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Nora TANANE
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Université Mohamed V,
– Rabat - Souissi
Résumé
Abstract
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Keywords: Internationalization, Outward foreign direct investment, Economic
diplomacy, Branding Nation, Africa
ملخص
اذخذ انطاتع انذًنً (ذذًٌم) نهشزكاخ انمغزتٍح ًكذا إنشائيا فً دًل مخرهفح من انقارج اإلفزٌقٍح أىمٍح
تانغح خالل انسنٌاخ انعشزٌن انماضٍح ً .ذعرثز ىذه انذٌنامٍكٍح جشء من سٍاسح انمغزب اإلفزٌقٍح انرً
ذسرجٍة نعٌامم سٍاسٍح ً اقرصادٌح .ذرمثم أىذاف انسٍاسح انمغزتٍح فً إفزٌقٍا فً ذعشٌش مٌقف انمغزب
فٍما ٌخض قضٍح انٌحذج انرزاتٍح ً،ذحسٍن انمثادالخ انرجارٌح ً ذطٌٌز االسرثماراخ مع انذًل اإلفزٌقٍح
فً مصهحح انطزفٍن .ذسرجٍة ىذه انسٍاسح إنى حاجح انمغزب فً ذنٌٌع فزص ًمنافذ االقرصاد انمغزتً
ذثعا نألسمح االقرصادٌح انرً اجراحد أًرًتا ً اننمٌ االقرصادي انذي ذعزفو افزٌقٍا فً انسنٌاخ األخٍزج.
انطالقا من ىذه اإلرادج انسٍاسٍح ًتناء عهى حٌافشىا االقرصادٌحٌ ،يذف ىذا انمقال إنى إتزاس ما قدمه
ذذًٌم انشزكاخ انمغزتٍح ،عثز اسرثماراذيا انمثاشزج فً إفزٌقٍا ،تاننظز إنى أىذاف انسٍاسح اإلفزٌقٍح
نهمغزب.
كلمات المفاتيح:ذذًٌم ،االسرثمار األجنثً انمثاشز انصادر ،انذتهٌماسٍح االقرصادٌح ،انعالمح انرجارٌح
نهذًنح ،افزٌقٍا
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Introduction
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l'Afrique à travers ses IDE s'explique par des facteurs aussi bien politiques
qu’économiques.
Rappelons que les objectifs de la politique marocaine vis-à-vis de l’Afrique
subsaharienne résident dans la consolidation de la position du Maroc sur la
question du Sahara, ainsi que dans le développement des échanges commerciaux
et des investissements avec les pays africains dans l’intérêt des deux parties. Les
éléments qui ont motivé la politique africaine du Maroc sont le besoin de
diversification des débouchés de l’économie marocaine suite à la crise
économique qui frappe l’Europe, ainsi que la bonne croissance de l’économie
africaine ces dernières années (Kerdoudi, 2013). Cette réorientation vers
l’Afrique subsaharienne est à mettre, également, en parallèle avec la léthargie
qui a pris en otage la région du Maghreb empêchant l’émergence de l’Union du
Maghreb Arabe.
I. Intérêt politique
Observons qu’à travers cette approche, la politique du Maroc vise deux objectifs
essentiels : la recherche de soutiens et d’alliés politiques pour consolider la
position du Maroc au sujet du Sahara et la recherche de partenaires
économiques, voire stratégiques, pour s’affirmer en tant que pays leader et
stabilisateur sur le continent. L’offensive marocaine en Afrique subsaharienne
est irréversiblement inscrite dans la dialectique des intelligences (Tchetchoua
Tchokonte, 2017).
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effet, la géoéconomie est souvent invitée pour décrire la place des entreprises
dans la construction de l’influence internationale des nations (Luttwak, 1990).
Il convient de revenir sur les relations du Maroc avec les pays africains, qui ont
connu trois phases distinctes. La première (1976-1985) a été marquée par des
relations dont l’intensité dépendait de la position des pays africains sur la
question de l’intégrité territoriale du Maroc. La deuxième (1986) a donné une
nouvelle forme à ces relations, en les faisant asseoir sur la coopération et en les
concrétisant par la signature de plusieurs accords de coopération. Puis la
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troisième phase (2000) lors de laquelle la priorité fût accordée au secteur
économique, aux relations de partenariat et à l’association du secteur privé à la
réalisation de cette nouvelle politique (Dkhissi et al, 2012). Les relations Maroc-
Afrique, générées par cette évolution, se fondent davantage sur le facteur
économique.
De par cette nouvelle politique, le Maroc entend favoriser l’ouverture
pragmatique envers les autres pays africains. Ceci le conduira à faire de la
coopération technique et économique, des échanges, des investissements et du
codéveloppement le réel sujet de la diplomatie maroco-africaine, réduisant ainsi
la question saharienne à un non sujet de discussion dans sa diplomatie africaine.
Le but est de créer des interdépendances économiques, techniques et politiques
qui marginaliseront ce sujet et feront qu’à long terme la question saharienne se
réglera d’elle-même, tant les points de vue sur le sujet seront semblables à la
position marocaine (El khayat, 2016).
Le Maroc a défini, puis mis en œuvre, aux côtés de ses entreprises, une politique
d’accès aux marchés africains et d’investissement dans des secteurs d'activité à
haute valeur ajoutée. L'identification des secteurs clés et des entreprises à
promouvoir internationalement, car considérés comme les «champions
nationaux», constitue une source renouvelée de mobilisation pour les acteurs de
l'État au service des intérêts «suprêmes» du pays (Lorot, De la géopolitique à la
géoéconomie, 2009).
Les IDE, étant instrumentalisés par les États, les pays d’origine de ses
investissements ont tendance à provoquer une dépendance économique
extérieure des pays d’accueil et ce afin de disposer d’un soft power à
connotation économique dans le but de défendre, in fine, leurs intérêts
géopolitiques (Iraqui, 2019). Les investissements marocains en Afrique
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représentent un instrument considérable, dont l’impact, bien qu’il ne puisse être
mesurable sur le court terme, aura des effets tacites sur le moyen et long terme.
Toutefois, beaucoup reste à faire pour venir à bout des réticences de certains
pays africains et de l’acharnement d’autres à vouloir neutraliser l’élan
économique que connaît le Maroc sur la scène africaine et ce, continuant à
reconnaître la RASD et à militer officiellement dans l’ombre, pour sa cause.
1
C’est le cas de la Sierra Leone en 2003, de Madagascar en 2005, du Kenya en 2006, du Cap
Vert en 2007, du Malawi et des Seychelles en 2008, de la Guinée-Bissau et du Burundi en
2010, de la Zambie en 2011 et du Rwanda en 2015
http://www.corcas.com/Default.aspx?tabid=738&ItemId=40191&ctl=Details&mid=1483
2
28 des 54 membres de l’Union africaine ont déposé le 18 juillet 2016 une motion pour «
réclamer la suspension des activités de la RASD » au sein de l’Union africaine
https://lematin.ma/journal/2017/28-pays-africains-franchement-opposes-a-la-presence-du-
representant-du-polisario-au-sein-de-l-rsquo-ua/266394.html
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africaine en 2017 et obtient l’accord de principe pour adhérer à la CEDEAO la
même année (CEDEAO, 2017).
D’abord l’image se veut dynamique et s’interdit d’être le fait d’un seul acteur.
La Marque, elle, est l’incarnation de ce que l’on pense à votre sujet. L’image de
marque d’un pays ou le « Nation Branding » correspond à la façon dont le pays
est perçu par ses partenaires et a pour objectif, entre autres, de se doter d’une
certaine notoriété et d’une bonne réputation à l’échelle internationale. Autrement
dit, de faire valoir son identité et ses valeurs, ainsi que de répandre son influence
politique, économique et culturelle. Le Nation Branding part du principe que
tous les acteurs impliqués doivent partager une seule et même vision de la vraie
identité du pays et harmoniser leurs actions pour que son image réelle soit
perçue de la même manière. Mettre en œuvre une vision cohérente en termes de
Nation Branding à l’international suppose que cette vision soit partagée par
l’ensemble des acteurs et des promoteurs de l’image du Maroc (Iraqui, 2018).
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investissements marocains se sont déployés dans le respect de la nouvelle
approche de coopération avec les pays africains selon une démarche de co-
construction de la croissance et de la valeur ajoutée.
« Une marque est une stratégie, si on est pas stratège, on est opportuniste. On ne
construit pas une marque pour se servir d’une opportunité. La marque, c’est ce
qui donne vie, forme et substance à votre vision et votre réputation » (Vickery,
2018). Le Maroc a déterminé sa vision par rapport au continent africain et a
établi sa stratégie de positionnement à propos de laquelle les acteurs marocains
se sont engagés. L’image de marque Maroc ne sera que synthèse de ses parties
constitutives. Les investisseurs marocains se devaient de répondre à l’impératif
relatif à la mobilisation de tous les acteurs pour que le Label Maroc ne demeure
pas qu’un simple slogan et pour qu’il soit à même de porter le message qu’il est
censé véhiculer avec crédibilité.
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La marque c’est, avant tout, de l’émotion, et c’est l’expérience vécue qui crée
cette émotion. Elle doit correspondre à la promesse et ce, à travers la cohérence
entre le contenu et la vision. En excluant toute stratégie d’opportunisme, les
entreprises marocaines, ayant pour mission d’apporter de la valeur ajoutée locale
et de créer des emplois localement, de manière à s’insérer dans les programmes
de développement nationaux, se sont empêchés de reproduire des mécanismes
vécus auprès d’autres acteurs. L’investisseur marocain réinvesti une grande part
de ses bénéfices dans les marchés africains, malgré les crises politiques,
sanitaires ou de sécurité qui peuvent surgir, témoignant ainsi du caractère de
l’investisseur marocain qui n’est pas opportuniste mais qui croie en la
pérennisation de ses investissements en Afrique, s’inscrivant dans la durée.
3
Intitulé de la thématique retenue pour la 3e édition du colloque « Brand Your Morocco »
portant sur le capital immatériel des marques.
4
Exemple des projets d’investissement du secteur bancaire marocain, qui a un rôle majeur
dans la connexion financière entre pays africains et la réduction des risques liés aux échanges
commerciaux et financiers intra-africains, ainsi que dans le domaine de l’agriculture et la mise
en place des unités de mélange des fertilisants.
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pays d’accueil en termes de réponse aux besoins locaux, de création d’emploi et
de réinvestissement des bénéfices.
Dans la littérature économique, les études empiriques qui ont tenté d'examiner
l’apport économique de l'internationalisation des entreprises des petites
économies en développement, ainsi que les effets de l’investissement à
l’étranger sur leur pays d'origine, confirment que les entreprises issues d’un
marché intérieur relativement petit, parfois avec un environnement moins
favorable en termes de production locale et de capacités technologiques, font
face à un défi qui nécessite des stratégies différentes de celles observées dans les
économies plus grandes ou plus développées. Traditionnellement, les analyses
des impacts des IDE sur les économies en développement se sont concentrées
sur leurs implications pour les économies d’accueil. Or, davantage d'économies
en développement et en transition prennent de l'importance en tant que sources
d'IDE. En référence à la littérature consultée, l'IDE sortant peut contribuer de
différentes manières, directement et indirectement, à l'économie nationale et à
son développement.
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l'économie d’origine. Les sorties des IDE peuvent entraîner une réduction des
investissements intérieurs nationaux et une limitation des apports dans le stock
de capital, une disparition de certaines parties de l'économie et des pertes
d'emplois. Le résultat net pour l’économie nationale dépend, entre autres, des
motivations et des stratégies des entreprises investissant à l'étranger et des
caractéristiques de l'économie nationale (UNCTAD, 2006).
D’après une étude sur les « Déterminants et effets sur le pays d'origine des
sorties des IDE », les effets potentiels des flux sortants via les investissements à
l’étranger sur les pays d’origine se distinguent entre effets quantitatifs et effets
qualitatifs, dont l’intensité et les caractéristiques sont influencés par des facteurs
horizontaux. Les effets quantitatifs concernent l’impact de l’investissement à
l’étranger sur l’emploi, la balance des paiements et la productivité. Les effets
qualitatifs consistent dans les conséquences de l’investissement à l’étranger sur
le transfert de technologie, la formation du capital humain, les capacités
technologiques et d’innovation. Quant aux facteurs horizontaux qui influencent
ces impacts, ceux-là résident dans la stratégie d’investissement à l’étranger, le
poids du secteur de l’industrie et les interactions avec l’Etat (Padilla Pérez et
Gomes Nogueira, 2015).
Les effets sur la balance des paiements varient selon l’évolution des exportations
liées aux investissements à l’étranger, représentant un impact positif potentiel
pour le pays d'origine, si l’investissement à l’étranger a un effet de
complémentarité qui l’emporte sur l’effet de substitution (Fontagné et Pajo,
1998). Cet impact positif est dû au fait, qu'en dépit du déplacement de certaines
activités à l'étranger, l'entreprise est en mesure d'étendre ses opérations et, à
terme, de réaliser de plus grandes économies d'échelle. Cela entraîne à son tour
une augmentation globale des exportations, qui l'emporte sur les pertes possibles
résultant de la production ou du transfert d’une partie de l’activité à l'étranger.
Ceci dit, les différences spécifiques à chaque pays influencent les niveaux
d'exportation qui peuvent aussi bien diminuer et ce, en fonction de si les filiales
sont situées dans des pays moins développés ou plus développés (Padilla Pérez
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et Gomes Nogueira, 2015). L'investissement à l’étranger, en quête de marchés,
stimule les exportations de produits intermédiaires et de biens d'équipement du
pays d'origine vers le pays d'accueil à travers le commerce intra-entreprises.
Les effets sur la balance des paiements dépendent également des flux financiers
liés aux investissements sortants, comprenant les sorties de capitaux du pays
d'origine et les entrées de capitaux directes et indirectes, tels que les revenus
d'investissement, les redevances, et les frais de service y afférents. Les
investissements à l’étranger ont tendance à entraîner des sorties financières
nettes dans la balance des paiements du pays d'origine dans une phase initiale.
Mais cela se transforme progressivement en entrées nettes une fois que les
rendements de l'investissement direct reviennent sous forme de revenus et
d'autres paiements (UNCTAD, 2006).
Les effets qualitatifs que l'investissement à l’étranger peut avoir sur l’économie
du pays d’origine sont le transfert de connaissances, la transformation du capital
humain et l’amélioration des capacités technologiques. L'échange de personnel
et les projets conjoints sont des mécanismes communs de transfert de
connaissances. Les effets liés au transfert de technologie de la société
d'investissement vers les fournisseurs du pays d'origine ou d'autres
organisations, telles que les universités ou les centres de recherche, sont très
importants. Lorsqu'une multinationale investit à l'étranger, elle peut acquérir de
nouvelles méthodes de travail et des connaissances technologiques, qui peuvent
être transférées au reste de l'économie nationale grâce à un large éventail de
canaux nationaux.
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Grâce aux dividendes rapatriés, elle profite à l’entreprise qui réalise
l’investissement, et par conséquent à son secteur et à l’économie en général. Le
gain est plus important quand il s’agit d’un investissement public stratégique et
de grande taille. L. Jaïdi soutient que pour impacter significativement la
croissance, les investissements doivent atteindre une taille critique (Darif, 2017).
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Conclusion
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