Revues

Dans Maghreb - Machrek 1972/2 (N° 50), pages 56 à 64

Éditions La Documentation française
ISSN 1241-5294
DOI 10.3917/machr1.050.0056
© La Documentation française | Téléchargé le 03/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 197.1.156.248)

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 56
l'orientaliste italien A. Gaudio a présenté à l'Ecole pra-
tique des hautes études, un mémoire intitulé " La pensée
morale, so ciale et politique de Allal El Fassi dans ~e Maroc
contemporain "· La partie de ce mémoire qu 'il nous livre
ici dépe int le penseur politique dont l'extraordinaire rayon-
nement, tant sur l'intelligentsia que sur le peuple maro-
cain , s'exp lique par la coïncidence entre l'homme et son
temps : homme de la culture classique au moment où le
pays cherche " un retour aux sources " (la salàfiya) ;
homme de l'indépendance, théoric ien et président du parti
de ce nom (istiqlal) depuis sa fondation ; homme de la
con tinui té, issu d'une ancienne famille fassie ; homme de
courage moral, toujours prêt à se dresser face à son
souverain en censeur vigilant.
Ce sont tous ces aspects qu 'évoque tour à tour M. Gau-
dio en décrivant la vie et l' action du leader marocain ,
en exposant la doctrine de son parti. Outre 125 pages
de documents en annexe, l'ou vrage se présente comme
une antho logie des articles , discours et interviews d'Allal
El Fassi.
Regrettons que M. Gaudio ait adopté, pour son étude,
le style même qui caracté rise les biographies arabes
traditionne lles : descriptive·. discurs ive, cette hagiographie
ne nous fait grâce d'aucun titre de conférence , d'aucune
bribe de discours. On aura it aimé qu 'il prenne un peu
de hauteur, qu 'il nous livre un portrait psychologique de
l'homme qu ' il connaît si bien et une analyse politique
d'un programme qu 'il présente si longuement. Déplorons
enfin tant de fautes dans la transcr iption des mots ara-
bes ! (cf. p. 190) .
Youssef ALOUANE : " Coopération et développement "·
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L'expérience tunisienne à travers l'analyse des attitudes
et comportements des cadres et des coopérateurs.
Hannover, Schriftenreihe des Forschungsinstituts der
Friedrich-Ebert-Stiftung . Verlag für Literatur und Zeit-
geschehen , 1971 , 1 vol. 16 x 23,5 cm , 159 p. , bibl.
L'auteur analyse à la fois ce qui a été l' expérience de
la coopération, pilier du développement tunisien de 1961
à 1968, dans un chapitre 1 bourré de tableaux et de chif-
fres, et dans un chapitre Il , les conditions de vie des
cadres coopératifs et des coopérateurs. Le second cha-
pitre fa it ressortir l'impopu larité et les difficultés de la
coop~ration. L'auteur cite, malic ieusement, les propos te-
nus par Ahmed Ben S/;l lah le 24 mai 1969 (3 · mois avant
l'effondrement) à Menzel Bot:Jzelfa : " L'exemple de Men-
zel Bouzelfa est édifiant... Il est propre à venir à bout
des réticences de tous ceux qui s' imaginent peut-être
MAGHREB, MONDE ARABE ET AFRICAIN
Walter SCHUTZE : " Der Maghreb in internationalen Kraf-
tefeld " · Le Maghreb sur l'échiquier international. Bonn ,
Europa-Archiv, n" 11, juin 1971, p. 383-396.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
que cette réforme est éphémère et qu 'un jour viendra
où on ne parlera plus de modernisation de l'agriculture,
où les unités de production seront dissoutes-, et où le
système d'exploitation individuelle sera rétabli. L'exem-
ple de Menzel Bouzelfa est là pour balayer ces doutes
et ces faux espoirs "
Il évoque ensu ite le sommet de la coopération avec
la constitution le 24 janvier 1969 de l'Union nationale de
la coopération en présence du président Bourguiba, des
plus hauts fonct ionna ires du régime , de délégués de
25 pays étrangers ... et pour montrer, par contraste avec
les dithyrambes de la presse et des déclarations offi-
cielles, l'opposition des ruraux il cite cette anecdote :
" Le Président de la République rentre d'une visite à
l'i ntérieur du pays ; son convoi est stoppé par un cha-
meau qui refuse obstinément de quitter la route . Tour à
tour, la po lice, la garde nationale, l'armée, les ministres
essa ient de faire boug er le chameau , en vain . S'avance
alors le ministre Ben Salah qui chuchote quelque chose
à l'oreil le de l' an imal et celui-ci déguerpit à toutes jam-
bes . Bourguiba sidéré : que lui avez-vous donc soufflé ?
Je lui ai dit : pars ou bien je t' intègre à une coopérative ,
répond Ben Salah. "
L'auteur expose enfin , en man ière de conclusion, les
rai sons de l'effondrement. Il en vo it deux princ ipales :
1) L'expérien ce tun isienne de coopérativisation a été
l' œuvre d'un homme seul : Ahmed Ben Salah . La pola-
risation autour de sa personne a desservi la réforme du
moi ns dans son application . Tout se faisait au nom
d'Ahmed Ben Salah et tout le monde accusait Ben Salah
dès qu 'une contra inte était imposée. 2) La Tunisie n'avait
ni les cadres ni les moyens financiers nécessaires pour
une tel le réforme dan s un laps de temps lim ité .
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•
Signal ons deux ouvrages gén éraux importants :
The Cambridge history of Islam edited by P.M. HOLT,
Ann K.S. LAMBTON , Bernard LEWIS. Cambridge , the
University Press , 1970, 2 vol. rel. 14,5 X 23 cm , t. 1 :
" The central is lamic lands "· 815 p., bibl. , index ; t. Il :
" The further islamic lands , islamic society and civili-
zation "• 966 p., bibl. , index .
Chafik CHEHATA : Etudes de droit musulman. Paris ,
Presses universitaires de France , coll. " Travaux et
Recherches de la faculté de Droit et des Sciences
économ iques de Paris , série Afrique n" 7 "• 1971 , 1 vol.
15,5 x 24 cm , 256 p.
REVUES
Exposé très clair des problèmes de politique extérieure
que pose l'évolution récente des communautés nord-afri-
caines : rapports de ces Etats entre eux - et particuliè-
rement la construction de l'unité maghréb ine - rapports
de ces Etats avec les pays étrangers, et principalement
avec la France.
 R E V U E S
" Strategie und Politik im Maghreb "· Hambourg, Afrlka
Spectrum, n° 3, 1970.
L'excellente revue allemande " Afrika Spectrum , de
l'Institut de recherche pour l'Afrique, de Hambourg, con-
sacre son numéro 3 de l'année 1970 au Maghreb sous
le titre « Stratégie et Politique au Maghreb •• . On y trouve
une série d'articles clairs et documentés, faits avec le
sérieux des politologues allemands :
- Le Maghreb sur l'échiquer international, de Max
Walter CLAUSS ;
- Considération sur la position stratégique du Ma-
ghreb, de Martin KRAEMER ;
- L'association des Etats du Maghreb à la lumière
d'une politique méditerranéenne de la Communauté éco-
nomique européenne (non signé) :
- France et Etats maghrébins de Alfred FRISCH.
La revue fait en outre le point de la production carto-
graphique de l'Institut dans la série : « Le Maghreb
oriental " · Elle contient enfin, une bibliographie sur les
ouvrages récents traitant de politique et de stratégie au
Maghreb et des informations de diverse nature intéressant
l'ensemble des Etats d'Afrique.
Options méditerranéennes. Paris, no 6, avril 1971 , « Agri-
culture de groupe " · Pierre MARTHELOT : " Le poids
des traditions communautaires dans l'agriculture au Ma-
ghreb , (p. 26-29) .
Pour le paysan du Maghreb, l'agriculture n'est pas indi-
vidualiste, la terre est le fondement du groupe en même
temps qu'elle assure sa subsistance, les pratiques collec-
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tives défendant la tribu contre le milieu naturel et les
tribus voisines. Dans les terres sèches, le passage de la
propriété collective à l'appropriation individuelle s'est
fait au moment de la sédentarisation et aux endroits où
se sont constituées des exploitations de type colonial ou
autogérées , ou des lotissements de mise en valeur. En
agriculture irriguée, les contraintes collectives sont res-
tées fortes et les règles du « tour d'eau , sont scrupu-
leusement respectées. En arboriculture, les zones plan-
tées sont propriété privée , comportant fréquemment l'indi-
vision entre les membres d'une famille . L'habitude des
travaux en commun d'intérêt collectif, l'entr'aide pour les
travaux particuliers, et l'indivision évitant les partages,
contribuent à resserrer le groupe tribal.
Les formules modernes de groupements coopératifs
peuvent-elles profiter de ces habitudes communautaires ?
Il semble que non, sauf si elles s'appuient sur le groupe
ethnique ou ce qui en reste. En tous cas, elles doivent
être imposées par un pouvoir fort et persévérant.
Dans le même numéro
- 'Résumé de l'étude économique des coopératives
agricoles de production, effectuée par O. BOULET en
Tunisie peu avant leur dislocation .
- ·Des informations sur les forages de nappes phréa-
tiques en Algérie, sur la 11 " session du Conseil d'admi-
nistration du P.N.U.D. (distribution d'eau et amélioration
de la production de légumes en Algérie, étude des res-
sources en eaux souterraines du Nord-Sahara, élevage
en Algérie) .
&7
Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée. Aix-
en-Provence, no 9, 1" sem. 1971.
Cette livraison comporte sur l'Algérie
- Rachid BENCHENEB : « Les mémoires de Ma-
hieddine Bachtarzi ou vingt ans de théâtre algérien »
(p. 15-20). La publication d'une première partie des mé-
moires (.1919-1939) de l'auteur, acteur et metteur en scène
que fut Mahieddine Bachtarzi, révèle les tendances et les
difficultés du jeune art dramatique algérien, encore dans
les limbes à la veille du deuxième conflit mondial.
- Ali MERAD : " En marge du nationalisme algérien.
L'émir Khaled (1875-1936) vu par Ibn Badis (1889-1940) »
(p. 21-35). Quelqûes semaines après la mort du petit-fils
d'Abdelkader (janvier 1936) alors exilé en Syrie, le célèbre
" alem , et réformateur algérien Ibn Badis avait consacré
un article de sa revue " Chihab , à la mémoire du « grand
disparu ». C'est une traduction de ce portrait-souvenir, qui
prend parfois le ton d'un plaidoyer passionné, que livre
M. Ali Merad. Y sont retracés la jeunesse de l'émir Khaled,
sa carrière militaire (1893-1919), son engagement politique
et son exil en Syrie.
- A. SAINTE-MARIE : " La province d'Alger vers 1870 :
l'établissement du douar-commune et la fixation de la na-
ture de la propriété en territoire militaire dans le cadre
du senatus-consulte du 22 avril 1863 » (p. 37-61) . Sans en
méconnaître les imperfections notamment sur la constitu-
tion des biens domaniaux, l'auteur estime que le travail ac-
compli par les officiers des Bureaux arabes le fut avec
sérieux et porta moins atteinte aux intérêts des popula-
tions concernées que la législation et les pratiques an-
térieures.
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- Djilali SARl : '~ L'équilibre économique traditionnel
des populations de l'Ouarsenis central. Une économie
fondée sur l'exploitation de terroirs complémentaires et
soucieuse d'équilibres, tant sur le plan physique que sur
le plan humain , (p. 63-89). L'originalité de cette étude
qui porte sur une région montagneuse de peuplement an-
cien est qu'elle offre un exemple assez exceptionnel de
sauvegarde, jusqu'au début du xx· siècle, des équilibres
naturels entre zones de culture, d'élevage et massif fo-
restier, ce dernier, '' avec ses réserves de flore et de faune
jouant ainsi un rôle déterminant dans l'équilibre général
du milieu naturel " ·
Trois articles concernent la Tunisie
- Noureddine SRAIEB : « Note sur les dirigeants po-
litiques et syndicalistes tunisiens de 1920 à 1934 , (p.
91-118) . Quelques éléments sur la biographie et les œuvres
des principaux leaders, notamment Thaalbi, avec ex-
traits de « La Tunisie martyre » (1920), Guellati et son parti
réformiste, M'Hammed Ali et les dirigeants de la C.G.T.T.
- Béchir TLILI : '' Eléments pour une approche de la
pensée socio-économique de Khereddine (1810-1889) »
(p. 119-152).
- Alessandro TRIULZI : « ltalian-speaking Communities
in early nineteenth century Tunis » (p. 153-184). Tableau
de l'implantation des Italiens en Tunisie de 1830 à 1.860
environ, leur contribution à la modernisation de la Ré-
gence, et en particulier l'œuvre de Calligaris, directeur

de l'école militaire qui servit de modèle au fameux col-
lège Sadiki. L'auteur de cet article, écrit en anglais, est un
universitaire romain qui a utilisé les archives du Départe-
ment d' Etat américain (Consulat de Tunis).
Sur le Maroc :
- Guy TURBET-DELOF : " Une " description » des
ports marocains imprimée en fraude en 1682 " (p. 185-199).
Critique historique d'un texte resté longtemps ignoré, ré-
digé par un ou plusieurs auteurs s'exprimant au nom de
certains milieux marchands possesseurs de renseigne-
ments fournis par la marine royale française, et s'inspirant,
probablement par opportunisme, de la propagande offi-
cielle de la cour de Moulay lsmaïl.
- H. ZAFRANI : " La vie intellectuelle juive au Maroc ,
de la fin du XV " au XX' siècle " (p. 201-211 ). Résumé de
la première partie : " Pensée juridique et environnement
socio-économique "• d'une thèse de doctorat d'Etat sou-
tenue· en Sorbonne en juin 1970, sur les principes du droit
rabbinique marocain.
" Les chemins de fer africains et malgaches " · Paris ,
Industries et Travaux d'Outre-mer, no 217, déc . 1971.
Chaque année, au mois de décembre , " Industries et
Travaux d'Outre-mer " publ ie un numéro spécial qui fait
le point de la coopération frança ise avec les pays d'Afri-
que et avec Madagascar dans le domaine ferroviaire .
Celui de 1971 concerne plus particulièrement l'adaptation
des techniques nouvelles aux pays en voie de développe-
ment. Sous le titre général " Techniques nouvelles et nou-
veaux matériels " sont étud iés les chemins de fer d'Algérie
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(p. 1027-1030). de Tunisie (p . 1031-1032). du Maroc (p .
1033-1 036).
Vladimir KATIN : " The Soviet Union and the Arab World ;
defining a new relationship "· Londres. New Middle East,
n° 39 , déc. 1971 , p. 16-18.
L'article fait écho à la visite effectuée en octobre 1971
par M. Kossyguine à Alger et à Rabat ainsi qu'au voyag'=l
à Moscou du président égyptien Sadate. Large communau-
té de vues sur les grands problèmes politiques internatio-
naux , satisfaction mutuelle de la coopération soviétique à
la solution des problèmes du développement, extension
des rapports commerciaux, ce n'est qu'un rappel eupho-
rique des communiqués officiels publiés de part et d'autre
à l'issue de ces entretiens. Rien ne permet de noter, com-
me l'indique le titre, qu'ils aient donné lieu à une défini-
tion nouvelle des relations entre ces Etats .
Bustan. Vienne , no 1, 1970.
" Bustan » est une publication trimestrielle autrichienne
s'intéressant à la culture, la politique et l'économie des
pays islamiques . Elle est éditée à Vienne par I'Hammer-
Purgstaii-Gesellschaft . Son numéro 1 de l'année 1970
contient 7 articles dont la variété traduit la diversité des
thèmes d'intérêt de la revue . Citons l'article de Hans L.
Gottschalk bro ssant le tableau de la domination islamiqùe
en Afrique du Nord , celui de Arne A. Ambros sur les inter-
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
férences des langues et dialectes au Maghreb, de Gustav
Jamming sur les rapports économiques du Maghreb avec
l' Autriche , etc.
Plutôt que de science politique. les articles sont des
articles de vulgarisation pour un public cultivé.
Atti lia GAUDIO : " Des trésors qui brûlent les pieds ..
Genève. VIsion, n• 11 , octobre 1971, p. 73-75.
" Aussi riche en fer, en cuivre et en phosphates que le
Sahara oriental l'est en gaz et en pétrole ... le sous-sol du
Sahara occidental n'en est encore qu'à un début d'ex-
ploitation.
Outre l'incertitude que font peser sur l'avenir de ces
territoires les convoitises politiques des Etats voisins du
Sahara espagnol, des difficultés techniques et humaines
considérables subsistent pour cette mise en valeur.
Au Sahara espagnol , les phosphates de Boucraa, distants
du port d' El Aioun d'une centaine de kilomètres sont de-
puis peu évacués vers la côte par un convoyeur à bandes
réalisé par les us ines Krupp. La Miferma (1), en Mauritanie
exploite à ciel ouvert le minerai de fer d' ldjil , dirigé vers
Nouadhibou par une voie ferrée de 650 km ayant son ter-
minus au port minéralier et pétrolier de Cansado. Le
cuivre d'Akjoujt ne trouvera son plein débit qu'après la
réalisation de la route Akjoujt-Nouakchot, prévue pour l'an-
née 1972. Quant au fer de Gara Djebilet, près de Tindouf,
nul ne sait encore qui l'exploitera, du fait des énormes
investissements nécessaires à son transport vers la côte
distante de 400 km .
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ALGER lE
Aristide DANIEL : .. L'Algérie d'aujourd 'hui " · Paris. Re-
vue de Défense nationale, janv. 1972, p. 51-58.
" Ce ne sont pas les actuelles difficultés, somme toute
essentiellement conjoncturelles , qui sont graves. mais les
problèmes que va poser de façon croissante aux dirigeants
la maîtrise d'une économie étatisée, alors que les élites,
souvent remarquables à la tête, sont aux échelons moyens
et inférieurs insuffisantes en nombre et parfois en qualité "·
Tel est le jugement d'ensemble que porte l'auteur de ce
bref aperçu sur l'Algérie d'aujourd'hui . Il montre ce qu'à
d'artificiel un " socialisme .. qui n'a nationalisé que les
biens des étrangers, un " progressisme » qui hésite, par
fidélité à la tradition , à assurer la pleine émancipation
de la femme , un " anticolonialisme " qui entraîne à d'in-
cessantes revendications contre l'ancienne métropole dont
l'aide lui reste indispensable.
Devant la nécessité du développement , pas de droits
acquis qui vaillent ; pas d'unification du Maghreb autre-
ment qu'à so n profit. Après les réels succès obtenus en
(1) Soclélé ano nym e des Mines de fer de Mauritanie ,
 R E V U E 8
" parachevant la reconquête de ce qu'elle considère
comme son patrimoine économique "• l'Algérie saura-t-elle
instaurer une détente durable qui lui permette d'obtenir les
concours extérieurs, dont, quoi qu 'elle en ait, elle reste
tributaire ?
Raymond JOSSE : " Problèmes de mise en valeur du
Hoggar et de croissance urbaine à Tamanrasset "· Bor-
deaux. les Cahiers d'Outre-Mer, n• 95, juil.-sept. 1971,
p. 245-293.
Inventaire complet et intéressant des ressources du
Hoggar, ce territoire grand comme la France, peuplé seu-
lement de 20.000 habitants dont 12.700 sédentaires, avec
une superficie cultivable estimée à 1.800 hectares dont
1.200 effectivement exploités, en bordure de I'Atakor qui
culmine à 2.900 m.
L'auteur y note une mutation économique et sociale
accentuée depuis 1962. Les nomades Touareg, en nombre
infime par rapport à ceux du Niger et du Mali, n'y sont
plus en majorité, et on assiste à un véritable déclin de la
vie pastorale et du trafic caravanier. L'organisation sociale
de caractère féodal, est désagrégée ; les nomades dé-
possédés recherchent des emplois salariés, ce qui est
un puissant facteur de sédentarisation , voire une ébauche
d'i ntégration des Touareg à la vie urbaine.
C'est ainsi que la SONAREM (2), à qui est confiée la
prospection minière emploie déjà cinq cents personnes
à son siège de Tamanrasset. A la fois chef-lieu de com-
mune et d'arrondissement, capitale de cet immense terri-
toire, Tamanrasset compte 4.000 habitants et l'on peut
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déjà parler d'urbanisation. Préparation à des transforma-
tions plus profondes si les espoirs mis dans l'exploitation
des ressources du sous-sol et l'essor du tourisme se réa-
lisent. " Dès maintenant, le fait que Tamanrasset va être
dans peu d'années le terminus de la grande route trans-
saharienne permet d'envisager son rôle comme relais entre
cette route la vieille piste vers le Sud ... lieu de contact
entre l'Algérie et l'Afrique noire. ,
M'QIDECH : " Une minorité berbè re d'Algérie : les Kaby-
les "· Paris, Partisans, n• 59-60, mai-août 1971, p. 148-
156.
L'auteur revient dans ce court article d'une grande
densité sur un particularisme dont l'indépendance de l'Al-
gérie n'a pas tari toutes les sources , en alimente même
parfois certaines. Il en rappelle les données essentielles :
éthnique, linguistique, géographique et économique ainsi
que les facteurs logiques de dé_périssement, en montre
d'autre part certains aspects matériels, affectifs et pas-
sionnels qui redonnent à ce problème très ancien , naguère
artificiellement aiguisé par le régime colonial, une actua-
lité parfois gênante pour le pouvoir central. Il n'y a rien
là que de très connu, mais ce rappel n'est peut-être pas
inutile. Il est en tous cas dénué de parti-pris.
•, 2) Société Natio nale ds Rec herc he et d 'Exploitation
L'ambitieux pari de l'Algérie •• Londres, Petroleum
Press Service, no 11 , nov. 1971 , p. 408-411.
" Etat dans l'état ••, le pétrole porte l'espoir du
peuple algérien et de ses dirigeants. Mais l'Algérie en-
tend forcer le destin, et dans sa volonté de développe-
ment, entame, puis radicalise, un processus d'exploita-
tion de ses ressources énergétiques qu'elle compte im-
poser à ses partenaires, compagnies i·nternationales et
pays consommateurs.
Face au programme d'investissements massifs dont la
mise en œuvre se poursuit à un rythme accéléré, l'inter-
rogation qui se pose avec le plus d'évidence, et dans
l'optique algérienne celle qui suscite en dépit de l'opti-
misme officiel le plus d'inquiétude, reste celle des débou-
chés commerciaux et de leur diversification. Après avoir
conquis la maîtrise de ses ressources, l'Algérie se trouve
maintenant face à la nécessité de s'adapter aux ·règles
du marché international dont elle devient un partenaire à
part entière, avec tout les risques inhérents à cette ·situa-
tion.
Pour gagner son " pari "• l'Algérie dispose de nombreux
atouts ; son pétrole est " propre ••, et comme tel il sera
de plus en plus recherché par les pays occidentaux en-
gagés dans la lutte contre la pollution. Aussi, est-il permis
de croire qu 'aux remous de 1971 succèderont des lende-
mains plus réfléchis ; déjà les pétroliers croient déceler
une maturité nouvelle, dans l'attitude des dirigeants de
la Sonatrach notamment.
" L'empire pétrolier de Sonatrach ••. Londres, Petroleum
Press Service, vol. XXXIX, n• 2, févr. 1972, p. 53-55.
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Pour la Sonatrach qui contrôle maintenant plus des 3/4
de la productian algérienne en pétrole brut, l'année 1971
a marqué une étape importante et lui a permis, au tra-
vers de négociations souvent difficiles, d'accéder au 5•
rang des sociétés productrices dans le monde.
Mais il y aurait erreur à croire que les nouveaux maîtres
du pétrole algérien s'en tiendront là ; maîtres de leurs
sources de production , ils se lancent maintenant à la con-
quête des marchés mondiaux, où à terme ils pourraient
avoir à affronter des difficultés plus grandes· encore que
celles rencontrées dans le passé.
A l'heure actuelle toutefois, et après les•tourmentes de
l'année dernière, « l'empire •• de la Sonatrach semble
rep oser sur des bases solides, et la canfiance des ban-
ques du monde entier (800 millions de $ US d'emprunts
et crédits dans les 9 derniers mois) - à elle seule rai-
son d'optimisme - permet à l'Algérie de financer un
programme d'investissements considérables qui permettra
de consolider et de diversifier les atouts de la société,
tant au •niveau de la production que de l'écoulement et
des opérations intermédiaires.
" Verra- t-on bientôt construire ·un · gazoduc· Algérie-Euro-
pe? "· Paris, Industries et Travaux d'Outre-mer, n• 218,
janv. 1972, p. 52-54.
L'exploitation du gaz naturel du gisement d'Hassi R'Mel
Minière. reste très inférieure aux possibilités ' de production : L'ar-
 60
ticle exami·ne les problèmes techniques, économiques et
politiques posés par la construction d'un gazoduc reliant
l'Algérie à l'Europe . Ces problèmes ne semblent pas inso-
lubles.
LIBYE
Karl LAVRENCIC " Colonel Qaddafy takes an uncom-
promising stand, but will the people support him ? "·
Londres, New Middle East, n• 39, déc. 1971 , p. 26-28.
La position rntrasigeante prise par le chef de l'Etat ne
lui aliénera-t-elle pas Le soutien populaire ? Dans ces nota-
tions d'un journaliste indépendant, probablement originai-
re d'un pays de l'Est européen, on trouvera quelques aper-
çus intéressants : le reflet d'impressions d'immigrés you-
goslaves ou bulgares sur ce pays de contrastes à la popu-
lation fermée et xénophobe, l'afflux d'étrangers en quête
de hauts salaires, la ruée des gens d'affaires vers ce
nouvel Eldorado ...
Quelques jugements aussi sur la politique du « Savo-
narole du monde arabe " dcmt l'intransigeance s'exerce
moins vis-à-vis des nations occidentales que des Etats
arabes voisins. D'où des dissensions au sein de l'Union
des Républiques arabes et particulièrement avec I'Egypte
jugée trop souple et conciliante par le champion de l'or-
thodoxie islamique et du pan-arabisme de combat.
Ol ivier PlOT : " Regards sur les relations économiques
de la France avec la Libye "· Paris, Exporter, Revue
de l' Exportateur, n• 40, oct. 1971 , p. 6-8.
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Occupant le cinquième rang parmi les fournisseurs de
la Libye avec 6 % du marché , la France est cependant
le seul pays qui a vu croître de 13 % en 1970 la valeur
de ses exportations, tandis que ses concurrents connais-
saient une importante régression . Dans un tableau court
et précis, M. Piot, conseiller commercial , donne en quel-
ques pages l'essentiel des possibilités qu'offre aux expor-
tateurs français le marché libyen, et estime que l'excel-
lent climat politique actuel qui règne entre les deux pays
doit favoriser les initiatives des entreprises et des expor-
tateurs français.
MAROC
Charles-Robert AGERON : « La politique berbère du pro-
tectorat marocain . 1913-1934 "· Paris, Revue d'histoire
moderne et contemporaine, janv.-mars 1971, p. 50-90.
L'étude ici présentée comme le premier essai historique
sur « un des aspects avoués de l'entreprise française
au Maghreb " retrace les vains efforts d'une politique
depuis ses débuts en 1913 jusqu'à son désaveu en 1934.
Historien dont on n'aura pas oublié la thèse magistrale
sur l'Algérie (3) , M. Ageron scinde son exposé en deux
parties.
(3) • Les Al gériens musulmans el la France .. , analysé dan s
• Maghreb • no 37, janvier-février 1970, p . 67-58.
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Sous le titre •• Mythe berbère et politique berbère "• Il
rappelle, en puisant dans les écrits des « berbérophiles •• ,
quelques-unes des idées reçues et indéfiniment répétées
sur les éminentes qualités de la race berbère, créditée
de vertus politiques qui auraient fait défaut aux Arabes.
Etat social des républiques démocratiques berbères, isla-
misation superficielle, résistance séculaire au chraa cora-
nique, autant d'idées qui amènent à définir une politique
berbère. Celle-ci consiste essentiellement à isoler artifi-
ciellement ces populations « qui doivent devenir en peu
de temps françaises de langue et d'esprit " si nous
savons les rapprocher de nous par le respect de leurs
traditions propres .
L'auteur passe ensuite en . revue les différentes étapes
de l'action entreprise : le premier dahir berbère (11 sep-
tembre 1914) impose malgré les réticences du Makhzen ,
la politique scolaire et les écoles franco-berbères, l'orga-
nisation d'une justice civile berbère, puis la préparation
du dahir du 16 mai 1930, son retentissement immédiat
dans tout le monde musulman, la campagne nationaliste
d'agitation , et devant celle-ci , un certain retrait de la
Résidence marqué par le dahir de 1934.
Si M. Ageron s'est montré sévère sur l'action des
berbérophiles, sa conclusion est plus mesurée : << La
politique berbère considérée en elle-même avait ses justi-
fications théoriques et le souci de conserver les institu-
tions d'une société attardée n'était pas sans valeur. Ce
souci eût été plus méritoire encore si , comme on le dé-
clara plus tard , c'étaient des possibilités d'évolution origi-
nale qu'on avait voulu ainsi sauvegarder : le droit d'un
vieux peuple à évoluer différemment de ses voisins arabes
et de ses maîtres français. En réalité, on ne peut attacher
foi à ces justifications a posteriori : les berbérophiles
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avaient trop souvent avoué d'autres arrière-pensées de
division impériale et en tout cas démontré une volonté
passéiste de conservation sociale »
Hubert BEGUIN : •• La ville et l'industrie au Maroc "·
Paris, Revue Tiers-Monde, t. Xli , n• 45, janv.-mars 1971,
p. 145-166.
Dans le n" 45 de la " Revue Tiers-Monde " consacré à
" La Ville et l'organisation de l'espace dans les pays en
voie de développement ••, Hubert Béguin étudie la ville
et l'i ndustrie au Maroc. Dans le contexte économique
général du .Maroc, le rôle de l'i ndustrie est capital. Cette
industrie est urbaine, concentrée dans un petit nombre
de localités. Casablanca compte 55 % des établissements
industriels, le reste se répartissant sur une dizaine de
villes. Pour connaître les exigences d'environnement ur-
bain formulées par les industriels, on a dépouillé les
200 réponses au questionnaire qui leur a été adressé.
La localisation actuelle de l'industrie s'explique d'abord
par le site de la ville (ressources en matières premières,
énergie, main-d'œuvre) , puis par la situation par rapport
à la voie ferrée, aux ports, à la clientèle industrielle et
commerciale, à la matière première (matériaux de cons-
truction , conserveries) . La qualité de la main-d 'œuvre est
olus appréciée que la modicité de son coût , la formation
professionnelle constituant un problème important. Casa-
blanca offre le maximum des avan'tages recherchés puis-
que le pourcentage de satisfaction est de 94 % malgré
 R E V U E S
les problèmes sociaux que posent le chômage et l'accrois-
sement des bidonvilles.
La déconcentration de l'industrie en dehors de Casa-
blanca est freinée par l'absence d'un véritable environ-
nement industriel dans les autres villes et la politique
d'aménagement du territoire devra en . tenir largement
compte.
Bassam TISI : " Gescheiterter Militiirputsch in Marokko »
(Putsch militaire avorté au Maroc) . Bonn, Afrlka Heute,
n" 21 , 1" nov. 1971 , p. 440-443.
Il ne s'agit pas du putsch lui-même mais seulement
des raisons de son échec. L'auteur cite une analyse de
la société marocaine, sur laquelle selon lui, reposait la
stratégie de I'U.N.F.P., divisant la société marocaine en
quatre classes : la haute bourgeoisie, la classe ouvrière,
la moye.nne et petite bourgeoisie, les paysans sans terre
et les petits fellahs. Une alliance entre les trois dernières
classes était la condition d'un pouvoir échappant à l'arbi-
traire du Ro i, en mesure de contrôler l'armée et la police,
de promouvoir des réformes sociales et une réforme
agraire. L'article est des plus sévères pour le roi Hassan Il.
L'auteur considère le procès de Marrakech non seule-
ment comme une mesure destinée à neutraliser l'opposi-
tion , mais aussi comme un acte de vengeance des nota-
bles ruraux ayant eu à souffrir des mouvements de libé-
ration. Il conclut par ces mots : " Le Maroc est devenu
aujourd 'hui une vaste prison dans laquelle un seul droit
règne, celui de la bourgeoisie rurale, qui dépasse en bru-
talité celui du régime colonial »
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TINGITANUS : « Au Maroc, l'histoire ne sonnera pas
deux fo is "· Paris, Esprit, février 1972, p. 280-290.
Pénétrante analyse des causes profondes du putsch
manqué de Skhira!. Avec une remarquable hauteur de
vue, Tingitanus décèle dans les événements du 10 juillet
la résurgence d'anciennes « siba "• la lutte purificatrice
de réformateurs décidés à en finir avec la corruption, et
surtout la conséquence des problèmes de modernisation
qui se posent à un pays du Tiers-monde. Qualifiant l'évé-
nement de « coup d'Etat archaïque contre un régime
archaïque " • l'auteur conclut que la révolution peut encore
se faire avec le Roi, sinon elle se fera contre lui.
" Marokko " · Stuttgart, Institut für Auslandsbeziehungen,
Zeltschrlft für KuHuraustausch, no 2, 1971 .
L'institut des relations internationales de Stuttgart pu-
blie un numéro spécial sur le Maroc, illustré de photos
de qualité. Cette revue est consacrée surtout à des as-
pects historiques, culturels et ethna-folkloriques du pays :
articles de trois ou quatre pages sur chaque sujet, dont
la concision égale le sérieux. Les rapports maroco-alle-
mands, dans l'histoire, dans le fonctionnement des Goethe
lnstitute, sur le plan économique et par l'émigration de
main-d 'œuvre sont abondamment évoqués et fournissent
des informations aussi précises que récentes.
Chaque article est suivi d'un résumé en français.
61
Actualités du commerce extérieur. Paris, no 70, janv. 1972.
Ce numéro de la revue publiée par la Banque fran-
çaise du Commerce extérieur contient une fiche écono-
mique de 12 pages sur le Maroc.
Lamallf. Casablanca, no 51, nov. 1971.
Cette livraison du périodique marocain compte une dou-
zaine d'articles consacrés à l'actualité, parmi ·lesquels :
- l'éditorial de Samira MOUNIR qui comment!;) les
" Epurations " et la lutte anti-corruption . Dans une suite
de réflexions sceptiques, l'auteur expose sa crainte de
voir ces mesures " récupérées " par une nouvelle classe
de profiteurs que soutiendrait le " capitalisme interna-
tional " excédé par les outrances de la bourgeoisie en
place;
- un rappel de l'histoire de la presse Mas par Zakya
DAOUD, dans un style vif et caustique. La rédactrice
dévoile " les Dessous de la presse Mas " et fait l'ana-
lyse psychologique de l'esprit insidieux de ses publiéa-
tions ;
- une interview de l'actuel président de I'U.N.E.M.,
T. Bennani, qui présente le bilan des luttes estudiantines
en 70-71 et le programme d'action pour 71-72;
- une critique des méthodes du recensement de l'été
1971 par Samira MOUNIR, qui débouche sur une critique
des choix économiques du gouvernement ;
- un débat sur la situation de l'agriculture marocaine
entre l'économiste Abdelaziz Belal et deux professeurs
de sociologie, Paul PASCON et Nagib BOUDERBALAH où
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sont tracées les grandes lignes de ce qui pourrait deve-
nir une réforme agraire si la gauche venait au pouvoir.
A noter aussi, après trois pages consacrées à la Révo-
lution d'octobre 1917, un compte rendu positif de la coopé-
ration maroco-soviétique.
Lamallf. Casablanca, no 52, janv.-fév., 1972.
Après un éditorial sévère consacré à la crise maro-
caine et aux tergiversations de l'opposition, la revue inau-
gure, sous le titre « points de repère », une rubrique
consacrée à quelques faits marquants de l'actualité :
problèmes étudiants, planning familial, etc.
Samira MOUNIR apporte une contribution originale à la
connaissance du Maroc rural en présentant « deux tacti-
ques spontanées chez les paysans », les attaques de
trains et les illuminations ou illusions des foules à l'occa-
sion des moussems.
La lecture des ouvrages de Jacques Berque : « L'Orient
second .. et d'Hassan Fathy : << Construire avec le peu-
ple .. , conduit à des réflexions pertinentes sur la société
arabe actuelle.
C'est encore à Samira MOUNIR que l'on doit une pi-
quante analyse du sport marocain sous le titre " du foot-
ball à la politique : des liens inextricables "· Elle y dé-
nonce avec vigueur les fonctions politiques, les aspects
financiers et le rôle social négatif de la pratique sportive
du pays.
 62
TUNISIE
Jean EGEN : " La Tunisie en crise " Paris, Lè Monde
diplomatique, févr. 1972, p. 15-19.
Reportage effectué sur place donnant le climat de la
situation actuelle de la Tunisie au travers des observa-
tions faites et de réponses recueillies.
Wolfang Slim FREUND : " Das tunesische Debakel "·
Bonn , Afrika Heute, no 22, 15 nov. 1971 , p. 454-455.
Sous le titre - sans doute un peu forcé - " La débâ-
clai tun isienne "• l'auteur fait une description de la situa-
tion politique intérieure tunisienne qui dénote une bonne
connaissan ce du pays et des gens. En dépit de l' humou r
dont elle est teintée - ou à cause de lu i - cette des-
cription semble approcher de près la réalité. Selon l'au-
teur,, la période qui a suivi l'éviction d'Ahmad Ben Salah
est une période de ,, grand débrouillage " où chacun
cherche à adopter une attitude conforme à ses intérêts
mais qui , en même temps, ne risque pas de déplaire
au nouveau pouvoir. C'est ainsi que celui qui voulait
rester dans une coopérative pouvait le faire , mais risquait
de pass er pour un Bensaliste.
La libéralisation du commerce , ap rès des ann ées d'un e
gestion étatique a permis aux vitrines de Tunis de se
remplir soudain de produ its de luxe à des prix double
ou trip le de ce qu 'ils étaient, mais n'a pas provoqué une
expansion économique . Comme illustration du climat pol i-
tique régnant à Tunis il cite l'exemple suivant : lors d'une
conférence à l'Université de Tunis devant un public d'étu-
diants sur le thème " sous-développement et structures
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sociales .. , l'auteur a essayé de montrer que le dévelop-
pement dépendait moins de la transformation des struc-
tures de la société , que de celle du comportement des
individus. Il a été vio lemment critiqué par les étudiants
qui lui ont reproché d'employe r les arguments du prési-
dent Nouira.
Ahmed Mestiri prétend que le rég ime n'a de chance de
survie dans sa forme actuelle que dans l'observance des
structures démocratiques. Mais de même que le socia-
lisme d'Ahmad Ben Salah a échoué, faute de social istes
en Tunisie, de même échouerait la démocratie de Mes-
tiri ... faute de démocrates.
Slobodan JOVANOVIC : " Revirements et dilemmes tuni-
siens "· Belgrade, Revue de politique Internationale,
no 519, 20 nov. 1971 , p. 24-26.
L'auteur analyse les résolutions du récent Congrès du
Parti socialiste destourien à Monastir et conclut qu'il n'y
aura aucun revirement notable dans la vie politique du
pays, du vivant de Bourguiba.
R. LOUZON. " La Tunisie en 1972. Capitalisme d'Etat et
accumulation primitive "· Paris, La Révolution prolé-
tarienne, n° 579, fév. 1972, p. 39-41 .
La Tunisie a réussi de façon remarquable le dévelop-
pement de la scolarisation, de l'habitat, de la culture de
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
l'olivier. Elle a tenté de transférer au pllJS grand nombre
le domaine immobilier de l'Etat par le moyen de coopé-
ratives agricoles ; mais l'abandon de celles-ci fait de nou-
veau passer la terre au capital privé.
Anthony SYLVESTER : Tunisia : Can Bourguibism survive
without Bourguiba " · Londres, New Middle East, déc .
1971 ' p. 23-25.
L'auteur rapporte les propos de MM. Ahmad Mestiri et
Hedi Nouira avec lesquels il s'est entretenu des problè-
mes tunisiens du proche avenir. Bien des réformes sont
sans doute nécessaires, mais ce qui importe avant tout
aujourd 'hui au gouvernement c 'est de remettre sur pied
l'économie du pays et de restaurer la confiance : pol i-
tique qui ne suscite pas l'enthousiasme des foules mais
est empreinte de modération et de sagesse. Aucun senti-
ment d 'hostilité envers l'Occident, bien au contraire, une
" association de plus en plus étroite à la Communauté
Economique Européenne est une des idées les plus popu-
laires qu i soit pour l'avenir de la Tunisie "
Mohamed NACHI : " La nationalité tunisienne : attribu-
tion, acquisition et perte ». Paris, Revue juridique et
politique - Indépendance et Coopération, vol. 25, n° 4,
oct.-déc . 1971, nn du Congrès de l'Institut international
du Droit d'expression française (I.D.E.F.) tenu à Bujum-
bara du 10 au 19 août 1971 sur la nationalité.
Dans sa communication au Congrès de I'I.D.E.F. sur la
national ité tunis ienne , M. Nachi , chef du service de la
national ité au ministère de la Justice, s'est attaché à
ex poser les so lution s originales du système tunisien . Il
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a rappel é que la not ion de nationalité est inconnue en
droit musulman. C'est en 1861 que la Constitution tuni-
sienne a détaché de la rel igion le concept de nationalité.
Puis, en 1914, apparaissait le mode d'attribution " jure
sangu inis .. et en 1921 le " jus soli " · Mais c 'est en 1956
que le " jus sol i » prenait une part importante bien que
la prio rité fût accordée au " jus sangu inis .. en matière
d'attribution de la nationalité. En effet, le Code tunisien
prévoit trois cas d'attribution par filiation et trois cas en
raison de la naissance en Tunisie dont deux ne sont pas
souvent cités par d'autres codes : d'une part le cas de
l'enfant né de parents apatrides résidant en Tunisie de-
pu is 5 ans, d'autre part celui de l'enfant né en Tunisie
dont le père et le grand-père y sont eux-mêmes nés.
En matière d'acquisition de la nationalité par le bien-
fait de la loi , le législateur tunisien va plus loin que le
Code français car il n'accorde pas à l'adopté la faculté
de répudiation . De même , afin d'éviter l'apatridie, la
femme apatride acquiert la nationalité tunisienne de plein
droit et définitivement au moment de son mariage avec
un Tunisien . En revanche , les règles d'acquisition par
naturalisation ne diffèrent guère de celles des autres
codes .
En ce qui concerne la perte, la déchéance et le retrait
de la nationalité, M. Nachi souligne que le législateur
tunisien a fait preuve d'une grande circonspection : Il a
retenu seulement deux cas de perte (acquisition volon-
taire d'une nationalité étrangère, emploi dans un service
public étranger) , quatre cas de déchéance (par suite de
 R E V U E S
diverses condamnations ou d'activités préjudiciables aux
intérêts de la Tunisie) et un cas de retrait en ce qui
concerne · les naturalisés ayant usé de manœuvres frau-
duleuses au moment de la naturalisation.
En conclusion, l'auteur traite du problème des conflits
de nationalité et des mesures prises pour en limiter le
nombre, notamment pour la conclusion · d'accords bilaté-
raux avec les pays voisins tel que la Libye (convention
du 11 juin 1961).
Bien que volontairement limité, l'exposé de M. Nachi
constitue, par ses comparaisons avec les législations
d'autres pays d'expression française, un document utile
pour tous ceux qui s'intéressent au droit délicat de la
nationalité.
" Tunisie : Réforme de la sécurité sociale "· Genève,
Revue Internationale du Travail, vol. 104, n" 5, nov. 1971 ,
p. 478-480.
Analyse de la loi du 9 juillet 1970 qui a modifié et
complété la loi fondamentale du 14 décembre 1960 rela-
tive à l'organisation des régimes de sécurité sociale sur
les points suivants :
- extension du régime de sécurité sociale aux tra-
vailleurs salariés et aux coopérateurs du secteur agri-
cole;
- modification des règles concernant l'affiliation et
l'immatriculation des employeurs et des travailleurs ;
- maintien des allocations familiales pendant la durée
d'interruption de travail indemnisée par la caisse et
assouplissement des conditions d'attribution de l'indem-
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nité de maladie et de l'indemnité de décès.
Croissance des Jeunes Nations. Paris, n• 118, décembre
1971 .
Deux courts articles sur la condition de la femme en
Tunisie
- Jean-Yves BOULIC : " Sur le chemin de l'émanci-
pation de la femme. A quoi rêvent les jeunes Tuni-
siennes ? ., (p. 4-7).
Le Code du statut personnel de la femme en Tunisie
est le plus hardi de tous · ceux en vigueur en pays arabe-
musulman. Il a été promulgué en 1956. M. Boulic en
rappelle les principes, notamment : égalité de l'homme
et de la femme, mariage par consentement mutuel, âge
de la nubilité, liberté des produits anti-conceptionnels, etc.
La scolarisation généralisée donne le jour à une nou-
velle génération qui se trouve dans une situation incon-
fortable, tiraillée entre le Code · et le Coran , entre de
pesantes traditions familiales et un incontestable désir
de promotion et d'é mancipation . La vie n'a donc pas
encore rejoint le Droit, le mariage mixte fait scandale
et reste un privilège masculin.
- " Deux femmes du Maghreb devant l'Islam . .,
Dialogue de deux citadines tunisiennes, mères de fa-
mille, milieux enseignant et artisan, niveau secondaire,
63
sur la compatibilité du " style islamique ancien avec la
vie moderne "·
Extrait d'un recueil de propos pris sur le vif, publié
aux éditions " Hommes et .Migrations ., par A. Demeers-
man sous le titre : " Lumière et Ombres au Maghreb ••.
les Cahiers de Tunisie. Tunis. T. XVIII, n• 69-70, 1•' et
2• trim. 1970, n• 71-72, 3• et 4• trim. 1970.
En voie de réviviscence, comme il a été précédemment
signalé (4). cette revue de la faculté des Lettres de Tunis
apporte de nouvelles contributions à l'histoire du Maghreb
et plus spécialement de la Tunisie en publiant :
Sur " les relations historiques et culturelles tuniso-espa-
gnoles ••, les textes des communications faites au col-
loque d'Hammamet en mars 1969 (n° 69-70, p. 9-147) ;
Sur " les relations entre la Tunisie et l'Allemagne avant
le Protectorat français ••, la thèse de troisième cycle
d'histoire germanique de M. Gilbert GEHRING (no 71-72,
p. 5-155).
Chacune des livraisons comporte, en outre, de cour-
tes chroniques et un bulletin critique bibliographique
abondant, ainsi que des réimpressions d'articles anciens,
notamment de :
M. H.H. ABDUL-WAHAB : " Coup d'œil sur les apports
ethniques étrangers en Tunisie (n• 69-70, p. 149-172) ;
M. Paul MONCEAUX : " Les colonies juives dans l'Afrique
romaine .. (n° 70-71 , p. 158-184).
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IBlA, n" 128, 2• semestre 1971.
Le numéro s'ouvre sur un article de Jean FONTAINE
consacré aux " scientistes libanais de la nahda devant
leur foi ., (p. 225-258) . l'éclosion de la nahda (renais-
sance) au XIX" siècle au Liban a été l'occasion de contro-
verses entre les religions et la science, les sciences
naturelles en particulier. Les intellectuels du Proche-
Orient séduits par les théories darwiniennes ont ouvert
la porte à une contestation vivifiante des religions ; ils
nous intéressent comme précurseurs du bouillonnement
actuel du monde arabe.
Dans la grande querelle des Anciens et des Modernes,
des partisans de l'arabisation et de ceux du bilinguisme,
des défenseurs de l'arabe littéraire et des dialectes,
Odette PETIT ne se propose nullement de choisir l'un
ou l'autre camp , d'appuyer une thèse plutôt qu'une autre.
Son article « Langue, culture et participation du monde
arabe contemporain ., (p. 259-283) boucle le cercle tou-
jours clos dans lequel sont enfermées langue et culture
arabes. Dans un style clair, fuyant les abstractions dérou-
tantes qui dissimulent le plus souvent l'imprécision, il
expose comment la langue arabe, plus étroitement liée
à la culture arabe que les objets et les concepts qu'elle
sert à désigner, cherche à briser ce cercle ; moderni-
sation de l'écriture, de la grammaire, du vocabulaire,
adaptation au monde moderne, problèmes du manque
(4) Cf. " Maghreb •, n• 45, p. 64.
 64
d'enseignants, des diversités régionales, de la vivacité des
dialectes : les questions sont évoquées telles qu'on les
envisage en Syrie ou en Egypte, qu'on les débat au
Liban et en Afrique du Nord .
.Mme Petit fonde son exposé sur des articles de presse
parus sur ces problèmes dans presque tout le monde
arabe depuis dix ans. Il n'y a donc là aucune thèse ni
proposition nouvelle mais plutôt une réflexion des Arabes
eux-mêmes sur le sujet. Au terme de cette réflexion, tou-
jours attachés à " cette langue si profondément liée à
leur culture " et désireux de s'ouvrir aux civilisations, les
Arabes posent la question essentielle : « Qui sommes-
nous ? "· L'étude de Mme Petit fait le point de cette
interrogation qui n'a pas fini de rebondir.
Le numéro contient une étude de Claude LIAUZU, " Les
pêcheurs tunisiens à la veille de la deuxième guerre
mondiale "• faite à partir de 1930 : étude démographique,
socio-économique et histoire du " syndicat .. des pê-
cheurs. Egalement, trois nouvelles d'écrivains tunisiens
contemporains, Abderrahman AMMAR, Mokhtar JANNET
et Tahar OMRANE. Dans les " chroniques "• Michel LE-
LONG fait le point de " l'enseignement tunisien en 1971 ..
et Anton METTROP expose la " situation du théâtre en
Tunisie " ·
Revue tunisienne des Sciences sociales. Tun is, n" 26,
sept. 1971.
Dans ce numéro, deux articles ont trait à l'urbanisme,
deux à l'agriculture :
- Etudiant l'urbanisation de la ville de Jendouba, dont
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la population est passée en vingt ans de 6.000 à 14.500
habitants, .MM. Fredj STAMBOULI et Rida BOUKRAA étu-
dient, l'un le débat tradition-modernité dans le dévelop-
pement urbain (p. 8-21), l'autre les rapports « Urbani-
sation , communications de masse et système social "
(p. 21-53). Il est ainsi rendu compte dans le détail d'une
enquête minutieuse portant sur 150 ménages de caté-
gories sociales différentes, répartis dans cinq quartiers
de la ville. Enquête assortie de nombreux tableaux (p. 54-
79) , notamment sur l'écoute radio.
- M. Ezzedine MAKHLOUF étudie les coopératives
agricoles en Tunisie, structure et difficultés, et Mme Lilia
BEN SALEM l'encadrement des unités de production agri-
cole.
Dans la partie " Notes et Documents ••. M. Gilbert
GRANDGUILLAUME, d'après un sondage fait sur le parler
de Nedroma, petite ville de I'Oranie, re lève les emprunts
faits par l'arabe dialectal algérien au vocabulaire fran-
çais d'usage courant et étudie le mode d'assimilation de
ces vocables.
* mes et migrations, Etudes, n° 118, 1971 .
*"
© La Documentation française, Paris, 197:!. DépOt légal no 3024 - 2<
NOTICE BIBLIOORAPHIQUE
Signalons en outre
Sur la Fédération des Républiques arabes :
Jean WOLF : " La Fédération des Républiques arabes.
Quel sera son avenir? " · Bruxelles, Remarques afri-
caines, n° 383, 10 sept. 1971, p. 294-296.
J.L. GOMEZ TELLO : « El nacimiento de una federaclon "·
Madrid, Afrlca, no 358, oct. 1971, p. 4-7.
Sur les relations franco-algériennes
Nlla KUZMANIC : " Les aspects politiques du conflit
pétrolier franco-algérien "· Belgrade, Revue de politique
Internationale, no 514, 5 nov. 1971, p. 13-15.
Le supplément du Monde diplomatique, janv. 1972 :
" L'Algérie 1962-1972 : dix ans d'indépendance " com-
posé d'articles rédigés par des dirigeants et des per-
sonnalités algériennes.
Dans les Temps modernes, n" 305, déc. 1971 , p. 879-890,
des « Poèmes algériens " de Salah GUEMRICHE.
Sur la Libye, dans l'Economie des Pays arabes, Beyrouth ,
no 41/167 , déc. 1971 : « Le commerce extérieur en
1970 et le développement économique de la Libye ,.
et dans le no 42/168, janv. 1972, de la même revue :
" La nationalisation de la British Petroleum "·
Le supplément encarté dans l'Economie des pays arabes,
Beyrouth , no 41 /167, déc. 1971 : " L'économie maro-
caine en 1970 "·
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Sur l'hydraulique au Maroc :
" L'adduction des eaux de l'oued Oum-er-R'bia à Casa-
blanca " • p. 11-14 ; Jean-Marie SALOMON : " L'adduc-
tion du Grou et le barrage provisoire "• p. 15-16, 33-39.
Paris, L'Ingénieur-Constructeur, n" 161, août-sept. 1971 .
Sur l'industrie chimique en Tunisie :
" L'industrie et la commercialisation des phosphates et
des engrais en Tunisie " · Paris, Industries et Travaux
d'Outre-mer, n° 209, avril 1971 .
Une courte note sur le planning familial :
J.H. : " Le plan familial en Tunisie et au Maroc " ·
Paris , Population, no 6, p. 1169-1170.
Sur les travailleurs immigrés en France
• Le VI " Plan et les travailleurs étrangers " · Paris, Hom-
trimestre 1972 - Imprimerie BIALEC - NANCY