is
generally possible to characterize wind mills by the area swept through by the blades.
When mills are grouped into parks one finds that, in order to prevent mutual negative
interferences, their power density should not exceed 10 W/m 2 . Wind variability at the
European scale does not allow a guaranteed power larger than a few per cent . [...]

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Physique des éoliennes

par Hervé NIFENECKER


Professeur à l’université inter-âge du Dauphiné
Physicien nucléaire
Président d’honneur de l’association « Sauvons le climat »

1. Puissance du vent ................................................................................. BE 8 584 - 2


1.1 Puissance maximale récupérable. Loi de Betz ....................................... — 2
2. Physique des pales................................................................................ — 3
2.1 Définition des forces agissant sur les pales............................................ — 3
2.2 Cas de la pale en mouvement.................................................................. — 4
2.3 Condition d’équilibre ................................................................................ — 5
2.4 Rendement maximal de pale ................................................................... — 5
2.5 Rendement de production........................................................................ — 6
2.6 Forme optimale des pales ........................................................................ — 6
3. Éolienne.................................................................................................... — 6
3.1 De la pale à l’éolienne............................................................................... — 6
3.2 Choix des caractéristiques d’une éolienne ............................................. — 7
3.3 Puissances instantanée, nominale et moyenne ..................................... — 8
3.4 De la puissance du vent à la puissance électrique ................................. — 9
3.4.1 Couplage du rotor ............................................................................ — 9
3.4.2 Génératrices asynchrones............................................................... — 9
4. Parc d’éoliennes .................................................................................... — 9
4.1 Disposition des éoliennes ........................................................................ — 10
4.2 Localisation du parc .................................................................................. — 10
5. Gestion des parcs d’éoliennes ........................................................... — 10
5.1 Distributions des vitesses de vent ........................................................... — 10
5.2 Distribution des puissances ..................................................................... — 12
6. Problème de l’intermittence .............................................................. — 13
6.1 Caractéristiques exigées du stockage ..................................................... — 14
6.2 Stockage par batterie ................................................................................ — 14
6.3 Stockage par station de transfert d’énergie par pompage (STEP) ....... — 15
7. Conclusion............................................................................................... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 8 584

es éoliennes font désormais partie du paysage français et européen. Elles


L sont devenues les prototypes des énergies renouvelables seulement
concurrencées par les panneaux photovoltaïques, au point qu’on semble avoir
oublié les massifs ouvrages de l’hydroélectricité. Certes, les réacteurs nucléaires
sont présents tous les jours dans les médias, mais rarement de façon positive.
Les Français au fait de la technique ont une idée sur les principes de fonctionne-
ment des réacteurs, des barrages hydroélectriques et des cellules
photovoltaïques. Paradoxalement, alors que les moulins à vent sont parmi les
plus anciens dispositifs de production d’énergie mécanique, les principes de
fonctionnement des éoliennes sont largement ignorés. La loi de Betz [1] qui relie
la puissance de l’éolienne à la vitesse du vent et à la surface balayée par les
pales, qui est donc une approche globale de l’éolienne, est assez bien connue
par les initiés. À l’autre extrême, on trouve des livres de référence, tel celui de
Cunty (physique très proche de celle de la propulsion à voile), qui expliquent

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comment une pale isolée réagit aux forces exercées par le vent sur sa surface .
Mais il est difficile de trouver comment réconcilier ces deux approches apparem-
ment contradictoires [2] [3]. Bien plus étonnant, si les forces du vent sont
correctement traitées, celles dues à la résistance de l’air ne le sont pas. C’est
l’ambition de cet article de donner une présentation unifiée et analytique de
l’ensemble de phénomènes intervenant dans la transformation de l’énergie du
vent en électricité. La dérivation de la loi de Betz donne une valeur maximale du
rendement d’une éolienne. La présentation classique de l’interaction entre le
vent et une pale d’éolienne [2] [3] permet de définir les forces de traînée et de
portance, ainsi que les coefficients correspondants. Cette approche permet
d’optimiser l’angle d’attaque mais reste statique et ne permet pas de calculer le
rendement de l’éolienne, ni sa vitesse de rotation. Il faut donc, dans une pre-
mière étape, traiter des effets de la résistance de l’air qui conduit à une vitesse
limite de rotation dépendant essentiellement de l’angle d’attaque du vent. Dans
la deuxième étape, il y a lieu d’introduire le freinage induit par le couplage à la
génératrice électrique. La force de ce couplage est elle-même optimisée par
rapport à la puissance électrique produite. Ajoutons qu’il est utile d’optimiser la
forme des pales en faisant varier l’angle d’attaque selon la position radiale de
l’action du vent, ce qui explique leurs formes complexes.
En tournant, les pales créent un sillage. Pour qu’une approche globale à la
« Betz » ait un sens, il faut que la vitesse de rotation de la pale soit supérieure
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à une valeur limite qu’on trouve égale à environ 1 tr/min, ce qui est pratique-
ment toujours le cas.
La vitesse de rotation maximale des éoliennes est déterminée par la vitesse
en bout de pale au-delà de laquelle des turbulences de l’air apparaissent.
Les éoliennes sont généralement regroupées en parc. Chaque éolienne
extrayant une part de l’énergie du vent, la géométrie du parc doit être telle que
la présence d’une éolienne ne réduise pas significativement la puissance du
vent incident sur ses voisines. Cette condition commande la densité
d’éoliennes du parc. L’emplacement des parcs doit également être optimisé eu
égard au régime des vents.
Enfin, il existe des possibilités de pallier au moins partiellement l’intermit-
tence de l’électricité éolienne soit par un effet de foisonnement, soit par des
dispositifs de stockage de l’électricité.

1. Puissance du vent tissement de l’air de la vitesse initiale V1 à une vitesse finale V2 .


Remarquons que, pour assurer la conservation du flux de masse et
dans la mesure où la masse spécifique de l’air varie peu, il est
On considère une masse d’air animée d’une vitesse V. Un nécessaire que la colonne d’air se dilate latéralement en traversant
volume d’air de longueur L parallèle à la direction du vent et de l’éolienne. Cette dilatation commence d’ailleurs au vent de
surface S est caractérisé par : l’éolienne. La figure 1 montre comment la colonne d’air est défor-
mée par la présence de l’éolienne.
– une quantité de mouvement SLρV ;
– une énergie cinétique 1/2SLρV 2 avec ρ masse volumique de
l’air.
Pour calculer la puissance passant par une surface S perpendi-
culaire à la direction du vent il suffit de poser L = V. Et donc la
puissance du vent passant par la surface S s’écrit :

1 Vent
P0 = S ρV 3 V1
2 V2

1.1 Puissance maximale récupérable.


Loi de Betz
On peut schématiser une éolienne comme un dispositif de
surface S perpendiculaire à la direction du vent transformant une
partie de l’énergie du vent en mouvement perpendiculaire à la Figure 1 – Déformation de la colonne d’air par la présence
direction du vent. La puissance enlevée au vent implique un ralen- d’une éolienne

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Par le passage à travers l’éolienne, la colonne d’air perd donc


1 
une énergie  ρ (V12 − V22 ) .
2 
En supposant qu’au niveau du rotor de surface S, la vitesse de la
colonne soit (V1 + V2)/2, la puissance maximale rendue disponible
pour l’éolienne vaut donc : +++ −−−
Vent
+++ −−−
1 1  V  V2 +++ −−−
Pdisp = ρ S (V1 + V2 )(V12 − V22 ) = ρSV13  1+ 2   1− 22 
4 4  V1   V1 

Pdisp est maximal pour :


V2 1 + zones de surpression
= (1) − zones de dépression
V1 3

et vaut :
Figure 2 – Distribution des lignes de courant pour un obstacle
16 perpendiculaire à la direction du vent
Pmax = P0 (2)
27
Cette relation a été démontrée par Albert BETZ [1] dès 1919,
16
d’où son nom. La valeur ≈ 0,6 est une limite maximale du z
27
rendement des éoliennes qui est, en général, loin d’être atteinte.

2. Physique des pales


Vent

2.1 Définition des forces agissant 0


sur les pales x

On suppose que le vent, dirigé selon la direction Ox est incident


sur un obstacle. Ainsi qu’on peut le voir sur la figure 2, les lignes
de courant sont déformées pour contourner l’obstacle. En même
temps une zone de surpression se crée au vent de l’obstacle,
surpression qui repousse les lignes de courant vers l’extérieur.
Derrière l’obstacle, au contraire, une dépression est créée qui est
responsable de la reconvergence des lignes. La différence de Figure 3 – Distribution des lignes de courant pour un obstacle
pression entre les faces au vent et sous le vent entraîne l’existence incliné par rapport à la direction du vent

d’une force de pression R qui s’exerce perpendiculairement à la
surface de l’obstacle.
La figure 2 représente la situation où le vent arrive perpendicu-
lairement à la surface de la pale de l’éolienne. Dans ce cas, la pale
ne peut se mettre en mouvement. La figure 3 montre un cas où le
vent arrive à un angle oblique par rapport à la surface. Une force
s’exerce alors, dans ce cas pour mettre en mouvement la pale vers
le haut, dans le cas d’espèce. →
La figure 4 permet de définir les notations dans ce cas, en P

supposant, dans une première approche, que la vitesse du R
mouvement de la pale est faible devant celle du vent.

La composante de R le long de la direction du vent est appelée →
la traînée T et, dans le cas des éoliennes et pour les faibles vites- T
ses, est inefficiente, puisque l’on s’arrange toujours pour que les
pales tournent dans un plan perpendiculaire à la direction du vent.
La composante perpendiculaire à la direction du vent est la por-
tance P. i
Le module de la force de pression est proportionnel à la surface ρ
T = kx S sin2(i)V2
de la pale offerte au vent, S sin (i ), où i est l’angle d’incidence du 2
ρ
vent par rapport à la surface de la pale et S la surface de la pale. La P = kz S sin(i)cos(i)V2
2
force de pression est également proportionnelle au carré de la
avec S surface de la pale
vitesse du vent V. On peut donc écrire :

ρ
R =k S sin(i )V 2
2 Figure 4 – Définition de la portance et de la traînée

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Cz/Cx
Cz
0,5 5

0,4
4
0,3
3
0,2

0,1 2

0,0
1
– 0,1
0
– 0,2
0 5 10 15 20 25 30
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 i(°)
Cx

Figure 6 – Allure de l’évolution du rendement de la pale


Figure 5 – Variation de Cz en fonction de Cx en fonction de l’angle d’incidence du vent

On mesure expérimentalement la traînée et la portance qu’on


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peut écrire :

R
ρ
T = kx S ((t 0 + sin2 (i )) V 2
2 (3) →
ρ P
P = kz S sin(i )cos(i ) V 2
2
→ i
T
Le terme t0 dans la définition de T correspond au fait que la pale
ayant une épaisseur finie, un terme de traînée existe même pour α
une incidence rasante. On définit aussi les coefficients de portance
et de traînée :

C x = k x (t 0 + sin2 (i ))
(4)
C z = k z sin(i )cos(i )

Vréel →
En principe, kz et kx varient lentement avec i. La figure 5 montre Vrel
comment Cz varie en fonction de Cx pour des angles d’incidence
compris entre – 8 et 20o, dans le cas où kz = kx = 1. Pour les
incidences négatives la portance ramène la pale vers le bas. Pour
l’incidence nulle la portance s’annule. Elle s’annule aussi pour →
l’incidence normale. Vapp

Le rapport de la portance à la traînée reflète le rendement de la


pale. Un exemple de la variation de ce rapport avec l’angle Figure 7 – Définition des angles et forces dans le cas d’une pale
d’incidence est montré sur la figure 6. On y voit que le rendement en mouvement
passe par un maximum pour un angle d’incidence assez faible.
La vitesse apparente dépend à la fois de la vitesse angulaire ω
de rotation de la pale et de la distance r à l’axe de rotation. En
2.2 Cas de la pale en mouvement module, on a :

Dans ce qui précède, nous avons supposé que la vitesse de Vapp = 2πωr (5)
déplacement de la pale était négligeable devant celle du vent. En
réalité, la force de portance P met en rotation la pale de l’éolienne
et crée de ce fait un vent apparent en sens inverse de la rotation. La figure 7 définit les angles et forces mises en jeu dans ce cas.
Ce vent s’ajoute au vent réel pour créer un vent relatif. Soit i La pale fait un angle α avec son plan de rotation. Le vent relatif fait
l’angle d’incidence fait entre la surface de la pale et le vent relatif. l’angle d’incidence i avec la pale. L’angle i est donné par :
Soit α l’angle fait entre le plan de la pale et le plan perpendiculaire

à la direction du vent réel (angle de calage). La vitesse relative Vrel Vréel
arctan (i + α ) =
 Vapp
s’exprime comme la somme du vent apparent Vapp et du vent réel

(physique) Vréel : π
   avec la limite pour |Vapp| = 0, i + α = .
Vrel = Vapp + Vréel 2

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On voit, d’après l’équation (5), que |Vapp| et donc i + α, La condition Fz = Ffric est obtenue lorsque la relation suivante
dépendent de la distance à l’axe de rotation. Les considérations entre α et U est satisfaite :
qui suivent s’appliquent donc à une portion de pale suffisamment
petite pour qu’on puisse négliger cette variation.
   Vapp  2
Vapp 2
Vapp
Les mesures expérimentales fournissent P et T en référence à cos α sinα − (sin2 α + t 0 ) 1+ 2 − 2 sin2 α = 0 (9)
 Vréel  Vréel Vréel
la direction du vent relatif et de la surface de la pale, comme indi-
qué par l’équation (3) et l’équation (4). Mais, dans le cas de
l’éolienne, la force orientée perpendiculairement au plan de Vapp
rotation, Fx ne joue pas de rôle et est analogue à la force de traî- Si  1 :
Vréel
née définie dans le cas statique. Au contraire la force Fz est respon-
sable de la rotation et fournit la puissance. Utilisant l’équation (3),
on obtient l’expression de Fz :  Vapp  Vapp
 cosα sin α − (t0 + sin 2 α )  − sin 2 α = 0
 Vréel  Vréel
ρ
Fz = SVrel
2
2
((k z sini cosi sin (i + α ) − k x (t 0 + sin2 i )cos(i + α )) (6)
On obtient la solution simple :
Compte tenu de l’expression de Fz , on peut essayer de répondre
aux questions suivantes : Vapp cosα sin α
= (10)
1. la pale atteint-elle une vitesse de rotation stable et pour quelle Vréel t0 + 2 sin 2 α
vitesse et, donc, quel angle d’incidence ;
2. y a-t-il une valeur optimale de l’angle α ?
Pour répondre à ces questions, nous nous mettons dans l’hypo- 2.4 Rendement maximal de pale
thèse simplificatrice kz = kx .
Poser β = i + α permet de remplacer la variable i par une La puissance dissipée par la force de friction pour la valeur
expression des vitesses physique V = Vréel et apparente U = Vapp , d’équilibre de U vaut :
par exemple :

Vréel ρ cos3 α sin5 α


sin β = Vapp Ffric = k z SV 3 (11)
2 +V 2 2 réel (t 0 + 2 sin2 α )3
Vapp réel

On obtient alors l’expression de Fz : 1


La puissance du vent disponible est kz ρSV 3 de telle sorte
2
ρ
2 +V 2 
Vréel  Vapp Vapp   que le rendement maximal de la pale vaut :
app
Fz = Sk z V 2 sinα  cos α − sinα −t 0  (7)
2 Vréel   Vréel Vréel  
cos3 α sin5 α
R= (12)
(t0 + 2 sin 2 α ) 3
2.3 Condition d’équilibre
La figure 8 est un exemple de la variation du rendement
maximal en fonction de l’angle de calage α, pour une valeur
À partir du repos, la vitesse de la pale augmente sous l’effet de
t0 = 0,01.
la force Fz jusqu’au moment où elle devient égale aux forces de
friction. Il faut donc exprimer cette force de friction. En tournant, la
pale rencontre la résistance de l’air située sous le vent de la pale.
Rendement

0,5
Ce point est un peu délicat. Pour mieux se représenter l’ori-
gine de la force de friction, il est commode de considérer que
le mouvement de l’éolienne est créé par un moteur agissant 0,4
sur son axe et lui communiquant sa rotation. L’air au repos est
à l’origine de la résistance s’opposant alors au mouvement.
Dans le référentiel attaché à une pale, tout se passe comme si 0,3
elle était soumise à un vent de vitesse égale en valeur et de
sens opposé au vent apparent. Ce vent est situé dans le plan
perpendiculaire à la direction du vent physique et exerce son 0,2
action sur la face de la pale sous le vent physique.

0,1
La force de friction peut s’exprimer en s’inspirant de
l’équation (3) en remplaçant le vent physique par le vent apparent
π
et l’angle α par son complément −α : 0
2 0 5 10 15 20 25 30
Angle (°)

ρ 2
Ffric = Sk z Vapp sin2 α (8) Figure 8 – Variation du rendement d’une pale en fonction
2 de l’angle de la pale par rapport au plan de rotation

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2.5 Rendement de production y


0,5
Le traitement donné dans la section précédente n’est pas
suffisant pour évaluer le rendement de production d’électricité. En
effet, le couplage d’une génératrice à l’éolienne freine le
mouvement des pales. Nous faisons l’hypothèse simple que le 0,375
freinage dû à la génératrice est proportionnel à la force de friction.
La force de friction est donc modifiée en ajoutant un préfacteur
(1 + θ) :
0,25
ρ 2
Ffrict = (1+ θ )Sk z Vapp sin2 α (13)
2
0,125
La puissance transmise à la génératrice étant :

ρ 2
Félect = θ Sk z Vapp sin2 α (14) 0
2 0 12,5 25 37,5 50
x

Vapp
 1 , on obtient la condition
Toujours dans l’hypothèse en absence de production électrique
Vréel en présence d’une production électrique correspondant
d’équilibre entre la force exercée par le vent et la force de friction : à 1,5 fois le terme de résistance de l’air
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Figure 9 – Rendement caractéristique d’une éolienne


Vapp cosα sin α
= (15)
Vréel 2 (1+ θ ) sin 2 α + t0
Rendement maximal

0,18
Vapp 0,16
En éliminant grâce à cette relation, on obtient le
Vréel 0,14
rendement électrique de l’éolienne : 0,12
0,1
cos3 α sin5 α
Rélect =θ (16) 0,08
[2(1+ θ )sin2 α + t 0 ]3
0,06
0,04
La figure 9 compare les courbes de rendements correspondant
aux équations (12), pour laquelle le rendement est défini comme 0,02
les rapports de la puissance mécanique de l’éolienne à la 0
puissance du vent, et 16, pour laquelle le rendement électrique est 0 2 4 6 8 10 12
défini comme le rapport de la puissance délivrée au générateur à θ (°)
la puissance du vent. On constate que le couplage à la génératrice
se traduit par une baisse du rendement. Il est important de définir Figure 10 – Variation de la puissance électrique optimale
en fonction de l’intensité du couplage à la génératrice d’électricité
l’optimum de couplage de la génératrice à l’éolienne, autrement
dit du rapport de la puissance transmise à l’éolienne à celle du
vent. La figure 10 montre que le rendement est maximisé pour
une valeur de θ d’environ 1,5, ce qui correspond à un transfert de
puissance de l’éolienne de 38 % de la puissance totale fournie par 3. Éolienne
l’éolienne.

3.1 De la pale à l’éolienne


2.6 Forme optimale des pales Alors que dans le paragraphe 1, on traite de la puissance des
éoliennes en termes de surface balayée par les pales, dans le
Comme la vitesse apparente U est proportionnelle à la distance paragraphe 2, la discussion se concentre sur la physique de la pale
à l’axe de rotation (cf. équation (5)) la condition d’équilibre donnée individuelle, et même, le plus souvent, d’une section étroite de
par l’équation (10) exige que l’angle α dépende de cette distance. pale. Comment des expressions faisant expressément et unique-
En effet, la condition Fz = Ffriction doit être remplie sur l’ensemble ment intervenir des caractéristiques des pales peuvent-elles
de la pale. Si elle ne l’est que globalement et non localement, on a conduire à une physique où celles-ci disparaissent, sauf sous une
Fz < Ffriction en bout de pale, et, au contraire Fz > Ffriction dans la forme globale de surface balayée et de rendement ? Cette
région proche de l’axe puisque la vitesse apparente U, et donc transition d’une physique de la pale à une physique de l’éolienne
Ffriction croît avec la distance à l’axe. Il s’ensuit qu’on peut alors est rendue possible par la persistance des perturbations de l’air
optimiser le rendement de la pale en augmentant Ffriction dans la consécutives au passage de la pale. L’étude de la dynamique de
région proche de l’axe. Les profils complexes des pales d’éolien- cette transition fait appel à la mécanique des fluides compressibles
nes modernes ont précisément pour but de remplir la condition et excède l’objet du présent paragraphe. Il est toutefois possible de
donnée par l’équation (10) autant que faire se peut. déterminer simplement les conditions y conduisant.

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En effet, le mouvement de la pale crée un sillage qui peut Lorsque, le deuxième terme du second membre de
interférer avec les passages suivants. Pour examiner qualitative- l’équation (21) est inférieur ou égal au premier, on peut considérer
ment les effets du sillage, nous suivons l’approche de Landau et que le sillage est encore bien établi. Une condition suffisante pour
Lifchitz [4]. La vitesse relative de l’air incident sur la pale est que la distribution de pression le long de la circonférence puisse
supposée égale à l’opposé de la vitesse de rotation. être considérée comme stationnaire est donc que :

4ν π r
Pour visualiser plus facilement le phénomène, on peut sup-  2 (r ) sin 2 α =
U
poser que le vent physique est nul et que le mouvement de la
pale est imposé par un moteur, par exemple. Soit en remplaçant U par 2πωr, on obtient une valeur de ω
au-dessus de laquelle on peut considérer que l’approche globale
du mouvement de la pale est valable :
La résistance de l’air se traduit par un ralentissement de ce
mouvement sous le vent de la pale. 2ν
ω lim = (22)
 2 (r ) sin 2 α
Noter qu’ici le vent considéré n’est plus le vent physique,
mais le vent de résistance de l’air. Le côté sous le vent de l’un D’après la figure 8, une valeur typique de α est de l’ordre de
est le côté au vent de l’autre. 0,01 rad. On suppose une largeur de pale  (r ) = 1 m . En remplaçant
la viscosité cinématique par sa valeur, on obtient donc une estimation
Dans ce paragraphe, la vitesse relative de l’air est notée U (r) (la de la vitesse limite ω > 0,3 × 10–2 tr/s, soit environ 1 tr/min, une
convention de signe est changée par souci de simplicité). Derrière valeur faible donc.
la pale, on peut écrire, en omettant la dépendance en r, que la
vitesse relative est :    Dans tous les cas de fonctionnement réels, on voit donc que la
V =U +u condition pour qu’une approche de la physique de l’éolienne en
 termes de surface brassée soit valable est bien remplie.
avec u perturbation de la vitesse du vent au passage de la pale.
Dans le cas simple d’un sillage laminaire et lorsque la perturba-
 3.2 Choix des caractéristiques
tion u est faible, l’équation de Navier et Stokes se simplifie sous
la forme :
d’une éolienne
   L’étude porte sur les éoliennes de forte puissance pour la
∂u p   ∂ 2u ∂ 2u 
U = −∇ + u  + (17) production d’électricité. Ces éoliennes sont calculées pour une
∂z ρ  ∂ 2x ∂ 2z  puissance maximale déterminée par des effets de turbulence aux
 extrémités des pales. Cette puissance maximale est égale à une
Pour la composante de u dans la direction de la force de traînée
fraction de la limite de Betz :
(donc parallèle au vent physique), on peut négliger le terme
dépendant de la pression p dans l’équation (17) soit :
Pm = 0, 29 ρ ε D 2Vnom
3 (23)
  
∂u   ∂ 2uz ∂ 2uz  avec Pm (W) puissance nominale de l’éolienne,
U z =u + (18)
∂z  ∂ 2x ∂ 2z  Vnom (m/s) vitesse de référence du vent correspondant à la
 puissance nominale pour le rendement maximal de
On trouve alors la solution pour u z : l’éolienne,
ρ (kg·m–3) masse volumique de l’air,
 Φ 1  U y2 + x2 
uz = − z exp  − (19) ε
z 
rendement de l’éolienne,
4 πρν z  4ν
D (m) diamètre du rotor.
avec Φz force de traînée du type donné par l’équation (8), La vitesse de référence du vent correspond au meilleur
ν coefficient de viscosité cinématique (dans le cas de l’air rendement ainsi qu’à la limite acceptable de la vitesse de rotation.
0,15 × 10–4 m2/s). En utilisant l’équation (10), on a :
Le long de la portance la composante de la vitesse dans la 3
région du sillage est dominée par un terme similaire :  t0 + 2 sin 2 αopt 
Pm = 0, 29 ρD 2Ulim
3
  (24)
 cosαopt sin αopt 
 Φ 1  U y2 + x2 
ux = − x exp  − (20) avec αopt valeur de l’angle de calage α maximisant le rendement
4 πρν z  4ν z 
de l’éolienne, comme on peut la déterminer, par
 exemple, sur la figure 8,
La composante uz de la vitesse s’oppose à la composante du
vent incident défléchie par la pale et crée une zone de surpression Ulim vitesse tangentielle limite acceptable.
le long du sillage de la pale. Cette zone de surpression est à On voit donc que la donnée de Ulim et de Pm conduit à celle du
l’origine de l’entretien du mouvement de la pale. Si le sillage a une diamètre de pale D. La vitesse limite est :
longueur supérieure à la circonférence décrite par la pale, on
conçoit qu’une approche globale du mouvement de cette dernière ω limD
Ulim =
soit validée. Soit  (r ) la largeur du profil de la pale à la distance r 2
de l’axe. La largeur de pale vue par le vent relatif vaut  (r ) sin α . avec ω en tr/s,
La largeur du sillage Ls à une distance z de la pale le long de la ce qui permet d’écrire :
circonférence vaut donc approximativement :
 t0 + 2 sin 2 αopt 
2 νz Pm = 0,075 ρD 5ω lim
3
 
LS2 =  2 (r ) sin 2 α + (21)  cosαopt sin αopt 
U

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Nota : les détails techniques permettant de contrôler l’orientation des pales peuvent
Tableau 1 – Vitesses de rotation et puissance se trouver dans l’ouvrage de G.Cunty [2] [3].
nominale d’éoliennes de différents diamètres

ω Pm En pratique, donc, l’éolienne ne fonctionne à sa puissance


D
(tr/s) (kW) nominale que pour des vitesses de vent supérieures à la
vitesse nominale, comprise entre 15 et 20 m/s et inférieures à
1 33,33 0,4 la vitesse de mise en drapeau comprise entre 25 et 30 m/s.

2 16,67 1,6
La figure 11 montre un exemple type du diagramme de la
5 6,67 10,1 puissance délivrée en fonction de la vitesse du vent.

10 3,33 40,3

20 1,67 161,2 3.3 Puissances instantanée, nominale


et moyenne
50 0,67 1007,2
La figure 8 laisse augurer qu’il existe une grande différence
100 0,33 4028,9 entre la puissance nominale (maximale) délivrée par une éolienne
et la puissance moyenne qu’elle est susceptible de fournir. Pour
que puissance instantanée et puissance nominale soient égales, il
Le tableau 1 donne quelques données pour des éoliennes de faut, en effet, que la vitesse du vent soit comprise dans une fenêtre
diamètre variant entre 1 et 100 m. assez étroite. Étant donné une éolienne de puissance nominale
donnée, on s’attend donc à ce que la puissance moyenne délivrée
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dépende de la distribution des vitesses du vent mesurées sur


Dans tous les cas, la vitesse en extrémité de pale est limitée l’année. À titre d’exemple, considérons une distribution des
à environ 100 m/s (360 km/h), vitesse au-delà de laquelle se vitesses linéaire caractérisée par une vitesse maximale vm :
produisent d’importantes instabilités des courants d’air. À
cette vitesse limite correspond une vitesse nominale du vent
de 18,5 m/s (66 km/h). Le rendement par rapport à la limite de vm − v
p (v ) = 2 2
(25)
Betz est supposé égal à 0,25, caractéristique des grandes vm
éoliennes.
avec p probabilité
Au-delà de la vitesse nominale du vent, il est nécessaire de vm
ralentir l’éolienne de manière à maintenir constante la vitesse La valeur moyenne de la vitesse vaut donc
. La figure 12
3
d’extrémité de pale. Cela se fait en faisant varier l’angle de calage montre comment varie le rendement moyen de l’éolienne, défini
de l’éolienne soit en l’augmentant, soit en le diminuant par rapport comme le rapport de la puissance moyenne à la puissance
à sa valeur optimale. Lorsque la vitesse du vent devient trop nominale, en fonction de la vitesse maximale du vent. Dans la
grande et qu’il y a des risques de détérioration de l’éolienne, on pratique et compte tenu des distributions réelles des vitesses de
amène l’angle de calage soit à 90o, c’est la mise en drapeau, soit, vent, il est rare que la puissance moyenne excède le tiers de la
au contraire, à 0o, c’est le décrochage dynamique : puissance nominale. Il est donc très important lorsque l’on discute
– la mise en drapeau est plus sûre mais moins précise en ce qui d’un parc d’éoliennes de ne pas se contenter de citer sa puissance
concerne le maintien de la vitesse de rotation à la valeur nominale nominale mais aussi la puissance moyenne annuelle. C’est ainsi
avant la mise en drapeau ; pour des vents supérieurs à 130 km/h, il que pour fournir autant d’énergie qu’une centrale nucléaire de
est nécessaire de freiner le rotor ; 1 000 MW électriques, il faut un parc de 3 000 à 4 000 MW d’éolien-
– le décrochage dynamique, plus précis, entraîne de grands nes. Il est également important de tenir compte de la disponibilité
efforts sur la structure en cas de tempête. de la puissance.
Puissance (kW)

800
700
600
500
400
300
18 36 50 90 100
200
km/h km/h km/h km/h km/h
100
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Vitesse du vent (m/s)

Figure 11 – Exemple d’évolution de la puissance fournie par une éolienne en fonction de la vitesse du vent

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Rendement moyen

0,5

V = V0sin (ωt)
0,4

0,3

0,2 Ω

B

0,1

50 100 150 200


vmax (km/h)

Figure 12 – Variation du rendement de l’éolienne moyenné sur l’année


en fonction de la valeur maximale atteinte par la vitesse du vent

V = V0sin (ωt + 2π/3) V = V0sin (ωt - 2π/3)


Enfin, la figure 12 montre à quel point les sites géographiques
peu venteux sont pénalisants.
Les rectangles représentent les électroaimants du stator. Le cercle
central et les petits cercles sur sa périphérie représentent la cage
3.4 De la puissance du vent d’écureuil. Le courant d’induction va dans un sens ( vers l’arrière)
à la puissance électrique à droite du champ et en sens inverse ( vers l’avant) à gauche. Le
champ magnétique est représenté pour t = 0.
3.4.1 Couplage du rotor Figure 13 – Représentation schématique d’une génératrice
asynchrone bipolaire triphasée
Pour les petites puissances, on associe souvent une dynamo au
rotor, ce qui fournit du courant continu idéal pour charger des
batteries. C’est la configuration type des installations Le rotor est une structure dans laquelle le champ tournant crée
décentralisées. Elle présente de l’intérêt en l’absence de réseau. des courants d’induction. À leur tour, ces courants créent un
Pour les puissances plus importantes, on couple plutôt le rotor à champ magnétique induit. Dans les génératrices utilisées dans les
un alternateur. Alors que les fréquences de rotation des rotors ne éoliennes de puissance, le rotor est de type « cage d’écureuil ». Il
dépassent pas le tour par seconde, la fréquence du courant s’agit d’un ensemble de barres conductrices parallèles à l’axe de la
électrique est, en général de 50 Hz. Même en utilisant des génératrice reliées à leur extrémité par des cercles conducteurs. La
structures d’alternateur multipolaires, il est nécessaire d’intercaler figure 13 représente schématiquement une génératrice asyn-
un multiplicateur de fréquence entre le rotor et l’alternateur. Si l’on chrone bipolaire.
désire envoyer le courant sur le réseau, la précision de l’accord
entre la fréquence du réseau et celle de l’alternateur n’est pas On montre que la vitesse de rotation du champ induit est la
suffisante pour que l’on puisse accepter une injection directe du même que celle du champ tournant. Les deux champs font donc
courant fourni par l’alternateur sur le réseau. Pour ce faire, on doit un angle constant α entre eux. On démontre aussi qu’un couple
utiliser la combinaison d’un redresseur et d’un onduleur. est alors créé tendant à aligner les champs d’une amplitude
proportionnelle à sin α. Contrairement au champ induit, le rotor
Les éoliennes de forte puissance font appel à des générateurs d’une génératrice asynchrone ne tourne pas exactement à la
asynchrones. De ce fait, il peut être utile de rappeler les principes même fréquence que le champ tournant. Soit Ω la vitesse de
de fonctionnement des génératrices asynchrones. rotation de la cage d’écureuil.
– Si Ω > ω/p, il se crée un couple tendant à ralentir le rotor au
3.4.2 Génératrices asynchrones bénéfice d’une augmentation de la puissance électrique circulant
dans les électroaimants. On a, effectivement, un fonctionnement
Dans une génératrice asynchrone typique, le stator est constitué
en génératrice, ou, plus exactement en amplificateur de puissance.
d’un certain nombre d’électroaimants alimentés par le secteur de
fréquence angulaire ω. La configuration bipolaire triphasée – Dans le cas où Ω < ω/p, le fonctionnement est celui d’un
comporte trois électroaimants alimentés chacun par une phase moteur, la puissance électrique se transformant en énergie de
différente. On dit que la configuration est bipolaire alors qu’il y a rotation du rotor.
trois électroaimants car lorsque l’un des aimants est à la tension
maximale, les deux autres sont à une tension moitié mais de signe
opposé et se comportent comme un seul pôle de signe opposé. Le
champ magnétique créé par cette configuration est donc de type
bipolaire. De plus, il est tournant avec une fréquence angulaire
4. Parc d’éoliennes
égale à celle du courant triphasé. Une configuration quadripolaire
comporte 6 aimants et une configuration hexapolaire 9. Si 2p est le L’implantation d’un champ d’éoliennes nécessite de répondre au
nombre de pôles, la fréquence de rotation du champ tournant est moins à deux questions :
ω /p. Les éoliennes de puissance utilisent des configurations quadri
ou hexapolaires, ce qui permet à la génératrice de tourner à 1 500 – comment doivent être disposées les éoliennes dans le parc ?
ou 1 000 tr/min tout en fournissant du courant à 50 Hertz. – où implanter le parc ?

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4.1 Disposition des éoliennes On voit qu’il y a lieu de rechercher des implantations dans des
endroits où le vent peut se déplacer avec le moins d’obstacles pos-
La réponse à la première question est générique, en ce qu’elle sibles. Il faut aussi rechercher des sites le plus venté possible. La
ne dépend que de la physique de l’éolienne décrite figure 14 [5] est une carte des vents observés en Europe
précédemment. En particulier, l’équation (1) montre qu’en sortie Occidentale. Les zones les plus favorables se trouvent dans le
d’éolienne la vitesse du vent est divisée par trois, ce qui implique Nord des îles britanniques et l’Ouest de la Scandinavie. La France
(conservation du flux) que la surface du courant d’air est multipliée est assez bien dotée avec les côtes de la Manche, celles de Breta-
par trois. On peut alors estimer l’espacement nécessaire entre les gne et, surtout, du couloir Rhodanien. On voit sur la figure 14 à
éoliennes pour que la puissance du vent ne soit pas trop diminuée. quel point la nature du terrain est importante pour le choix d’un
À titre d’exemple, cherchons la condition pour que la vitesse site, les plus favorables se situant sur les hauteurs face à la mer.
moyenne du vent derrière la première rangée d’éoliennes du parc
soit égale à 95 % de la vitesse du vent incident. Soit r le rayon de
l’éolienne et 2R la distance entre deux éoliennes. La vitesse du
vent incident est V et celle derrière l’éolienne est V / 3 . La vitesse 5. Gestion des parcs
moyenne derrière la rangée d’éoliennes vaut donc :
d’éoliennes
Vr
2   r 2
  + V  1−    = 0, 95 V La puissance moyenne du vent disponible sur les sites n’est pas
3 R   R   la seule, ni même la principale caractéristique à prendre en
compte dans la gestion d’un ensemble de parcs d’éoliennes.
L’énergie éolienne est, en effet, fortement variable dans le temps,
r d’une façon assez peu prévisible. L’électricien doit donc pouvoir
ce qui donne la valeur = 3,65 .
R faire face à des variations importantes de la puissance fournie par
le parc d’éoliennes qu’il exploite ou dont il achète la production.
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Dans la pratique (cf. site Windpower), les distances entre éolien-


nes situées dans un plan perpendiculaire au vent dominant sont de
l’ordre de 3 à 5 diamètres d’éolienne. Les distances entre plans Un exemple de la variabilité du vent sur un parc d’éoliennes anglais
sont plutôt de l’ordre de 3 à 9 diamètres. est montré sur la figure 15.
Les fluctuations du vent sur une courte période (un mois ici)
peuvent être à la fois très fortes et chaotiques.
4.2 Localisation du parc
La distribution des puissances d’une éolienne reflète, évidem-
L’optimisation de l’implantation du parc conduit à prendre en ment, la vitesse du vent.
compte la puissance moyenne du vent mais, aussi la rugosité h0
du site. Cette dernière est définie comme l’altitude au-dessous de
laquelle la vitesse du vent s’annule. De façon plus pratique, on 5.1 Distributions des vitesses de vent
peut paramétrer la variation de la vitesse du vent V en fonction de
l’altitude h par : La probabilité d’observer une vitesse de vent donnée est habi-
tuellement représentée par des distributions de Weibull [6]. La
γ
V1  h1  probabilité p d’observer une vitesse de vent supérieure ou égale à
=
V2  h 2  v est supposée égale à :
k
v 
Les faibles valeurs de γ correspondent à de faibles valeurs de la − 
 λ
rugosité ainsi qu’à une stabilisation de la vitesse du vent à faible p (v , k , λ) = e (27)
altitude, ce qui favorise un bon fonctionnement des éoliennes. Au
contraire pour les fortes valeurs de γ la vitesse du vent est notable- avec k paramètre de forme de Weibull,
ment plus faible pour les pales en position basse qu’en position λ vitesse caractéristique.
haute, ce qui conduit à un déséquilibre gênant et à une efficacité
La distribution de vitesse du vent est alors une fonction de Wei-
réduite. La rugosité h0(cm) et l’exposant γ peuvent être reliés par
bull w :
une formule telle que :
k
k −1 v 
γ = 0,096 lg h0 + 0,016 (lg h0 ) 2 + 0, 24 (26) k v  − 
 λ
w (v , k , λ) = e (28)
λ  λ 
La caractérisation de différents terrains par leur rugosité h0 et
leur exposant γ est donnée dans le tableau 2. La vitesse moyenne du vent est :

 1
v = λΓ  1+  (29)
Tableau 2 – Caractérisation de différents terrains  k
par leur rugosité et l’exposant (site Windpower)
avec Γ fonction gamma qui généralise la fonction factorielle.
Rugosité h0
Nature du terrain Exposant  D’intérêt particulier sont les distributions avec k = 1 (exponen-
(cm)
tielle) et k = 2 (fonction de Rayleigh).
Plat (mer, herbes courtes...) 0 à 20 0,08 à 0,12
La variance de la distribution est égale à :
Peu accidenté (champs...) 20 à 200 0,13 à 0,16
  2   1  
2
Accidenté (bois....) 1 000 à 1 500 0,20 à 0,23
σ 2 = λ 2  Γ  1+  −  Γ  1+    (30)
  k    k  
Très accidenté (villes...) 1 000 à 4 000 0,25 à 0,4  

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Vitesse (m · s–1) et puissance surfacique (W · m–2) du vent


Terrain abrité Espace ouvert Bord de mer Pleine mer Terrain vallonné
Couleur
(m · s–1) (W · m–2) (m · s–1) (W · m–2) (m · s–1) (W · m–2) (m · s–1) (W · m–2) (m · s–1) (W · m–2)
Bleu foncé > 6,0 > 250 > 7,5 > 500 > 8,5 > 700 > 9,0 > 800 > 11,5 > 1 800
Rouge 5,0 à 6,0 150 à 250 6,5 à 7,5 300 à 500 7,0 à 8,5 400 à 700 8,0 à 9,0 600 à 800 10,0 à 11,5 1 200 à 1 800
Orange 4,5 à 5,0 100 à 150 5,5 à 6,5 200 à 300 6,0 à 7,0 250 à 400 7,0 à 8,0 400 à 600 8,5 à 10,0 700 à 1 200
Vert 3,5 à 4,5 100 à 150 4,5 à 5,5 100 à 200 5,0 à 6,0 150 à 250 5,5 à 7,0 200 à 400 7,0 à 8,5 400 à 700
Bleu clair < 3,5 < 50 < 3,5 < 100 < 5,0 < 150 < 5,5 < 200 < 7,0 < 400

Ce tableau explique les conventions de couleur. Dans la même zone de couleur, la vitesse du vent est
d’autant plus grande que la rugosité est faible.

Figure 14 – Carte des vents dans l’Europe de l’Ouest (doc. laboratoire danois de Risö) [5]

10
9
8

7
Puissance (MW)

5
4
3

2
1
0
1 5 913 17 21 25 29
Jour du mois
La puissance est moyennée sur des périodes de 10 min.

Figure 15 – Fluctuations du vent au mois de Janvier 1997 sur un parc anglais de puissance nominale 10 MW

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Pour l’exponentielle, on a donc :


σ/<v>
1,200
v = λ et σ 2 = λ 2
1,000
Pour la distribution de Rayleigh, on a donc : 0,800
0,600
0,400
π  π
v =λ et σ 2 = λ 2 1−  0,200
2  4
0,000
0 2 4 6 8 10
Le rapport entre la variance σ2 et le carré de la vitesse moyenne k
a une forme simple :
Figure 16 – Variation du rapport variance/valeur moyenne des distri-
 2 butions des vitesse du vent de Weibull en fonction du paramètre de
Γ  1+  forme
σ2  k
2
= 2
−1 (31)
v   1 
 Γ  1+ k   L’évolution des distributions ralentit au fur et à mesure que le
nombre N augmente.
Une distribution expérimentale peut être caractérisée par sa
Exemple : pour k = 1 et N = 25, le rapport σ / v passe de 1 à 0,2
variance σ2 ou son écart-type σ et sa valeur moyenne v . Grâce à donc de k = 1 à k = 5.
l’équation (31), il est alors possible d’obtenir une distribution de
Weibull susceptible de représenter correctement les données
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expérimentales (figure 16). L’évolution des formes de distributions 5.2 Distribution des puissances
de Weibull pour différentes valeurs du paramètres de forme est
donnée figure 17. La puissance ϖ des éoliennes est proportionnelle au cube de la
Si on considère N régions météorologiquement indépendantes, vitesse :
chaque région étant caractérisée par une fonction de Weibull de ϖ = αv 3
caractéristique k, le rapport (σ / v ) de la distribution des vitesses La loi de probabilité pour la puissance proche d’une distribution
du vent de l’ensemble des N régions est divisé par N par de Weibull w est alors :
rapport à celui d’une seule région.
k +1  k
3αk  ϖ  1 ϖ3
exp  −
3
w (ϖ , k , λ) = (32)
λk  α   
Exemple : comme on peut le voir sur la figure 16, si à k = 1, et 
 λ  α  
k
N = 4, le rapport (σ / v ) passe de 1 à 0,5 donc de k = 1 à k = 2.

σ/<v>

2 k=1
1,8 k=2
1,6 k=3
1,4 k=4
1,2 k=5
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Facteur de charge

Le facteur de charge est le rapport de la puissance moyenne à la puissance nominale.


La valeur moyenne du facteur de charge est de 0,25.

Figure 17 – Évolution des formes de distributions de Weibull pour différentes valeurs du paramètre de forme

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off-shore
Probabilité p(x) 0,16
on-shore
0,14

0,12

0,1

0,08

0,06

0,04

0,02

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
Puissance relative x

Figure 18 – Distributions des puissances relatives à la puissance nominale pour un site off-shore et un site on-shore telles que calculées selon
Hubert FLOCARD [7]

Il faut toutefois tenir compte que les éoliennes sont caractérisées


par une puissance nominale qui est aussi une puissance limite. à diviser le rapport σ / v par environ 3 (§ 5.1). Il serait donc
Hubert Flocard [7] a suggéré une loi de probabilité susceptible de compris entre 0,35 et 0,18, soit des valeurs de k comprises entre 4
représenter la puissance de parcs de éoliens : et 7. On obtient alors une courbe relativement piquée, ce qui signi-
fie que le foisonnement diminue la probabilité de période de fai-
 ln(1− x )  bles et forts vents. Malgré cet effet de foisonnement, la production
p (x ) = 1− exp –  – k (33)

éolienne de l’ensemble de l’Europe Occidentale reste très irrégu-
 λ
lière, comme on peut le constater sur la figure 19 [7]. Les puissan-
ces produites en 2012 se sont situées entre 2,3 et 63 % de la
Cette fonction est définie pour les valeurs de x comprises entre 0 puissance installée.
et 1, la valeur 1 correspondant à l’énergie nominale du parc.
Dans son étude, Hubert FLOCARD a étudié spécifiquement la
production des parcs off-shore et on-shore du Danemark, parcs
suffisamment localisés pour qu’ils soient supposés exposés
chacun au même régime de vent. Les meilleurs choix des paramè-
6. Problème
tres de l’équation (33) sont k = 0,9 et λ =0,3 pour le parc on-shore et de l’intermittence
k = 0,9 et λ = 0,8 pour le parc off-shore. Les valeurs de σ / v cor-
respondantes sont de 1,1 et 0,55 respectivement. En absence d’autres dispositifs, la production éolienne ne peut
garantir l’équilibre entre production et consommation. Elle doit
Selon la figure 16, on peut trouver des distributions de Weibull obligatoirement s’adosser à une production pilotable
approximantes pour les deux cas, le parc off-shore correspondant complémentaire. La puissance du parc éolien ne peut excéder la
à k = 2 et le parc on-shore à k = 1. Il faut remarquer que le puissance maximale appelée par la consommation, sauf à limiter
comportement des parcs off-shore est assez différent de celui des volontairement la puissance produite par les éoliennes, ce qui est
parcs on-shore, comme on peut le voir sur la figure 18. La puis- difficilement acceptable économiquement. Dans ces conditions on
sance nominale du parc est beaucoup plus souvent atteinte dans peut montrer [9] que l’éolien ne peut contribuer à la production
les parcs off-shore. Dans les cas présents, le facteur de charge du qu’à hauteur de son facteur de charge, soit environ 25 % au mieux,
site on-shore est de 29 %, alors que celui du site on-shore atteint en France. Cette production venant en déduction de celle qui
53 %. La rançon de ce meilleur rendement du site off-shore est que pourrait être produite par les moyens pilotables, ceux-ci perdent
la production est encore plus irrégulière que celle du site on-shore. en rentabilité.
Nous avons vu, sur la figure 15, que la puissance d’un parc Il est clair que la généralisation de l’usage de l’éolien passe par
éolien était violemment intermittente. Il est généralement admis le développement de méthodes de stockage de l’électricité. Le
par les tenants de cette énergie, que cette intermittence peut être stockage de l’électricité en tant que telle ne peut se faire que par
largement atténuée grâce au phénomène de foisonnement. Un tel l’usage de la supraconductivité. Ce mode de stockage est encore
phénomène ne peut évidemment se produire dans une région très onéreux et ne peut guère être envisagé, à court ou moyen
ayant un régime de vent homogène. En Europe occidentale, la terme comme un moyen industriel de stocker l’électricité à un
distance de corrélation au-delà de laquelle les régimes de vent ne niveau supérieur à quelques MWh, alors que les besoins se
sont plus que faiblement corrélés excède plusieurs centaines de comptent en dizaines de TWh.
kilomètres [8].
Les stockages d’électricité opérationnels envisageables font
Hubert FLOCARD suppose qu’une surface de 2 millions de km2 appel à une transformation de forme d’énergie :
divisée en 8 zones indépendantes représente correctement le sys- – transformation électricité-énergie électrochimique, essentielle-
tème européen. Or, un total de huit régions indépendantes conduit ment des batteries ;

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PHYSIQUE DES ÉOLIENNES ___________________________________________________________________________________________________________

50 000

45 000

40 000
Puissance (MW)

35 000

30 000
25 000

20 000
15 000

10 000

5 000
0
Janv-1
Janv-7
Janv-13
Janv-19
Janv-25
Janv-31
Fév-7
Fév-13
Fév-19
Fév-25
Mars-2
Mars-8
Mars-15
Mars-21
Mars-27
Avril-2
Avril-8
Avril-14
Avril-21
Avril-27
Mai-3
Mai-9
Mai-15
Mai-21
Mai-28
Juin-3
Juin-9
Juin-15
Juin-21
Juin-27
Juil-4
Juil-10
Juil-16
Juil-22
Juil-28
Aout-3
Aout-10
Aout-16
Aout-22
Aout-28
Sept-3
Sept-9
Sept-16
Sept-22
Sept-28
Octo-4
Octo-10
Octo-16
Octo-23
Octo-29
Nove-4
Nove-10
Nove-16
Nove-22
Nove-29
Déce-5
Déce-11
Déce-17
Déce-23
Déce-29
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Irlande Danemark-Terre Danemark-mer Royaume-Uni France Espagne Allemagne

Figure 19 – Cumul des puissances éoliennes – heure par heure – de six pays de l’ouest européen [7]

– transformation électricité-énergie chimique, essentiellement stockage. Il faut aussi disposer d’un volume de stockage tel que les
production d’hydrogène ; fluctuations soient, sinon effacées, du moins largement atténuées.
– transformation électricité-chaleur ; Des périodes de faible vent d’une dizaine de jours sont couram-
– transformation électricité-énergie mécanique : stockage d’air ment observées. Il faudrait donc envisager des réserves de stoc-
comprimé ; kage de l’ordre de 5 TWh. Même ainsi, la production serait loin
– transformation électricité-énergie gravitationnelle. STEP d’être régularisée.
(Station de transfert d’énergie par pompage). La figure 20 montre l’effet d’un lissage par sommation des
La production de chaleur (chauffage, chaleur industrielle) ou productions pendant 75 et 250 h. Un stockage de 250 h correspond
d’hydrogène peut avoir de l’intérêt en tant que telle pour à une énergie stockée de l’ordre de 5 TWh, pour un parc éolien de
remplacer des combustibles fossiles mais ne peut être considérée 100 GW.
comme une méthode de stockage de l’électricité que si cette cha- Le tableau 3 montre l’évolution des puissances maximale et
leur ou cet hydrogène sont utilisés pour produire eux-mêmes de minimale résultant d’un lissage des productions du parc éolien
l’électricité. Or, le rendement de transformation de la chaleur ou français pendant 75,250 et 500 h. La puissance garantie est le
de l’hydrogène en électricité ne peut guère dépasser un rendement rapport entre la puissance minimale et la puissance maximale
de 30 %. Économiquement, il est peu probable qu’une telle observée.
méthode de stockage puisse se généraliser. La même remarque
On remarque que, même pour un lissage de 500 h, la production
s’applique au stockage de l’air comprimé.
éolienne nécessite une production complémentaire susceptible de
produire 60 % de la puissance éolienne. Ainsi, dans le cas d’une
production éolienne représentant approximativement le tiers de la
Dans la pratique, donc, les méthodes de stockage de
production nucléaire (une vingtaine de GW moyen), la puissance
l’électricité efficaces sont les batteries et les STEP qui ont des
disponible du parc nucléaire ne pourrait décroître de plus de
rendements supérieurs à 70 %.
10 GW. Dans le cas d’une absence de lissage, la puissance
nucléaire installée ne pourrait diminuer que de 1 GW.

6.1 Caractéristiques exigées du stockage


6.2 Stockage par batterie
Un stockage efficace de la production éolienne doit être capable
d’absorber la puissance nominale du parc et de stocker l’électricité Le stockage par batterie présente de l’intérêt aussi bien pour
pendant un temps suffisant pour obtenir une régularisation recharger la multitude de batteries utilisées dans des applications
suffisante. Pour saisir l’ampleur des besoins de stockage, il est fixes (ordinateurs portables, téléphones) que celles assurant les
nécessaire d’étudier un cas concret. Nous avons choisi d’illustrer besoins énergétiques pour la mobilité. Pour dix millions de
notre propos à partir de l’objectif affiché par le gouvernement fran- voitures 100 % électriques utilisant des batteries stockant 10 kWh,
çais de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique fran- la capacité totale de stockage serait donc de 100 GWh. En réalité,
çais de 75 à 50 %. Pour simplifier, supposons que cette réduction on ne peut guère envisager d’utiliser les batteries en charge que la
se fera grâce au développement de la production éolienne. Pour moitié du temps. La capacité de stockage est donc bien inférieure.
réduire la puissance nucléaire moyenne d’un tiers, soit 20 GW, il On voit que les capacités raisonnables de stockage par batteries
faudrait une puissance éolienne nominale d’environ 100 GW. C’est sont au moins 2 ordres de grandeur inférieure à ce que
donc cette puissance que devraient absorber les dispositifs de nécessiterait un parc éolien de 100 GW.

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___________________________________________________________________________________________________________ PHYSIQUE DES ÉOLIENNES

Puissance (MW) 4 500

4 000

3 500

3 000

2 500 Eolien

Lissé 250 h
2 000
Lissé 75 h
1 500

1 000

500

0
1
120
239
358
477
596
715
834
953
1072
1191
1310
1429
1548
1667
1796
1906
2024
2143
2262
2381
2500
2619
2703
2857
2976
3095
3214
3333
3452
3571
3690
3809
3920
4047
4166
4285
4404
4523
4642
4761
4880
4999
5118
5237
5356
5475
5594
5713
5882
5951
6070
6189
6308
6427
6546
6665
6784
6903
7022
7141
7260
7379
7490
7617
7736
7855
7974
8093
8212
8331
8450
8569
8688
8807
8926
9045
9164
9283
9402
9521
9640
9878
9997
10116
10235
10354
10473
10592
10711
10830
10949
Temps (h)

Figure 20 – Production éolienne en France pendant les 4 derniers mois de 2010. Effet d’un lissage sur 75 et 250 h

Tableau 3 – Évolution des caractéristiques de la production éolienne (parc de 100 GW) en fonction
de la constante de temps de lissage
Puissance minimale Puissance maximale Puissance moyenne Puissance garantie
Lissage
(MW) (MW) (MW) (%)

Sans lissage 3 520 77 800 21 100 4,5

Lissage sur 75 h 7 380 65 460 21 100 11,2

Lissage sur 250 h 9 660 41 100 21 100 23,5

Lissage sur 500 h 14 520 35 040 21 100 42,4

6.3 Stockage par station de transfert Actuellement, la puissance des STEP en France est de 5 GW. Elle
pourrait être portée à 10 GW à un coût raisonnable (quoique
d’énergie par pompage (STEP) rencontrant sans doute de fortes oppositions sociétales). En ce qui
La technique la plus éprouvée du stockage est constituée par les concerne la puissance, elle est d’un ordre de grandeur inférieur à
STEP hydrauliques. Dans le cas des productions intermittentes, il ce que nécessiterait un parc de 100 GW. La plus puissante STEP en
s’agit d’utiliser les périodes de forte production, pour pomper l’eau France, celle de Grand Maison, ne peut fonctionner au pompage
d’un bassin de retenue bas vers un bassin haut. Dans les périodes que pendant 8 h et au turbinage que pendant 10 fois plus long-
de faible production, on exploite la chute du bassin haut vers le temps. Le volume stocké dans le réservoir du haut est d’environ
bassin bas pour produire l’électricité. Deux paramètres permettent 140 millions de m3. La hauteur de chute est de 950 m. La puis-
de caractériser une STEP: la puissance de pompage et la valeur de sance du turbinage est de 1,8 GW. Il ne semble pas envisageable
l’énergie stockée, définie par le volume d’eau stockée et la hauteur d’envisager de nouvelles STEP de hauteur de chute comparable.
de chute. Cette dernière doit permettre de produire pendant la
L’énergie stockée est d’environ 15 GWh, soit 3 pour mille de ce
durée des périodes dépourvues de production intermittente.
que nécessiterait un parc éolien de 100 GW.
Étant donné une puissance moyenne continue souhaitée Ps , la
puissance intermittente caractérisée par un facteur de charge x Dans le cas où on voudrait généraliser l’usage de STEP en bord
nécessaire pour remplir les réservoirs serait : de mer (proposition de François Lempérière [IN 300] [10]), il
faudrait envisager des réserves de stockage de l’ordre de 5 TWh.
Pa = Ps /x
Même ainsi la production serait loin d’être régularisée. Pour une
Dans le cas de l’éolien x est de l’ordre de 0,2. chute de 50 m, le volume de la réserve devrait atteindre
35 milliards de m3. En supposant une profondeur utile des STEP
Pour une puissance moyenne de 20 GW, on a donc besoin d’une de 10 m, la surface de ces réserves atteindrait 3 500 km2, soit
puissance de pompage de 100 GW. 3 500 km de côtes équipées de lacs salés de 1 km de large.

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7. Conclusion ce qui concerne le stockage de l’électricité en tant que telle


(stockage puis réinjection sur le réseau ou localement), seuls les
stockages électrochimiques (batteries) ou gravitationnels sont à
La mise en œuvre d’une production d’électricité éolienne doit prendre sérieusement en considération. Pour évaluer les
être analysée à plusieurs échelles. potentialités du stockage, il est nécessaire de se mettre dans un
cas concret, celui où, en France, l’énergie éolienne remplacerait le
La première est l’échelle de la pale qui consiste, essentiellement,
tiers de la production d’électricité nucléaire.
à analyser les forces qui s’exercent sur elle : forces du vent, force
de résistance de l’air et résistance due au couplage de la généra- Le système de stockage doit être capable d’absorber une
trice. La vitesse de rotation d’une éolienne est limitée par l’appari- puissance de 100 GW. Pour amener la puissance garantie à 23 %, il
tion d’instabilités aérodynamiques en bout de pale, soit environ faut stocker 5 et 10 TWh pour que la puissance garantie atteigne
350 km/h. Cette vitesse correspond à une vitesse optimale du vent 45 %.
d’environ 66 km/h. Le rendement calculé est de l’ordre de 25 % de
la limite de Betz, elle-même égale à 60 % de la puissance du vent Le stockage dans les batteries de 10 millions de voitures
intercepté par la surface balayée par les pales. Le rendement électriques ne représenterait que le centième de ce qui serait
global des grandes éoliennes est ainsi de l’ordre de 15 %. Cette nécessaire pour un parc éolien de 100 GW.
valeur optimale est obtenue pour des vitesses de vent de 15 à La puissance des STEP de barrage en France, est, actuellement,
20 m/s. Typiquement une éolienne de 4 MW tourne à 20 tr/min, et de 5 GW et pourrait être portée à 10 GW au grand maximum, un
a une longueur de pale de l’ordre de 50 m. ordre de grandeur inférieur à celle qui serait nécessaire.
À l’échelle du parc d’éoliennes, on trouve que la distance entre
éoliennes situées dans un plan perpendiculaire à la direction du Il serait, en principe, possible de réaliser des stations de
vent doit être entre 3 et 5 diamètres d’éoliennes et la distance entre transfert d’energie par pompage marines. Pour atteindre une capa-
plans doit être comprise entre 3 et 9 diamètres. Une telle densité cité de stockage de 5 TWh, il faudrait alors équiper environ
d’éoliennes conduit à une production inférieure à 55 kWh/m2/an soit 3 500 km de côte avec une surface totale de stockage de l’ordre de
5 fois moins que pour une centrale photovoltaïque. 3 500 km2.
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À un niveau représentant environ 10 % de la puissance installée


d’un parc de production électrique, l’intermittence de la production
éolienne commence à poser sérieusement question. À l’échelle de En conclusion, la production d’électricité éolienne ne peut
la France, la production garantie du parc éolien n’excède pas 3 % de être raisonnablement qu’une production complémentaire
la puissance nominale. La nécessité d’une disponibilité permanente permettant d’économiser le combustible de productions pilo-
d’une production complémentaire est donc évidente. Les espoirs tables (gaz, charbon, nucléaire, hydraulique), au détriment,
mis dans un foisonnement de la production sur un territoire suffi- toutefois, de leur rentabilité.
samment grand se sont avérés vains. Il est faux de penser, même à Une autre façon d’utiliser la production éolienne serait de
l’échelle de l’Europe, que le « vent souffle toujours quelque part ». produire de l’hydrogène destiné à se substituer à ces
Pour l’Europe, la puissance garantie n’excède pas 6 %. carburants, soit directement dans des piles à combustibles,
soit en améliorant le rendement de production des
Le phénomène de foisonnement ayant un intérêt limité, il
agrocarburants.
convient d’examiner les possibilités de stockage de l’énergie. Pour

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P
O
U
Physique des éoliennes R

E
Hervé NIFENECKER
par
Professeur à l’université inter-âge du Dauphiné
N
Physicien nucléaire
Président d’honneur de l’association « Sauvons le climat »

S
A
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Weibull_distribution
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[16] European Wind Atlas. – (c) Risø National
Laboratory, Denmark (1989). L
À lire également dans nos bases U
LEMPÉRIÈRE (F.). – Stockage d’énergie par
S
pompage d’eau de mer. [IN 300] 10 mai 2012.

Sites Internet
http://www.en.wikipedia.org.wiki/Wind_power
http://www.windeis.anl.gov/index.cfm
http://www.windpower.org
http://www.windpowerwiki.dk/
http://www.sauvonleclimat.org

Annuaire
Delft University Wind energy research institute DUWind (États-Unis) Risø DTU National Laboratory for Sustainable Energy (Danemark)
Texas Tech University’s National Wind Institute NW (États-Unis) Fraunhofer Institute for Wind Energy and Energy System Technology (Allemagne)
National Wind Technology Center (États-Unis) CENER (Espagne)

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