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Normes comptables

DÉLÉGATIONS DE SERVICE PUBLIC :


LES TROIS PROJETS D'INTERPRÉTATIONS DE L’IFRIC
gataire est considéré comme assurant des comptable qu'elle abandonne, en l'occur-
prestations pour le compte d'une autorité rence le coût des infrastructures
publique, ces prestations pouvant être la construites pour le compte de l'autorité
construction d'équipements puis leur concédante, et enregistre en produit la
entretien pendant une période longue. juste valeur de l'immobilisation incorpo-
Ces prestations sont enregistrées en pro- relle, i.e. le droit d'exploiter les équipe-
duit en y incorporant une marge, les ments. Si l'un et l'autre ne sont pas égaux,
coûts engendrés par leur réalisation étant il en résulte un profit ou une perte.
inscrits en charge. Au bilan, en contrepar- Ultérieurement, l'immobilisation incorpo-
tie de ces prestations, le délégataire relle est amortie en principe linéairement
constate des créances sur l'autorité en même temps que le concessionnaire
L'IFRIC (International Financial publique qui s'éteignent au fur et à mesu- enregistre en produit les rémunérations
Reporting Interpretations re des paiements reçus de celle-ci. Ces perçues auprès des usagers. Il est rappelé
Committee) de l’IASB a récemment créances étant inscrites au bilan pour leur que, sauf cas exceptionnel, la norme IAS
publié trois projets d'interprétations montant actualisé, elles engendrent des 38 impose le minimum linéaire.
D12, D13, D14 sur la comptabilisation produits financiers liés à leur désactualisa- Lorsque le concessionnaire doit effectuer
des concessions de service public, tion. des investissements complémentaires en
plus généralement, sur tous les Suivant le modèle de l'actif financier, les cours de contrats, visant à améliorer ou à
contrats confiant à un tiers la gestion travaux d'extension des équipements, de augmenter substantiellement la capacité
d'un service public. Ces projets réparations et de renouvellement consti- des infrastructures d'origine, il doit enre-
d'interprétations, soumis à tuent des prestations au même titre que la gistrer à son passif la dette représentée
commentaires publics jusqu’au construction initiale des infrastructures. par l'investissement à effectuer, en
contrepartie d'une majoration de la valeur
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3 mai 2005, résultent d'un processus Elles sont à l'origine de chiffres d'affaires
de réflexion initié en 2004, qui complémentaires et de nouvelles créances du contrat à l'actif.
s'ajoute aux discussions ayant déjà sur l'autorité publique. Pour les travaux d'entretien et de renou-
eu lieu en France sur ce thème. Dans ce modèle, les rémunérations reçues vellement dont il a la charge, il enregistre
Comme pour toute interprétation, de l'autorité publique sont portées en une dotation aux provisions au fur et à
l'IFRIC fournit son analyse sur la réduction des créances constatées par le mesure de l'usage des équipements, cet
seule base des normes IFRS existantes. délégataire du service public. Le déléga- usage faisant naître l'obligation d'avoir à
taire n'étant pas payé instantanément les réparer ou à les renouveler.

Les deux modèles comptables pour les prestations accomplies, il se com-


en présence porte comme un banquier à l'égard de Les biens apportés
l'autorité publique ; son compte de résul- par le concédant
La première interprétation D12 prévoit tat reflète à la fois son rôle de prestataire
deux modèles comptables distincts : de service et de banquier. Les biens apportés gratuitement par le
• lorsque l'entité délégataire du service concédant et devant lui revenir en fin de
public est payée par l'autorité publique contrat ne peuvent figurer à l'actif du
délégante, le modèle de l'actif financier Le modèle de l'immobilisation concessionnaire, pour les mêmes raisons
est appliqué ; incorporelle que celles retenues par l'Ifric pour les
biens concédés financés par le conces-
• dans tous les autres cas, en particulier Dans le modèle de l'immobilisation incor-
sionnaire. Cette solution est valable dans
lorsque le délégataire est payé par les usa- porelle, qui s'applique lorsque le déléga-
les deux modèles.
gers du service public, le modèle de l'im- taire est payé par les usagers, le contrat
mobilisation incorporelle s'impose. est analysé par le projet D14 comme
Cette interprétation conclut que les infra-
étant à l'origine : Pour en savoir plus
structures utilisées pour assurer le service • d'un échange, le délégataire échan- www.iasb.org pour les textes :
public ne peuvent jamais figurer à l'actif geant les infrastructures qu'il construit
• D12 : service concession arrangements,
du délégataire en tant qu'immobilisation contre le droit de les exploiter pendant la
determining the accounting model, 25 p.
corporelle. En effet, le délégataire ne durée du contrat ;
• D13 : service concession arrangements,
contrôle pas cet actif puisqu'il ne peut • d'une immobilisation incorporelle,
the financial asset model, 20 p.
l'utiliser que dans le cadre strict fixé par le celle-ci étant le droit d'exploiter les infra-
contrat ; il ne bénéficie même pas d'un structures selon les termes du contrat. • D14: service concession arrangements,
doit d'usage, tel que ce droit est reconnu the intangible asset model, 22 p.
Suivant les règles contenues dans la
au preneur dans un contrat de location. norme IAS 38 sur l'acquisition d'immobili-
Selon le modèle de l'actif financier déve- sation incorporelle par voie d'échange, ■ Benoît LEBRUN
loppé dans l'interprétation D13, le délé- l'entreprise constate en charge la valeur Associé, Salustro Reydel

R.F.C. 376 Avril 2005

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