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Kératites bactériennes
Bacterial keratitis
T. Bourcier, N. Bouheraoua, G. Gomart, J. Gueudry, A. Dory, P. Riegel, G. Prevost, L. Merabet, F. Baudouin, C. Henrat, Z. Bocskei,
M. Wurtz, A. Messerlin, L. Dormegny, G. Hoareau, A. Grillon, X. Liu, D. Gaucher, A. Sauer, A. Rousseau, V. Borderie, M. Labetoulle
Résumé : Une kératite bactérienne (KB) est une infection de la cornée causée par une ou plusieurs bactéries.
Le port de lentilles de contact est le principal facteur de risque. Staphylococcus et Pseudomonas sont les
agents pathogènes le plus fréquemment isolés. Les KB requièrent une prise en charge standardisée afin d’éviter
tout retard diagnostique et thérapeutique susceptible d’assombrir le pronostic visuel. Sémiologie cornéenne,
Mots-clés : rapidité d’évolution des lésions, présence de facteurs de risque permettent au clinicien d’évoquer un diagnostic
Antibiotiques microbiologique mais seul le grattage cornéen permet, en isolant la (les) bactérie(s) en cause, de porter un
Bactérie diagnostic de certitude. La nature du traitement antibiotique dépend de la sévérité des lésions, du facteur
Cornée de risque en cause et de la (des) bactérie(s) identifiée(s). Les corticoïdes ont montré leur efficacité en tant
Grattage que traitement adjuvant et peuvent être utilisés dans certaines circonstances bien définies. Un traitement
Kératite chirurgical est parfois nécessaire.
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Abstract: Bacterial keratitis (BK) is an infection of the cornea caused by one or more bacteria. Wearing contact
lenses is the main risk factor. Staphylococcus and Pseudomonas are the most frequently isolated pathogens.
BK requires a standardized work-up procedure to avoid diagnostic and therapeutic delays that may negatively
Keywords: affect visual prognosis. Corneal signs, the speed at which lesions progress and the presence of risk factors
Antibiotics allow the clinician to evoke a microbiological diagnosis but corneal scraping, which allows the isolation and
Bacteria identification of the bacteria involved in the infection, is the only way to confirm the diagnosis. The nature
Keratitis of the antibiotic treatment depends on the severity of the lesions, the risk factors involved and the bacteria
Cornea identified. Corticosteroids have been shown to be effective as adjuvant therapy and may be used under certain
Scraping well-defined circumstances. Surgical treatment is sometimes necessary.
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EMC - Ophtalmologie 1
Volume 37 > n◦ 1 > mars 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(19)90533-8
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2 EMC - Ophtalmologie
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Kératites bactériennes 21-200-D-22
Tableau 2.
Facteurs de risque des kératites bactériennes.
Port de lentilles de contact Tous types de lentilles, de matériaux et mode de port (y compris les lentilles jetables journalières) ont été
impliqués
Les lentilles souples sont néanmoins plus souvent en cause que les rigides
Les principales conduites à risque sont le port continu, nocturne ou prolongé, une mauvaise hygiène
d’entretien des lentilles ou du boîtier, une mauvaise hygiène des mains, le port en piscine ou sous la douche,
le contact avec l’eau du robinet, le non-respect des délais de renouvellement des lentilles et produits
d’entretien ainsi que le mélange de produit frais et ancien (topping off)
Pathologies chroniques de surface Œdème de cornée chronique (dystrophie bulleuse du pseudophake, dystrophie de Fuchs)
oculaire Érosions cornéennes récidivantes (post-traumatiques ou dans le cadre de dystrophies épithéliales ou stromales
antérieures)
Kératite sèche sévère par déficit aqueux (syndrome de Sjögren, maladie du greffon contre l’hôte) ou lipidique
Kératite allergique sévère (surinfection d’un ulcère vernal ou d’une kératoconjonctivite atopique)
Kératite herpétique, kératite zostérienne
Kératite neurotrophique
Kératite immunitaire
Kératite d’exposition (paralysie faciale, exophtalmie, chirurgie ou traumatisme palpébral)
Blépharite aiguë ou chronique avec complications cornéennes
Entropion, ectropion, trichiasis
Imperméabilité et/ou infection des voies lacrymales (canaliculite, dacryocystite)
Pathologies fibrosantes (pemphigoïde, Lyell, Stevens-Johnson, trachome)
Brûlures chimiques, thermiques
Insuffisance en cellules souches limbiques
Instillation chronique de collyres créant les conditions d’une immunodépression locale (corticoïdes), de
résistances bactériennes (antibiotiques), ou d’une kératite toxique (AINS, conservateurs)
Traumatismes Sans ou avec corps étrangers cornéens
Chirurgies Chirurgies cornéennes réfractives
Greffes de cornées
Crosslinkings cornéens
Chirurgies de la cataracte
Chirurgies palpébrales
Sutures cornéennes rompues ou distendues
Immunodépression systémique Infection à VIH
Diabète
Malnutrition
Déficit en vitamine A
Alcoolisme chronique
Maladies immunitaires
Corticothérapie et autres traitements immunosuppresseurs
Cancers
Coma, ventilation assistée
Toxicomanie
Portage de bactéries résistantes
photophobie, voire blépharospasme. Leur apparition est sou- tions. La localisation, la couleur, la densité, les dimensions, la
vent brutale, parfois plus progressive sur un œil dont la surface forme, la régularité des bords, la profondeur de ou des infil-
oculaire est déjà pathologique ou en cas d’infection par des bac- trat(s) sont à noter, de même que l’existence de zones de fonte,
téries peu virulentes (mycobactéries, streptocoques oraux). La de nécrose, d’amincissement stromal, d’œdème périlésionnel,
baisse d’acuité visuelle est variable en fonction de la localisa- d’infiltrats satellites, de néovaisseaux, d’une atteinte endothé-
tion des lésions cornéennes (infiltrat, œdème) par rapport à l’axe liale (plis, précipités, plaque), d’une réaction inflammatoire de la
visuel, d’une éventuelle inflammation intraoculaire associée, de chambre antérieure (Tyndall, hypopion, fibrine), d’une éventuelle
la présence de sécrétions et/ou d’un larmoiement réflexe. Le atteinte vitréenne. L’identification du processus est parfois plus
degré d’urgence dépend de l’intensité, de la rapidité d’installation difficile en cas d’infection survenant sur une cornée pathologique,
et d’évolution des symptômes. L’anamnèse comporte l’âge du siège d’une inflammation chronique, ou en cas de traitement anti-
patient, l’existence d’antécédents ophtalmologiques – médicaux, infectieux préalable entraînant une kératite toxique. L’examen de
chirurgicaux – ou généraux, les circonstances de survenue (notam- la cornée adjacente à la zone infectée, des bords palpébraux, des
ment en cas de port de lentilles de contact), les noms des cils, des glandes de Meibomius, de la conjonctive, de la sclère,
traitements anti-infectieux antérieurs ou en cours, la notion du limbe, du film lacrymal, des points lacrymaux au niveau de
d’allergies médicamenteuses ou de portage de bactéries résistantes l’œil infecté mais aussi de l’œil controlatéral permet de repérer
(surtout chez les patients hospitalisés). des pathologies de surface oculaire ou des corps étrangers associés
L’examen du visage vise à rechercher une pathologie dermatolo- à l’infection. Il est nécessaire de tester la sensibilité cornéenne
gique, une exophtalmie, une anomalie conjonctivale ou des voies si une kératite neurotrophique est suspectée. Tous ces signes sont
lacrymales, des cils, de la statique ou de la cinétique palpébrale. consignés sur un schéma détaillé. La pression intraoculaire de l’œil
L’examen des mains recherche un défaut d’hygiène, des argu- atteint peut être élevée en raison d’une trabéculite ou basse en cas
ments en faveur d’une infection unguéale ou cutanée active, d’une de cyclite associée.
polyarthrite, d’une sclérodermie. Cette étape est capitale pour déterminer les modalités de prise
L’examen biomicroscopique recherche les signes en faveur en charge du patient qui reposent sur la présence ou l’absence de
d’une infection cornéenne active : œdème palpébral, hyperhémie critères de gravité au moment de l’évaluation initiale. Les critères
conjonctivale, chémosis, cercle périkératique, ulcère épithélial de gravité peuvent être locaux ou généraux (Tableau 3). Ils sont
positif à la fluorescéine, infiltrat stromal (suppuratif, nécrotique, ceux de l’infection, de ses éventuelles complications au moment
cristallin ou duveteux), localisé (abcès) ou diffus (kératite), sécré- du diagnostic et des facteurs de risque associés. Ces critères
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correspondent aux critères communément admis d’hospitali- Un infiltrat diffus entouré d’un œdème stromal périlésionnel
sation, de réalisation d’un examen microbiologique et de pres- important ou d’un anneau immunitaire, accompagné d’un épi-
cription de traitement anti-infectieux renforcé. thélium adjacent grisâtre, de sécrétions purulentes qui s’étend
Dès ce stade, la présence de certaines caractéristiques cliniques très rapidement, en quelques heures, à toute l’épaisseur de la
et/ou certains facteurs de risque associés permettent d’évoquer la cornée et se complique de nécrose cornéenne et de segmentite
bactérie en cause. antérieure est évocateur de bacilles à Gram négatif (Fig. 3 à 5).
Un (ou plusieurs) abcès rond ou ovale, blanc gris, central, à P. aeruginosa est le plus fréquent d’entre eux, notamment chez les
bords nets, évoluant en quelques jours est évocateur d’infection porteurs de lentilles de contact et/ou dans un contexte de cor-
à cocci à Gram positif (Fig. 1). Parmi ceux-ci, on retrouve les ticothérapie topique prescrite ou utilisée par inadvertance avant
staphylocoques présents dans la flore bactérienne normale, qui le diagnostic d’infection. On retrouve également cette bactérie
entraînent des kératites principalement sur cornées et surfaces lors des infections nosocomiales (unités de soins intensifs, grands
oculaires pathologiques (œil sec, kératopathie bulleuse, blépha- brûlés, coma avec kératite d’exposition, assistance respiratoire,
rite chronique, rosacée, atopie, herpès) ou dans le cadre du port de humidificateurs, matériel d’anesthésie).
lentilles de contact. Les facteurs de risque généraux sont le diabète La kératopathie microcristalline représente une entité clinique
et l’âge de plus de 50 ans. La plupart des staphylocoques à coagu- à part. L’examen à la lampe à fente retrouve une infiltration stro-
lase négative sont moins virulents que S. aureus qui peut évoluer male blanche à bords cristallins, spiculés en flocons de neige.
rapidement en s’accompagnant d’infiltration cornéenne souvent L’évolution de cette infection est chronique, sans réaction inflam-
profonde, de petits infiltrats satellites, de plaques endothéliales et matoire prononcée. Les germes associés sont nombreux [15, 16] . Il
d’hypopion. s’agit de streptocoques le plus souvent (viridans, mitis, sanguis,
Le pneumocoque (S. pneumoniae) se développe volontiers après salivarius, pneumoniae), mais des cas ont été décrits avec S. epider-
un traumatisme cornéen, une dacryocystite, ou une chirurgie midis, Peptostreptococcus sp., Haemophilus aphrophilus, P. aeruginosa,
filtrante. L’abcès est alors rapidement progressif, atteignant le Stenotrophomonas maltophilia, Citrobacter, Acinetobacter, Propioni-
stroma profond, avec hypopion, plis descémétiques radiaires, bacterium acnes, Mycobacterium fortuitum ou certains champignons
dépôt endothélial de fibrine et risque perforatif (Fig. 2). comme le Candida. La greffe de cornée, l’herpès cornéen, le port
de lentilles de contact pansement et les traitements corticoïdes au
long cours en sont les principaux facteurs de risque.
Tableau 3. Les kératites à mycobactéries atypiques sont décrites après
Critères de gravité d’une kératite bactérienne. Ces critères peuvent être traumatisme ou chirurgie cornéenne (laser-assisted in-situ kerato-
locaux ou généraux. On retiendra volontiers la règle des 1-2-3 : tout mileusis [LASIK], photokératectomie réfractive [PKR], greffe). Une
abcès de cornée s’accompagnant d’une réaction de chambre anté- corticothérapie topique au long cours constitue un facteur de
rieure (> 1+ d’effet Tyndall) et/ou mesurant plus de 2 mm de diamètre risque supplémentaire [17, 18] . L’infiltrat cornéen comporte typi-
et/ou situé à moins de 3 mm de l’axe optique est considéré comme quement des bords irréguliers volontiers duveteux et évolue de
« grave ». La plupart de ces critères correspondent également aux critères façon très lente. L’ulcération épithéliale est marquée. Dans le
d’hospitalisation, de réalisation d’un grattage cornéen, et de traitement contexte de LASIK, il existe à la phase précoce de l’infection un ou
antibiotique renforcé. plusieurs infiltrats nummulaires de l’interface dont l’évolution va
se poursuivre par une atteinte épithéliale et stromale.
Critères locaux Critères généraux Un gonocoque est à évoquer dans un contexte d’infections
Règle des « 1-2-3 » : abcès ou kératite Monophtalme sexuellement transmissibles (IST) (urétrite, cervicite) ou chez le
accompagné d’un effet Tyndall > 1+ de Enfant nouveau-né devant une conjonctivite purulente hyper-aiguë, un
diamètre > 2 mm situé à moins de 3 mm de Immunodéprimé chémosis d’évolution rapide et une infection cornéenne évoluant
l’axe optique Mauvaise observance rapidement vers une perforation.
Sclérite ou endophtalmie ou cellulite du traitement
associée Opéré récent
Atteinte du stroma postérieur, fonte
stromale, perforation imminente ou avérée
Diagnostics différentiels
Aggravation malgré un traitement
antibiotique empirique à large spectre, Si la très grande majorité des infections cornéennes non virales
passage à la chronicité sont dues en France métropolitaine à des bactéries, toutes les infec-
Infections bilatérales ou infiltrats multiples tions ne sont pas bactériennes. Il existe en effet chaque année
Kératite neurotrophique, œil sec sévère plusieurs centaines de cas de kératites amibiennes (KA) ou fon-
giques (KF). La virulence de ces agents pathogènes et les fréquents
A B
Figure 1. Kératite à Staphylococcus aureus. Facteur de risque : port de lentilles de contact. Petites dimensions et bords nets de l’abcès mais celui-ci est situé
dans l’axe optique (A). Cliché après instillation de collyre à la fluorescéine (B).
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A B
Figure 2. Kératite à Streptococcus pneumoniae. Facteur de risque : traumatisme cornéen et corps étranger métallique. Abcès suppuratif et nécrotique
transfixiant et de grandes dimensions (A). Cliché après instillation de collyre à la fluorescéine (B).
A B
Figure 3. Kératite à Pseudomonas aeruginosa. Facteur de risque : port de lentilles de contact. Vaste et profonde infiltration stromale centrale d’évolution
rapide, œdème périlésionnel (A), ulcère épithélial de grandes dimensions, présence de sécrétions abondantes (B).
retards diagnostiques qui leurs sont associés justifient la recherche térite noueuse, granulomatose avec polyangéite, sarcoïdose), la
systématique, lors de l’examen clinique initial, de signes non kératopathie lipidique traduisant l’exsudation de néovaisseaux
typiques d’une infection bactérienne. Ainsi une KA est suspectée cornéens, la plaque vernale (matériel inflammatoire, contexte ato-
en cas d’épithéliopathie et d’atteinte stromale antérieure doulou- pique) ou les dépôts médicamenteux (quinolones notamment).
reuse et prolongée, en présence d’une kératonévrite radiaire. Une Au terme de l’examen clinique, l’orientation du diagnostic
pseudodendrite peut être compatible avec le diagnostic de KA et microbiologique est possible pour le clinicien. Cependant, la plu-
ne doit pas faire tomber dans le piège d’une kératite herpétique qui part des signes cliniques sont peu spécifiques. La capacité des
constitue le principal diagnostic différentiel. Ainsi, il est nécessaire ophtalmologistes à prédire les résultats du diagnostic microbio-
de rappeler que toute suspicion d’herpès cornéen survenant chez logique en cas de kératite présumée infectieuse est de l’ordre de
un porteur de lentilles de contact est en réalité à considérer comme 60 %, y compris pour des experts entraînés [19, 20] .
une KA jusqu’à preuve du contraire car, si le diagnostic est ignoré, C’est la raison pour laquelle le diagnostic étiologique de certi-
l’évolution de l’infection est marquée par une atteinte stromale tude repose sur l’examen microbiologique du produit de grattage
profonde, parfois sclérale ou uvéale dont les pronostics anato- cornéen.
miques et fonctionnels sont définitivement mauvais. On évoque
une KF en présence d’un infiltrat stromal à bords flous irréguliers,
en présence de satellites situés à proximité de l’infiltrat principal, Diagnostic microbiologique
en cas de progression des lésions infectieuses malgré un traitement
antibiotique bien conduit ou d’une aggravation dramatique de la La majorité des infections cornéennes non virales observées
situation sous l’effet des corticoïdes. en Europe et en Amérique du Nord sont de nature bactérienne.
Les autres diagnostics différentiels sont constitués par les Ces infections guérissent sous traitement antibiotique empirique
kératites herpétiques ou zostériennes nécrosantes, les kératites et ne nécessitent pas d’examen microbiologique lorsqu’elles ne
à Epstein-Barr virus (EBV), les infiltrats périphériques stériles comportent pas de critères de gravité ou de signes atypiques.
de nature purement inflammatoire (hypersensibilité à staphylo- Il est en revanche vivement conseillé de réaliser un examen
coque dans le cadre d’une blépharite, port de lentilles de contact, microbiologique dans cinq circonstances : kératite présumée bac-
rosacée, démodécidose, allergie sévère, polyarthrite rhumatoïde, térienne comportant des critères de gravité, présence de signes
maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, lupus, périar- atypiques ou de facteurs de risque faisant suspecter une kératite
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Figure 4. Kératite à Moraxella spp. Facteurs de risque : port de lentilles Figure 6. Kit de grattage cornéen contenant l’ensemble du matériel
de contact, blépharite chronique, sécheresse oculaire. Infiltrat et œdème nécessaire pour réaliser un diagnostic microbiologique d’infection cor-
stromaux, hypopion réactionnel. néenne. 1. Examen direct (lames de bistouri, lames porte objets, étuis
porte-lames). Milieux de cultures pour diagnostic ; 2. bactériologique ; 3.
virologique (culture et polymerase chain reaction – PCR) ; 4. mycologique ;
5. recherche d’amibes (gélose, tube Eppendorf pour PCR Acanthamoeba).
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MétiS : sensibles à la méticilline ; MétiR : résistants à la méticilline ; BGN : bactéries à Gram négatif ; CGP : cocci à Gram positif ; BGP : bacilles à Gram positif ; PPI : pour préparation injectable ; NaCl : chlorure de sodium.
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Le traitement simultané ou différé d’une pathologie chronique contre-indication, en association avec des antalgiques oraux)
de surface oculaire, la prise en charge d’une immunodépression et de prévention des synéchies, collyre hypotonisant en cas
systémique associée sont à prévoir. d’hypertonie oculaire.
Le lavage quotidien du visage au savon ainsi que le lavage des Des tétracyclines par voie orale peuvent être prescrites en cas
mains avec une solution hydroalcoolique sont nécessaires avant de fonte stromale (effet anti-collagénase).
l’instillation des collyres. Les corticoïdes peuvent être bénéfiques dans la prise en charge
L’arrêt du tabac est conseillé. des KB. Ils permettent de limiter la réponse inflammatoire de
Des lavages oculaires pluriquotidiens avec une solution de NaCl l’hôte qui engendre la destruction du tissu cornéen et génèrent
à 0,9 % permettent d’éliminer les sécrétions et les médiateurs des cicatrices pénalisantes sur le plan visuel. Les inconvénients
inflammatoires présents à la surface oculaire. potentiels comportent : une recrudescence possible de l’infection,
Le débridement régulier de l’ulcère permet de diminuer une immunodépression locale, des complications à type de fonte
la charge infectieuse, d’éliminer le matériel nécrotique et stromale (inhibition de la synthèse du collagène), de glaucome
d’augmenter la pénétration des anti-infectieux. ou de cataracte. Au regard des études expérimentales et cliniques
D’autres collyres peuvent être administrés si nécessaire : trai- disponibles, la plupart des spécialistes de la cornée utilisent les
tement anti-amibien ou antifongique en cas de co-infection, corticoïdes topiques afin de limiter les morbidités associées à la
collyre cycloplégique à visée antalgique (en l’absence de KB [11, 24] . Ceux-ci sont à débuter après quelques jours de trai-
tement antibiotique et sous cinq conditions : contrôle clinique
Tableau 5. de l’infection bactérienne (signes et symptômes), bactérie iden-
Traitement des kératites bactériennes : exemples de protocoles antibio- tifiée par grattage cornéen, début de réépithélialisation, absence
tiques. Quel que soit l’antibiotique prescrit, renforcé ou non, une « dose de facteurs de risque ou d’arguments microbiologiques en faveur
de charge » (instillations répétées toutes les cinq à dix minutes la première d’une co-infection amibienne ou fongique ou virale, absence de
heure de traitement) permet d’obtenir rapidement des concentrations fonte stromale ou de risque perforatif. Une surveillance stricte est
cornéennes satisfaisantes. Le respect d’un intervalle de cinq minutes entre alors nécessaire en raison du risque potentiel de réactivation infec-
chaque instillation de collyre est nécessaire. Les collyres sont ensuite pres- tieuse et de retard de cicatrisation épithéliale. L’étude Steroids
crits à la posologie d’une goutte par heure pendant 48 heures. L’utilisation for Corneal Ulcers Trial (SCUT) a montré que le profil de viru-
de pommades antibiotiques est à éviter à la phase aiguë de l’infection pour lence (invasivité, cytotoxicité) des Pseudomonas serait un facteur
ne pas diminuer la pénétration des collyres. Néanmoins, cette forme galé- modulateur de l’effet du traitement corticoïde : l’effet bénéfique
nique a pour avantage d’augmenter le temps de contact cornéen et est des corticoïdes serait plus important en termes d’acuité visuelle,
particulièrement utile chez l’enfant ou en application nocturne, une fois sur les Pseudomonas du sous-groupe invasif par rapport aux Pseu-
l’infection contrôlée. domonas du sous-groupe cytotoxique [25] . Dans la pratique des
auteurs, le traitement est débuté après 48 heures en cas de bactérie
Kératites bactériennes menaçant la Ticarcilline (6,6 mg/ml) +
à Gram positif identifiée, et entre trois et sept jours, selon le niveau
vision (critères de gravité locaux 1-2-3 gentamycine (15 mg/ml) +
présents) : associations de collyres vancomycine (50 mg/ml)
de gravité, en cas de bactérie à Gram négatif. Une surveillance
renforcés (pharmacies hospitalières) Ceftazidime (20 mg/ml) + rapprochée est nécessaire au moment de leur introduction. Les
dans le cadre d’une hospitalisation vancomycine (50 mg/ml) corticoïdes sont en revanche contre-indiqués à la phase précoce
Céfazoline (50 mg/ml) + des infections fongiques, amibiennes et nocardiennes. Ils sont
tobramycine (20 mg/ml) déconseillés en cas d’infection à mycobactérie atypique.
Céfazoline (50 mg/ml) + L’information du patient concernant le ou les facteur(s) de
quinolone risque en cause et le pronostic anatomique et visuel de l’infection,
Kératites bactériennes ne menaçant Quinolone ± aminoside son éducation à la compliance aux soins et aux méthodes de pré-
pas immédiatement la vision (critères Quinolone ± rifamycine vention d’une récidive sont essentiels.
1-2-3 absents) : associations de collyres
d’officine Suivi, évolution
Suivi ambulatoire rapproché
L’antibiothérapie initiale (molécules, fréquence d’installation)
est ensuite modifiée en fonction de l’évolution clinique (effi-
Tableau 6. cacité/tolérance), des résultats de l’examen microbiologique
Traitement des kératites bactériennes : antibiotiques pour injections sous- (direct/culture) et de l’antibiogramme. Il est souhaitable de
conjonctivales. Les antibiotiques sont dilués dans une solution de chlorure conserver au moins deux antibiotiques actifs sur la bactérie identi-
de sodium (NaCl) à 0,9 %. fiée. La fréquence d’instillation des antibiotiques est généralement
DCI Préparation Injection Dose diminuée après 48 heures en raison de leur mauvaise tolérance
locale (douleurs à l’instillation) et de l’apparition de phénomènes
Céfazoline 200 mg/ml 0,5 ml 100 mg
de toxicité (kératite ponctuée, retard ou absence de cicatrisation
Ceftazidime
Céftriaxone
épithéliale). Il n’existe pas de consensus sur la durée du traitement
antibiotique. La durée du traitement antibiotique est d’environ
Gentamycine 40 mg/ml 0,5 ml 20 mg
deux semaines pour les KB peu sévères, quatre semaines, voire
Tobramycine
plus, pour les cas plus sévères.
Amikacine
La surveillance évolutive est fondée sur l’examen clinique
Vancomycine 50 mg/ml 0,5 ml 25 mg de trois paramètres : infection, inflammation, cicatrisation cor-
Érythromycine 100 mg/ml 0,5 ml 50 mg néenne. En pratique, l’acuité visuelle, l’intensité des signes
Bacitracine 10 000 U/ml 0,5 ml 5000 U fonctionnels (douleurs), l’infiltrat (densité, limites, dimensions,
Ticarcilline 200 mg/ml 0,5 ml 100 mg profondeur), l’œdème, l’amincissement stromal éventuel, l’état
de l’épithélium cornéen et le degré d’inflammation (cornéenne,
DCI : dénomination commune internationale. conjonctivale, palpébrale et camérulaire), la présence ou non de
606 μm
547 μm 182 μm
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sécrétions sont à réévaluer de façon bi- ou tri-quotidienne pendant Quelques cas de fontes stromales septiques résistantes au traite-
toute la durée d’hospitalisation du patient. Les photographies à ment anti-infectieux ont été traités avec succès par crosslinking
lampe à fente et l’imagerie OCT sont utiles au suivi. cornéen [27] . Cette procédure est cependant encore en cours
En cas de sensibilité du germe au traitement, une améliora- d’évaluation pour les KB.
tion doit survenir dans les 24 à 48 heures. On observe alors une Recouvrement conjonctival, injection rétrobulbaire de xylo-
réépithélialisation de la surface de l’infiltrat dont la densité, la pro- caïne/chlorpromazine et éviscération ou énucléation sont à
fondeur et la surface diminuent, une régression de l’inflammation envisager dans les cas les plus sévères.
palpébrale, conjonctivale et de la chambre antérieure, des sécré-
tions ainsi que des signes fonctionnels. L’évolution dépend de
la charge et de la virulence bactérienne mais aussi des moyens Pronostic
de défense du patient. L’évolution est plus lente et le pronostic
Le pronostic général des KB s’améliore depuis quelques décen-
visuel plus mauvais pour les bactéries à Gram négatif, les pneumo-
nies grâce aux progrès thérapeutiques qui permettent un meilleur
coques et les S. aureus. Une tendance à l’aggravation des lésions
contrôle de l’infection et de l’inflammation. Il dépend :
cornéennes est même possible pendant les 48 premières heures
• du score de gravité initial (perte de vision, volume et localisa-
malgré un traitement antibiotique efficace, dans les infections à
tion de l’infiltrat, état de la chambre antérieure) ;
P. aeruginosa.
• de la virulence du pathogène en cause. Le pronostic visuel est
En l’absence d’amélioration (persistance, progression centri-
plus mauvais pour les infections à bactéries à Gram négatif ;
fuge et en profondeur de l’infiltration stromale, aggravation
• de la précocité, de l’efficacité et de la tolérance du traitement ;
de l’ulcère épithélial, progression de l’amincissement cornéen,
• de la réponse inflammatoire de l’hôte ;
atteinte ou majoration de l’inflammation de chambre antérieure,
• de la persistance ou non du (des) facteur(s) de risque impliqué(s)
persistance/augmentation des signes fonctionnels), cinq possibi-
dans la survenue de l’infection ;
lités sont à envisager :
• de la qualité du suivi clinique.
• mauvaise compliance au traitement ;
Le port de lentilles de contact, pourtant facteur de risque princi-
• l’agent infectieux initial ou un autre agent responsable
pal des séries de KB sévères nécessitant l’hospitalisation, n’est pas à
de co-infection (autre bactérie, virus, champignon, amibe)
considérer comme un facteur de mauvais pronostic. En revanche,
persiste(nt) malgré le traitement antibiotique. Une fenêtre
l’âge avancé, la présence d’antécédents d’immunodépression sys-
thérapeutique de 12 à 24 heures est alors programmée et les pré-
témique ou d’une pathologie chronique de la surface oculaire le
lèvements sont à nouveau effectués avec, si besoin, nouvelles
sont [28] . Malgré l’éradication du ou des agent(s) pathogène(s), une
colorations et ensemencement de milieux spéciaux pour la
perte de vision est possible par les mécanismes suivants : opacifica-
recherche d’agents pathogènes non bactériens (amibe, champi-
tion et/ou irrégularité topographique, conséquence de la cicatrice
gnon, virus) ou de bactéries atypiques (mycobactérie, Nocardia).
et/ou de la néovascularisation cornéenne, présence d’une compli-
Une biopsie de cornée peut être envisagée en cas d’atteinte
cation non infectieuse telle que cataracte secondaire ou glaucome
chronique du stroma profond. Le traitement anti-infectieux est
secondaire.
ensuite adapté en fonction des résultats des nouveaux prélève-
L’absence de contrôle de l’infection peut aboutir à la perfora-
ments ;
tion cornéenne, l’endophtalmie, la cellulite orbitaire, la phtyse
• les collyres renforcés provoquent une toxicité locale qui
du globe.
entraîne un retard de cicatrisation cornéenne. Plusieurs solu-
En pratique, 92 à 98 % des kératites bactériennes prises en
tions sont envisageables : réduire la posologie des collyres
charge en milieu hospitalier (considérées comme les cas les plus
renforcés, les remplacer par des collyres d’officine (après vérifi-
graves) évoluent vers la guérison sous traitement médical et 60
cation de l’antibiogramme), utiliser des collyres mouillants ;
à 85 % des patients recouvrent une acuité visuelle supérieure à
• l’inflammation évolue pour son propre compte et est res-
l’acuité visuelle initiale, 35 % perdent entre une et trois lignes de
ponsable de la persistance des signes. Le fond de l’ulcère
meilleure acuité visuelle corrigée, et 5 % perdent plus de quatre
est à débrider. L’introduction des collyres corticoïdes ou
lignes [3, 29] . Les cas défavorables sont aujourd’hui relativement
l’augmentation de leur fréquence d’instillation est alors sou-
rares, estimés à moins de 2 %. Ils concernent surtout certaines
haitable ;
infections à S. aureus (notamment en cas de polyarthrite rhu-
• le facteur de risque prédisposant à la KB est non contrôlé.
matoïde ou de sécheresse oculaire sévère), à P. aeruginosa chez
les porteurs de lentilles traités d’emblée par corticoïdes, ou cer-
Traitements chirurgicaux taines infections à Neisseria dans le cadre d’IST. La perforation de
la cornée peut alors survenir rapidement et un traitement chi-
rurgical urgent est nécessaire. Les infections polymicrobiennes
Ils sont à discuter au cas par cas.
bactéries/champignons sont de plus mauvais pronostic que les
Combinée au traitement médical et à une kératectomie ou
infections fongiques ou bactériennes pures.
à une détersion de l’ulcère cornéen, une greffe de membrane
amniotique peut se révéler utile à la phase aiguë des KB sévères,
notamment en cas de surface oculaire préalablement patholo-
gique, en favorisant le processus de cicatrisation cornéenne. Un
Conclusion
effet antalgique, anti-inflammatoire et antimicrobien de la mem- La majorité des KB sont résolutives sous traitement médical
brane amniotique a également été démontré. à condition de détecter l’infection précocement en effectuant si
Une greffe de cornée thérapeutique « à chaud » est nécessaire nécessaire un examen microbiologique et de la traiter de façon
lorsque l’intégrité du globe est menacée : infection sévère et évo- adaptée en contrôlant le(s) facteur(s) de risque associé(s) et en
lutive malgré le traitement médical, progression vers le limbe, évitant toute iatrogénie. L’éducation et l’information des patients
perforation cornéenne avérée ou imminente. Les techniques de porteurs de lentilles de contact tiennent une place essentielle dans
kératoplastie lamellaire profonde ou de kératoplastie transfixiante la prévention des KB.
peuvent être employées [26] . Cependant, le pronostic des kérato-
plasties effectuées sur un œil infecté et inflammatoire est mauvais
et l’on tente, dans la mesure du possible, de le différer et d’attendre Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de liens d’intérêts
au moins 9 à 12 mois après résolution de l’épisode infectieux avant en relation avec cet article.
d’effectuer une kératoplastie à titre optique. Des gestes associés
(phakoexérèse, chirurgie du glaucome) sont parfois indiqués.
L’amputation thérapeutique d’un capot infecté et nécrosé de Références
LASIK est parfois nécessaire.
En cas de perforation de petit diamètre, de la colle cyanoacry- [1] Ung L, Bispo PJ, Shanbhag SS, Gilmore MS, Chodosh J. The Per-
late, une greffe de membrane amniotique multicouche ou une sistent dilemma of microbial keratitis: global burden, diagnosis, and
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10 EMC - Ophtalmologie
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Service d’ophtalmologie, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Fédération de médecine translationnelle de Strasbourg, Université de Strasbourg, 1, place
de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg Cedex, France.
Institut de bactériologie, Équipe d’Accueil 7290, Université de Strasbourg, 3, rue Koeberlé, 67000 Strasbourg, France.
N. Bouheraoua.
Service 5, Fédération de gestion commune de pathologie infectieuse oculaire, CHNO des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris, France.
G. Gomart.
Service d’ophtalmologie, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Fédération de médecine translationnelle de Strasbourg, Université de Strasbourg, 1, place
de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg Cedex, France.
J. Gueudry.
Service d’ophtalmologie, Hôpital Charles-Nicolle, CHU de Rouen, 37, boulevard Gambetta, 76000 Rouen, France.
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Pharmacie, Nouvel hôpital Civil, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, 1, quai Louis-Pasteur, 67000 Strasbourg, France.
P. Riegel.
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Institut de bactériologie, Équipe d’Accueil 7290, Université de Strasbourg, 3, rue Koeberlé, 67000 Strasbourg, France.
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F. Baudouin.
Laboratoire de biologie, CHNO des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris, France.
C. Henrat.
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EMC - Ophtalmologie 11
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21-200-D-22 Kératites bactériennes
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Service d’ophtalmologie, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Fédération de médecine translationnelle de Strasbourg, Université de Strasbourg, 1, place
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Service 5, Fédération de gestion commune de pathologie infectieuse oculaire, CHNO des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris, France.
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Institut de bactériologie, Équipe d’Accueil 7290, Université de Strasbourg, 3, rue Koeberlé, 67000 Strasbourg, France.
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Service d’ophtalmologie, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Fédération de médecine translationnelle de Strasbourg, Université de Strasbourg, 1, place
de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg Cedex, France.
Institut de bactériologie, Équipe d’Accueil 7290, Université de Strasbourg, 3, rue Koeberlé, 67000 Strasbourg, France.
A. Rousseau.
Service d’ophtalmologie, CHU de Bicêtre, AP–HP, Université Paris-Sud, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.
Département de virologie, I2BC, CNRS, 1, avenue de la Terrasse, 91198 Gif-sur-Yvette, France.
V. Borderie.
Service 5, Fédération de gestion commune de pathologie infectieuse oculaire, CHNO des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris, France.
M. Labetoulle.
Service d’ophtalmologie, CHU de Bicêtre, AP–HP, Université Paris-Sud, 78, rue du Général-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France.
Département de virologie, I2BC, CNRS, 1, avenue de la Terrasse, 91198 Gif-sur-Yvette, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bourcier T, Bouheraoua N, Gomart G, Gueudry J, Dory A, Riegel P, et al. Kératites bactériennes.
EMC - Ophtalmologie 2020;37(1):1-12 [Article 21-200-D-22].
12 EMC - Ophtalmologie
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