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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 22-038-A-10 – 23-061-F-10

22-038-A-10
23-061-F-10

Relations pathologiques entre les dents


et les sinus maxillaires
T Briche
M Raynal
M Kossowski
Résumé. – Les relations pathologiques entre les dents et le sinus maxillaire se comprennent par
JB Seigneuric
l’embryologie. La paroi inférieure du sinus maxillaire est centrée par les apex des dents dites sinusiennes :
F Denhez
deuxième prémolaire et première molaire. Ainsi, tout processus pathologique aboutissant à la mortification
dentaire est source d’une pathologie dentaire associée. La physiopathologie de la carie rend compte de ce
processus. Cependant, la pathologie iatrogène, celle de la chirurgie pré-implantaire notamment, mais aussi
les tumeurs bénignes ou malignes, sont également responsables de ces sinusites. Une thérapeutique adaptée
à chaque étiologie permet d’éviter les complications et les séquelles dont l’incidence médicolégale reste faible.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : embryologie, nécrose dentaire, sinusite maxillaire, implants.

Introduction présente latéralement un épaississement local de l ’ectoblaste qui


constitue la placode olfactive. De part et d’autre de cette placode
De nombreux processus pathologiques rapportés à la denture sont apparaissent deux crêtes : le bourgeon nasal interne et le bourgeon
observés au niveau des sinus maxillaires, du fait des contacts nasal externe. Le développement en dedans des bourgeons
anatomiques étroits entre les sinus maxillaires, par leurs faces maxillaires va progressivement refouler en dedans les bourgeons
inférieures, et les dents dites sinusiennes par l’intermédiaire de leurs nasaux.
apex. Les bourgeons nasaux internes vont fusionner et donner le segment
intermaxillaire qui deviendra le support des quatre incisives. Ainsi,
Les étiologies les plus fréquentes sont infectieuses et inflammatoires,
les incisives n’ont jamais de rapport avec les sinus maxillaires quelle
plus rarement, il s’agit de tumeurs bénignes ou malignes. L’essor de
que soit leur taille.
l’implantologie rend davantage nécessaire la bonne compréhension
des relations pathologiques potentielles entre les dents et les sinus Les bourgeons nasaux externes décrivent, avec les bourgeons
maxillaires, pour les prévenir et, au besoin, connaître les traitements maxillaires, un sillon qui est à l’origine des voies lacrymales et du
à appliquer. contrefort ou pilier canin. Ces voies lacrymales représentent un
danger potentiel dans la chirurgie sinusienne, bien qu’elles soient
protégées dans leur canal osseux.
Rappel anatomique [18] Parallèlement à la formation du squelette facial, le stomodeum se
cloisonne horizontalement par le développement du palais primaire
qui provient du segment intermaxillaire et par le développement du
Les sinus maxillaires sont deux cavités paires, plus ou moins
palais osseux secondaire qui provient du développement profond
symétriques, creusées dans l’épaisseur du maxillaire. Elles sont
des bourgeons maxillaires à l’origine des processus palatins et des
annexées aux fosses nasales avec lesquelles elles communiquent par
futurs cornets inférieurs. Ce palais osseux secondaire est le support
un ostium, au niveau du méat moyen.
des autres dents qui peuvent donc entrer en relation avec le sinus
maxillaire. L’apparition du palais secondaire aboutit à la séparation
EMBRYOLOGIE ET DÉVELOPPEMENT de la cavité buccale et de la cavité nasale qui se cloisonne en fosses
DES SINUS MAXILLAIRES nasales droites et gauche par la descente d ’une lame verticale
Leurs relations avec les dents se comprennent grâce à l’embryologie. médiane à partir du bourgeon frontal : futur septum nasal.
L’étage moyen de la face dérive de la partie postérieure du premier Les cavités sinusiennes se développent sous forme de diverticules
arc branchial qui donne les bourgeons maxillaires, latéralement, et de la paroi latérale des fosses nasales. Le diverticule inférieur (entre
du bourgeon frontal, médian, formé par la prolifération du le cornet inférieur et le futur cornet moyen) est à l’origine de
mésenchyme en avant des vésicules cérébrales. Le bourgeon frontal l’ethmoïde antérieur. Certaines cellules vont s’hypertrophier et se
développer :
– vers le bourgeon maxillaire : le futur sinus maxillaire ;
– vers le bourgeon frontal : le futur sinus frontal.
Thierry Briche : Oto-rhino-laryngologiste des hôpitaux des Armées.
M Raynal : Oto-rhino-laryngologiste des hôpitaux des Armées. Le diverticule supérieur (entre le futur cornet supérieur et le futur
Michel Kossowski : Oto-rhino-laryngologiste des hôpitaux des Armées, professeur agrégé du service de cornet moyen) est à l’origine du sinus sphénoïdal et de l’ethmoïde
santé des Armées.
Jean-Baptiste Seigneuric : Stomatologiste des hôpitaux des Armées. postérieur.
Franck Denhez : Chirurgien dentiste des hôpitaux des Armées.
HIA Percy, clinique d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie face et cou, 101, avenue Henri-Barbusse,
Le développement des sinus et des dents contribue à la morphologie
92140 Clamart, France. faciale. À la naissance, le sinus maxillaire est donc présent sous la

Toute référence à cet article doit porter la mention : Briche T, Raynal M, Kossowski M, Seigneuric JB et Denhez F. Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales
Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie, 22-038-A-10, Odontologie, 23-061-F-10, 2003, 10 p.

150 618 EMC [201]


22-038-A-10 Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires Stomatologie
23-061-F-10 Odontologie
Le plancher des sinus maxillaires est habituellement plus bas que le
plancher des fosses nasales.

Paroi supérieure
Elle correspond au plancher de l’orbite. Elle est épaisse et résistante
en avant : le rebord orbitaire. Elle est mince et fragile en arrière, de
forme triangulaire, parfois déhiscente. Elle est limitée en avant par
le rebord orbitaire, en dedans par l’unguis en avant et le bord
inférieur de l’os planum en arrière, en dehors par la suture
maxillomalaire dans son tiers antérieur et la fissure orbitaire
inférieure dans les deux tiers postérieurs. Elle est parcourue par la
gouttière et le canal infraorbitaire, qui naît de la fissure orbitaire
inférieure et contient le nerf infraorbitaire. Elle n’est pas impliquée
dans la pathologie infectieuse, mais davantage en traumatologie.

¶ Parois d’intérêt chirurgical

Paroi interne ou paroi nasale


Sur un os sec, la cavité sinusienne creusée dans l’os maxillaire est
1 Dents scanner : rapports entre dents et sinus : voir la faible épaisseur de la cloison largement ouverte par une échancrure triangulaire à sommet
intermédiaire inférieur dont les limites sont :
– en avant le processus frontal du maxillaire avec les voies
forme d’une fente. Dans les premières années de la vie, il va subir lacrymales. La paroi médiale du maxillaire est épaisse en avant et
une croissance antéropostérieure. À 6 ans, il a la forme du sinus mince en arrière ;
adulte mais reste encore largement ouvert dans les fosses nasales. – en arrière, la lame perpendiculaire du palatin. Elle fait un angle
Ainsi, il n’est pas le siège de rétention et la sinusite maxillaire de de 15-20° avec le plan sagittal et s’applique à la face médiale du
l’enfant n’existe pas. maxillaire qu’elle renforce ;
Enfin, sa croissance se termine vers 16 ans, après l’apparition des
– en haut les masses latérales de l’ethmoïde.
dents définitives, sauf pour son extrémité postéro-inférieure qui ne
prend sa forme définitive qu’après l ’éruption des dents de sagesse. La partie inférieure est cloisonnée par la présence du cornet inférieur
qui coupe en diagonale oblique en bas et en arrière. Le méat
inférieur correspond à la portion située entre en dedans la face
ANATOMIE DESCRIPTIVE (fig 1) latérale du cornet moyen, en dehors la paroi médiane du sinus
Les sinus maxillaires sont des cavités aériennes de forme pyramidale maxillaire, en haut la ligne d’insertion du cornet inférieur. Ce cornet
triangulaire à base médiale creusées dans le maxillaire. Leur inférieur présente un processus maxillaire qui descend verticalement
dimension et leur volume sont variables en fonction du degré de la et s’encastre dans la partie basse de l’échancrure sinusienne : sa
pneumatisation. Leur capacité moyenne est de 12 cm3, mais elle trépanation est pratiquée dans la ponction de sinus, sa résection
varie de l’ordre de 5 à 20 cm3. Leurs dimensions moyennes sont de réalise une méatotomie inférieure. Les dangers sont représentés par
40 mm de haut, 26 mm de profondeur et 39 mm de large. [11] Quelles les voies lacrymales qui se situent à 1 cm de la tête du cornet
que soient leurs dimensions, ils sont centrés sur la deuxième inférieur en moyenne.
prémolaire et la première molaire de façon constante. On décrit : La partie supérieure répond au méat moyen qui est limité en dedans
par la paroi latérale du cornet moyen, en haut par la ligne
– deux parois chirurgicales : paroi antérieure et paroi interne ; d’insertion de ce cornet moyen, en bas par le dos du cornet inférieur
– deux parois impliquées potentiellement en pathologie : paroi et en dehors par :
inférieure et paroi supérieure ou orbitaire ;
– en avant, le processus frontal du maxillaire, le canal lacrymal, les
– une paroi postérieure ; cellules ethmoïdale tout antérieures (cellules de l’agger nasi) ;
– un sommet latéral, correspondant au processus zygomatique du – en arrière, le palatin ;
maxillaire.
– au milieu, le segment ethmoïdal qui présente des reliefs
importants ;
¶ Parois d’intérêt pathologique
– l’unciforme qui s’implante dans l’ethmoïde antérieur en haut et
Paroi inférieure en avant et descend oblique en bas et en arrière, croisant
l’échancrure maxillaire et se terminant en arrière par trois
Elle est centrée sur les apex dentaires de la deuxième prémolaire et expansions : une postérieure vers le palatin, une inférieure vers le
de la première molaire. En fonction de la taille du sinus, cette paroi cornet inférieur, une supérieure vers la bulle ethmoïdale qui est une
peut être en relation avec les apex des deux autres molaires, de la cellule de l’ethmoïde antérieur. Son exérèse est la clef de la
première prémolaire, voire de la canine. Les dents sont logées dans réalisation de la méatotomie moyenne ;
des alvéoles creusées dans le maxillaire. La paroi inférieure du sinus
se moule littéralement sur les apex dentaires dont le relief est – la bulle ethmoïdale qui est une cellule de l’ethmoïde antérieur.
parfaitement visible en endoscopie sinusienne. Toutefois, la racine Unciforme et bulle ethmoïdale déterminent un sillon : la gouttière
dentaire reste normalement séparée de la muqueuse sinusienne par uncibulaire à la partie inférieure de laquelle se draine le sinus
une frange plus ou moins épaisse, parfois spontanément déhiscente maxillaire, et à la partie supérieure de laquelle se drainent les
d’os spongieux. Sa lyse par un processus infectieux dentaire, cellules ethmoïdales du système unciformien et du système
responsable d’ostéite, explique la diffusion possible de l’infection méatique dont le sinus frontal. Le méat moyen est donc le méat
vers le sinus maxillaire. La finesse de la paroi peut être un point de physiologique.
faiblesse lors des traitement radiculaires. Cela peut expliquer la Tous ces éléments osseux déterminent des zones déhiscentes qui
pénétration de la dent lors de tentatives d’extractions et la sont recouvertes de muqueuse sinusienne sur leur versant sinusien
pénétration de matériel d’obturation endocanalaire. et de muqueuse nasale sur l’autre versant : les fontanelles.

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Odontologie 23-061-F-10

L’inflammation de cette muqueuse peut être responsable de


rétrécissement de l’ostium de drainage, d’où le confinement et la Processus
Pulpite Nécrose pulpaire
surinfection. carieux

Paroi antérieure
Elle correspond à la face jugale du sinus maxillaire. C’est une paroi Équilibre
fine, grossièrement trapézoïdale à sommet inférieur, intercalée entre
des piliers de grande résistance :
Évolution selon un mode chronique : Évolution selon un mode aigu :
– pilier canin en dedans ;
– granulome – desmodontite septique
– pilier maxillomalaire en dehors ;
– kyste – abcès dentaire
– rebord orbitaire en haut ;
– rebord alvéolaire en bas, depuis la canine à la deuxième
prémolaire. Sinusite maxillaire d’origine dentaire
Cette portion est excavée. Elle présente l’orifice du canal du nerf
infraorbitaire à sa partie supérieure, à 5-10 mm sous le rebord
orbitaire. 2 Physiopathologie des sinusites maxillaires d’origine dentaire.
Elle est parcourue de canalicules osseux : une dentinogenèse secondaire est possible par réaction pulpaire.
– nerveux pour les nerfs alvéolaires supérieur et antérieur qui L’activation des odontoblastes aboutit alors à une obturation des
naissent du nerf infraorbitaire et sont destinés aux incisives et aux tubuli dentinaires et à une rétraction du parenchyme pulpaire pour
canines, et pour le nerf alvéolaire supérieur et moyen, inconstant, laisser place à une néodentine, cela réalisant une véritable barrière
destiné à la première prémolaire ; minéralisée vis-à-vis de l’agression. Cependant, lorsque le processus
carieux est plus agressif, le mécanisme de défense est inopérant et
– vasculaires. l’envahissement bactérien s’effectue, notamment par ces mêmes
Cette paroi contient des débris paradentaires qui peuvent donner tubuli dentinaires.
des kystes, et les germes des dents définitives chez l’enfant. Le processus inflammatoire déclenché par l’agression bactérienne
Cette paroi peut être trépanée pour examen endoscopique. Ce geste entraîne une hyperhémie pulpaire responsable de pulpopathies. De
peut être combiné à un abord endonasal. Sa large ouverture réalise nombreuses classifications concernant les pulpopathies sont
la voie de Caldwell Luc. proposées, cependant, nous n’envisageons que la pulpite irréversible
dont l’intérêt étiopathogénique est directement rattaché à notre
¶ Paroi postérieure propos.
La paroi postérieure du sinus maxillaire est convexe dans tous les L’ischémie provoquée par l’hyperhémie pulpaire conduit à un
sens. Elle répond à la tubérosité maxillaire qui sépare le sinus de la processus irréversible de dégradation du parenchyme aboutissant à
fosse infratemporale. À ce niveau, le périoste est décollable. En la nécrose. Il faut noter que l’invasion de la pulpe en voie de nécrose
raison de l’obliquité du plancher orbitaire, elle est plus haute en par les bactéries peut, certes, se faire par cavitation carieuse, mais se
dedans qu’en dehors. En bas, elle se poursuit en pente douce avec n’est pas le seul processus. L’anachorèse constitue une autre voie
la paroi inférieure. C’est une paroi épaisse (2 mm) perforée en d’invasion : au cours d’une bactériémie, les micro-organismes
dehors par le canal dentaire supérieur et postérieur qui contient le pénètrent par l’apex dans le tissu pulpaire en voie de mortification
nerf du même nom, destiné aux molaires, et en dedans, le canal incapable de se défendre face à l’agression.
grand palatin qui contient le nerf du même nom et l’artère palatine ¶ Pathologies infectieuses périapicales
descendante. La trépanation de la portion médiale de cette paroi
postérieure permet d’accéder à la fente ptérygopalatine et à son Pathologies infectieuses aiguës
contenu (ganglion ptérygopalatin et artère maxillaire).
• Desmodontite septique
La dent est sensible à la percussion, la diffusion du processus
Pathologie infectieuse infectieux conduit à une inflammation du ligament alvéolodentaire,
et inflammatoire entraînant une légère extrusion de la dent responsable de douleur
au moindre contact occlusal. À ce stade, il n’y a pas encore de
Les sinusites maxillaires d’origine dentaire résultent de la tuméfaction objectivable.
propagation d’un processus inflammatoire ou infectieux d’une dent
• Abcès ou cellulites d’origine dentaire
antrale à la muqueuse du sinus maxillaire.
La diffusion du processus infectieux se poursuit par voie apicale au
sein des tissus mous. Les signes généraux sont fréquents, une
PHYSIOPATHOLOGIE DES FOYERS INFLAMMATOIRES tuméfaction exobuccale et endobuccale est presque toujours
ET INFECTIEUX DENTAIRES (fig 2) présente. La dent causale est souvent mobile et douloureuse à la
moindre percussion. Les formes cliniques sont multiples et peuvent
¶ Carie dentaire présenter des tableaux sévères lorsqu’ils évoluent sous formes
Elle est le résultat d’un processus bactériologique qui aboutit à la diffuses.
destruction des tissus durs de la dent (l’émail et la dentine). La nécrose pulpaire évolue presque irrémédiablement vers une
complication périapicale aiguë ou chronique ; le passage de l’un à
¶ Atteinte du parenchyme pulpaire l’autre étant fréquent.
Après avoir franchi la couche d’émail, le processus carieux se Pathologies infectieuses chroniques
poursuit de façon plus active au sein de la dentine qui présente un (cf Tumeurs bénignes odontogènes)
degré de minéralisation bien inférieur à celui de l’émail et une trame Ce sont :
organique plus importante. D’un point de vue histoembryologique,
on ne peut pas dissocier véritablement dentine et tissu pulpaire. Il – le granulome apical ;
s’agit d’un même complexe. Face à une carie faiblement évolutive, – le kyste apical.

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C’est seulement à partir du stade de nécrose qu’une dent antrale vasoconstricteurs et mouchage, il est souvent possible de repérer le
peut être à l’origine d’une contamination bactérienne, par un pus dans le méat moyen et/ou sur le dos du cornet inférieur. En cas
processus infectieux aigu ou chronique, du sinus maxillaire. Une de doute, ou si l’on souhaite réaliser un prélèvement dirigé dans le
dent qui répond aux tests de vitalité de façon normale (cas d’une méat moyen à visée bactériologique, le recours à l’endoscope rigide
dent saine) ou exacerbée (carie avancée, pulpite...) ne peut être, à ce est souhaitable. La pulvérisation d’un anesthésique local associé à
stade, responsable d’une sinusite d’origine dentaire. un vasoconstricteur précède le passage de l’endoscope de 4 ou
2,7 mm à vision directe 0° ou oblique à 30°. L’examen du méat
¶ Propagation de l’inflammation dentaire moyen retrouve un œdème du processus unciforme, de la partie
à la muqueuse sinusienne inférieure de la bulle et du cornet moyen, recouvert de sécrétions
purulentes ; une aspiration fine permet le repérage de l’ostium
Les mécanismes de survenue de la sinusite maxillaire d’origine maxillaire qui apparaît en règle fonctionnel.
dentaire ont été exposés par Terracol qui distingue plusieurs étapes :
après carie dentaire atteignant la pulpe, l’infection gagne l’apex de ¶ Évolution
la racine dentaire réalisant une desmodontite septique. Celle-ci peut
évoluer soit vers un granulome ou un kyste radiculodentaire qui va En l’absence de traitement ou si celui-ci est inadapté, l’évolution
s’organiser sur un mode chronique, soit vers une ostéite du plancher, peut se faire vers :
prélude à la constitution d’une collection sous-muqueuse. Cette
– la pansinusite antérieure ethmoïdo-fronto-maxillaire avec
collection sous-muqueuse peut s’ouvrir dans la cavité sinusienne
rhinorrhée purulente et fétide avec, à l’examen, un méat moyen très
soit de manière brutale, réalisant par continuité l’empyème du sinus
œdématié, inflammatoire, mêlé à du pus franc ;
avec atteinte limitée de la muqueuse, soit de manière progressive
par contiguïté réalisant une sinusite maxillaire aiguë suppurée. – la chronicisation.
La relation de cause à effet entre les foyers inflammatoires ou
infectieux dentaires est difficile à établir ; deux études cliniques [5, 6] ¶ Principes du traitement
font état d’une diminution considérable de l’hypertrophie Il repose sur le traitement de la dent causale et sur une
radiologique de la muqueuse maxillaire après traitement de la antibiothérapie probabiliste de première intention, à visée sinusienne
pathologie périodontale, une étude histologique [13] sur pièces et éventuellement drainage sinusien par ponction diaméatique et
d’autopsie montre que des foyers infectieux dentaires mise en place d’un drain temporaire pour faciliter les irrigations.
s’accompagnent fréquemment de signes histologiques
d’inflammation de la muqueuse maxillaire.
SINUSITES MAXILLAIRES CHRONIQUES

SINUSITES MAXILLAIRES AIGUËS [12, 14] L’épisode infectieux aigu, douloureux, est généralement oublié du
patient ou est passé inaperçu.
Le diagnostic de sinusite d’origine dentaire est établi après
reconnaissance de l’existence de la sinusite, puis rattachement de
¶ Signes cliniques
cette sinusite à une cause dentaire.
Un syndrome général fébrile est fréquent. Dans la majorité des cas, les foyers sont des lésions chroniques
latentes qui ne présentent pas ou peu de signes subjectifs.
¶ Signes cliniques
¶ Examen clinique
Les signes fonctionnels sont identiques à ceux d’une sinusite aiguë
classique avec cependant trois particularités : Pulpite chronique
– l’unilatéralité de l’infection ; Le diagnostic est beaucoup plus difficile car la douleur est atténuée
– la rhinorrhée fétide à l’origine d’une cacosmie homolatérale ; ou inexistante. L’examen clinique, basé seulement sur des données
subjectives du patient concernant la sensibilité de la dent, ne permet
– les douleurs dentaires, particulièrement vives à l’examen dentaire.
pas d’identifier avec certitude les lésions pulpaires. Des méthodes
objectives (mesure de la température de la dent, de la quantité de
¶ Examen clinique
lumière qui pénètre à travers la couronne, de la pression
intrapulpaire, de la résistance électrique de la dent) sont du domaine
Pulpite aiguë
de la recherche.
Elle survient sur des dents vivantes.
Les douleurs sont lancinantes, d’une intensité d’abord modérée, puis Pathologies périapicales chroniques
très vives empêchant le sommeil ; d’abord intermittentes, puis Les symptômes sont inexistants ou oubliés. L’orthopantomogramme
permanentes ; localisées à la dent avec possibilité d’irradiation et de est systématiquement complété par des radiographies périapicales
phénomènes réflexes associés (larmoiement, rougeur). À l’examen, en double incidence, orthogonale ou oblique : elles retrouvent un
on retrouve une douleur à la percussion dentaire ; les tests de vitalité léger élargissement de l’espace desmodontal avec disparition de la
pulpaire restent normaux au début, mais disparaissent lors de lamina dura ; une zone périapicale radioclaire ronde, ou en croissant
l’évolution vers la nécrose pulpaire. de quelques millimètre, à contour net, est caractéristique d’un
granulome périapical ; le kyste radiculodentaire a un diamètre plus
Desmodontite septique volumineux, parfois cerné d’un trait radio-opaque de sclérose
Elle survient toujours sur des dents mortifiées. osseuse.
Les douleurs spontanées, pulsatiles, très vives, continues avec des Actuellement, le dentascanner permet un diagnostic plus précis et
paroxysmes, sont majorées par le contact avec la dent antagoniste plus sûr [4, 16] ; c’est un logiciel de reconstruction dentaire à partir
ou l’aliment. L’aspect terne de la couronne avec réaction négative d’une seule pile de coupes axiales ; les coupes coronales directes sont
aux tests de vitalité pulpaire évoque une mortification de la dent. évitées car ininterprétables en raison de la présence de corps
métalliques (couronnes, amalgames,...).
Examen des fosses nasales Cet examen est de courte durée, peu irradiant et peu contraignant
La rhinoscopie antérieure à l’aide d’un spéculum et au miroir de pour le patient, de réalisation automatisée, simple et rapide pour le
Clar confirme la congestion des cornets et la présence de sécrétions praticien.
purulentes obstruant la fosse nasale. Après instillation de Elles surviennent toujours sur des dents mortifiées.

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Odontologie 23-061-F-10

¶ Évolution – trompeurs, sous forme d’atteinte à distance : oculaire (iritis,


idocyclite, uvéite, papillite), articulaire (arthrite), rénale
Non traitées, ces affections chroniques évoluent vers la fistulisation, (glomérulonéphrite), ou cardiaque (valvulopathie), dermatologique
la formation d’abcès de voisinage et la perte des dents causales. Les (eczéma, acné rosacée), manifestations de l’infection focale.
cellulites cervicales d’origine dentaire constituent un mode de
L’examen dentaire soigneux recherche : des algies dentaires
complication pouvant menacer la vie du patient.
spontanées ou provoquées par le contact du chaud ou du froid, une
parodontite (tartre, pyorrhée gingivale, mobilité dentaire) des signes
¶ Principes du traitement [9]
d’infection apicale chronique au niveau d’une dent antrale
Le principe est identique à celui des affections aiguës, mais avec des (couronne grisâtre, douleur à la mobilisation, à la pression ou à la
procédures chirurgicales plus lourdes. percussion horizontale et verticale, perte de la sensibilité explorée
au pulpotesteur).
La radiographie en incidence de Blondeau montre au niveau des
FORMES CLINIQUES SELON LE GERME sinus maxillaires des opacités le plus souvent unilatérales, parfois
Les germes habituellement responsables de la plupart des sinusites localisées au bas-fond sinusien sous forme d’image arrondie isolée
maxillaires d’origine dentaire sont représentés par les germes (image en soleil levant ou couchant) parfois multiple, polylobées ou
anaérobies, des streptocoques, des Neisseria, des fusiformes. en cadre, mais sans altération osseuse des parois.
Le dentascanner objective nettement les rapports sinusodentaires et
¶ Aspergillose [1]
contribue à résoudre efficacement le problème de la responsabilité
dentaire.
Si la pathogenèse des sinusites fongiques est manifestement
plurifactorielle, ces infections apparaissent d’origine dentaire dans L’examen dentaire retrouve facilement la ou les dents responsables.
plus de la moitié des cas [1].
Aspergillus fumigatus, plus rarement Aspergillus niger sont les SINUSITES MAXILLAIRES BILATÉRALES
responsables sous nos latitudes, tandis qu’Aspergillus flavus est Elles représentent des pièges diagnostiques car elles orientent
l’agent causal au Soudan. Les facteurs favorisants sont représentés préférentiellement vers la recherche d’une pathologie de terrain.
par la présence de pâte dentaire dans le sinus (association observée
plus d’une fois sur deux) et par l’immunodépression d’étiologies FORMES RÉCIDIVANTES
virale, hémopathique ou chimiothérapique.
Elles résultent de la méconnaissance ou d’une non-stérilisation du
La rhinorrhée chronique homolatérale plus ou moins fétide, parfois foyer dentaire, voire de la présence d’une dent ectopique [8].
noirâtre et sanglante, est beaucoup plus caractéristique.
L’endoscopie peut reconnaître la masse mycélienne noirâtre avec des
zones blanchâtres ou vert jaunâtre, parfois caséeuse mais peu TRAUMATISMES
adhérente, lors du lavage. Une sinusite maxillaire aiguë par surinfection d’un hématome
L’opacité radiologique peut être diffuse ou localisée, sous forme intrasinusien peut survenir après luxation dentaire intrasinusienne.
d’images arrondies isolées ou multiples, au sein de laquelle la Ce sont :
présence de pâte dentaire fait fortement évoquer le diagnostic. Seule – les accidents de germectomie supérieure chez l’enfant ;
l’identification bactériologique, avec présence de filaments mycéliens
lors de l’examen direct du prélèvement, a une valeur diagnostique. – les accidents d’extraction des dents de sagesse incluses ;
Certaines formes pseudotumorales se caractérisent par – le dépassement de traitement canalaire ;
l’envahissement plus ou moins rapide des structures voisines (orbite, – la sinusite postimplantaire.
fosses nasales) et des hémorragies régionales évoquant un processus
malin avec lyse osseuse des parois du sinus. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL [2]

¶ Actinomycose ¶ Manifestations dentaires d’origine sinusienne


Ce syndrome de sinusite maxillaire chronique s’accompagne d’une Les pathologies sinusiennes peuvent être responsables de troubles
tuméfaction génienne à caractère infiltrant progressif avec dentaires. Dans ce cas, l’examen odontologique est négatif, il ne
fistulisations multiples du sillon gingivojugal ; l’atteinte initiale peut permet pas de mettre en évidence d’étiologie dentaire. On qualifie
être un apex dentaire, d’où sourd un pus grumeleux évocateur s’il ces manifestations sinusiennes à répercussion dentaire d’odontalgies
contient des grains jaunes. La culture en milieu anaérobie confirme sinusiennes. Elles se caractérisent par des douleurs irradiées à
le diagnostic qui reste cependant exceptionnel. l’ensemble des dents antrales du côté du sinus maxillaire incriminé.
On distingue comme causes possibles :

FORMES CLINIQUES SELON L’ÂGE – une atteinte nerveuse par compression ou lésion d’une branche
du nerf maxillaire au cours de son trajet intrasinusien ;
L’ostéomyélite du nourrisson de moins de 6 mois est devenue très
rare ; à point de départ gingival, l’infection se développe dans le – une lésion des rameaux sympathiques, entraînant une réaction au
tissu osseux car le sinus maxillaire n’est pas encore individualisé. Le niveau de la pulpe dentaire et/ou du desmodonte ;
syndrome général infectieux est associé à un œdème inflammatoire – la propagation de processus inflammatoire ou infectieux de proche
de l’hémiface avec fistulisation rapide des téguments. en proche atteignant la dent par son extrémité apicale, surtout
Les sinusites maxillaires ne s’observent pas avant la survenue des quand il existe des rapports anatomiques très intimes entre les dents
dents définitives. antrales et le sinus.

¶ Sinusites rhinogènes
FORMES CLINIQUES SELON L’INTENSITÉ
Sinusite maxillaire aiguë
Il s’agit des formes atténuées : les signes cliniques sont :
Le plus souvent bilatérale, elle survient au décours d’un coryza aigu,
– larvés, car les douleurs sont discrètes sinon absentes, la rhinorrhée la rhinorrhée purulente reste non fétide. L’examen dentaire ne
postérieure intermittente peu abondante, source de paresthésies retrouve pas de foyer infectieux initial. Une rhinorrhée fétide
pharyngées, de toux et de crachats matinaux, d’haleine fétide sans unilatérale doit faire évoquer un corps étranger ou un rhinolithe de
altération de l’état général ; la fosse nasale.

5
22-038-A-10 Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires Stomatologie
23-061-F-10 Odontologie

3 Kyste odontogénique. 6 Odontome.

7 Dent incluse. Kyste


péricoronaire.

4 Kyste odontogénique.

La croissance kystique est généralement asymptomatique.

¶ Kystes radiculodentaires
Ils trouvent leur origine dans une infection dentaire ou dans une
anomalie de développement. Les kystes apicaux sont de loin les plus
fréquents et se développent préférentiellement à partir d’une dent
nécrosée et infectée, plus rarement à partir d’une dent ayant
5 Mucocèle : complica-
tions de la chirurgie sinu- bénéficié d’un traitement endodontique plus ou moins bien réalisé.
sienne. On différencie le kyste apical du granulome par l’aspect lacunaire
arrondi plus volumineux bien limité, avec un liseré de bordure
radio-opaque.

¶ Améloblastome
Plus généralement observé à la mandibule, on en décrit cependant
quelques localisations au maxillaire, en région molaire au niveau
sinusal et pelvinasal. De croissance lente, le processus ostéolytique
aboutit à une soufflure des corticales avec mobilisation des dents
bordantes. Radiologiquement, l’aspect en bulles de savon témoigne
de cloisons de refend. Le traitement est chirurgical. L’exérèse doit
être large devant cette tumeur bénigne agressive, infiltrante et à haut
Sinusite maxillaire chronique pouvoir de récidive.
Le bilan endoscopique et tomodensitométrique révèle l’absence de ¶ Kystes épidermoïdes (fig 7)
pathologie dentaire, mais une possible entrave mécanique à la
ventilation du sinus (déviation septale, anomalie des cornets, Ils sont parfois observés au maxillaire et ont comme origine des
pathologie du méat). Cependant, le rôle du septum nasal dans la reliquats épithéliaux.
pathogénie ou comme facteur favorisant de la sinusite maxillaire Ils apparaissent sous forme d’une tuméfaction entraînant parfois des
chronique n’est pas démontré [3]. déplacements dentaires, mais leur découverte peut être également
fortuite au décours d’un examen radiologique de type panoramique
dentaire. En imagerie, la lésion osseuse apparaît comme une lacune
Pathologie tumorale avec une bande de condensation périphérique nette refoulant la
paroi osseuse du sinus qui reste longtemps non envahi. Il n’est pas
rare que le processus ostéolytique soit centré par une dent incluse.
TUMEURS BÉNIGNES D’ORIGINE ODONTOGÈNE Le traitement chirurgical suppose ensuite un contrôle radiologique
(fig 3, 4, 5, 6) régulier car les récidives sont fréquentes.

¶ Kystes folliculaires ou péricoronaires PATHOLOGIE MALIGNE


Ils se développent à partir d^une dent définitive en situation incluse Les tumeurs malignes des sinus de la face, représentent un groupe
(dent de sagesse, canine). L’évolution pathologique du sac peu important des cancers des voies aérodigestives supérieures.
folliculaire qui entoure naturellement la couronne aboutit à une lyse Elles se développent aux dépens soit de la muqueuse de
osseuse. Le processus est évolutif et il n’est pas rare d’observer au recouvrement, soit des structures de soutien cartilagineuses ou
maxillaire un envahissement sinusal ou nasal. osseuses.

6
Stomatologie Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires 22-038-A-10
Odontologie 23-061-F-10

Les cancers épidermoïdes représentent 75 % de ces tumeurs. Ils ont Ce mécanisme permet de comprendre que les aérodontalgies
la particularité de présenter une moindre fréquence de métastases peuvent concerner des dents saines.
ganglionnaires cervicales (l’adénopathie révélatrice est rare), et
générales (poumon, foie, os).
PATHOLOGIE IATROGÈNE
Leur pronostic est surtout lié à l’importance de l’extension locale.
Celle-ci est longtemps silencieuse, le cancer s’étendant dans des ¶ Traitement et chirurgie endodontique
cavités.
Globalement, la survie à 5 ans est de 25 %. Traitements endodontiques des dents antrales
Les signes cliniques évocateurs sont : Le traitement endodontique consiste à pratiquer l^extirpation du
paquet vasculonerveux de la dent et d’obturer la totalité du ou des
– des signes unilatéraux de rhinosinusites avec épistaxis chez canaux radiculaires, en respectant le périapex. On définit ainsi la
l’homme de 50 ans ; biopulpectomie lorsque le traitement est réalisé sur une dent
– des douleurs : une céphalée banale par sinusite réactionnelle, des vivante, et la pulpectomie lorsque ce dernier est effectué sur dent
odontalgies et des troubles sensitifs par atteintes des branches du nécrosée.
nerf trijumeau ;
• Indications :
– des signes oculaires plus rares car traduisant un envahissement
orbitaire ; Ce sont :
– des signes buccodentaires qui attirent l’attention : un – les pulpites ;
déchaussement d’une dent, la perte d’une prothèse, une voussure – les nécroses pulpaires ;
du palais dur, une soufflure d’un rebord alvéolaire, un saignement
chronique. – les pathologies périapicales (plus ou moins en association avec
une chirurgie endodontique) ;
Le traitement associe la chirurgie et la radiothérapie
– les traitements canalaires avant préparation coronaires à visées
D’autres tumeurs malignes peuvent se rencontrer :
prothétiques ;
– les sarcomes squelettogènes dont l’évolution et le traitement ne – les traumatismes alvéolodentaires : fractures dentaires avec
sont pas différents de ceux des carcinomes épidermoïdes. Ils exposition pulpaire, luxation d’organes dentaires avec rupture du
surviendraient à un âge plus précoce ; paquet vasculonerveux.
– les lymphomes dont le traitement associe ou non la
chimiothérapie et la radiothérapie en fonction du typage • Principes thérapeutiques
histologique ; Le traitement endodontique répond à un protocole bien défini visant
– les mélanomes malins qui sont traités par association à éliminer la totalité de la pulpe dentaire camérale et radiculaire. À
chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie. partir d’une longueur de travail établie radiologiquement ou à l’aide
Sur le plan pratique, ces cancers posent le problème de leur d’un localisateur d’apex, des limes et racleurs de diamètres
extension vers l’infrastructure du sinus maxillaire avec destruction progressifs alèsent les canaux radiculaires. Un élargissement est ainsi
de la paroi inférieure. La reconstruction après l’exérèse chirurgicale obtenu avec un cône d’arrêt idéalement établi à 0,5 mm de la limite
dépend de l’importance de la résection, elle utilise toujours une apicale. L’obturation canalaire est réalisée à la gutta percha plus ou
plaque palatine avec un comblement de la perte de substance avec moins pâte d’obturation à l’oxyde de zinc Eugénolt, selon des
du silicone ou avec une résine molle, avant réalisation d’une techniques de condensation latérale, verticale ou mixte. Le but est
prothèse définitive. La prise en charge chirurgicale est optimisée d’obtenir une obturation dense et complète de l’ensemble de
avec l’association des différentes spécialités : chirurgiens dentistes, l’endodonte en respectant le périapex.
chirurgiens maxillo-faciaux et oto-rhino-laryngologistes.
• Complications iatrogènes
Au cours des différentes manipulations, les techniques d’alésages et
Pathologie traumatique d’obturations peuvent être génératrices d’effets iatrogènes par excès
ou défaut de traitement.
– Complications iatrogènes par défaut.
BAROTRAUMATISMES
Le défaut de traitement d’une partie ou de la totalité d’un canal
L’exposition aux variations pressionnelles peut engendrer des dentaire conduit à un espace vacant constituant un réservoir
douleurs dentaires : les aérodontalgies ou barodontalgies. Leur bactérien potentiel plus particulièrement favorable au
origine est mal connue : développement d’une flore bactérienne anaérobie et mobile. Celle-ci
– rôle de la dilatation de gaz intracanalaire en cas d’obturation peut conduire, à plus ou moins long terme, à l’apparition et au
incomplète ; développement d’une pathologie périapicale selon un mode aigu ou
le plus souvent chronique (granulome et kyste). Le sinus proche
– pulpite, kyste périapical. peut ainsi être contaminé.
Les relations entre sinus et dents peuvent expliquer certaines
– Complications iatrogènes par excès.
douleurs dentaires en relation avec un barotraumatisme sinusien qui
résulte d’un défaut d’équilibration des pressions entre le sinus et le Le non-respect des limites du périapex par dépassement
milieu extérieur. Ces douleurs dentaires surviennent plus instrumental (lime, racleur, lentulo) et/ou débordement du matériel
fréquemment en montée (décompression) [17]. d’obturation canalaire au-delà de l’extrémité radiculaire (parfois
même directement dans le sinus maxillaire par effraction du
Lors de la montée, la diminution de la pression ambiante se traduit plancher et de la muqueuse associée, constitue également une
par une augmentation des volumes gazeux (loi de Boyle-Mariotte : étiologie fréquente d’apparition de pathologies périapicales et/ou
P × V = constante). La bonne perméabilité de l’ostium permet à directement d’infections sinusales
l’excès de volume gazeux de s’évacuer. Une pathologie ostiale qui
empêcherait l’air de s’enfuir entraînerait une relative surpression • Facteurs favorisants
dans le sinus du fait de l’augmentation des volumes dans cette
cavité inextensible. Cette surpression a été incriminée dans la – Anomalies ou particularités anatomiques de l’endodonte.
stimulation du nerf alvéolaire supérieur [7]. Ce sont :

7
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23-061-F-10 Odontologie
– canaux courbes difficiles d’accès ; La présence de bulles d’air dans l’alvéole après l’avulsion en est le
– delta apical ; premier signe. Sous anesthésie locale, la manœuvre de Valsalva peut
la confirmer par la fuite d’air à travers l’alvéole de la dent qui vient
– canal latéral ; d’être extraite. La présence d’une épistaxis doit également la faire
– 4e canal fréquemment décrit sur la première molaire maxillaire suspecter. Enfin, on peut réaliser l’exploration prudente de l’alvéole
souvent non traitée dans les actes d’endodontie. à la curette ou avec une fine canule d’aspiration.
– Dents immatures. La communication bucconasale (CBN) peut survenir lors de
l’avulsion de dents ectopiques (en particulier canines incluses dans
Chez l’enfant, la dent définitive prend place sur l’arcade alors que le palais).
l’apexogenèse n’est pas terminée (3 ans sont encore généralement
nécessaires). L’extrémité radiculaire est particulièrement large,
¶ Implants dentaires
favorisant, lors des traitements endodontiques, les dépassements
instrumentaux et de matériel d’obturation. C’est pourquoi, il faut
Principes et technique
généralement privilégier des traitements provisoires à l’hydroxyde
de calcium qui permettent de terminer l’apexogenèse avant Un édentement maxillaire peut être traité par une réhabilitation
d’envisager une obturation canalaire définitive dans de meilleures prothétique implantoportée, sous réserve d’un bilan préimplantaire
conditions. complet comprenant notamment un dentascan afin de déterminer la
quantité d’os disponible transversalement et longitudinalement
Chirurgie endodontiques des dents antrales compatible avec la pose d^implants dentaires.
Après abord muqueux crestal, l’os maxillaire est foré au diamètre
• Principe des fixtures prévues aux emplacements prédéterminés à partir des
Généralement associée au traitement canalaire de la dent concernée, images scanographiques. Le ou les implants sont ensuite
la chirurgie endodontique vise à éliminer le processus positionnés.
granulomateux ou kystique développé aux dépens du périapex. Par
un abord muqueux et une corticotomie limitée, un curetage de la • Complications iatrogènes
lésion osseuse est réalisé, ainsi qu’une résection apicale de la racine Ce sont :
dentaire concernée. Une obturation, dite « a retro » du néoapex,
permet d’obtenir une étanchéité de la nouvelle limite apicale. – un forage trop profond avec pénétration endosinusale par défaut
de manipulation ou erreur d’interprétation dimentionnelle du
• Complications iatrogènes dentascan ;
Lors de la voie d’abord, et plus particulièrement de la corticotomie – une insertion en partie endosinusale de l’extrémité apicale de
généralement vestibulaire, une effraction de la paroi externe ou l’implant dentaire.
inférieure du sinus maxillaire n’est pas exceptionnelle. La résection Ces événements peuvent être à l’origine, d’une part, d’un échec de
apicale et l’obturation a retro, peuvent être à l’origine d’une la thérapeutique implantaire par défaut d’ostéo-intégration, et
projection endosinusale de matériel d’obturation dentaire ou de d’autre part, d’une infection sinusale. Il est cependant admis qu’un
reliquats d’apex. dépassement endosinusal de l’implant de 1 à 2 mm sans effraction
de la muqueuse peut être tout à fait bien toléré.
¶ Par avulsion dentaire
¶ Chirurgie préimplantaire : greffe sinusienne à visée
Projection d’une dent dans le sinus maxillaire préimplantaire
Lors d’une manœuvre mal contrôlée ou lorsque la dent se brise au
moment de l’élévation ou de l’avulsion, une partie de la dent ou sa Technique opératoire
totalité peut être propulsée hors de son alvéole et échapper au L’abord sinusien est réalisé classiquement par la trépanation de la
contrôle de l’opérateur. paroi antérieure de l’os maxillaire selon un abord vestibulaire (la
La projection dans le sinus maxillaire doit faire l’objet d’une paroi antérieure du sinus maxillaire est dégagée par le décollement
tentative de récupération immédiate. Le patient est placé en position d’un lambeau muqueux de pleine épaisseur). La muqueuse
assise. Un cliché rétroalvéolaire réalisé au fauteuil permet de sinusienne est ensuite décollée de proche en proche afin de créer un
localiser rapidement la dent ou le fragment perdu. Si celui-ci est sur espace qui va accueillir le ou les greffons.
le plancher, une tentative de récupération immédiate de Une des techniques actuelles fréquemment utilisée consiste à réaliser
récupération peut être mise en œuvre par voie alvéolaire un « toit » pour la greffe : un greffon osseux est impacté de manière
éventuellement élargie. horizontale dans la paroi et la lumière du sinus maxillaire. Des
L’acharnement est à éviter : l’absence de complications infectieuses copeaux d’os sont foulés progressivement afin de combler l’espace
sinusiennes peut faire préférer l’abstention et la surveillance. vide sous-jacent. Le site est fermé de façon étanche et sans tension.
Une intervention différée est alors préférable pour le confort du
patient et de l’opérateur. Celle-ci peut être réalisée par différentes Complications
voies d’accès en fonction de la position de l’élément à récupérer
(voie vestibulaire, maxillaire type Caldwell-Luc). • Complications peropératoires

Communication buccosinusienne ou communication bucconasale – Effraction ou brèche de la muqueuse sinusienne.


Il s’agit de la complication peropératoire la plus souvent rencontrée.
La communication buccosinusienne (CBS) peut être rencontrée lors Une brèche trop importante non traitée peut d’une part favoriser
de l’avulsion de dents antrales dont les racines entretiennent un l’infection du greffon, d’autre part laisser passer des fragments de
rapport étroit avec la cavité sinusienne (en particulier les molaires et greffes libérés dans le sinus qui peuvent, le cas échéant, obstruer
prémolaires maxillaires). l’ostium.
Le bilan radiographique préalable permet souvent de prévoir ce
risque et d’en informer le patient. Dans ce cas, une gouttière souple – Hémorragie peropératoire.
peut être réalisée au préalable ; elle permettra de protéger la zone L’hémorragie due à la lésion d’un petit vaisseau de la muqueuse
sensible après l’intervention contre les tics d’aspiration ou de peut survenir. Elle est généralement simple à juguler (compression,
succion et contre l’agression d’éventuels débris alimentaires. coagulation, etc).

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Stomatologie Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires 22-038-A-10
Odontologie 23-061-F-10

– Lésions dentaires. Les limites à cette technique sont soit l’épaisseur de la cloison
La réalisation d’une fenêtre osseuse de grande dimension et la osseuse impossible à trépaner, soit l’impossibilité d’introduire à la
réduction du capital osseux peut entraîner des délabrements fois les optiques et les micro-instruments, obligeant à s’aider d’un
préjudiciables aux organes dentaires voisins. abord complémentaire.
Enfin, cette technique n’est pas fonctionnelle pour le sinus
• Complications précoces maxillaire.
Elles sont représentées par le lâchage des sutures et l’exposition du
greffon, les infections. ¶ Méatotomie moyenne
Elle est indiquée pour extraire les aspergilloses sinusiennes, la pâte
• Complications retardées d’obturation, les kystes et polypes, les corps étrangers, traiter les
Il pourra s’agir de résorption osseuse ou de mobilisation de la greffe sinusites à répétition unilatérale résistantes aux traitements
ou d’infection sinusienne à distance. médicaux bien conduits.
Van den Bergh précise le risque de dysfonction sinusienne que La technique : deux techniques sont possibles, soit d’arrière en
pourrait entraîner une greffe avec un toit trop haut situé, où avant, soit d’avant en arrière.
l’obstruction de l’ostium par un fragment de greffe libre dans le La technique d’arrière en avant débute par une ponction du méat
sinus. moyen par une pince longue et coudée pénétrant le sinus maxillaire
En effet, l’obturation secondaire de l’ostium empêche le drainage de et créant une méatotomie agrandie par l’emploi d’une pince
la cavité sinusienne, favorise le développement de l’activité emporte-pièce, vers l’avant jusqu’à la gouttière lacrymale constituée
bactérienne dans un espace devenu clos. Il peut également survenir d’os dur qu’il faut respecter.
une communication buccosinusienne. La technique d’avant vers l’arrière consiste à repérer le processus
La communication buccosinusienne intervient le plus souvent dans unciforme dont le bord antérieur est palpé et apparaît en saillie.
un contexte infectieux (immédiat ou retardé). Puis, une incision verticale depuis son insertion sur le conduit
lacrymonasal est prolongée en bas et horizontalement jusqu’à
• Séquelles l’ostium du sinus maxillaire. L’unciforme est ensuite luxé en dedans
et sectionné horizontalement à son insertion supérieure ouvrant
La pérennisation d’une infection locale peut engendrer une sinusite
largement le sinus maxillaire. On peut, si besoin, s’agrandir vers le
chronique.
bas aux dépens du cornet inférieur ou s’aider d’une méatotomie
Plusieurs auteurs rapportent le développement de kystes inférieure. Les bords de cette méatotomie sont régularisés.
intrasinusiens ou mucocèles consécutifs à des interventions sur le
Les limites et les dangers sont représentés par l’effraction de la
sinus maxillaire (fig 5).
gouttière lacrymale, l’existence d’un cornet moyen à courbure
inversée ou pneumatisé en couche bulleuse, un geste
complémentaire sur ce cornet facilite alors cette intervention. De
Thérapeutiques même, la correction préalable d’une déviation septale peut être
nécessaire pour libérer le champ opératoire.
CHIRURGIE ENDONASALE [10] Les soins postopératoires sont simples : la mise en place d’un
drainage du sinus par un tube de polyéthylène est nécessaire, la
La chirurgie endonasale a connu un essor récent avec l’utilisation
mise en place de pommade ou de mèche grasse ou de tampons
du microscope opératoire puis de plus en plus désormais par
divers est affaire de chacun ; ils ne sont pas indispensables alors que
optiques rigides. Elle nécessite une source de lumière froide
les soins locaux par lavages des fosses nasales avec du sérum
puissante, et utilise une micro-instrumentation adaptée couplée à
physiologique le sont.
une indispensable imagerie tomodensitométrique préopératoire.
Une rhinorrhée muqueuse postérieure peut s’observer dans les 2 à
Cette chirurgie est désormais réalisée en routine et peut s’aider d’un
3 mois postopératoires, mais ne nécessite pas de traitement
couplage avec une caméra vidéo, l’opérateur se guidant soit en
particulier.
direct, via l’optique, soit directement sur l’écran du moniteur.
L’anesthésie est le plus souvent générale, mais peut être aussi locale
et renforcée, ce qui ne dispense pas de la présence d’un anesthésiste. TRAITEMENT DE LA DENT CAUSALE
Ces interventions doivent se réaliser au bloc opératoire. Le traitement endobuccal consiste soit à traiter la dent causale :
Une préparation des cavités nasales est indispensable : après traitement endodontique plus ou moins associé à la résection apicale
méchage de 10 minutes à l’aide de lidocaïne à 5 % naphazolinée et à l’obturation a retro, soit en l’avulsion de l’organe dentaire.
pour obtenir une rétraction muqueuse la plus complète, on infiltre
en sous-muqueux le site opératoire à l’aide de lidocaïne à 1 %
adrénalinée au 1/25 000. Certains préfèrent l’utilisation de cocaïne ABORD TRANSFACIAL
diluée au tiers, préparation magistrale à péremption courte.
¶ Voie de la fosse canine
¶ Méatotomie inférieure
Elle est indiquée pour réaliser une sinusoscopie ou l’exérèse d’un
Elle est indiquée pour l’ablation de corps étrangers de kystes infectés kyste ou d’un polype, elle est formellement à proscrire en cas de
du fond du sinus maxillaire et permet l’examen de la muqueuse et sinusite aiguë ou de cancer sinusien.
des biopsies. Elle permet la mise en place de drains type Albertini, La technique : après repérage de la fosse canine en dehors de la
en polyéthylène pour des soins ultérieurs. bosse canine, on infiltre en sous-muqueux de la lidocaïne à 1 %
La technique : elle débute par une ponction diaméatique à 1 cm en adrénalinée. Un volet muqueux de 1 cm de côté est découpé, à
arrière de la tête du cornet inférieur, permettant une sinusoscopie charnière supérieure, en ruginant la paroi du sinus pour en
éventuelle. Une pointe coagulante peut être utilisée ; puis, avec une permettre la trépanation de la paroi antérieure à l’aide d’un trocart.
pince emporte-pièce, l’orifice est agrandi vers l’avant et vers le bas. La progression doit être contrôlée pour ne pas léser la paroi
La limite postérieure est l’os palatin qui est dur, nettement postérieure, fine et fragile, du sinus maxillaire qui contracte des
perceptible dans la pince ; la limite antérieure est la zone de l’orifice rapports dangereux vasculonerveux en arrière.
lacrymal située en antérosupérieur qu’il faut absolument éviter de Cette voie peut être combinée aux interventions endonasales pour
léser. améliorer la visualisation de l’exérèse des processus pathologiques.

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22-038-A-10 Relations pathologiques entre les dents et les sinus maxillaires Stomatologie
23-061-F-10 Odontologie
¶ Intervention de Caldwell-Luc Devant l’échec du traitement primaire, une seconde intervention est
proposée. L’opérateur prescrit un traitement antibiotique local et
Elle réalise l’abord vestibulaire du sinus maxillaire par sa paroi général préalable, 10 jours avant l’intervention, afin de pouvoir lui
antérieure. Cette intervention permet l’exérèse à la demande de la donner les meilleures chances de réussite.
muqueuse du sinus et de tout processus occupant. Son indication Le traitement chirurgical doit s’appliquer à réaliser deux plans
est désormais rare du fait de l’essor des techniques chirurgicales par muqueux ; l’un sinusien, l’autre gingival. Il peut faire appel à
voie endonasale. différents types de lambeaux muqueux : vestibulaire, palatin. Le
Elle nécessite généralement une anesthésie générale, avec intubation corps adipeux de la bouche (boule de Bichat) peut être une ressource
orotrachéale. Une infiltration sous-muqueuse du vestibule supérieur très intéressante dans le cas de volumineuses CBS avec échec répété
de lidocaïne à 1 % adrénalinée permet de réduire le saignement, puis d’un traitement traditionnel.
une incision est menée depuis la deuxième molaire à l’incisive
latérale. La rugination sous-périostée dégage les faces antérieure et Incidences médicolégales [15]

externe du sinus qui est trépané au niveau de la fosse canine.


L’ouverture se fait à 10 mm depuis les saillies alvéolaires en bas Pour limiter les incidences médicolégales, l’information préalable du
jusqu’à l’émergence du nerf sous-orbitaire en haut qui constitue la patient est nécessaire. Autant que la signature éventuelle de
limite supérieure de la voie d’abord et qu’il faut respecter. documents, il est recommandé de tenir à jour la fiche de
consultation, la rédaction systématique d’un courrier au médecin
Après traitement de la muqueuse du sinus et de son contenu, la
traitant, de réaliser un schéma daté avec les explications des
fermeture se réalise après réalisation d’une méatotomie inférieure
avantages, des bénéfices attendus mais également des inconvénients
pour mettre en place un drainage par sonde en polyéthylène. Un
et des risques possibles.
traitement antibiotique et anti-inflammatoire pour 1 semaine est
Chaque intervention possède ses risques propres dont il faut
instauré.
prévenir le patient.
Les inconvénients et les incidents sont connus : il peut s’agir de Les doléances exposées par un plaignant sont le plus souvent le fait
lésions des nerfs dentaires en cas d’ostéotomies débordant sur la d’une information mal maîtrisée ou d’un dialogue médecin-malade
bosse canine, de névralgies ou de dysesthésies en cas d’atteinte du qui n’a pas eu lieu.
nerf sous-orbitaire, de communication buccosinusienne en cas Le rapport du conseil médical du groupement des assurances
d’avulsion dentaire associée du fait de l’ostéite du bas-fond sinusien, mutuelles médicales (GAMM) sur l’exercice médical 2001, rapporte
enfin une fibrose intracavitaire tardive peut être observée si le 32 déclarations de leurs sociétaires tant stomatologistes que
périoste et ou la muqueuse saine n’ont pas été respectés. chirurgiens dentistes ou ORL. On dénombre deux déclarations après
chirurgie type Caldwell-Luc, deux après mise en place de greffe
osseuse pour pose d’implant, trois pour migration dentaire après
FERMETURES DES COMMUNICATIONS
extraction, trois sinusites après extraction dentaire, 22 pour
BUCCOSINUSIENNES OU BUCCONASALES
aspergillose dentaire. Ces 32 déclarations sont à rapprocher du
La création d’une CBS ou d’une CBN lors d’une avulsion dentaire nombre total d’adhérents pour chacune des spécialités concernées,
doit faire l’objet d’une tentative de fermeture immédiate et d’une soit 23 389.
surveillance postopératoire régulière. Le patient doit éviter les Concernant l’indemnisation des préjudices reconnus, les taux en
manœuvres d’hyperpression dans la cavité sinusienne (mouchage droit commun des séquelles ne sont pas négligeables car les atteintes
violent, éternuement bouche fermée) ou de dépression (boisson à neurologiques sensitives du nerf sous-orbitaire peuvent être
l’aide d’une paille), ainsi que les bains de bouche trop fréquents. Un évaluées jusqu’à 5 %, non compris les préjudices esthétiques et au
traitement antibiotique local et général est mis en place. titre de la douleur.

Références
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