SOMBRES SEIGNEURS
TABLE DES MATIÈRES
Introduction.....................................4
Utiliser Sombres Seigneurs................. 4
Pouvoirs et Destruction....................... 4
Créer ses propres seigneurs................ 4
L’atmosphère de Ravenloft................. 5
Anhktepot........................................6
Apparence.......................................... 6
Historique........................................... 6
Situation actuelle................................ 8
Affronter Anhktepot............................ 9
Recette pour une momification
réussie..............................................11
La Banshee....................................12
Apparence........................................12
Historique.........................................12
Situation actuelle..............................14
Le domaine.......................................14
La cité des morts..............................16
La main.............................................17
Affronter Tristessa.............................20
Barbebleue.....................................22
Apparence........................................22
Historique.........................................22
Situation actuelle..............................24
Le château de Barbebleue................25
Affronter Barbebleue........................26
Fléau d’ébène................................28
Apparence........................................28
Historique.........................................28
Situation actuelle..............................30
Les quatre clés..................................31
Le domaine.......................................31
Affronter Fléau d’Ébène....................32
Le Manoir Ombrenée........................33
2
Les trois sorcières..........................36
Apparence........................................36
Historique.........................................36
Situation actuelle..............................39
Le domaine.......................................40
Affronter les sorcières.......................41
Le cavalier sans tête......................44
Historique.........................................44
Le domaine.......................................44
Affronter le cavalier sans tête...........44
Les premiers qui suivent...................46
Les derniers à venir...........................46
La Route Sinueuse............................47
La maison des lamentations...........48
Historique.........................................48
Situation actuelle..............................50
Affronter la Maison...........................51
Détruire la Maison.............................52
Von Kharkov..................................54
Apparence........................................54
Historique.........................................54
Situation actuelle..............................56
Affronter von Kharkov......................56
Le château Pantara...........................58
Mérilée...........................................60
Apparence........................................60
Historique.........................................60
Situation actuelle..............................62
Affronter Mérilée...............................62
Récit de ma rencontre
avec l’enfant-vampire.......................63
 TABLE DES MATIÈRES
Monette.........................................64
Apparence........................................64
Historique.........................................64
Situation actuelle..............................66
Le domaine.......................................66
Affronter Monette..............................67
Extraits du journal de bord...............67
L’amant fantôme............................68
Apparence........................................68
Historique.........................................68
Situation actuelle..............................68
Le domaine.......................................70
Affronter le Fantôme........................71
Extraits de Journal...........................73
D’Polarno.......................................74
Historique.........................................74
Situation actuelle..............................77
Le domaine.......................................77
Affronter D’Polarno...........................79
Tiyet..............................................80
Apparence........................................80
Historique.........................................80
Situation actuelle..............................84
Le domaine.......................................85
Affronter Tiyet...................................88
Zolnik............................................90
Apparence........................................90
Historique.........................................90
Situation actuelle..............................93
Les enfants de Gregor.......................94
Le domaine.......................................94
Affronter Gregor................................94
3
Crédits :
Conception : Andria Hayday (la Banshee,
Barbebleue, les sorcières, le cavalier sans
tête, la maison des lamentations, introduc-
tion, l’amant fantôme, « recette pour la mo-
mification », Tiyet, Zolnik)
Conception additionnelle : William W. Connors
(Fléau d’Ébène, Mérilée, Monette), Bruce
Nesmith (Anhktepot, Von Kharkov) et James
Lowder (D’Polarno)
Édition : Mike Breault
Illustration de couverture : Tim Hildebrandt
Illustrations intérieures : Stephen Fabian
Cartographie : David C. Sutherland III
Conception graphique : Roy E. Parker
Typographie : Tracey Zamagne
Production : Paul Hanchette
Inestimable assistance : Troy Denning
Remerciements particuliers : Karen Boomgarden
Adaptation française : dd-add.fr
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POB 756 120 Church End
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U.S.A. Royaume Uni
 INTRODUCTION
T
el celui qui, plein de peur et d’effroi,
Sur une route solitaire,
Se tourne une fois puis repart,
Sans plus regarder en arrière ;
Car il sait qu’un démon épouvantable
Marche tout près de lui derrière. »
– Coleridge : « Le dit du vieux marin »
Ce livre raconte l’histoire de 16 sombres
seigneurs et dames, tous emprisonnés au
sein des abysses ténébreuses qu’on ap-
pelle Ravenloft, chacun guettant l’instant
où il pourra surgir dans votre campagne. La
patience est peut-être leur seule et unique
vertu. Ce que les mortels nomment joyeu-
sement « éternité » n’est rien de plus qu’un
moment dans leur morne et lugubre exis-
tence. Cependant, ils sentent approcher les
temps où ils pourront émerger des ombres
à nouveau. En ouvrant ce livre, vous avez
entrebâillé une porte sur les Ténèbres, libérant les
horreurs tapies en leur sein.
Utiliser Sombres Seigneurs
P
lus un seigneur est puissant dans Ravenloft,
plus l’affronter semblera terrifiant et sans aucun
espoir. Les seigneurs n’ont pas à occuper systé-
matiquement le devant de la scène. Il peut être plus
intéressant qu’ils ne représentent qu’une menace
lointaine ne se manifestant au devant des aventu-
riers uniquement s’ils attirent son attention de ma-
nière inconsidérée.
Par exemple : la banshee d’Élégie est une puis-
sance mortelle ; provoquer son courroux signifie re-
joindre les rangs de ses victimes, esprits ou morts-vi-
vants. Cependant, elle s’en prend rarement à ceux
qui restent loin de sa montagne. Même durant le jour
(quand elle peut s’y aventurer), elle n’attaquera pas,
à moins d’être dérangée. Quel rôle peut-elle alors
jouer dans une aventure ? La banshee est l’ennemie
du drow d’Arak. Que se passerait-il dans le cas où
les personnages aideraient sans le savoir la banshee
à se venger – ou inversement ? Élégie n’a plus d’ha-
bitants vivants, elle n’est peuplée que de morts-vi-
vants qui continuent inlassablement à rejouer leur
existence passée. Et si un nécromancien au service
d’un autre seigneur tentait de s’approprier les forces
de la cité ?
4
Anhktepot, seigneur de Har’Akir, est une momie
décrite dans cet ouvrage. Il repose depuis presque
un siècle au fond de son tombeau. Dans l’aventure
Contact Mortel, quelqu’un – ou quelque chose –
tente d’usurper son pouvoir. Anhktepot n’est pas le
sujet de cette aventure, c’est son usurpateur.
Pouvoirs et destruction
L
es Sombres Seigneurs ont un allié que la plupart
des autres créatures ne peuvent avoir : la terre
de Ravenloft elle-même. Ils possèdent en toute
logique des pouvoirs assortis à l’ambiance et à la na-
ture de leur royaume. Il est par exemple important
dans une aventure que Strahd puisse percevoir l’uti-
lisation de la magie en Barovie, il faut donc lui accor-
der ce pouvoir. Il ne s’agit en aucun cas de dire qu’il
peut tout faire – mais plutôt que vous pouvez être plus
souple avec les Sombres Seigneurs qu’avec d’autres
créatures.
Si les personnages tuent un seigneur et que vous
souhaitez vous en servir à nouveau, cela est tout à
fait possible dans Ravenloft. En fait, la plupart de
ces seigneurs, tels qu’ils sont décrits, sont rarement
détruits quand ils disparaissent. Par exemple, dans
le cas des Trois Sorcières qui règnent sur le Tepest,
si deux d’entre elles sont tuées, la troisième peut les
faire revenir dans son chaudron de régénération.
Dans le royaume désertique de Sebua, le seigneur
peut se muer en sable brillant, dispersé par le vent,
pour se reformer plus tard dans la région. Renais-
sance et réincarnation sont tout à fait possibles dans
Ravenloft.
Créer ses propres seigneurs
L
a boîte de campagne de Ravenloft donne des
directives aux MD pour créer leurs propres sei-
gneurs, parmi celles-ci un historique détaillé
relatant de manière précise comment son méchant
est devenu un sombre seigneur. Gardez bien à l’es-
prit quand vous élaborez une telle histoire que les
Sombres Puissances et les Brumes de Ravenloft n’at-
tirent et ne piègent que très rarement un seigneur en
leur sein. Par exemple, un personnage ne se voit pas
offrir un pouvoir, il l’exige. Il franchit volontairement
le pas qui va sceller son destin. Les Sombres Puis-
sances l’accueillent, mais ce ne sont pas elles qui le
forcent à devenir un sombre seigneur.
 INTRODUCTION

L’atmosphère de Ravenloft

L
es aventures se déroulant dans Ravenloft exi-
gent plus du MD, leur succès dépend en effet
plus de sa capacité à conter l’aventure qu’à faire
jouer les règles.

Une description riche est indispensable pour don-

ner vie à l’atmosphère de l’univers de campagne.
Gardez à l’esprit pendant toute l’aventure que plus
que partout ailleurs, les ombres de Ravenloft sont
à même de dissimuler un ennemi. Les personnages
connaissent rarement la nature réelle d’une menace
quand ils la découvrent. Cependant, évitez de mentir
ou d’induire en erreur les joueurs. S’ils sont confron-
tés à un rat en plein jour, ils n’auront aucun doute
sur le fait qu’il s’agit d’un rat. Mais une lumière aussi
intense est plutôt rare dans Ravenloft. Les person-
nages des joueurs ne pourront jamais vraiment être
sûrs de ce qu’est la petite créature sombre se faufi-
lant dans les ombres. Servez-vous de l’incertitude et
de l’obscurité de cet univers.

Faire mention des calculs inhérents à la mécanique

de jeu d’AD&D® – « vous subissez 5 points de dom-
mages  », par exemple – peut nuire à l’atmosphère
particulière de Ravenloft. Si quelqu’un subit des dé-
gâts, décrivez-en toujours les effets. Par exemple, un
coup de la faucille du Cavalier Sans Tête entraînera
« 1d4 points de dommages », mais les chiffres sont
en fait secondaires. En premier lieu, le MD dira au
joueur que la lame a entaillé le visage du person-
nage, lui occasionnant une grande plaie douloureuse
qui laissera sans aucun doute une cicatrice. Lors de
certaines rencontres, il vaut mieux déterminer les
dégâts subis par les personnages secrètement, dé-
crire les blessures aux joueurs et toutes les consé-
quences qui en résultent tout en gardant les valeurs
chiffrées pour vous.

Avant de vous lancer dans la conception d’une

aventure basée sur un des seigneurs de cet ouvrage,
relisez les chapitres de la boîte de campagne « Les
Techniques de l’Épouvante » et « De Racine Go-
thique  ». Ils vous aideront à trouver le ton adéquat
pour votre scenario et vous apprendront à user les
nerfs du plus calme des joueurs. Puis rassemblez vos
joueurs à une heure tardive, tamisez les lumières et
lancez le jeu.

5
 ANHKTEPOT
L
e désert de Har’Akir est plus ancien qu’on
ne peut le concevoir. Son histoire n’est pas
faite que de hauts faits et de grands rois.
Dans les temps anciens, le pharaon Anh-
ktepot régnait sur le pays de Har’Akir. Et
même s’il est mort depuis fort longtemps,
son corps momifié se relève parfois pour
arpenter les brûlantes étendues déser-
tiques et rappeler à la mémoire de son
peuple son règne de terreur.
Apparence
L
orsqu’Anhktepot mourut, son corps
fut enveloppé dans des bandelettes
de lin funéraire blanc. À l’origine, ses
yeux étaient couverts et ses mains croi-
sées sur la poitrine. Il a depuis arraché le
tissu devant ses yeux et libéré ses bras et
ses mains. Ses yeux émettent une lueur
dorée teintée d’orange. Ses doigts dénudés sont ra-
tatinés et bruns.
Il marche en titubant, d’une démarche raide et ma-
ladroite. Sa voix est un murmure éraillé, comme le
sable sur la roche. Une ankh dorée pend à son cou
au bout d’une chaîne. Il porte la coiffe cérémonielle
des pharaons ; il s’est débarrassé du reste de sa te-
nue funéraire.
Historique
L
e pharaon Anhktepot régna il y a de cela des
siècles sur le grand désert de Har’Akir. Le pha-
raon était obsédé par la mort, à l’image de sa
civilisation. La religion de son peuple tournait au-
tour de la mort et le pharaon lui-même était le pont
entre les dieux et les hommes. Anhktepot était un
prêtre de Ra, le dieu soleil.
Il ordonna à ses prêtres de trouver un moyen de
le faire accéder à la vie éternelle. De nombreux
esclaves et prisonniers périrent horriblement au
cours des macabres expériences d’Anhktepot.
Frustré par l’absence de résultat, le pharaon fit
brûler et raser plusieurs temples. Il pénétra dans
le temple de Kharn, le plus grand de tout Har’Akir,
et maudit les dieux pour ne pas lui avoir accor-
dé son plus profond désir. Ra, dieu du soleil et
seigneur des pharaons, lui répondit. Il lui dit qu’il
6
allait pouvoir vivre éternellement après sa mort,
mais qu’il pourrait le regretter. Ra ne dit rien de
plus.
Anhktepot quitta le temple rempli d’une im-
mense joie mais troublé. Il ne savait toujours pas
comment défier la mort. Cette nuit-là, tous ceux
qu’il toucha moururent. Son épouse, de nombreux
serviteurs, et son fils aîné – tous tombèrent morts.
Selon la coutume, ils furent momifiés et enterrés
dans de grands mausolées au cœur du désert.
Le pharaon finit par comprendre sa propre ma-
lédiction. Tant que Ra brillait au-dessus de lui, il
ne pouvait rien lui arriver. Mais dès qu’il n’était
plus sous l’œil attentif du soleil, toute personne
qu’il touchait mourait horriblement.
Peu de temps après l’ultime cérémonie funé-
raire de son épouse, Anhktepot reçut une visite
nocturne. Une momie enveloppée de bandelettes
de lin funéraire pénétra dans ses appartements. À
ses vêtements, il sut qu’il s’agissait de Nephyr. Il
tenta de lui échapper dans les immenses couloirs
du palais, mais elle finit par l’acculer. Incapable
d’articuler la moindre parole, la momie de Nephyr
tenta d’embrasser Anhktepot. Terrifié, il lui hurla
de s’éloigner à jamais. Elle se détourna alors et
s’en alla dans le désert et plus personne ne la revit
jamais. Son tombeau demeura ouvert et vide.
Anhktepot reçut également la visite des corps
momifiés de ceux qu’il avait tués. Il finit par com-
prendre qu’il en avait le contrôle total. Ils obéis-
saient à tous ses ordres. Il utilisa leur force ainsi
que son toucher mortel pour augmenter l’emprise
de son pouvoir maléfique sur tout Har’Akir.
Il tua bon nombre de prêtres du royaume pour
en faire ses esclaves morts-vivants. Les momies
des prêtres conservèrent leur capacité à lancer
des sorts. De temps en temps, il découvre qu’une
de ses momies a été détruite, brûlée de l’intérieur.
Anhktepot est convaincu de la responsabilité de
Nephyr mais il ne peut le prouver.
Un jour, les prêtres finirent par se rebeller contre
le pharaon et l’assassinèrent pendant son som-
meil. Les funérailles durèrent un mois. Pendant
toute la durée de celles-ci, Anhktepot était éveillé
et impuissant, pris au piège de son propre corps.
Son esprit se mit à hurler quand ils entreprirent de
ANHKTEPOT

7
 ANHKTEPOT
momifier son corps. Il avait sombré dans la folie
lorsqu’ils le déposèrent au tombeau.
Au coucher du soleil, le pouvoir de Ra décli-
na, les rivages de Ravenloft s’insinuèrent dans
le royaume du désert pour emporter le tombeau
d’Anhktepot ainsi que Muhar, un petit village tout
proche (appelé aussi Mudar). Lorsque les prêtres
revinrent au tombeau, ils ne trouvèrent que du
sable et de la roche. C’était comme si le village de
Muhar et le tombeau d’Anhktepot n’avaient jamais
existé.
Une fois dans Ravenloft, Anhktepot découvrit
qu’il avait retrouvé le contrôle de son corps. Il
règne maintenant sur un petit village boueux au
milieu de terres arides et désolées. C’est une fin
amère pour un homme qui autrefois dirigeait une
grande nation et avait entre ses seules mains tant
de pouvoir.
8
Situation actuelle
A
nhktepot passe des décennies à « rêver » au
fond de son tombeau décrépi. Il ne peut ni
mourir ni dormir, mais il peut oublier un temps
le monde autour de lui et rêver à nouveau aux plai-
sirs de la chair, et au pouvoir de posséder une na-
tion soumise à sa volonté.
Seul un événement important peut faire s’éveiller
la momie. Quiconque perturbe son tombeau entre
dans cette catégorie. Il lui est parfois possible de per-
cevoir ce qui se déroule dans la région grâce aux
gens de Muhar. S’ils ressentent une grande anxiété,
il peut interrompre son rêve assez longtemps pour
s’en inquiéter. Toute excursion d’Anhktepot hors de
son tombeau n’apporte que mort et destruction.
Le rêve le plus ardent d’Anhktepot est de redeve-
nir humain. Il endosserait une nouvelle fois l’habit
de la mortalité et endurerait une mort naturelle pour
pouvoir régner quelques années comme un homme
normal. Évidemment, il ne conçoit même pas d’être
un paysan ou un homme du commun. Il ne pourrait
accepter qu’une situation au moins égale à celle qui
avait été la sienne. Il préférerait mourir plutôt que de
ne pas régner.
Par un tour cruel, Ravenloft lui a octroyé le pou-
voir de redevenir humain, mais à un prix très élevé. Il
peut absorber la vie d’un homme au cours d’une cé-
rémonie se déroulant au lever du soleil et reprendre
sa forme humaine, de niveau 0 et sans pouvoir lan-
cer de sorts. S’il venait à mourir sous cette forme, il
le resterait jusqu’à ce qu’il soit momifié et inhumé
dans un tombeau. Il redeviendrait alors une momie
en pleine possession de tous ses pouvoirs.
Si Anhktepot est un homme normal et en vie alors
que le soleil se couche, son corps retourne à son état
momifié et il regagne tous ses pouvoirs surnaturels.
Le corps de la victime dont il a absorbé la force vi-
tale se dessèche complètement et ne peut pas être
rappelé à la vie ou ressuscité le cas échéant. Il n’a
besoin que d’un round pour absorber la vitalité d’un
homme, mais il ne dispose que de 10 rounds pour
le faire avant que le soleil ne soit entièrement levé.
Il pourrait être un humain à nouveau (pendant le
jour) quelques mois durant en sacrifiant tous les ha-
bitants du village. Mais il se retrouverait seul à jamais
 ANHKTEPOT
après les avoir tous tués. Anhktepot ne fait pas ce
choix. Au lieu de cela, il préfère attendre le temps
où il pourra régner sur une plus grande population.
Affronter Anhktepot
Momie majeure, chaotique mauvais
Classe d’armure -3 For 19
Déplacement 9 Dex 8
Niveau/Dés de vie 13 Con 19
Points de vie 65 Int 15
TAC0 7 Sag 23
Nb Att 1 Cha 3 paralysie, incantation mortelle, le poison, les sorts
Dommages/attaque : 3d6
Attaques spéciales : maladie, sorts
Défenses spéciales : touché par des armes +4 uni-
quement
Résistance magique : 25 %
Anhktepot est une momie majeure telle que dé-
crite dans l’Appendice du Bestiaire Monstrueux de
Ravenloft. Toutes les informations nécessaires au
combat sont rappelées ici. Le toucher de la momie
du pharaon provoque une maladie putréfiante qui
tue en 1d3 jours. Un jour après l’infection, la vic-
time est clouée au lit, prise de convulsions tellement
sévères qu’elle ne peut ni lancer de sort ni manier
une arme. Sa peau commence à se dessécher et à
s’écailler. La maladie doit être traitée avant que tout
autre type de soin ne puisse être entrepris. Le soin à
apporter doit être un sort de guérison des maladies
pour chaque jour de propagation de la maladie afin
d’éradiquer le pourrissement du corps de la victime.
Les sorts doivent être lancés dans un délai de 24
heures.
Si la maladie n’est pas traitée dans les 24 heures,
la victime perd 1 point de Force et 1 point de Consti-
tution ainsi que 2 points de Charisme. Les points
sont perdus de manière permanente. Ils ne peuvent
être récupérés que par un sort de souhait.
Tout personnage momifié vivant alors qu’il est in-
fecté devient une momie majeure sous le contrôle
d’Anhktepot. Les plus anciennes momies majeures
de Har’Akir ont plus de puissance physique qu’Anh-
ktepot lui-même. L’ancien pharaon en a malgré cela
le contrôle absolu. Si vous ne possédez pas l’Appen-
9
dice du Bestiaire Monstrueux de Ravenloft, faites de
ses serviteurs des momies normales.
Anhktepot peut être repoussé, mais il est sur
une ligne particulière de la table de répulsion des
morts-vivants. Il est immunisé contre les dommages
infligés par l’eau bénite mais subira 1d6 points de
dommages dus à des symboles sacrés non-malé-
fiques. L’ankh qu’il porte au cou régénère 2d6 de
ses points de vie par round, même après qu’il ait été
tué. Anhktepot se relèvera d’entre les morts tant que
l’ankh ne lui sera pas ôtée après avoir été tué.
En plus de sa résistance magique (25 %), Anh-
ktepot est immunisé contre les sorts de charme,
à base de froid, ceux de contrôle ou de lecture de
l’esprit ainsi que le feu normal. Il est vulnérable au
feu magique.
Il possède une aura de terreur qui impose aux
créatures qui l’aperçoivent de faire un test de peur.
Sa présence est si terrifiante qu’elle induit un malus
de -4 au jet. Comme tous les autres morts-vivants
de Ravenloft, sa vision nécessite d’effectuer un test
d’horreur.
De son vivant, Anhktepot était un prêtre de Ra, le
dieu soleil, de niveau 13. Il a conservé ses capaci-
tés. Son pouvoir de repousser les morts-vivants a
été corrompu et transformé – à présent, il en a le
contrôle. En tant que momie, il ne craint pas le soleil
et n’est pas spécialement attiré par l’obscurité. Il a
perdu le pouvoir de se transformer en faucon, au-
cune forme de vie ne l’acceptant plus. Il bénéficie de
tous les bonus normaux des sorts et des immunités
conférées par sa Sagesse de 23 (voir la Table 5 du
Manuel des Joueurs).
Sphères Majeures : générale, astrale, charme, créa-
tion, élémentaire, soleil
Sphère Mineures : climat
Pouvoirs : lumière, lumière éternelle, rayon de soleil
une fois par jour ; contrôle des morts-vivants
Anhktepot possède un immense trésor constitué
d’or, de pierres précieuses, de bijoux et d’objets ma-
giques. Il n’a jamais eu besoin jusqu’ici d’aucun de
ces objets qui reposent intacts dans leurs coffres. S’il
en avait malgré tout besoin, il serait tout à fait en
mesure de se servir de tout objet magique utilisable
par un prêtre.
ANHKTEPOT

10
 ANHKTEPOT
Description de la carte
1) Sanctuaire : ce bâtiment peu élevé et plat est un
monument dédié à la vie et aux réalisations d’Anh-
ktepot. De nombreuses colonnes peu espacées em-
plissent le sanctuaire, toutes gravées de symboles
relatant les exploits accomplis durant sa vie.
Un escalier situé à l’extérieur mène à un toit déga-
gé et plat. La façade verticale possède six alcôves,
chacune contenant une haute statue d’une divinité
ou d’un proche d’Anhktepot.
2) Temple de Ra : les tombeaux pharaoniques
comportent fréquemment un temple. Ceci est le
temple principal, soutenu par des piliers représen-
tant des divinités de Har’Akir.
3) Chambre de purification : les suppliants peuvent
se laver ici avant d’aller faire leurs dévotions dans le
temple. Des grandes urnes contenant autrefois de
l’eau gisent brisées sur le sol, maintenant remplies
de poussière.
4)Temple d’Anhktepot : une gigantesque statue
taillée dans la pierre à l’effigie d’Anhktepot domine
toute la pièce. Les espaces ouverts de chaque côté
sont occupés par des statues de terre cuite représen-
tant des guerriers ayant servi dans ses armées.
5) Crypte des fonctionnaires subordonnés : les
fonctionnaires les moins importants du règne d’Anh-
ktepot furent tués à sa mort et mis au tombeau avec
lui dans cette salle.
6) Quartiers des prêtres : durant l’époque où le
temple participait activement à la vie de Har’Akir, les
prêtres qui y officiaient vivaient et travaillaient dans
ces salles.
7) Crypte familiale : chaque chambre est assignée
à une épouse distincte d’Anhktepot et aux enfants
qui en ont résulté. Il y a plus de chambres que celles
montrées sur la carte. Certaines sont dissimulées
derrière des portes secrètes et d’immenses blocs de
pierre.
11
Recette pour une
momification réussie
• Allongez le corps sur une dalle de pierre.
• Insérez un instrument long en métal muni
d’un crochet à l’intérieur des narines et ex-
trayez le cerveau. Rincez la boîte crânienne
avec du vin de palme.
• Pour ouvrir le torse, incisez délicatement la
peau sur le flanc gauche à l’aide d’une lame
en pierre aiguisée. Retirez tous les organes
vitaux par l’ouverture pratiquée : le cœur,
les intestins, le foie, les poumons et ainsi de
suite. Mettez-les de côté.
• Rincez en profondeur la cavité avec du vin
de palme puis une décoction d’épices.
• Remplissez la cavité d’herbes et d’épices, en
particulier de la myrrhe et de la gomme de
cèdre.
• Afin de purifier les chairs, enduisez le corps
d’huiles et de résines pendant au moins 40
jours.
• Traitez les organes avec des huiles et des
épices pendant le dessication du corps.
• Placez les poumons traités, le foie, l’esto-
mac et les intestins dans quatre vases ca-
nopes de pierre ou d’albâtre, fermés par des
bouchons.
• Vérifiez que le corps est prêt. Quand toutes
les chairs ont été dissoutes et qu’il ne reste
plus que la peau et les os, lavez à nouveau
le corps.
• Rembourrez le corps et le visage avec des
sachets de myrrhe et de cannelle afin d’ob-
tenir un aspect naturel.
 LA BANSHEE
D
ans les régions au nord du Cœur, juste au
sud de Darkon, il existe un petit domaine
appelé Élégie. Il a été modelé par le chant
du Mal, et aucune créature vivante ne peut
y trouver le moindre confort. Voici le do-
maine de la banshee de Ravenloft. Per-
sonne ne connaît son vrai nom, mais les
natifs des terres avoisinantes l’appellent
Tristessa, l’inconsolable.
Apparence
C
omme toutes les banshees, le seigneur
d’Élégie est un esprit luminescent en
suspension – l’ombre de ce qu’elle a
été. Elle est morte jeune, dans une longue
agonie, et restera ainsi jusqu’à la fin des
temps.
Presque toutes les banshees ont été des
elfes maléfiques de leur vivant, mais Tristessa n’est
pas issue d’un clan ordinaire. Elle était une drow –
une elfe sombre qui vécut sous terre avec ses sem-
blables à la peau sombre.
Comme bien des seigneurs de Ravenloft, elle est
différente des créatures ordinaires de son espèce.
Même sous sa forme actuelle d’esprit, la peau de
Tristessa est noire comme le charbon. Quand elle se
déplace, elle brille et scintille, comme si elle venait
directement du ciel nocturne étoilé. Ses longs che-
veux blancs flottent librement autour d’elle. Sans ses
cheveux, on pourrait à peine la discerner dans les
ténèbres.
Le visage de la banshee est déformé par le tour-
ment et le deuil. Même durant le jour, pendant son
repos, son front est plissé, sa bouche noire tordue
par la souffrance. Lorsqu’elle s’éveille, ses yeux
s’élargissent et s’arrondissent, le blanc des yeux strié
de rouge entourant des iris bleu pâle iridescents.
Lorsqu’elle gémit, sa bouche s’ouvre comme l’en-
trée d’une caverne, révélant des dents blanches, une
langue violette et des amygdales bleues au fond de
sa gorge. Les larmes lui montent aux yeux et coulent
sur ses joues comme la cire d’une bougie.
La banshee est grande, émaciée, gracieuse, avec
des bras minces, de longs doigts fins. Elle porte une
robe en lambeaux de gaze violette. Un linceul blanc
12
taché de sang est enroulé sur son bras. Il lui arrive de
bercer le linceul comme elle le ferait pour un enfant.
Historique
L
e passé de Tristessa est enterré aussi profondé-
ment que l’est l’ancien royaume qui fut le sien. Des
rumeurs prétendent qu’elle vient d’Arak, un do-
maine à l’est d’Élégie, aujourd’hui une terre stérile ba-
layée par les vents, à la surface de laquelle ne persiste
aucun signe de vie. Dans les profondeurs de la terre, se
trouve un royaume drow. Selon la légende, Tristessa
vivait parmi eux, il y a de cela des siècles.
Elle était alors une prêtresse de Lolth, la déesse
araignée, dont elle s’attira la disgrâce. Dans d’autres
royaumes, les prêtresses drow doivent sacrifier un
compagnon mâle pour prouver leur dévotion. On ra-
conte que Tristessa ne put s’y résoudre et qu’elle fut
punie pour cette offense. Il est peu probable que les
pouvoirs de Lolth s’étendent jusque dans Ravenloft,
même si la déesse est vénérée à Arak. De plus, au-
cune créature vivante ne peut même décrire la civili-
sation drow à Arak, et on ne peut pas non plus savoir
si elle est similaire à celles des autres mondes.
Cependant, Arak semble avoir une qualité en com-
mun avec les autres civilisations drow : la difformité
n’y est pas tolérée. Dans les Royaumes Oubliés, les
drows éliminent les enfants qui naissent imparfaits.
Il en est sûrement ainsi dans l’Arak de Ravenloft,
Tristessa la banshee pleure inlassablement la perte
de son enfant – un enfant né avec les pattes d’une
araignée. Tristessa fut bien la seule à ne pas vouloir
le voir, à ses yeux son enfant était parfait.
Loin sous la surface des autres royaumes, il existe
des créatures nommées driders. Le haut de leur
corps est celui d’un drow boursouflé, alors que le
bas est celui d’une araignée. Ces pitoyables créa-
tures ne sont pas nées ainsi, et ne peuvent pas plus
se reproduire. Alors qu’elles étaient des drows, elles
ont échoué à l’épreuve de Lolth la déesse araignée.
En guise de châtiment, elle les a transformés en
driders. Ce sont des parias. Ils deviennent alors les
ennemis vengeurs des drows, qui les méprisent et
les craignent. Si des driders sont présents en Arak,
il n’est pas étonnant que les drows de ce domaine
aient banni Tristessa et son enfant.
LA BANSHEE

13
 LA BANSHEE
Les sages de Darkon racontent qu’un groupe de
drows d’Arak émergèrent de leur sombre royaume
sombre royaume durant une nuit, traînant Tristessa
et son enfant avec eux. La surface d’Arak était alors
couverte d’une végétation luxuriante. Cette nuit-là,
le ciel était froid et limpide, les herbes avaient l’éclat
de l’argent à la lumière de la lune. Les ravisseurs de
Tristessa la jetèrent au sol, déposant son enfant à ses
côtés. Puis ils les abandonnèrent tous les deux là.
Le jour finit par se lever. Au fur et à mesure de l’as-
cension du soleil, les hurlements se répandirent dans
la plaine – si perçants que même les drows sous
terre pouvaient les entendre. Tristessa et son enfant
ne pouvaient survivre aux impitoyables rayons du
soleil. Mère et enfant se dispersèrent dans le vent
qui se leva alors, hurlant avec férocité, et détruisant
toute vie sur le sol d’Arak. La tempête se déplaça
vers l’ouest, enveloppant dans sa fureur une cité à
proximité. La cité et le vent s’évanouirent et Élégie
émergea.
Situation actuelle
L
’antre perpétuelle de Tristessa est le Mont des
Lamentations, unique montagne située au
centre d’Élégie. Elle vit dans une caverne proche
du sommet. Cette caverne est structurée comme
une mine, avec un unique puits plongeant dans les
profondeurs de la montagne et des tunnels sur 3 ni-
veaux s’enroulant comme une toile d’araignée au-
tour du puits. L’air y est raréfié, épuisant rapidement
ceux qui n’y sont pas accoutumés.
Des toiles d’araignée argentées scintillantes
pendent en travers des tunnels comme des rideaux.
Des pierres bleues et brillantes sont accrochées dans
les fils collants. Lorsque le soleil brille, la banshee
se trouve toujours dans sa caverne, attendant que le
sommet de la montagne occulte les rayons obliques
du soleil.
Alors que les ténèbres supplantent la lumière, la
banshee quitte son repaire. Elle est à la recherche de
son enfant, en effet le nourrisson n’est plus à ses cô-
tés. À toute personne en vie qu’elle rencontrera, elle
murmurera pitoyablement « Dites-moi où est mon
enfant ? ».
14
La plupart seront alors frappés par la peur et ne
seront pas en mesure de répondre. Et dans ce cas,
si aucune réponse ne vient, elle se mettra à gémir.
Comme le cri de toute banshee, le son qu’elle émet
peut détruire tout homme, bête ou plante. Tristessa
imagine parfois être réunie avec son enfant, enfin
heureuse. Ceux qui ont eu la chance de survivre à sa
rencontre, l’ont épiée alors qu’elle était assise près
de la rivière. Posée sur le rivage rocailleux, elle berce
avec douceur le linceul sanglant enroulé sur son bras
et lui chante une berceuse obsédante. Dans sa rêve-
rie, elle est relativement inoffensive, coupée du reste
du monde. La déranger serait une terrible erreur.
Mais il ne faut pas imaginer qu’elle est une simple
d’esprit. Elle est surtout une mère rendue folle par la
perte de son enfant. Dans ses moments de lucidité,
elle se souvient de ce qui est arrivé à Arak. Sa raison
d’être devient alors la vengeance contre les drows.
La banshee rencontre rarement des êtres vivants.
Les habitants de son domaine sont au-delà de la vie.
La ville d’Arak qu’elle a emportée avec elle se trouve
au pied de la montagne et ses habitants sont morts.
La plupart sont devenus des morts-vivants. Les fan-
tômes de ceux qu’elle a rencontrés sur sa montagne
hantent les lieux de leur disparition. Au lever du so-
leil, ils disparaissent, comme la banshee.
Le domaine
L
e sommet du Mont des Lamentations se si-
tue au centre de ce domaine, à seulement 15
km de ses frontières. Comme peut en attester
tout aventurier, son ascension de jour est physique-
ment éprouvante, et mortelle la nuit. Les pentes ne
sont pas forcément des plus raides, mais le sol est
meuble et instable.
Durant les mois de chaleur, les frontières du
royaume sont luxuriantes et paisibles. La brise fait
onduler doucement les prairies et murmure à travers
les pins. La montagne se dessine à l’horizon, avec
ses pentes grises et rocheuses enneigées même au
plus fort de l’été. Bien qu’elles soient magnifiques,
les frontières du domaine sont étrangement silen-
cieuses. Un voyageur pourra toujours tendre l’oreille
en espérant entendre le chant d’un oiseau ou le cri
d’un faucon, il n’entendra jamais que le vent.
 LA BANSHEE
La montagne a un peu de végétation naturelle. À
son pied, s’étendent une herbe éparse et des arbres
nus et torturés, comme battus par un vent sans répit.
Plus haut sur la montagne, les arbres cèdent la place
à une mauvaise herbe coupante qui blessera la main
du curieux et à des fourrés épineux qui érafleront
toute chair à nu. À proximité du sommet, la pente
est faite de gravats instables où les éboulements sont
fréquents. Seuls les grimpeurs au pied particulière-
ment leste ou qui ne laissent aucune trace pourront
s’y déplacer en toute sécurité.
Du début de l’automne à la fin du printemps, la
neige s’accroche au sommet de la montagne, pro-
tégée par l’ombre des rochers. Plusieurs cours d’eau
dévalent les pentes, alimentés par des sources ou la
fonte des neiges. La nuit, l’eau devient noire et pleine
de remous, le voyageur non averti n’y verra que le
reflet de l’obscurité ambiante.
Un de ces cours d’eau descend en direction de
l’ouest, pour venir grossir une petite rivière, elle-
même se jetant dans une autre toujours vers l’ouest.
Ce flot finit par rencontrer la rivière Vuchar en Falk-
15
ovnie. À proximité de sa source en Élégie, la rivière
passe aux abords d’une cité de morts sans repos.
Abords de la cité
L
a cité d’Élégie se trouvait autrefois en Arak, sur
une importante route commerciale. Les mar-
chands voyageaient au sud en provenance de
Sidnar à Darkon, longeant les montagnes d’Arak
pour rejoindre la ville. Ils pouvaient y rencontrer
d’autres commerçants venant d’Egertus en Nouvelle
Vaasie au nord. Arak est devenue aride et monta-
gneuse, et plus aucune route d’importance ne la tra-
verse. Sidnar et Egertus ont décliné. La route autre-
fois très fréquentée qui les traversait a disparu.
Aujourd’hui la cité des morts se trouve au pied du
mont des lamentations d’Élégie, près de la rivière
Kryder. Pour rejoindre la ville, les aventuriers doivent
suivre la rivière en remontant vers sa source.
Une route apparaît à l’endroit où deux pans de la
montagne bordent la rivière Kryder – une route faite
de boue, de cailloux et de ronces. Elle disparaît dans
 LA BANSHEE
une forêt sombre et torturée, se dirigeant au nord de
la rivière.
Autrefois, cette route traversait un fleuve d’Arak.
Une forteresse et son pont-levis marquaient ce lieu,
mais il n’en reste à Élégie que quelques pierres tail-
lées et du bois pourrissant. À cet endroit, la rivière
est profonde et rapide, il est dangereux de la traver-
ser sans assistance ni cordages.
Gardes fidèles : une douzaine de soldats étaient en
poste au passage en Arak pour percevoir un péage.
Ces soldats, maintenant sans vie, gardent toujours
la route longeant la rivière côté Élégie. Mais contrai-
rement aux autres morts du domaine, ils ne sont
plus en mesure de marcher. Ils se tiennent, quasi-
ment immobiles, les lambeaux de leurs uniformes se
balançant dans le vent. Leurs bouches sont béantes
comme s’ils étaient en train de hurler. Chacun tient
haut une épée en fer rouillé, mais leurs armures sont
tombées au sol, les lanières de cuir se sont décom-
posées en même temps que leurs chairs. Au moins
une de ces épées est magique, avec un bonus de +2
(la section intitulée « La Main » détaille ce qu’il ad-
vient lorsqu’on prend une épée aux soldats).
Un coffre-fort repose près des soldats, sa serrure
grippée par la rouille. Il contient de la terre et de la
pourriture, quelques pièces d’or, deux brassards
d’argent et une broche en or incrustée d’un petit
rubis. L’épingle de la broche est enduite de poison.
Toute personne qui la manipule a de bonnes chances
de se piquer avec (effectuez un jet sous la Dextérité
avec une pénalité de -3 ; on est dans Ravenloft, après
tout). La blessure se met à saigner abondamment, le
personnage subit 1d10 points de dommages.
La route serpente en faisant des détours dans les
bois, parcourant plus de 1,5 km avant de rejoindre
la cité. À vol d’oiseau, la distance n’est que de 500
mètres, mais la route est à peine praticable à pied.
La forêt est envahie de ronces épaisses.
La nuit venue, les bois qui bordent et assom-
brissent la route abritent des créatures de l’ombre. La
journée, par contre, on n’y entend que le murmure
du vent, le bruissement des feuilles mortes encore
accrochées aux branches tordues et gémissantes.
La mendiante : à environ 800 mètres sur la route,
des buses sont en train de voler en cercle. Au bord
de la route, une mendiante enveloppée dans un
16
manteau à capuche est accroupie. Elle se tourne
vers ceux qui approchent, révélant une joue ridée et
un œil d’un blanc laiteux. Un côté de son visage est
resté intact, l’autre est en décomposition. Il s’agit
d’une mort-vivante, prise dans les étranges filets de
Ravenloft.
Comme la plupart de ses semblables à Élégie, la
mendiante continue à effectuer les gestes de sa vie
passée, tendant la main au passage des voyageurs.
Sa voix est râpeuse. Si les voyageurs ne lui donnent
pas d’argent ou s’ils l’insultent, elle se met debout len-
tement en agitant les doigts. Quelques instants plus
tard, elle s’écroule en un tas d’ossements et se dé-
compose, son squelette ne pouvant plus la soutenir.
Elle n’est pas inoffensive pour autant. En tant que
nécrophage, elle a le pouvoir du mauvais œil ; son
globe laiteux peut lancer métal brûlant. Elle peut
aussi transmettre une maladie (contamination, l’in-
verse de guérison des maladies) sans avoir besoin
de toucher sa victime ; il suffit que celle-ci se trouve
à moins de 3 mètres. La maladie provoque l’affai-
blissement débilitant de sa victime, comme décrit
dans le Manuel des Joueurs.
L’apiculteur : dans la prairie située à l’ouest de
l’endroit où se tient la mendiante, un apiculteur est
en train de s’occuper de ses ruches. Il s’agit d’un
zombie, il ignore les visiteurs à moins d’être menacé.
Les abeilles représentent un bien plus grand danger.
Si quiconque attaque ou élimine l’apiculteur, elles
se ruent sur l’agresseur. Elles infligent 1d4 points de
dommages à deux personnages par round, à moins
d’être repoussées par de la fumée, du feu ou une
barrière magique. Un personnage plongeant dans la
rivière – et qui y reste pendant au moins un round
– est hors de danger, sauf à glisser et à s’emmêler
dans les herbes des parties les plus profondes.
La cité des morts
L
a cité d’Élégie est semblable à bien d’autres cités
médiévales, mis à part que tous ses habitants
sont des morts-vivants. On y trouve des zom-
bies et des nécrophages, empêtrés dans une routine
impassible singeant celle des vivants. Dans d’autres
mondes, de telles créatures ne sortent que la nuit.
Dans Ravenloft, la nature elle-même repousse ses
limites en faveur du chaos. Ici, les humbles morts-vi-
 LA BANSHEE
vants se lèvent tard le matin et se retirent à la fin de la
nuit. Les fêtards s’amusent toute la nuit. Ils peuvent
supporter la lumière du soleil, un peu comme un
homme normal résiste aux ténèbres. Les habitants
de la cité attaqueront ceux qui viendront bousculer
leurs routines, mais si les vivants marchent calme-
ment parmi eux, cela ne les perturbera pas.
Arak était la terre d’origine de cette peuplade,
comme indiqué dans l’histoire de la banshee. La
cité a débordé de ses murs primitifs, s’est protégée
derrière de nouvelles murailles, puis a attiré de nou-
veaux habitants qui se sont installés au-delà. Encore
maintenant, une vingtaine de maisons subsistent en
dehors des nouvelles murailles (nouvelles dans le
sens où ce sont les dernières qui ont été érigées).
Ce sont des constructions de deux ou trois pièces
avec des charpentes en bois, des toits de chaume
et des murs en torchis (et cannes tressées) et en
barbotine (boue et fumier). Les toits possèdent des
trous béants, dont certains laissent échapper des vo-
lutes de fumée. Chaque maison dispose d’un jardin
à l’avant et à l’arrière, maintenant envahi de rangées
de chardons et de mauvaises herbes bien entrete-
nues. Les femmes s’occupent des jardins et récur-
rent le perron de leurs maisons.
Un peu plus loin, se trouvent plusieurs champs la-
bourés, où poussent des fleurs sauvages et des buis-
sons épineux patiemment cultivés. Des hommes à
l’air d’épouvantails s’occupent des champs, s’y dé-
plaçant lentement et méthodiquement. Certains sont
en train de biner alors qu’ils n’ont pas de pioches. Ni
les fermiers ni les femmes à l’extérieur des maisons
ne prêteront attention aux visiteurs. Ils s’arrêteront
pour les regarder sans aucune autre réaction.
Les gardes patrouillent sur les murailles et sont en
poste aux portes. Ces derniers sont droits, immo-
biles et ont le visage figé (pour autant qu’on puisse
dire, leur visage étant en lambeaux). À moins d’être
menacés, ils laissent passer les voyageurs.
Au-delà des portes, la cité s’anime à son étrange
façon. Au marché aux chevaux, les zombies tro-
quent silencieusement les carcasses squelettiques
de leurs chevaux et autres vieilles carnes. Des
bardes et autres amuseurs parcourent les rues tout
en jouant des airs inaudibles. La place du marché est
remplie de vendeurs et de clients, quand bien même
les produits sont fort rares. Le boucher vend encore
17
La Main
Chaque soldat mort-vivant gardant le passage de
la rivière tient une épée rouillée. Certaines sont
magiques (une au moins a un bonus de +2). Si
quelqu’un tente de prendre une de ces épées –
magique ou non – le corps du soldat s’effondre en
tas. La main du soldat tient bon, elle est comme
soudée à la poignée de l’épée. Pour l’enlever, il
faut réussir un jet de torsion de barreaux, une
seule tentative est possible.
La main est la gardienne de l’épée, et elle cher-
chera à se venger de quiconque aura désarmé
son ancien maître. La nuit suivante, lorsque le
nouveau propriétaire de l’épée dormira ou sera
vulnérable, la main se détachera de la poignée et
se dirigera vers la gorge du voleur. Elle peut bon-
dir jusqu’à 5 mètres pour atteindre son but. Bien
qu’elle puisse infliger des dommages en frappant
ou en lacérant, le véritable but de cette chose est
d’étrangler sa victime, ses doigts s’enfonçant de
plus en plus profondément à chaque minute qui
passe. Si la gorge est protégée par une armure,
les dommages ne seront que de 1d4+2 points.
Si au contraire elle est vulnérable, les dommages
seront de 1d6+2 points par round. La victime de-
vra réussir un jet de torsion des barreaux (un seul
essai tous les 2 rounds) pour enlever la main et
sauver sa vie avant de perdre tous ses points de
vie. Personne d’autre ne pourra la sauver.
Tant qu’elle ne sera pas détruite la main conti-
nuera à tenter d’accomplir sa mission. Si elle a
été enlevée de la gorge de sa victime, elle tentera
de ramper à l’abri ou de feindre la destruction, at-
tendant l’occasion d’attaquer une nuit prochaine.
Que le voleur ait abandonné l’épée avec la main
intacte, ou qu’il l’ait détachée de la poignée avant
de prendre l’épée, la chose cherchera toujours à
se venger.
La main a reçu de l’environnement la capacité
unique de se téléporter. Une fois par jour, elle peut
se téléporter vers un lieu au hasard dans les 100
mètres autour de sa victime, du moment qu’elle
est toujours à Élégie. Puis elle se met à ramper
en prenant le chemin le plus court. Quand une
Suite page suivante...
 LA BANSHEE
prochaines proies. Des mendiants estropiés rampent
... Suite de la page 17 dans la boue la main tendue. Les dames d’un soir
perpétuel sollicitent silencieusement les passants,
opportunité se présente, la main attaque. Il s’agit
leur offrant ce qui reste de leur corps. Toutes les
d’une forme assez puissante de la griffe rampante,
facettes de la vie urbaine existent toujours. Les ha-
une créature provenant de la boîte de campagne
bitants sont tout simplement des sans-voix, des
des ROYAUMES OUBLIÉS®.
morts-vivants, figés dans cette existence misérable.
Aucune forme de mort magique ou sort de
rappel à la vie ne peut l’affecter. Une résurrec- Les bâtiments de la cité des morts, aux charpentes
tion l’immobilisera pendant un nombre de tours de bois apparentes, font deux ou trois étages de
égal au niveau du lanceur de sorts. Les sorts haut. La plupart des rues de la ville sont juste des
de charme, sommeil, immobilisation ou autres passages étroits et sinueux, au-dessus desquels se
du même type n’ont pas d’effet puisqu’elle est penchent les immeubles délabrés. Normalement, les
mort-vivante. Cependant, elle ne peut pas être rues d’une telle métropole seraient remplies d’ani-
repoussée ou contrôlée et l’eau bénite ne l’affecte maux, comme des vaches et des porcs turbulents,
pas. Les sorts à base de froid l’affaiblissent en ré- poulets et autres chiens et chats errants. Lorsque la
duisant les dommages qu’elle inflige d’un point ville est devenue Élégie, le sort de ces animaux n’a
par dé. Les armes tranchantes ne lui causent que pas été heureux. Seuls les rats semblent avoir survé-
la moitié des dommages. Les armes magiques cu, à l’état de squelette ou en décomposition.
infligent des dommages normaux comme si elles
En fait la saleté est omniprésente. Il n’y a aucune
n’étaient pas enchantées, toutefois les bonus
bête de somme, vivante ou morte, et pourtant les
d’attaque s’appliquent toujours.
rues sont jonchées de tas de fumier et d’ordures,
À l’instar des autres griffes rampantes, la varié-
étrangement préservés au fil des ans. Le quartier des
té d’Élégie est liée télépathiquement à ses congé-
tanneurs dégage encore des odeurs putrides comme
nères de son espèce. Si elle a besoin d’aide, elle
dans les quartiers identiques de toutes les autres ci-
peut en invoquer d’autres pour venir lui prêter as-
tés. Les tanneurs continuent à travailler les peaux se-
sistance. Si elle se retrouve ensevelie ou écrasée
lon leur savoir-faire traditionnel en les frottant avec
sous une masse, chaque griffe d’Élégie sera ca-
du fumier, cela même s’il n’y a plus aucun bovin,
pable de soulever 5 kg.
cerf ou mouton.
Main Rampante d’Élégie (12) : Int N-(0) ; CA 7 ;
Tout au nord de la ville, à l’intérieur des anciennes
DE 9 (spécial) ; DV 2 ; pv 15 ; TAC0 19 ; #AT 1 ;
murailles, s’élève un palais. Une douve asséchée en
D 1d4+2/1d6+2 (ennemi sans armure) ; RM voir
fait le tour, remplie d’épaisses vignes enchevêtrées et
au-dessus ; T Mi ; M sans peur 20 ; XP 65 ; AL N.
de ronces. Le pont-levis est tellement pourri qu’il en
est dangereux, les pierres du château se désagrègent.
et encore le même morceau de viande pourrie ; son Le palais abrite encore de nombreuses richesses
voisin offre le même poulet mort et boiteux à tous comme tout lieu de ce type. Le noble qui y habitait est
ceux qui passent. Les devantures des magasins sont parti, sa famille a disparu. Cependant, la fidèle garde
ouvertes, les boutiquiers, les tonneliers, les char- du palais y a toujours ses quartiers et elle a bien l’in-
rons, les cordonniers, les armuriers, les fabricants de tention de défendre ses positions « jusqu’à la mort ».
casques, les bricoleurs, les fileurs, les tailleurs, les
couturiers, les orfèvres – tout ce qu’une cité normale
a à proposer. Les trappeurs transportent des peaux
à travers la place. Les forgerons sont au travail. Les
enfants sont en train de jouer, se faufilant dans la
foule, ou en train de s’amuser en agitant une ficelle
devant un animal en état de décomposition.
Mais on y voit aussi la face obscure de toute socié-
té. Des voleurs et des truands avinés cherchent leurs

18
LA BANSHEE

19
LA BANSHEE

Affronter Tristessa
Banshee, chaotique mauvaise

Classe d’armure 0 For -

Déplacement 15 Dex 13
Niveau/Dés de vie 8 Con -
Points de vie 64 Int 15
TAC0 13 Sag 13
Nb Att 1 Cha 9

Dommages/attaque : 2d10 + 8 (contact)

Attaques spéciales : cri de la mort 3 fois par jour
(paralysie durant la journée), toucher paralysant,
pouvoirs magiques
Défenses spéciales : touchée uniquement par des
armes +1 ou plus, détecte la présence d’êtres vi-
vants sur son domaine
Résistance magique : 50 %
Toute personne qui l’aperçoit doit effectuer un jet
contre la peur (jet de sauvegarde contre la paralysie)
avec une pénalité de -2. En cas d’échec, la victime a
50 % de chances de laisser tomber au sol tout objet
qu’elle tient. Tous ceux qui échouent fuient pendant
10 rounds, terrorisés.
L’attaque de prédilection de la banshee reste son
hurlement. Quiconque se trouve à moins de 10 m
d’elle lorsqu’elle crie doit réussir un jet de sauve-
garde contre la mort magique. Ceux qui échouent
meurent immédiatement, rejoignant ainsi les innom-
brables morts d’Élégie. Tristessa peut pousser son
hurlement 3 fois par jour. Durant le jour, son attaque
provoque la paralysie et non la mort. Elle hurle sou-
vent au moment du coucher du soleil, lorsqu’elle
quitte son repaire, en particulier si elle a détecté la
présence d’intrus à proximité.
Les banshees ordinaires (appelées aussi esprits
hurleurs) peuvent sentir la présence d’un être vivant
jusqu’à une distance de 8 km. Tristessa peut sen-
tir cette présence sur son domaine tout entier. Elle
n’en connaît la localisation exacte qu’à l’intérieur des
8 km. Elle attaque en de rares occasions, à moins
qu’un intrus n’entreprenne de gravir sa montagne.
Le toucher de Tristessa peut être mortel, infligeant
2d10+8 points de dommages. Elle réserve cette at-

20
 LA BANSHEE
taque en général aux créatures et personnages qui
ne lui paraissent pas très menaçants. Par contre, si
on la provoque, elle pourra tenter de toucher des en-
nemis plus puissants ou qu’elle déteste, infligeant un
autre type de dommages plus horrible.
Selon sa volonté, elle peut provoquer une difformi-
té invalidante par son toucher. Toute partie du corps
rencontrée par ses doigts se tord et se tortille jusqu’à
devenir inutilisable : un visage se déforme jusqu’à ce
qu’un œil soit obstrué, une main perd tous ses doigts,
un pied se tord tellement que le personnage ne peut
plus marcher sans boiter très douloureusement. En
plus de tous ces effets, le toucher inflige 1d8 points
de dommages et immobilise complètement sa vic-
time pendant un round, le temps que la difformité
soit complète. Les effets perdurent tant que le per-
sonnage reste à Élégie, il y a 50 % de chance qu’ils
se manifestent à nouveau s’il revient ultérieurement
à Élégie.
Ravenloft a également augmenté les pouvoirs de
la banshee d’autres façons. Elle peut se rendre in-
visible quand elle le souhaite, son déplacement est
alors diminué de moitié. Durant la journée, elle peut
apparaître tangible, mais les objets matériels nor-
maux lui passent à travers, sans l’affecter. Sous cette
forme, son hurlement provoque la paralysie (jet de
sauvegarde normal) et non la mort. Elle peut porter
des objets normaux dans ses bras en utilisant sa ca-
pacité à les faire léviter.
Seules les armes avec un bonus minimum de +1
peuvent lui infliger des dommages. Elle est complè-
tement immunisée contre les sorts d’immobilisation,
charme, ralentissement et autres du même type.
Pouvoirs de drow : tous les drows ont des pou-
voirs basés sur la magie qui augmentent avec l’ex-
périence. Tristessa partage certains de ces pouvoirs,
avec une aptitude conforme à celle d’un drow de
niveau 11. Elle peut utiliser les pouvoirs magiques
suivants 3 fois par jour, sauf mention contraire :
• Lumières dansantes, avec un nombre de sources
lumineuses multiplié par 3.
• Lueur féerique, avec une zone d’effet augmentée
de 70 pieds carrés (6,50 m²).
• Ténèbres, créant un globe de ténèbres dont le
diamètre est augmenté de 4 mètres. Le globe
est imperméable à l’infravision et à la vision
21
normale, mais vision véritable fonctionne, tout
comme les gemmes étincelantes et les gemmes
de vision. Elle peut utiliser ce pouvoir à volonté.
La banshee peut déplacer les effets de ces trois
sorts comme bon lui semble (vitesse de déplace-
ment 16). Elle peut faire varier les zones d’effet à sa
convenance. La portée pour lancer et contrôler sont
de 35 mètres au-delà de la norme.
En tant que prêtresse drow, la banshee dispose
des pouvoirs suivants, qu’elle peut utiliser 3 fois par
jour :
• Clairvoyance
• Détection des mensonges
• Suggestion
• Dissipation de la magie
Elle peut aussi utiliser ces pouvoirs magiques autant
qu’elle veut :
• Lévitation
• Connaissance des alignements (ni le bien ni le
mal ne peuvent être détectés dans Ravenloft,
seulement la loi, le chaos ou la neutralité)
• Détection de la magie
Tous les autres sorts appris grâce à la vénération de
la déesse en Arak lui ont été enlevés.
Fermeture des frontières : pour cela Tristessa crée
une muraille de vents. Aucune créature ne peut la
traverser, à pied ou en volant et aucune magie ne
peut atténuer sa force.
Faiblesses : une fiole d’eau bénite inflige 2d4
points de dommages à la banshee si elle est brisée
sur elle. La dissipation du mal l’oblige à se réfugier
dans son repaire et l’empêche de revenir à Élégie
pendant 1d4 heures ; il n’y a pas d’autre effet.
La banshee est repoussée comme un mort-vivant
spécial, les prêtres et les paladins subissent un ma-
lus de -4 à leurs tentatives. Exposée à une lumière
forte, la banshee doit effectuer un test d’Intelligence
avec un modificateur de -3 si elle veut utiliser ses
pouvoirs magiques de drow, à l’exception de l’invi-
sibilité.
Son désir de vengeance contre les drows pourrait
bien être la plus grande faiblesse de Tristessa.
 BARBEBLEUE
D
ans tous les royaumes, il y a toujours eu
des hommes usant de leur charme pour
faire tomber dans leurs filets des jeunes
femmes naïves et impressionnables. Ces
escrocs traînent derrière eux une foule
d’admiratrices, leur destin à toutes étant
d’être rejetées avant qu’elles ne se lassent
elles-mêmes. On appelle parfois ces indi-
vidus des « tueurs de dames », mais il ne
s’agit en fait que de la fin de leur propre
innocence.
Ravenloft a aussi ses propres tueurs de
dames. Ce qualificatif est pour le coup
particulièrement approprié. Voici le conte
d’un meurtrier de ce genre, un homme
dont la barbe est aussi bleue que le cré-
puscule et dont le cœur est aussi noir que
les abysses.
Apparence
L
es traits de Barbebleue sont masculins mais pas
trop prononcés ni trop grossiers comme durant
son ancienne vie. Sa barbe bien que toujours
bleue, s’est assombrie jusqu’à prendre une teinte
bleu marine, ce que certaines personnes non-habi-
tuées pourraient confondre avec du noir.
Historique
B
ien des conteurs peuvent faire le récit d’un
homme nommé Barbebleue. Certains pensent
que ce sont uniquement des histoires desti-
nées à rendre dociles les jeunes mariées envers leur
époux. D’autres pensent qu’il s’agit peut-être de
quelqu’un disparu depuis des éons. Mais Barbebleue
et les atrocités qu’il a commises ne sont pas des in-
ventions, tout comme la mort ne l’a pas fait dispa-
raître des autres mondes. Non, c’est Ravenloft qui
s’en est emparé.
Le seigneur Barbebleue n’était pas bel homme.
Il était même singulièrement repoussant. Ses traits
étaient boursouflés et rougeauds, mais sa barbe était
encore plus déplaisante, car littéralement bleue.
Il n’en était pas moins charmant, surmontant ses
défauts physiques par une certaine grâce et une ri-
chesse des plus attrayantes.
22
Barbebleue habitait un château trapu, délimité par
quatre tours octogonales à chaque angle. Toutes
les pièces étaient décorées somptueusement, avec
des miroirs dorés, des touches d’argent, de beaux
meubles et tapis exotiques. Le seigneur était gé-
néreux envers les gens qui le servaient, les payant
bien et leur donnant fréquemment des congés. Mais
la nuit venue, il exigeait que seul un personnel mi-
nimum reste présent au château, renvoyant tout le
monde dormir au village sauf les garçons d’écurie,
le régisseur et une servante. Pour une personne
étrangère, il pouvait sembler que le seigneur n’avait
aucun désir. Mais il avait une malédiction : aucune
épouse ne restait à ses côtés.
On raconte que la première s’enfuit avec un barde.
Selon le guérisseur (qui quitta la ville par la suite),
la seconde mourut dans son sommeil. La troisième
disparut, tout simplement. Le seigneur Barbebleue
lança des recherches, mais on ne la retrouva pas.
S’il n’avait pas été si bon, nombreux seraient deve-
nus suspicieux. Certains se posèrent des questions
sur ces évènements, mais d’autres préférèrent le
croire simplement malchanceux. Bien évidemment,
Barbebleue tua chacune de ces femmes. À ses
yeux, il avait tout à fait le droit de leur retirer leur
rôle d’épouse, dont elles s’étaient montrées manifes-
tement indignes.
Une jeune et innocente jeune fille du nom de Mar-
cella devint la quatrième épouse de Barbebleue.
Elle avait à peine quinze ans. Barbebleue se mon-
tra charmant et généreux avec elle, la surprenant
souvent avec des cadeaux. Marcella se considérait
comme privilégiée de devenir son épouse. Bien que
ses goûts soient particuliers et ses opinions tran-
chées, elle finit par comprendre que pour que leur
union soit heureuse il fallait qu’elle soit entièrement
en accord avec lui.
Un mois seulement après leur mariage, Barbe-
bleue annonça son départ du château pour plusieurs
semaines. Il lui confia un énorme trousseau de clés,
chacune ouvrant une pièce différente du château. Il
sépara des autres une petite clé en or. Celle-ci, lui
dit-il, ouvrait la porte d’une petite pièce en haut de la
petite tour. Elle pouvait aller où bon lui semblait dans
tout le château à l’exception de cette pièce. « C’est
là que je garde mes surprises » dit-il, « et je serais
terriblement en colère si vous y alliez ». Marcella se
mit à rire et fit la promesse de lui obéir.
BARBEBLEUE

23
 BARBEBLEUE
Les jours passant, elle se retrouva devant la petite
pièce à fixer la porte des yeux. Par deux fois, elle
enfonça la clé dans la serrure, mais se rappelant les
paroles de son époux, elle n’entra pas. Mais en fin de
compte, sa curiosité finit par l’emporter. Marcella mit
la clé dans la serrure et ouvrit la porte.
Les fenêtres de la pièce étant occultées, elle ne dis-
tingua rien au premier abord. Elle fit un pas à l’inté-
rieur. L’air auquel se mêlait une odeur cuivrée ou de
fer qu’elle ne pouvait identifier, était lourd et poussié-
reux. Puis lentement, ses yeux purent distinguer ce
que contenait la pièce. Le sol était couvert de sang
séché. Au mur étaient suspendues les dépouilles de
trois femmes, accrochées à un simple crochet. Leurs
gorges avaient été tranchées.
Marcella se rua hors de la pièce, fermant et ver-
rouillant la porte derrière elle. Elle courut jusqu’à sa
chambre et s’effondra sur le tapis en pleurs, se de-
mandant ce qu’elle allait faire. En regardant la petite
clé dorée, elle vit qu’elle était rouge de sang. Elle
tenta de l’essuyer, mais le sang ne s’enlevait pas.
La clé était magique, la couleur rouge provenait de
sa rotation dans la serrure de la petite pièce. Seul
Barbebleue pouvait effacer cette couleur. L’ouver-
ture de la porte avait scellé le destin de Marcella.
Barbebleue fut de retour quelques minutes à peine
après qu’elle eut ouvert la porte, comme un chien de
chasse sur ses traces. Il la pria alors immédiatement
de lui remettre le trousseau de clés, et lui deman-
da ce qui s’était passé avec la petite clé en or. Son
épouse tenta d’abord de lui dissimuler sa transgres-
sion, prétendant que la clé avait été perdue. Barbe-
bleue garda alors son calme. « Les choses ne sont
pas ce qu’elles semblent être » dit-il aimablement.
« Donne-moi la clé, et je te raconterai une histoire qui
te redonnera foi en moi. Je ne pourrais jamais faire
de mal à quelqu’un que je chéris autant que toi ».
Marcella finit par lui rendre la clé. Voyant sa cou-
leur, il lui déclara combien il était désolé de la perdre
alors qu’elle était sa préférée. Mais, ajouta-t-il, il ne
pouvait tolérer une telle déloyauté.
« Tu devais être très désireuse de découvrir ce qu’il
y avait dans cette pièce », dit-il. Elle hocha la tête,
incapable de prononcer un mot. « Tu vas le savoir, ho
oui, » dit Barbebleue, « puisque tu vas les rejoindre
pour l’éternité ».
24
À cet instant, il la saisit par le bras et la traîna
jusqu’à la pièce. Elle s’évanouit alors qu’ils franchis-
saient le seuil. Le seigneur Barbebleue lui trancha la
gorge et la suspendit à un crochet, à côté des corps
de ses autres épouses assassinées. Dans un soupir, il
ferma la porte et la verrouilla. La clé était redevenue
propre. Barbebleue partit en quête d’un nouveau
flirt.
Personne ne sait combien de femmes exactement
Barbebleue a assassinées avant que Ravenloft ne lui
ouvre les bras et ne le fasse venir à lui. Il y en eut
d’autres bien sûr, huit peut-être. Toutes, ainsi que le
seigneur qui les a tuées, résident maintenant dans
le petit domaine de Barbebleue que l’on appelle
Blaustein.
Situation actuelle
R
avenloft a apporté à Barbebleue bien des choses
qui lui ont manqué dans sa vie antérieure. En
un siècle, ses traits se sont embellis. Même s’il
n’est pas vraiment beau, il n’est plus laid. La loyauté
et l’obéissance inconditionnelles qu’il exigeait au-
trefois lui sont acquises. Les gens de son domaine
l’aiment par dessous tout. Y compris ses épouses –
maintenant des esprits – qui semblent enfin se com-
porter comme elles l’auraient dû de leur vivant.
Au fond de lui, Barbebleue a peu changé depuis
qu’il est devenu un seigneur. Il est le juge, le juré et
le bourreau en toute chose, infligeant tout châtiment
qu’il estime mérité. Lui déplaire est un crime capi-
tal. Et cela arrive malheureusement très facilement.
Barbebleue lui-même est partie prenante dans ce
qui entraînera la chute de ses victimes, les amenant
à commettre les actes qui scelleront leur destin.
Les meurtres commis par Barbebleue sont deve-
nus plus fréquents, mais ses victimes ne se limitent
plus à son épouse. Il y a bien des jeunes femmes de
son peuple qui l’attirent et accepteraient volontiers
ses attentions. Attentions qui ne surviennent jamais,
les femmes de Blaustein rendant Barbebleue abso-
lument fou.
Dans le cas où Barbebleue convoite une jeune fille
originaire de son domaine, elle ressemblera alors à
l’une de ses épouses assassinées. Il ne voit pas son
ancienne épouse comme si elle était en vie, ce ne
 BARBEBLEUE
serait pas assez déstabilisant. Il les voit mortes, en
train de se décomposer et de perdre leur sang, et
quelle que soit l’expression de la personne réelle,
son ancienne épouse lui sourit constamment. Per-
sonne d’autre à Blaustein ne peut voir cette méta-
morphose, à part les visiteurs dotés de capacités
magiques ou psioniques.
Malgré son « dégoût » pour les femmes de
Blaustein, Barbebleue n’a jamais perdu le désir de se
marier. Comme elles lui répugnent, il doit se rabattre
sur des victimes en provenance d’autres royaumes –
des malheureuses de passage dans son domaine de
manière accidentelle ; des audacieuses, venues pour
l’aventure mais qui succombent à ses charmes ; des
lentes d’esprit, séduites par la promesse d’un ma-
riage avec un homme riche. Ses villageois ont bien
tenté de lui procurer une épouse étrangère, tant ils
lui sont dévoués. Il paraît que les charmes de Barbe-
bleue s’étendent même au-delà des Brumes, attei-
gnant toute jeune femme trop avide, idiote ou vani-
teuse pour y résister.
Lorel, sa dernière épouse, est venue à lui de cette
façon. Barbebleue a réussi d’une quelconque ma-
nière à l’atteindre dans un autre royaume, peut-être
en investissant ses rêves. Envoûtée, elle a pénétré
dans les Brumes de Ravenloft. Elle s’est retrouvée
au château de Barbebleue, sans aucun souvenir
de ce qui avait pu lui arriver avant. Barbebleue est
devenu son protecteur et professeur, puis, peu de
temps après, son époux. En même pas un mois,
Lorel, comme les précédentes épouses, est entrée
dans la pièce interdite. Et tout comme celles qui l’ont
précédée, elle y a trouvé une place définitive.
Le château de Barbebleue
S
on château est situé au sommet d’une colline à
proximité du village, on y accède par un chemin
de terre sinueux et plein d’ornières. Le château,
tout comme le village en contrebas, est presque
sous le contrôle total du seigneur Barbebleue. Il sait
exactement tout ce qui se passe entre les épais murs
de pierre.
Il s’agit d’un donjon massif de forme rectangulaire.
Quatre tours octogonales sont situées à chaque
angle. Aucune muraille n’entoure le château. Il
semble plutôt qu’il ait été conçu pour laisser entrer
25
des assaillants en train de charger, car une fosse se
trouve juste en face de l’entrée, plongeant directe-
ment dans les profondeurs de la colline sous le châ-
teau. On ne peut en apercevoir le fond. En temps
de paix, deux lourdes portes ferment le passage
menant au précipice. Mais en temps de guerre, les
portes restent ouvertes, laissant la fosse à l’air libre.
L’escalier qui mène au rez-de-chaussée se trouve
à gauche de l’entrée, derrière une lourde porte en
chêne. Dans le feu de la bataille, les attaquants ne
parvenant pas à en faire le tour plongent directement
dans la fosse. Ceux qui ne se précipitent pas trou-
veront sous leurs pieds un sol basculant en avant,
les précipitant eux aussi dans les profondeurs. Fi-
nalement, les soldats qui suivent finissent par com-
prendre le danger et à l’éviter, mais en entendant les
hurlements de leurs compagnons tombés au fond,
ils pourraient tout aussi bien battre en retraite sous
l’effet de la terreur.
Le rez-de-chaussée du donjon, comme dans la
plupart des châteaux, est dévolu au stockage. Il n’y a
aucune fenêtre, l’air y est frais et humide. La base de
chaque tour sert de prison. Au centre de cette zone
se trouve le rebord du grand puits, aucune rambarde
n’empêche d’y tomber. Un personnage sans lumière
pour se guider a toutes les chances d’y mourir.
L’entrée du château se situe à mi-hauteur entre le
rez-de-chaussée qui sert à l’entreposage et le pre-
mier étage. Celui-ci comprend les principales pièces
de vie et des chambres aux proportions grandioses.
Au centre se trouve le grand hall aux immenses
tables de banquet en bois brut. Le parquet est re-
couvert d’une couche de paille moisie sur laquelle
des herbes ont été répandues, et un peu plus loin,
d’épais tapis. Des tapisseries recouvrent les murs,
dépeignant des scènes pastorales.
Les quartiers de la garde du château sont situés au
sud du grand hall. Les soldats ne sont présents au
château que durant la journée, une demi-douzaine
tout au plus. Ils n’ont pas grand-chose à faire, à part
arpenter les murailles entre les tours, garder la porte
du château et à l’occasion jeter quelqu’un dans la
fosse.
L’étage supérieur du château abrite des pièces
d’habitation supplémentaires pour la famille et les
invités du château. Les salles de la tour ont de hautes
fenêtres, aux volets fermés, profondément enfon-
 BARBEBLEUE
cées dans le mur. Barbebleue n’utilise pas les pièces
de ce niveau.
Un château de cette taille peut accueillir une pe-
tite troupe de soldats, du personnel de service au
complet, une famille noble et d’innombrables invi-
tés. Aujourd’hui, il n’abrite plus que Barbebleue, ses
épouses décédées et ses invités. Le personnel qu’il
a conservé, à l’exception de l’intendant, rentre tran-
quillement au village à la tombée de la nuit. Bien que
fidèle à Barbebleue, il refuse de rester au château la
nuit (il croit qu’il est hanté).
Nombreux sont ceux qui, ayant passé une nuit
dans la demeure, ont pu entendre une femme en
pleurs dans le couloir à l’extérieur de leur chambre.
Elle frappait doucement à la porte et suppliait tout
bas pour avoir de l’aide, comme si elle avait peur
d’être entendue. Mais quand ils ouvraient la porte, il
n’y avait personne. D’autres ont entendu plus tard le
rire enjôleur d’une femme, qui diminuait comme si
elle courait dans le couloir.
Aucun villageois ne blâmera Barbebleue pour
les événements qui se déroulent à Blaustein. Rares
même sont ceux qui s’en souviennent, car Barbe-
bleue leur fait oublier. Certains savent que Barbe-
bleue a perdu tragiquement des épouses. Ils croient
plutôt que c’est le château qui est responsable de
ces tragédies, car le bruit court qu’il serait hanté par
le fantôme de la première épouse de Barbebleue. In-
capable de trouver le repos, elle s’en prend à toute
autre femme amenée au château. Les gens sont im-
patients de trouver quelqu’un qui pourra y mettre
un terme, pour que leur maître puisse enfin vivre en
paix.
Le niveau supérieur du château contient la pièce
qui a semé la terreur chez les épouses de Barbebleue,
ainsi que celles dans lesquelles elles résidaient.
Chaque épouse disposait d’une suite. Aujourd’hui,
ces chambres ne peuvent s’ouvrir qu’en prononçant
le nom de l’ancienne occupante devant la porte. Les
voix des épouses sont audibles derrière les murs.
Chacune d’entre elles est devenue un spectre.
Barbebleue évite d’être présent au château autant
qu’il peut. Même s’il reçoit des invités, il fera en sorte
de partir après leur avoir souhaité bonne nuit, à la
suite de ses serviteurs. Lorsqu’il reste au château – ce
qu’il est obligé de faire tous les 3 jours, pour dormir
– il se réveille toujours dans la pièce où ses épouses
26
ont été suspendues. Elles se blottissent contre lui, le
caressant tendrement comme des bien-aimées dé-
vouées. Parfois durant la nuit, il leur arrive de l’y em-
mener pendant son sommeil. Grâce aux Sombres
Puissances de Ravenloft, les spectres le transportent
à travers les couloirs et les passages secrets de son
château. Barbebleue est le seigneur de son domaine
mais aussi le prisonnier de ses épouses assassinées
et de ses propres crimes.
Les épouses mortes de Barbebleue lui sont entiè-
rement dévouées, tout comme les gens de son do-
maine. Elles sont devenues dans la mort les créa-
tures loyales qu’il attendait qu’elles soient de leur
vivant.
Affronter Barbebleue
Guerrier, Loyal Mauvais
Classe d’armure 10 (5) For 19
Déplacement 12 Dex 17
Niveau/Dés de vie 5 Con 13
Points de vie 30 Int 13
TAC0 15 (12) Sag 9
Nb Att 1 Cha 8
Dégâts/attaque : 1d4+3 (dague d’argent +3)
Attaques spéciales : aucune
Défenses spéciales : immunisé contre l’absorption
de niveau ; peut détecter les mensonges à volonté
Résistance magique : 10 %
Les capacités de Barbebleue au combat sont limi-
tées. Durant le jour, il compte sur le personnel qui
lui est dévoué et les villageois de son domaine pour
le protéger. La nuit, les spectres de ses épouses ar-
pentent le château librement, et tentent de le pro-
téger de tout danger. Barbebleue a la capacité de
charmer, mais cela n’explique pas la loyauté fana-
tique de ses gens. Ils ne peuvent se souvenir de tout
ce qu’il veut leur faire oublier. Ravenloft lui a apporté
ce pouvoir qui n’affectera cependant que les natifs
de Blaustein.
La terre lui a également donné le pouvoir de détec-
ter les mensonges autant de fois qu’il veut, ce qui lui
permet de savoir qui mérite son courroux. Ce pou-
voir affecte toute personne qu’il affronte.
BARBEBLEUE

27
 FLÉAU D’ÉBÈNE
T
ous les seigneurs de Ravenloft ne sont
pas ou n’ont pas été des êtres vivants. Il
en est un parmi eux fait d’un métal froid
et de ténèbres encore plus glaciales.
Façonnée dans la forge du mal ultime,
l’épée enchantée Fléau d’Ébène a prou-
vé à maintes reprises qu’elle méritait de
se voir accorder un domaine dans le de-
mi-plan de l’effroi.
Apparence
P
hysiquement, Fléau d’Ébène appa-
raît comme une épée longue à la
lame fine. Sa poignée a été moulée
à partir d’une seule pièce d’argent qui ne
se ternit mystérieusement jamais. Bien
qu’il soit orné, le pommeau de Fléau
d’Ébène n’a pas de pouvoirs ou de capa-
cités spéciales.
Sa lame est faite d’un étrange métal inconnu de
ce monde, amené sur le Plan Matériel depuis une
autre dimension. La lame tranchante est gravée
sur toute sa longueur de runes symbolisant le mal
absolu. Ces runes ont bien des pouvoirs, décrits
plus loin ; il semble émaner d’elles une aura noire
des plus sinistres.
Historique
L
a légende macabre entourant les origines de
Fléau d’Ébène prend sa source, assez bizarre-
ment, dans un conte de justice et de dévotion à
la cause sacrée de la vérité. Il y a de cela des siècles,
vivait une jeune femme du nom de Kateri Ombre-
née. Ses parents étaient riches, mais ils étaient justes
et humbles. La majorité de leur fortune servait à
améliorer le sort de ceux qui vivaient sur leurs terres.
Lorsque Kateri devint une jeune femme, elle
se mit à ressentir un vide au fond de son cœur.
Malgré tout le bien qu’elle et ses ancêtres avaient
fait, quelque chose manquait. Lorsqu’elle atteignit
l’adolescence, Kateri Ombrenée sut enfin ce dont
elle avait besoin.
28
Elle jura qu’elle suivrait désormais la voie sacrée
du paladin. Le nom d’Ombrenée ne serait plus
seulement associé à la bonté et à la miséricorde ; il
serait maintenant synonyme de justice et de sainte
vengeance.
Au fil des ans, Kateri Ombrenée combattit le mal
sur tous les fronts. À elle seule, elle repoussa les
hordes de maraudeurs et détruisit les foyers du
mal qui menaçaient le tranquilité de son église.
Mais malgré ses exploits, Kateri Ombrenée res-
tait aussi vulnérable que n’importe quel mortel.
Elle finit par devoir ranger l’épée qui l’avait ser-
vie durant toutes ces années. N’ayant jamais pu
prendre le temps dans sa vie si tumultueuse de
trouver l’amour et fonder une famille, elle se des-
tinait à vivre ses dernières années paisiblement.
Depuis son foyer dans le manoir ancestral des
Ombrenée, elle aurait pu gérer les richesses fa-
miliales et les dons aux œuvres de charité. Elle
avait prévu qu’à sa mort, tous ses biens iraient
à son église. Le nom des Ombrenée s’éteindrait
avec elle, mais le bien qu’elle avait fait perdurerait
pendant des décennies.
Cette fin paisible après une vie de combats ne
devait cependant jamais arriver. En son temps,
Kateri s’était fait de nombreux ennemis. Bien que
la plupart de ceux qui s’étaient opposés à son
église et sa doctrine aient été détruits ou convertis,
d’autres ruminaient encore leur vengeance.
Un de ces groupes, rassemblant des prêtres ma-
léfiques au service d’une divinité des ténèbres,
dont il valait mieux ne pas prononcer le nom, dé-
cida de la mort de Dame Ombrenée. En outre, en
guise d’avertissement à tous ceux qui s’opposaient
à leurs sombres desseins, elle devait mourir horri-
blement de manière à détruire sa foi inébranlable.
Durant des mois, ils entreprirent de fabriquer une
épée magique d’essence maléfique : celle qu’on
appellerait Fléau d’Ébène. Quand la dernière rune
noire fut apposée sur la lame, une entité maléfique
des plans extérieurs fut emprisonnée dans l’arme.
Mais à la grande surprise des créateurs de l’épée,
les sortilèges qui devaient permettre de contrôler
l’entité extra-dimensionnelle se révélèrent mal-
heureusement inefficaces. Lorsqu’ils lancèrent la
dernière partie du sortilège, ils durent se rendre à
FLÉAU D’ÉBÈNE

29
 FLÉAU D’ÉBÈNE
l’évidence que sa puissance se retournait contre Lorsque Fléau d’Ébène, repue de la victoire
eux. Ils étaient maintenant devenus les esclaves qu’elle venait de remporter, tenta de quitter les
de la présence qu’ils avaient prévu de contrôler. lieux, cela lui fut impossible. Sans cesse, l’épée
se retrouvait confrontée à un mur de pierre infran-
Mais le sort n’avait pas totalement échoué. Bien
chissable. Elle était prisonnière du demi-plan de
que l’épée eut son propre libre-arbitre, elle était
l’effroi.
cependant imprégnée d’une haine absolue envers
Dame Ombrenée et tout ce qu’elle avait entrepris.
L’épée commença dès lors à planifier sa destruc- Situation actuelle
tion.

F
léau d’Ébène ne supporte pas son séjour
Fléau d’Ébène fit en sorte d’être découverte par
dans Ravenloft. Elle sait que ses pouvoirs en
un des moines d’un monastère proche du domaine
ces lieux sont cent fois supérieurs à ce qu’ils
d’Ombrenée. À peine le saint homme sans aucune
étaient dans le monde extérieur, mais cela ne
méfiance toucha l’arme, que Fléau d’Ébène passa
compense en aucune façon la perte de sa liberté.
à l’attaque. Déchaînant sa volonté titanesque, elle
détruisit intégralement l’énergie vitale du moine et Curieusement, Fléau d’Ébène n’a jamais pu
prit le contrôle de son corps. saisir complètement ce qui lui était arrivé. Elle
se croit victime d’une ruse d’Ombrenée. Même si
Le corps du moine n’étant plus qu’une ma-
on lui fournit la preuve absolue qu’elle est empri-
rionnette sous le contrôle de la maléfique Fléau
sonnée sur un demi-plan rempli de créatures ma-
d’Ébène, l’épée lui ordonna de la transporter
léfiques, Fléau d’Ébène ne se résoudra jamais à
jusqu’au manoir Ombrenée. Lorsqu’il fut introduit
le croire. Il y a même de fortes chances que qui-
auprès de Dame Ombrenée, le moine lui expliqua
conque lui présentant cette vérité soit mis à mort
que les ouvriers du monastère avaient trouvé cette
horriblement.
épée et requéraient son conseil sur ce qu’il conve-
nait d’en faire. Lorsque Dame Ombrenée posa les Déjà enragée à l’idée d’être emprisonnée dans
yeux sur l’épée impie, sa capacité naturelle à sen- Ravenloft, Fléau d’Ébène s’aperçut qu’elle n’avait
tir le mal lui révéla la traîtrise. pas réussi à détruire complètement Dame Ombre-
née. Le paladin, sous la forme d’un esprit frappeur,
La bataille qui s’ensuivit fut des plus extraordi-
hante une partie de son foyer ancestral et donc du
naires. Mobilisant jusqu’à la plus infime parcelle
domaine de Fléau d’Ébène.
de sa foi, l’ancien paladin repoussa les pouvoirs de
l’arme. Encore et encore, l’épée vivante tenta de Fléau d’Ébène a tenté à maintes reprises de
la transpercer, mais sa sainte lame la détournait à chasser Dame Ombrenée de ses terres, mais a
chaque fois. toujours échoué. La foi vivace et la force sacrée
qui l’ont guidée durant toute sa vie de paladin
Au bout du compte, Fléau d’Ébène finit par la
continuent à la servir dans la mort. Tant que sa foi
dominer. Appelant à elle toute la puissance de la
immaculée reste inébranlable, elle est en mesure
sombre dimension qui l’avait engendrée, Fléau
de résister aux pouvoirs de Fléau d’Ébène.
d’Ébène porta un dernier coup titanesque qui bri-
sa la sainte lame vengeresse de Dame Ombrenée. Il arrive de temps en temps, à l’apparition de
certains signes et selon l’alignement des astres,
Alors que la bataille faisait rage, Fléau d’Ébène,
que Dame Ombrenée puisse franchir les frontières
sans le savoir, attira l’attention des Sombres Puis-
de Ravenloft et faire venir à elle des personnes qui
sances de Ravenloft. À chaque fragment d’énergie
lui sont liées. En plus d’être une épine dans le pied
démoniaque qu’elle tirait de son plan d’origine,
du sombre seigneur, Dame Ombrenée a tenté de
elle attisait leur intérêt. Lorsque enfin l’ultime coup
le détruire à plusieurs reprises. Bien qu’elle n’ait
du mortel artefact prit la vie de Kateri Ombrenée,
pas plus réussi à la vaincre qu’à briser son esprit,
les Brumes se refermèrent sur le domaine et l’en-
ces attaques occasionnelles n’ont fait que rappeler
gloutirent.
à Fléau d’Ébène qu’elle n’est pas le maître abso-

30
 FLÉAU D’ÉBÈNE
lu de tout ce qui peut se passer en son domaine.
Fléau d’Ébène a anéanti tous les groupes de héros
venus l’affronter dans Ravenloft à l’appel de Dame
Ombrenée. Chaque défaite lui permet de ressentir
l’effritement de la foi de son ennemi.
Les quatre clés
donner l’objet ou la personne piégée, est d’avan-
cer et de s’enfoncer dans le mur. Franchir le mur
se révèle assez simple, celui-ci n’offrant aucune
résistance, ainsi n’importe qui peut entrer libre-
ment dans le domaine.
A contrario, quitter le manoir Ombrenée est
beaucoup plus compliqué. Les personnages ten-
tant de traverser le mur grâce à la magie consta-

D
ame Ombrenée a appris que la seule façon
de détruire Fléau d’Ébène est de réunir quatre
« clés » et de les utiliser contre le glaive malé-
fique. Chacun de ces composants magiques est lié
à un des quatre éléments et possède une signifi-
cation particulière. La clé de la terre par exemple,
représente le métal dont est fait Fléau d’Ébène,
et celle du feu est le symbole des flammes malé-
fiques qui ont forgé son corps dans sa forme ac-
tuelle.
Fléau d’Ébène ne connaît même pas l’existence
de ces composants élémentaires, et encore moins
le fait qu’ils peuvent la détruire. Un groupe de hé-
ros attirés dans le domaine par Dame Ombrenée
pourrait un jour rassembler ces clés et les utili-
ser contre Fléau d’Ébène. Cependant, à chaque
échec, la puissance de Fléau d’Ébène se renforce
et la foi de Dame Ombrenée s’affaiblit. Il ne reste
plus beaucoup de temps pour la libérer de cette
malédiction qui voit leurs volontés s’affronter per-
pétuellement.
teront que leurs sorts et autres capacités n’ont
strictement aucun effet. De l’intérieur, le mur est
solide et totalement invulnérable. Il est tout aus-
si impossible de l’escalader, il semble se dérober
comme de l’eau sous la prise de ceux qui tentent
d’y grimper. Même le plus habile des voleurs n’y
parviendra pas.
Ceux qui explorent le domaine découvriront
qu’il n’abrite aucune vie animale. La végétation
est foisonnante, la pelouse luxuriante du domaine
comme les arbres qui la parsèment. On y trouve
même des champignons et des moisissures, mais
toute vie animale a disparu.
Contrairement aux seigneurs d’autres domaines,
Fléau d’Ébène ne peut pas ouvrir et fermer les
frontières du domaine d’Ombrenée à sa guise. Le
mystérieux mur qui entoure le manoir garde le do-
maine et ses secrets enfermés en permanence. Il
est dit que quiconque pénétrant dans ce domaine
ne peut en ressortir vivant tant que l’infâme Fléau
d’Ébène existe.

Le domaine

L
e domaine de Fléau d’Ébène est très réduit. Il se
résume en tout et pour tout au terrain sur lequel
repose le manoir Ombrenée ceint d’un mysté-
rieux mur de pierre circulaire, érigé à environ 90
mètres de la maison. À l’intérieur de cette enceinte,
Fléau d’Ébène est le seigneur. Au-delà, les Brumes
de Ravenloft règnent en maître.
Quiconque atteint le mur du domaine à travers
les Brumes de Ravenloft découvrira qu’il n’a pas
de consistance à l’extérieur. Du moins, c’est ce qui
apparaît au premier abord. Tout objet – un bâton,
une épée ou une main, etc. – enfoncé dans le mur
le traversera sans effort. Mais à partir de là, l’objet
qui effectue cette exploration ne pourra plus en
être retiré. La seule action possible, à part aban-

31
 FLÉAU D’ÉBÈNE
Comme mentionné plus haut, Fléau d’Ébène est
Affronter Fléau d’Ébène une arme +4 capable de se déplacer et d’attaquer
grâce à sa seule volonté et à son pouvoir de lévita-

B
ien que Fléau d’Ébène soit une créature
pensante au même titre que les autres sei-
gneurs de Ravenloft, elle n’est pas organique
et par conséquent difficile à quantifier en termes
de jeu. Les conventions suivantes devraient suffire
pour une rencontre avec la terrible Fléau d’Ébène.
Artefact, Chaotique Mauvais
Classe d’armure -10 For N/A
Déplacement 9 Dex N/A
Niveau/Dés de vie N/A Con N/A
Points de vie N/A Int 17
TAC0 10 Sag 17
Nb Att 1 Cha 15
Dégâts/attaque : 1d8
Attaques spéciales : voir la description
Défenses spéciales : voir la description
Résistance magique : aucune
Bien avant son emprisonnement dans Ravenloft,
Fléau d’Ébène était aussi puissante qu’intelligente.
Dotée par ses créateurs d’une intelligence cruelle et
rusée, elle était capable de communiquer par télépa-
thie ou par la parole avec celui qui la tenait. Maniée
au combat, elle agissait comme une arme +4. Si elle
n’était pas brandie par un guerrier, Fléau d’Ébène
restait malgré tout très puissante. Elle était capable
de se déplacer et de frapper grâce à une forme de
lévitation propre.
Comme bien souvent en pareilles circonstances,
Fléau d’Ébène a pu constater que sa transformation
en sombre seigneur avait décuplé ses capacités.
À l’instar des autres seigneurs de Ravenloft, Fléau
d’Ébène est maintenant une force quasi invincible.
Les runes de la lame de Fléau d’Ébène sont puis-
santes et impies, à tel point qu’elles agissent comme
des symboles du type qu’elle souhaite. Elle peut
invoquer chaque type de symbole une fois par jour
seulement. Pour s’en protéger, ceux qui explorent
son domaine ont donc tout intérêt à en tenir un
compte précis.
tion. Sa venue dans Ravenloft l’a également dotée
des pouvoirs d’une lame vorpale et de ceux d’une
épée langue de feu.
Bien que le domaine de Fléau d’Ébène soit relati-
vement restreint (comprenant le manoir Ombrenée
et ses terres, décrits plus loin), son pouvoir y est
virtuellement absolu. Par exemple, le climat autour
du manoir est entièrement sous son contrôle. Il peut
passer d’une paisible journée printanière à une tem-
pête de glace. Ce pouvoir est tel qu’il peut contrôler
également le jour et la nuit, les phases de la lune et
d’autres phénomènes similaires. Fléau d’Ébène peut
faire s’élever le soleil et le maintenir à son firmament
pendant des heures, puis le faire redescendre sou-
dainement à l’horizon si un groupe d’aventuriers ap-
proche du manoir.
Un autre pouvoir bien plus redoutable de Fléau
d’Ébène est sa capacité d’animation des lames. Au-
cune épée ou dague ne peut échapper à son emprise
maléfique, ni même les épées saintes justicières ou
les artefacts tels que l’épée de Kas ou la puissante
Excalibur. Selon son bon vouloir, Fléau d’Ébène
peut animer toutes les épées et dagues présentes sur
son domaine et les faire attaquer les personnages
ou créatures à proximité. Ces armes attaquent avec
un TAC0 de 10 et infligent leurs dégâts normaux à
chaque attaque réussie. Les capacités magiques
propres à l’arme, telles que lame vorpale ou voleuse
de vie, agissent normalement, tandis que celles dé-
clenchées par le porteur, comme pour le pouvoir de
rayon de soleil ou lame soleil, ne fonctionnent pas.
Fléau d’Ébène prendra un réel plaisir à retourner les
lames d’un groupe contre ses membres et retardera
ses attaques les plus meurtrières pour satisfaire son
goût du massacre par procuration.
Fléau d’Ébène prendra le contrôle de ceux qui
l’utilisent selon les règles relatives aux armes intel-
ligentes dans le Guide du Maître. Quand elle prend
le contrôle de la personne qui la brandit, Fléau
d’Ébène détruit instantanément son esprit. Le corps
d’une personne terrassée lors d’un tel duel de volon-
tés n’est plus qu’une coquille vide. Le corps reste en
vie pendant quelques jours (une semaine au mieux)
puis il s’effondre et meurt. Tant qu’il est encore en

32
 FLÉAU D’ÉBÈNE
vie, le corps obéit aux ordres de Fléau d’Ébène et
se comporte, en termes de jeu, comme un zombie. Légende de la carte

L
Étant une créature artificielle, Fléau d’Ébène survit
a carte qui suit permet d’identifier les différentes
en absorbant l’énergie vitale des créatures vivantes
salles du manoir Ombrenée et indique leur
entrant dans son domaine. De ce fait, les soins de
usage antérieur à son absorption par Ravenloft
récupération non-magiques n’ont aucune efficacité
(voir page 34). Il est impossible de juger des chan-
dans ou autour du manoir d’Ombrenée. Les facultés
gements intervenus entre les murs du manoir de-
de récupération naturelle des créatures vivantes sont
puis qu’il est devenu le cœur du domaine de Fléau
drainés par l’abominable épée et servent à assouvir
d’Ébène. Aucun être vivant ne s’est jamais aventuré
son noir appétit.
à l’intérieur de cette demeure maudite et n’en est re-
venu pour narrer ses découvertes.
Le Manoir Ombrenée

L
e manoir Ombrenée constitue le cœur du do-
maine de Fléau d’Ébène. C’est un bâtiment
splendide, conçu avec beaucoup de soin dans
les temps anciens par les ancêtres de Dame Ombre-
née. Tout comme ses parents et leurs parents avant
eux, elle l’a maintenu en bon état même en son ab-
sence. Le manoir est une magnifique construction
de style gothique, avec de nombreuses flèches et
de grandes fenêtres pour bénéficier au maximum
de la lumière du jour. Un grand jardin sépare la bâ-
tisse principale de la crypte qui abrite les ancêtres de
Dame Ombrenée.

Le Temple

L
e temple est peut-être le lieu le plus important du
domaine (voir la zone 8 sur la carte, page 34).
Construit sous la supervision de Kateri Ombre-
née elle-même, cette salle était un lieu sacré dédié à
la divinité qu’elle servait.
Dans les années qui suivirent sa mort, Dame Ombre-
née garda sa foi puissante en visitant le temple fré-
quemment sous sa forme d’esprit frappeur. Fléau
d’Ébène n’a jamais été capable de briser les barrières
spirituelles qui protègent ce lieu. Il constitue pour elle
un angle mort. Tant que le temple est sanctifié et que
la foi de Dame Ombrenée reste forte, l’épée n’au-
ra aucune vision ni influence sur ce qui s’y passera.
Ceux qui explorent le domaine trouveront dans le
temple un refuge des plus sûrs, à condition de ne pas
le souiller, ce qui permettrait alors à Fléau d’Ébène
de percer son aura protectrice.

33
FLÉAU D’ÉBÈNE

34
 FLÉAU D’ÉBÈNE
1. Passage voûté : cette zone servait à l’arrêt des 12. Cuisine : cette pièce contenait tout ce qu’on
voitures pour déposer et embarquer des passagers peut imaginer comme ustensiles de cuisine.
par mauvais temps.
13. Garde-manger : ce lieu servait à stocker les
2. Hall d’entrée : comme on peut l’escompter chez denrées périssables, légumes et fruits.
une famille aussi fortunée, l’entrée était somptueu-
14. Serres : les Ombrenée étaient pour la plupart
sement décorée. Elle ne servait pas seulement à ac-
des jardiniers passionnés, cette zone étant dédiée à
cueillir les invités mais aussi à les impressionner par
ce passe-temps.
la richesse et le bon goût de la famille Ombrenée.
15. Porche : cette terrasse en pierre était pourvue
3. Vestiaire : il s’agissait en fait davantage d’un
de meubles de qualité pour que la famille et ses invi-
lieu de passage que d’un vestiaire, bien que des
tés profitent du beau temps à l’extérieur.
patères aux murs servent à suspendre divers vête-
ments d’extérieur. 16. Jardins/topiaire : de nombreux habitants du
domaine avaient un penchant pour le travail en plein
4. Parloir : ce petit salon permettait de recevoir les
air en ces lieux. NdT : topiaire signifie l’art de tailler
visiteurs venus faire affaire dans le domaine. Il était
architecturalement les arbres des jardins.
bien aménagé sans être trop luxueux.
17. Crypte : les ancêtres de Dame Ombrenée y
5. Repaire : cette salle de travail servait aux af-
étaient enterrés. Au moment de sa mort, elle était
faires du manoir. Elles étaient consignées ou traitées
censée être la dernière de sa lignée et aurait pris
en ce lieu.
place dans le dernier emplacement libre de la crypte.
6. Galerie : ce long hall était agrémenté d’une série
18. Cour de cuisine : cette petite cour est entourée
de fenêtres donnant sur le jardin (16). Les portraits
par une clôture en bois et permettait au personnel de
des membres de la famille ayant vécu à Ombrenée
cuisine de travailler à l’extérieur.
étaient exposés aux murs en face des fenêtres.
19. Extérieurs : ces deux lieux d’aisance étaient
7. Cabinet : ce cabinet servait principalement à
séparées de la maison par la cour de la cuisine, ce
archiver de vieux documents et dossiers, trop impor-
dont se plaignaient beaucoup d’habitants du do-
tants pour être jetés, mais ne servant pas au quoti-
maine en hiver.
dien.
20. Terrasse : ce lieu offre une belle vue sur les
8. Temple : cette salle était un sanctuaire dédié à
terres du domaine.
la divinité que Dame Ombrenée servait (avant ça,
c’était une galerie de sculptures et d’œuvres d’art ré- 21. Chambre à coucher : c’était une chambre bien
unies par ses ancêtres). Depuis la prise de contrôle aménagée, réservée aux enfants.
par Fléau d’Ébène, ce lieu a revêtu une importance
22. Chambre à coucher principale : Le seigneur
capitale (comme précisé plus haut).
du manoir et sa dame y dormaient. Cette pièce était
9. Bibliothèque : tous les livres, parchemins fa- aménagée avec raffinement et élégance.
miliaux et autres objets similaires étaient gardés
23. Chambres à coucher des invités : toute per-
en ces lieux. Ils servaient également de lieu infor-
sonne restant la nuit au manoir était logée ici.
mel d’étude et de recherche. Dame Ombrenée avait
ajouté maints ouvrages religieux à la collection. 24. Atelier : Dame Ombrenée a fait ajouter cette
pièce au manoir. Il est dit qu’elle s’intéressait à la fa-
10. Salle à manger : il s’agissait d’une salle-à-
brication des armes et qu’elle y avait forgé son épée
manger décorée avec goût, facile d’accès depuis la
sacrée.
cuisine ou le cellier.
25. Cave à vin : la qualité des vins millésimés qui
11. Cellier : de nombreux aliments en bocaux
y étaient stockés donnait une idée de la richesse de
étaient entreposés ici.
la famille Ombrenée.

35
 LES TROIS SORCIÈRES
V
oici l’histoire d’un trio de sorcières – la
première était une sorcière aquatique vis-
queuse, la seconde, une annis hideuse, et
la troisième une macabre sorcière verte.
Réunies, elles règnent sur le Tepest autant
qu’elles le tourmentent, un domaine mon-
tagneux au centre du Cœur de Ravenloft.
Ce n’est pas une coïncidence si ces trois
dames se partagent ce domaine. Il y a de
cela bien longtemps, elles étaient sœurs,
toutes trois de charmantes jeunes créa-
tures à la peau laiteuse et aux cheveux
couleur de miel. Elles étaient les filles d’un
fermier et de sa femme. Mais elles aspi-
raient à être beaucoup plus que cela, et
elles allaient devenir bien plus encore.
Apparence
C Historique
omme toutes les sorcières, les trois sœurs
peuvent changer d’apparence comme bon
leur semble, prenant celle qui leur convient.
Mais aucune ne leur conviendra jamais vraiment,
puisqu’elles ne se voient les unes les autres et elles-
mêmes que comme elles sont vraiment : des créa-
tures hideuses, misérables, et squelettiques, un peu
comme des vieilles femmes bossues, à la peau ridée
et bouffie, au nez pointu, aux dents noires et acérées,
couvertes de verrues. Autrefois belles et vaniteuses,
elles sont maintenant accablées par leur apparence.
Leticia, la plus âgée, devint une sorcière aqua-
tique, la plus répugnante des trois. Mesurant 1,20
mètre de haut, elle est la plus petite. Sa peau jaune
présente des plaies ouvertes d’où suinte un liquide
blanchâtre. Son visage est déformé par des protu-
bérances osseuses et ses yeux sont rouges, avec
de grandes pupilles noires. Ses cheveux sont tels
de longues algues molles recouvrant son corps. Ses
larmes sont d’un jaune verdâtre.
Laveeda, la cadette, devint une annis. Comme ses
monstrueuses homologues des autres mondes, elle
est de grande taille et physiquement puissante. Elle
domine ses sœurs de ses 2,40 mètres (même voû-
tée). Sa peau est brillante, d’un bleu-noir moucheté ;
pour se réconforter, elle s’imagine ressembler à des
nuages dérivant doucement dans le ciel nocturne.
36
Elle était tout sauf douce, et même si on la frappe, sa
peau se révèle dure comme l’acier. Là où autrefois
elle possédait des courbes gracieuses, pendouillent
maintenant des bourrelets de chair. Une peau flasque
pend de ses bras et de ses hanches. Ses dents sont
grandes, noires et tranchantes, trop grandes pour sa
bouche, qu’elle doit tenir ouverte en permanence,
laissant couler de luisants filets de bave. Ses mains
bleuâtres possèdent des serres acérées comme
celles d’un vautour. Ses larmes sont noires.
Lorinda, la plus jeune des sœurs, est devenue une
sorcière verte. Elle mesure 1,50 mètre de haut. Sa
peau est d’un brun verdâtre, comme celle des cra-
pauds, et bien qu’elle ait l’air charnue, elle est dure
comme de l’écorce. Ses longs cheveux sont noirs
et gras. Ses yeux sont d’un orange brillant avec de
sombres pupilles reptiliennes. Ses doigts sont longs
et minces, pourvus de griffes acérées, dures comme
de la pierre et noires comme le charbon. Les larmes
de Lorinda sont rouges.
R
udella Folesprit, l’épouse d’un fermier miséreux,
vivait sur une parcelle de terre désolée avec son
mari et ses deux fils. C’était une femme solitaire.
Ses hommes étaient de véritables ogres, hargneux
et bourrus. Ils passaient leurs journées à chasser et
à s’occuper des champs, laissant Rudella seule. La
ferme la plus proche se trouvait à deux jours de route
de chez eux. De temps en temps, un voyageur se pré-
sentait à la maison des Folesprit en quête d’un abri,
mais ce genre de visite ne comblait que rarement le
besoin de compagnie auquel Rudella aspirait.
Les années passant, Rudella se languissait d’avoir
des filles. Son époux ne partageait pas ses espoirs,
pour qui une fille n’était d’aucune utilité pour le tra-
vail de la ferme. Mais Rudella insistait, à tel point
qu’il lui interdit d’en parler à nouveau, déclarant qu’il
préférerait déserter le lit conjugal plutôt que de lais-
ser une telle horreur se produire. Et c’est ce qu’il fit.
Rudella n’évoqua plus son désir d’avoir des filles,
mais elle ne l’abandonna pas pour autant. Alors que
le jour s’éloignait et que les ombres de la nuit s’in-
filtraient dans la ferme, elle s’assit seule près des
braises du feu. Pendant que son mari et ses fils s’en-
dormaient, elle pria les fées (en qui elle croyait) de
lui accorder une fille, qu’elle se jurait de chérir plus
LES TROIS SORCIÈRES

37
 LES TROIS SORCIÈRES
que sa propre vie. Elle répéta ce vœu pendant trois
nuits avant d’abandonner tout espoir.
Mais les supplications de Rudella furent entendues.
Dans la semaine, un grand panier apparut devant la
porte d’entrée – un panier avec trois petites filles à
l’intérieur, qui semblaient avoir moins de trois ans.
Rudella les prit avec elle. Son mari devint furieux. Il
se mit à hurler qu’elles ne resteraient dans sa maison
que si elles ne lui coûtaient absolument rien ; sinon il
les jetterait dehors avec Rudella.
Au début, les filles étaient chétives et souffreteuses,
mais elles prirent des forces grâce aux soins de Ru-
della. Ce qui ne fut pas le cas de celle-ci. Au fur et à
mesure qu’elles devenaient plus fortes, ses propres
forces déclinaient, devant assurer une charge de tra-
vail trois fois plus dure pour entretenir toute la mai-
sonnée. Elle finit par mourir deux ans plus tard.
Holger, le mari de Rudella, chercha à se débarras-
ser des filles immédiatement après. Il les emmena
dans les bois pour qu’elles se fassent dévorer par les
loups. Mais elles retrouvèrent le chemin de la mai-
son. Une autre fois, ils les enferma dans un grand
sac et les jeta dans la rivière. À nouveau, elles par-
vinrent à rentrer. Par la suite, il abandonna l’idée de
les éliminer, craignant la colère des dieux et des fées,
qui avaient certainement jeté un enchantement sur
les jeunes filles.
Avec le temps, Holger finit par les accepter, sans
jamais les aimer. Pour lui, elles étaient responsables
de la mort de sa femme et pouvaient à peine contri-
buer aux travaux de la ferme. Il n’attendait rien
d’elles à part une maison bien rangée, une vache
produisant du lait et un simple ragoût au dîner. Leurs
frères ne pensaient pas autrement.
Les filles passaient la plupart de leur temps en-
semble, sans personne d’autre, et cela leur conve-
nait. Quand les hommes partaient aux champs,
elles s’occupaient de leurs tâches et se préparaient
un maigre repas (elles ne mangeaient pas en même
temps que les autres). Ensuite, elles se mettaient à
comploter. Elles avaient planifié le jour où elles quit-
teraient la ferme et pourraient mener une vie bien
meilleure et luxueuse. Ce qui n’était au début que
des rêveries mélancoliques devint de jour en jour de
très sombres desseins.
Mais comment se procurer de l’or ? La réponse
fut apportée par un étranger qui se présenta à la
38
porte de la ferme un soir de tempête. Les filles re-
marquèrent que l’homme possédait une bourse car il
donna une pièce d’or à leur père en échange d’un abri
dans l’étable et d’un peu de nourriture. Le fermier et
ses fils se levèrent tôt le lendemain matin. Peu après,
le visiteur vint dans la cuisine pour prendre son pe-
tit déjeuner. Les filles, à peine âgées de treize ans,
étaient déjà des criminelles en puissance. Pendant
que Laveeda attirait son attention, les deux autres
sœurs passèrent à l’attaque. Leticia le frappa avec
une hache entre les omoplates tandis que Lorinda
lui tranchait la gorge avec une faucille. Elles firent
les poches du mort et récupérèrent quelques pièces
d’or. C’était une maigre récompense mais elles
avaient trouvé l’expérience tout à fait exaltante.
Il fallait bien enterrer leur victime, mais aucune
d’elles ne se sentait disposée à creuser. Elles prirent
la décision de le faire cuire dans un ragoût, qu’elles
serviraient à leur père et frères. Elles n’avaient jamais
travaillé aussi durement que ce jour-là. Pour se dé-
barrasser du cheval du voyageur, elles placèrent un
ardillon sous la selle et l’envoyèrent galoper au loin.
Après ça, elles répétèrent leur procédé macabre à
chaque nouveau voyageur de passage. Mais au bout
de trois ans et après six victimes, elles n’avaient pas
amassé grand chose. Chacune, en son for intérieur,
avait décidé qu’au lieu de l’assassiner, elle tenterait
de séduire le prochain visiteur et de le convaincre de
l’emmener avant que les autres n’aient une chance
de le tuer. Elles n’avaient pas l’intention de rester
avec lui mais imaginaient que de meilleures oppor-
tunités se présenteraient à elles dans une région plus
peuplée.
Peu de temps après, quand les Brumes englou-
tirent le pays, une autre victime se présenta – un
dandy doublé d’un voyou. Chacune à son tour ten-
ta de le séduire. Ce qu’il laissa faire, s’amusant de
leur petit jeu. Mais il n’avait aucunement l’intention
de repartir de la ferme avec l’une d’entre elles, et
en présence des trois, il ne faisait aucune différence
entre elles.
Elles étaient toutes trop jalouses pour le laisser en
choisir une et pas l’autre. Alors que Lorinda l’entre-
prenait dans la grange, Laveeda les espionnait. Et
Leticia elle-même les espionnait tous les trois. Fu-
rieuses, chacune des sœurs jura de tuer cet homme
plutôt que de laisser une autre l’emporter. Et c’est
ce qu’elles firent. Quand le dernier coup fut porté,
 LES TROIS SORCIÈRES
l’homme et la ferme s’évaporèrent, et elles se retrou-
vèrent dans les montagnes brumeuses du Tepest, en
proie à la faim et sous une forme hideuse.
Situation actuelle
C
ela fait presque 50 ans que les sorcières ont été
emprisonnées dans le Tepest. Elles parviennent
à se montrer très discrètes, ne s’en prenant
qu’aux voyageurs provenant d’autres domaines,
ou attirant à l’écart une victime isolée avant de
l’attaquer. Les gens du Tepest sont simples, ils ne
connaissent les sorcières qu’à travers les histoires
et les légendes qu’ils racontent aux enfants pour les
empêcher de s’égarer ou de désobéir.
Les gobelins qui ravagent le domaine sont une
menace bien plus concrète et plus directe, bien que
personne ne les connaisse vraiment, les gens les ap-
pellent les « petites bêtes ». La plupart des disparitions
leur sont imputées. En fait, comme les légendaires
sorcières sont réputées manger les gobelins (ce que
les vraies font effectivement), certains les consi-
dèrent comme une force bénéfique, non comme un
39
danger, à moins de les croiser ou de les affronter.
Cela est très éloigné de la réalité. Comme toutes
les sorcières, les trois sœurs ont faim de chair fraîche.
Mails elles sont encore plus avides des souffrances
endurées par leurs victimes. Elles sont passées
maîtres dans l’art de la cuisine anthropophage, choi-
sissant leurs mets avec le plus grand soin, du che-
valier le plus fort et audacieux, à la plus charmante
et tendre des jeunes épouses. Les sorcières haïssent
les personnes de grande bonté, méprisent ceux qui
sont beaux et jalousent ceux qui sont heureux et ai-
més des leurs. Parce qu’elles ne pourront jamais leur
ressembler, elles châtient ceux qui le sont.
Tromperie de la Sorcière : de nombreux complots
funestes ont pour origine la vanité et le besoin d’être
adoré. Sous l’apparence de femmes normales, les
sorcières sont connues pour avoir attiré de nom-
breux jeunes bergers dans leur repaire. Elles les y
emprisonnent, en général dans une cage de force.
« Si seulement tu pouvais nous aimer, alors nous te
libérerions », disent-elles à leur proie, révélant leur
hideuse nature. Parfois il leur arrive de clamer qu’un
véritable amour lèvera leur malédiction et les rendra
 LES TROIS SORCIÈRES
bonnes, gentilles et belles à nouveau. Mais de toute
façon, elles ne l’ont jamais été et la malédiction ne
sera jamais levée. Et de surcroît, elles n’ont jamais
eu l’intention de libérer leur victime. Seul un homme
intelligent arrivant à les leurrer de manière sournoise
peut espérer s’échapper.
La jalousie et la rancune qu’elles éprouvent envers
les jeunes amants les amènent à un autre de leurs
petits jeux favoris. Dès qu’une des sorcières apprend
l’existence d’une jeune et belle femme au Tepest,
elle cherche à prendre sa place. Les futures mariées
sont leurs proies préférées, la sorcière se délectant
de l’amour du marié jusqu’à ce qu’elle se révèle. S’il
n’arrive pas à se prendre d’amour pour elle (ce qui
est en fait inévitable), elle le dévore.
Leticia, la sorcière Annis, est particulièrement
friande de ce stratagème. Pour effectuer l’échange,
elle kidnappe la jeune femme. Ses sœurs gardent la
victime prisonnière dans leur donjon souterrain, tout
en gardant le contact avec Leticia par télépathie.
Même si ça leur demande de se retenir, les sorcières
ne tuent pas la jeune femme dans un premier temps.
Leur tâche est de l’interroger. Elle fournit alors les in-
formations qui aideront la sorcière qui a pris sa place
à agir de façon convaincante.
Bien que les meurtres qu’elles ont commis dans
leur ancienne vie aient été rapides, leurs habitudes
ont bien changé entre-temps. Quand le temps et
les circonstances le permettent, la victime est tor-
turée avec délectation. Au lieu de prendre un coup
de massue, un simple bleu fera l’affaire pour atten-
drir la chair (la victime en sera informée). Au lieu
d’un coup de poignard, ce sera une simple coupure,
suivie d’un tout petit prélèvement de sang. Aussi ef-
froyable que cela puisse paraître, tout cela est dans
l’intérêt de la victime. Plus les sorcières retardent sa
mort, plus elle a de chances de s’échapper.
Filles des Ténèbres : tout comme les sorcières
d’autres contrées, les trois sœurs peuvent avoir des
enfants – conséquence de leurs petits jeux avec les
humains. Ravenloft les a cependant rendues moins
fertiles. Elles ne peuvent avoir qu’un seul enfant cha-
cune par décennie, sous les rayons de la pleine lune.
Ce sont tous des filles. Les enfants semblent au pre-
mier abord tout à fait normaux et humains.
Il est dit que la sorcière qui a porté cette créature
possède un instinct maternel au début, et qu’elle est
capable de se battre férocement pour protéger sa
40
progéniture d’un étranger. Ses sœurs ne partagent
que rarement ces instincts. Un nouveau-né est un
délice : on dit que beaucoup de ces enfants de sor-
cière sont dévorés. D’autres enfants de sorcières
peuvent devenir les proies des gobelins et des loups.
La rumeur veut que, malgré tout, certaines aient sur-
vécu, devenant elles-mêmes des sorcières ou des
vieilles femmes.
Une de ces sorcières se terre dans le lac Kronov.
Elle a pris la forme d’un serpent de mer, qui émerge
une fois par an des eaux couvertes de brume pour
dévorer un pêcheur ou deux. Une autre, dit-on, vivait
dans une masure pas très loin du village de Kellee.
Elle aurait attrapé deux jeunes enfants entre ses
griffes, mais n’aurait pas fait preuve de beaucoup
d’intelligence. Après les avoir engraissés elle aurait
été poussée dans le four par ses prisonniers.
Sur d’autres mondes, les sages prétendent qu’une
sorcière peut échanger son propre enfant à naître
avec celui d’une femme humaine en train de dormir.
La mère humaine, lors de l’accouchement, est tuée
par la sorcière qu’elle portait en elle. Même au Te-
pest, il n’y a pas de preuve d’une telle histoire. Mais
il est tout à fait probable qu’une sorcière tepestani
échangerait son nouveau-né avec un enfant humain
– pour sauver sa petite créature des griffes de ses
sœurs (elles se satisferaient de manger un substi-
tut). Imaginez l’horreur qu’éprouverait une mère en
voyant son adorable fille se transformer en une hor-
reur immonde mangeuse de chair, qui n’hésiterait
pas une seconde à dévorer sa propre « famille ».
Compagnons : contrairement aux autres sorcières,
la bande du Tepest n’est pas protégée par des géants
ni ne s’associe à des ogres. Elles sont seules.
Le domaine
L
e Tepest se niche au centre du Cœur de Ravenloft,
dans les Montagnes Balinok. Il ne mesure pas plus
de 65 km de long, constitué de terrain accidenté
et boisé, et de pâturages alpins sur les hauteurs.
Il n’y a que deux routes qui traversent les monts
Balinok. L’une d’elles est la route de Timori qui ser-
pente jusqu’au Tepest. Cette route est indispensable
aux gobelins et aux sorcières leur apportant un flot
continu de sang frais. Des falaises abruptes bordent
la route par endroits, de sombres forêts en d’autres,
dans les ombres desquelles des créatures peuvent
 LES TROIS SORCIÈRES
se dissimuler. La plupart du temps, la route n’est
guère plus large qu’un chariot. Si deux caravanes se
rencontrent dans la montée d’une colline, celle qui
monte doit reculer jusqu’à un tronçon plus large de
la route pour laisser passer l’autre.
La maison : les sorcières vivent dans une grande
et simple maison dans les bois avec un toit pen-
tu en chaume. Il y a deux pièces à l’intérieur avec
une grande cheminée au centre. Un chaudron est
suspendu au-dessus de braises toujours incandes-
centes. Le contenu produit des bulles et de la vapeur.
Selon la légende, ce chaudron pourrait être en fait
un portail menant à un autre domaine de Ravenloft.
Une trappe dissimulée sous un tapis crasseux en
peau de mouton mène à une grotte voisine. Des ob-
jets laissés par les victimes passées sont entassés
dans la caverne – parchemins, objets magiques et
armes (pour la plupart, tout à fait banals), armures,
vêtements, etc. Les peaux de ces victimes sont ac-
crochées au mur.
Affronter les sorcières
L
es sœurs ont un appétit vorace, mais elles se
nourrissent plus pour le plaisir que pour se
sustenter. Chaque sorcière peut dévorer un
adversaire de la taille d’un humain en à peine dix
minutes (dix rounds). Leurs longs doigts agiles se
terminent par des griffes dures comme de l’acier,
avec lesquelles elles peuvent écorcher un cerf en
quelques secondes. Elles sont aussi extrêmement
fortes. Chacune possède une Force de 18/51 ou
plus, ce qui leur permet d’écrabouiller un gobelin
de la main comme si c’était une simple banane trop
mûre.
Avec leurs jambes arquées, les sorcières bossues
ont l’air d’être percluses d’arthrite et quasiment in-
firmes. En vérité, elles sont incroyablement rapides.
Leurs pattes tordues leur permettent de se dandiner
et de déambuler pratiquement à la même vitesse
qu’un cerf (18). Elles peuvent également bondir sur
des rochers, grimper aux arbres, et escalader des fa-
laises facilement.
Chaque sorcière peut imiter la voix de n’importe
quelle créature, mais après 2 tours, il y a 35 % de
chances qu’elle glousse bizarrement. Chacune des
sœurs possède également la capacité naturelle de
modifier sa taille et son apparence comme elle le
41
souhaite. Cela fonctionne comme un sort d’hétéro-
morphisme (et non comme un sort de changement
d’apparence, moins puissant). C’est la capacité
qu’elles utilisent le plus, puisque c’est la base des
tromperies qui leur permettent de prospérer.
Sur un simple coup de tête, l’une d’elles peut
s’amuser à jouer les demoiselles en détresse, en par-
ticulier sur la route de Timori. Lorsqu’une personne
faible ou seule vient à sa rescousse, la sorcière révèle
sa nature et passe à l’attaque. Cette petite ruse lui
procure une source d’amusement en même temps
qu’un repas. Les sorcières sont cependant loin d’être
stupides ; elles ne se montreront pas telles qu’elles
sont à des adversaires puissants ou dangereux. Au
lieu de cela, elles considéreront la situation comme
un défi, et se serviront du déguisement pour attirer
leurs adversaires (ou l’un d’entre eux) dans une po-
sition compromettante et intime.
Toutes les sorcières sont laides mais ces sœurs le
sont particulièrement. Quand elles dévoilent leur vé-
ritable nature à une victime sans méfiance, celle-ci
doit effectuer un test d’horreur. Si elle le réussit, elle
doit ensuite faire un test de peur.
Lancement de sorts : comme toutes les sorcières,
les sœurs peuvent lancer les sorts suivants en
groupe : malédiction, allométamorphose, nécro-ani-
mation, rêve, contrôle du climat, voile illusoire, cage
de force, vision et protection d’esprit. Elles peuvent
les utiliser 2 fois par jour (le double de la normale),
au neuvième niveau.
Ravenloft a accordé aux sœurs d’autres bonus
particuliers : elles peuvent les lancer quel que soit
le lieu où se trouve chacune d’entre elles à l’intérieur
du domaine (dans les autres trios de sorcières, elles
ne doivent pas être distantes les unes des autres de
plus de 3 mètres). De plus, chacune peut lancer à
volonté un des sorts suivants, une fois par round :
nappe de brouillard, bruitage, invisibilité, passage
sans trace, langage des monstres et faiblesse (sur
d’autres mondes, ce second groupe de sorts est nor-
malement réservé uniquement aux sorcières Annis
et aux sorcières des mers).
Télépathie : les sœurs partagent la plupart de leurs
capacités, leur façon de penser étant exactement
la même. En fait, lorsqu’elles le souhaitent, elles
peuvent communiquer entre elles par télépathie.
Elles ne sont pas limitées par la distance, et aucun
 LES TROIS SORCIÈRES
mur de roche ou de toute autre matière ne peut les
affaiblir. Isolée, chaque sorcière est fourbe, mais
avec leurs trois esprits réunis, elles sont mortelles.
Les sœurs ne peuvent pas lire les pensées d’un autre
personnage – seulement les leurs. Les deux sorcières
(ou les trois) impliquées doivent avoir la volonté
d’engager une communication mentale. Durant un
combat, une sorcière ne peut pas communiquer par
télépathie si elle est engagée dans une autre action
qui mobilise son attention, telle que lancer un sort
(ce qui arrive rarement en combat) ou taillader avec
ses griffes.
Capacités spéciales : contrairement aux autres
sorcières, les sœurs se distinguent les unes des
autres principalement par leur apparence. Elles par-
tagent les mêmes sorts et capacités normalement
réservées à un seul des trois types de sorcières
qu’elles représentent. Il y a cependant quelques ex-
ceptions :
• Leticia, la sorcière des mers, peut lancer un sort
de regard mortel jusqu’à 3 fois par jour. Elle peut
choisir sa victime, qui doit se trouver à moins
de 10 mètres. Seul un jet de sauvegarde réussi
contre le poison peut contrecarrer les effets du
regard. Si la victime échoue à son jet de sau-
vegarde, elle a 25 % de chances de mourir de
terreur. Autrement, la victime a 75 % de chances
d’être paralysée pendant 3 jours – ou moins si
Leticia décide de la dévorer avant.
• Laveeda, la sorcière Annis, peut sentir la chair
fraîche à 800 mètres à la ronde – jusqu’à 1,6
km si le vent est favorable. Si elle a déjà été
en contact avec la personne dont elle détecte
l’odeur, elle peut même l’identifier. De plus, elle
a un sens de l’ouïe extrêmement développé.
Grâce à tout ça, elle ne peut jamais être surprise
(contrairement aux autres sorcières Annis).
Quand des ennuis se préparent, Laveeda est
toujours sur ses gardes.
Elle est également particulièrement efficace en
combat de mêlée. Si elle réussit 3 attaques en un
seul round, elle parvient à attraper un adversaire.
Elle se met ensuite à le déchirer avec ses griffes et
à le mâchouiller de bon cœur. Une fois la victime
attrapée, tous les coups suivants réussissent.
• Lorinda, la sorcière verte, peut se déplacer dans
la forêt de manière absolument silencieuse. Si
42
elle attaque quelqu’un dans les bois, la cible su-
bit une pénalité de -5 à ses jets de surprise. Elle
est la traqueuse au sein du groupe.
Stratégie : les sorcières n’engageront pas volon-
tairement le combat si les chances sont contre elles.
Au lieu de cela, elles utiliseront leurs sorts et leurs
tromperies pour placer leurs victimes en position de
vulnérabilité. Quand un combat direct a lieu, elles
utilisent toutes les armes dont elles disposent, même
des hachettes ou des hachoirs si nécessaire. Grâce à
leur Force exceptionnelle, elles ont un bonus de +3 à
leurs jets d’attaque et +7 aux dégâts.
Objets magiques : les sœurs fabriquent des
joyaux magiques spéciaux, les « yeux de sorcière ».
Ces pierres précieuses semblent avoir peu de valeur
(20 po ou moins), mais à travers elles, les sorcières
peuvent voir ce vers quoi la gemme est dirigée. Elles
peuvent les placer n’importe où – par exemple, dans
une broche qui sera offerte en cadeau ou récupérée
par un humain, ou simplement enfichée dans le bois
de l’âtre de leur maison. Détruire un des yeux de
sorcière en leur présence leur inflige 1d10 points de
dégâts à chacune, et une des trois sorcières perdra
la vue durant un jour (mais pas l’infravision).
Si une gemme est de plus grande valeur, les sor-
cières peuvent créer un œil de sorcière amélioré.
Cela leur permet de jeter des sorts contre quiconque
peut être vu à travers l’œil – celui-ci servant de re-
lais à la magie. Si quelqu’un manipule une de ces
gemmes, il commencera à souffrir de difformité
1d10 tours plus tard – il se mettra à ressembler à
une sorcière. Son nez gonflera, sa peau suintera et
se couvrira de cloques, et ainsi de suite. Les PNJ
le suspecteront sûrement d’avoir attrapé une mala-
die infectieuse et l’éviteront « comme la peste ». Les
difformités disparaîtront graduellement après que le
malade ait quitté Tepest.
Faiblesses : Les sœurs n’ont que quelques points
faibles. La laideur en fait partie. Quand elles se
contemplent dans un miroir – même si elles ont
pris une apparence différente et agréable – le mi-
roir se fend. Les sorcières détestent la lumière du
soleil, du fait qu’elles ne peuvent utiliser leur capaci-
té à changer d’apparence quand elles y sont expo-
sées. Le soleil direct leur est douloureux, même s’il
ne leur inflige qu’un seul point de dégâts par tour.
Les sorcières n’apparaissent généralement qu’en fin
d’après-midi ou la nuit pour cette raison.
 LES TROIS SORCIÈRES
Les sœurs sont arrogantes et, comme beaucoup chaudron spécial est situé dans les bois, pas très loin
de seigneurs, sous-estiment l’intelligence de leurs de la maison des sorcières. Si une sorcière ne peut
adversaires. C’est peut-être pour cela qu’elles ap- pas être reconstituée de cette façon, un de ses en-
précient les jeux d’énigmes. Elles ne résistent que fants prendra probablement sa place.
rarement au défi d’en faire un. Si une victime hurle
une énigme intelligente avant que la sorcière n’at-
taque, il y a une chance élevée pour qu’elle s’arrête,
Leticia, la sorcière des mers
se risque à répondre quelque chose et propose une Classe d’armure 2 For 19
autre énigme en réponse à l’adversaire. En théorie, Déplacement 18 Dex 16
cela peut durer jusqu’à ce que celui-ci se trompe de Natation 15
réponse (et soit alors mangé). Niveau/Dés de vie 5 Con 17
Les sorcières peuvent proposer virtuellement toute Points de vie 39 Int 12
énigme mais voici quelques unes de leurs favorites :
TAC0 15 Sag 13
1) qu’est-ce qui marche à quatre pattes quand il Nb Att 2 Cha 3
est jeune, sur deux pattes quand il est adulte et sur
trois une fois la vieillesse venue ? (un homme ; la Dégâts/attaque : 1d4+6/2d4+2
troisième jambe étant une canne) ; 2) Miroir bleuté Attaques spéciales : voir la description
de l’âme de minuit, parfois diminué de moitié mais Défenses spéciales : voir la description
toujours entier. (la lune) ; 3) De frères et de sœurs Résistance magique : 50 %
je n’ai point, pourtant le père de cet homme est le
fils de mon père (il s’agit du conteur de l’énigme lui- Laveeda, la sorcière Annis
même, un fils unique avec un seul enfant). Quand on
Classe d’armure 0 For 19
lui renvoie une énigme, la sorcière ne donne jamais
une réponse dont elle n’est pas absolument certaine, Déplacement 18 Dex 16
et préférera rester muette jusqu’à ce qu’elle en trouve Niveau/Dés de vie 7+7 Con 17
une autre. Si elle donne une mauvaise réponse, elle Points de vie 78 Int 14
ne l’admet pas, et le match continue jusqu’à ce TAC0 13 Sag 15
qu’elle en perde plusieurs autres et se mette à en- Nb Att 3 Cha 3
rager (donner des énigmes difficiles est aussi dan-
gereux que de n’en donner aucune). Si l’adversaire Dégâts/attaque : 1d8+8/1d8+8/2d4+1
est intelligent et chanceux, la bataille se poursuit Attaques spéciales : voir la description
jusqu’au lever du soleil. La sorcière s’éloigne alors Défenses spéciales : voir la description
pour fuir la lumière du soleil. Résistance magique : 20 %
Pour un étranger ou un nouvel adversaire, les
chances que cette bataille d’énigmes se produise est Lorinda, la sorcière verte
de 75 %. Mais si la sorcière connaît déjà sa victime Classe d’armure -2 For 18/51
et que celle-ci a subi des problèmes à cause d’elle
Déplacement 18 Dex 16
pendant un certain temps, cette probabilité baisse
Natation 12
fortement. Et même si la sorcière est d’accord, elle
finira probablement par le manger quoi qu’il arrive. Niveau/Dés de vie 9 Con 16
Points de vie 81 Int 14
Détruire les sorcières : les sorcières du Tepest au-
TAC0 11 Sag 18
ront l’air mortes si leurs points de vie sont réduits
à zéro. Si l’une d’elles survit, elle pourra sûrement Nb Att 2 Cha 3
recréer les autres. En plaçant n’importe quel frag- Dégâts/attaque : 1d2+6/1d2+6
ment ou particule du corps de ses sœurs dans leur Attaques spéciales : voir la description
chaudron de régénération (se mélangeant à d’autres Défenses spéciales : voir la description
ingrédients ignobles et visqueux), une sorcière peut Résistance magique : 35 %
reconstituer ses sœurs perdues en une journée. Ce

43
 LE CAVALIER SANS TÊTE
D
’Aerie à Kantora, personne n’est à l’abri
du Cavalier sans Tête. Lorsque la lune
prend la silhouette de la faucille de la
N
Mort, il hante les chemins du Cœur de
Ravenloft, décapitant tous ceux qui, par
leurs pas, l’appellent.
Personne ne peut lui échapper. Fen-
dant les ténèbres avec fracas, le Cava-
lier rattrape le coursier le plus rapide, et
laisse dans son sillage sa proie se vider
de son sang. Lorsque le cœur cesse de
battre, ses battements sont repris par les
sabots du Cavalier sans Tête qui disparaît
comme toujours dans la nuit.
Historique
L
es domaines hantés par le Cavalier
sans Tête ont tous une histoire diffé-
rente à propos de ses origines. En
Falkovnie, il est dit que cet esprit fut la victime des
hommes de Drakov, qui le décapitèrent à tort. En
Barovie, on raconte qu’il se coupa lui-même la tête
plutôt que de devenir la proie d’un des serviteurs de
Strahd, qui l’aurait ensuite rapportée à son Maître.
À Borca, les gens ont une histoire très particulière à
ce propos et sont certains de sa véracité. Les Borcains
racontent que le Cavalier était autrefois un barde qui
eut le malheur de rencontrer Ivana Boristi, la Dame de
Borca. Ivana l’invita à venir dans ses bains privés (une
offre qu’il ne pouvait refuser). Malheureusement, elle
était d’humeur changeante et il échoua à la divertir.
Inspirée par la lune en forme de faucille, elle le fit dé-
capiter, puis se baigna dans son sang.
Le corps sans tête, ainsi que le narre l’histoire, fut
jeté dans la rivière toute proche de Levkarest (per-
sonne ne sait ce qu’Ivana fit de la tête). Le corps
dériva vers l’aval jusqu’à proximité de la route de
Sturben, où il s’échoua sous un pont. Une nuit où
la lune prenait la forme d’une faucille, le corps se
releva. Les Sombres Puissances de Ravenloft lui ac-
cordèrent un destrier fantomatique et une lame en
forme de croissant. Depuis, le Cavalier écume la ré-
gion pour trancher le cou des malheureux voyageurs.
44
Le domaine
’importe quelle route de Ravenloft appartient au
domaine du Cavalier sans Tête ; Ravenloft su-
perpose alors momentanément sa route à une
autre (on dit même qu’il est apparu dans d’autres
royaumes, comme celui d’Ansalonie). Comme les
autres seigneurs, le Cavalier est prisonnier de son
domaine ; il ne pourra jamais quitter la route. Ra-
venloft lui accorde la liberté d’apparaître à l’intérieur
des limites des autres domaines, mais en contrepar-
tie les Sombres Puissances lui imposent de sévères
restrictions. Son existence monotone se limite à che-
vaucher ; il ne peut rien faire d’autre.
Quand et comment le domaine du Cavalier appa-
raît reste un mystère, on sait juste qu’il surgit une
nuit de lune de la faucille. Il peut frapper n’importe
où, mais le plus souvent cela se passe sur un bout
de route solitaire, s’attaquant à un petit groupe ou
même à une seule malheureuse proie. Une personne
seule n’a que très peu de chance de survivre à cette
horreur terrifiante, mais quelques-unes, protégées
par un groupe, ont pu y arriver, et raconter ce qui
s’est passé.
Affronter le Cavalier sans Tête
Le Cavalier sans Tête, Chaotique Mauvais
Classe d’armure 0 For 18/00
Déplacement 24 Dex 17
Niveau/Dés de vie 8 Con 17
Points de vie 40 Int 9
TAC0 13 Sag 8
Nb Att 3 Cha 5
Dégâts/attaque : 1d4+7
Attaques spéciales : faucille
Défenses spéciales : immunisé contre les sorts ; voir
la description
Résistance magique : 100 %
Avant l’arrivée du cavalier, la nuit devient noire et
silencieuse. Les nuages obscurcissent la lune, ne
laissant qu’un mince halo bleuté qui en suggère la
forme. La brume recouvre les environs. Puis, un
faible grondement monte en arrière sur la route,
LE CAVALIER SANS TÊTE

45
 LE CAVALIER SANS TÊTE
comme une tempête qui s’abat sur la région d’où
viennent les voyageurs.
Le grondement devient tonnerre, comme si tout
un régiment de cavalerie lancé au galop approchait.
Pourtant ce n’est le bruit que d’un seul cavalier.
D’abord apparaissant puis disparaissant comme une
pulsation dans la brume, un destrier singulier émerge
enfin du voile, immense cheval noir aux yeux fous
blanchâtres, dont les sabots font jaillir des flammes
lorsqu’ils frappent le sol. Ses grandes narines d’ébène
exhalent des bouffées de fumée. Ses dents se dé-
voilent dans un grand rictus, ses babines tirées en ar-
rière par les mouvements et les secousses des rênes.
Le cavalier est un homme de grande taille, vêtu
de noir et d’argent. Son manteau à haut col flotte
derrière lui. Ses bottes couleur d’ébène brillent ; ses
éperons et ses étriers sont d’argent éclatant. Il tient
les rênes de la main gauche, qu’il tire haut et fort. Sa
main droite, levée au-dessus de sa tête, brandit une
immense faucille étincelante.
Le cavalier n’a pas de tête. Il surgit dans un ga-
lop infernal, balançant sa lame comme un pendule
– une fois, puis deux et enfin une troisième fois sur la
tête de ses victimes. Il n’a qu’un seul but : la décapi-
tation, et il faut beaucoup d’acharnement pour éviter
son attaque et espérer s’en sortir avec de moindres
blessures. S’il rate son attaque d’un seul point, il in-
fligera un scalp ou une entaille profonde à la gorge
(1d10 points de dégâts) ; de 2 points, un coup à la
tête (1d6 points de dégâts, 1d4 si la victime porte
un casque) ; de 3 points, une balafre au visage (1d4
points de dégâts). S’il la manque de plus de 4 points,
la faucille ne fait que passer en sifflant au-dessus de
sa cible.
Il n’y a aucun moyen de ralentir l’allure du Cavalier.
Il est immunisé contre la paralysie, le ralentissement,
le charme, etc. Il ne peut pas être repoussé. Il dispa-
raît dans la pénombre aussi vite qu’il a surgi. Dans
son sillage, si sa lame a rencontré sa cible, il ne reste
plus qu’un cadavre tressautant à côté de sa tête.
Pendant un certain temps, on n’entend quasiment
plus rien. La nuit étouffe tous les sons à l’excep-
tion du souffle rapide et des battements de cœur de
ceux qu’il a épargnés. Le répit n’est cependant que
de courte durée. Peu de temps après, le silence est
rompu. Le cavalier n’est pas venu seul.
46
Les premiers à suivre
U
ne foule approche, ou du moins c’est ce qu’il
semble, en provenance des Brumes qui ont
amené le cavalier. Les personnages ne voient
d’abord rien – ils entendent seulement des rires et des
gloussements hystériques. Comme les voyageurs le
découvrent rapidement, il ne s’agit pas d’une foule
ordinaire. Ce sont une douzaine de têtes (1d6+6)
flottant, rebondissant et roulant sur la route, se tour-
nant par ci par là, révélant leurs rictus railleurs, leurs
cous ensanglantés, et leurs cheveux sales et emmê-
lés. Ces têtes sont le sort réservé aux victimes du
cavalier. Contrairement au cavalier, ces têtes désin-
carnées ne passeront pas leur chemin pour savourer
leur attaque.
Les têtes se jettent violemment sur leurs malheu-
reuses victimes, se cognant le front et faisant claquer
leurs mâchoires. Lorsqu’un morceau de chair tendre
se présente, elles s’accrochent, en particulier au cou,
aux joues ou aux lèvres (infligeant 1 point de dégâts
par round ; dégâts automatiques en cas d’attaque
réussie). Les dents s’accrochent fermement, comme
des barbillons, et si la tête est tirée en arrière, la chair
et les vêtements de la victime sont arrachés avec
(1d3+1 points de dégâts). Seule la destruction peut
venir à bout de ces créatures railleuses et avides de
sang, le moral ne s’applique pas. Après au moins
6 rounds de combat, cependant, elles finissent par
partir (elles attaquent pendant au moins 3 rounds,
avec 50 % de chances de continuer pendant les 3
suivants). Puis les têtes disparaissent dans le sillage
du Cavalier englouties par les Brumes. De nouveau,
ne règnent plus que le silence et les ténèbres.
Têtes (2-20) : Int Faible ; CA 3 ; DE flottant 24 (B) ;
DV 2+2 ; pv 10 ; TAC0 19 ; #AT 1 ; D spécial ; RM
Aucune ; Taille Mi ; Mo Aucun ; XP 65 ; AL CM
Les derniers à venir
L
e silence (et la sécurité) sur la route du Cava-
lier ne dure qu’un instant. La troisième vague
approche du halo gris d’où sont sorties les pré-
cédentes horreurs. Voici une nouvelle foule, mais
plus petite cette fois. D’abord, seul le bruit de leurs
sifflements et gémissements émane des Brumes.
 LE CAVALIER SANS TÊTE
Puis cinq paires d’yeux rougeoyants apparaissent Les méduses et le maedar ne sont pas stupides
dans le brouillard, deux paires surplombant les trois et n’ont pas la même soif de sang que la première
autres. Elles glissent en avant à une vitesse qu’au- vague. Si la défaite se profile, ils fuiront dans le
cun homme ne peut atteindre à pieds (18). Puis ce brouillard en sifflant et gémissant.
qui entoure les yeux devient tangible : les têtes de 4
méduses, et celle d’un maedar, compagnon huma- Note pour le MD : la troisième vague d’horreurs est
noïde des méduses. facultative ; servez-vous en avec des groupes de ni-
veaux moyens à élevés qui s’en sont bien sorti du-
Les têtes de méduses – ces femmes à la peau
rant les deux premières vagues..
verte, et dont les cheveux sont un nid de serpents
grouillants – tentent d’immobiliser leurs victimes sur
Têtes de méduses (4) : Int Haute (11) ; CA 5 ; DE
place. Leurs pouvoirs ont changé par rapport à ceux
volant 15 (C) ; DV 4 ; pv 20 ; TAC0 17 ; #AT 1-4 ; D
des méduses décapitées dont elles proviennent. Par
1d10 ; RM 20 %; Taille Mi ; Mo 14 ; XP 650 ; AL CM
contre, ils n’ont pas l’air d’être affaiblis par la décom-
position.
Tête de maedar (1) : Int Haute (11) ; CA 5 ; DE
Quand on le croise, leur regard peut paralyser, mais flottant 15 (C) ; DV 4 ; pv 20 ; TAC0 17 ; #AT 1 ; D
il ne peut plus pétrifier. Les serpents autour de leur 1d4 ; RM 20 % ; Taille Mi ; Mo 14 ; XP 420 ; AL LM
tête restent venimeux – mais plus autant que d’ha-
bitude. La tête doit être à moins de 30 cm pour que
les tresses puissent attaquer, mais la créature peut
La Route Sinueuse

O
facilement frapper jusqu’à 4 fois (1d4) par round,
n pourrait se demander pourquoi les proies du
infligeant 1d10 points de dégâts par attaque. À la fin
Cavalier ne fuient pas simplement par la route,
de chaque round de combat, une victime mordue
tout bonnement parce qu’en général cela ne sert
doit réussir un jet de sauvegarde contre le poison,
à rien. La rumeur dit que cette route est parsemée de
sinon elle tombe inconsciente au sol, manifestement
gouffres qui peuvent engloutir quelqu’un jusqu’à la
morte. Si elle échoue à un second jet de sauvegarde
ceinture en 2 rounds, s’il tente de fuir. Pire encore, la
contre le poison, elle meurt. Toute personne qui la
route peut se détourner pour suivre ses victimes, se
touche doit aussi réussir un jet de sauvegarde contre
ramifiant au besoin, et se servant de leurs traces de
le poison ou tomber dans l’inconscience pendant
pas pour se guider.
1d4 rounds.
Toute trace de pied (ou de main) laisse une em-
Le maedar est un mâle humanoïde musculeux,
preinte sur le sol que la route elle-même peut suivre.
compagnon d’une méduse. Il s’agit d’une créature
Comme une odeur flairée par un limier, chaque
relativement rare en provenance des Royaumes Ou-
contact de la victime avec la route modèle celle-ci.
bliés (ce qui conforte la théorie selon laquelle le Ca-
La seule façon d’éviter d’être poursuivi sur ces routes
valier peut quitter brièvement Ravenloft). Il ne reste
est de voler ou léviter, ou de sauter par des moyens
de lui qu’une tête chauve et un cou musclé. La peau
magiques. Même dans ce cas, la route tente de s’ac-
du maedar est grise.
crocher au personnage, sa force s’élevant pour ra-
Le maedar gémit durant tout le combat, s’arrêtant mener lentement sa victime en train de se débattre
seulement de temps en temps pour pousser un petit jusqu’au sol (50 % de chance). Pendant ce temps, la
ricanement guttural qui ponctue les sifflements de route continue à suivre les mouvements de sa vic-
la méduse. La pétrification et la paralysie (y com- time.
pris les sorts apparentés paralysie et ralentissement)
Bien que le Cavalier ne puisse pas atteindre un
n’ont aucun effet sur la créature. De son vivant, elle
personnage en vol, les têtes ne sont pas cantonnées
avait la capacité de transformer la pierre en chair.
à la surface de la route. Elles peuvent voler et suivre
Ravenloft a remplacé ce pouvoir par un autre : le
leurs cibles dans les airs.
maedar peut lancer n’importe quel sort que les PJ
ont lancé contre le Cavalier ou contre les têtes rica-
nantes de la deuxième vague.

47
 LA MAISON DES LAMENTATIONS
T
ous les seigneurs de Ravenloft ne sont pas
de chair et de sang. En voici un qui est une
entité dont les os sont de bois et de pierre.
Ses yeux sont en verre, mais ils n’en voient
pas moins. Son souffle n’est que du vent,
mais il n’en est pas moins vivant. C’est la
Maison des Lamentations, un refuge où
nombreux seront les bienvenus mais dont
peu pourront réchapper.
Historique
L
a Maison n’a pas toujours été ainsi. Des
siècles auparavant, il n’y avait qu’une
tour de pierre, appartenant au château
du Seigneur Dranzorg. Dranzorg lui-même
s’entourait de criminels et de malandrins,
certains lui étant fanatiquement loyaux,
mais la plupart ne l’étant qu’à la hauteur
de sa bourse. De tels hommes, enclins au chaos et
au meurtre, ne mènent pas grand train en temps de
paix. Dranzorg en avait parfaitement conscience.
Pour occuper leurs talents et conforter son propre
pouvoir, il les envoyait dans les terres alentours, où
ils se livraient au pillage, au saccage et au meurtre.
Le souverain de cette terre ensanglantée, le Sei-
gneur Silva, était âgé et las de la guerre. Son fils aîné
était mort au cours d’une bataille, et son armée était
épuisée. Il ne restait à Silva qu’une fille, une pâle
beauté aux cheveux cuivrés, répondant au nom de
Mara. Elle était amoureuse d’un officier de la garde
de son père mais elle ne lui était pas destinée et
seule sa servante était dans la confidence. Le vieux
roi offrit la main de Mara à Dranzorg. En échange de
ce mariage, Silva exigeait la fin des maraudes des
hommes de Dranzorg et une paix durable entre leurs
deux royaumes.
Dranzorg accepta. Il n’avait en fait aucune inten-
tion de se conformer à un quelconque traité. Au lieu
de cela, ses hommes attaquèrent le convoi escor-
tant Mara jusque sur ses terres. Ils tabassèrent son
chaperon et enlevèrent la jeune femme terrifiée.
Dranzorg envoya un message au père de Mara
l’informant qu’elle n’était jamais arrivée jusqu’à lui
Et que Silva, déclara-t-il, allait être châtié pour cette
traîtrise. Les combats allaient se poursuivre jusqu’à
ce que le sang de Silva lui-même se tarisse.
48
Silva envoya des espions au château de Dranzorg
dans une tentative pour sauver sa fille. Le bien-aimé
de Mara était parmi ceux-ci. Les espions furent tués
avant même d’avoir atteint le donjon. Et même s’ils
y étaient parvenus, ils n’auraient pas pu la trouver,
en effet Mara ne devait plus jamais être revue parmi
les vivants.
Lorsque les hommes de Dranzorg amenèrent Mara
au château, il l’enferma dans son donjon pour la nuit,
à dormir parmi les rats. Puis il appela ses tailleurs de
pierre et ses maçons et leur déclara que la tour et le
mur adjacent tout au nord devaient être renforcés.
Durant toute la nuit, Mara les entendit travailler en
grognant dans la pièce au-dessus d’elle, les mar-
teaux frappant et les truelles raclant sans répit.
Quand les premières lueurs de l’aube apparurent
au-dessus sur l’horizon, Dranzorg fit sortir Mara de sa
prison. Ses hommes l’amenèrent dans sa chambre.
« Savais-tu », lui demanda-t-il, « qu’une offrande doit
être faite aux dieux pour fortifier un donjon ? ». Dans
ce pays, la coutume veut que l’on emmure un chat
ou un cerf dans les murs d’un château lors de sa
construction, afin de les renforcer et de lui appor-
ter bonne fortune. Mara ne connaissait que trop bien
cette coutume. Elle ne répondit rien, comprenant ce
que le Seigneur Dranzorg avait en tête.
Sous les yeux de Dranzorg, ses hommes traînèrent
Mara jusqu’au pied de la tour, où le mur avait été
épaissi de l’intérieur. Une petite alcôve avec un banc
y avait été aménagée, taillée dans l’ancien mur, l’ou-
verture affleurant le nouveau mur.
Avec bravoure, Mara maudit Dranzorg et ses
hommes et proclama que son père verrait sa mort
vengée. Dranzorg s’en amusa. Il donna l’ordre qu’on
lui pique le doigt avec un sédatif afin qu’elle ne per-
turbe pas la fin du travail de maçonnerie. Quand elle
s’évanouit, ses hommes déposèrent son corps sur
le banc de l’alcôve avant de sceller le mur. Mara fut
emmurée vivante.
À la tombée de la nuit, ses hurlements retentirent
dans tout le château. Ils continuèrent durant toute
la nuit, et pendant les jours et les nuits qui suivirent.
Chaque jour, les hommes du château s’en plai-
gnaient à Dranzorg, lui disant ne plus pouvoir sup-
porter ce bruit contre-nature, alors que cette femme
aurait dû mourir en moins d’une journée. Dranzorg
LA MAISON DES LAMENTATIONS

49
 LA MAISON DES LAMENTATIONS
finit par l’admettre. Il ouvrit lui-même le tombeau.
Les cris se turent. Plus personne ne subsistait à l’in- Situation actuelle
térieur.

Cette nuit-là, alors que Dranzorg et ses hommes
somnolaient, les membres de la garde entendirent
une femme chanter dans la tour. Ils suivirent la voix
dans les escaliers en colimaçon, montant tous les
étages, sans pouvoir en trouver l’origine. Le lende-
main matin, ils furent retrouvés au pied de la tour,
leurs corps brisés et mutilés par leur chute depuis le
sommet.
Chaque nuit qui suivit, le même sort s’abattit sur un
des hommes. Les hommes de Dranzorg mouraient
les uns après les autres, semblait-il de leur propre
main ou victimes de leur propre folie. Le seigneur
Dranzorg commença à perdre la raison. Des mois,
plus tard, restant seul dans son château, il entendit
la voix d’une femme l’appeler par son nom. Avec
douceur, elle l’incita à venir à elle. « Je suis si seule »,
l’entendit-il dire. Il suivit la voix jusqu’à la tour. Elle
le conduisit jusqu’au tombeau ouvert dans le mur. Il
rampa jusqu’au banc et mourut.
Aujourd’hui, le château a disparu. Sa tour s’est
dressée durant 300 ans, défiant les intempéries et la
ruine, seule rescapée sur ces terres longtemps après
que le château soit tombé en poussière et disper-
sé par les vents. Admirant sa force et sa position,
un marchand fit construire une grande maison atte-
nante. Le marchand y emménagea avec toute sa fa-
mille. Ils moururent les uns après les autres, comme
le Seigneur et ses hommes avant eux, et comme
tous ceux qui viendraient et périraient dans cette
maison après eux.
Sans doute l’esprit de Mara finit-il par ne faire plus
qu’un avec la maison, passant de tourmenté à tour-
menteur, jusqu’à ce que chaque poutre et chaque
pierre de la structure devienne le mal incarné. Ou
peut-être que Mara se trouve encore entre ces murs,
seule et emplie de chagrin, et que la maison, pour
la consoler, encourage les vivants à la rejoindre. Car
dans de nombreux pays, on dit que seuls le sang
frais et la chair des vivants peuvent apaiser la froide
misère des morts.
L
a Maison des Lamentations et le sol constituent
leur propre domaine insulaire dans Ravenloft. Il
y règne un automne tardif perpétuel. L’atmos-
phère y est humide et froide, glaçant les os et rai-
dissant les articulations. Le jour, le ciel est lourd et
sombre. La nuit, les nuages s’amoncellent en per-
manence, se muant en une tempête noire dont le
vent violent hurle dans les cheminées, tandis que la
pluie martèle les murs et le toit, et que le tonnerre fait
vibrer les vitres.
Un haut et épais mur de pierre marque les limites
de la maison. Un fossé empli d’une eau noire sau-
mâtre et de feuilles en décomposition ceint le mur
à l’intérieur. Au-delà, se trouve une petite cour dans
laquelle des chênes noirs dépourvus de feuilles
montent la garde sur un terrain enchevêtré. La pe-
louse est envahie de longues tiges tordues, comme
celles d’un rosier sauvage ou de ronces. Les feuilles
mortes sont prises dans les branchages, bruissant
sous l’effet du vent qui tente de les en détacher.
Bien que le jardin et les arbres soient dénudés, ce
serait une erreur de penser qu’ils sont morts. Des
survivants ont pu remarquer que les vignes sem-
blaient se mouvoir dès qu’ils avaient le dos tourné
et que les arbres se balançant au gré du vent se ten-
daient vers eux de manière hostile. Évidemment tout
ceci ne pourrait être que le fruit de l’imagination.
On peut voir la maison depuis le jardin. Elle a été
construite en pierres de taille, une tour ronde est
accolée à un de ses angles. De sombres et hautes
fenêtres au premier étage surplombent le terrain en
contrebas. Des lichens gris couvrent toute la surface
de ses murs, occasionnant de minuscules fissures
dans la pierre.
La lourde porte en chêne de la maison s’ouvre
parfois, sans raison, pour inviter ses hôtes à entrer.
Au-delà de cette porte se trouve un vestibule à deux
niveaux. Un lustre de 3 mètres de diamètre est sus-
pendu au plafond. Un escalier noir en colimaçon
avec une rampe massive monte au premier étage.
Solides, les sections de l’axe de l’escalier sont sculp-
tées en forme de nymphes des bois aux visages
hideux. Près du plafond, sur le mur extérieur, une
haute et étroite fenêtre de style gothique aux vitres

50
 LA MAISON DES LAMENTATIONS
rougeâtres laisse entrer une lumière pourpre dans la
pièce.
La maison entière provoque une sensation de pe-
santeur. Les planchers de chêne avec le temps sont
devenus pratiquement noirs, les plafonds égale-
ment. D’épais tapis sont dispersés ici et là sur le sol,
la plupart sont d’un rouge sombre. Le mobilier est
noir et massif. Les murs sont couverts de lourdes
tapisseries dépeignant la conquête et la mort.
Au rez-de-chaussée, plusieurs pièces n’ont au-
cune fenêtre donnant sur l’extérieur, elles sont aussi
noires que le fond d’un puits. Dans les pièces péri-
phériques, chaque fenêtre a une structure particu-
lière. Une grande et étroite arche se découpe dans le
mur, avec une petite corniche à sa base. Le sommet
de la fenêtre se trouve 5 mètres plus haut, près du
plafond de la pièce. Le verre est monté dans l’arche
à un peu plus de 2 mètres du sol, ce qui le rend dif-
ficile à atteindre. Au sommet de l’arche, le verre est
teinté en rouge ; le restant est gris.
L’agencement des pièces au rez-de chaussée rap-
pelle des anneaux concentriques, avec un petit par-
loir au centre. Quand le feu de cette pièce est allumé,
et que les appliques au mur le sont aussi, le parloir
devient alors une des seules pièces confortables de
la maison, à condition de supporter les légers cra-
quements et gémissements du plafond, un mal dont
souffrent bien des vieilles demeures.
À l’étage, les pièces sont disposées de part et
d’autre de longs couloirs, où les pas résonnent. Les
meubles ont été couverts de draps qui se sont char-
gés de poussière avec le temps. Ici aussi, les fenêtres
profondément enchâssées dans les murs ne laissent
passer que très peu de lumière. Durant les heures
matinales, l’atmosphère de ces pièces est morne,
et lorsque la lumière décroît, les recoins des plus
grandes sont entièrement avalés par les ombres.
Affronter la Maison
L
a Maison des Lamentations est une entité ma-
léfique, l’esprit qui fut autrefois Mara n’en est
qu’une composante. L’origine de tout ceci n’est
pas complètement éclaircie, mais des sages ont
émis l’avis que ces lieux ont toujours été un point
de convergence du mal et de la malveillance, déjà
51
à l’époque où Dranzorg construisit son château. Ces
forces maléfiques n’ont pas d’autre but que d’influer
sur l’humeur des occupants. L’assimilation de Mara
n’a été que le catalyseur qui leur a permis de se dé-
velopper. À l’heure actuelle, le mal n’a qu’un seul
objectif : absorber les esprits dans ses murs, afin de
rompre la solitude de Mara.
En général, quelques visiteurs de passage devien-
dront les hôtes bien malgré eux de la maison. Ils
découvriront rapidement son esprit maléfique à me-
sure qu’elle s’ingénie à épuiser leurs forces et leurs
nerfs, choisissant éventuellement qui parmi eux sera
absorbé. Pour commencer, les phénomènes dans
la maison ont des explications rationnelles – le vent
soufflant dans la cheminée produisant un gémisse-
ment sourd, des branches fouettant les fenêtres, un
courant d’air passant par une porte créant un refroi-
dissement.
Mais peu à peu, la maison finit par révéler sa nature
vivace ; le vent murmurant dans les anfractuosités
des murs et dans les cheminées se mue en un lent
rythme d’inspiration et d’expiration, alors que la mai-
son se met à respirer. Une pulsation lointaine se fait
entendre, une sorte d’écho, comme les battements
étouffés d’un cœur. Le hurlement d’une femme re-
tentit dans une pièce ; quand la porte est ouverte, le
hurlement cesse aussitôt. Les portes s’ouvrent et se
ferment toutes seules, les serrures claquent contre
les dormants. Une applique s’allume toute seule et
s’éteint tout aussi rapidement. Les lattes du plancher
grincent comme si quelqu’un marchait dessus, mais
la poussière ne bouge pas. Les hurlements d’une
femme résonnent dans la tour.
Avec le temps, le phénomène devient de plus en
plus dangereux et inquiétant. Un personnage ne voit
pas son reflet dans un miroir, ou aperçoit Mara à la
place. Un nœud coulant apparaît, se balançant de-
puis le lustre. Un endroit devient tellement froid qu’il
peut causer des dommages. Une brume s’élève des
 LA MAISON DES LAMENTATIONS
planches du parquet, endormant ceux qui passent
par là. Le plafond d’une des chambres à coucher
s’anime et se couvre d’asticots qui pleuvent sur
les personnages en-dessous. Certains d’entre eux
peuvent être des vers putrides (au choix du MD).
La maison se met aussi à « parler » à ses prison-
niers, via des messages de sang. Les mots sanguino-
lents dégoulinent le long du mur, clamant « Mara est
seule ». Désormais la maison peut désigner le nom
de sa victime favorite. Si, par exemple, le guerrier
Roderick devient le personnage désigné, les mes-
sages deviendront « Roderick sera bientôt chez lui »
et « Roderick doit mourir ».
La nuit, un fantôme invisible frappe aux portes,
les unes après les autres, jusqu’à ce qu’il arrive à
la pièce occupée par les visiteurs. La porte est se-
couée par la puissance des coups. Toute personne
assez stupide pour ouvrir la porte sent une vague de
puanteur la submerger, la faisant tomber au sol. La
victime semble morte pendant 1d4 tours aux yeux
de son entourage, même si elle ne l’est pas, sauf si
les 2d10+4 points de dégâts qui vont avec suffisent
à la tuer.
Les personnages doivent réussir un jet de sauve-
garde contre les sorts pour rester éveillés toute la
nuit, lançant un nouveau dé à chaque heure jusqu’à
ce qu’ils s’endorment. Une fois qu’ils sont endormis,
la maison a toute latitude pour influencer leurs rêves.
Les amis du personnage élu rêvent que celui-ci se
pend (et bien sûr, plus tard, le nœud coulant appa-
raît, accroché au lustre). Le personnage désigné par
la maison rêve de Mara elle-même – apprenant son
histoire au fur et à mesure. Si tous les autres person-
nages autour de lui dorment, et qu’il n’est pas sur-
veillé, il se réveille dans la tour, complètement seul.
La victime désignée se met à vieillir durant la nuit,
ses cheveux blanchissant, sa peau devenant pâle et
ridée. Ces effets se dissiperont plus tard si elle réus-
sit à s’échapper de la maison. Ce qui est tout sauf
simple. La maison exige une victime avant de laisser
qui que ce soit partir. Les portes refusent de s’ouvrir ;
les fenêtres sont impossibles à casser. Il paraît qu’un
portail existe quelque part dans la maison, mais per-
sonne ne sait où.
Quasiment chaque bout de bois de la maison peut
être invoqué pour servir à accomplir le dessein de la
maison (la plupart du temps, une manœuvre ne sert
52
qu’une seule fois). Les escaliers se déforment et se
tordent. Un plancher s’ouvre sur une gueule géante
laissant s’échapper d’horribles créatures du Plan Ma-
tériel Négatif.
En dehors du salon au centre du rez-de-chaussée,
la maison a un contrôle total sur ses propres sources
de lumière, et 50 % de chances de réussir à éteindre
les sources de lumière créées par les personnages.
Alors qu’il tâtonne dans le noir, un personnage pour-
ra sentir la main d’un de ses compagnons lui tapoter
l’épaule ou agripper son bras, pour se rendre compte
plus tard que personne ne l’a fait et que c’est la mai-
son elle-même.
Détruire la Maison
L
a maison ne peut pas être détruite par le feu,
le froid ou l’électricité. Les armes permettant de
transpercer ou défoncer peuvent faire saigner
les murs, mais le liquide rouge gluant vire rapide-
ment au noir. Il s’écoule des murs jusqu’au sol, ou il
devient l’équivalent d’une vase grise – mis à part la
couleur. Si des dégâts suffisants lui sont occasion-
nés, la maison peut créer un élémental de sang à
partir de ses blessures (voir page 19 de l’Appendice
du Bestiaire Monstrueux de RAVENLOFT®).
Dans la plupart des histoires de fantômes, la han-
tise cesse quand le corps de l’esprit en peine est mis
en terre (dans ce cas celui de Mara). Si les person-
nages ouvrent la tombe de la tour, ils trouveront le
squelette de Dranzorg, mais pas celui de Mara. Le
son de son rire délicat signale sa présence perma-
nente.
Comme signalé plus haut, la maison ne délivre pas
ses hôtes tant que l’un d’entre eux n’est pas mort à
l’intérieur de celle-ci. En général la victime est un
PNJ. Si c’est un PJ – en particulier s’il se sacrifie vo-
lontairement avec une grande noblesse – la maison
pourrait cesser d’exister. Bien qu’elle ait absorbé de
nombreuses victimes au fil des ans, aucune n’a été
capable d’arrêter son règne de terreur. Quand fina-
lement quelqu’un d’assez proche du bien-aimé de
Mara en esprit et en apparence viendra à elle, la mai-
son commencera à se désintégrer (l’amour de Mara
était un soldat de la garde de son père). Alors que les
survivants s’échapperont, le sol s’ouvrira pour avaler
les restes de la Maison des Lamentations.
LA MAISON DES LAMENTATIONS

53
 VON KHARKOV
A
u plus profond des forêts de Valachan,
les arbres poussent si près les uns des
autres qu’ils occultent le soleil. Dans ces
ombres insondables rugissent des pan-
thères noires, chasseresses sans merci et
tueuses silencieuses. Tous ces félins de
la nuit ne sont pas forcément ce qu’ils
semblent être. L’un d’entre eux est une
horreur mort-vivante appartenant à la
nuit. Les félins chassent pour se nour-
rir, mais celui-ci chasse pour assouvir
sa soif vampirique de sang. Il se nomme
Baron Urik von Kharkov et est le maître
suprême de Valachan.
Apparence
P
hysiquement, le Baron Kharkov
est un homme à la peau noire fai-
sant un peu plus de 2 mètres, large
d’épaules et assez musclé. Ses yeux sont d’un
jaune inhabituel. Quand il se met en colère, ses
pupilles rondes deviennent celles d’un chat. Ses
cheveux noirs sont raides et immaculés, toujours
impeccablement soignés.
Historique
L
e Baron von Kharkov commença son exis-
tence en tant que panthère. Il fut métamor-
phosé en un homme adulte par Morphayus,
un puissant sorcier rouge de Thay dans les
Royaumes Oubliés. La création de Morphayus
devait faire partie d’un plan élaboré et tortueux
pour se venger d’une femme qui avait repoussé
les avances du mage, Selena. Morphayus ap-
pela sa création Urik von Kharkov et lui donna
le titre de baron. Il organisa pendant des an-
nées l’entraînement et l’éducation de son hu-
main contrefait dans le lointain Cormyr. Là-bas
Urik montra une propension à la violence et à
la trahison.
À son retour à Thay, Urik fut mis constamment
en présence de Selena. Ils finirent par devenir
amants, comme l’avait escompté Morphayus. Il at-
tendit qu’ils soient tous les deux dans une étreinte
amoureuse pour dissiper la magie qui maintenait
Urik sous sa forme humaine. On retrouva le corps
54
de Selena déchiqueté, ses vêtements soigneuse-
ment empilés à côté.
Morphayus captura à nouveau la panthère et
lui rendit sa forme humaine. Urik était horrifié par
le fait d’avoir en lui une bête incontrôlable. Il fuit
Morphayus et s’échappa de Thay.
Urik brûlait de haine après l’humiliation d’avoir
été transformé en animal par Morphayus. Il était
dans cet état d’esprit quand il arriva à Darkon. Là-
bas, un barde sans le sou lui conta des histoires
sur les vampires de Kargat. Attiré par les perspec-
tives d’immortalité et de sombres pouvoirs, Urik
voyagea jusqu’à la cité de Karg et se mit en quête
d’un vampire. Ses rêves de pouvoirs indicibles et
de vie éternelle prirent alors un goût de cendres. Il
devint effectivement un vampire, mais seulement
comme esclave mort-vivant de son maître vam-
pire. Urik avait gagné l’immortalité au prix de sa
précieuse humanité.
Il découvrit bientôt que sa particularité avait af-
fecté sa condition vampirique. Sa forme alterna-
tive était celle d’une panthère plutôt qu’un loup.
Ses autres pouvoirs étaient aussi subtilement al-
térés.
Urik se mit à nourrir alors une haine profonde
pour son maître vampire. Les souffrances et le
meurtre de ses victimes devinrent son seul refuge.
Même parmi les autres vampires il passait pour
être d’une grande cruauté.
Après 20 ans d’esclavage, le maître d’Urik fut
détruit lors d’un combat contre un autre vampire
de Kargat. Urik fuit Darkon à travers les Brumes
de Ravenloft. Il erra seul dans le brouillard pendant
des semaines, tuant de malheureux vagabonds et
fuyant des fantômes de son imagination. Les Bru-
mes finirent par se rassembler autour de lui pour
lui ouvrir un nouveau domaine, à la lisière du sud
du Cœur.
Urik nomma le pays Valachan et se proclama Ba-
ron Urik von Kharkov. Il découvrit rapidement que
Ravenloft prenait autant qu’il donnait. Valachan
hébergeait de nombreuses panthères que le baron
pouvait appeler pour le servir. Le domaine lui avait
aussi apporté le pouvoir de contrôle sur les chats
domestiques du royaume. Il était par contre pri-
sonnier de son domaine. Ses mains se couvrirent
VON KHARKOV

55
 VON KHARKOV
de fourrure et des griffes rétractiles poussèrent. Il
porte des gants pour cacher ces difformités (quand
il les porte, ses mains ont l’air normales et il s’en
sert sans pénalité comme un humain normal).
Des années plus tard, aux tréfonds de ses
donjons, le Baron von Kharkov découvrit une sta-
tuette de chat. Il s’en enticha et la garda toujours
près de lui. Sept jours plus tard, il se leva d’une
transe pour découvrir un vorace tigre à dents de
sabre (smilodon) prêt à bondir sur lui. Se sachant
invulnérable à toutes les attaques physiques et ca-
pable de régénérer ses blessures, le baron se lais-
sa attaquer, dans l’intention de l’égorger à mains
nues. Mais au lieu de cela, l’immense félin le mu-
tila gravement. Il n’arriva à le repousser qu’en ap-
pelant ses esclaves vampires à la rescousse. Le
tigre fuit le château mais il hante toujours le pays.
La statuette, qui disparut, était un chat de Felko-
vic. C’est la seule chose au monde que le Baron
Kharkov craint vraiment. Il s’est depuis pourvu
d’une épée magique pour se défendre.
Situation actuelle
L
e Baron Urik von Kharkov a été une panthère
puis est devenu un homme, et maintenant un
vampire. Il a gardé des traits de ces trois per-
sonnalités. Il a le tempérament rapide et la cruauté
espiègle d’un chat, animé par l’intelligence et l’in-
ventivité d’un humain. Tout cela se trouve mêlé à
la soif de sang vampirique. Il a été entraîné dans
les meilleures écoles du Cormyr. Tant que son
tempérament est sous contrôle, il peut se montrer
l’incarnation même du diplomate le plus raffiné.
Par-dessus tout, il voue une haine profonde aux sor-
ciers et aux autres vampires. Les seuls vampires
qu’il tolèrent à Valachan sont ceux qu’il a créés. Le
baron vit dans son château, entouré de ses seuls
serviteurs, la plupart d’entre eux étant ses esclaves
vampires nosferatu. Le peuple de Valachan le craint
grandement, ses accès de fureur se terminant le plus
souvent par le massacre de villageois. Ils obéissent
en général immédiatement à ses décrets.
56
Affronter von Kharkov
Vampire Nosferatu, Loyal Mauvais
Classe d’armure 1 For 18/00
Déplacement 12 Dex 18
Niveau/Dés de vie 10 + 2 Con 19
Points de vie 50 Int 17
TAC0 11 (8) Sag 10
Nb Att 2 ou 1 Cha 17
Dégâts/attaque : 1-3/1-3 ou selon l’arme, bonus de
Force +6
Attaques spéciales : voir la description
Défenses spéciales : armes +2 nécessaires
Résistance magique : 10 %
Comme tous les vampires nosferatu, le Baron von
Kharkov absorbe le sang de ses victimes plutôt que
leur énergie. Il perce leur peau avec ses crocs acé-
rés puis aspire le sang. Il préfère le faire dans le cou,
mais il peut y arriver à partir de toute autre partie
du corps où les vaisseaux sanguins sont proches de
la surface de la peau.
En termes de jeu, cette absorption se traduit par la
perte de points de Constitution. Le baron peut drai-
ner de 1 à 3 points par round. Il préfère en général
savourer l’expérience en ne prenant qu’un point par
round. Le baron peut récupérer 1 point de vie pour
chaque point de Constitution absorbé. Cela s’ajoute
à ses pouvoirs de régénération normaux.
La victime anémiée se trouve en état de faiblesse.
Sa peau est blême et exsangue. Les natifs de Va-
lachan ont appelé de manière inexacte cet état
d’affliction la Fièvre Blanche. Ils croient qu’elle est
transmise par les piqûres d’insectes, ce qui expli-
querait les plaies de perforation. Les victimes ne
se souvenant pas des attaques du baron, elles ne
peuvent contredire cette explication. Celles qui s’en
souviennent ont été charmées et mentiront pour
leur maître.
Si la victime est réduite à 2 points de Constitu-
tion ou moins, elle se retrouve aux portes de la
mort. Seule une transfusion de sang directe peut
la sauver. La victime continue à perdre un point de
Constitution par jour. Quand sa Constitution tombe
 VON KHARKOV
à zéro, elle meurt. Si la victime du baron a été lais-
sée en vie avec 3 points de Constitution ou plus,
elle regagnera 1 point tous les 2 jours jusqu’à re-
couvrer son score de Constitution initial. Le Baron
von Kharkov tue rarement ses victimes. Il préfère
se sustenter à partir de plusieurs victimes chaque
nuit et ne pas épuiser ses gens.
Quiconque meurt après avoir été drainé par von
Kharkov devient un vampire nosferatu (voir la boîte
de base RAVENLOFT®). Cette créature est totale-
ment sous le contrôle du baron. Elle doit suivre ses
ordres en toute chose, mais elle peut les suivre à la
lettre plutôt que d’obéir à l’intention qui les motive.
Une telle désobéissance est habituellement sanc-
tionnée par une lente destruction, dispensée par les
bons soins du baron. Il ne garde jamais plus de 4
vampires de ce type en même temps, et les laisse
rarement survivre plus d’une décennie.
Les yeux du baron peuvent charmer quiconque
les fixe du regard. La victime a droit à un jet de sau-
vegarde, avec un malus de -3. Le baron possède
une autre attaque par le regard qui agit comme un
sort d’oubli. Les 3 rounds précédant le regard sont
brouillés et effacés. Il peut utiliser ces 2 attaques
pendant qu’il absorbe du sang, ce qui explique
pourquoi ses victimes ne l’accusent jamais de les
avoir attaquées.
Toute personne mordue par le baron devient sen-
sible à son appel. Cet appel est en fait un charme
télépathique qui permet à von Kharkov de lui don-
ner des instructions depuis n’importe quel lieu de
Valachan. Il ne peut pas voir à travers ses yeux et
elle ne peut pas communiquer avec lui. Les vic-
times mordues sont autorisées à effectuer un jet
de sauvegarde (sans pénalités) pour résister à son
charme. Elles restent vulnérables à son appel pour
le restant de leur vie à moins qu’un désenvoûte-
ment ne leur soit lancé par un prêtre de 14e niveau
minimum. Au moins la moitié de la population du
domaine a été mordue à un moment ou un autre.
Le Baron von Kharkov possède tous les autres
pouvoirs et faiblesses communs aux vampires. Il a
une Force de 18/00, ce qui lui confère un bonus de
+3 aux jets d’attaque et de +6 aux jets de dégâts.
Il dispose d’une épée +1, +2 contre les créatures en-
chantées. La plupart des nosferatus n’ont pas d’at-
taque de mêlée normale quand ils sont désarmés.
57
La baron a des griffes rétractiles comme tous les
chats. Elles sont immédiatement identifiables pour
quiconque le voit mains nues (ou voit ses griffes
sortir à travers les gants). Il peut attaquer 2 fois par
round avec ses mains et infliger 1d3 points de dé-
gâts par main.
Il ne peut être touché que par des armes enchan-
tées +2. Même blessé, il est capable de régénérer
3 points de vie par tour. S’il est réduit à 0 points
de vie, il est obligé de prendre sa forme gazeuse
pour fuir jusqu’à son cercueil ou un lieu de repos. Il
doit y rester pendant huit heures avant de pouvoir
reprendre sa forme corporelle, pleinement rétabli.
S’il ne peut pas atteindre son cercueil ou un lieu
approprié dans les 2 heures, il finira par être entiè-
rement détruit.
Comme la plupart des morts-vivants, le Baron
von Kharkov est immunisé contre les sorts de som-
meil, charme et paralysie. Il est aussi immunisé
contre le poison et la paralysie. Les sorts à base
de froid ou d’électricité ne lui infligent que la moitié
des dégâts. Il ne peut pas grimper le long des murs
comme les autres vampires.
Le baron a le pouvoir de se transformer en pan-
thère noire ou de prendre sa forme gazeuse à vo-
lonté, mais il ne peut pas prendre la forme d’un
loup ou d’une chauve-souris. Sous sa forme féline,
il conserve tous ses pouvoirs régénératifs et ses
immunités. Mais il ne peut pas utiliser son regard
ou son attaque pour absorber du sang. En tant que
panthère, il se déplace totalement silencieusement.
Il peut également sauter jusqu’à 10 mètres, bien
plus haut que tous les autres membres de son es-
pèce. Il peut invoquer 1d4+1 panthères normales
sous ses ordres. Référez-vous au Bestiaire Mons-
trueux, à la description des léopards dans la section
« Félins, Grands ».
Forme de panthère de Kharkov : Int Géniale ; CA
6 ; DE 18 ; DV 3+2 ; pv 50 ; TAC0 17 ; #AT 3 ; D
1d3/1d3/1d6 ; AS griffes arrières, 1d6+1/1d6+1 ;
DS surpris uniquement avec un 1 ; T M ; AL LM.
Ravenloft a accordé au baron d’étranges pou-
voirs sur toutes sortes de félins. Il peut implanter
son esprit dans celui de n’importe quel félin n’im-
porte où sur son domaine. Il ne peut pas contrôler
l’animal, mais il fait l’expérience de tout ce que le
 VON KHARKOV
félin subit. Son corps humain est alors en transe
durant le processus et il est complètement hermé-
tique à ce qui se passe autour de lui. Seule la dou-
leur d’une blessure peut le faire sortir de transe de
manière prématurée.
Il est étrangement vulnérable aux attaques du
chat de Felkovic. Les dégâts infligés par cette créa-
ture/objet magique ne peuvent être récupérés que
par absorption. Même s’il n’en a pas la preuve, le
baron est convaincu que le félin peut le détruire
aussi certainement que la lumière du soleil.
Le baron von Kharkov n’est pas affecté par l’ail,
l’aconit ou les miroirs. Il ne se reflète pas dans les
miroirs mais il ne les fuit pas pour autant. Un sym-
bole sacré tenu avec force de conviction le tien-
dra à distance, mais ne le forcera pas à fuir. Le
même objet posé sur une table n’est pas un obs-
tacle, mais il subira 1d6+1 points de dégâts s’il le
touche. L’eau bénite lui inflige également 1d6+1
points de dégâts s’il en est aspergé.
L’eau vive n’est pas une barrière pour le baron. Il
peut la traverser comme il l’entend et même mar-
cher dedans. Mais s’il est complètement immer-
gé dans l’eau vive, il perd 15 points de vie par
round (sans se régénérer) jusqu’à être détruit. La
lumière du soleil a un effet similaire. Il peut se tenir
en pleine lumière solaire pendant 4 rounds consé-
cutifs, mais il sera détruit au cinquième.
Un autre moyen de le tuer est de lui planter un
pieu en os directement dans le cœur. Ce pieu
clouera le baron et le paralysera jusqu’à ce qu’il
soit enlevé. Une fois planté, sa tête devra être cou-
pée et sa bouche remplie d’hosties consacrées.
Une fois ce rituel accompli, il sera totalement dé-
truit.
Les vampires normaux ont besoin d’être invités
dans une maison par un des habitants pour pou-
voir y entrer. Le Baron von Kharkov étant le maître
de tout son domaine, il ne subit aucune restriction
de cet ordre pour entrer dans n’importe quelle ha-
bitation de Valachan. Tout vampire qu’il a créé doit
cependant obtenir cette invitation.
58
Le château Pantara
L
e château est installé au sommet d’une colline
accidentée. Il était déjà là lors de la formation
du domaine. Depuis cette époque, le baron
a fait construire de nombreuses extensions. Vue
d’en-dessous, sa silhouette rappelle celle d’une
panthère accroupie.
Au-delà du château se trouve la dense forêt
de Valachan. Les arbres poussent à moins de 30
mètres des murs noircis. Il est rare d’apercevoir
des lumières aux fenêtres. Aucun garde vivant
n’est posté sur les créneaux. La plupart des bâti-
ments sont agrémentés de sculptures de chats et
de gargouilles à leurs coins et sommets.
Les murs et les tours sont en bon état, bien que
peu soit fait pour les entretenir. Un peu comme si
le château n’était pas enclin à tomber en ruines.
La cour est envahie par la végétation, mais pas
assez pour interdire tout déplacement. Quelques
petits arbres poussent même à l’intérieur, luttant
pour atteindre le sommet des murs. Des marques
de griffures et d’autres traces typiques des gros
félins sont visibles dans la cour. Le baron laisse
parfois les panthères de la forêt vagabonder à l’in-
térieur de ses murs.
Le château n’a jamais eu de garnison permanente
de soldats. La plupart des tours et salles exté-
rieures ne sont pas occupées.
Légende
1) L’Ascension : également appelé « la queue »,
cet escalier sinueux est l’accès principal du château.
Les murs du château surplombent la montée, prêts à
assurer la défense du château contre d’éventuels as-
saillants. À mi-chemin de l’ascension se trouve une
petite tour de garde. Les créneaux à son sommet
protègent contre les tirs ennemis en contrebas, mais
pas en provenance des murs du château.
2) Les Pattes du Chat : ces tours trapues étaient
autrefois une partie importante des défenses du
château. Aujourd’hui, elles servent d’extensions au
donjon et contiennent des salles pour les invités ou
pour se divertir. Un petit jardin arboré se trouve entre
les deux bâtiments.
 VON KHARKOV
3) Le Donjon : il s’agit du plus ancien bâtiment
du château. La majorité de ses salles étaient pré-
vues pour des cérémonies ou pour exercer le pou-
voir. On y trouve des salles du trône, salles de bal,
de banquet, et ainsi de suite. Dans ses sombres et
étroits couloirs se trouve l’accès aux oubliettes et
aux cryptes familiales. Les chambres tout en haut
du donjon constituent les quartiers privés du baron.
4) Le Râteau : ce long et bas bâtiment surplombe
la dernière portion de l’ascension. Il a été conçu pour
permettre de déverser un déluge mortels de flèches
sur des assaillants. Il était aussi conçu pour héberger
une garnison.
5) Porte : ce petit bâtiment en avant du mur du
château possède une solide porte en chêne et une
herse de fer. C’est la seule entrée visible du château.
Certaines rumeurs prétendent qu’il y aurait plusieurs
issues secrètes et même un tunnel aboutissant au
fond des bois.
6) Le Manoir : certaines pièces sont bien entrete-
nues. D’autres, par contre, n’ont pas vu l’ombre d’un
humain depuis des décennies.

59
 MÉRILÉE
D
e toutes les tragédies dans le monde, il
n’y en a pas de plus horrible que la mort
d’une innocente. Mais une perte aussi
profonde peut devenir bien pire encore
si le jeune innocent ne peut reposer en
paix et devient au contraire un de ces
morts-vivants qui hantent la nuit.
Apparence
M
érilée Markuza a toujours l’appa-
rence qu’elle avait au moment de
sa mort il y a de cela 150 ans. Elle
mesure presque 1,50 m, même si sa
carrure fluette la fait paraître un peu plus
petite. Elle a de longs cheveux dorés qui
lui descendent jusqu’à la taille, toujours
attachés en queue de cheval.
Ses yeux sont gris pâle et de loin ils ont
l’éclat qu’on s’attend à voir chez une petite fille
curieuse. Quand on l’examine de plus près, on dis-
cerne quelque chose de plus sombre chez Mérilée.
Ceux qui s’arrêtent pour regarder au fond de ses
yeux se rendent compte qu’ils regardent directe-
ment dans son âme. Chaque année de cette in-
terminable non-vie se reflète de manière limpide
dans ces froids étangs d’un gris chatoyant.
Mérilée prend grand soin de garder l’apparence
de l’enfant qu’elle était autrefois. Ceux qui l’aper-
çoivent pensent qu’elle est âgée d’une dizaine
d’années et tout à fait banale. Elle pousse le jeu
jusqu’à emporter partout avec elle une poupée ou
une peluche quand elle se trouve en public.
Historique
M
érilée Markuza naquit au sein d’une riche fa-
mille de la cité de Caergoth dans le monde
de Krynn. Ses très jeunes années furent
remplies de bonheur, de celui que ressent une pe-
tite fille unique faisant la fierté et la joie de ses
parents qui ne lui refusent rien.
À son dixième anniversaire, toute la gaieté enfan-
tine de Mérilée fut anéantie en seulement quelques
secondes. Lors d’un pique-nique organisé pour ce
joyeux évènement, sa famille fut attaquée par des
60
hors-la-loi. La petite fille effrayée assista depuis sa
cachette au meurtre de ses parents par les bandits
qui emportèrent tous les objets de valeur qu’ils
purent trouver dans le carrosse familial.
Alors que les brigands étaient sur le point de par-
tir, l’un d’entre eux repéra la jeune fille. Terrorisée,
elle se retourna et fuit. Ses petits pieds n’avaient
pas fait dix mètres qu’elle fut fauchée par deux
carreaux d’arbalète. Persuadés qu’elle était morte,
les criminels prirent ce qui restait et quittèrent les
lieux à cheval.
Peu de temps après, alors que les dernières
forces vitales de l’enfant la quittaient, une sombre
silhouette s’approcha de la jeune blessée. L’ombre
mystérieuse se déplaçait très rapidement sur la
scène des meurtres, en prenant soin de noter des
choses ici et là. Mérilée était trop faible pour appe-
ler à l’aide, mais elle réussit à pousser un gémis-
sement de douleur. L’étranger apparut alors à ses
côtés avec une vitesse surnaturelle.
Les jours suivants, Mérilée en apprit un peu plus
sur son « sauveur ». Le mystérieux personnage était
une femme grande et très mince nommée Keesla.
Des années auparavant, Keesla était devenue un
vampire. Quand elle trouva Mérilée, elle sut qu’il
n’y avait aucun moyen normal de sauver la fillette.
Voyant en l’enfant innocente sa propre fille morte
des décennies plus tôt, elle décida que Mérilée ne
subirait pas le même sort. Se penchant sur la pe-
tite fille blessée, Keesla entama le processus qui
allait transformer Mérilée en vampire.
Peu à peu, Mérilée finit par accepter sa transfor-
mation et les étranges aspects de sa nouvelle vie.
Elle pleura la perte de ses parents mais elle ne
trouva rien d’autre de sa vie passée qui ait encore
du sens pour elle.
Au fil des mois, la nouvelle existence contre-na-
ture qui était désormais la sienne la dépouilla petit
à petit de toute son innocence. Elle commença à
devenir moins joueuse et de plus en plus insen-
sible. L’innocence et la pureté de son ancienne vie
commencèrent à faire place à la perversion qui
caractérise la souffrance éternelle des morts-vi-
vants.
Quand il devint évident que Mérilée était piégée
à jamais dans le corps d’une fillette de dix ans, elle
MÉRILÉE

61
 MÉRILÉE
se mit à haïr Keesla. Chaque jour, au moment où
elle se réfugiait dans son cercueil et s’apprêtait à
sombrer dans la léthargie des morts-vivants, elle
rêvait de vengeance. Mérilée se jura de faire payer
à Keesla toute la souffrance et le mal que son in-
tervention lui avait causés.
Un matin, alors qu’elles voyageaient à pied et
que le soleil commençait à illuminer le ciel, Méri-
lée décida d’agir. Quand Keesla alla à son cercueil,
Mérilée la retarda en bavardant avec elle. Elle re-
commença trois fois comme cela, et ce n’est que
lorsque le premier rayon d’argent du soleil brilla
qu’elle alla se réfugier dans son propre cercueil,
laissant Keesla faire de même.
Mais lorsque Keesla arriva à son cercueil et ten-
ta de l’ouvrir, elle découvrit qu’il avait été cloué.
Rendue furieuse par cette trahison, elle commen-
ça à griffer le bois. Alors que la lumière du soleil
la submergeait et que ses pouvoirs vampiriques
s’affaiblissaient, elle finit par réussir à soulever le
couvercle. À l’instant où ses yeux se posèrent sur
la terre à l’intérieur, elle sut qu’elle était perdue. La
terre impie sur laquelle Keesla devait reposer avait
disparu. Le cercueil n’était plus qu’une boîte de
bois qui n’offrait plus aucun refuge contre le soleil.
Cette nuit-là, quand Mérilée émergea de son cer-
cueil, elle ne trouva aucune trace de Keesla. Le
soleil avait apparemment accompli son œuvre.
Les nuits suivantes, elle attaqua le campement
des brigands qui avaient tué ses parents. Ils mou-
rurent tous lentement, chacun ayant parfaitement
connaissance que c’était la fille de la famille de
Markuza qui allait les détruire. Mérilée, qui n’était
une enfant que dans sa forme physique, se délecta
du trépas de ses ennemis.
La cruauté de sa vengeance était telle qu’elle
attira l’attention des Sombres Puissances. Quand
elle s’éveilla de son sommeil diurne une semaine
plus tard, elle se retrouva dans Ravenloft.
Situation actuelle
M
érilée réside actuellement dans le domaine
de la Lamordie. Contrairement à toutes les
autres créatures de cet ouvrage, elle n’en
est ni le seigneur ni une prisonnière. Cependant,
62
elle tient régulièrement compagnie à Adam, le
seigneur de la Lamordie. Tous deux sont des pa-
rias méprisant leur forme physique et ils semblent
s’apporter un réconfort mutuel.
Ceux qui considèrent Mérilée comme une enfant
se trompent lourdement. Elle approche maintenant
des 90 ans, même si elle garde le corps d’une fillette
de 10 ans. Et même si elle agit comme une enfant
afin d’attirer ses victimes et d’obtenir leur pitié ou la
miséricorde dont elle a besoin, elle ne sera jamais
aussi innocente qu’elle en a l’air.
Cela fait déjà très longtemps que Mérilée a réalisé
qu’elle ne serait jamais une créature physiquement
puissante comme les autres vampires peuvent l’être.
Consciente de cela, elle a décidé de consacrer plutôt
son énergie à des activités intellectuelles. Ainsi, elle
a développé une intelligence très vive et une sagesse
qui surpassent de très loin celles de la plupart des
autres créatures, mortes ou vivantes. Elle en tire le
meilleur, surtout quand elle chasse.
Affronter Mérilée
Vampire humain, Neutre Mauvais
Classe d’armure 1 For 5
Déplacement 6 Dex 15
Niveau/Dés de vie 4+3 Con 5
Points de vie 18 Int 19
TAC0 15 Sag 19
Nb Att 1 Cha 17
Dégâts/attaque : 1-3
Attaques spéciales : voir la description
Défenses spéciales : voir la description
Résistance magique : aucune
En tant que vampire humain, Mérilée dispose des
pouvoirs et capacités normaux de ces créatures.
Son corps d’enfant l’empêche de posséder la force
physique surhumaine (et les bonus de combat as-
sociés) habituelle chez ces morts-vivants.
Le regard de Mérilée, a contrario, est bien plus
puissant que celui d’un vampire normal. Cela est
dû, semble-t-il, à son innocence feinte qui crée un
sentiment d’impuissance et de sympathie chez ses
victimes. Ainsi, tous ceux qui effectuent un jet de
 MÉRILÉE
sauvegarde contre son pouvoir de charme ont une
pénalité de -4.
Même si Mérilée peut se transformer en loup ou
en chauve-souris, comme tous les vampires, ces
formes animales sont juvéniles, tout comme sa
forme naturelle. Ainsi, elle apparaît en louveteau
ou en petit de chauve-souris.
La création d’autres vampires est définitivement
au-delà de ses pouvoirs. L’apport d’énergie du
Plan Matériel Négatif nécessaire pour y parvenir
est extrêmement épuisant, même pour un vam-
pire robuste et serait très certainement fatal à un
spécimen aussi fragile.
Les scores élevés d’Intelligence et de Sagesse
lui octroient certaines immunités spéciales bien
au-delà de celles que possède normalement un
vampire. Elle est, par exemple, complètement
immunisée contre les effets des illusions de pre-
mier niveau. De plus, les sorts tels effroi, injonc-
tion, amitié et hypnotisme n’ont aucun effet sur
elle. Bien sûr, elle est déjà immunisée en tant que
vampire contre tous les sorts de charme, sommeil
et paralysie.
Mis à part ces différences, les autres pouvoirs
vampiriques de Mérilée fonctionnent exactement
comme pour toute autre créature mort-vivante.
Tactiques de combat : Mérilée, parfaitement
consciente de ses faiblesses physiques, se bat ra-
rement au corps à corps. À la place, elle se sert
de son apparence trompeusement innocente pour
attirer ses victimes tout près d’elle avant de les
attaquer. En général, elle fait semblant d’être per-
due ou blessée. Quand une personne vient pour la
secourir, elle la conduit vers un lieu isolé et passe
à l’attaque.
63
Récit de ma rencontre
avec l’enfant-vampire
Par le Dr Rudolph Van Richten
Nous croisâmes une fillette allongée au détour
d’une allée. Elle semblait si pâle et fragile que même
mon cœur de vieil homme s’attendrit. Claudia, mon
assistante, alla jusqu’à elle et s’agenouilla à ses cô-
tés. « Elle n’a pas de pouls, » ma lança-t-elle, « il est
trop tard pour l’aider ! »
Soudain, la créature en elle nous révéla sa véri-
table nature. Cette petite chose qui semblait telle-
ment en détresse sauta sur ses pieds et se jeta sur
Claudia. L’attaque n’était pas d’une grande sauva-
gerie, mais combinée au pouvoir vampirique d’ab-
sorption de la vie, elle fut plus mortelle que la balle
d’un mousquet !
Claudia s’effondra, terrassée avant d’avoir touché
le sol, la créature tourna son démoniaque regard
vers moi. J’éprouvais alors une brûlante compassion
aux tréfonds de mon âme. Elle n’était pas une chose
immonde de la nuit mais un petit ange qui appelait
toute mon attention et mes soins. Mais je savais, au
fond de mon cœur, que ces pensées n’étaient pas les
miennes. Non, elles appartenaient au vampire qui
me les envoyait grâce à son regard irrésistible.
Je lui opposais toute ma volonté et brandit l’étoile
sainte que j’ai toujours accrochée au cou. La puis-
sance de ma foi et la vue du symbole sacré la repous-
sèrent. Dans un sifflement guttural, elle se retour-
na et disparut dans la nuit, me laissant seul avec
le souvenir de cette créature impie et la perte de ma
chère Claudia.
 MONETTE
L
es mers agitées sont des lieux d’émer-
veillement et de fascination. Depuis la
nuit des temps, elles appellent les braves
et les aventuriers, leur promettant de
vastes trésors et des mystères inson-
dables. Malheureusement, il arrive qu’au
lieu de trésors ce soient des cauchemars
qu’ils découvrent.
Le Capitaine Monette a passé sa vie sur
les océans. On dit qu’il a voyagé par tous
les points cardinaux et qu’il a même vu
de ses yeux le bord du monde et regardé
la mer plonger dans l’éternité.
Apparence
L
e Capitaine Monette est une
chauve-souris garou et de ce fait
peut se rencontrer sous deux formes.
Sa forme naturelle est celle d’un homme mince et
robuste. Il est d’assez grande taille, très mince et
mesure un peu moins de 2 mètres. Certains de ses
compagnons ont remarqué qu’il avait plus d’os
que de chair.
Le visage de Monette, barré par une longue
cicatrice en forme de serpent qui le traverse en
diagonale, est figé et sinistre. Ses yeux sont d’un
gris métallique froid, comme la mer sous un ciel
nuageux.
Monette endosse de préférence l’uniforme qu’il
portait à l’époque où il était capitaine de l’Oura-
gan. Cet uniforme bleu est tellement sombre qu’il
peut sembler noir. Les boutons en or cousus sur
sa veste sont polis et le vêtement est toujours im-
maculé.
La seconde forme de Monette est celle d’un
hybride cauchemardesque. Moitié humain moi-
tié chauve-souris, il mesure près de 1,80 m. Son
corps est couvert d’une épaisse fourrure drue, son
visage présente le mufle tordu d’une chauve-sou-
ris. La cicatrice si particulière qui balafre son vi-
sage humain se voit et se reconnaît parfaitement
sous sa forme hybride. C’est cette forme que Mo-
nette privilégie pour combattre.
64
Historique
M
onette, comme cela a déjà été précisé plus
haut, était le capitaine d’un navire corsaire
nommé l’Ouragan. Son équipage apprit très
rapidement deux choses sur son capitaine. Premiè-
rement, il était un navigateur de premier ordre. Au-
cun péril, naturel ou artificiel, ne pouvait le décou-
rager. Monette était le maître incontesté des flots les
plus dangereux.
Le second point qu’ils découvrirent, cependant,
était que leur capitaine était un homme cruel et
violent. Ses ordres devaient être exécutés sans
aucune contestation ou délai et la sanction en cas
de manquement prenait la forme d’une brutale
bastonnade devant tout l’équipage du navire. Au-
cun homme ne servit à bord de l’Ouragan sans ap-
prendre à craindre l’ombre de son capitaine.
Mais Monette finit par aller trop loin. Son équi-
page se mutina et prit le contrôle du vaisseau. Ils
attachèrent leur ancien capitaine à des cordages et
lui firent subir le supplice de la cale. Ils jetèrent son
corps trois fois à la mer et le traînèrent à côté du na-
vire. Au grand étonnement de son équipage, il sur-
vécut à chaque fois.
Après avoir été remonté, Monette fut ligoté à un
mât et fouetté. Le châtiment dura plus d’une heure,
mais l’austère navigateur avait trop de fierté pour
crier ou implorer pitié. Lorsqu’il finit par perdre
connaissance, tout en jurant de se venger de son
équipage renégat, son corps ensanglanté fut jeté à
la mer.
Son équipage s’amusa de voir le corps de son
ancien capitaine dériver derrière le navire. Lors-
qu’il sembla disparaître dans les vagues, l’équipage
poussa de grandes acclamations. Mais ce que l’équi-
page et Monette ignoraient, c’était que les courants
qui avaient emporté le corps l’avaient également en-
traîné dans le demi-plan de l’effroi.
Le corps de Monette échoua dans l’obscurité des
confins d’une grotte isolée remplie de chauves-sou-
ris. Une par une, les chauves-souris volèrent jusqu’à
lui pour s’abreuver à ses blessures. Quand il se re-
leva, le capitaine était entièrement couvert de ces
créatures de cauchemar.
MONETTE

65
 MONETTE
Trop faible pour s’échapper de la grotte, Mo-
nette survécut jour après jour en se nourrissant de
chauves-souris qu’il capturait. Après l’avoir ras-
sasié, elles lui donnèrent la force de survivre. Ce
que Monette ignorait, c’est que cette relation étroite
avec les créatures allait le transformer. Chaque
nuit, alors qu’il dormait, les chauves-souris volaient
jusqu’à lui et goûtaient son sang. Au lever du jour,
il en attrapait et reprenait ce qu’il avait donné en
se nourrissant. Il finit alors par ne plus faire qu’un
Quand ils arrivent aux abords de l’île au cœur
du domaine de Monette, ils n’ont quasiment au-
cune chance d’échapper à un naufrage. Monette a
le contrôle absolu des courants marins, les eaux de
son domaine abritent de nombreux récifs et hauts
fonds sur lesquels s’échoueront les embarcations
sans méfiance.
Le domaine

L
avec elles.
e domaine de Monette est une île appelée l’Île
de la Tempête. Elle mesure environ 15 km de
Situation actuelle long et a la forme approximative d’un haricot.
Elle est couverte de forêts broussailleuses sur un sol

A
vec la venue des grandes marées chaque rocailleux, son climat tempéré la rend similaire aux
jour, Monette se retrouve transformé en une îles nordiques.
chauve-souris garou. Il n’a aucun contrôle sur
Près du centre de l’île, un piton rocheux s’élève
ce changement, étant par essence un lycanthrope
au-dessus du relief environnant peu élevé. Au som-
qui a été infecté. C’est sous cette forme qu’il part en
met de ce monolithe de pierre se trouve le phare
quête de proies et se délecte de leurs chairs.
dont Monette se sert pour mener les marins à leur
Monette s’amuse à attirer des navires pour qu’ils perte.
viennent s’écraser sur les récifs et les hauts-fonds
Il y a peu de vie animale sur l’île, à part des in-
qui parsèment la mer autour de son île. Les survi-
sectes et des moucherons qui sont assez répandus.
vants de ces naufrages sont traqués et tués par Mo-
Les plantes souffrent de la salinité trop élevée du sol
nette, qui veille à ne jamais laisser une victime s’en
de l’île.
sortir vivante.
Ceux qui tentent de s’éloigner de l’île ne trouvent
Mais ce à quoi Monette aspire le plus, ce sont les
qu’une mer infinie. Pourtant, pour nombre d’entre
grandes aventures et voyages qu’il aimait tant quand
eux, il est préférable de mourir comme un ma-
il était marin. Son isolement et le fait d’être à jamais
rin en mer plutôt qu’entre les crocs cruels de la
perdu sur cette île lui sont insupportables. À chaque
chauve-souris garou.
fois qu’il a tenté de s’échapper, il s’est retrouvé de
plus en plus faible. Il a la certitude de mourir s’il lui Les côtes de l’île sont constituées de rudes ro-
arrivait de perdre son île de vue. chers. Les vagues s’écrasant sur le rivage envoient
des vibrations dans tout le domaine. La zone côtière
Depuis son arrivée dans Ravenloft, Monette s’est
témoigne d’innombrables naufrages. Des morceaux
construit un immense phare qu’il a appelé l’Œil de
de métal et de bois piégés dans des fissures, les os
Minuit. Il a placé à son sommet un crâne enchanté
de marins tués, des fragments de voile et autres dé-
avec un sort de lumière éternelle. Les nuits de pleine
bris jonchent toutes ces zones.
lune, il envoie un signal lumineux grâce à sa lanterne
maudite. Mystérieusement, cette balise lumineuse a
le pouvoir de se propager jusqu’au Plan Matériel Pri-
maire.
Les marins qui ne devinent pas la nature de cette
lumière et décident de la suivre ou de comprendre
ce qu’elle est sont condamnés. À l’instant où la dé-
cision de poursuivre la lumière fantôme est prise, le
navire et son équipage sont aspirés dans Ravenloft.

66
 MONETTE

Affronter Monette Extraits du journal de bord du

Chauve-souris Garou, Loyal Mauvais
Classe d’armure 10 (5) For 15
Déplacement 12 (9) Dex 14
Vol (15 D)
Niveau/Dés de vie 8 Con 14
Points de vie 71 Int 15
TAC0 13 Sag 10
Nb Att 1 (3) Cha 12
Dégâts/attaque : voir la description
Attaques spéciales : voir la description
Défenses spéciales : voir la description
Résistance magique : aucune
Les statistiques entre parenthèses sont spécifiques à
sa forme de chauve-souris garou. Les autres valeurs
sont valables pour les deux formes.
Quand il engage le combat, le Capitaine Monette
préfère utiliser sa forme hybride. S’il est obligé de se
battre sous forme humaine, il utilise un coutelas ruti-
lant (considéré comme une épée courte). C’est éga-
lement un expert dans le maniement de l’arquebuse.
Sous sa forme hybride, le capitaine ne peut pas
vraiment utiliser d’arme, il attaque donc sans. Ses
griffes acérées et ses dents telles des aiguilles lui
suffisent pour venir à bout de la plupart des aventu-
riers. À chaque round, il peut frapper 2 fois avec ses
griffes (infligeant 1d4 points de dégâts avec chacune
de ses pattes). Si ses deux attaques réussissent pen-
dant un même round, il enchaîne avec une morsure
infligeant 2d4 points de dégâts (avec un jet d’at-
taque normal).
Quelle que soit sa forme, seules des armes en
argent ou magiques peuvent le blesser.
En plus des pouvoirs normaux de chauve-souris
garou, Monette en possède plusieurs autres en tant
que Sombre Seigneur. Son phare peut attirer des
victimes depuis d’autres mondes (voir « Situation
actuelle »).
Il peut également contrôler les courants marins
dans les mers entourant son île (à volonté). Il peut
ainsi rendre impossible ou même mortelle toute ten-
tative d’y nager ou d’y naviguer.
vaisseau marchand l’Or du Dragon
10e jour de Ches, Année des Crépuscules : je crains
d’avoir fait une terrible erreur. La nuit dernière, la vi-
gie a aperçu une lueur au loin dans l’obscurité. De peur
que ça ne soit celle d’un autre vaisseau en détresse, j’ai
donné l’ordre de mettre le cap vers cette lumière et de s’y
diriger avec la plus grande célérité.
Nous naviguons actuellement vers une île qui n’est
pas sur nos cartes. Le navigateur nous a indiqué qu’il
ne trouve aucune étoile qu’il connaisse et se maudit de
ne pouvoir déterminer notre position. Je me blâme moi-
même pour toutes nos défaillances.
11e jour de Ches : Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire
encore ? Le vaisseau s’est échoué sur un haut-fond et la
coque a une avarie. Notre meilleur homme dit qu’il lui
faudra d’une semaine à dix jours pour le réparer.
17e jour de Ches : la nuit dernière, la créature a atta-
qué pour la sixième fois. La moitié de notre équipage est
morte et je pense que quasiment tous ceux qui restent
sont sur le point de sombrer dans la folie.
J’ai pu voir de mes propres yeux la créature. Elle
est très grande et ressemble à un croisement entre une
chauve-souris et un humain. Comme j’aimerais qu’un
magicien nous accompagne pour ce voyage, car j’en sais
bien peu sur ces choses-là. Mais si j’en savais plus, je
pense que je n’en serais que plus désespéré.
29e jour de Ches : il ne reste plus que le second et moi
qui sommes encore en vie. Nous avons pris la décision de
ne pas laisser le mal qui règne en ces lieux goûter à notre
sang. Il ne me reste plus qu’à prier que les dieux nous ac-
cordent leur pardon pour ce que nous allons faire, mais
nous ne nous laisserons pas tomber entre les griffes de ce
monstre renégat.
Au moins, notre fin sera rapide.

67
 L’AMANT FANTÔME
L
es vœux nés de l’amour et de la souf-
france, chuchotés craintivement au cœur
de la nuit, peuvent avoir des consé-
quences mortelles. Ces paroles traversent
souvent le tissu des ténèbres, réveillant
d’abominables esprits qui n’ont que trop
l’envie d’y répondre.
Il en va ainsi de Leederik de Ravenloft,
connu dans les autres royaumes comme
l’Amant Fantôme. Quand une mariée en
deuil se languit de ne jamais revoir son
défunt mari, l’Amant Fantôme apparaît à
ses côtés, afin de soulager sa peine pour
l’éternité.
Apparence
L
’Amant fantôme possède bien des vi-
sages et bien des formes, pour la plu-
part humaines. Il prend l’apparence
d’une personne aimée disparue – un époux ou un
bien-aimé. Le déguisement est des plus convain-
cants ; il est le miroir de l’être aimé de sa victime,
en taille, en silhouette et même en voix. Une seule
chose sonne faux : son pied gauche est celui d’un
petit dragon aux écailles noires.
L’amant fantôme peut aussi prendre la forme d’un
reptile, par exemple un serpent noir. Personne n’a
jamais survécu pour décrire sa véritable forme. Les
légendes racontent qu’il n’est ni homme ni bête,
mais quelque chose entre les deux qu’on ne peut
même pas imaginer. Personne ne le sait vraiment.
Historique
D
ans les Royaumes Oubliés, près des montagnes
du Cormyr, on raconte une histoire. Une jeune
femme, fiancée depuis peu, était terriblement
endeuillée, ses tendres espoirs détruits par la mort
brutale et sauvage de son bien-aimé. La journée, elle
restait silencieuse et prostrée sur elle-même. La nuit,
elle passait les heures à appeler de ses vœux le retour
de son époux, priant pour que le temps s’inverse ou
qu’elle se réveille de ce cauchemar qui lui infligeait
un tel désespoir. Elle maudit les dieux de lui avoir
causé un tel chagrin et jura qu’elle sacrifierait tout ce
qu’elle avait pour voir son amour revenir à elle. Elle
finit même par souhaiter mourir, comme son fiancé.
68
Ses prières finirent par être entendues. Une
nuit, un fantôme malveillant, en provenance d’un
sombre royaume, vint à elle. Il prit exactement
l’apparence de son bien-aimé, à un détail près :
son pied gauche était grand, froid, et plat, comme
celui d’un reptile. Les longs orteils griffus étaient
couverts de brillantes écailles noires, joints par une
sangle de velours noir. Toute à sa joie onirique, la
jeune femme ne remarqua rien. Chaque nuit, le
fantôme venait la visiter dans sa chambre. Leurs
rencontres la laissaient toujours plus pâle et sans
force. Lentement mais sûrement, il aspirait sa vie et
sa volonté ; elle les lui donnait de son plein gré, tant
elle s’était mise à l’aimer.
Puis, au bout de quinze jours, le fantôme lui an-
nonça qu’il n’allait plus pouvoir venir la voir. Pour
sceller leur union, elle allait devoir partir avec lui
avant le lever du soleil. Alors, et seulement à ce
moment-là, ils pourraient se marier et ne faire
qu’un jusqu’à ce que la mort les sépare.
Elle revêtit sa robe de mariée et le suivit. Il la
mena jusqu’au cimetière, à une tombe qui semblait
fraîchement creusée. Voici, dit-il, le lit de nos noces,
et ils disparurent tous les deux dans la fosse. Son
mouchoir fut retrouvé plus tard sur le sol gelé, non
loin. Personne ne revit jamais la jeune femme. Elle
avait été victime de l’Amant Fantôme de Ravenloft
et était maintenant mariée aux ténèbres.
Situation actuelle
C
omme bien d’autres seigneurs de Ravenloft,
l’Amant Fantôme se nourrit de la souffrance
et du chagrin. Des bribes de son domaine se
glissent chaque nuit dans les autres mondes, atti-
rées par l’angoisse d’une femme accablée par le
deuil d’un amour perdu. Sa chambre devient par-
tie intégrante du domaine. Une brume humide est
le signe de l’annexion, comme les vapeurs légères
émises par une bouilloire fumante. Elle dégage un
parfum doux et intense en même temps. Quand la
brume se dissipe, la senteur disparaît également,
même si elle persiste très légèrement jusqu’au
matin. Le fantôme ne peut pas rester avec sa pro-
mise au lever du soleil sur l’horizon, ni sortir de la
chambre et errer dans le reste de la maison. Il est lié
aux Brumes de Ravenloft.
L’AMANT FANTÔME

69
 L’AMANT FANTÔME
Lorsque le fantôme rend visite à sa victime, il ne
reste pas plus d’une heure – et seulement selon la
volonté de sa victime. Il ne peut rien faire qu’elle
n’ait pas d’abord accepté de faire ; elle ne fait que
ce qu’elle croit être sa propre volonté. Mais plus son
chagrin est profond, plus elle se désespère de lui
plaire, de peur qu’il ne revienne plus la voir. Si les
liens entre eux sont forts, son pouvoir s’étend du-
rant la journée ; elle vole, ment et même tue pour
lui, même quand il est loin d’elle. Le lien est telle-
ment fort entre eux qu’elle n’en parle jamais à per-
sonne, (elle subit en fait les effets d’un charme très
puissant, qui ne peut pas être détecté par magie ni
dissipé. Les victimes peuvent quand-même tenter
un jet de sauvegarde, mais avec une pénalité de
-4).
Il vient chaque nuit, aspirant sa Force (1 point par
nuit) et affaiblissant sa volonté. Quand il ne reste
presque plus rien, il lui fait signe de tout abandon-
ner et de le suivre où qu’il aille. Elle doit accepter
pour qu’il puisse l’emmener. Mais dans son état de
faiblesse, elle n’est guère en mesure de refuser, eni-
vrée par l’amour malsain qu’il lui porte.
Le domaine du fantôme peut aussi pénétrer un
autre lieu dans le monde de la victime : un cime-
tière à proximité. D’une façon ou d’une autre, la
victime le sait, il se peut qu’elle l’y cherche pen-
dant la journée. Elle ne peut pas expliquer la véri-
table raison de sa venue au cimetière, elle dit juste
qu’elle rend visite à son amour perdu. La plupart
pensent qu’elle vient voir la tombe de son bien-ai-
mé véritable, comme toute veuve le ferait.
Le fantôme emmène sa victime au cimetière,
la veille de sa décision de partir avec lui. Ils ap-
paraissent tous les deux aux portes du cimetière
(en se téléportant avec précision) et errent jusqu’à
une tombe très particulière. Une fosse rectangulaire
béante a été creusée profondément dans le sol, de-
vant la pierre tombale. On ne peut pas en voir le
fond. Le fantôme l’emmène dans ces profondeurs
(ils se téléportent dans le dernier niveau du laby-
rinthe). Elle laisse toujours derrière elle un morceau
d’étoffe, quelque chose qui lui a appartenu, dans
le cimetière. Elle par contre, personne ne la revoit
jamais.
Le fantôme pourrait tout aussi bien ne laisser
qu’un corps raidi derrière lui après avoir vidé sa
70
victime de toute sa Force vitale, mais il le fait rare-
ment. La raison en est peut-être un désir plus per-
vers, il s’abstient systématiquement de la tuer, ainsi
il peut l’amener vivante jusqu’à son royaume. Mais
s’il cherche de la compagnie, il n’en profite que très
peu de temps.
En effet, sa victime n’a aucune chance de survivre
dans le domaine. Elle se languit dans ce royaume
sombre et humide que nul ne peut décrire. Elle
ne peut pas non plus partir. Pour certains, elle est
simplement trop faible pour ça ; d’autres pensent
qu’elle est paralysée par la découverte de ce qu’elle
a fait. On dit aussi qu’elle pourrait apparaître à ses
parents dans une vision, où elle leur dirait de ne pas
être tristes pour elle et leur faire ses adieux. Elle
meurt peu de temps après, son esprit piégé dans
Ravenloft, comme ceux des victimes précédentes
du fantôme avant elle.
Le domaine
L
e domaine de l’Amant Fantôme n’est pas
comme la plupart des autres domaines de Ra-
venloft. Ses fondations sont un petit labyrinthe,
au-dessus duquel se trouve une tour ronde, s’éle-
vant du sol jusqu’aux cieux nocturnes. De l’eau
s’écoule des murs du labyrinthe que les ténèbres
envahissent. Toute lumière normale s’éteint en ces
lieux ; les torches grésillent et se mettent à fumer
comme si elles étaient sous la pluie. Même les lu-
mières d’origine magique sont diminuées ; elles
ne produisent qu’une faible lueur surnaturelle rou-
geoyante autour de leur porteur.
La tour au sommet du labyrinthe est faite de
pierres noires polies. La pièce située tout en haut
de la tour est la tanière du fantôme, où il garde les
femmes vivantes. La tour n’a pas de fenêtres, juste
un petit escalier qui monte de la pièce au toit cré-
nelé. Les pierres y sont lisses et brillantes. En de-
hors de la tour, ce ne sont que ténèbres et brumes.
Le sol est invisible, une pierre jetée depuis la tour
tombe sans faire le moindre bruit d’impact. Ceux
qui sautent de la tour tombent dans les Brumes et
atterrissent dans le labyrinthe en contrebas.
Ce territoire se distingue par sa capacité à se
projeter jusque dans d’autres royaumes. Il peut an-
nexer la chambre d’une victime en deuil. Quand
 L’AMANT FANTÔME
cela arrive, la pièce devient quasiment aus-
si sombre que le labyrinthe du fantôme. Pendant
quelques instants, la victime voit le fantôme exac-
tement comme son bien-aimé. Ensuite les bougies
sont soufflées, les lampes à huile crachotent puis
s’éteignent. Elle peut toujours l’entendre et le sentir,
mais elle n’en voit guère plus qu’une ombre, qui
se détache dans la lumière bleuâtre de la fenêtre.
Les portes et les fenêtres de la chambre sont au-
tomatiquement closes, personne ne peut entrer, à
moins de disposer d’une Force exceptionnelle ou
de magie. La victime, elle, a tout loisir de les ouvrir
si elle le souhaite.
Le Portail : comme indiqué plus haut, le domaine
du fantôme peut atteindre des lieux en dehors de
Ravenloft : le repos terrestre des morts. Le fantôme
emmène sa victime jusqu’aux portes du cimetière,
la téléportant directement depuis sa chambre. Il se
glisse dans le cimetière jusqu’à une pierre tombale
particulière. Là, un portail menant à son domaine
s’ouvre, dissimulé dans l’ombre de la pierre tom-
bale. Ce portail constitue le point d’entrée de la vic-
time dans Ravenloft, elle doit le traverser de son
plein gré.
Le portail se forme à l’instant où le fantôme en-
treprend de séduire sa victime. Il se confond avec
les ombres des autres pierres tombales sous la
lumière de la lune. La nuit lors de laquelle le fan-
tôme a l’intention d’emmener sa victime, le portail
devient une tombe ouverte. Toute personne qui y
entre intentionnellement pénètre dans le royaume
du fantôme dans Ravenloft ; ceux qui ne font qu’y
trébucher tombent par terre à côté de la tombe, pa-
ralysés par une terreur incontrôlable pendant 1d6
rounds, et subissent 1d10 points de dégâts à cause
du choc (sans jet de sauvegarde).
Le portail n’existe que durant la nuit. Il apparaît
lorsque le fantôme rejoint sa victime. Aux pre-
mières lueurs de l’aube, il disparaît.
Il est possible de secourir une victime en la sui-
vant, elle et le fantôme, à travers le portail. Les sau-
veteurs doivent d’abord la retrouver dans le laby-
rinthe. Ensuite, ils doivent la ramener au portail s’ils
y arrivent. Si le soleil a commencé à se lever dans
son monde d’origine, ils ne peuvent l’emmener que
vers un autre domaine de Ravenloft – à condition
qu’ils s’échappent avant que le soleil soit complète-
71
ment levé au-dessus de l’horizon. Dans ce cas, elle
est perdue, et ils sont tous piégés jusqu’à ce que le
fantôme ne parte visiter une autre victime, ouvrant
ainsi un portail vers cet autre monde.
Affronter le Fantôme
L’Amant Fantôme, Loyal Mauvais
Classe d’armure 0 For 16
Déplacement 12 Dex 12
Niveau/Dés de vie 5 Con 17
Points de vie 6 Int 17
TAC0 15 Sag 14
Nb Att 1 Cha 12 (18*)
Dégâts/attaque : 2d4
Attaques spéciales : absorption de Force (1 point/
nuit), charme (pénalité de -4 pour la victime),
contrôle des portes (voir la description), sommeil,
etc.
Défenses spéciales : se change en brume, serpent,
gargouille ; commande aux serpents et aux gar-
gouilles (2d8) ; 75 % de chance de se dissimuler
dans les ombres ; armes bénies +1 ou plus pour le
toucher ; contrôle des portes (voir la description)
Résistance magique : 10 %
* Charisme aux yeux de sa victime
Le fantôme partage de nombreux traits avec les
vampires, et est considéré comme tel par certains
érudits. Comme eux, le fantôme absorbe la vie de sa
victime et affaiblit sa volonté. Bien qu’il aspire l’es-
prit plutôt que du sang, les conséquences sont vir-
tuellement les mêmes. Il érode leur envie de vivre et
finit par les soumettre entièrement à son ascendant.
Ses victimes, tout comme celles des vampires, se
mettent à fuir la lumière du jour, ne supportant plus
que l’obscurité. Elles deviennent dépendantes de la
moindre de ses attentions, au point d’être indiffé-
rentes à tout sauf au désir qu’elles éprouvent pour
lui. Elles en viennent à tout sacrifier – allant jusqu’à
tuer famille et amis et même elles-mêmes – pour
satisfaire la volonté du fantôme.
Ce ne sont pas les seules similitudes avec les bu-
veurs de sang. Tout comme les vampires, le fan-
tôme peut prendre de nombreuses formes. Il peut
 L’AMANT FANTÔME
se transformer en brume. De plus, il peut aussi
prendre la forme d’un animal – pas le loup ou la
chauve-souris habituels, mais plutôt un horrible
reptile noir. Le fantôme peut se montrer sous la
forme d’un très grand serpent noir, par exemple, au
milieu d’un nid de plus petits serpents identiques
qu’il contrôle. Ou alors il peut prendre l’apparence
d’un petit dragon noir, accompagné de plusieurs
gargouilles animées grotesques lui ressemblant,
qu’il peut invoquer depuis les cieux de son royaume
afin de le protéger.
Si quelqu’un remarque qu’une femme de son
entourage devient de plus en plus apathique au
fil des nuits, il peut soupçonner qu’un phénomène
funeste est à l’œuvre (elle perd un point de Force
par nuit, comme le veut le fantôme). S’il suspecte
un vampire, il placera sans doute de l’ail à ses fe-
nêtres, ou lui mettra un symbole sacré autour du
cou. L’ail n’a aucun effet répulsif sur lui. Le sym-
bole sacré le dérangera, et le fera sans doute hé-
siter un instant, mais si le fantôme le demande, la
victime l’enlèvera.
Déplacer la victime dans une autre pièce ne
contrecarre pas le fantôme ; il prend simplement
possession de la nouvelle chambre. La seule façon
de le dissuader est de la garder en plein air. La vic-
time doit être maintenue à l’extérieur durant trois
nuits consécutives, dans le cas contraire le fantôme
reviendra. La victime s’opposera à son maintien à
l’extérieur tant que le sort n’aura pas été rompu ;
elle fera tout pour retourner dans sa chambre si elle
le peut.
Un sort de protection contre le mal ne peut pas
faire hésiter le fantôme ou même l’arrêter à moins
qu’il n’échoue à un jet de sauvegarde contre les
sorts avec un bonus de +2. Une protection contre le
Plan Négatif n’a aucun effet.
Comme indiqué plus haut, ceux qui surveillent
la femme victime durant la nuit trouvent sa porte
fermée à clé ; seules des actions avec une Force
ou une magie exceptionnelles peuvent la faire
bouger (par exemple un sort de déblocage ou une
tentative d’enfoncement de porte réussis peuvent
fonctionner). Mais ce n’est pas la seule porte que
le fantôme peut contrôler. Il peut faire fermer et
se verrouiller toutes les autres portes de la mai-
son qu’il visite, les unes après les autres, même si
72
n’importe qui peut les ouvrir avec une clé ou un
bon coup d’épaule.
La porte de la chambre de sa victime ne fait pas
qu’empêcher d’y accéder depuis l’extérieur. Quand
quelqu’un saisit la poignée de la main, le fantôme
peut en changer la forme, faisant en sorte qu’elle
s’accroche à cette main et tente de l’écraser tout
en chauffant pour la brûler. Le bois de la porte est
capable de se tordre et se déformer pour créer une
autre main qui agrippe la gorge de la personne la
plus proche et lui lacère la peau avec des échardes
(TAC0 20 ; 1d6 points de dégâts). Si quelqu’un
surveille la victime en restant avec elle dans la
chambre, le fantôme viendra quand-même, plon-
geant la pièce dans l’obscurité dès son arrivée.
Il essaiera dans ce cas d’endormir les gardes (ils
doivent réussir un jet de sauvegarde contre les sorts
avec une pénalité de -5 ; les elfes et les demi-elfes
ont 45 % de chances de résister au sort). Ceux qui
résistent à son pouvoir peuvent se retrouver para-
lysés d’horreur (effectuez un test d’horreur avec
une pénalité de -4 ; un échec entraîne la paraly-
sie) en voyant le fantôme agir tout en sentant leur
propre corps se refroidir à l’approche de la mort
(1d6 points de dégâts par round). Dans cette posi-
tion vulnérable, il est alors possible pour la proie du
fantôme de leur trancher la gorge, ce qu’elle fera s’il
le lui demande.
Dans le cimetière : si le fantôme est en danger,
il se retranchera dans le cimetière. Plus il se rap-
proche de son domaine dans Ravenloft, plus il de-
vient puissant. Dans le cimetière il est en mesure
de créer une force capable de projeter une victime
dans les airs (si un jet sous la Force échoue) et de
la projeter contre une pierre tombale (1d4 points de
dégâts). Il peut aussi animer les morts qui s’extrai-
ront de la terre en agrippant les chevilles de ceux
qui se trouvent là, puis se lèveront avec lenteur,
comme des zombies normaux.
Il peut aussi invoquer les serpents noirs dont il
imite la forme, et s’en servir pour semer la confu-
sion chez ses poursuivants (utilisez les statistiques
de combat des serpents venimeux communs ; les
créatures du fantôme ne mesurent pas plus d’une
trentaine de centimètres de long). Ces créatures
arrivent en se glissant entre les tombes ou en tom-
bant des arbres.
 L’AMANT FANTÔME
Les gargouilles du fantôme (il peut en invoquer
2d8) viennent dans le cimetière avec lui chaque
nuit et y attendent son retour. S’il est en danger,
elles attaquent ; autrement elles se contentent de
se montrer menaçantes. Elles attaquent de préfé-
rence une victime par derrière, atterrissant sur son
dos pour ensuite lui lacérer le visage et le cou à
coups de griffes. Même après que le fantôme ait
quitté le cimetière, les gargouilles restent sur place
jusqu’à la disparition du portail. Elles se posent
dans les arbres et sur les mausolées, leurs ailes
membraneuses battant de temps à autre.
Toutefois, il se peut qu’il n’ait besoin d’aucune de
ces actions. Le fantôme peut échapper à ses pour-
suivants facilement. Où qu’il aille, il peut créer des
bancs de brume épaisse et flottante qui l’aident à
se dissimuler. Dans le cimetière, il peut se glisser
d’une ombre à une autre, avec 75 % de chances
d’avoir l’air de disparaître (même si ses poursui-
vants perçoivent encore le bruissement de feuilles
qu’il foulerait sur son passage – lui ou l’un de ses
serviteurs).
Dans son repaire : les personnages qui poursui-
vront le fantôme dans son repaire auront peu de
chances de l’y affronter ; il fuit le combat. S’il est
forcé de se battre, il prendra l’apparence et le vi-
sage d’une personne connue de ses assaillants –
même l’un d’entre eux, ou un de leurs compagnons
mort récemment.
Détruire le fantôme : seules les armes magiques
+1 ou plus peuvent lui infliger des dégâts. Elles
doivent également être bénies sinon elles n’ont au-
cun effet. De l’eau bénite jetée sur lui le fera s’arrê-
ter pour un round mais sans lui infliger de dégâts.
S’il est réduit à 0 points de vie, il battra en retraite
dans un lieu secret de son repaire. Un sort de dis-
sipation du mal ou de rayon de soleil le renverra
dans son royaume, mais il pourra effectuer un jet
de sauvegarde contre les sorts pour l’éviter. Il est
peu probable qu’il s’en prenne une nouvelle fois à
cette victime après cela.
En dépit de tous ces efforts, l’Amant Fantôme
ne pourra jamais vraiment être détruit. Tant qu’il
y aura d’infinis chagrins et immenses peines, il re-
viendra toujours s’en prendre à d’innocentes nou-
velles victimes.
73
Extraits de journal
20 janv. ‘01 – Je savais que la vie ne pouvait pas être si
cruelle et que le destin ne me le volerait pas le jour même
de nos vœux. Suis-je bénie ou maudite ? Cela importe peu.
Treize jours de deuil ont cédé la place aux miracles et à l’allé-
gresse. Son amour est éternel, et c’est ce qui l’a ramené dans
mon étreinte accueillante. Sous un drap d’ombre, la chaleur
de mes baisers effacera le froid de la mort.
23 janv. ‘01 – Si je suis en train de rêver, faites que je ne me
réveille jamais. Si je suis folle, faites que je ne retrouve jamais
la raison. La peur s’est dissipée dans la nuit et la raison avec
elle. Je ne veux plus réfléchir, seulement ressentir. Je suis rem-
plie d’un désir si ardent, et en même temps tellement doux-
amer. Les ténèbres ont envahi ma chambre telles un océan de
noirceur, il viendra bientôt en suivant ses courants.
2 fév. ‘01 – J’ai perdu toute envie de voir la lumière du jour.
Le soleil n’arrive plus à me réchauffer ; il ne fait que me rap-
peler combien les jours sans lui étaient devenus froids et vides.
Les heures précédant la nuit me laissent faible, le cœur perclus
de solitude et de désespoir.
3 fév. 01 – Mes amis, qui ne comprennent ce que je fais,
essayent de me faire sortir de ma chambre pour me changer
les idées, comme si cela pouvait l’effacer de mes pensées. Mes
frères à qui je me suis confiée, ne cherchent qu’à nier mon
bonheur. Ils me disent qu’il est mort et que ce n’est qu’en
acceptant ce mensonge que je pourrai aller mieux. Mais je ne
veux pas aller mieux !
S’il est la Mort même, je l’accueille encore plus volontiers,
car désormais je ne puis l’aimer que dans les ténèbres. Il n’y a
plus que dans ce recoin obscur de la nuit, où il n’y a que moi
et mon bien-aimé, que je suis en vie.
5 fév. ‘01 – Pourquoi n’est-il pas venu ? Mon esprit sombre
dans les ténèbres et ma chair devient froide. Le soleil s’éteint,
tout comme moi, je dépéris loin de lui. S’il ne vient pas, je vais
disparaître complètement dans la douleur de son absence.
7 fév. ‘01 – Je quitte ma famille, et avec ces mots je lui de-
mande de me pardonner. Je dois aller où l’amour m’emporte.
Je ne peux vivre sans lui ; je me sacrifierais si ça pouvait me
mener à lui dans l’instant. Ne pleurez pas pour moi, car je
me donne tout entière à une passion éternelle et je trouverai
enfin le bonheur.
 D’POLARNO

L
’ambition peut apporter immenses ri- sassinats politiques au cours de sa vie – avant
chesse et gloire, mais le prix à payer en même son arrivée à Ravenloft.
est souvent très élevé. Pour le sombre
Le roi Odéric n’avait jamais apprécié les ma-
seigneur de Ghastria, un petit domaine
nières du marquis, en particulier parce qu’il sem-
près de la frontière occidentale de Sithi-
blait souvent bénéficier d’un plus grand soutien po-
cus, le prix de l’ambition fut son âme.
pulaire que lui. Mais le souverain voyait bien qu’il
Heureusement pour lui – et malheureu-
avait tout intérêt à avoir à ses côtés un politicien
sement pour tous ceux qui acceptèrent
de haut rang apprécié du peuple plutôt que l’in-
une invitation à un des bals masqués du
verse – Oldéric ne possédant pas le talent du mar-
marquis – il a trouvé un moyen pour re-
quis pour embobiner les roturiers. Durant un cer-
trouver, au moins pour un temps, ce que
tain temps, le monarque laissa le courtisan donner
son ambition lui avait coûté.
l’image d’un ami du peuple, puis il envoya Stezen
réprimer des agitations. Le peuple était beaucoup
Historique moins susceptible de se rebeller s’il était persuadé
d’avoir une voix au sein du gouvernement.

I
l y a plusieurs siècles de cela, Stezen
Pourtant, dès le début, il était évident pour Odé-
D’Polarno était un courtisan influent
ric que Stezen finirait par se servir du soutien po-
dans une contrée très éloignée des
pulaire pour ses propres ambitions. L’occasion se
sombres domaines de Ravenloft. Il pos-
présenta lors d’un hiver où les réserves de céréales
sédait alors un grand pouvoir à la cour d’un roi ap-
étaient dangereusement basses et l’agitation de
pelé Odéric IX. Une grande partie de ce pouvoir lui
plus en plus forte. Stezen révéla au public que le roi
venait des roturiers du pays. Stezen apparaissait
possédait un entrepôt secret rempli de nourriture.
au peuple comme un noble bienveillant et un phi-
Des émeutes éclatèrent, soigneusement orches-
lanthrope. Il défendait ouvertement la cause des
trées par le marquis et ses partisans. Mais le roi
paysans et œuvrait pour faire baisser les impôts,
s’y était préparé. Les nobles qui lui étaient loyaux
qu’il y ait moins de châtiments publics et plus de
brisèrent la rébellion avant qu’elle ne prenne de
fêtes et célébrations spectaculaires.
l’ampleur. Les meneurs furent exécutés, le reste
La plus grande force de Stezen était sa person- de la population reçut une part des céréales (que
nalité vibrante et son amour incommensurable de le roi prétendit avoir gardées en réserve pour elle),
la vie. Les roturiers savaient reconnaître son éner- et Stezen fut mis au cachot.
gie comme une marque évidente de grandeur ;
Le roi Odéric ne savait quoi faire de ce noble
la noblesse, elle, voyait sa joie de vivre comme
en rébellion. Alors que ses fidèles alliés avaient
une étincelle de fraîcheur au milieu de leur vie de
abandonné Stezen à la suite de sa tentative ratée
cour étouffante. Les fêtes du marquis étaient alors
de coup d’état, le peuple le considérait toujours
les plus courues, ses interventions publiques les
comme son héros. Il était évident que tuer le mar-
plus attendues. Ses déplacements étaient suivis
quis n’était pas envisageable – pas avant que ce
comme ceux du soleil.
rude hiver ne soit terminé et que le peuple ait de
En réalité, Stezen était un politicien extrême- nouveau de quoi se nourrir – mais Odéric savait
ment rusé et fourbe. Il apportait un soutien public pertinemment que Stezen recommencerait à abu-
à des causes populaires tout en travaillant en privé ser de sa position si on le laissait faire.
pour son intérêt personnel. Il prenait bien garde à
La solution lui vint d’une de ses maîtresses pra-
tenir ses véritables alliances secrètes. Tous ceux
tiquant la magie noire.
au sein de la cour qui l’avaient menacé de révé-
ler publiquement son agenda ont été assassinés. La maîtresse d’Odéric incanta une variante éla-
Aucun de ces meurtres n’a jamais pu être relié au borée du sort emprisonnement de l’âme sur Stezen.
marquis, mais des rumeurs à son propos le ren- Grâce à ce sort, seule une partie de la force vitale
daient responsables de plus d’une centaine d’as- du marquis lui fut enlevée et emprisonnée dans un

74
D’POLARNO

75
 D’POLARNO
tableau préparé pour cela magiquement. Le roi
avait exigé qu’une facette particulière de la person-
nalité du Stezen soit arrachée au dangereux cour-
tisan : sa vitalité et son amour de la vie. Une fois
l’acte maléfique perpétré, le prisonnier fut relâché.
Le roi fit lancer plusieurs sorts de protection sur le
portrait, puis le fit installer dans la salle du trône.
Le marquis D’Polarno devint un politicien terne,
vindicatif et ouvertement intéressé. Il traînait sa
mauvaise humeur à la cour d’Odéric, offensant tout
un chacun, paysans comme nobles. Le roi avait sa
vengeance ; même s’il était encore en vie, le marquis
s’aliéna bientôt les masses comme les courtisans
qui avaient soutenu sa cause. Stezen ne pouvait ce-
pendant rien entreprendre contre le roi directement.
Odéric avait bien averti que toute attaque contre la
famille royale signerait la perte de toute chance pour
le marquis de recouvrer son âme.
Une année s’écoula durant laquelle le courtisan
dénué d’âme fut la cible de toutes les critiques en-
vers la cour. Réalisant que le peu d’esprit qui lui
restait était en train de s’amenuiser rapidement,
Stezen se rallia à une ultime révolte contre le roi.
Utilisant un stratagème qui allait faire la fierté
d’Ivana Boritsi, la « Veuve Noire » de Borca, le mar-
quis empoisonna toute la famille royale au cours
d’un festin.
Stezen D’Polarno récupéra le portrait qui conte-
nait toujours une partie de son âme, mais il décou-
vrit qu’il était impossible de libérer sa force vitale
qui y était emprisonnée ; la peinture ne pouvait
être détruite pas plus que la malédiction levée par
aucun moyen.
On ne sait pas ce qui attira l’attention du sombre
domaine sur Stezen. Cela pourrait être l’assas-
sinat de toute la cour d’Odéric ou l’infini déses-
poir d’avoir perdu définitivement son âme. Tous
les historiens de Ravenloft rapportent qu’il a été
emporté depuis son foyer. Alors qu’il s’était assis
dans la grande salle du château d’Odéric, les ca-
davres grimaçants de ses victimes autour de lui,
les Brumes l’englobèrent et l’emmenèrent dans
Ravenloft.
Bien qu’il soit entré dans le demi-plan de l’effroi,
il n’en était pas encore un sombre seigneur pour
autant, mais Ravenloft avait reconnu l’immense
76
potentiel de mal profond en lui. Une fois dans le
demi-plan, il se retrouva dans un château ressem-
blant à une maison de campagne qu’il possédait
dans son monde natal. Le portrait enchanté était
accroché dans l’entrée parmi les peintures repré-
sentant la famille D’Polarno. Selon la légende, il ar-
rive que les peintures s’adressent à Stezen, le pour-
suivant de leurs voix que lui seul peut entendre.
Stezen se tenait debout dans le hall, complète-
ment déboussolé par l’endroit où il se trouvait. Il
se demandait si d’autres maîtresses du roi ne lui
avaient pas lancé un autre sort ou s’il faisait juste
un mauvais rêve. Une charmante jeune servante
entra alors dans le hall pour lui servir un verre de
vin, comme si elle était venue juste pour le rassu-
rer. Le marquis la questionna longuement, mais
tout ce qu’elle put dire, c’était qu’ils se trouvaient
dans le village du Comté de l’Est dans une région
appelée Ghastria et que Stezen lui-même en était
le seigneur.
Stezen la congédia, l’esprit troublé. Alors que la
jeune fille s’inclinait discrètement devant lui avant
de s’éclipser, une pensée s’imposa au marquis :
si mon cœur n’est pas complètement desséché, je
pourrais séduire cette fille. J’aimerais sentir mon
âme une dernière fois. Mais avant de quitter la
salle, la jeune femme jeta un coup d’œil au portrait
de Stezen. Elle se figea sur place comme hypno-
tisée.
Une brume fantomatique s’échappa de sa bouche
et de son nez avant de flotter vers le tableau. Ce-
lui-ci se mit alors à émettre une aura rouge sang
dès que la brume le toucha, Stezen se sentit alors
assailli par une vague d’émotion et d’énergie. Pour
la première fois depuis de très nombreux mois, il
se sentit à nouveau vivant. La brume s’arracha
de la jeune femme de plus en plus vite jusqu’à ce
qu’elle s’effondre au sol, morte.
Le marquis tomba alors dans une frénésie de
jouissance et de débauche, mais il apprit vite que les
effets de ce phénomène merveilleux n’étaient que
temporaires. En à peine une heure, son âme s’était
déjà refroidie. Il força tous les serviteurs du manoir
à fixer le tableau, mais rien ne se passa jusqu’à ce
que trois mois s’écoulent, quand l’automne fit place
à l’hiver sur la contrée de Ghastria. Alors seulement
la magie du tableau opéra à nouveau.
 D’POLARNO
Situation actuelle
U
ne fois par saison, Ravenloft permet à Stezen
de recouvrer son amour de la vie ; lorsque
quelqu’un fixe le tableau, le marquis n’a qu’à
souhaiter le retour de son âme. La peinture aspire
la force vitale de la victime imprudente et transmet
cette énergie au sombre seigneur. Le tableau peut
aspirer en une seule fois la force vitale de 50 per-
sonnes, Stezen bénéficie ainsi d’une heure de vigueur
renouvelée par personne atteinte. Ses capacités et
statistiques de combat ne sont pas modifiées par le
transfert, mais sa personnalité change radicalement.
Toute personne qui regarde le tableau au moment
où Stezen fait son vœu perd toute sa force vitale
avant de mourir. Les personnages-joueurs qui sont
voués à un destin particulier après la mort – un plan
spécifique, par exemple – sont libres de se diriger
vers ce qui les attend dans l’après-vie.
Le tableau jette une version modifiée du sort de
métempsychose, similaire à celui qui a servi à cap-
turer l’âme de Stezen. Cette puissante attaque ayant
été accordée à Stezen par les Sombres Puissances
elles-mêmes, aucun jet de sauvegarde n’est pos-
sible. Cependant une amulette de protection vitale
pourra préserver une personne contre l’aspiration de
sa force vitale. Un psioniste peut utiliser le pouvoir
d’obstacle spirituel pour contrer l’attaque, avec une
pénalité de -3 à son score de pouvoir.
Il est virtuellement impossible de détruire le ta-
bleau. Les flammes ne l’endommagent d’aucune
façon. S’il est entaillé, il se répare de lui-même. S’il
est emporté hors du domaine, il y retourne. Seule la
mort du marquis peut entraîner la destruction de la
peinture, ses pouvoirs étant dissipés.
Les années passant, le marquis a appris deux
choses. En premier lieu, la malédiction l’a apparem-
ment rendu immortel. Stezen possède d’incroyables
capacités de régénération (5 points de vie par round)
et même s’il est démembré et brûlé, son corps se re-
constituera. Le marquis ne vieillit pas. Aucun cheveu
gris n’est apparu sur sa tête depuis son arrivée dans
Ravenloft.
Cette invulnérabilité ne s’applique pas pendant
la période où le tableau rajeunit Stezen ; durant ces
77
quelques heures, il peut être attaqué et tué comme
tout combattant ordinaire du même niveau et de la
même expérience. De toute évidence, le marquis est
extrêmement prudent concernant un quelconque
danger auquel il s’exposerait durant ces brefs ins-
tants à chaque saison.
Stezen a également compris qu’il n’est pas pru-
dent d’exposer un grand nombre d’habitants de
la région au tableau. Outre l’animosité que ces
meurtres vont provoquer envers lui, cela réduit la
main d’œuvre disponible. Il a aussi réalisé depuis
fort longtemps qu’il a besoin de paysans pour le
travail des champs et dans les vergers qui entourent
le manoir.
Le domaine
L
a Ghastria est un domaine relativement ver-
doyant, couvert de champs de blé, de vergers
et de vignes. Cependant, le résultat des récoltes
de cette terre est le reflet de la malédiction de son
seigneur : sans vie et sans aucun goût. Les natifs
ont bien compris qu’à certaines périodes durant
chaque saison la nourriture a un goût beaucoup plus
prononcé. La vérité est que tout ce qui est produit
durant la période où Stezen jouit de sa vigueur re-
nouvelée est bien meilleur. Ces produits se vendent à
des prix bien plus élevés sur le marché du Comté de
l’Est, mais la plus grande partie est confisquée par
le marquis lui-même en guise de paiement de taxes.
Toutes les routes de la Ghastria mènent au village
du Comté de l’Est, l’unique centre d’intérêt de ce
petit domaine. Le village possède deux auberges, le
Loup d’Or et le Cœur Sombre. Les deux accueillent
volontiers les étrangers, le marquis est averti de leur
arrivée très peu de temps après qu’ils se soient pré-
sentés à l’une ou l’autre des auberges.
Un autre lieu intéressant du Comté de l’Est est le
vaste marché de plein air situé au centre du village.
Les voyageurs peuvent y acheter de la nourriture
et des produits artisanaux, bien que les victuailles
n’aient aucun goût et que les produits soient de
mauvaise qualité.
Les ruines calcinées de l’église étaient autrefois un
lieu très fréquenté. Les clercs qui y officiaient com-
muniquaient aux citoyens opprimés une certaine
D’POLARNO

78
 D’POLARNO
joie, un bonheur que Stezen trouvait dérangeant. Il
fit brûler le bâtiment et fit pendre les clercs devant
son manoir avant de les exposer pendant deux se-
maines, les accusant de lui avoir volé de l’or dans
ses coffres.
Durant la journée, les chances de rencontre à
Ghastria sont de 30 %. La nuit, elles montent à 50 %.
Ces rencontres incluent des bandits, chauves-souris,
rats, serpents et loups. Des vers charognards, fan-
tômes, goules et nécrophages peuvent être rencon-
trés mais plus rarement.
Stezen se contente de régner sur son domaine de
manière apathique tant que les récoltes ont bien lieu
et qu’il a de quoi manger et boire. À part si un crime
implique des étrangers – qui intéressent le marquis
mais pour des raisons bien différentes – il laisse la
justice locale gérer les problèmes. La loi locale se
réduit dans ce cas à une foule et des cordes.
Fermeture des frontières : le marquis peut sceller
son domaine à volonté. Selon son désir, les fron-
tières de la Ghastria sont remplacées par d’im-
menses tableaux, comme ceux dont on se sert pour
les décors de théâtre. Ces peintures représentent
des panoramas de paysages torturés, un person-
nage ne pourra s’apercevoir que ce n’est pas réel
qu’après avoir tenté d’y pénétrer. Les peintures
s’élèvent bien plus haut que les capacités à voler
des personnages et plus profondément qu’ils ne
peuvent creuser. Elles ne peuvent être endomma-
gées ou transpercées d’une quelconque manière.
Les frontières de la Ghastria ne peuvent pas être
fermées durant le processus de rajeunissement de
Stezen par le portrait.
Affronter D’Polarno
Guerrier humain, Neutre Mauvais/
Chaotique Mauvais
Classe d’armure 0 (-2 bonus de Dex) For 14
Déplacement 12 Dex 16
Niveau/Dés de vie 8 Con 11
Points de vie 49 Int 14
TAC0 13 Sag 10
Nb Att 3/2 Cha 17
Dégâts/attaque : selon l’arme
Attaques spéciales : aucune
Défenses spéciales : régénération
Résistance magique : 25 %
Pour attirer ses victimes, Stezen organise une
grande fête saisonnière à laquelle tous les étran-
gers de Ghastria sont conviés, en particulier ceux
qui viennent d’arriver au village du Comté de l’Est.
Durant le bal masqué, le marquis traite ses hôtes
comme des invités de marque, mais au milieu de
la soirée, il les réunit tous ensemble devant le ta-
bleau avant de le dévoiler. Certains parmi les invités,
en particulier les jeunes femmes séduisantes, sont
maintenus à l’écart de cette présentation artistique,
ce qui permet à Stezen d’avoir de la compagnie avec
qui dépenser sa nouvelle vigueur.
Les victimes de la fête sont généralement éliminées
discrètement. Si des aventuriers ou des habitants du
coin ont créé quelque trouble dernièrement, Stezen
les conviera à la fête, puis laissera leurs cadavres sur
la place centrale du village. Cela lui permet de rap-
peler de temps à autre aux villageois qu’ils doivent
rester dans le rang.
En général, le marquis se trouve dans son manoir,
mais comme il ne peut utiliser les pouvoirs du por-
trait qu’une fois par trimestre, il apparaît la plupart
du temps comme un noble d’humeur apathique, dé-
primé et sans aucun tact. Il s’habille toujours avec
grand soin, même si ses humeurs sombres le font
souvent paraître beaucoup moins fringant qu’il ne
l’est en réalité. Ses cheveux sont coupés avec élé-
gance, avec de longs favoris. Il porte comme ar-
mement standard une rapière (1d6/1d4 ; taille M ;
type P). Il possède également dans sa collection
d’armes une lame spéciale – une rapière de rapidité
(qui fonctionne comme une épée courte de rapidité).
D’Polarno porte également un poignard, dissimulé
dans ses hautes bottes de cuir.
Après avoir bénéficié des pouvoirs de restauration
du portrait, Stezen se comporte comme un noceur
déchaîné. Le regain de vigueur étant transitoire, il se
montre avide de toute nouvelle sensation. Pendant
ces quelques heures, il n’en fait qu’à sa tête et son
alignement devient Chaotique Mauvais ; il est alors
tout autant capable de faire un cadeau à un visiteur
que de l’assassiner sur place.

79
 TIYET
C
ette main vivante, à présent chaude et
capable
D’ardentes étreintes, si elle était froide
Et plongée dans le silence glacé de la
tombe,
Elle hanterait tes journées et refroidirait tes
nuits rêveuses
Tant et tant que tu souhaiterais voir ton
propre cœur s’assécher de son sang
Pour que dans mes veines coulent à
nouveau le flot rouge de la vie,
Et que le calme revienne dans ta
conscience — regarde, la voici, —
Je te la tends
– Keats
Les gens du Pays Noir croyaient que la
mort n’était qu’un voyage vers une autre
existence. Dans l’au-delà, tout resterait presque
comme avant, à condition d’avoir été bon et gentil
et d’avoir eu un cœur sincère.
Voici l’histoire d’une femme à qui cette promesse
n’apportait aucun réconfort. Car son cœur avait été
souillé par de terribles méfaits, elle savait que seules
des horreurs l’attendaient. Terrifiée par ce juge-
ment, elle alla jusqu’à sacrifier sa propre vie et son
esprit pour ne pas l’encourir. Au bout du compte,
elle ne fit que se condamner elle-même à un destin
bien pire. Elle se transforma en un mort-vivant, une
momie à la beauté éternelle, mais dont le cœur et
l’espoir furent perdus à jamais.
Apparence
B
ien que certains puissent penser que Tiyet est
une momie, les bandelettes de la tombe ont
disparu, et elle n’est pas plus flétrie qu’une
femme vivante d’une vingtaine d’années. Elle est
mince, ne mesurant que 1,60 m et pourtant son
attitude en impose. Sa peau est brune, lisse et bril-
lante. Ses grands yeux en forme d’amande sont
sombres et soulignés de khôl à base de plomb, ses
paupières sont ombrées à la malachite. Ses ongles
sont dorés, ses épais cheveux noirs sont huilés et
imprégnés de laudanum. Ses lèvres sont d’un rouge
sombre, tachées par un mélange d’ocre rouge, de
suif et de sang.
80
Tiyet est vêtue d’un fourreau de lin tissé, de fines
bretelles droites couvrant sa poitrine. La bretelle
de gauche couvre partiellement une discrète cica-
trice blanche, qui marque l’incision faite pour re-
tirer son cœur. La plupart des vêtements de Tiyet
sont blancs. Elle peut aussi se vêtir d’une robe de
lin diaphane faite d’un tissage fluide et plissé. Elle
porte des sandales ou est pieds nus. Son corps est
toujours couvert de bijoux – un grand collier en or
incrusté de turquoise, lapis-lazuli et d’autres pierres
semi-précieuses, des bracelets en argent aux che-
villes et aux bras, des parures sur les cheveux, et
des bagues.
Historique
T
iyet vécut dans un royaume désertique vieux
de plus de 1000 ans. Son père était un scribe
au service de Khamose, quatrième fils de pha-
raon. Khamose ne pouvait que remarquer Tiyet
lorsqu’il rendait visite à son père. C’était la plus
belle femme qu’il ait jamais vue. Quand Khamose
demanda la main de Tiyet, elle accepta sans la
moindre hésitation, étant déjà aussi ambitieuse que
belle. Elle était persuadée qu’un jour elle vivrait
dans le palais du pharaon. Se marier avec Kha-
mose la rapprochait de cet objectif.
Tiyet n’était pas la première épouse de Khamose.
Sa demi-sœur, Nufreri avait déjà cet honneur, et
était connue comme étant sa Grande Épouse (le
mariage entre membres d’une même famille était
assez répandu dans la noblesse). Bien que Kha-
mose l’appelait son épouse, elle était à peine plus
qu’une concubine appréciée, tout comme la mère
de Khamose l’avait été. Tiyet partageait sa chambre
avec deux filles stupides du harem. La chambre de
Nufreri était située à côté de celle de son époux.
Cet arrangement ne convenait pas à Tiyet, et elle
s’ingénia à le changer. Par une habile manipulation,
elle mit Nufreri dans une situation compromettante
avec un esclave mâle. Khamose dont l’honneur
avait été entaché, donna l’ordre d’infliger à Nufreri
la sentence applicable à tout adultère : la mort.
Bien que Nufreri clamât son innocence, elle fut
jetée dans une fosse remplie de chacals sauvages.
Ses restes furent brûlés sur un bûcher public.
TIYET

81
 TIYET
Tiyet s’était mêlée à la foule pour observer le
spectacle à sa grande satisfaction. Elle était main-
tenant la Grande Épouse.
Personne ne suspecta Tiyet – personne, à part un
puissant prêtre. Cet homme, connu sous le nom de
Zordenahkt, était au fait de la beauté de Tiyet, et
la désirait pour lui seul. Zordenakht n’était pas un
homme bienfaisant, et les dieux qu’il vénérait secrè-
tement ne l’étaient pas non plus. Sous la menace
de dévoiler son crime, il la fit céder à ses avances.
Avec le temps, ces amants improbables finirent
par s’éprendre l’un de l’autre. Tiyet succomba à
son pouvoir, Zordenahkt à ses charmes. Tiyet se
lassa de son époux, et perdit tout intérêt à le faire
avancer, le jugeant trop stupide pour espérer s’éle-
ver au-dessus des autres fils du pharaon. Elle dispa-
raissait chaque jour, sous le prétexte d’apporter des
offrandes sur le tombeau des ancêtres de Khamose.
En réalité, elle entrait dans le temple d’Apophis à
proximité, Dieu des Ténèbres, dévoreur du soleil.
Elle y retrouvait Zordenahkt clandestinement.
En plus d’être une meurtrière, Tiyet était désor-
mais une femme adultère. La nuit venue, le poids
de ses crimes commençait à torturer son esprit et
elle en perdit le sommeil. Une nuit, elle rêva de son
voyage dans le monde des morts – un voyage que
toute personne de cette nation devait effectuer. Elle
rejoignit Anubis, le dieu chacal, sur une barque flot-
tant sur la Rivière des Ténèbres à travers le Hall du
Jugement. Tout au long du périple, d’immondes
créatures griffèrent la barque, avides du cœur et de
l’âme de Tiyet. L’une d’elles réussit à lui entailler la
cheville et elle vit un sang noir et épais bouillonner
sur la blessure.
Dans le hall du jugement, Osiris était assis et l’ob-
servait. Maat, la déesse de la Vérité se tenait devant
une balance, une plume à la main. Tiyet allait su-
bir l’épreuve de la vérité, un test que tous devaient
affronter avant de passer dans l’au-delà. Maat prit
le cœur de Tiyet dans sa poitrine. Si le cœur pe-
sait moins que la plume symbolique, l’après-vie de
Tiyet serait paisible. Si au contraire le cœur était
alourdi du poids de ses péchés, il ferait pencher la
balance et une seconde mort plus horrible encore
attendrait sa propriétaire.
82
Dans le rêve de Tiyet, la balance pencha vers
le cœur. Les serpents et autres créatures démo-
niaques s’approchèrent d’elle, lui arrachant la chair
des os. L’un d’eux attrapa son cœur entre ses griffes
et commença à le retirer de son corps. À cet instant
du rêve, Tiyet s’éveilla.
Le jour suivant, Tiyet raconta son cauchemar à
Zordenahkt et le supplia de trouver un moyen de
l’empêcher. Il n’existait qu’une seule façon, lui dit-
il – un procédé qui la lierait à jamais à la terre et
empêcherait de la faire passer dans le Monde Sou-
terrain. Il expliqua que cela ne pouvait pas être fait
de son vivant – seulement dans les instants suivant
sa mort. Et il n’avait aucune volonté de le faire, les
véritables conséquences n’étant alors pas connues.
Le cauchemar ne revint pas, et Tiyet ne le men-
tionna plus. Elle et Zordenahkt continuèrent à se
retrouver chaque jour, heureux d’être l’un avec
l’autre.
Khamose n’était pas aussi stupide que Tiyet le
croyait. Il remarqua que ses attentions, autrefois
nombreuses, s’étaient taries. Il lui assigna un jeune
serviteur pour l’espionner et savoir ce qu’elle fai-
sait de son temps. Le serviteur la suivit jusqu’au
temple. Caché dans l’antichambre, il écouta la
conversation de Tiyet et Zordenahkt. Quand Tiyet
rentra chez elle, elle entendit l’esclave discuter avec
Khamose, en train de révéler ses secrets. Khamose
était furieux, il jura que Tiyet endurerait une mort
bien plus horrible que Nefruri avant elle. Tiyet sa-
vait que c’était vrai. Et qu’un destin encore plus
horrible suivrait.
Tiyet retourna au temple et chercha Zordenahkt.
Elle le supplia de la mettre à mort et de procéder à
la cérémonie qui la sauverait du terrible destin qui
l’attendait dans le hall du jugement. Quand Zorde-
nahkt refusa, elle sortit une dague de sa robe. Priant
la miséricorde du dieu Apophis, elle plongea le poi-
gnard dans sa poitrine.
Dans les profondeurs du temple, Zordenahkt ac-
complit la cérémonie qu’elle désirait tant. Il baigna
le corps de Tiyet dans les huiles précieuses qui ser-
vaient à embaumer les nobles, tout en récitant un
sort usuel pour préserver sa beauté. Puis il fit une
incision dans la poitrine et préleva son cœur.
TIYET

83
 TIYET
L’idole d’Apophis assistait à tout cela, comme
elle l’avait fait chaque jour où Tiyet et Zordenahkt
s’étaient retrouvés dans son temple. C’était une
statue en bois de cèdre, représentant un immense
serpent noir. Ses écailles étaient faites de joyaux
et de verre noir. Ses yeux étaient deux rubis sertis
dans de l’onyx.
Zordenahkt déposa le cœur de Tiyet dans une
jarre remplie d’huiles. Il plaça la jarre devant le dieu
serpent. Les mots qu’il prononça offrirent le cœur
de Tiyet en échange de sa sauvegarde contre les
tourments du Monde Souterrain. Puis il enveloppa
le corps de Tiyet de lin et le porta jusqu’au tom-
beau de sa propre famille. Là il s’empoisonna avec
le venin d’un aspic et s’allongea à côté d’elle pour
mourir.
Tiyet se releva la nuit suivante. Elle retira les
bandelettes de ses yeux et aperçut le corps de
Zordenahkt à ses côtés. Toujours enveloppée de
l’habit de lin des morts, elle traversa le désert pour
se rendre à la demeure de Khamose. Elle se mit à
entendre chaque cœur présent dans l’habitation,
battant à un rythme exaspérant. Le plus fort de
tous était celui de Khamose, résonnant comme un
tambour, lui imposant de venir le chercher.
Tiyet s’introduisit dans sa chambre, aussi silen-
cieuse qu’une ombre. Elle posa sa main sur la poi-
trine de Khamose et sentit que les battements de
son cœur ralentissaient. Khamose s’agita et ouvrit
les yeux en grand. Il ouvrit la bouche mais avant
qu’il ne puisse crier Tiyet le paralysa de son regard.
Puis, elle plongea la main dans sa poitrine et lui
arracha le cœur, encore vivant. Elle porta la masse
sanglante à ses lèvres et l’avala. Le son de tous les
autres cœurs de la maison s’arrêta ; rassasiée, elle
ne pouvait plus les entendre.
Tiyet retourna à son tombeau et s’allongea à
côté du corps immobile de Zordenahkt. Quand elle
s’éveilla, elle était seule. Elle était alors devenue le
seigneur de Sebua, domaine de Ravenloft.
Situation actuelle
T
iyet vit à Sebua depuis déjà plus de 100 ans.
Elle en est le seigneur, mais elle ne gouverne
que les morts ; il y a quelques vivants sur son
84
domaine qui ne sont pas plus sous son contrôle que
les visiteurs d’autres royaumes.
Elle occupe la demeure d’un noble ; le palais au-
quel elle aspirait autrefois lui est désormais inac-
cessible. Elle organise parfois des fêtes somp-
tueuses, de celles dont se réjouissaient autrefois les
riches de son pays natal. Personne ne vient ; elle ne
fait qu’imaginer ses invités. La terre de Ravenloft
lui donne l’illusion du bruit de ses hôtes et de leurs
réjouissances. La voix de Zordenahkt se trouve
parfois mêlée aux autres, mais celle-ci ne s’adresse
pas à elle, elle est insaisissable, s’évanouissant
aussi vite qu’elle est apparue. Bien malchanceux
celui qui a été attiré par le son et les lumières de la
demeure de Tiyet, croyant se joindre aux invités.
Tiyet est une créature solitaire et pleine d’amer-
tume. Même si quelqu’un arrive dans l’oasis près de
sa demeure, Anhalla, elle reste recluse. On ne peut
l’apercevoir que fugitivement, se tenant un instant
près d’un bassin, disparaissant aussi soudainement
qu’on l’a vue. Il ne s’agit pas de timidité. Tiyet pré-
fère ne pas se mêler aux vivants dont elle n’appré-
cie pas l’intrusion dans son domaine.
Elle est devenue une créature aux désirs obscurs,
de celles qui appellent le sang mais aussi l’organe
qui bat pour le propulser dans le corps. Bien qu’elle
déteste ce qu’elle est devenue, la plupart du temps
elle ne peut résister à la tentation d’un cœur vivant.
Son battement peut la rendre folle, l’isolant de tout
sauf de ce désir singulier de le faire s’arrêter de
battre – en l’arrachant de son abri et en le dévorant.
Tiyet contrôle tous les morts de son domaine –
en particulier les momies à l’intérieur des temples.
Il est fort probable que des visiteurs affrontent ces
horreurs avant de rencontrer Tiyet elle-même,
même s’ils peuvent l’apercevoir en train de les re-
garder à distance.
La situation est complètement différente si Tiyet a
besoin de se nourrir. Une fois par an, elle doit dévo-
rer un cœur humain. Elle n’en mourra pas si elle ne
le peut pas, mais elle fera tout pour y arriver. Tiyet
perçoit le battement des cœurs vivants. Cette ca-
pacité (décrite plus bas) augmente avec le temps.
Plus elle reste longtemps sans avoir dévoré ce dont
elle a besoin, plus fort est le battement d’un cœur
proche d’elle. Elle est consumée par l’obsession de
 TIYET
s’en nourrir, son corps traversé par une souffrance
insupportable. Quand elle finit par trouver une vic-
time pour combler son désir, elle ne se satisfait pas
forcément d’un seul coeur. Tel un homme affamé
trouvant son repas, elle continue à se gaver même
si son besoin physique a été comblé, jusqu’à s’en
rendre malade.
Le domaine
S
ebua est une petite contrée désolée de 65 km
de long d’un bout à l’autre. Elle est constituée
principalement d’un désert, pas exempt d’une
certaine variété, fait de dunes légères, de plaines
rocailleuses et d’abruptes falaises granitiques. Des
points d’eau et des oasis parsèment le domaine,
dont un tiers est complètement aride et un autre tiers
poussiéreux.
La Vallée de la Mort se trouve dans la partie nord-
est de Sebua, séparant le domaine du nord au sud
comme une cicatrice. Le fond de la vallée était au-
trefois le lit d’une rivière, c’est maintenant une éten-
due rouge aride qui saigne dans le désert. La terre
est desséchée, craquelée et caillouteuse. Une petite
fleur, sombre et épineuse, pousse parfois entre les
fissures.
Des falaises de grès atteignant 150 à 300 mètres
de haut bordent la vallée. La roche est tortueuse et
sombre. Le sable se déverse périodiquement dans
ses anfractuosités depuis la corniche bien plus haut,
cascadant jusqu’au fond de la vallée dans un doux
chuintement. À l’extrémité la plus au nord de la val-
lée, les falaises se rejoignent, formant un piège du-
quel on ne peut s’échapper qu’en battant en retraite.
De ceux qui viennent jusque cette vallée, peu en res-
sortent, car elle n’est pas peuplée de vivants.
Cette vallée abritait autrefois d’immenses temples
dédiés aux divinités de la Terre, du Ciel et des Enfers.
Il s’y trouve aussi le Temple d’Apophis, dans lequel
repose le cœur de Tiyet. Le cœur n’est cependant pas
sans protection. Les salles intérieures sont remplies
de sombres petits aspics (serpents noirs venimeux).
Une grande créature aux écailles noires est posée de-
vant la jarre de pierre contenant le cœur huileux et
rabougri. Cette créature est la manifestation d’Apo-
phis lui-même, le dévoreur de lumière (servez-vous
des statistiques de combat d’un ver violet).
85
De tous les temples dans la vallée, seul celui
d’Apophis subsiste encore. Les autres sont tombés
en ruine, leurs hautes colonnes s’élevant encore
alors que les murs et le toit se sont écroulés. Lorsque
le soleil est haut dans le ciel, les ruines offrent un
contraste prononcé d’ombre et de lumière. Seul le
haut des colonnes est éclairé. La lumière entre les
colonnes est grisâtre et diffuse. Au-delà, il fait noir.
La vallée héberge également de grands tombeaux,
appartenant à d’anciens rois, nobles, leurs servi-
teurs et leurs familles. Ces tombes ont été creusées
dans les falaises, la plupart ne laissant voir que leurs
grandes façades depuis la vallée elle-même. La nuit,
des ombres circulent autour des tombes – des ombres
humaines, en train de courir. Certaines, sans aucun
doute, étaient des habitants de Sebua. D’autres sont
peut-être simplement en train d’essayer de voler les
richesses entassées dans les tombeaux.
La massive formation rocheuse dans laquelle la
Vallée de la Mort s’est creusée marque le début de la
frontière nord-ouest de Sebua. Les explorateurs qui
parviennent à escalader les hauteurs jusqu’à la fron-
tière peuvent voir que les montagnes se terminent
abruptement, plongeant dans des abysses qui ne
semblent pas avoir de fond. De sombres et lourds
nuages collent à la paroi du précipice à plusieurs
centaines de mètres en contrebas du bord.
La cité d’Anhalla se trouve près du centre du do-
maine, pas très loin de l’entrée de la vallée. Tout
comme les temples de la Vallée de la Mort, presque
toute la ville a subi les ravages du temps et des forces
de Ravenloft. On ne voit plus que les fondations de
bâtiments autrefois hauts de plusieurs étages, et
parfois une arche de pierre, portant encore un motif
complexe peint en bleu et rouge. Une grande oasis
se trouve au centre d’Anhalla. Même si les grands
bâtiments autour de l’oasis ont maintenant dispa-
ru, ils ont été remplacés par de petites maisons en
briques de terre. Celles-ci ont été construites durant
les 100 dernières années qui ont suivi la formation
de Sebua dans Ravenloft.
Météo : durant la journée, les déserts de Sebua sont
accablés de chaleur. Malgré cela, le ciel est souvent
très sombre. Des nuages d’orage se rassemblent
dès le matin, très bas dans le ciel. L’après-midi, les
nuages libèrent un bref mais intense déluge, qui s’in-
filtre rapidement dans le sol. La plupart du temps,
 TIYET
ces nuages se dissipent, dégageant un ciel chaud et
voilé qui finit par s’éclaircir à la tombée de la nuit.
Ces cieux ténébreux n’annoncent pas toujours de
la pluie. À tout moment le ciel peut devenir verdâtre
avant de virer au noir. Cela signifie l’arrivée d’une
tempête de sable, bien plus dangereuse que la pluie.
Les nuits de Sebua sont fraîches et venteuses, sans
être glaciales. Seule la vallée est vraiment froide, un
courant d’air glacé se déversant des falaises jusqu’au
fond de la vallée. Le ciel noir est quasiment dépour-
vu d’étoiles. La lune apparaît toujours orange, bai-
gnant les rochers et le sable d’une lumière ambrée.
Vie : Sebua possède peu de natifs. Malgré les
constructions récentes à Anhalla, personne ne vit
dans la cité aujourd’hui, à part une poignée d’en-
fants sauvages, timides et insaisissables. Les seuls
habitants restants de Sebua sont des nomades,
voyageant d’un trou d’eau à l’autre accompagnés de
leurs troupeaux de chameaux (des rumeurs disent
qu’ils peuvent même quitter le domaine. Si c’est le
cas, ils ne peuvent aller qu’à Har’Akir, un autre do-
maine désertique de Ravenloft). Un petit groupe de
nomades vient à Anhalla environ une fois par mois,
et ne reste pas plus d’une journée. On peut les aper-
cevoir à l’oasis, en train de récolter des dattes, de
tuer une oie sauvage ou de traire les chamelles.
Les nomades sont entièrement vêtus de noir. Leurs
robes les couvrent jusqu’au sol. Des turbans leur
couvrent le visage, ne laissant voir que leurs yeux
sombres. Ces gens ne sont pas amicaux. Peu im-
porte où on les rencontre, il est peu probable qu’ils
parlent à qui que ce soit qui viendrait à eux. Bien
qu’ils autorisent un étranger à puiser de l’eau à la
source, les lances sont toujours levées au cas où ils
devraient se défendre.
Alors que les humains et les autres races sont
rares à Sebua, la vie animale est abondante. Comme
les nomades, la plupart des animaux sont hostiles.
Les vautours planent au-dessus du désert, décrivant
paresseusement des cercles dans le ciel. Des nuées
noires de sauterelles traversent le pays tous les sept
ans, dévorant les plantes et même les vêtements.
Les scorpions sont très répandus ; ils pullulent sou-
vent dans un trou d’eau fétide lorsque la pierre qui
recouvre le puits a été déplacée.
86
Les temples et les tombeaux de la Vallée de la Mort
regorgent de chauve-souris de Sebua – d’immondes
créatures dépourvues de pelage dotées d’une peau
translucide laissant transparaître leurs veines. Des
scarabées bruns à la carapace luisante couvrent le
sol sous les chauves-souris, tirant leur subsistance
de leurs excréments et de la chair de leurs congé-
nères morts. Une chauve-souris morte tombera au
sol et sera rapidement recouverte d’un tapis brun
grouillant. À la tombée de la nuit, les chauves-souris
jaillissent des temples et envahissent la vallée et le
village pour se nourrir.
Des singes agressifs et de vicieux babouins ont en-
vahi le village d’Anhalla, pillant et maraudant dans
l’oasis. Leur nombre n’est restreint que par les at-
taques sporadiques d’une meute de chacals.
La plupart des oasis de Sebua sont entourées de
roseaux, où des hordes de moustiques assoiffés
de sang pullulent et se reproduisent. Chaque nuit,
le ciel de l’oasis s’emplit de ces créatures, attirant
les chauves-souris qui viennent s’en nourrir. Sur la
bordure orientale des collines se trouve un petit lac
aux eaux teintées de rouge par des dépôts miné-
raux. Les moustiques de ce lac sont vampiriques et
sortent après le coucher du soleil pour former des
nuées encore plus noires que le ciel nocturne. Aucun
tissu ni cuir ne protège contre eux ; la longue et fine
trompe des femelles les traverse. Le visage des per-
sonnages, à moins d’être entièrement couvert, est
particulièrement vulnérable à ces insectes. En moins
d’une minute, des paupières exposées se fermeront
sous le gonflement des piqûres.
La Demeure : le foyer de Tiyet est la demeure
noble à proximité d’Anhalla. Une haute enceinte en-
toure son terrain bien ordonné. La maison en elle-
même n’a qu’un seul niveau, avec un grand porche
sur le devant, suivi d’un autre, un peu plus élevé.
Les murs de la maison sont faits de briques séchées
au soleil, enduites et blanchies à la chaux. Le toit
est plat, un petit rebord de pierre en fait tout le tour.
L’enceinte est décorée avec un bas-relief de fleurs de
lotus stylisées.
Après l’entrée principale, un grand hall s’ouvre
ensuite sur un grand salon officiel dévolu aux ré-
ceptions. Le toit de cette pièce est plus haut que
dans le reste de la demeure et des fenêtres tout en
haut laissent entrer la lumière. Les fenêtres, comme
TIYET

87
 TIYET
toutes celles de la maison, sont recouvertes d’un Le baiser de Tiyet – troisième type d’attaque par
épais grillage de fer. toucher – fait perdre 1 point de Force par round.
Cette perte est permanente tant que la victime de-
À côté de la pièce principale, un escalier mène au
meure en Sebua.
toit. La chambre à coucher de Tiyet et la salle de
bain se trouvent à côté. Les pièces du côté opposé Mais le pouvoir le plus effrayant de Tiyet concerne
de la maison sont en général réservées aux invités directement le cœur. En concentrant son regard pa-
(Tiyet reçoit rarement des invités de toute façon). ralysant sur la poitrine de sa victime, Tiyet peut in-
fliger des dégâts immenses à la condition physique
de celle-ci. Si sa victime se trouve à moins de 60
Affronter Tiyet mètres d’elle, elle peut faire ralentir son cœur jusqu’à
lui faire ressentir les symptômes d’une crise car-
Neutre Mauvaise diaque : respiration difficile, transpiration soudaine,
Classe d’armure 10 For 8 une pression écrasante sur la poitrine, douleur dans
le cou et la mâchoire, douleur intense dans les bras,
Déplacement 12 Dex 12
en particulier le gauche. Elle n’a pas besoin de faire
Niveau/Dés de vie 12 Con 13 de jet d’attaque et il n’y a pas de jet de sauvegarde.
Points de vie 60 Int 12 Au bout de 4 minutes de concentration (1d4
TAC0 8 Sag 10 rounds), Tiyet peut provoquer des contractions non
Nb Att 1 Cha 17 coordonnées des fibres cardiaques, empêchant le
cœur de battre normalement (voire plus du tout). Le
Dégâts/attaque : 1d10+4
cœur se met à s’agiter comme s’il était rempli de
Attaques spéciales : voir la description
vers (il s’agit en fait de fibrillation ventriculaire). Elle
Défenses spéciales : arme magique +1 ou plus pour
ne peut pas tuer une victime – c’est à dire provoquer
toucher
un arrêt cardiaque – sans la toucher.
Résistance magique : 20 %
Le premier round de l’attaque de Tiyet réduit les
Tiyet n’arrache pas le cœur de ses victimes grâce à points de vie de la victime de 25 %. Les deuxième
sa force physique brute. C’est une femme petite et et troisième rounds ont le même effet, ne laissant
légère. Même si elle est souple, elle n’a pas plus de à la victime que 25 % de ses points de vie. À cet
force qu’elle n’en avait avant de devenir une créature instant, la victime est incapable de se déplacer par
de Ravenloft. ses propres moyens. Durant le quatrième round, les
points de vie du personnage tombent à 10 %. C’est
Elle n’a d’ailleurs pas besoin de se servir de ses
le maximum qu’elle peut enlever de cette façon.
muscles. La contrée lui a octroyé d’autres avantages,
Pour tuer sa victime – en arrêtant complètement son
bien plus impressionnants. Son regard peut paraly-
cœur – elle doit la toucher.
ser toute personne qu’elle aperçoit. Cependant, ceux
qui ne croisent pas son regard ont un bonus de +2 à Tiyet ne tue par arrêt cardiaque que quand c’est
leur jet de sauvegarde. Dans le cas contraire, le jet nécessaire. Si un cœur cesse de battre, elle ne peut
est normal. Si elle touche une personne et décide de pas s’en nourrir. C’est pour cette raison qu’elle pa-
la paralyser, celle-ci effectue un jet de sauvegarde ralyse sa victime. Grâce à son pouvoir spécial qui
avec une pénalité de -2. lui permet de transpercer la poitrine, elle en sort le
cœur, qui miraculeusement continue de battre en
Le toucher de Tiyet a d’autres effets débilitants
dehors du corps. Seul un cœur palpitant peut satis-
(elle ne peut utiliser qu’un seul toucher par round,
faire ses besoins.
y compris la paralysie). Si elle choisit d’infliger des
dégâts, son toucher cause 1d10+4 points de dégâts Ce seigneur peut difficilement décider d’ignorer
par round. Ces dégâts peuvent cependant être retar- sa malédiction. Elle perçoit les battements de cœur
dés de 2 heures, ce qui fait que la victime ne com- de toute créature intelligente et humanoïde dans un
prend pas ce qui a pu les causer. rayon d’un kilomètre jusqu’à ce qu’elle se nourrisse.
Quelques heures après l’avoir fait, elle peut de nou-
veau entendre leurs battements, d’abord faiblement,

88
 TIYET
puis de plus en plus fort. Si elle ne s’est pas nourrie que des voyageurs ou des pilleurs détruisent des
depuis au moins 11 mois, le son lui est très insup- momies, Tiyet est capable d’en créer de nouvelles,
portablement et douloureusement fort, résonnant en se servant du corps de ses victimes. Le mort seule
jusque dans son crâne. ne suffit pas à les créer ; elle doit les momifier selon
le procédé usuel. Elle dispose de cuves et d’ingré-
Les autres pouvoirs de Tiyet semblent bien banals
dients dans la maison d’un embaumeur, située non
en comparaison. Seules les armes magiques +1
loin d’Anhalla. Des visiteurs peuvent éventuellement
ou plus peuvent lui infliger des dégâts. Une fois par
y trouver un corps en train de sécher (voir « Recette
jour, elle peut créer une tempête de sable, se servant
pour une momification réussie », en page 11, pour
d’une forme particulière du sort de contrôle clima-
les détails).
tique. La tempête occupe 1 mile carré (2,6 km²) et
peut durer jusqu’à 2 heures selon la volonté de Tiyet. Faiblesses : il n’existe qu’une seule façon de dé-
Elle peut faire se déplacer la tempête comme bon truire Tiyet : la piéger afin qu’elle dévore son propre
lui semble. Il lui faut 3 rounds pour créer la tempête, cœur (l’organe est resté tout ce temps à l’endroit où
mais ses pouvoirs ne sont pas limités pendant ce Zordenahkt l’a laissé – dans le temple d’Apophis).
laps de temps. Les Sombres Puissances amplifient Si le cœur est porté jusqu’à ses lèvres, il se mettra
ce pouvoir quand Tiyet désire fermer les frontières à battre, elle ne pourra alors y résister, peu importe
de Sebua, créant ainsi une tempête qui n’existe que qu’elle se soit nourrie récemment.
le long des limites de son domaine.
Seules les armes magiques avec un bonus d’au
Une fois par jour, elle peut invoquer une nuée de moins +1 peuvent lui infliger des dégâts. Si ses
scarabées. Certains tenteront de rentrer dans les points de vie sont réduits à 0, elle est vaincue mais
oreilles et le nez de leurs victimes, les rendant folles pas détruite. Son corps s’effondre en un tas de sable
de douleur jusqu’à ce que les insectes soient enlevés scintillant. Au bout d’un mois, le corps de Tiyet se
(les victimes doivent réussir un jet de sauvegarde reconstitue quelque part dans la Vallée de la Mort
contre les sorts ou être réduites à l’impuissance pen- sur son domaine.
dant 1d4 rounds).
Trois fois par jour, Tiyet peut changer de forme et
se transformer en une gigantesque chouette blanche
aux yeux en amande. Comme toute chouette, elle
a une très bonne vision de nuit ; durant le jour, elle
voit aussi bien qu’un humain. Elle peut aussi voler
en quête d’une victime sur tout son domaine, ou par-
courir les cieux la nuit pour observer des intrus.
Tiyet possède également une autre forme. Elle
peut à volonté prendre celle d’un petit singe aux fines
dents acérées. Elle prend cette forme seulement
quand elle souhaite se cacher parmi les nombreux
singes qui errent dans les jardins de son domaine.
Cela lui est également utile pour se rapprocher de
victimes qui font preuve de prudence, et qui trouvent
alors les singes mignons quand ces créatures leur
offrent des fruits. Sous cette forme, son toucher peut
quand-même infliger des dégâts, mais elle peut en
retarder les effets pour ne pas être découverte.
Tiyet peut contrôler les momies de Sebua, tout
comme les zombies et squelettes peuvent agir sous
les ordres d’un sorcier maléfique. Comme il arrive

89
 ZOLNIK
I
l y a très longtemps, lorsque le monde
n’était encore que chaos, les hommes re-
cherchaient la puissance des bêtes. Les
chasseurs préhistoriques se couvraient de
peaux d’élans afin de s’accaparer la vitesse
de celui qu’ils chassaient. Des siècles plus
tard, les guerriers nordiques revêtaient des
peaux d’ours pour se battre aussi féroce-
ment que les bêtes qu’ils imitaient lors des
combats.
Voici l’histoire d’un jeune homme qui
était aussi en quête des pouvoirs d’une
bête. Il aspirait à s’emparer des sens ai-
guisés du loup, et souhaitait lui aussi être
capable de percevoir l’odeur de ses proies
à des lieues à la ronde. Il en convoitait éga-
lement la férocité afin de pouvoir abattre
une bête deux fois plus grande que lui et la
dépecer sans effort.
Mais au contraire de ses prédécesseurs, Gregor
obtint tout ce à quoi il aspirait. Le prix à payer fut ce-
lui de sa propre humanité. Il devint un loup du noir,
une nouvelle race de loup-garou propre à Ravenloft.
Apparence
S
ous forme humaine, Gregor ressemble à n’im-
porte quel homme au teint hâlé, cependant ses
yeux sont injectés de sang et cruels. Il est soli-
dement bâti, comme tout chasseur. Le jour, Gregor
endosse sa forme humaine, même s’il n’est pas limi-
té à elle pendant cette période.
La nuit, Gregor se rend fréquemment dans sa
grotte secrète et rampe dans sa peau de loup (ce
processus est décrit plus loin). Comme tout lycan-
thrope naturel, il n’est pas lié à la lune ; il peut se
transformer selon sa propre volonté. Il devient alors
un immense loup noir de 70 kg. Ses crocs étin-
celants sont inhabituellement longs. De la salive
s’écoule de sa gueule, ses yeux sombres deviennent
perçants et jaunes. La métamorphose en loup prend
un round complet et inflige à Gregor une souffrance
aiguë. Mais en devenant un loup, toute blessure qu’il
a pu recevoir est guérie.
90
Historique
I
l vint une année où l’hiver s’abattit très précoce-
ment sur le village de Gregor, le couvrant d’une
neige si épaisse et si profonde que même les po-
neys n’arrivaient plus à tirer leurs traîneaux. La tem-
pérature s’effondra. Le vent ne soufflait pas très fort,
mais il pénétrait le plus épais des manteaux et refroi-
dissait jusqu’à la moelle des os.
La hameau de Vorostokov était en train de mourir
de faim. La neige pesante avait recouvert les champs
avant la moisson, et les dernières cultures avaient
gelé en plein champ. Les réserves étaient faibles ;
les récoltes de l’année précédente avaient déjà été
bien maigres. Au bout de quatre mois, vers la fin de
l’hiver, les bœufs étaient devenus faméliques et les
chèvres n’avaient plus de lait.
Les espoirs de survie reposaient uniquement sur
les chasseurs. Ils bravaient le froid chaque jour, mais
sans grand résultat. Leurs traques ne les menaient
qu’à des carcasses d’élan, dévorées par les loups.
Le destin finit par tourner en faveur de Vorostokov.
Un jeune chasseur, Gregor Zolnik, était sur le chemin
du retour, après avoir passé trop de temps dans la
forêt. Les arbres jetaient des ombres violacées sur la
neige, annonçant la tombée de la nuit.
Non loin du village, il croisa la route d’un loup noir
solitaire qui avait été blessé alors qu’il chassait un
élan. Il était étendu près de la carcasse de sa proie,
trop faible pour repartir avec les siens après le festin.
Gregor contempla l’animal mourant durant plusieurs
minutes, envieux des capacités de son espèce. « Si
j’avais ton endurance et tes sens aiguisés », dit-il au
loup, « à cet instant, je ne serais pas en train de mou-
rir de faim avec le reste de mon village. Je ramè-
nerais de quoi nourrir ma mère et mes sœurs – et
ensuite je repartirais pour en tuer d’autres ».
Gregor se remémora la légende que lui racontait
autrefois son grand-père, un conte d’hommes pou-
vant se métamorphoser en loups.
Le vieil homme affirmait que si des hommes se
vêtaient de peaux de loup, et en appelaient à la mys-
térieuse magie de la nuit, ils pouvaient devenir des
bêtes. Pour cela, ils devaient d’abord tuer un loup à
la lumière de la lune. Puis, avec le sang de la créa-
ZOLNIK

91
 ZOLNIK
ture, tracer un petit cercle dans un autre plus grand.
Assis au centre du petit cercle, il fallait ensuite écor-
cher l’animal et se couvrir de la peau. Enfin, il ne res-
tait plus qu’à manger son cerveau, pour s’approprier
sa ruse, et dévorer son cœur pour absorber son cou-
rage. Si les forces de la nuit répondaient, alors ces
hommes devenaient des loups et le restaient jusqu’à
ce qu’ils tuent un animal. Une fois cela accompli,
ils pouvaient à nouveau se métamorphoser en loup
quand ils le voulaient, aussi longtemps qu’ils le sou-
haitaient, simplement en couvrant leur propre corps
nu de la peau de loup.
Gregor décida de s’assurer par lui-même de la
véracité de cette légende. Même s’il était transi de
froid, il attendit, à l’affût du souffle du loup. Lorsque
la lune commença à scintiller sur la neige immacu-
lée, il trancha la gorge du loup avec son couteau,
puis traça les cercles, suivant chaque étape du conte
de son grand-père.
L’étrange magie opéra. Pendant un instant, Gregor
crut qu’il allait mourir, ressentant une atroce douleur
alors que la peau du loup fusionnait avec la sienne.
Il se transforma enfin en loup, et ses cris se muèrent
en hurlements de bête. Il conserva ses esprits, mais
son corps était bien celui d’un loup. Il bondit aussi-
tôt et partit en chasse la nuit entière, à la poursuite
du plus gigantesque élan à 50 km à la ronde autour
de Vorostokov. Après avoir mis à mort la bête, il la
traîna à la périphérie du village et la laissa près de la
maison de sa mère.
Il se rendit ensuite dans une grotte secrète que lui
seul connaissait et enleva la peau. Lorsqu’il retourna
au village le lendemain matin, complètement épui-
sé, sa mère et ses sœurs étaient hors d’elles, mortes
d’inquiétude à son propos. Gregor leur indiqua où il
avait laissé l’élan et alla se coucher. Quand il s’éveil-
la au crépuscule, le village entier était en train de le
féliciter. La mère de Gregor, dans sa générosité, avait
partagé l’élan avec l’ensemble du village de Voros-
tokov. Gregor ressentit d’abord une grande colère,
il avait ramené la bête pour nourrir la famille de sa
mère et celle de sa sœur, puis il réalisa que grâce à
la magie du loup, il pouvait retourner à la chasse.
La nuit venue, il s’échappa de la masure familiale
pour rejoindre sa grotte. Il enleva tous ses vête-
ments, se drapa dans la peau du loup et se transfor-
ma à nouveau. Il partit en chasse. Il tua cette fois-là
92
un élan mâle qu’il laissa dans le village, là où il avait
abandonné le caribou la nuit précédente. Gregor
tua un élan mâle chaque jour de l’hiver, permettant
à toute la communauté de se nourrir. Quand enfin
le printemps arriva, la rumeur de ses prouesses de
chasseur s’était répandue dans tout le royaume. Le
duc lui-même vint rendre visite à l’homme qui à
lui tout seul avait sauvé Vorostokov, de nombreux
autres bourgs du duché ayant connu un sort bien
plus funeste.
C’est à l’occasion de cette visite que Gregor fit la
connaissance d’Ireena, la fille du duc. Ils tombèrent
follement amoureux l’un de l’autre. Ireena l’entêtée in-
forma alors son père de son intention d’épouser Gre-
gor (bien qu’il ne lui eut rien demandé). Le duc, qui
avait besoin d’un maître chasseur sur son domaine,
attribua à Gregor un titre. Gregor et Ireena se ma-
rièrent durant l’été et s’installèrent au château du duc.
Malheureusement, Gregor découvrit très vite qu’il
était bien plus facile de prononcer des vœux de ma-
riage que d’abandonner sa vie de chasseur. Sous le
prétexte de rendre visite à sa mère, il en profita pour
se rendre dans sa grotte secrète près de Vorostokov.
Cette nuit-là, il revêtit à nouveau la peau et put à
nouveau tuer en étant un loup. De retour auprès
d’Ireena, il ramena avec lui sa peau de loup et la dis-
simula dans une grotte dans les tréfonds du château.
Gregor savait qu’il n’avait plus vraiment le choix ;
la bête faisait partie intégrante de lui et ne pourrait ja-
mais être supprimée. La nuit, après qu’Ireena se soit
endormie, il partait loin du château pour se transfor-
mer en loup, chassant à travers toute la contrée.
Ireena ne mit pas longtemps à se rendre compte
des absences de Gregor. Elle se persuada qu’il pas-
sait son temps en compagnie d’une paysanne. Fu-
rieuse, elle prit un amant pour venger son orgueil
blessé. Gregor devint fou de jalousie quand il décou-
vrit la trahison de son épouse. La nuit suivante, il
retourna au château transformé en loup.
Gregor attendit que l’amant d’Ireena quitte la
chambre de sa femme. Alors que l’homme se faufi-
lait dans le sombre couloir, Gregor passa à l’attaque.
Le matin suivant, les gardes ne découvrirent que
quelques lambeaux de vêtements.
Le château tout entier fut pris de terreur. Le duc
demanda à Gregor de trouver et de tuer la bête qui
 ZOLNIK
avait attaqué le jeune noble. Bien évidemment Gre- presque toujours la même. Nombre de villageois
gor échoua, mais il n’y eut plus d’attaques, le châ- sont devenus suspicieux, ayant compris la véritable
teau reprit une vie normale. Gregor continua ses nature de leurs repas. La plupart refuse d’y croire,
chasses nocturnes. Ireena prit un autre amant. la vérité dépassant ce qu’ils peuvent supporter. Les
tensions vont crescendo. Ceux qui se plaignent de
Cette fois-ci, Gregor ne tua pas seulement l’amant,
la viande n’en reçoivent plus ; ils doivent se mon-
mais aussi son épouse infidèle. Ireena poussa un
trer reconnaissants ou mourir de faim. Même ceux
dernier hurlement avant que Gregor ne lui tranche la
qui ignorent la vraie nature de ce qu’ils avalent se
gorge de ses crocs. Une servante vint s’enquérir de
rendent compte de leur dépendance vis à vis de Gre-
ce qui se passait et fut aussi tuée. Gregor ne réussit
gor et sa famille. Tous les villageois finissent par mé-
pas à reprendre sa forme humaine. Rendu fou par
priser les Zolniks.
l’odeur du sang, il tua encore et encore, passant
d’une victime à l’autre durant leur sommeil. On pourrait croire que les villageois finiraient par
se révolter contre Gregor, ou du moins essayer de
Lorsque le jour se leva, Gregor se retrouva à Voros-
trouver de la nourriture par eux-mêmes. Mais aussi
tokov, sous sa forme humaine. L’hiver était revenu ;
forte que soit leur haine, elle ne surpassera jamais la
le village mourait de faim. C’était comme si Gregor
crainte qu’il leur inspire. Gregor tue systématique-
n’était jamais parti. Mais désormais, il n’y avait plus
ment les hommes et les femmes qui tentent de bra-
un seul élan ou cerf, et finalement le seul gibier dont
conner, laissant leurs corps aux abords du village le
il disposait pour nourrir sa famille était d’une seule
lendemain matin. Il va sans dire que très peu de vil-
sorte – de celle qui vivait dans les villages autour de
lageois tentent de trouver du gibier par eux-mêmes.
Vorostokov et qui marchait sur deux jambes.
Bien qu’il soit irrationnel et sans doute complète-
Situation actuelle ment fou, la principale motivation de ces meurtres
est pour Gregor une soif d’adoration. Il est persuadé

G
que pour lever la malédiction – et ainsi s’échapper
regor est un esprit tourmenté, tiraillé entre le
monstre qu’il est devenu et le héros qu’il aspire
à être. Il se retrouve donc une fois de plus à Vo-
rostokov avec sa mère et ses sœurs. Désormais, son
village et la région environnante (connue comme le
domaine de Vorostokov) font partie intégrante de
Ravenloft. Maintenant plus que jamais, son village
compte sur lui pour se nourrir. Malheureusement,
de par la nature de la malédiction qui l’a conduit à
Ravenloft, Gregor ne trouve quasiment rien lorsqu’il
chasse – jusqu’à ce qu’il s’aventure à proximité d’un
village voisin, où se trouvent nombre de villageois.
Le village de Gregor se situe au centre de son im-
mense domaine. De multiples bourgs l’encerclent,
à une distance aisément franchissable pour un sei-
gneur-loup. Ces gens vivent dans la terreur d’un
grand loup noir qui attaque la nuit venue. Gregor
s’est accoutumé à tuer des humains, incapable d’at-
traper toute autre sorte de gibier.
Les habitants de Vorostokov ont besoin de Gregor
pour se nourrir. Sa mère et ses sœurs préparent et
distribuent le fruit de sa chasse. Que l’on appelle ça
de l’élan, de l’ours ou même du loup, la viande est

93
 ZOLNIK
de Ravenloft – il lui faut redevenir le héros de son
village. Tous ceux qui contrecarrent ce dessein, par-
fois simplement en voulant s’échapper vers un autre
lieu, sont éliminés.
Il y a fort longtemps, un brave homme du nom de
Nicolai tenta de tuer Gregor sur la pelouse du village.
Cette tentative eut un succès très limité. Alors que
Gregor était à l’agonie, Ravenloft le transporta dans
sa grotte secrète. Gregor rampa jusqu’à sa peau de
loup et se métamorphosa. Toutes ses blessures cica-
trisèrent. La nuit suivante, Nicolai fut tué.
De manière surprenante, les villageois de Voros-
tokov ignorent que Gregor est un loup-garou. Per-
sonne n’a jamais assisté à sa transformation en loup.
Au contraire, ils voient en lui une force malveillante
et renégate – un dément qui est en quelque sorte
plus qu’un humain, et pourtant dépourvu d’humani-
té. Certains sont persuadés que Gregor contrôle un
ou plusieurs loups de son domaine, mais cela est
faux (la rumeur s’est propagée lorsqu’un témoin a
vu un loup tuer Nicolai).
Les enfants de Gregor
O
n dit que Gregor a eu une épouse dans un loin-
tain village. Même s’il est possible qu’elle ait
ignoré sa malédiction, ses enfants n’avaient au-
cune chance d’y échapper. À l’instar de Gregor, ils
seront hantés par l’ardent désir de revêtir des peaux
de loups et se consumeront dans une soif de sang
irrépressible. Ils pourraient un jour provoquer sa
perte. Ou ils pourraient quitter le domaine de leur
père pour en envahir d’autres, où leurs propres en-
fants perpétueraient la malédiction. C’est peut-être
déjà chose faite.
Le domaine
L
e domaine de Vorostokov est constitué d’une
immense forêt gelée de conifères, d’environ
500  km de diamètre. Le village de Vorostokov
se situe près du centre, entouré d’autres petits ha-
meaux, que Gregor pille. Le domaine est perpétuel-
lement enseveli sous une épaisse couche de neige
très poudreuse, ce qui rend tout déplacement quasi-
ment impossible pour ceux qui ne sont pas équipés
de raquettes (normales ou autres).
94
La température du domaine dépasse rarement
les -30° C. La nuit, l’air résonne des hurlements des
meutes de loups. Bien qu’il semble que Gregor n’en
attrape jamais, il reste à peine assez de gibier pour
qu’un petit groupe puisse survivre. À n’en point dou-
ter, les loups du domaine font bombance.
Fermeture des frontières : quiconque tentant de
quitter le domaine de Vorostokov (sans avoir détruit
Gregor au préalable) finit par atteindre une chaîne
de hautes montagnes. Selon les légendes, il existe
parfois un passage qui permet de traverser les mon-
tagnes. Mais lorsque Gregor décide de fermer les
frontières, des tempêtes de neige et des avalanches
rabattent les voyageurs à Vorostokov.
Affronter Gregor
Loup du Noir, Lycanthrope
Guerrier 8e niveau, chaotique mauvais
Dégâts/attaque : 2d12 (2d4)
Attaques spéciales : voir la description
Classe d’armure
Déplacement
0 (variable) For
15 (12) Dex
N/A (16)
N/A (14)
Niveau/Dés de vie 10 (8) Con N/A (15)
Points de vie 48 (48) Int N/A (12)
TAC0 11 (13) Sag N/A (8)
Nb Att 1 Cha N/A (15)
Défenses spéciales : voir la description
Résistance magique : 20 %
Remarque : les valeurs entre parenthèses corres-
pondent à sa forme humaine.
Gregor sous forme humaine est un rôdeur de 8e ni-
veau, il en possède toutes les capacités spéciales
(mais comme il n’est plus d’alignement Bon, il n’a
plus d’espèce ennemie). Il manie à deux mains une
épée bâtarde +3, qui a également le pouvoir de soi-
gner son porteur une fois par jour. Gregor peut éga-
lement combattre avec une lance ou un arc.
Si les points de vie de Gregor sont réduits à 0
(ou s’il subit une attaque qui devrait normalement
le tuer) alors qu’il est humain, son corps disparaît.
Ravenloft le téléporte à l’intérieur de sa grotte se-
crète, où sa peau de loup le couvre automatique-
ZOLNIK

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 ZOLNIK
ment. Quand cela arrive, il revêt sa forme de loup et
attaque les responsables de ses blessures.
La transformation de Gregor en loup ne dure qu’un
round. Le processus est toujours très douloureux, la
peau de loup fusionnant avec la sienne tout en mé-
tamorphosant son corps. Une fois la transformation
terminée, Gregor est guéri de toutes ses blessures.
Le passage de loup à homme implique également
de grandes souffrances, mais ne soigne aucune
blessure.
Sous sa forme de loup, Gregor a 70 % de chances
de réussir à traquer tout individu (ou groupe) dans la
neige, même s’il va dans un village ou fait en sorte
de le semer. Il a également 90 % de chances de se
dissimuler dans les ombres (durant les heures noc-
turnes uniquement) et il a 85 % de chances de se
déplacer silencieusement. Gregor peut se déplacer
sans laisser de traces 3 fois par jour (comme avec
le sort de prêtre de niveau 1). Il détecte toujours le
poison, les collets et les fosses comme un prêtre de
15e niveau.
Gregor n’a qu’une seule attaque en tant que loup,
une terrible morsure infligeant 2d12 points de dé-
gâts. Si Gregor réussit une attaque en obtenant un
19 ou 20 au dé, il attrape sa proie par le cou et se
met à la secouer dans tous les sens. La victime subit
1d12 points de dégâts supplémentaires et doit réus-
sir un jet de sauvegarde contre la mort ou avoir le
cou brisé. Un personnage qui s’est fait rompre le cou
meurt s’il ne reçoit pas des soins appropriés (e.g.
quelqu’un pouvant prodiguer des soins magiques
ou avec la compétence premiers soins) dans le tour
suivant.
Sous sa forme de loup, Gregor est pratiquement
indestructible. Il est immunisé contre les sorts de
charme, immobilisation, sommeil et ceux basés sur
le contrôle de l’esprit. Seules les armes en argent pur
peuvent le blesser ; il est immunisé contre toute autre
forme de dégâts (y compris ceux infligés par des
sorts). À moins d’être bénies, les armes en argent
n’infligent que la moitié des dégâts. Si Gregor perd
tous ses points de vie sous les coups d’armes en
argent (ou est détruit d’une autre façon), son corps
disparaît pour se reconstituer dans sa grotte secrète
la nuit suivante.
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La mal de Gregor a affecté sa mère et ses sœurs,
qui sont devenues des sorcières. Elles sont ses seuls
soutiens à Vorostokov et prennent vigoureusement
la défense de sa réputation contre tous ceux qui
cherchent à y porter atteinte.
Si Gregor est attaqué, elles se servent de leurs ca-
pacités pour le défendre. Leurs statistiques sont les
suivantes :
Antonina (la mère de Gregor) : CA 6 ; DE 12 ; Ma-
gicien 8 ; pv 20 ; TAC0 18 ; #AT 1 ; D 1d4 (dague) ;
AS sorts ; DS voir plus bas ; RM aucune ; For 12,
Dex 18, Con 14, Int 16, Sag 14, Cha 9 ; AL LM
Sorts mémorisés :
1er niveau : projectile magique (x2), toucher glacial,
sommeil ;
2e niveau : ténèbres sur 5 mètres, invisibilité, toile
d’araignée ;
3e niveau : dissipation de la magie, hâte, lenteur ;
4e niveau : porte dimensionnelle, tempête de glace
Natalya et Elena (sœurs de Gregor) : CA 6 ; DE
12 ; Magicien 5 ; pv 14 chacune ; TAC0 19 ; #AT
1 ; D 1d4 (dague) ; AS sorts ; DS voir plus bas ; RM
aucune ; For 11, Dex 18, Con 14, Int 16, Sag 12,
Cha 16 ; AL LM
Sorts mémorisés (pour chacune des sœurs) :
1er niveau : charme-personne, toucher glacial, projec-
tile magique (x2) ;
2e niveau : nuage puant, invisibilité ;
3e niveau : éclair
Défenses spéciales : tant que Gregor est le seigneur
de ce domaine, Ravenloft ramène à la vie sa mère et
ses sœurs si elles sont tuées.
Le Fléau de Gregor : le seul moyen de détruire
définitivement Gregor est de trouver l’emplacement
de sa grotte quand il n’y est pas et de saupoudrer
sa peau de loup avec un mélange de sel et d’aconit.
Gregor n’aura que 25 % de chances de détecter le
mélange. Après avoir mis la peau pour la nuit, il sera
vulnérable à toutes les armes et sorts. S’il est tué
dans cette situation, son corps ne se reconstituera
pas. L’éternel hiver qui entoure Vorostokov prendra
fin, et le domaine cessera tout simplement d’exister.