Consigne : Lire le texte et noter l’idée centrale de chaque courant de pensée
Chapitre II. Le fonctionnalisme
II.1. Le fonctionnalisme et la notion de dysfonction chez E. DURKHEIM
La notion de fonction en sociologie avait été introduite par B. MALINOWSKI
qui étudiait des petites sociétés primitives. Cette notion est donc liée à celle de structure, et c’est pour cette raison qu’on a pu aussi parler de structuro- fonctionnalisme.
C’est l’américain R. K. MERTON qui a donné à l’approche fonctionnelle
l’exposé le plus complet. A la base de la démarche fonctionnaliste se trouve le concept d’exigence fonctionnelle. Une fonction existe parce qu’elle est nécessaire, exigée par le système social pour sa survie.
Le concept de dysfonction ne prend son sens que par rapport à un certain
jugement d’harmonie porté sur les fonctions s’exerçant au sein d’un système social. C’est ainsi que la prostitution d’une femme mariée est dysfonctionnelle par rapport aux structures familiales existantes. Dans une certaine mesure, la discussion autour du concept de dysfonction ramène à la distinction que fait DURKHEIM entre ce qui est normal et ce qui est pathologique au sein d’une société. L’adultère est dysfonctionnel parce qu’il compromet l’existence du mariage traditionnel.
La théorie fonctionnaliste a fait l’objet de violentes critiques. On lui reproche
surtout son finalisme. Le fonctionnalisme est donc moralisateur et même conservateur. Le fonctionnalisme présente surtout le défaut de ne pas expliquer le changement social puisqu’il repose avant tout sur un postulat d’équilibre : c’est donc une théorie statique.
Le fonctionnalisme s’oppose à la sociologie dialectique qui cherche dans les
phénomènes sociaux, non plus des fonctions, mais des éléments de décalage, de conflits, de rupture. Ce sont surtout les aspects doctrinaires du fonctionnalisme qui ont justifié les critiques émanant de milieux progressistes. Le fonctionnalisme apparaît comme a-historique et justifie les régimes politiques conservateurs, puisqu’il établit l’existence des fonctions à partir des structures observées.
En résumé, il faudra retenir qu’actuellement le fonctionnalisme en tant que
théorie peut s’appréhender en trois variantes ci-après :
II.2. Le fonctionnalisme absolu
Cette variance est celle du véritable père du fonctionnalisme l’ethnologue anglais
MALINOWSKI. Pour cet auteur, chaque culture forme un tout original et cohérent au sein duquel chaque élément a une signification par rapport à l’ensemble, en étant en relation permanente avec tous les autres éléments. S’intéressant à des sociétés primitives (notamment les Mélanésiens), il va mettre en évidence l’extrême cohérence interne de tous les éléments de leur système social : tous les éléments, y compris la cosmologie, concourent à se renforcer les uns les autres et à maintenir la structure globale.
Il considère d’autre part que l’ensemble du système et donc chacun de ses
éléments répond aux besoins des individus. C’est sur ce dernier point que les controverses porteront. L’idée que l’ensemble des éléments forme un système et qu’il y a donc une cohérence interne entre les traits culturels d’une société sera, elle, largement reprise par la sociologie américaine contemporaine et elle sera appliquée aux sociétés modernes. Un exemple classique de ce fonctionnalisme absolu est illustré par la théorie que proposent K. DAVID et W. MOORE de la stratification sociale. Pour K. DAVID et W. MOORE, la stratification sociale est un système de récompenses nécessaires pour canaliser les individus vers les positions qu’ils doivent occuper de manière à ce que la société survive.
On a reproché à cette variance d’être, à bien des égards, une approche
conservatrice des phénomènes de stratification sociale, de ne rendre compte que du maintien d’un état de choses en n’introduisant aucune variable expliquant le changement.