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COMMUNICATION
Gilles FAVRE *
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en relation avec le contenu de l’article.
RÉSUMÉ
* Institut Claudius Regaud, INSERM-UMR 1037, Université Paul Sabatier — Faculté des Sciences
Pharmaceutiques, Toulouse
Tirés à part : Professeur Gilles Favre, Cancéropôle Gand Sud-Ouest, Hôpital La Grave Place Lange
— TSA 60033 — 31059 Toulouse cedex 9 ; e-mail : favre.gilles@claudiusregaud.fr
Article reçu le 18 février 2013, accepté le 30 septembre 2013
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tiques réelles — c’est le cas pour les mélanomes métastatiques — il existe systémati-
quement un échappement au traitement caractérisé par une résistance des cellules
tumorales liée à plusieurs mécanismes qui ne sont pas encore tous élucidés. Ce constat,
sans remettre en cause le concept d’addiction oncogénique qui sous-tend que l’altéra-
tion d’un seul gène soit à l’origine de la persistance du phénotype tumoral, nécessite de
repenser la façon d’utiliser les thérapeutiques ciblées et d’envisager des alternatives qui
prennent en compte une vision plus intégrée de la tumeur incluant son microenvironne-
ment tissulaire.
SUMMARY
The proliferation, survival and mobility of cancer cells are maintained by deregulation
of signaling pathways, including RAS/RAF/MEK/ERK. Constitutive activation of
these pathways is a common event in human cancers. It is most often caused by muta-
tions or altered expression of genes encoding key players in this pathway. Knowledge of
the mechanisms of intracellular activation of these circuits has led to the development of
inhibitory molecules aimed at limiting tumor growth. These molecules have been develo-
ped through extensive clinical trials marked by impressive therapeutic successes that
have pioneered the concept of targeted therapies, leading to a new paradigm of cancer
therapy. However, despite these remarkable clinical responses, particularly in metastatic
melanoma, poorly understood drug resistance mechanisms eventually come into play.
Resistance mechanisms associated with secondary mutations in B-RAF seem to be
infrequent in melanomas, while those related to target circumvention are more common.
The latter include an increase in the expression and regulation of PDGF and IGF-1
receptors, and secondary mutations in the N-RAS, COT or MEK genes. They involve
the activation pathways MEK/ERK and/or PI3K/AKT in conditions in which the target
is inhibited. Resistance may also be explained by deregulation of the MEK/ERK
pathway, leading to the expression of genes that had been subject to negative feedback.
Moreover, the tumor microenvironment, through the secretion of soluble factors, stimu-
lates signaling pathways that can compensate for MEK/ERK pathway inhibition.
Lastly, combinations of MEK/ERK inhibition and immunotherapy open the way to new
therapeutic strategies designed to circumvent drug resistance. Without calling into
question the concept of ‘‘ oncogenic addiction ’’, in which alteration of a single gene is
responsible for persistence of the tumoral phenotype, thse findings call for a rethink on
the use of targeted therapies. A more integrated view of the tumor, including its microen-
vironment, will no doubt be necessary.
INTRODUCTION
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LA VOIE MEK/ERK
Description de la voie
La voie MEK/ERK est une voie de signalisation intracellulaire, caractérisée par une
cascade de phosphorylation protéique conduisant à une réponse cellulaire. Elle est
activée par des facteurs de croissance, des hormones ou des cytokines qui agissent
par l’intermédiaire de récepteurs membranaires à activité tyrosine kinase. La liaison
du ligand sur le domaine extracellulaire du récepteur entraine sa dimérisation, ce qui
déclenche l’autophosphorylation de son domaine cytoplasmique sur des résidus
tyrosine, faisant apparaître des motifs protéiques nouveaux. Ils permettent
l’ancrage au récepteur de protéines dites adaptatrices, telle que GRB2, contenant
des domaines SH2 ou PTB (domaine de liaison à la phosphotyrosine). Ces protéines
vont ensuite recruter la protéine Sos, qui est un facteur d’échange du GDP pour les
protéines RAS. Ce sont des protéine G monomérique (ou GTPase) qui cyclent entre
un état inactif lié au GDP et un état actif lié au GTP. La proximité de SOS et de RAS
va favoriser l’échange du GDP par le GTP, induisant son activation. Ainsi activée
RAS va se lier à différents effecteurs dont la kinase C-RAF qui va phosphoryler et
activer les kinases MEK1 et MEK2 qui vont-elles-mêmes phosphoryler et activer les
kinases ERK1 et ERK2 puis phosphoryler des protéines cytosoliques comme la S6
kinase ou des facteurs de transcription nucléaires tels que ELK, ETS, ou, fos, à
l’origine des effets cellulaires (Figure 1) [1, pour revue].
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Fig. 1. — Représentation schématique des voies MEK/ERK et PI3K/AKT. Les protéines marquées
d’un astérisque sont les plus fréquemment retrouvées mutées dans les mélanomes. Les molécules
pharmacologiques inhibitrices sont mentionnées en rouge à proximité de leur(s) cible(s) protéi-
que(s). Se référer au texte pour les explications détaillées du fonctionnement de ces voies
seul aminoacide localisé sur un des codons, 12, 13 ou 61. Les protéines mutées ont
une efficacité d’hydrolyse du GTP limitée, maintenant la protéine sous une forme
constitutivement active. On retrouve ces mutations avec des fréquences différentes
en fonction du type de gène RAS et de la pathologie tumorale. Tous cancers
confondus, les mutations de K-RAS représentent 85 % du total des mutations de
RAS, alors que les mutations sur N-RAS et H-RAS représentent 15 % et 1 %
respectivement [3].
Les mutations de B-RAF ont aussi été identifiées dans les cancers humains. La
plupart d’entre elles concernent une boucle dite P-loop (exon 11) et le segment
d’activation (exon 15) du domaine kinase. La substitution d’une valine en position
600 par un acide glutamique (V600 E) rend compte de 90 % des mutations de
B-RAF retrouvées dans les cancers humains. La majorité de ces mutations déstabi-
lise la conformation inactive de la protéine en modifiant l’interaction entre la P-loop
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Fig. 2. — Principaux mécanismes de régulation de la voie MEK/ERK. Se référer au texte pour les
explications détaillées.
mutations ou amplifications des gènes qui contrôlent la voie MEK/ERK ont été
caractérisées et leur participation à la mélanomagenèse clairement identifiée, faisant
de cette voie une cible majeure d’interventions thérapeutiques [8]. Plusieurs molé-
cules capables d’inhiber la voie MEK/ERK ont été découvertes et ont bouleversé la
prise en charge des patients sans pour autant résoudre le problème de manière
définitive.
Mutations des gènes de la voie MEK/ERK dans les mélanomes cibles d’actions
pharmacologiques
B-RAF
Les protéines RAF comprennent trois membres A-RAF, B-RAF et C-RAF [9]. Ce
sont des sérines/thréonines kinases qui partagent des fonctions communes au sein
de la cellule mais peuvent avoir des fonctions qui leur sont propres. À ce jour, plus de
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50 mutations distinctes de B-RAF ont été identifiées dans les mélanomes parmi
lesquelles la mutation V600E est la plus communément retrouvée. Elle concerne
près de 80 % de toutes les mutations de B-RAF, alors que les mutations V600K et
V600R représentent 16 % et 3 % respectivement [10].
De manière intéressante, lorsque l’on diminue génétiquement l’expression de
B-RAF par des techniques d’interférence à l’ARN, on réduit de facto la prolifération
cellulaire et le phénotype tumoral. Cependant, bien que les mutants de B-RAF
soient sans aucun doute importants pour la formation des mélanomes, leur seule
expression dans les mélanocytes n’est pas suffisante à leur transformation [11].
Celle-ci nécessite non seulement la présence d’un mutant actif de B-RAF, mais aussi
l’activation de la voie PI3K/AKT. En effet, seules des souris double transgéniques
exprimant B-RAFV600E et invalidées pour PTEN dans leurs mélanocytes sont
capables de développer des mélanomes [11].
La découverte du rôle majeur des mutants de B-RAF dans l’initiation et la progres-
sion des mélanomes a conduit de nombreuses équipes à développer des molécules
inhibitrices de son activité kinase [12]. Le premier inhibiteur à avoir été mis au point
est le Sorafénib. C’est un inhibiteur relativement peu spécifique de B-RAF. Il est
notamment capable d’inhiber les récepteurs à l’EGF et au PDGF. Il est maintenant
admis que son activité anti-mélanome est indépendante de son rôle inhibiteur de
B-RAF [13].
Depuis la découverte du sorafénib, une nouvelle génération d’inhibiteurs de B-RAF
a été développée. Ces molécules sont plus spécifiques, elles reconnaissent la forme
active B-RAF et ont ainsi un fort potentiel d’inhibition de la kinase des mutants de
B-RAF. Parmi ces inhibiteurs, le Vémurafénib (PLX4032) [14] et le Dabrafénib
(SB590885) [15] bloquent très efficacement in vitro et in vivo la croissance de lignées
de mélanome humain B-RAFV600E.
Cependant, toutes les lignées porteuses de la mutation V600E n’ont pas le même
niveau de sensibilité au PLX4032 avec même une proportion significative de cellules
qui présentent différents degrés de résistance. Le PLX4032 induit à la fois l’arrêt du
cycle cellulaire et un faible degré d’apoptose dans les cellules les plus sensibles, et
simplement un arrêt du cycle cellulaire dans les cellules résistantes, sans qu’il y ait
pour l’instant d’explication moléculaire à ces différences [16].
Dans une faible proportion des cas, les mélanomes sont porteurs de mutations de
B-RAF sur des codons autre que le 600. Ces mutants présentent une activité kinase
diminuée, parfois inhibée. Ils sont nommés mutants « faible activité ». Ils nécessi-
tent la présence de C-RAF pour activer la voie MEK/ERK. De manière intéres-
sante, la diminution de l’expression de C-RAF par interférence à l’ARN dans ces
lignées de mélanomes, induit l’apoptose et la diminution de la croissance tumorale
par une voie indépendante de MEK mais dépendante de la phosphorylation de
BAD et l’expression de BCL2. Le développement d’inhibiteurs sélectifs de C-RAF
se justifie pour le traitement de mélanomes porteurs de mutants « faible activité » de
B-RAF [17].
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N-RAS
Dans les mélanomes, les mutants du codon 61 de N-RAS, présent dans 20 % des cas,
sont les plus fréquemment retrouvés, à la différence d’autres pathologies, telles que
les cancers du colon ou du poumon, où les mutations des codons 12 et 13 de K-RAS
sont essentiellement présentes. Les mutations B-RAFV600E et de N-RAS sont
mutuellement exclusives dans une même cellule tumorale alors que l’on retrouve une
association entre les mutants de N-RAS et des mutants « faibles activité » de
B-RAF [18].
D’un point de vue mécanistique, les mutants de N-RAS ont une activité GTPasique
plus faible, empêchant RAS d’hydrolyser le GTP pour retourner à un état inactif.
Ainsi associée au GTP, RAS active des effecteurs dont le mieux caractérisé est
C-RAF. Ainsi, une différence fondamentale entre les mélanomes N-RAS mutés et
les mélanomes B-RAF mutés est leur dépendance vis-à-vis de C-RAF pour induire
l’activation de la voie MEK/ERK [19]. RAS est aussi capable d’activer la voie
PI3K/AKT qui contribue fortement à l’initiation et à la progression des mélanomes
notamment par son action sur la survie et la migration cellulaire. De plus, RAS peut
lier d’autres effecteurs importants pour la transformation et la progression tumo-
rale, tel que RAL-GDS [20].
L’inhibition directe des mutants de RAS fait partie des plus anciennes stratégies de
contrôle de la prolifération tumorale. Les inhibiteurs de la farnésyltransférase (FTI)
ont été les premières molécules développées pour inhiber la fonction de RAS en
empêchant sa localisation subcellulaire [21]. En effet, cette enzyme catalyse le
greffage covalent d’un lipide isoprénique, le farnésyl, indispensable à l’ancrage de
RAS à la membrane plasmique et à sa fonction. Bien que les FTI inhibent la
croissance de lignées de mélanome mutées pour N-RAS [22], les quelques essais
cliniques développés dans le mélanome se sont révélés très décevants. Force est de
constater que nous ne disposons pas pour l’instant de molécule efficace et la
découverte d’inhibiteurs spécifique des mutants de RAS reste un défi majeur en
oncologie. La seule stratégie envisageable actuellement est l’inhibition des acteurs
situés en aval de la voie RAS. Des inhibiteurs de MEK et le développement des
inhibiteurs spécifiques de C-RAF sont deux moyens actuellement à l’étude.
GNAQ, GNA11
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humains. Comme dans le cas de B-RAF un deuxième événement, tel que la présence
de mutant de p53 et de CDK4, est nécessaire à la transformation [23]. L’inhibition
de l’expression de GNAQ par interférence à l’ARN conduit la mort cellulaire de
lignées de mélanome choroïdien, soulignant l’importance de cibler cette voie pour
obtenir un bénéfice thérapeutique. Cependant, il n’existe actuellement aucune
molécule capable d’inhiber GNAQ.
c-KIT
Les mélanomes qui se développent sur des localisations faiblement exposées aux UV
tels que la paume des mains ou la plante des pieds (mélanome acral) ou les
mélanomes muqueux possèdent une faible incidence de mutation de B-RAF. Par
contre, ces mélanomes ont une forte proportion d’amplification génique et/ou de
mutations activatrices du récepteur à tyrosine kinase c-KIT [24]. Ainsi, 21 % des
mélanomes muqueux et 20 % des mélanomes non exposés aux UV présentent des
mutations de c-KIT dont la plupart se positionnent dans des sites juxta-
membranaires sensibles à l’Imatinib. Des résultats récents montrent que ces mutants
de c-KIT ne seraient capables d’induire la transformation que dans des conditions
hypoxiques ou après expression du facteur HIF (hypoxia Inducible Factor) [25].
D’un point de vue mécanistique, il semble que les mutants de c-KIT activent la voie
PI3K/AKT mais pas la voie MEK/ERK, et que la combinaison avec l’hypoxie soit
nécessaire à l’activation des deux voies [25]. De manière intéressante, ces résultats
confirment les résultats des modèles expérimentaux qui montrent que les deux voies
MEK/ERK et PI3K/AKT sont nécessaires pour l’initiation et la progression des
mélanomes [10].
Le Sorafénib a été le premier inhibiteur de RAF à être utilisé lors d’essais cliniques
chez des patients porteurs de mélanome. Les résultats ont été négatifs avec de très
faibles taux de réponse. De plus, l’association avec des chimiothérapies n’a pas
donné de meilleurs résultats [26]. Deux raisons essentielles sont à l’origine de cet
échec ; i) la non sélection des patients inclus dans les essais sur la base de la présence
de mutation de B-RAF, ii) la faible spécificité du Sorafenib pour la conformation
active de B-RAFV600E et les nombreux effets non spécifiques sur d’autres kinases
intracellulaires.
Une deuxième génération d’inhibiteurs a vu rapidement le jour, le Vémurafenib et le
Dabrafénib. Comme indiqué plus haut, ils se lient à la conformation active du
domaine kinase de B-RAF et sont particulièrement efficaces pour inhiber les
mutants V600E. Le Vemurafenib induit chez les patients une diminution de la
phosphorylation de ERK, une réduction du marqueur de prolifération Ki67 et une
inhibition de la captation de glucose par les métastases [27].
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Des essais cliniques de phase III ont montré dans une série de 675 patients un taux
de réponse très largement supérieur à celui obtenu avec le traitement de référence, la
dacarbazine, 48 % contre 5 % respectivement (p < 0,001). On note une réduction de
63 % du risque de décès chez les patients traités au Vémurafenib par comparaison à
la dacarbazine (Hazard ratio — HR : 0,70 [IC95 % : 0,57-0,87] ; p. < 0,001) [28]. Le
Vemurafenib (Zelboraf®) est maintenant indiqué à la dose recommandée de 1920
mg en 2 prises orales dans le traitement d’un mélanome non résécable ou métasta-
tique porteur d’une mutation BRAFV600. Les effets secondaires les plus fréquents
sont une photosensibilité, des arthralgies, des rash cutanés, de la fatigue et une
alopécie. Des résultats similaires ont été obtenus avec un autre inhibiteur sélectif de
B-RAF, le Dabrafenib [29].
De manière assez surprenante, le Sorafenib, le Vemurafenib ou le Dabrafenib,
induisent la formation de lésions cutanées prolifératives de type carcinome épider-
moïde et kératoacanthome. Ces lésions présentent généralement une croissance très
rapide, décrite comme « éruptive », mais sont très bien maitrisées par la chirurgie
[30]. Une des explications de l’apparition de ces lésions est l’activation paradoxale
de la voie MEK/ERK qui survient suite à l’inhibition de B-RAFV600E. En effet,
en présence d’inhibiteur et de RAS activé, B-RAF forme avec C-RAF un hétérodi-
mère qui déclenche l’activation de la voie MEK/ERK à l’origine des pathologies
prolifératives [31].
La présence de mutations de B-RAF et de N-RAS a justifié l’utilisation d’inhibiteurs
de MEK tels que l’AZD6244, le CI1040 ou le PD 0325901. Les premiers résultats
des essais cliniques précoces, incluant des patients non sélectionnés sur le statut
mutationnel de RAS ou de B-RAF, ont été largement décevants. Par ailleurs, ces
études n’ont pas permis de montrer clairement l’inhibition de la phosphorylation de
ERK in vivo [32]. Plus récemment, un nouvel inhibiteur de MEK, le Trametinib, a
été évalué dans le cadre d’une Phase III randomisée contre une chimiothérapie de
référence sur 322 patients atteint de mélanome métastatique porteur de mutation
V600E ou V600K de BRAF. Il a pu être objectivé un taux de réponse de 21 %, certes
inférieur à celui obtenu avec le Vémurafenib, mais supérieur à la chimiothérapie
(8 %), [33]. Les inhibiteurs de MEK rentrent maintenant dans une phase d’évalua-
tion pour le traitement des mélanomes mutés sur le codon 61 de NRAS .
Pour les mélanomes mutés c-KIT, l’utilisation de l’Imatinib dans une étude de Phase
II sur 43 patients a permis d’obtenir un taux de réponse de 23,3 % [34]. Il existe
actuellement cinq inhibiteurs de c-KIT utilisé pour le traitement des Leucémies
Myéloïdes Chroniques (LMC) et des Tumeurs stromales de l’estomac (GIST). Ils
présentent des profils de réponse différents en fonction du type de mutation de
c-KIT et sont prescrits après analyse de l’échantillon tumoral. C’est un exemple
parfait de médecine personnalisée qui reste à être validé sur un plus grand nombre
de patients et à appliquer aux mélanomes.
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La résistance intrinsèque
Bien que la présence de B-RAFV600 E prédise généralement la sensibilité aux
inhibiteurs de B-RAF, il existe des patients porteurs de cette mutation qui ne
répondent pas au traitement, ce qui suggère que certaines tumeurs présentent
d’emblé des résistances. Il a été montré que l’amplification de la cycline D1 (retrou-
vée dans plus de 10 % des tumeurs B-RAF V600E), la perte de fonction du gène
suppresseur Rb, ou la perte de fonction du gène suppresseur tumeur PTEN,
contribuent à la résistance intrinsèque aux inhibiteurs de B-RAF [35, 36].
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COT. Les résistances liées à l’activation du récepteur à l’IGF1 peuvent être évitées
par l’inhibition de MEK et de PI3K et celles liées à l’activation du récepteur au
PDGF par des inhibiteurs de la voie mTOR [5].
Des essais cliniques randomisés de phase II comparant l’association entre le Dabra-
fenib et le Trametinib et le Dabrafenib administré seul ont récemment été publiés
[43]. On observe un taux significativement supérieur de réponse objective (réponse
complète + réponse partielle) chez les patients ayant reçu l’association des deux
molécules (76 % vs 54 %). De manière attendue, cette association limite le nombre
d’apparitions de cancer épidermoïdes (7 % contre 19 %) puisque le Trametinib
empêche l’activation de la voie MEK/ERK. D’autres essais cliniques sont prévus
dans le futur en combinant les inhibiteurs de B-RAF avec la voie PI3K/AKT.
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CONCLUSION
Les enseignements des premiers traitements avec les thérapies ciblées de la voie
MEK/ERK nous amènent à revoir notre façon d’utiliser ces classes de molécules. Il
parait maintenant évident, et cela est prouvé au niveau moléculaire et en clinique,
que l’inhibition de plusieurs acteurs de la voie MEK/ERK peut apporter un plus
thérapeutique alors que cette association était inconcevable il y a quelques années.
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Ceci souligne que, plus que jamais, nous avons besoin de comprendre les mécanis-
mes intimes de fonctionnement de cette voie de signalisation pour développer des
traitements de plus en plus efficaces.
Ainsi comment envisager l’avenir sans la contrainte de personnaliser les traitements
non seulement sur la présence de la cible dans la tumeur, ce qui est actuellement le
cas, mais aussi sur la présence de facteurs qui permettent de prédire la réponse
thérapeutique et l’apparition de résistance. Lors de la rechute, ce qui dans l’état
actuel des connaissances parait inévitable, nous devrons identifier les mécanismes
par lesquels la cellule tumorale a réussi à contourner l’inhibition de la voie pour
survivre et progresser, puis adapter un nouveau traitement spécifique sur la base des
caractéristiques moléculaires de la tumeur en rechute. Cette séquence d’évènements
peut se reproduire en théorie indéfiniment. Aurons-nous la capacité et les moyens, de
faire face à ce nouveau paradigme du traitement des cancers ? C’est le défi à relever
pour les thérapeutiques ciblées au risque de les voir disparaître.
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DISCUSSION
M. Gérard MILHAUD
L’usage de produits solaires anti-UVb peut permettre une exposition prolongée au soleil,
bien tolérée, mais qui comporte l’exposition aux UVa cancérigènes, donc favorisant le
mélanome. Ne faudrait-il pas déconseiller l’usage prolongé de produits antisolaires ou au
moins indiquer les moins dangereux ?
Ce qui est important, c’est de trouver les conditions qui permettraient la moindre
exposition aux carcinogènes (UVB ou UVA) et que visiblement l’usage des produits
solaires sur des expositions prolongées ne remplit pas totalement ces conditions. De ce
fait, une information rigoureuse et objective doit accompagner l’utilisation de ces
produits.
M. Bernard SWYNGHEDAUW
Le mélanome est le cancer dans lequel le plus grand nombre de mutations a été identifié,
100 000 fois plus que dans certaines leucémies par exemple. Une revue récente (Lawrence,
Nature, 2013) fait le point sur le sujet. Pourquoi le mélanome est-il aussi la forme de cancer
où la thérapie ciblée est la plus efficace ?
Les mélanomes font partie, avec les cancers de l’épithélium pulmonaire, des cancers dans
lesquels on retrouve, la plus grande quantité de mutations par Megabase de génome
tumoral. Cette observation est très certainement à rapprocher de l’exposition aux
carcinogènes, UV et tabac, et décrit un phénotype mutateur.
On retrouve, par ailleurs, dans ces cancers, de fréquentes mutations sur des oncogènes, tel
BRAF (mélanome) ou l’EGFR (cancers du poumon), qui confèrent à la cellule tumorale
une véritable « addiction » à l’hyper activation des voies de prolifération et de survie.
C’est dans ce contexte que les thérapies ciblées sont les plus efficaces.
Il faut cependant nuancer la notion d’efficacité des thérapies ciblées dans les mélanomes.
En effet, si les résultats cliniques sont initialement remarquables, force est de constater
que tous les patients rechutes, signe de résistance qui sont le plus souvent le fait de
mutations, initiales ou secondaires.
Ainsi, le phénotype mutateur des mélanomes permet-t-il de sélectionner des cellules
tumorales qui sont dépendantes d’oncogènes pour leur prolifération et leur survie et dont
l’inhibition donne de très bons résultats immédiats, mais en même temps permet à la
cellule de rapidement s’adapter pour développer des résistances.
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Tableau 1. — Abréviations et fonctions biochimiques des principales protéines citées dans le texte
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