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1.

Une définition d’accès


ouvert
p. 23-44

TEXTE NOTES DE FIN


TEXTE INTÉGRAL
1Le passage de l’imprimé au numérique nous permet de proposer
des copies parfaites de notre travail. Le fait de passer de
l’informatique individuelle à un réseau global d’ordinateurs
connectés nous autorise à partager ces copies parfaites avec une
audience planétaire pour un coût quasi nul. Cette possibilité de
partage gratuit à l’échelon mondial a surgi il y a une trentaine
d’années avec l’apparition d'Internet. Avant cela, il s’agissait
d’une idée parfaitement utopique.
2Les technologies numériques ont engendré plus d’une
révolution. Celle qui nous concerne peut être nommée révolution
de l’accès au savoir. Pourquoi les auteurs ne sont-ils pas plus
nombreux à utiliser cette révolution pour atteindre davantage de
lecteurs ? La réponse est claire. Les auteurs qui partagent leurs
œuvres de cette manière les mettent en accès ouvert, alors que
d’autres dépendent des ventes de leurs œuvres pour vivre, ou tout
au moins ils apprécient l’existence de ces ventes même si leurs
objectifs ne sont pas seulement financiers.
3Nous pouvons maintenant affiner cette question en mettant de
côté les auteurs désireux de vendre leurs œuvres, à savoir la
grande majorité d’entre eux. Imaginons un groupe d’auteurs dont
les écrits sont à la fois sérieux et utiles, et qui suivent une
coutume tricentenaire consistant à les diffuser librement. Je ne
parle pas d’un groupe d’auteurs riches qui n’ont pas besoin
d’argent. Je parle d’un groupe d’auteurs définis non par leur
richesse mais par leurs sujets d’étude, leurs spécialités, leurs
motivations, leurs intentions et leur appartenance institutionnelle.
En fait, la plupart de ces auteurs ne sont pas riches.
4Pour le moment, il nous importe peu de savoir qui ils sont, quel
est leur nombre, ce qu’ils écrivent et pourquoi ils suivent cette
coutume tricentenaire. Il nous suffit de savoir qu’ils reçoivent un
salaire de la part des organismes qui les emploient, et que ce
salaire leur permet de diffuser leurs écrits gratuitement. Il nous
suffit aussi de savoir qu’ils écrivent pour avoir un impact et non
pour toucher des droits d’auteur, et que cet impact peut favoriser
leur carrière.
5Supposons maintenant que le fait de vendre leurs écrits soit
dommageable à ces intérêts puisque ce choix réduirait à la fois
leur audience et leur impact. Ce choix altérerait également leurs
objectifs professionnels puisqu’il les obligerait à aborder des
thèmes intéressant en priorité le grand public plutôt qu’à se
consacrer aux thèmes spécialisés dont ils sont les experts. Ces
auteurs ont donc tout intérêt à tirer parti de la révolution de
l’accès au savoir. Le rêve d’un accès libre et global peut devenir
une réalité pour ce groupe spécifique d’auteurs, alors que la
plupart ne peuvent se permettre ce choix puisqu’ils vivent des
droits touchés sur leurs œuvres.
6Ces auteurs chanceux sont les auteurs académiques, et les écrits
qu’ils diffusent sans compensation financière sont les articles
publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture. L’accès
ouvert est le nom de ce type d’accès révolutionnaire que ces
auteurs peuvent procurer à leurs lecteurs puisque ces mêmes
auteurs touchent par ailleurs un salaire et ne sont donc pas
motivés par un gain financier.
7La littérature en accès ouvert est numérique, en ligne, gratuite et
exempte de la plupart des restrictions en termes de droit d’auteur
et de licence d’utilisation. Nous pourrions l’appeler accès « sans
barrières », mais ce terme mettrait l’accent sur les défauts plutôt
que sur les avantages d’un tel accès. Il importe également de
préciser quelles sont les barrières supprimées par l’accès ouvert.
8Un prix de vente (ou d’abonnement) est une barrière
significative. Il est envisageable d’acheter un article à titre
individuel. Mais cette barrière devient infranchissable pour un
universitaire qui a besoin de lire et d’utiliser des centaines
d’articles dans le cadre de son projet de recherche, ou pour une
bibliothèque au service de milliers de professeurs et d’étudiants
travaillant sur des dizaines de milliers de sujets, sans compter la
publication des dizaines de milliers de nouveaux articles chaque
année. L’existence d’un prix de vente est doublement néfaste
pour la recherche, à la fois pour les auteurs en limitant leur
audience et leur impact et pour les lecteurs en restreignant le
nombre d’articles qu’ils peuvent lire et utiliser. Un aspect
essentiel de l’accès ouvert est de supprimer la barrière du prix de
vente.
9Le droit d’auteur peut lui aussi devenir une barrière significative.
Si on peut librement lire un article mais qu’on veut le traduire
dans une autre langue, en distribuer des copies à des collègues,
extraire des données à l’aide d’un logiciel sophistiqué ou
reformater l’article pour utilisation sur un autre support,
l’autorisation de l’ayant droit sera le plus souvent incontournable.
Cela a du sens si l’auteur veut vendre son article et si l’utilisation
envisagée par tel ou tel usager amoindrit ces ventes. Mais nous
parlons ici de ce groupe spécifique d’auteurs qui souhaite diffuser
le plus largement possible ses articles scientifiques. Malgré cela,
ces auteurs ont souvent tendance à transférer leurs droits à des
intermédiaires dénommés éditeurs qui veulent vendre leur travail.
Ces barrières instituées par les intermédiaires et non par les
auteurs eux-mêmes risquent d’empêcher les usagers d’avoir
accès à cette recherche. De plus, substituer à la liberté de l’usager
la nécessité de demander des autorisations constitue une double
entrave à la recherche non seulement pour les auteurs dont les
articles deviennent moins utiles parce qu’ils toucheront moins de
lecteurs, mais aussi pour les lecteurs en limitant la possibilité
d’utilisation de ces articles. Un aspect essentiel de l’accès ouvert
est de supprimer la nécessité de demande d’autorisations.
10Supprimer la barrière du prix de vente signifie que les lecteurs
ne sont plus limités par leur propre budget ou par le budget des
organismes dont ils fréquentent les bibliothèques. Supprimer la
nécessité de demander des autorisations signifie que les
universitaires sont libres d’utiliser ces articles à des fins
scientifiques. Cela inclut la diffusion d’un article, sa traduction,
l’extraction de données, la migration du texte sous de nouvelles
formes, l’archivage à long terme, sans parler des futures formes
de recherche, d’analyse et de traitement des données. L’accès
ouvert rend donc les articles plus utiles de deux manières, en en
permettant l’accessibilité à davantage de lecteurs et l’utilisation
pour leurs propres besoins.
Terminologie
Il est parfois utile d’être plus spécifique sur les formes d’accès ouvert et les
barrières existantes. Dans la terminologie spécialisée, l’accès ouvert par le
biais des revues scientifiques se dénomme la « voie dorée », alors que l’accès
ouvert par le biais des archives ouvertes se dénomme la « voie verte ». Les
articles qui ne sont pas en accès ouvert sont les articles en accès payant. Au
fil des ans, j’ai demandé aux éditeurs de me proposer un terme neutre qui ne
soit ni péjoratif ni appréciatif pour caractériser les éditeurs de revues
payantes. Le principal terme suggéré, que j’ai retenu, est celui d’éditeur
conventionnel. Alors que toute forme d’accès ouvert supprime l’accès payant,
il n’en est pas de même pour les autorisations à demander ou non. Si seule la
barrière du prix disparaît, on parle d’accès ouvert « gratis ». Si la barrière des
autorisations disparaît aussi, on parle alors d’accès ouvert « libre ». (Voir
aussi la section sur les voies verte et dorée et celle sur l’accès ouvert gratis
ou libre dans le chapitre 3.)
11L’accès ouvert est défini par trois grandes déclarations
publiques :
• l’Initiative de Budapest pour l’accès ouvert1, signée le
14 février 2002, dont j’ai été le principal rédacteur ;
• la Déclaration de Bethesda sur la publication en accès ouvert2,
signée le 20 juin 2003 ;
• et la Déclaration de Berlin sur l’accès ouvert aux connaissances
dans les sciences et les humanités3, signée le 22 octobre
2003.

12J’y fais parfois référence sous le terme de « définition BBB »


(Budapest, Bethesda, Berlin) de l’accès ouvert pour en parler
collectivement ou pour mentionner leurs points communs. La
définition proposée ici est la « définition BBB » présentée dans ses
grandes lignes, avec l’ajout d’une terminologie postérieure (voie
verte, voie dorée, accès ouvert gratis, accès ouvert libre) pour
définir les différentes catégories de l’accès ouvert.
13L’Initiative de Budapest définit l’accès ouvert ainsi :
• 4 « There are many degrees and kinds of wider and easier access to
[research] literature. By “open a (...)

« Il existe de nombreux degrés et de nombreuses formes d’accès plus


large et plus facile à la littérature scientifique. Par “accès ouvert” à cette
littérature, nous entendons sa libre mise à disposition sur l’internet
public, permettant à tout usager de lire, télécharger, copier, diffuser et
imprimer ces articles, de lancer une recherche dans ces articles, de
créer un lien vers leur texte intégral, de les compiler pour les indexer,
de les convertir en données pour traitement logiciel, et de les utiliser à
toute autre fin légale, sans barrières financières, juridiques ou
techniques autres que celles de l’accès à l’internet lui-même. La seule
contrainte pour reproduire et diffuser cette littérature et le seul rôle du
droit d’auteur dans ce domaine devraient être de donner aux auteurs le
moyen de contrôler l’intégrité de leur travail et le droit d’être
mentionnés et cités de manière adéquate4. »
• 5 « Copy, use, distribute, transmit and display the work publicly and
to make and distribute derivat (...)

14Les déclarations de Bethesda et de Berlin donnent quant à elles


la définition suivante : pour qu’une œuvre soit en accès ouvert, le
détenteur des droits doit consentir à l’avance à ce que les usagers
« copient, utilisent, diffusent, transmettent et affichent l’œuvre
publiquement, qu’ils créent et diffusent des œuvres dérivatives
dans tout médium numérique ayant un objectif responsable, avec
attribution adéquate de l’œuvre à son auteur5 ».
15Chose importante, les trois textes composant la « définition
BBB » insistent d’une part sur la nécessité de supprimer les
barrières liées aux autorisations en plus de celles liées au prix, et
d’autre part sur la nécessité de l’accès ouvert libre en plus de
l’accès ouvert gratis. Mais ces trois textes donnent tous une limite
à la liberté de l’usager, à savoir l’obligation de mentionner
l’auteur et l’article original. Si le but est de supprimer les barrières
existantes pour toute utilisation légitime de la littérature
académique, on ne peut en aucun cas oublier de mentionner
l’auteur et l’article utilisé. C’est la raison pour laquelle ma
définition courte de la littérature en accès ouvert indique que
celle-ci est exempte de la plupart des restrictions (et non de
toutes les restrictions) en termes de droit d’auteur et de licence
d’utilisation.
• 6 Voir à ce sujet mes résumés annuels sur les progrès de l’accès
ouvert entre 2003 et 2010 :
http://d (...)

16L’idée de base de l’accès ouvert est simple : faire en sorte que la


littérature scientifique soit disponible en ligne sans barrières liées
au prix et sans la plupart des contraintes dues à des
autorisations. Sa mise en pratique s’avère, elle aussi, assez simple
puisque le volume des articles en accès ouvert publiés dans des
revues à comité de lecture est en augmentation constante depuis
dix ans, tout comme le nombre d’organismes procurant un accès
ouvert à ces articles. Les difficultés viennent seulement du fait
que nous sommes dans une période transitoire entre le monde
académique actuel et un monde futur dans lequel l’accès ouvert
sera la solution par défaut pour toute nouvelle recherche. La
complexité de la situation actuelle vient davantage du fait qu’il
s’agit de surmonter des obstacles culturels et non techniques,
légaux ou économiques6. (Voir aussi le chapitre 9 sur les
perspectives.)
17En principe, tout type de contenu numérique peut être en accès
ouvert puisqu’il peut être mis en ligne sans barrières liées à un
prix de vente ou à la nécessité d’autorisations. De plus, tout type
de contenu peut être numérique, qu’il s’agisse de textes, de
données, d’images, de documents audio, vidéo et multimédia ou
de code exécutable. Nous pouvons donc avoir de la musique et
des films en accès ouvert, tout comme des actualités, des romans,
des sitcoms et des logiciels – ce qui est déjà le cas à des degrés
divers. Mais le terme « accès ouvert » a été choisi par les
chercheurs pour désigner en priorité la suppression de barrières
pour l’accès à la recherche. La section suivante explique pourquoi.

Les raisons qui rendent l’accès


ouvert possible7
• 7 Cette section s’inspire de quatre de mes publications :
« Open Access Overview » : http://dash.har (...)

18Les raisons pour lesquelles l’accès ouvert est possible


s’appuient sur deux constatations. Premièrement, les auteurs
académiques détiennent les droits sur leurs articles jusqu’au
moment où ils transfèrent leurs droits, par exemple à un éditeur.
Deuxièmement, la plupart des revues scientifiques ne paient pas
les auteurs pour leurs articles, ce qui incite ces auteurs à
consentir à l’accès ouvert sans perte de revenus. Le fait qu’ils ne
soient pas rémunérés pour leurs contributions les distingue des
musiciens, des cinéastes et de la plupart des auteurs. C’est la
raison pour laquelle les controverses sur l’accès ouvert pour la
musique et les films n’ont pas lieu d’être dans le choix d’un tel
accès pour les articles scientifiques.
• 8 Sur l’origine des revues académiques, voir Jean-Claude Guédon,
« In Oldenburg’s Long Shadow: Libra (...)

19Le fait que les auteurs académiques ne touchent pas d’argent


sur ces articles est pratiquement inconnu du grand public. Cela
n’est pourtant pas nouveau dans le monde universitaire et ne
résulte ni d’une crise économique récente dans le domaine de
l’édition ni de l’exploitation organisée de chercheurs un peu naïfs.
Les revues académiques ne paient pas les auteurs pour leurs
articles depuis les tout débuts de ces revues en 1665,
avec Philosophical Transactions, revue anglaise publiée par la
Société royale de Londres, et le Journal des sçavans, revue
française publiée à Paris8.
20L’usage selon lequel les articles scientifiques sont écrits en vue
d’avoir un impact plutôt que d’obtenir des profits est peut-être
dû à un heureux accident historique. Ou bien, il pourrait s’agir
d’une saine et nécessaire adaptation se produisant dans n’importe
quelle culture avec une sérieuse tradition de recherche. Mon côté
optimiste penche pour la deuxième solution, mais l’évolution
récente de la législation sur le droit d’auteur semble me donner
tort. Cet usage permet de séparer la recherche de pointe du
marché, en permettant aux universitaires de choisir l’accès ouvert
sans perte de revenus. Plus important encore, cet usage
encourage la liberté académique et la recherche sérieuse, ce qui
est indispensable à l’avancement du savoir. Il permet aux
chercheurs de contester la sagesse des conventions et de
défendre des idées peu populaires, deux éléments essentiels de la
liberté académique. Il leur permet encore d’être très pointus et de
défendre de par le monde leurs idées auprès d’un petit groupe de
spécialistes du même sujet, ce qui est important pour repousser
les frontières du savoir.
21Cet usage ne garantit pas pour autant que la recherche de la
vérité ne soit pas supplantée par la recherche du profit, ni une
explication des mystères les plus infimes de notre monde,
puisque certains choisissent malgré tout des sujets sans intérêt
pour leur seule popularité ou leur seul écho médiatique. Mais cet
usage enlève tout souci financier à l’ensemble des chercheurs en
leur permettant de se concentrer sur la recherche de la vérité
plutôt que sur celle du profit. L’organisation de la recherche est
censée favoriser aussi bien la valeur de la recherche en elle-même
qu’un accès facile à celle-ci, et elle est indispensable pour contrer
les verrous légaux et économiques qui entraveraient sinon cet
accès.
22Les auteurs et créateurs touchant des droits sur leurs œuvres,
par exemple les romanciers, les musiciens et les cinéastes,
considèrent peut-être cette tradition universitaire comme un
poids sinon une forme de sacrifice pour les auteurs académiques.
Si cette remarque est compréhensible, il importe de prendre en
compte trois facteurs.
23Premièrement, il s’agit d’un sacrifice que les universitaires font
depuis quelque trois cent cinquante années. Mettre leurs articles
en accès ouvert ne leur demande pas de renoncer à des revenus
puisqu’il n’en existe pas.
24Deuxièmement, les universitaires touchent des salaires de la
part des universités qui les emploient, leur permettant ainsi de se
consacrer à temps complet à leurs sujets de recherche et de
publier des articles spécialisés sans souci de répondre aux
besoins du marché. Nombre de musiciens et de cinéastes peuvent
envier la liberté dont jouissent ces universitaires, sans lien avec
une quelconque réussite commerciale ou avec les tendances de
notre époque.
25Troisièmement, les universitaires sont récompensés malgré
tout, quoique de manière plus subtile, par les organismes qui les
emploient – par exemple par des promotions ou des postes
permanents – lorsque leur recherche est reconnue et appréciée de
leurs collègues, validée, citée, appliquée et utilisée pour de
nouveaux travaux.
26Ce n’est pas un hasard si les universitaires favorisent à la fois
l’avancement du savoir et celui de leur propre carrière. Ces
universitaires sont passionnés par certains sujets, certaines idées,
certaines questions, certains problèmes, certaines investigations
ou certaines disciplines. Ils considèrent comme une chance
d’avoir un métier qui leur permette de poursuivre leur passion, et
plus encore d’être récompensés pour cela. Certains se consacrent
exclusivement à apporter leur contribution à l’édifice du savoir en
ayant un impact dans leur domaine ou en créant un précédent
auprès de leurs collègues travaillant sur les mêmes sujets.
D’autres construisent leur carrière de manière stratégique dans le
but d’obtenir une promotion ou un poste permanent. Mais ces
deux voies convergent, non par le fait du hasard mais selon les
règles mêmes du monde académique. Ces récompenses non
monétaires peuvent influer tout autant sinon davantage sur la
productivité du chercheur que les droits d’auteur sur la
productivité du romancier ou du musicien. Pour ces derniers, les
revenus exceptionnels de quelques superstars occultent souvent
ceux beaucoup plus modestes de la majorité d’entre eux.
• 9 Voir aussi « Open access, markets, and missions », SPARC Open
Access Newsletter, 2 mars 2010: http (...)
27La recherche ne serait sans doute pas plus libre ou plus efficace
si les universitaires optaient pour une approche plus
« commerciale », s’ils se comportaient davantage comme les
musiciens ou les cinéastes, s’ils se tournaient vers un modèle
économique fondé sur le profit ou s’ils touchaient des salaires en
fonction de la popularité de leurs idées. Les non-universitaires
intimant aux universitaires de retrouver leurs esprits et d’exiger
des droits pour les articles publiés font sans doute preuve d’une
certaine naïveté à l’égard de la recherche à but non lucratif, et
cette naïveté dépasse peut-être celle des universitaires à l’égard
des activités commerciales à but lucratif9.
28Nous pouvons pousser notre raisonnement plus avant. Il est
possible aux universitaires de ne pas toucher de droits pour leurs
articles parce qu’eux-mêmes touchent des salaires et des
subventions de recherche. Mais pourquoi les universités paient-
elles des salaires et pourquoi les agences de financement
octroient-elles des subventions ? Leur but est de contribuer à
l’avancement de la recherche et aux améliorations d’ordre public
que cette recherche engendre. Ce n’est pas pour engranger des
profits sur les résultats de cette recherche puisque tous ces
organismes sont à but non lucratif. Leur objectif n’est
certainement pas non plus de transformer les articles
universitaires en dons censés enrichir les éditeurs, surtout lorsque
les éditeurs conventionnels érigent des barrières d’accès à cette
recherche. Les universités et les agences de financement paient
les chercheurs pour que ceux-ci fassent don, au sens le plus large
du terme, de leur recherche à leurs lecteurs.
29Aux États-Unis, les agences de financement publiques et
privées sont essentiellement des organisations à but non lucratif,
qui subventionnent les recherches jugées utiles ou bénéfiques.
Les universités ont, elles aussi, un rôle d'intérêt général, même
lorsqu’elles sont privées. Quant aux contribuables américains, ils
soutiennent de facto aussi bien les institutions publiques, par le
biais des fonds publics, que les institutions privées, qui
bénéficient d’exonérations fiscales sur leurs biens et de
réductions d'impôts pour leurs donateurs.
30L’avancement du savoir serait moindre, tout comme la liberté
académique et l’accès ouvert, si les articles des chercheurs étaient
des sources de revenus plutôt que des dons offerts au monde. Il
n’est donc pas surprenant que les agences de financement et les
universités soient de plus en plus nombreuses à promouvoir
l’accès ouvert. La mission qu’elles ont de contribuer à
l’avancement du savoir les incite à mettre la recherche qu’elles
financent à la disposition de tous pour lecture et réutilisation (à
quelques exceptions près, comme la recherche classifiée, par
exemple). (Voir aussi le chapitre 4 sur les réglementations et
mandats.)
31Les personnes peu au fait de l’accès ouvert considèrent que
celui-ci aide les lecteurs tout en nuisant aux auteurs, et que
l’universitaire en tant que lecteur demande à l’universitaire en
tant qu’auteur de faire des sacrifices dans ce sens. Mais il se
trouve que l’accès ouvert est tout aussi bénéfique pour les
auteurs que pour les lecteurs. Les auteurs souhaitent atteindre les
lecteurs au moins autant que les lecteurs souhaitent atteindre les
auteurs. Tout auteur aspire à bénéficier d’une audience plus large
et avoir ainsi un impact plus grand. Les auteurs touchant des
droits ont de bonnes raisons pour parvenir à un compromis
auprès d’un public plus restreint prêt à payer pour leurs écrits.
Mais les auteurs n’en touchant pas n’ont pas besoin d’un tel
compromis pour atteindre leur public puisque l’argent n’entre pas
en ligne de compte.
32Le désir désintéressé du chercheur de contribuer à
l’avancement du savoir par des articles académiques peut tout à
fait être couplé avec un intérêt personnel pour l’avancement de sa
carrière grâce à l’impact de tels articles. Les motifs du chercheur
sont donc à la fois intéressés et désintéressés. Les raisons qui
vont le pousser à mettre son travail en accès ouvert sont à peu
près les mêmes qu’il a de publier des articles. Le chercheur qui
choisit l’accès ouvert pour ses propres articles sert les intérêts
des autres chercheurs sans être pour autant entièrement altruiste.
L’idée selon laquelle l’accès ouvert dépend de l’altruisme de
l’auteur freine les progrès de l’accès ouvert plutôt qu’elle ne les
favorise puisqu’elle occulte le fait que l’auteur doit également y
trouver un intérêt personnel.
• 10 Voir à ce sujet les deux documents suivants :
Steve Hitchcock, « The Effect of Open Access and Down (...)

33Un autre aspect de l’intérêt personnel que peut y trouver


l’auteur est le fait scientifiquement prouvé que les articles en
accès ouvert sont plus cités que les articles en accès payant,
même lorsqu’ils sont publiés dans le même numéro de la même
revue. De plus en plus d’études montrent aussi que les articles en
accès ouvert sont davantage téléchargés que les articles en accès
payant et que les revues passant d’un accès payant à un accès
ouvert voient leur nombre de lecteurs augmenter et leurs articles
davantage cités10.
• 11 A. Ben Wagner, « Open Access Citation Advantage: An
Annotated Bibliography » : http://www.istl.org (...)

34Dans une bibliographie publiée en hiver 201011, Ben Wagner


explique :
• 12 « Though [the explanation for the correlation] is not settled, the
bibliography cites a number of (...)
« Bien qu’on ne puisse pas encore expliquer cette corrélation de
manière irréfutable, ma bibliographie cite aussi un certain nombre
d’études sur l’hypothèse de causes extérieures à cette corrélation. Il
est clair que les articles en accès ouvert sont beaucoup plus
téléchargés que les articles en accès payant. Des études indiquent que
cette augmentation est de l’ordre de 100 %. Il est donc peu probable
qu’une telle augmentation n’influe pas d’une certaine manière sur le
nombre de citations… Mais le fait qu’un article soit publié dans une
revue en accès ouvert (voie dorée) ne semble pas requis pour influer
sur le nombre de citations12. »

• 13 Philip M. Davis, « Does Open Access Lead to Increased


Readership and Citations? A Randomized Contr (...)

• 14 Yassine Gargouri, Stevan Harnad et al., « Self-Selected or


Mandated, Open Access Increases Citatio (...)

35Parmi les controverses récurrentes sur la corrélation entre


l’augmentation des citations et la décision personnelle des
auteurs de mettre leur travail en accès ouvert (plutôt qu’une
obligation requise par l’organisme qui les emploie), on peut citer
ici deux études aux conclusions divergentes. D’abord celle de
Philip Davis fondée sur la diffusion de certains articles choisis au
hasard pour être diffusés soit en accès ouvert soit en accès
payant13. Les premiers ont plus été téléchargés que les seconds
sans être davantage cités pour autant… Ensuite, celle signée de
Yassine Gargouri, Stevan Harnad et leurs coauteurs, qui montre
que les articles en accès ouvert sont davantage cités dans les
deux cas, qu’il s’agisse de la publication obligatoire d’articles
dans une archive ouverte ou la publication volontaire d’articles en
accès ouvert suite à une décision personnelle de l’auteur14.
36Il existe de nombreuses explications possibles à la corrélation
entre l’accès ouvert et l’augmentation des citations. Les études en
cours montreront sans doute à l’avenir que cette corrélation est
due à une audience accrue et à une visibilité plus grande procurée
par le fait que ces articles sont en accès ouvert. Lorsqu’on élargit
l’audience d’un article scientifique, on élargit de même l’audience
qui citera ce même article, y compris celle des chercheurs
travaillant dans le même domaine et ne pouvant se permettre de
consulter des articles en accès payant. L’accès ouvert élargit donc
l’audience potentielle d’un article donné, y compris celle auprès
des professionnels du sujet, et cela bien davantage que les revues
en accès payant les plus lues et les plus prestigieuses.
37Ces études montrent les avantages que l’auteur peut retirer de
l’accès ouvert. Il ne s’agit pas d’un sacrifice de la part d’un auteur
privilégiant l’impact à l’argent. Il s’agit d’une forme de diffusion
qui favorise la visibilité d’un article, son utilisation, son audience
et le fait qu’il soit cité, à savoir tout ce qui serait bénéfique pour
la carrière de l’auteur. Cela pourrait déjà être une bonne chose
même si ce processus était coûteux, difficile et prenait du temps.
Mais, comme nous le verrons dans les pages suivantes, il n’est ni
coûteux ni difficile, et ne demande pas beaucoup de temps.
• 15 Voir à ce sujet les commentaires de Stevan Harnad dans
l’American Scientist Open Access Forum : ht (...)

38Mon collègue Stevan Harnad compare fréquemment les articles


scientifiques en accès ouvert à des annonces publicitaires. Ceux-
ci sont en effet des publicités pour valoriser la recherche de
l’auteur. Essayez d’expliquer à des annonceurs qu’ils font un
sacrifice inutile en autorisant un vaste public à lire leurs annonces
sans devoir payer pour ce privilège. Les annonceurs les diffusent
gratuitement et dépensent même de l’argent pour les placer aux
meilleurs endroits parce que c’est bénéfique pour eux. La même
remarque vaut pour les chercheurs qui ont un intérêt similaire à
diffuser leur message le plus largement possible15.
39Comme tout contenu peut être numérique et comme tout
contenu numérique peut être en accès ouvert, il est inutile de
limiter l’accès ouvert aux articles scientifiques qui ne génèrent
pas de droits d’auteur. Les articles scientifiques ne sont que les
publications les plus accessibles à ce nouveau type d’accès.
L’accès ouvert peut s’appliquer aussi à des œuvres qui sont
source de droits, par exemple des monographies, des manuels,
des romans, des actualités, de la musique et des films. Mais ces
auteurs vont perdre des revenus s’ils consentent à l’accès ouvert
ou tout au moins peuvent avoir des craintes dans ce sens, si bien
qu’il sera plus difficile de les persuader de l’intérêt d’un tel accès.
Cependant, au lieu de considérer que les œuvres générant des
droits d’auteur n’entrent pas dans le champ de l’accès ouvert, il
suffit de les considérer comme moins ouvertes à ce type d’accès.
Dans de nombreux cas, il est toujours possible de persuader leurs
auteurs de l’intérêt de ce nouveau type d’accès. (Voir aussi la
section sur l’accès ouvert pour les livres dans le chapitre 5.)
40Dans la littérature scientifique, les auteurs d’articles ne sont
pas les seuls à ne pas percevoir de rémunération. Le plus souvent,
une revue scientifique ne paie pas non plus le directeur de
publication et les membres du comité de lecture. Les uns comme
les autres reçoivent par ailleurs un salaire de la part des
organismes qui les emploient, tout comme les auteurs des
articles, et peuvent ainsi faire don de leur temps et de leur travail
pour s’assurer de la qualité des articles publiés dans la revue. En
conséquence, toutes les parties prenantes dans une revue
scientifique peuvent consentir à l’accès ouvert sans perte de
revenus. Il n’est pas nécessaire que les articles en accès ouvert se
passent des services d’un comité de lecture ou que les manuscrits
non relus soient plus favorisés que les manuscrits validés par un
comité de lecture. L’accès ouvert englobe donc les revues à
comité de lecture, dont elles sont d’ailleurs une composante
essentielle. (Voir aussi la section sur l’activité du comité de lecture
dans le chapitre 5.)
41Bien entendu, les éditeurs conventionnels ne sont pas aussi
libres de se passer de revenus que les auteurs de leurs revues, les
directeurs de publication et les comités de lecture. C’est un
élément important à prendre en compte pour une transition vers
l’accès ouvert. Cela explique aussi le fait que les intérêts des
chercheurs et ceux des éditeurs conventionnels sont encore plus
divergents à notre époque numérique qu’ils ne l’étaient
auparavant. Mais tous les éditeurs ne sont pas conventionnels, et
tous les éditeurs conventionnels n’adoptent pas des modèles
économiques anciens liés à l’imprimé pour leurs articles
disponibles en numérique.
42Les éditeurs universitaires ne forment pas un groupe
monolithique. Certains éditeurs ont été créés en proposant
d’emblée une formule en accès ouvert alors que d’autres plus
anciens s’y sont convertis. Certains éditeurs l’expérimentent
tandis que d’autres se contentent d’observer ces
expérimentations. La plupart des éditeurs autorisent la voie verte
(par le biais des archives ouvertes) et ils sont de plus en plus
nombreux à adopter la voie dorée (par le biais de revues
scientifiques). Certains éditeurs favorisent l’accès ouvert
contrairement à d’autres qui hésitent ou bien s’y opposent. Parmi
ces derniers, certains éditeurs se contentent de ne pas offrir
d’articles en accès ouvert alors que d’autres font activement
campagne contre les mesures l’encourageant ou l’exigeant.
Certains éditeurs s’opposent à la voie dorée mais pas à la voie
verte, et vice versa.
• 16 Tim O’Reilly, « Piracy is Progressive Taxation, and Other
Thoughts on the Evolution of Online Dist (...)
43Le mouvement pour l’accès ouvert ne gagne rien à brouiller ces
différentes approches, et y perd des alliés potentiels. Pour
paraphraser Tim O’Reilly, l’accès ouvert n’est pas une menace en
soi pour l’édition. Il ne représente une menace que pour les
éditeurs refusant de s’adapter16.
44Les éditeurs de revues scientifiques sont de plus en plus
nombreux à choisir des modèles économiques leur permettant de
supprimer les abonnements payants afin de proposer des revues
ouvertes. Ils disposent d’autres revenus leur permettant de
couvrir leurs frais de fonctionnement. Certains éditeurs ayant
choisi l’accès ouvert adoptent même un modèle économique à but
lucratif générant des profits. (Voir aussi le chapitre 7 sur les
modèles économiques.)
45De plus, l’évaluation des articles de ces revues est assurée par
des chercheurs bénévoles qui se soucient peu de la manière dont
une revue paie ses factures, ou de savoir si les finances de cette
revue sont saines ou non. Si toutes les revues à comité de lecture
se convertissaient à l’accès ouvert dans la nuit, les auteurs, les
directeurs de publication et le comité de lecture auraient les
mêmes motivations que les jours précédents. Nul besoin d’arrêter
d’offrir leurs services, de procurer un travail de moindre qualité
ou de faire davantage de sacrifices. Le fait qu’ils offrent tous de
travailler bénévolement n’est pas fonction du modèle économique
de la revue, mais de la contribution de cette revue à la recherche.
Ils pourraient poursuivre cette activité quelle que soit la situation
économique de la revue, que l’éditeur conventionnel ou l’éditeur
en accès ouvert soit solvable ou non, et même s’il n’y avait pas
d’éditeur.
• 17 http://www.budapestopenaccessinitiative.org/read.

46L’Initiative de Budapest17 pour l’accès ouvert débute par ces


mots :
• 18 « An old tradition and a new technology have converged to make
possible an unprecedented public go (...)

« Une tradition ancienne et une technologie nouvelle ont convergé pour


rendre possible un bienfait public sans précédent. La tradition ancienne
est la volonté des scientifiques et des universitaires de publier sans
rétribution les fruits de leur recherche dans des revues scientifiques…
La nouvelle technologie est Internet18. »

47Que deviendrait cette volonté sans le médium qu’est Internet ? Il


suffit de considérer le savoir à l’ère imprimée. Les articles, qui
sont à l’origine des dons faits par les auteurs, sont devenus des
sources de revenus pour les éditeurs et, de ce fait, très difficiles
d’accès pour les lecteurs. Ces difficultés d’accès existent
d’ailleurs toujours à l’heure actuelle puisque l’accès ouvert n’est
pas encore la solution par défaut pour la recherche récente et
future.
48Que deviendrait le médium qu’est Internet sans une réelle
volonté de la part des auteurs ? Il suffit de considérer la musique
et les films à notre époque numérique. La nécessité de toucher
des droits d’auteur empêche ces créateurs de diffuser leurs
œuvres sans restriction auprès de tous ceux qui aimeraient les
écouter ou les regarder.
49La convergence entre la volonté des auteurs et le médium
qu’est Internet donne lieu à de nouvelles possibilités. Un usage
académique né au milieu du dix-septième siècle permet aux
universitaires de tirer parti de la révolution de l’accès au savoir au
début du vingt-et-unième siècle. Comme les chercheurs sont
pratiquement les seuls à suivre cet usage, ils sont aussi presque
exclusivement en mesure de pouvoir bénéficier de cette révolution
sans risques financiers. Les autres auteurs se demandent encore
pour la plupart s’ils doivent craindre plutôt que saisir les
possibilités offertes par Internet.
Ce que l’accès ouvert n’est
pas19
• 19 Cette section s’inspire de deux de mes publications :
« Open Access Overview » : http://dash.harvar (...)

50Nombre d’objections peuvent être levées en expliquant ce que


l’accès ouvert n’est pas. Ces différents points seront ensuite
développés en détail dans les chapitres suivants.
511. L’accès ouvert n’est pas un moyen de se passer d’un comité
de lecture.
52L’accès ouvert est compatible avec toute évaluation par un
comité de lecture, de la plus traditionnelle à la plus innovante.
Toutes les déclarations publiques majeures sur l’accès ouvert
insistent sur l’importance de cette évaluation. Comme les revues
scientifiques ne paient ni leurs auteurs, ni leur directeur de
publication, ni leur comité de lecture, toutes les parties prenantes
peuvent consentir à l’accès ouvert sans perte de revenus. Même si
l’accès ouvert aux articles non soumis à un comité de lecture est
utile et largement répandu, le mouvement pour l’accès ouvert
n’est pas limité à ces articles et il englobe aussi l’accès ouvert aux
articles validés par un comité de lecture, ces derniers étant une
composante essentielle de l’accès ouvert. (Voir aussi la section sur
le rôle du comité de lecture dans le chapitre 5.)
532. L’accès ouvert n’est pas un moyen de réformer, violer ou
abolir le droit d’auteur.
54L’accès ouvert est compatible avec la législation en vigueur sur
le droit d’auteur et bénéficierait certainement de réformes
intelligentes sur le droit d’auteur, une tâche à laquelle se
consacrent de nombreuses personnes. Mais il est inutile
d’attendre ces réformes pour le mettre en pratique. La littérature
en accès ouvert contourne les problèmes de droit d’auteur de la
même manière que la littérature en accès payant. L’accès ouvert
s’appuie sur l’existence du domaine public pour les œuvres plus
anciennes et sur le consentement de l’ayant droit pour les œuvres
plus récentes. (Voir aussi le chapitre 4 sur les réglementations et
mandats et le chapitre 6 sur le droit d’auteur.)
553. L’accès ouvert n’est pas un moyen de spolier les auteurs
touchant des droits.
56Le mouvement pour l’accès ouvert cible d’abord les articles
scientifiques parce qu’ils ne sont pas source de revenus. Pour
ceux-ci comme pour toutes les autres œuvres récentes, leur mise
en accès ouvert dépend du consentement de l’ayant droit. En
conséquence, les auteurs touchant des droits sur leurs œuvres
n’ont pas de souci à se faire. Seul un exposé persuasif peut leur
montrer les avantages de l’accès ouvert sur les gains possibles,
suite à leur consentement ou celui de leurs ayants droit. (Voir
aussi la section sur l’accès ouvert pour les livres dans
le chapitre 5.)
574. L’accès ouvert n’est pas un moyen de supprimer les coûts de
fonctionnement.
58Aucun chercheur adepte de l’accès ouvert n’a jamais pensé que
la publication de la littérature en accès ouvert se fait gratuitement
. Nombre de ces chercheurs ont toutefois observé que sa
publication est moins coûteuse que celle de la littérature
conventionnelle et que la littérature numérique en accès payant.
La question n’est pas de savoir si la publication de la littérature
scientifique peut s’affranchir de coûts de fonctionnement. La
question est de savoir s’il existe de meilleurs moyens de faire face
à ces coûts que de faire payer les lecteurs et de créer ainsi des
barrières d’accès. (Voir aussi le chapitre 7 sur les modèles
économiques.)
Terminologie
De même qu’il existe dans l’édition le plagiat, le piratage, la déformation de
l’œuvre ou sa publication sans le consentement de l’ayant droit, l’accès
ouvert non autorisé peut lui aussi violer le droit d’auteur et priver les auteurs
des revenus correspondants, à leur corps défendant. Mais, de même que le
terme « édition » concerne en général l’édition légale, avec des termes bien
spécifiques (plagiat, piratage, violation du droit d’auteur, etc.) pour désigner
les formes d’édition illégale, le terme « accès ouvert » employé dans ces
pages concerne l’accès ouvert légal suite au consentement de l’ayant droit.

595. L’accès ouvert n’est pas un moyen de laminer les droits


qu’ont les auteurs sur leurs articles.
60L’accès ouvert relève au contraire d’une décision prise par
l’auteur lui-même et requiert donc que l’auteur contrôle
davantage l’utilisation de son travail qu’auparavant. Par le passé,
la publication d’articles était régie par des contrats de publication
traditionnels, avec transfert des droits de l’auteur à l’éditeur. Tout
contrôle par l’auteur était ensuite impossible puisqu’il avait perdu
tous les droits sur ses propres articles. L’auteur dispose
désormais de deux stratégies possibles. La première est de
conserver certains des droits qu’il transférait auparavant à
l’éditeur, y compris celui d’autoriser l’accès ouvert. La deuxième
est que l’éditeur permette une utilisation plus large des articles
que par le passé, y compris la possibilité pour l’auteur de diffuser
ses articles en accès ouvert. (Voir aussi le chapitre 4 sur les
réglementations et mandats et le chapitre 6 sur le droit d’auteur.)
616. L’accès ouvert n’est pas un moyen de réduire la liberté
académique.
62Les auteurs académiques restent libres de soumettre leurs
articles aux revues et aux éditeurs de leur choix. Les pratiques en
vigueur requérant l’accès ouvert sont conditionnelles. Elles
concernent par exemple les chercheurs bénéficiant de
subventions de la part de certains organismes. Ces chercheurs
devront donc demander à un éditeur conventionnel de faire une
exception pour leurs articles ou, dans ce cas précis, de lever une
interdiction. Depuis 2008, la plupart des réglementations
adoptées par les universités en faveur de l’accès ouvert visent à
préserver ou même augmenter les prérogatives de leurs
chercheurs sur leurs articles. (Voir aussi le chapitre 4 sur les
réglementations et mandats.)
637. L’accès ouvert n’est pas un moyen d’assouplir les règles sur
le plagiat.
• 20 Ce passage s’inspire de deux de mes publications :
« Open Access and Quality », SPARC Open Access N (...)

64Toutes les déclarations publiques sur l’accès ouvert insistent


sur la nécessité d’attribuer un article à son auteur, ce qui est
même obligatoire pour pouvoir le réutiliser. Toutes les licences
ouvertes majeures exigent en effet que l’auteur de l’article soit
dûment mentionné. De plus, le plagiat est en général sanctionné
par l’organisme auquel le plagiaire est affilié plutôt que par la voie
légale, c’est-à-dire par les normes sociales plutôt que par la loi.
Même lorsque l’attribution d’une œuvre à son auteur n’est pas
exigée par la loi américaine, le plagiat est une offense qui doit
être sanctionnée et aucune réglementation de l’accès ouvert ne
contredit des sanctions de cet ordre. Si le fait que la littérature
soit numérique et en ligne facilite le plagiat, l’accès ouvert le rend
également plus facile à détecter. Tous les plagiaires ne sont pas
subtils, mais ceux qui le sont ne voleront pas des sources en
accès ouvert indexées dans tous les moteurs de recherche. On
peut donc affirmer que l’accès ouvert dissuade le plagiat20.
658. L’accès ouvert n’est pas un moyen de punir les éditeurs
conventionnels ou de leur nuire.
• 21 http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-10-
716_en.htm?locale=en.
• 22 « The beauty of open access is that it is not against anybody. It
is for the free movement of know (...)

66L’accès ouvert est destiné à favoriser les intérêts de la


recherche, des chercheurs et des organismes de recherche. Son
but est donc constructif et non destructif. Le fait que l’accès
ouvert puisse faire du tort aux éditeurs conventionnels peut être
comparé aux conséquences de l’arrivée des ordinateurs sur les
fabricants de machines à écrire. Le préjudice occasionné n’est pas
le but mais le dommage collatéral d’un progrès. De plus, l’accès
ouvert ne nuit pas aux éditeurs et à l’édition en tant que tels. Il ne
menace qu’un modèle économique donné pour la publication
d’articles. Il est beaucoup plus facile aux éditeurs conventionnels
de s’ajuster à l’accès ouvert qu’aux fabricants de machines à
écrire de se conformer aux ordinateurs. On constate que la
plupart des éditeurs traditionnels s’adaptent déjà de trois
manières : en autorisant l’accès ouvert lorsque celui-ci est requis
par les auteurs, en procurant eux-mêmes des articles en accès
ouvert, ou alors en expérimentant l’accès ouvert pour leurs
propres revues. Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission
européenne et commissaire européenne à la société numérique, a
expliqué en décembre 2010 lors d’un discours21 que « la beauté
de l’accès ouvert est que ce mouvement n’est contre personne. Il
s’agit d’un mouvement pour la libre diffusion du savoir22 ». (Voir
aussi la section sur la voie verte dans le chapitre 3 et
le chapitre 8 sur les dégâts collatéraux.)
679. L’accès ouvert n’est pas un moyen de boycotter un type de
littérature ou d’éditeur.
68La recherche en accès ouvert ne requiert pas plus le boycott de
la recherche en accès payant que les articles (de tout type)
gratuits disponibles en ligne n’exigent le boycott des articles en
accès payant. L’existence de l’accès ouvert ne nécessite pas de
supprimer la littérature en accès payant de nos listes de lecture,
de nos programmes de cours ou de nos bibliothèques. Certains
universitaires adeptes de l’accès ouvert ont décidé de ne
soumettre leurs nouveaux articles qu’à des revues ouvertes, et de
ne proposer leurs services en tant que directeur de publication ou
membre du comité de lecture qu’à des revues ouvertes. Un tel
choix constitue de fait un boycott d’une revue en accès payant qui
se voit ainsi dépossédée d’un auteur, d’un directeur de
publication ou d’un membre de son comité de lecture. Mais cette
décision reste personnelle et n’engage que l’universitaire
concerné. Elle n’est pas exigée dans la définition même de l’accès
ouvert ni dans l’adoption de l’accès ouvert pour ses articles. Un
tel choix n’est pas exigé non plus dans les pratiques de l’accès
ouvert au sein d’une université. La plupart des universitaires
adeptes de l’accès ouvert continuent aussi de publier leurs articles
dans des revues payantes. De plus, même les universitaires qui
boycottent les revues payantes en tant qu’auteurs, directeurs de
publication ou membres d’un comité de lecture ne le font pas
pour autant en tant que lecteurs. Certaines revues payantes
favorisent toutefois un boycott involontaire de la part de leurs
lecteurs en proposant des abonnements à un prix inaccessible.
6910. L’accès ouvert est destiné à tous, d’abord aux chercheurs,
mais aussi au grand public.
• 23 Pour prendre un exemple, si le public habitant à New York et
celui habitant dans l’État du New Jer (...)

70Le mouvement pour l’accès ouvert concerne avant tout les


chercheurs professionnels, dont la carrière dépend de la facilité
d’accès aux publications. Mais il est inutile de classer les
destinataires de l’accès ouvert en public prioritaire et non
prioritaire. Le lobby de l’édition insiste parfois sur le fait que le
grand public serait le principal destinataire de l’accès ouvert,
peut-être pour éluder le fait que nombre de chercheurs ne
disposent pas non plus de cet accès, ou alors pour utiliser le
contre-argument condescendant selon lequel le grand public se
soucie peu de lire des articles scientifiques et ne comprendrait
pas ce type d’articles s’il les lisait. Or le mouvement pour l’accès
ouvert concerne tous ceux qui ont une connexion Internet, quelle
que soit leur profession et quelles que soient leurs raisons de
s’intéresser à cette littérature. Si nous distinguons les chercheurs
professionnels de tous les autres lecteurs, il est probable qu’un
pourcentage plus élevé de chercheurs sera intéressé par la
littérature scientifique en accès ouvert, même si nombre d’entre
eux ont également la possibilité de lire la littérature scientifique
en accès payant grâce aux bibliothèques des organismes qui les
emploient. Mais cet argument ne doit pas entrer en ligne de
compte ici puisque le fait de procurer un accès ouvert à tous les
usagers d'Internet est dans tous les cas plus simple et meilleur
marché que de limiter l’accès ouvert à la littérature scientifique à
un groupe d’usagers considérés comme méritant cette
information parce que particulièrement concernés23. (Voir aussi la
section sur l’accès ouvert pour le grand public dans le chapitre 5.)
7111. L’accès ouvert n’est pas synonyme d’accès universel.
72Même si nous réussissons à supprimer les barrières liées à un
prix de vente et à la nécessité d’autorisations, quatre autres
peuvent encore subsister.
• Des barrières liées au filtrage de l’information et à la
censure. Nombre d’écoles, d’employeurs, de fournisseurs
Internet et de gouvernements veulent limiter ce que les
usagers peuvent voir ou lire.
• Des barrières liées à la langue. L’essentiel de la littérature
scientifique en ligne est disponible en anglais ou dans une
seule autre langue, et la traduction automatique reste très
approximative.
• Des barrières liées à l’accès des personnes handicapées. Dans
leur grande majorité, les sites web ne sont pas encore aussi
accessibles aux usagers handicapés qu’ils devraient l’être.
• Des barrières liées à la connectivité. Du fait de la fracture
numérique, des centaines de millions de personnes – y
compris des millions d’universitaires – n’ont pas accès à
Internet ou bien l’accès dont ils disposent est lent et
sporadique avec une faible bande passante.

73Nous sommes une immense majorité à vouloir éliminer ces


quatre types de limitations. Mais il ne faut pas attendre d’avoir
réussi pour utiliser le terme « accès ouvert ». Dans la longue
marche vers un accès universel, supprimer les barrières liées à un
prix de vente et à la nécessité d’autorisations est un palier
significatif qui mérite un nom spécifique.
NOTES DE FIN
1 Budapest Open Access
Initiative : http://www.budapestopenaccessinitiative.org/read.
2 Bethesda Statement on Open Access
Publishing : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4725199/su
ber_bethesda.htm?sequence=1.
3 Berlin Declaration on Open Access to Knowledge in the Sciences and
Humanities : http://openaccess.mpg.de/Berliner-Erklaerung.
4 « There are many degrees and kinds of wider and easier access to
[research] literature. By “open access” to this literature, we mean its
free availability on the public internet, permitting any users to read,
download, copy, distribute, print, search, or link to the full texts of
these articles, crawl them for indexing, pass them as data to software,
or use them for any other lawful purpose, without financial, legal, or
technical barriers other than those inseparable from gaining access to
the internet itself. The only constraint on reproduction and
distribution, and the only role for copyright in this domain, should be
to give authors control over the integrity of their work and the right to
be properly acknowledged and cited. » [Notre traduction]
5 « Copy, use, distribute, transmit and display the work publicly and to
make and distribute derivative works, in any digital medium for any
responsible purpose, subject to proper attribution of authorship. »
[Notre traduction]
6 Voir à ce sujet mes résumés annuels sur les progrès de l’accès ouvert
entre 2003 et 2010 :
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4736588/suber_oa2010.
htm?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4322584/suber_oa2009.
html?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4322588/suber_oa2008.
html?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4322582/suber_oa2007.
html?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729246/suber_oa2006.
htm?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729244/suber_oa2005.
htm?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729243/suber_oa2004.
htm?sequence=1 ;
http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729242/suber_oa2003.
htm?sequence=1.
7 Cette section s’inspire de quatre de mes publications :
« Open Access Overview »
: http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729737/suber_oaover
view.htm?sequence=1 ;
« Creating an Intellectual Commons through Open Access », in
Charlotte Hess and Elinor Ostrom (ed.), Understanding Knowledge as a
Commons: From Theory to Practice, MIT Press,
2006 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4552055/suber_i
ntellectcommons.pdf?sequence=1 ;
« Six things that researchers need to know about open access », SPARC
Open Access Newsletter, 2 février
2006 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4739013/suber_si
xresearchers.htm?sequence=1 ;
Mes réponses aux questions de Richard Poynder dans « The Basement
Interviews: Peter Suber », 19 octobre
2007 : http://poynder.blogspot.com/2007/10/basement-interviews-
peter-suber.html.
8 Sur l’origine des revues académiques, voir Jean-Claude Guédon, « In
Oldenburg’s Long Shadow: Librarians, Research Scientists, Publishers,
and the Control of Scientific Publishing », Association of Research
Libraries,
2001 : http://www.arl.org/component/content/article/6/2598.
Sur les quelques auteurs rémunérés pour leurs articles, voir « Open
access when authors are paid », SPARC Open Access Newsletter, 2
décembre
2003 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4552040/suber_p
aid.htm?sequence=1.
Voir aussi Jufang Shao et Huiyun Shen, « The Outflow of Academic
Papers from China », Learned Publishing, n° 24-2, avril
2011 : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1087/20110203/abstract
.
9 Voir aussi « Open access, markets, and missions », SPARC Open
Access Newsletter, 2 mars
2010: http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4322590/suber_o
amarkets.html?sequence=1.
10 Voir à ce sujet les deux documents suivants :
Steve Hitchcock, « The Effect of Open Access and Downloads (ʻ’Hitsʼ’)
on Citation Impact: A Bibliography of Studies », Open Citation
Project : http://opcit.eprints.org/oacitation-biblio.html. Cette
bibliographie est régulièrement actualisée.
Alma Swan, « Open Access Citation Advantage: Studies and Results to
Date », Technical Report, School of Electronics & Computer Science,
University of Southampton, août 2010 :
http://eprints.ecs.soton.ac.uk/18516. Une synthèse des principales
études sur le sujet depuis 2001.
11 A. Ben Wagner, « Open Access Citation Advantage: An Annotated
Bibliography » : http://www.istl.org/10-winter/article2.html.
12 « Though [the explanation for the correlation] is not settled, the
bibliography cites a number of studies designed to test the hypothesis
of confounding extraneous causes. It is clear that open access articles
are downloaded far more than toll access articles. Studies indicate this
download advantage is easily 100% over toll access articles. It seems
unlikely such a large download advantage would not to some degree
eventually influence the number of citations. Publication in an open
access journal (Gold OA) apparently is not required to get a significant
OA citation advantage. » [Notre traduction]
13 Philip M. Davis, « Does Open Access Lead to Increased Readership
and Citations? A Randomized Controlled Trial of Articles Published in
APS Journals », The Physiologist, n°53-6, décembre 2010. Le lien
correspond à une nouvelle version publiée en 2011 avec un titre
différent : http://www.fasebj.org/content/25/7/2129.full.
14 Yassine Gargouri, Stevan Harnad et al., « Self-Selected or Mandated,
Open Access Increases Citation Impact for Higher Quality
Research », PLOS ONE, 18 octobre
2010 : http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0013636.
15 Voir à ce sujet les commentaires de Stevan Harnad dans l’American
Scientist Open Access
Forum : http://users.ecs.soton.ac.uk/harnad/Hypermail/Amsci/6199.h
tml.
16 Tim O’Reilly, « Piracy is Progressive Taxation, and Other Thoughts
on the Evolution of Online Distribution », O’Reilly P2P, 11 décembre
2002 : http://openp2p.com/lpt/a/3015.
17 http://www.budapestopenaccessinitiative.org/read.
18 « An old tradition and a new technology have converged to make
possible an unprecedented public good. The old tradition is the
willingness of scientists and scholars to publish the fruits of their
research in scholarly journals without payment… The new technology is
the internet. » [Notre traduction]
19 Cette section s’inspire de deux de mes publications :
« Open Access
Overview » : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4729737/su
ber_oaoverview.htm?sequence=1 ;
« A field guide to misunderstandings about open access », SPARC Open
Access Newsletter,
2 avril 2009 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4322571/s
uber_fieldguide.html?sequence=1.
20 Ce passage s’inspire de deux de mes publications :
« Open Access and Quality », SPARC Open Access Newsletter, 2 octobre
2006 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4552042/suber_o
aquality.htm?sequence=1/ ;
« Balancing author and publisher rights », SPARC Open Access
Newsletter, 2 juin
2007 : http://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/4391158/suber_b
alancing.htm?sequence=1.
21 http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-10-
716_en.htm?locale=en.
22 « The beauty of open access is that it is not against anybody. It is
for the free movement of knowledge. » [Notre traduction]
23 Pour prendre un exemple, si le public habitant à New York et celui
habitant dans l’État du New Jersey (plus au sud) pouvaient tous les
deux apprécier le feu d’artifice tiré du port de New York le 4 juillet,
jour de la fête nationale américaine, les sponsors de l’événement
n’iraient pas pour autant distinguer un groupe plutôt qu’un autre,
même s’il suffirait d’une étude simple pour déterminer le groupe le
plus nombreux. Cependant, les résidents du New Jersey qui ne
pouvaient pas voir le feu d’artifice de chez eux ne profiteraient pas
pour autant de l’expérience des résidents de New York, qui, eux, le
pouvaient. À ce niveau-là, l’analogie ne s’applique plus, car la
recherche en accès ouvert offre au contraire un avantage double,
profitant aussi bien aux chercheurs qu’au grand public, ou alors un
avantage indirect, bénéficiant au grand public de manière indirecte, car
elle profite aux chercheurs de manière directe.

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