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Cancer colorect al : les nouveaux rôles du pat hologist e à l’ère de la biologie moléculaire et des …
Pascale Cervera
Un rôle inédit de la sort iline dans le cont rôle du t ransport rét rograde de l'EGFR pour limit er la croissanc…
Hussein Al Akhrass
MISe au PoInt
❚ Résumé
La voie RAS/MAPK est une voie de signalisation intracellulaire qui mutations somatiques, notamment au niveau des gènes codant
joue un rôle important dans la régulation de la prolifération, de la pour la protéine RAS ou la protéine RAF. Une meilleure connais-
survie, de la différenciation et de la migration cellulaire, ainsi que sance de cette voie de signalisation et des altérations oncogé-
de l’angiogenèse. Elle est anormalement activée dans de nom- niques en son sein ont permis l’identification de cibles
breux cancers dont le cancer colorectal. Les mécanismes d’acti- thérapeutiques anticancéreuses potentiellement intéressantes,
vation de cette voie sont principalement l’activation de récepteurs mais aussi de facteurs prédictifs de résistance à certaines théra-
membranaires tels que l’EGFR, mais aussi la survenue de pies anti-EGFR.
Mots-clés
RAS, MAPK, EGFR, Mutation, KRAS, BRAF
❚ Abstract
The RAS/MAPK pathway is a cell signaling pathway that plays a receptors, such as EGFR, but also including somatic mutations of
key role in regulation of cellular proliferation, apoptosis, cellular genes encoding RAS and RAF proteins. A better knowledge of
differenciation and migration and angiogenesis. This pathway is this signaling pathway and of its oncogenic alterations allowed the
often disregulated and activated in human cancers, including identification of potential anti-cancer targets, but also of predictive
colorectal cancer. This pathway may be activated by several markers of resistance to anti-EGFR therapies.
mechanisms, mainly including the activation of membrane
Keywords
RAS, MAPK, EGFR, Mutation, KRAS, BRAF
© aln.editions
Cancéro dig. Vol. 2 N° 1 - 2010 39
cancer colorectal ou des tumeurs colorectales par rapport à celui GTP exchange factors (GEF)
le transfert d’un allèle déficient en EGFR chez une souris APCmin • GTPase acFvaFng proteins (GAP)
gènes précoces codant pour des facteurs de transcription l’activité kinase de la protéine BRAF, et il a été montré qu’elle avait
(c-FOS) et autres (c-MYC, c-JUN ou JUNB) qui, à leur tour, stimu- des capacités oncogéniques dans des modèles cellulaires [5]. Les
lent l’expression d’un grand nombre de gènes, en particulier ceux tumeurs les plus fréquemment mutées sont les cancers de la thy-
de la cycline D1 et de cdk6 ayant un rôle majeur dans l’initiation roïde et les mélanomes (40 %) et les cancers colorectaux (5-10 %).
du cycle cellulaire en G1. Ces mutations sont exclusives des mutations du gène KRAS. Dans
les cancers colorectaux, elles surviennent plus fréquemment dans
❙ Activation anormale de la voie RAS/MAPK les cancers de type microsatellite instables (MSI) que dans les can-
dans les cancers cers avec perte d’hétérozygotie (LOH).
Concernant les protéines RAS, KRAS est un des oncogènes les La voie de transduction de signal passant par les protéines RAS/
plus fréquemment activés dans les cancers puisqu’environ 20 % RAF apparaît donc activée de manière constitutive dans 60 % des
des tumeurs humaines ont une mutation activatrice de ce gène. cancers colorectaux, quel que soit le phénotype du cancer.
Les cancers ayant une prévalence élevée de mutations de KRAS
sont les cancers du pancréas (> 60 %), colorectaux (35-40 %), Interconnexion avec la voie PI3K/AKT
des voies biliaires (33 %), les cancers broncho-pulmonaires (18 %,
L’autre grande voie de signalisation intracellulaire pouvant être
essentiellement adénocarcinomes et patients fumeurs) et les adé-
activée par l’EGFR est la voie PI3K/AKT qui joue un rôle important
nocarcinomes de l’endomètre et des ovaires (14 %). L’activation
dans un certain nombre de fonctions cellulaires, notamment la
de la protéine RAS se fait par la présence d’une mutation faux-
régulation de la glycogenèse, la régulation de la taille de la cellule,
sens de KRAS qui leur confèrent un pouvoir oncogénique en
la migration, l’apoptose et la prolifération. Cette voie peut être
étant responsable d’une accumulation de la forme active en rap-
activée, soit directement par activation du récepteur à activité
port avec GTP liée à l’altération de l’activité intrinsèque
tyrosine-kinase EGFR (ou autre), soit par l’intermédiaire de la pro-
GTPase [3]. Ces mutations touchent, dans plus de 90 % des
téine RAS. Il existe donc un lien étroit entre la voie de signalisation
cas, l’acide aminé glycine des codons 12 et 13 et, plus rarement,
RAS/MAPK et la voie PI3K/AKT, par l’intermédiaire de RAS. Les
l’acide aminé glutamine du codon 61 (Tableau 1). La présence de
connexions qui existent entre ces deux voies sont, en fait, proba-
telles mutations au niveau tumoral est responsable d’une activa-
blement plus complexes encore et font aussi intervenir d’autres
tion acquise de la voie RAS/MAPK en aval de l’EGFR, et totale-
voies de signalisation intracellulaire comme la voie de la phospho-
ment indépendante de la fixation du ligand à ce dernier, ce qui
lipase C (PLCg), la voie STAT et la voie Src/FAK (Fig. 5).
confère aux cellules tumorales une résistance aux anticorps anti-
EGFR dans les cancers colorectaux [4]. Les gènes NRAS et
HRAS sont beaucoup moins souvent mutés, et le type de cancers
Thérapeutiques anticancéreuses visant
mutés est différent de celui des cancers mutés pour KRAS (peau à inhiber la voie RAS/MAPK
et thyroïde surtout). Une meilleure connaissance des différents partenaires de la voie
RAS/MAPK et des altérations oncogéniques au sein de cette voie
tableau 1. Mutations du gène KRaS les plus fréquentes ont conduit à identifier des cibles privilégiées pour le traitement
sur les codons 12 et 13
Substitution d’acide
Codon Base Mutation
aminé
Ligand
(EGF, TGFα, amphiréguline,
12 1 GGT CGT G12R épiréguline…) EGFR
membrane
P PIP2 PIP3
Voie Ras/ P
12 1 GGT TGT G12C Grb PTEN
MAPK hSOS PI3K
PDK1/2
Voie PI3K/AKT
12 1 GGT AGT G12S
Ras AKT1/2
des cancers et au développement de différentes classes de thé- qui est un inhibiteur de récepteur tyrosine-kinase multicible
rapies « ciblées » visant à inhiber cette voie, dont les 3 principales (ciblant également VEGFR, PDGFR, Ftl-3 et c-KIT) est en cours
sont : d’évaluation dans le traitement du cancer colorectal métasta-
– les molécules ciblant l’interaction ligand/EGFR : il s’agit des tique muté pour le gène KRAS (essai de phase I/II NEXIRI),
anticorps monoclonaux dirigés contre l’EGFR que sont le mais son efficacité est, en revanche, bien démontré dans le
cetuximab (Erbitux ®) et le panitumumab (Vectibix ®) dont traitement du carcinome hépatocellulaire avancé, essentielle-
l’efficacité est désormais bien démontrée dans le traitement du ment en raison de son effet antiangiogénique. Enfin, des inhi-
cancer colorectal métastatique non muté pour le gène biteurs spécifiques de MEK (ARRY-142886, PD0325901)
KRAS [6-9] mais aussi pour ce qui concerne le cetuximab, existent mais ont démontré leur efficacité essentiellement in
dans les cancers ORL. Ces molécules s’administrent par voie vitro, notamment dans des cellules avec mutation de BRAF et
intraveineuse, et ont pour principal effet secondaire une toxicité sont évalués dans des essais cliniques.
cutanée se manifestant par un rash acnéiforme, une paro-
nychie, un périonyxis, des fissures, et une sécheresse cutanée.
❚ Références
Le cetuximab, anticorps chimérique murin, peut également
être responsable de réactions immuno-allergiques potentielle- 1. Yarden Y. The EGFR family and its ligands in human cancer.
ment graves, contrairement au panitumumab qui est un anti- Signalling mechanisms and therapeutic opportunities. Eur J
corps totalement humain ; Cancer 2001;37 Suppl 4:S3-8.
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– les molécules ciblant de façon sélective le domaine tyrosine- tion pathways in colorectal cancer--more than skin deep. J Clin
kinase de l’EGFR : l’erlotinib (Tarceva®) et le gefitinib (Iressa®) Oncol 2005;23:5374-85.
s’administrent par voie orale et sont indiqués dans les cancers 3. Bos JL. Ras oncogenes in human cancer: a review. Cancer Res
pulmonaires non à petites cellules avancés, et l’erlotinib 1989;49:4682-9.
(Tarceva®) a démontré son efficacité dans le traitement du 4. Lièvre A, Bachet JB, Boige V, et al. KRAS mutations as an inde-
cancer du pancréas, mais ils sont également en cours pendent predictive and prognostic factor in patients with advanced
colorectal cancer treated with cetuximab. J Clin Oncol 2008;
d’évaluation dans d’autres localisations tumorales.
26:374-9.
Paradoxalement, ces molécules n’ont, à ce jour, montré
5. Davies H, Bignell GR, Cox C, et al. Mutations of the BRAF gene in
aucune efficacité dans les cancers colorectaux, contrairement
human cancer. Nature 2002;417:949-54.
aux anticorps monoclonaux anti-EGFR. Leurs principaux effets
6. Jonker DJ, O’Callaghan CJ, Karapetis CS, et al. Cetuximab for the
secondaires sont la diarrhée et le rash cutané ; treatment of colorectal cancer. N Engl J Med 2007;357:2040-8.
– les molécules ciblant des effecteurs intracellulaires de la voie 7. Karapetis CS, Khambata-Ford S, Jonker DJ, et al. K-ras mutations
RAS/MAPK : les inhibiteurs de RAS jusqu’ici développés sont and benefit from cetuximab in advanced colorectal cancer. N Engl
J Med 2008;359:1757-65.
en fait des inhibiteurs de la RAS farnésyl transférase (enzyme
8. Van Cutsem E, Kohne CH, Hitre E, et al. Cetuximab and chemo-
intervenant dans le processus d’ancrage de RAS à la mem-
therapy as initial treatment for metastatic colorectal cancer. N Engl
brane cellulaire) (R-115777 ou Zarnestra®, le SCH-66336 ou
J Med 2009;360:1408-17.
Serasar®, le L-778,123 et le BMS-214662). Ils sont en cours
9. Bokemeyer C, Bondarenko I, Makhson A, et al. Fluorouracil, leu-
d’évaluation mais aucun à ce jour n’a montré des résultats covorin, and oxaliplatin with and without cetuximab in the first-line
assez significatifs pour obtenir une AMM dans le traitement des treatment of metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol
cancers. Parmi les inhibiteurs de BRAF, le sorafenib (Nexavar®) 2009;27:663-71.