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Cassius Dion
Bénédicte Berbessou-Broustet
p. 81-94
• 7 Xiph. 256.8-30. Cette partie de l’œuvre a été perdue très tôt, sans
doute avant même le VIe s. (c (...)
Effacement de l’abréviateur
vis-à-vis de son modèle :
servilité et fiabilité
• 8 Le titre retenu (Ἐπιτοµὴ τῆς Δίωνος Ῥωµαικῆς ἱστορίας) est celui qui
figure en tête du manuscrit (...)
3En premier lieu, le titre même que Xiphilin donne à son œuvre,
“abrégé de l’Histoire romaine de Dion”8, la place dans une relation
d’absolue dépendance vis-à-vis de sa source. Xiphilin apparaît
comme un abréviateur fidèle, voire servile ; cette fidélité peut se
mesurer sur trois plans différents : le respect du contenu, de la
formulation et de l’énonciation.
• 10 Xiph. 225.4 = C.D. 67.16.1 : καὶ οὐ γάρ ἐστιν οὐδὲν τῶν τηλικούτων
ἀπρόοπτον.
Respect de la formulation
• 11 Ce n’est pas parce que Xiphilin rejette les discours et les
développements parénétiques par princ (...)
• 12 Ce livre occupe trente-deux pages dans l’édition de Boissevain.
• 13 Xiph. 80.27-81.6.
Le travail d’abrègement
• 28 Brunt 1980, 489.
• 36 C.D. 37.20.6.
Recomposition de l’œuvre
• 38 Xiph. 35.6 : εἰς τοσαῦτα µερίζοντας τὴν συγγραφὴν τµήµατα ὅσοι εἰσὶν
καὶ οἱ µετὰ Ἰούλιον Καίσαρα (...)
• 43 Kαὶ Γάιον Ἀσίνιον Πολίωνα κατὰ τὴν Βαιτικὴν µάχην νενικηκότι, καὶ πόλεις
τὰς µὲν ἑκούσας τὰς δὲ ἀ (...)
• 44 C.D. 45.10.3.
• 48 Xiph. 31.1-
26: ὡς δὲ τὸ ἀληθὲς ἔχει καὶ ὁ Πλούταρχος ἐν τοῖς Παραλλήλοις διδάσκει (“c
onformément (...)
• 56 Xiph. 50.28 : ὁ Δίων µὴ πέρα τοῦ δέοντος αὐτὰ τεθηπώς( “Dion aurait
mieux fait de ne pas s’en éme (...)
• 64 Pour une mise au point très détaillée sur cet épisode, voir Kovács
2009.
Conception de l’Histoire
• 72 Xiph. 87.2-5 = C.D. 53.22.1 : λέξω δὲ καὶ
καθ’ ἕκαστον ὅσα ἀναγκαῖόν ἐστι … µνηµονεύεσθαι (“Je ra (...)
• 75 Xiph. 87.2-
5 : καὶ νῦν µάλιστα, διὰ τὸ πάµπολυ ἀπηρτῆσθαι τῶν καιρῶν ἐκείνων τὸν κα
θ’ ἡµᾶς βίον κ (...)
• 76 Xiph. 10.16-10.22.
• 79 Cf. par exemple D.H. 1.8.3 : …καὶ εἴ τισι ἀοχλήτου δεήσει διαγωγῆς
ἐν ἱστορικοῖς ἀναγνώσµασιν …(“ (...)
• 81 Xiph. 349.31-351.2.
Conclusion
23Xiphilin voulait faire œuvre d’auteur : il cite d’autres ouvrages
historiques qu’il a lus, critique à trois reprises les jugements de
Dion et se montre très influencé par le Brutus de Plutarque dans
sa restitution du livre 47 de l’Histoire romaine ; il n’hésite pas non
plus à imposer sa marque personnelle à son ouvrage en lui proposant
une organisation différente de celle de l’Histoire romaine, en
sélectionnant les faits en fonction de ses centres d’intérêt et en
focalisant son attention sur les personnages les plus marquants,
au détriment par exemple des réflexions sur les types de régime,
les institutions ou sur les expéditions étrangères. Néanmoins,
lorsque nous comparons ses prétentions à ce qu’il réalise
vraiment, force est de constater un décalage. Xiphilin est souvent
fidèle à l’œuvre de son prédécesseur : dans un bon nombre de
passages, il reformule assez peu, déplace peu, recopie des idées
pourtant contraires aux siennes et conserve l’énonciation de sa
source. C’est ce manque de créativité et de reformulation qui est
précieux pour l’éditeur de Dion ; cependant, cette attitude servile
est loin d’être avérée pour l’ensemble de l’Épitomé : Xiphilin ne doit
donc être utilisé qu’avec prudence et précaution pour les parties de
l’Histoire romaine qui ne sont conservées que dans la tradition
indirecte.
• 82 L’Athous 4932 = Iviron 812 (XIV²), découvert par B. C. Barmann
(cf. Barmann 1971).
24Pour compléter cette esquisse, il faudrait rééditer intégralement
l’Épitomé de Xiphilin, en prenant en compte le manuscrit du mont
Athos découvert récemment82, puis comparer systématiquement
l’abrégé et les livres de l’Histoire romaine conservés dans la
tradition directe ; une analyse des rapports qu’entretient
l’Épitomé avec les histoires composées au XIe s. permettrait
également de mieux comprendre les choix et la méthode de
Xiphilin.
NOTES
1 Xiph. 87.3 = C.D. 53.22.1 : Ἰωάννης ὁ Ξιφιλῖνος ἀδελφόπαις ὢν Ἰωάννου
τοῦ πατριάρχου (“Jean Xiphilin, neveu du Patriarche Jean”) .Brunt 1980, 488
confond l’auteur de l’Épitomé et son oncle. En revendiquant sa parenté
avec son oncle patriarche, l’abréviateur se montre conscient et fier de
son appartenance à une famille socialement et politiquement haut
placée. Sur la famille des Xiphilini aux XIe et XIIe s., cf. Kazhdan 1991.
7 Xiph. 256.8-30. Cette partie de l’œuvre a été perdue très tôt, sans
doute avant même le VIe s. (cf. Juntunen 2013 et l’article portant sur
Zonaras dans ce même ouvrage). Xiphilin cite Eusèbe et Quadratus
comme sources pour le bref résumé qu’il donne de ces règnes. Il a
peut-être recours à d’autres historiens qu’il ne cite pas : il utilise en
effet les verbes λέγεται et φασιν. De surcroît, on ne peut exclure qu’il se
serve également des Excerpta de sententiis tirés de Dion (aujourd’hui
perdus). En effet, les détails qui concernent l’avènement d’Antonin sont
des anecdotes et comprennent des paroles au style direct, susceptibles
de former un tout homogène, comme le montre le découpage similaire
des Excerpta de sententiis tirés de Pierre le Patrice. Ils sont en outre
plusieurs fois précédés chez Xiphilin de la conjonction ὅτι, qui se trouve
au début de chaque extrait constantinien :
Xiph. 256.9 : ἀγνοεῖσθαι τὴν κατ’ αὐτὸν ἱστορίαν σχεδὸν σύµπασαν,
πλὴν ὅτι … καὶ ὅτι … καὶ ὅτι…
8 Le titre retenu (Ἐπιτοµὴ τῆς Δίωνος Ῥωµαικῆς ἱστορίας) est celui qui figure
en tête du manuscrit du Mont Athos Athous 4932 = Iviron 812 (XIV²), qui
constitue à lui seul, pour la tradition manuscrite de Xiphilin, l’une des
deux branches du stemma, comme l’a mis en évidence Barmann 1971.
Les deux hyparchétypes de l’autre branche du stemma (cf. Boissevain
1897, III), à savoir le Vaticanus graecus 145 et le Parisinus Coislinianus
graecus 320 (XVIe s.) comportent deux titres, le premier étant Δίωνος
ῥωµαικὴ ἱστορία (“Histoire romaine de Dion”), sans référence à la notion
d’abrégé. Nous avons démontré ailleurs (Berbessou 2014) que le
deuxième titre, plus long (Ἐπιτοµὴ τῆς Δίωνος τοῦ Νικαέως ῥωµαικῆς
ἱστορίας ἣν συνέτεµεν Ἰωάννης ὁ Ξιφιλῖνος, περιέχουσα µοναρχίας Kαισάρων
εἰκοσιπέντε ἀπὸ Ποµπηίου Μάγνου µέχρις Ἀλεξάνδρου τοῦ Μαµαίας : “Abrégé
de l’Histoire romaine de Dion de Nicée, composé par Jean Xiphilin,
embrassant les règnes de vingt-cinq Césars, de Pompée le Grand
jusqu’à Alexandre, fils de Mamaea”), était apocryphe et irrecevable.
10 Xiph. 225.4 = C.D. 67.16.1 : καὶ οὐ γάρ ἐστιν οὐδὲν τῶν τηλικούτων
ἀπρόοπτον.
13 Xiph. 80.27-81.6.
Xiph. 81.1-6 : τήν τε τοῦ αὐτοκράτορος ἐπίκλησιν (λέγω δὲ οὐ τὴν ἐπὶ ταῖς
νίκαις κατὰ τὸ ἀρχαῖον διδοµένην
τισίν, ἀλλὰ τὴν τὸ κράτος διασηµαίνουσαν) ἐπέθετο, ὥσπερ τῷ τε πατρὶ αὐτοῦ
τῷ Καίσαρι καὶ τοῖς παισὶ καὶ τοῖς ἐγγόνοις ἐψήφιστο.
15 Les seuls mots qui ne soient pas des reprises littérales de l’Histoire
romaine sont les suivants : καὶ τοῦ Ἀγρίππου συµβουλεύοντος τὰ δικαιότερα
(ἀποθέσθαι γὰρ ἠξίου τὴν δυναστείαν καὶ ποιῆσαι πάλιν ἰσηγορίαν), τοῦ δὲ
Μαικήνου τὰ συµφέροντα (συµφέρειν γὰρ µᾶλλον τῷ µεγέθει τοῦ
πολιτεύµατος µοναρχίαν βασιλικήν τε καὶ ἔννοµον )(“Agrippa prit parti pour
la justice (il lui conseillait de se démettre de son pouvoir personnel et
de permettre le retour à la République), tandis que Mécène prit parti pour
l’Utile (selon lui, en raison des dimensions de l’État, un pouvoir
personnel de type monarchique et fondé sur la loi était bien plus
utile)”).
17 Xiph. 355.21 =
C.D. 80.2.1. : διὰ µὲν οὖν ταῦτα οὐκ ἠδυνήθην ὁµοίως τοῖς πρόσθεν καὶ τὰ
λοιπὰ συνθεῖναι, κεφαλαιώσας µέντοι ταῦτα, ὅσα γε καὶ µέχρι τῆς δευτέρας µ
ου ὑπατείας ἐπράχθη, διηγήσοµαι.
34 Xiph. 9.30 =
C.D. 37.20.5 : δυνηθεὶς ἂν ῥᾳδίως τήν τε Ἰταλίαν κατασχεῖν…
36 C.D. 37.20.6.
38 Xiph. 35.6 : εἰς τοσαῦτα µερίζοντας τὴν συγγραφὴν τµήµατα ὅσοι εἰσὶν
καὶ οἱ µετὰ Ἰούλιον Καίσαρα ἐν τῇ Ῥώµῃ ἄρξαντες αὐτοκράτορες.
43 Kαὶ Γάιον Ἀσίνιον Πολίωνα κατὰ τὴν Βαιτικὴν µάχην νενικηκότι, καὶ πόλεις τ
ὰς µὲν ἑκούσας τὰς δὲ ἀκούσας προσειληφότι.
44 C.D. 45.10.3.
48 Xiph. 31.1-
26: ὡς δὲ τὸ ἀληθὲς ἔχει καὶ ὁ Πλούταρχος ἐν τοῖς Παραλλήλοις διδάσκει (“co
nformément à la vérité et à l’enseignement de Plutarque dans ses Vies
parallèles”).
53 Xiphilin pense peut-être ici aux critiques que Polybe profère contre
Timée, coupable, entre autres, d’accorder une importance démesurée à
des prodiges, “d’une basse superstition et d’un fantastique propre aux
femmes” (Plb. 12.24.5 :
δεισιδαιµονίας ἀγεννοῦς καὶ τερατείας γυναικώδους).
54 Xiph. 50.28 : εἰ µὲν οὐδ’ ἂν γενέσθαι νοµίζων, µεµπτῶς, πλήρης γὰρ τῶν
τοιούτων ἡ ἱστορία (“Si Dion pensait, en les écrivant, qu’ils n’avaient
même pas eu lieu, on ne peut que le blâmer, étant donné que
ses Histoires en sont remplies”).
55 Xiph. 50.28 : εἰ δ’ ὡς οὐχ ἱστορήσας γε αὐτός, συγγνωστῶς (“S’il l’avait
fait dans la pensée qu’il n’en était pas lui-même l’historien, on le lui
pardonnerait”).
56 Xiph. 50.28 : ὁ Δίων µὴ πέρα τοῦ δέοντος αὐτὰ τεθηπώς( “Dion aurait
mieux fait de ne pas s’en émerveiller ainsi, plus que de raison”).
64 Pour une mise au point très détaillée sur cet épisode, voir Kovács
2009.
68 La legio XII fut créée avec la legio XI Claudia en 58 a.C. par Jules
César pour mener campagne contre les Helvètes (Caes., B Gall., 1.10.3).
Xiphilin ignore que cette légion s’appelait déjà Fulminata sous les
Flaviens, comme l’atteste par exemple l’inscription qui figure dans l’AE,
1951, 263 : imp(eratore) Domitiano / Caesare Aug(usto) / Germanic(o)
/ L(ucius) Iulius / Maximus / (centurio) / leg(ionis) XII Ful(minatae).
75 Xiph. 87.2-
5 : καὶ νῦν µάλιστα, διὰ τὸ πάµπολυ ἀπηρτῆσθαι τῶν καιρῶν ἐκείνων τὸν καθ’
ἡµᾶς βίον καὶ τὸ πολίτευµα (“Et surtout de nos jours, parce que notre vie
contemporaine et notre situation politique se rattachent étroitement
aux événements de cette époque”).
76 Xiph. 10.16-10.22.
79 Cf. par exemple D.H. 1.8.3 : …καὶ εἴ τισι ἀοχλήτου δεήσει διαγωγῆς ἐν
ἱστορικοῖς ἀναγνώσµασιν …(“…même pour ceux qui ne désirent qu’un
simple divertissement dans la lecture de l’histoire…)”.
81 Xiph. 349.31-351.2.
AUTEUR
Bénédicte Berbessou-Broustet