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ELMORCHID FSJES-Marrakech 2021/2022

Chapitre 3
Présentation générale du système bancaire marocain

Un système bancaire peut se définir comme un ensemble de règles (dispositions


réglementaires) et d’institutions financières qui entretiennent des relations entre elles et avec
les agents économiques non financiers.
L’organisation du système bancaire marocain repose sur la loi bancaire de 2015 qui vient
compléter et corriger celle 2006. Ses principaux apports peuvent être résumés comme suit :
- L’introduction de nouvelles dispositions relatives aux associations de micro-crédit et
banques offshore, lesquelles, tout en restant régies par leurs textes spécifiques, seront
soumises aux dispositions de la loi bancaire relatives à l’octroi et au retrait
d’agrément, à la réglementation prudentielle et comptable et au régime des sanctions ;
- L’introduction du statut d’établissements de paiement habilités à effectuer des
opérations de paiement et englobant les sociétés de transfert de fonds régies par la loi
en vigueur, et le développement de dispositions relatives à la définition des
conglomérats financiers et à leur surveillance ;
- L’introduction d’un cadre légal et réglementaire pour l’encadrement de l’activité de
commercialisation des produits et services de banques participatives dans le secteur
bancaire marocain ;
- L’instauration d’un cadre de surveillance macro-prudentielle et de gestion des crises
systémiques et l’introduction de nouvelles règles de gouvernance du secteur bancaire
- La mise en conformité de la loi bancaire avec d’autres textes législatifs par sa mise en
adéquation avec la loi sur la protection du consommateur, celles de lutte contre le
blanchiment et sur la concurrence, et celle relative à la protection des données privées
- La mise en place de passerelles entre Bank Al Maghrib et le Conseil de la
Concurrence qui pourrait émettre des avis concernant les situations de fusions relatives
aux établissements de crédit

Section 1. Les autorités de tutelle et de contrôle

La tutelle et le contrôle du système bancaire s’opère par l’intermédiaire de deux organes : le


ministre des Finances et le gouverneur de la banque centrale.

1.1. Le Ministre des Finances


Il joue un rôle important dans l’exercice et la surveillance de l’activité bancaire. Il exerce
incontestablement une influence considérable sur l’ensemble du dispositif mis en place par la
loi bancaire :
- directement en étant Président du Conseil national de la Monnaie et de l’Epargne.
- indirectement par l’entremise de ses représentants présents dans toutes les instances
créées par la loi et dans les établissements publics et semi-publics.
C’est également au Ministre des finances que revient la responsabilité des décisions relatives
à la politique monétaire.

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1.2. Bank Al Maghreb


Dénommé ‘‘Banque du Maroc’’ jusqu’en 1987, Bank Al- Maghreb a été créée par le dahir du
30 Juin 1959. Elle a pour mission principale la régulation monétaire (assurer la stabilité de la
monnaie et sauvegarder son pouvoir d’achat). Pour atteindre cet objectif, elle a le privilège :
- D’émettre la monnaie et d’effectuer toutes opérations sur or et devises ;
- D’entretenir des rapports bancaires avec l’Etat, de lui servir de conseiller et d’assistant
financiers ;
- De refinancer les banques de dépôt et d’en contrôler l’activité.
En matière de contrôle de l’activité bancaire, la banque centrale est dotée des prérogatives
suivantes :
- Elle participe à la mise en œuvre de la réglementation bancaire ;
- Elle fixe les modalités de fonctionnement des comptes, ainsi que les modèles des états
comptables et des situations périodiques ;
- Elle peut se faire communiquer toutes pièces ou renseignements qu’elle estime
nécessaires et procéder à tous contrôles ou inspection qu’elle juge utiles.
- Elle gère les situations de crises pouvant dégénérer à travers des plans de redressement
de l’établissement en difficulté.

Section 2. Les organes de consultation et de coordination

2.1. Le Conseil National de Crédit et de l’épargne


C’est un organe consulté par les autorités monétaires sur toutes les questions intéressant les
orientations de la politique monétaire, du crédit et de la mobilisation de l’épargne. Il donne
son avis sur les conditions générales de fonctionnement des établissements de crédit et peut
formuler des propositions ou suggestions dans les domaines qui entrent dans sa compétence.
Il peut également constituer en son sein des groupes de travail pour effectuer toutes études qui
lui sont confiées par le ministère des Finances ou qu’il juge utile. Pour recevoir force
d’exécution, ses décisions doivent être agréées par son Président, le Ministre des finances. Y
siège également le Gouverneur, le Vice président et le Directeur général de la banque
centrale, des représentants de l’administration, des représentants des organismes à caractère
financier, des représentants des chambres professionnelles, des représentants des associations
professionnelles et des personnes désignées par le Premier ministre en raison de leur
compétence dans le domaine économique et financier.

2.2. Le Comité des Etablissements de Crédit


Cet organisme est chargé de se prononcer sur toutes les questions relatives à la réglementation
bancaire, notamment :
- L’octroi et le retrait d’agrément ;
- L’exercice à titre habituel, par un établissement de crédit d’une activité autre que celle
visée par la loi ;
- Les conditions de prise de participation des établissements de crédit dans le Capital des
Entreprises ;
- Les conditions de publication des comptes annuels et semestriels ;
- Les modalités de fonctionnement du « fonds collectif de garantie des dépôts » ;
- La fixation du montant du capital des banques ou de la dotation minimum.

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- la fusion de deux ou de plusieurs établissements de crédit ;


- L’absorption d’un ou plusieurs établissements de crédit par un autre établissement de
crédit ;
- La création de filiales ou l’ouverture de succursales, ou de bureaux de
représentation à l’étranger, par les établissements de crédit ayant leur siège social
au Maroc ;
- Les changements qui affectent la nationalité, le contrôle d’un établissement de crédit ou
la nature des opérations qu’il effectue à titre de profession habituelle.
Présidé par le Gouverneur de la banque centrale, ce comité regroupe deux représentants du
Ministère des Finances, un représentant de l’Institut d’émission et quatre représentants des
associations des établissements de crédit.

2.3. La Commission de discipline des Etablissements de Crédit


Elle est chargée, en vertu de l’article 73 de la loi, d’instruire des dossiers disciplinaires et de
proposer des sanctions susceptibles d’être prononcées à l’encontre des établissements de
crédit par le Ministre des Finances ou par le Gouverneur de la banque centrale. Ses
attributions sont toutefois limitées à l’avis qu’elle peut donner dans les trois domaines
suivants :
- L’interdiction ou la restriction d’exercice relatif à certaines opérations se rapportant à
l’activité des établissements de crédit concernés,
- La nomination d’un administrateur provisoire et,
- Le retrait d’agrément.
2.4. Le Conseil Supérieur des Oulémas
Il est la seule autorité compétente pour donner un avis de conformité s’agissant de l’activité
des banques participatives et des produits et services de type participatif. Cette démarche
traduit la spécificité du Maroc et le distingue des autres pays où la responsabilité des avis de
conformité est confiée à des comités dont les membres sont nommés par les institutions
bancaires elles-mêmes. Elle présente par ailleurs un avantage certain dans le sens où elle
permet d’appliquer le principe d’unicité du référentiel religieux au domaine de la finance
participative et devrait favoriser une évolution cohérente du secteur. Les prérogatives du
Conseil Supérieur des Oulémas consistent à émettre des avis de conformité sur les produits et
services offerts par les banques participatives, et ce en application des principales dispositions
ci-après :
- L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Oulémas, comme
condition de création des banques participatives ;
- L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Oulémas, comme
condition pour commercialiser des produits ou des services participatifs que ce soit par
des banques participatives ou d’autres établissements de crédit et organismes assimilés
- L’obligation d’obtenir l’avis de conformité du Conseil Supérieur des Oulémas avant
l’adoption et la publication par Bank AL Maghrib de circulaires et règles spécifiques
aux banques participatives et/ ou régissant les produits et services participatifs et
activités y afférentes ainsi que celles relatives à la gestion du fonds de garantie des
dépôts dédié à cette catégorie de banques ;
- L’obligation des banques participatives de transmettre des rapports de conformité au
Conseil Supérieur des Oulémas tels qu’élaborés par leurs comités d’audit interne et de
suivi de la conformité

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2.5. Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques

Il s’agit d’un nouvel organe, qui a pour missions :


- de coordonner les actions de ses membres en matière de supervision des établissements
soumis à leurs contrôles et de surveillance complémentaire des conglomérats financiers
- de coordonner la réglementation commune applicable à ces établissements ;
- d’analyser la situation du secteur financier et d’évaluer les risques systémiques ;
- de proposer toutes mesures pour prévenir les risques systémiques et en atténuer les effets
- et de coordonner la coopération et l’échange d’informations avec les instances chargées
de missions similaires à l’étranger.

2.6. Les associations professionnelles des établissements de crédit


Les établissements de crédit agréés en tant que banques ou en tant que banques participatives
et les banques offshore sont tenus d’adhérer à une association professionnelle régie
conformément aux dispositions du dahir du 3 joumada I 1378 (15 novembre 1958)
réglementant le droit d’association, tel qu’il a été modifié et complété. Les établissements de
crédit agréés en tant que sociétés de financement sont tenus d’adhérer à une association
professionnelle régie conformément aux dispositions du dahir précité. Les établissements de
paiement agréés sont tenus d’adhérer à une association professionnelle régie conformément
aux dispositions du dahir précité. De plus, les associations de microcrédit sont tenues
d’adhérer à la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM)
Les statuts des trois associations professionnelles précitées ainsi que toutes modifications y
relatives sont approuvés par le ministre chargé des finances, après avis du comité des
établissements de crédit.
Ces associations étudient les questions intéressant l’exercice de la profession, notamment
l’amélioration des techniques de banque et de crédit, l’introduction de nouvelles technologies,
la création de services communs, la formation du personnel et les relations avec les
représentants des employés. Elles peuvent être consultées par le ministre chargé des finances
ou le wali de Bank Al-Maghrib sur toute question intéressant la profession. De même, elles
peuvent leur soumettre des propositions dans ce domaine.
Les associations professionnelles servent également d’intermédiaire, pour les questions
concernant la profession, entre leurs membres, d’une part, et les pouvoirs publics ou tout autre
organisme national ou étranger, d’autre part.
Elles doivent informer le ministre chargé des finances et le wali de Bank Al-Maghrib de tout
manquement, dont elles ont eu connaissance, dans l’application, par leurs membres, des
dispositions de la présente loi et des textes pris pour leur application.
Elles sont habilitées à ester en justice lorsqu’elles estiment que les intérêts de la profession
sont en jeu et notamment lorsqu’un ou plusieurs de leurs membres sont en cause.

Section 3. Les établissements de crédit et organismes assimilés

3.1. Les établissements de crédit


La loi bancaire considère comme établissement de crédit toute personne morale autorisée à
effectuer les opérations les opérations de banques qui consistent en :
- la réception des fonds du public,
- la distribution de crédits, y compris le leasing et l’affacturage
- la gestion et la mise à la disposition de la clientèle des moyens de paiement.

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Les établissements de crédit peuvent également effectuer, sous réserve du respect des
dispositions législatives et réglementaires applicables en la matière, les opérations ci-après :
- les services d’investissement visés à l’article 8 ci-après ;
- les opérations de change ;
- les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;
- la présentation au public des opérations d’assurance de
- personnes, d’assistance, d’assurance-crédit et toute autre opération
- d’assurance conformément à la législation en vigueur;
- les opérations de location de biens mobiliers ou immobiliers,
- pour les établissements qui effectuent, à titre habituel, des opérations de
- crédit-bail.

Sont considérés comme services d’investissement :


- la gestion d’instruments financiers ;
- la négociation pour compte propre ou pour compte de tiers d’instruments financiers
- la réception et la transmission d’ordres pour le compte de tiers ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion de patrimoine ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière ;
- l’ingénierie financière ;
- le placement sous toutes ses formes
- le service de notation de crédit.

Les établissements de crédit sont également habilités à effectuer des opérations connexes
aux services d’investissement énumérés ci-dessus :
- les opérations d’octroi de crédits à un investisseur pour lui permettre d’effectuer une
transaction qui porte sur des instruments financiers tels que définis par la législation en
vigueur;
- la fourniture de conseil et de services aux entreprises notamment en matière de
structure de capital, de stratégie, de fusions et de rachat d’entreprises.

Aussi, les établissements de crédit peuvent prendre des participations dans des entreprises
existantes ou en création, sous réserve du respect des limites fixées, par rapport à leurs
fonds propres et au capital social ou aux droits de vote de la société émettrice, par
circulaire du gouverneur de Bank Al-Maghrib, après avis du Comité des établissements
de crédit.

Remarque
Les établissements de crédit comprennent les banques et les sociétés de financements. A la
différence d’une banque, une société de financement n’est pas habilitée à collecter les dépôts
à court terme et ne peut offrir qu’un seul produit pour lequel elle a obtenu l’agrément
(exemple : crédit-bail, factoring, crédit à la consommation, cautionnement, crédit immobilier,
etc.)

3.2. Les organismes assimilés aux établissements de crédit

La loi bancaire de 2015 a élargi le champ d’application des dispositions réglementaires


bancaires à d’autres institutions dénommées : organismes assimilés (article 11 de la loi
bancaire). Ces organismes sont au nombre de six :

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- les établissements de paiement : ce sont les établissements habilités à offrir les services
de paiement : ( les opérations de transfert de fonds, les dépôts et les retraits en espèces
sur un compte de paiement, l’exécution d’opérations de paiement par tout moyen de
communication à distance, l’exécution de prélèvements de fonds par carte et
l’exécution de virements et enfin les opérations de change)
- les associations de micro-crédit : ce sont des structures associatives chargées d’aider
financièrement les personnes économiquement pauvres, qui pour des raisons de
garanties ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques.
- les banques offshores : ce sont les banques qui opèrent dans les zones franches, c’est-à-
dire dans les paradis fiscaux ou dans les juridictions à fiscalité intéressante.
- les compagnies financières : ce sont les sociétés qui ont pour filiales, exclusivement ou
principalement, un ou plusieurs établissements de crédit.
- la Caisse de Dépôt et de Gestion : c’est un établissement « public » constitué en holding
à statut privé qui développe trois métiers : l’épargne et prévoyance, la banque, la finance
et l’assurance et enfin le développement territorial. Parmi ses filiales, on peut citer :
CIH, Finéa, CDG capital, Fonds Jaida, CGI et CDG développement.
- La Caisse Centrale de Garantie : C’est un organisme public qui contribue à donner une
impulsion à l’initiative privée en encourageant la création, le développement et la
modernisation des entreprises. Elle appuie également le développement social à travers
notamment la garantie des prêts à l’habitat.

Outre ces six organismes assimilés, la loi bancaire de 2015 a défini la notion de conglomérat
financier (article 21). Il s’agit d’un groupe remplissant les trois conditions suivantes :
- être placé sous contrôle unique ou influence notable d’une entité du groupe ayant son
siège social ou activité principale au Maroc ;
- deux au moins des entités du groupe doivent appartenir au secteur bancaire et/ou au
secteur de l’assurance et/ou relèvent du secteur du marché des capitaux ;
- les activités financières exercées par le groupe sont significatives

Remarque
Les établissements suivants ne sont pas soumis aux dispositions de loi bancaire de 2015 :

1. Bank Al-Maghrib;
2. La Trésorerie générale ;
3. Les services de mandats postaux
4. les entreprises d’assurances et de réasssurance régies par la loi n° 17-99 portant code
des assurances et les organismes de prévoyance et de retraite ;
5. Les organismes à but non lucratif qui, dans le cadre de leur mission et pour des raisons
d’ordre social, accordent sur leurs ressources propres des prêts à des conditions
préférentielles aux personnes qui peuvent en bénéficier en vertu des statuts de ces
organismes ;
6. Le Fonds Hassan II pour le développement économique et social régi par la loi n° 36-01
7. Les institutions financières internationales et les organismes publics de coopération
étrangers autorisés par une convention conclue avec le gouvernement du Royaume du
Maroc à exercer une ou plusieurs opérations visées à l’article premier ci-dessus

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