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L’impact du quasi-monopole de la Chine en

terres rares sur l’industrie automobile

Encadré par :
Pr. Maaninou Amal
Préparé par :
Sidate Tarik
Abidar Yassine
Jebbah Youssef
REMERCIEMENT
On tient a adressé nos sincères remerciements à notre cher professeur Maaninou Amal, qui
par son encadrement, sa patience, ses conseils, son expertise ainsi que ses critiques a guidé
nos réflexions et notre travail pour la réalisation de cette mémoire de recherche.

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« En finir avec le pétrole et les gaz à effet de serre : telles sont les promesses de la voiture
électrique. Mais l’enthousiasme actuel occulte les nouvelles pollutions et les dépendances
géopolitiques que cette révolution implique. Car, grâce à son monopole de certaines
matières premières, Pékin pourrait devenir la capitale mondiale de l’automobile. »
Guillaume Pitron

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Introduction
L’énergie est ce qui permet le mouvement, l’action. elle est la source de toute activité
humaine et occupe une place centrale au cœur de nos modèles sociétaux. Durant des
milliers d’année l’évolution du mode de vie de l’homme était au ralenti voir au point mort du
faite qu’il était limiter dans la production par la quantité de l’énergie qu’il pouvait soit
produire par soi-même ou par le biais d’animaux domestiqués, soit par le biais d’énergie
naturelle qu’il arrivé à maitriser comme celle produite par le feu, l’eau, ou le vent.
Tout va changer au début du XIXème siècle avec la révolution industrielle, un processus
historique qui va faire basculer une société à dominance agraire et artisanale vers une
société commerciale et industrielle, en basculant ainsi et le mode de vie des sociétés
occidentales qui est devenu étroitement lié à la présence d’énergie abordable et facilement
accessible (charbon, pétrole). Ce modèle de civilisation moderne et énergivore s’est depuis
largement répandu à l’échelle planétaire et continue aujourd’hui à gagner du terrain dans les
pays en développement. Ceci a été rendu possible par un apport énergétique principalement
assuré par les combustibles fossiles, au point que ceux-ci représentent actuellement plus de
80 % de la production mondiale d’énergie primaire. Mais, en raison de son impact
environnemental direct dû à ces émissions de gaz à effet de serre qu’elle produit, cette
consommation énergétique devenue gigantesque et toujours croissante à l’échelle mondiale
est à l’origine de changements climatiques catastrophiques qu’il faut désormais atténuer et
auxquels il faudra s’adapter tout au long du présent siècle.
Dans ce contexte de crise environnementale s’aggravant d’année en année, le principe de la
transition énergétique apparaît a première vu comme le sauveur dans la lutte aux
changements climatiques et plus généralement comme une pièce maîtresse du
développement durable, et ce, à toutes les échelles tant local que planétaire. En bref, il s’agit
de l’élément central d’une transition plus large vers une économie et une société sobres en
carbone ainsi que des modes de vie durables. À l’échelle globale et dans un contexte de
civilisation moderne extrêmement consommatrice a tous les échelles, la question ultime et
urgente porte, non pas sur notre capacité à répondre dans les prochaines décennies aux
besoins grandissants en énergie, mais plutôt sur notre capacité à contrôler notre
consommation d’énergie (maîtrise de l’énergie, changement de modes de vie...) tout en
développant le plus rapidement possible la part des énergies renouvelables dites vertes dans
nos systèmes énergétiques, au point où celles-ci deviendront dominantes, voire
éventuellement les seules grandes formes de ressources énergétiques exploitées. Une
transition énergétique de grande envergure apparaît donc comme incontournable et
incontestable. cette transition s’appuie sur les progrès technologiques en matière de
production et de stockage d’énergie électrique. Le transfert de certains usages énergétiques
vers l’électrique comme les modes de transports et logistiques est aussi un volet majeur de
cette transition.
Scientifiquement parlant, la production et le stockage de ce type d’énergie implique
l’utilisation en masse de matières jusque-là peu connu et peu utilisé, à savoir les métaux
rares, qui sont un ensemble de métaux dont leurs propriétés physiques et chimiques

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permettent de produire des biens de haute technologie. Nous les retrouvons dans une
multitude de produits tels que les smartphones, écrans, ordinateurs portables, dans les
panneaux solaires ainsi que dans les aimants des rotors des éoliennes qui permettent de
produire de l’énergie dite verte, mais surtout dans des batterie à haute capacité de stockage
qui vont surtout être utilisés dans les voitures électriques ce qui va fortement favoriser et
accélérer la transition du secteur automobile du thermique vers l’électrique.
Le transport et logistique et l’un des piliers de la mondialisation, et du fait que l’énergie est
le moteur de l’action, qui contrôle les sources d’énergie contrôle le monde. Tout au long du
XXème siècle, les ressources fossiles autant que sources d’énergies principales étaient
entourées de conflit et de guerre commercial et même militaire entre les états, des conflits
qui finissaient généralement en faveur du monde occidental et à leurs tête les états unies
d’Amérique dû à leur avantage historique et géopolitique. Le monde d’aujourd’hui,
préoccupé par la transition écologique et énergétique, a vu la chine prendre un avantage
significatif et une longueur d’avance dans le contrôle des nouvelles sources d’énergies à
travers l’investissement dans les sites de gisement des terres rares à travers le monde
(notamment en Amérique du sud, en Afrique et en Asie pacifique), et par la monopole dans
le raffinage de celles-ci. En effet En 2021, 60 % de l'extraction se fait en Chine et 16 % aux
États-Unis, mais la Chine raffine encore près de 90 % des terres rares.
Cela dit, ce quasi-monopole de la chine - en terres rares - en contrôle des gisements comme
en raffinage, a créé un quasi dépendance du monde vis-à-vis de la chine qui n’hésite pas à
l’utiliser comme levier de pression, ce qui créa systématiquement de vives tensions entre ces
acteurs, des tensions qui peuvent à tout moment dégénérer en conflit ouvert.
Dans Le présent sujet, on va se focaliser globalement sur la production des métaux rares,
leurs domaine d’application notamment dans le secteur automobile et l’évolution de cette
production, ainsi que sur les principaux acteurs, tant les firmes multinationales que les états
et leurs stratégies, avec un intérêt final qui est de comprendre l’amplitude de l’impact de
cette source d’énergie du XXIème siècle sur les relations politico-économique entre la chine
et le monde occidentale, tout en respectant le plan suivant :
I- Les terres rares
1. Définition
2. Cartographie des terres rares (gisement, production, impact environnemental)
3. les domaines d’applications
II- les différents acteurs de l'industrie des métaux rares
1. les entreprises productrices 
2. les entreprises (automobiles) consommatrices
3. les stratégies entreprissent par les états

III- l’évolution de la production des métaux rares


1. l’évolution des marchés
2. l’évolution des volumes produits
3. l’évolution des prix 
Conclusion: enjeux politico-économique

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I- Les terres rares
1. Définition
Sur le plan physico-chimique, il s'agit d’éléments dont la majorité appartiennent à la famille
des lanthanides [Ils tirent leur nom du lanthane « La », premier de cette famille dans tableau
périodique dit de Mendeleïev, en raison de leurs propriétés chimiques très semblables à ce
dernier] (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium,
gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium, et lutécium),
auxquels il faut ajouter l'yttrium et le scandium[voir illustration 1]. Ce ne sont donc pas des
terres, on parle plutôt de métaux rares, et leur rareté étant par ailleurs relative dans le sens
où il y en aurait peu. Il y en a partout sur Terre, jusque dans les océans. Mais leur dilution
dans la terre les rend bien plus difficiles à extraire que les autres métaux conventionnels. La
liste des métaux jugés rares s'élargie à travers les années : en 2011, il y en avait quatorze ; en
2014, vingt; en 2017, vingt-six et en 2020, trente.
Donc, Les terres rares sont des métaux et des composés métalliques avec des propriétés
uniques (légèreté, résistance physique, stockage d’énergie, résistance thermique, propriétés
magnétiques, propriétés optiques etc…) ce qui en font des éléments de choix dans de
nombreuses technologies, de la défense aux filières des transitions numérique et
énergétique (ex. : aimants permanents, batteries, systèmes catalytiques etc…)et sont utilisés
dans un grand nombre de procédés de fabrication de haute technologie dans différents
secteurs, notamment l’électronique, l’énergie, l’aérospatial, l’automobile et la défense, ce
qui les rendent plutôt stratégiques, voir même critiques. Comme on parle de rareté dans une
dimension géologique, de stratégique et de critique plutôt dans une dimension économique,
Il est donc difficile de les mettre sur le même plan. Voici quelques points clés pour pouvoir
définir chacun d’eux :
Métaux rares
Les métaux rares sont des métaux dont l’abondance moyenne ou la disponibilité dans la
croûte terrestre c’est à dire la concentration en gisements est faible (teneur par tonne, on
parle de clarke). C’est le cas par exemple de l’indium (clarke de 50 à 100 mg par tonne), du
cobalt (25 à 30 mg par tonne), de l’antimoine (200 à 500 mg par tonne), de l’yttrium ou
encore du scandium (pas très rares mais extrêmement difficile à extraire). Comme dit
auparavant, contrairement à ce que leur nom indique, les terres rares ne sont
géologiquement pas si rares, mais leur concentration naturelle dans des niveaux
économiquement rentables les rend difficilement exploitables, ce qui explique leurs prix
astronomique.
Métaux stratégiques
Un métal est stratégique quand il est indispensable à la politique économique d’un Etat
(sécurité, défense, politique énergétique, etc…). De la même façon, il peut aussi être
question de métal stratégique pour une entreprise ou un secteur (ex. : aéronautique,
automobile, électronique, communication, énergie renouvelable, nucléaire…).

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Métaux critiques
On parle de métal critique quand une difficulté d’approvisionnement de ce métal peut
entraîner des impacts industriels ou économiques négatifs. la criticité d’un métal est
appréciée selon deux axes : les risques pesant sur l’approvisionnement (risques géologiques,
techniques, géographiques, économiques ou géopolitiques) et l’importance économique qui
reflète la vulnérabilité de l’économie à une éventuelle pénurie, voir à une rupture
d’approvisionnement, se traduisant par une envolée des cours, comme par exemple les
sections économiques occidentales Envers la Russie (suite à son invasion sur l’Ukraine), elle
qui représente, en 2021, 37 % de la production mondiale de palladium, 13 % du titane, 10,5
% du platine, 9,2 % du nickel, 5,4 % de l’aluminium, 4,4 % du cobalt et 4 % du cuivre ,ce qui a
fait augmenter les prix sur les métaux en moyenne de + 45 %. Pour résumer, les métaux
critiques sont ceux auxquels sont associées des tensions sur les approvisionnements, tant
sur l’offre que sur la demande, et qui sont sujet à d’éventuelles restrictions.

Illustration 1 : Les terres rares dans le tableau périodique des éléments

Source : tableau périodique des éléments, Mendeleïev.


N.B : physiquement parlant, selon les configurations spécifiques des électrons au sein de chaque
atome, les terres rares peuvent être divisées en deux sous-groupes :
1- les terres rares légères (LREE pour Light Rare Earth Elements) avec La-Ce-Pr-Nd-Sm-Eu-Gd
2- les terres rares lourdes (HREE pour Heavy Rare Earth Elements) avec Tb-Dy-Ho-Er-Tm-Yb-Lu-Y

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2. Cartographie des terres rares (gisement, production, impact
environnemental)
Les caractères rares, stratégiques, et critique ainsi que l’indisponibilité dans la transition
énergétique de ces métaux, les mets en centre de la course entre les diffèrent acteurs
internationaux notamment les états a l’approvisionnement en ces matières et le contrôle de
l’industrie de raffinage qu’il on découle, et met l’Independence technologique, énergétique
et sécuritaire des états en étroite relation avec le niveau de maitrise de ces ressources et
cette industrie.
La Chine est devenue le premier extracteur et producteur mondial de terres rares grâce à
l’exploitation de gisements gigantesques tel que celui de « Bayan Obo » mais surtout grâce à
son savoir-faire concernant la séparation des terres rares, devançant ainsi les États-Unis qui
étaient le leader de ce marché jusqu’à la fin des années 90 avec leur mine de «  Mountain
Pass ». En plus d’une politique environnementale plus souple que les autres pays, la Chine a
su user de plusieurs pratiques telles que le dumping et les joint-ventures avec des
entreprises étrangères pour progressivement devenir un acteur prépondérant sur le marché
des terres rares. L’objectif principal de la Chine était d’inciter les entreprises étrangères à
transmettre leurs connaissances dans la fabrication de produits à haute valeur ajoutée. Cela
a été un franc succès, notamment pour la fabrication des aimants permanents qui a fait de la
Chine le seul pays à se trouver dans toute la chaîne de valeur de la production des éoliennes.
Cependant, la position de la Chine sur le marché international a engendré des tensions avec
les États-Unis. Les relations commerciales et financières entre les deux pays sont très
sensibles vis-à-vis du quasi-monopole chinois sur les terres rares. Le monde occidental et à
leurs tête les États-Unis aimeraient réduire leur dépendance envers la Chine, mais la guerre
commerciale sino-américaine engagée depuis 2018 n’a fait qu’augmenter les menaces
chinoises sur la restriction des exportations de ces précieux métaux vers le territoire
américain. Les États-Unis veulent réduire cette dépendance en instaurant une stratégie de
relance en interne de la production et transformation des terres rares que jadis contrôlait et
qui n’a pas survécu a la concurrence féroce chinoise. Néanmoins, les États-Unis restent pour
l’instant très dépendants des exportations chinoises.
Si les États-Unis étaient autrefois à l’avant-garde de l’extraction de ces terres rares, c’est
désormais la Chine qui occupe le haut du pavé, et de loin. En 2017, la Chine a produit plus de
80% de l’ensemble des terres rares soi 99.000 tonnes contre 64.500 tonnes pour le reste du
monde [illustration 2]. Le pays dispose également de 37% des réserves mondiales avec 44
millions de tonne estimé en 2021 [illustration 3], et a été le fournisseur de 78% de toutes les
terres rares importées par les États-Unis.
En 2021, la Chine représente toujours 60 % de la production mondiale, selon les données
d’Institut d'études géologiques des États-Unis. Mais alors que la demande ne cesse
d'augmenter et que de nombreuses économies se soucient de leur dépendance
technologique à l'égard de la Chine, les nations disposant de gisements de terres rares
commencent à en intensifier l'extraction comme la France qui envisage d’exploiter une

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première mine de lithium d'ici 2027 avec une capacité de production estimé à 34.000 tonnes
de lithium par an, malgré l’impact environnemental qui en d’écoule, mais l’Independence
vis-à-vis de la Chine prime.
La Chine possède les plus grands gisements actuellement connus dans le monde, mais des
pays comme le Brésil, le Vietnam et la Russie disposent aussi d'un gros potentiel minier
encore largement inexploité [Illustration 4]. Les États-Unis et l'Australie ont, quant à eux,
augmenté leur production de terres rares à partir des années 2010 et, plus récemment, le
Myanmar et la Thaïlande ont commencé à en extraire des quantités considérables. Dans
[l’illustration 2], on voit que les États-Unis extrayaient déjà des terres rares par le passé,
notamment à des fins militaires, lorsque la course était à l’armement. Ils ont récemment
relancé leur production lorsque ces métaux sont devenus indispensables pour l'industrie
technologique.
De son côté, l'Europe dépend toujours quasi-exclusivement de la Chine pour son
approvisionnement à hauteur de 95 %. Bien que ce soit en Europe (Suède) que les premières
REE aient été exploitées dans le monde, aucun gisement de terres rares ne l’y est
aujourd’hui. Cependant, l'UE étudie actuellement plusieurs projets d'extraction et de
recyclage des terres rares, dans l'objectif d'assurer 20 % des besoins européens à l'horizon
2030. La prise de conscience de l’hégémonie de la Chine dans la production minière de
nombreuses substances a conduit à l’Initiative Européenne pour les Matières Premières en
2008, l’UE souhaitant désormais sécuriser ses approvisionnements selon une liste de
substances stratégiques publiée dès 2011 et où les terres rares prennent une bonne place,
en finançant des programme d’analyse, d’expertise et de recherche dans ce domaine. Des
initiatives qui ont permis ces dernières années d’améliorer la connaissance du potentiel en
terres rares de l’Europe et du Groenland, un potentiel qui est indéniable et les quelques
gisements déjà étudiés bénéficies d’une estimation de ressources qui n’a rien à envier aux
autres parties du monde et pourrait être autosuffisant. En ce qui concerne le Groenland, ce
territoire affilié au Danemark renferme entre 8 et 11 % des réserves mondiales des terres
rares estimées. Ça, c’est en ce qui concerne les études géologique !
Economiquement parlant, les études prouvant la rentabilité et la viabilité économique de
cette exploitation en Europe et au Groenland restent peu nombreuse. En plus du fait que
rares sont les entreprise voulant prendre le risque d’investir dans l’exploration vu la
concurrence acharné de la Chine qui propose les métaux rares à des prix imbattables dans
un marché de plus en plus ouvert.
De plus, l’investissement très conséquent nécessaire en recherche et développement de
techniques innovantes en vue de traiter différents minerais en fonction de la géologie des
gisements constitue un frein majeur. Le point-clé étant de pouvoir séparer les différents
métaux rares tout en respectant un équilibre entre le coût économique et l’impact
environnemental. L’environnement qui est en effet cher aux consommateurs européens, eux
qui consomment de façon croissante des métaux rares à travers les nouvelles technologies
numériques mais aussi à travers la transition énergétique et écologique. L’exploitation d’un
gisement de terres rares peut engendrer des impacts importants sur l’environnement et les
personnes si certaines conditions ne sont pas respectées : les émissions de gaz toxique liés à

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l’utilisation d’acides lors du traitement de minerai, gestion des résidus qui peut impacter
l’hydrosphère et engendrer des risques de rupture de digues, gestion des éléments
radioactifs pouvant être associés aux terres rares, impact paysager de l’exploitation.... Bien
que les techniques et les bonnes pratiques soient connues et que le cadre législatif soient
déjà très restrictifs en Europe et au Groenland, l’opinion publique est de plus en plus hostile
à l’activité minière. Cette situation est largement contradictoire, entre d’un côté le besoin de
tout un continent d’assurer son approvisionnement en matières premières dont il est
fortement dépendant, et de l’autre côté, une population qui souhaite bénéficier d’un cadre
de vie associé aux dernières technologies sans pour autant en accepter certaines
contreparties, notamment l’impact environnemental.
Un autre enjeu de taille est aussi celui du recyclage des métaux rares à l’échelle européenne
qui demeure pour l’instant quasi absent. Des secteurs d’application apparaissent prioritaires
pour le recyclage à savoir: luminophores (Eu, Tb, Y, Ce, Gd, La), composants de polissage
(Ce), catalyseur automobile (La, Ce, Pr, Nd, Y), aimants permanents (Nd, Pr, Dy, Tb, Sm),
batteries (La, Ce, Nd, Pr).

Illustration 2 : impact environnemental de la production de terres rares

Source: China Water Risk Report, 2016

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Illustration 3 :

Source : Institut d'études géologiques des États-Unis.

Illustration 4 :

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Source : Institut d'études géologiques des États-Unis.

Illustration 5 : Gisements de terres rares (sites actifs ou en développement, 2021)

Source : département de géographie, université Laval, 2021

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3. les domaines d’applications
Des secteurs entiers de l’industrie des hautes technologies (énergies renouvelables,
communications, microélectronique), mais aussi de l’industrie traditionnelle (automobile,
industrie pétrolière) sont dépendants des terres rares. Des composants indispensables à ces
industries (aimants permanant, condensateurs, catalyseurs, luminophores, etc.) sont en fait
constitués de matériaux à base d’éléments de la famille des terres rares (néodyme,
dysprosium, lanthane, cérium, etc.) dont les caractéristiques chimiques, électroniques et
magnétiques sont uniques [ illustration 6 ].

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Illustration 6 : les domaines d’application des terres rares

Source : Bureau des Recherches Géologiques et Minières, France.


Au cœur de la transition énergétique du fossile a l’électrique, tant promise par tous les
politiciens du monde, se trouve l’éolienne qui produit cette énergie dite verte, et le moteur
électrique qui l’a consomme, et au cœur de l’une et de l’autre ce trouve les aimants
permanents qui les font tournés. Les éléments de terres rares sont principalement utilisés
comme matières premières pour la fabrication de ces aimants, qui sont utilisés dans les
générateurs des éoliennes et les moteurs de traction des véhicules électriques. Ces aimants

contiennent généralement quatre éléments de terres rares différents : le néodyme (Nd), le


praséodyme (Pr), le terbium (Tb) et le dysprosium (Dy). Le néodyme et le praséodyme
contribuent à la force magnétique, tandis que le dysprosium et le terbium améliorent la
résistance à la démagnétisation, notamment à haute température qui être produite suite à
la friction.

Domaine d’application dans l’éolienne :


On distingue deux types de générateur électrique utilisés dans les éoliennes à savoir :

 Transmission avec multiplicateur: éoliennes intégrant un générateur, dont la


fabrication nécessite une quantité importante de cuivre. En revanche, les métaux
rares y sont très peu présents. Cette technologie a été installée sur les sites
terrestres « onshore », avec des vitesses de vent plus faibles et un accès facilité.
 Turbines à entraînement direct : fabriquées avec des aimants permanents, leur
fabrication est consommatrice de terres rares (de néodyme, et de dysprosium). Cette

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technologie est surtout utilisée sur les sites maritimes « offshore », caractérisés par
une vitesse de vent plus forte et un accès difficile. Les terres rares peuvent alors
représenter 1/3 du poids des aimants permanents. Pour une puissance d’un MW
fournie par le générateur, il faut jusqu’à 600 kg d’aimants contenant 1/3 de terres
rares. Une éolienne offshore, qui peut atteindre 7 MW de puissance, est composée
alors d’au moins une tonne de terres rares.
Illustration 7 : chaîne de valeur de la fabrication d'éolienne

*PGM (Permanent Magnetic Generator)


Source: Dominish E, Florin N, Teske S, “Responsible Minerals Sourcing for Renewable
Energy”, Earthworks, Institute for Sustainable Futures, University of Technology, Sydney,
2019
Domaine d’application dans le secteur automobile :
Tous d’abord il faut comprendre que la présence des métaux rares dans le secteur
automobile ne se limite pas que dans la voiture électrique ou hybride, ils sont aussi présent

dans la voiture à moteur thermique mais a moindre quantité. En effet, une voiture électrique
peut contenir 9 à 11kg de terres rares, ça représente le double de la quantité trouvée dans
les voitures à moteur thermique.

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Les exigences physico-chimiques envers les différents métaux pour chaque modèle de
véhicule et chaque fabricant peuvent varier en fonction du processus de conception et de
fabrication. Par exemple, Les modèles Tesla actuels utilisent du lithium, du graphite, du
cobalt, du cuivre, du titane, de l'aluminium et du nickel.
La demande de certains métaux couramment utilisés peut augmenter à mesure que la
production et l'utilisation de voitures électriques et hybrides augmentent, et deviennent
considérer comme des métaux stratégiques.
Par exemple, le lithium. C'est un composant essentiel des batteries modernes lithium-ion. Un
hybride rechargeable consomme environ 12 kg de lithium, un véhicule électrique standard
22 kg et une Tesla Model S plus de 50 kg de lithium par véhicule. Une augmentation de 1 %
de la présence de voitures électriques sur le marché augmenterait la demande de lithium de
70 000 tonnes par an. Le lithium n’est pas considéré comme rare, mais sa production
mondiale, dopée par la forte croissance du marché des voitures électriques, va exploser dans
les prochaines années, ce qui le qualifie au rond de métal stratégique voir critique
Le Cuivre. La voiture à essence en moyenne utilise environ 20 kg de cuivre, principalement
sous forme de câble de connexion entre les diffèrent composant électronique et électrique.
L'hybride utilise 40 kg. Un véhicule 100% électrique utilise 80 kg de cuivre par voiture. Il y a
un besoin estimé à 11 000 000 de tonnes de cuivre pour le secteur des véhicules électriques
seuls, avec une potentielle croissance. Pour référence, l'ensemble du marché du cuivre pour
tous les usages n'est que de 36 000 000 de tonnes par an. Ce type de demande pourrait
potentiellement faire envoler le prix du cuivre dans l’avenir à un niveau qui le fera
positionner dans la catégorie des métaux stratégiques.
Le nickel est un composant particulièrement important dans les conceptions actuelles de
Tesla, où la cathode de la batterie est composée à 80 % de nickel. Il est également utilisé
dans d'autres véhicules électriques dans une moindre mesure. On estime que le passage de
10 % de la flotte mondiale aux véhicules électriques augmentera le marché du nickel de 20
%, passant de 2 000 000 tonnes par an à 2 400 000 tonnes par an.
Le cobalt est un autre composant essentiel des batteries actuelles des véhicules électriques.
L'utilisation varie selon le fabricant, mais la Tesla Model S utilise environ 8 kg de cobalt par
batterie. La majeure partie du cobalt mondial provient de la République démocratique du
Congo et ces réserves peuvent être épuisées en quelques décennies vues la fulgurante
augmentation de ca consommation.
Le titane est un métal qui est physiquement super résistant et qui est utilisé dans le châssis
des modèles Tesla pour protéger la batterie contre d’éventuels dommages.
En ce qui concerne les métaux qualifiés comme rares, Le lanthane (La), le cérium (Ce), le
néodyme (Nd), et le praséodyme (Pr), sous forme d'oxydes sont largement utilisés dans la
fabrication des pare-brise. Ces éléments augmentent la translucidité du verre, et ont aussi la
caractéristique de laisser passer les rayons infrarouges et absorber les rayons ultraviolets.
Les éléments de terres rares ont aussi une grande importance dans l'industrie chimique, par
exemple, dans la production de pigments, de vernis et de peintures pour les voitures.

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Les aimants des moteurs électriques qui sont présent presque partout dans la voiture (lève
vitre, essuie glasses, Systèmes de fermeture de portes, moteur de voiture électrique…) sont
eux aussi composés de terres rares. Le néodyme (Nd) est le plus utilisé, combiné au terbium
(Tb) et au dysprosium (Dy).
Illustration 8 : aperçu des métaux rares utilisés dans les voitures

Source: kpmg.fr/electrification-automobile.html

Selon le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la demande en terres rares


pour les aimants permanents devrait connaître une hausse de 7 % par an, vu que la force

motrice repose sur ces aimants.

II- les différents acteurs de l'industrie des métaux rares


1. Les entreprises productives

La Chine est de loin le premier producteur mondial de terres rares. A l’heure actuelle elle
produit au moins 80% des terres rares, de l’antimoine, du bismuth, du gallium, du

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magnésium et du tungstène à l’échelle mondiale et plus de 65% du graphite naturel, du
germanium et du scandium.
En même temps, les besoins de l’économie en pleine mutation de la Chine et ses ambitions
dans le domaine des hautes technologies font d’elle l’un des marchés les plus importants
pour nombre de ces ressources. A titre d’exemple, la Chine consomme de nos jours plus de
80% des oxydes de terres rares produits sur l’ensemble de la planète. Lorsqu’elle n’est pas le
producteur principal des métaux dont elle a besoin (en ce qui concerne le cobalt et le lithium
notamment), elle a pris des dispositions afin de garantir son accès à ces derniers en faisant
appel à des fournisseurs étrangers. (1) (3)
Le plus gros producteur en tonnage, de terres rares légères dominantes, est historiquement
¨Inner Mongolia Baotou Steel Rare Earth¨, du groupe Baotou Iron and Steel, devenu ¨China
Northern Rare Earth¨ Group, qui exploite le gisement de fer de Bayan Obo, en Mongolie
intérieure, qui contient des terres rares en sous-produit.
Grand nombre d’autres sociétés exploitantes plus petites ou comme branches de
consortiums plus grands ou plus généralistes.
Étant donné que les terres rares sont naturellement associées à d’autres métaux, la chaîne
de production et séparation est longue et complexe. Afin de comprendre les différentes
étapes du processus que vous trouverez à l’illustration 9, il est important de vous définir ce
que sont un minerai et un oxyde de terres rares.
Un minerai de terres rares est une roche composée de plusieurs éléments chimiques 28 que
nous trouvons à l’état brut dans un gisement. L’oxyde de terres rares est quant à lui une « poudre »
issu du processus de séparation29. Il s’agit de la forme habituellement commercialisée dans le
monde, vous trouverez à l’Annexe 2 une représentation de l’oxyde de cérium (Ce). (4)

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Illustration 9 : processus de production des terres rares

Source : adapté de Council on Foreign Relation (2014, p.4) (14)

L’impact le plus fort sur l’offre concerne l’augmentation de la production de Néodyme Nd et


praséodyme Pr en particulier. Lors du processus de raffinage des terres rares, ces deux
éléments sont séparés de manière concomitante du fait de leurs propriétés très voisines.
L’oxyde Nd-Pr est l’intrant fondamental de la production des aimants permanents Nd-Fe-B.
Or, pour une production actuelle de l’ordre de 45 000 t d’oxydes Nd-Pr à l’échelle mondiale,
les capacités doivent doubler d’ici 2030 pour atteindre 90 000 t.

Les cas du dysprosium et du terbium sont légèrement différents, ces deux éléments étant
ajoutés comme dopants dans les aimants Nd-Fe-B afin d’abaisser le point de Curie et
d’autoriser un fonctionnement optimal à plus de 200°C. Ces conditions sont nécessaires en
particulier dans l’éolien et l’automobile. Or, du fait de leur rareté et de leur prix, il existe de
nombreuses tentatives pour limiter leurs usages ou les substituer de la part des utilisateurs.
Leur production est de l’ordre 2 000 t par an, chiffre également amené à doubler d’ici à
l’horizon 2030. (3)

Pour ce faire, l’ouverture de nouvelles mines mais également de nouvelles capacités de


séparation sont nécessaires. La Chine, qui représente déjà 60 % de la production minière
mondiale de terres rares et 85 % de celle d’aimants permanents, l’a bien compris et continue
de renforcer son positionnement sur ces marchés.

La Chine continue la restructuration de son industrie d'extraction et de valorisation des


terres rares autour de deux grands pôles au sud et au nord du pays

Concernant l’amont de la chaîne de valeur, l’événement marquant de l’année 2021 est la


création fin décembre d’une nouvelle entreprise d’Etat chinoise, conglomérat géant issu de
la fusion de trois des principales sociétés d’exploitation des terres rares du sud du pays, à

18
savoir Aluminum Corporation of China (Chinalco), China Minmetals et China Southern Rare
Earth Group. La nouvelle entité, nommée China Rare Earth Group, a pour principal
actionnaire la commission de contrôle et d'administration des biens de l'État du Conseil
d'État, avec une participation de 31,2 %. Les trois sociétés citées précédemment détiennent
chacune 20,3 %. Enfin, deux sociétés de recherche, China Iron & Steel Research Institute
Group et Grinm Group Corp., détiennent chacune une participation de 3,9 %. Comme
annoncé par le gouvernement chinois, la fusion vise à intégrer les ressources en amont, à
augmenter le pouvoir de tarification de la Chine sur le marché mondial et à utiliser les terres
rares à l'avantage stratégique du pays. La nouvelle entité serait ainsi en mesure de produire
environ 45 000 t d'oxydes de terres rares (OTR) par an, plaçant l’acteur China Rare Earth
Group comme deuxième producteur de terres rares du pays après China Northern Rare
Earth Group, exploitant le gisement de Bayan Obo. Ce dernier a également annoncé une
restructuration début juin 2022, par la fusion de deux de ces entités : Baotou Huaxing Rare
Earths, producteur d’alliages magnétiques de terres rares et Baotou Keri Rare Earth
Materials, orienté vers des produits transformés à haute valeur ajoutée à base de terres
rares.

En Mongolie Intérieure, au-delà de compter le premier site mondial de production et


transformation de terres rares légères au monde (mine de Bayan Obo et complexe
métallurgique de Baotou), la région autonome du nord du pays héberge aussi le principal
centre de recherche au monde sur les innovations à base de terres rares, dans une zone
industrielle colossale désormais appelée la « Baotou Rare Earth High-tech Zone ». Mise en
place en 1992, cette zone dédiée aux terres rares vise à promouvoir les synergies entre
l’industrie et la recherche pour accélérer le développement de la filière. Elle regroupe 9 000
entreprises et 73 centres de R&D, concentrant 3 300 brevets sur toute la chaîne de valeur,
de l’extraction du minerai à la production d’aimants permanents et divers matériaux à base
de terres rares. La zone de développement accueille notamment le Baotou Research
Institute of Rare Earth (BRIRE), la plus grande institution de R&D chinoise dédiée aux terres
rares. (5)

Si la production d’aimants est principalement concentrée dans 3 autres provinces à savoir


celles de Zhejiang (ville de Ningbo), de Shanxi et Pékin, la zone de Baotou domine l’étape de
production des poudres magnétiques et alliages de haute performance utilisés pour
construire l’aimant au néodyme Nd-Fe-B et l’aimant Samarium-Cobalt Sm-Co. Ayant
aujourd’hui une capacité annuelle de production de 45 000 à 50 000 t de poudres
magnétiques pour aimants permanents, l’ambition de la région autonome de Mongolie
Intérieure est de doubler ce chiffre, pour atteindre une capacité de 100 000 t/an à l’horizon
2025, comme rappelé lors du forum annuel tenu en octobre 2020 (d’après Shanghai Metals
Markets). 

En outre, le 14ème plan quinquennal économique de la région (2021-2025) vise à « accélérer le


développement de matériaux et d’alliages fonctionnels de terres rares de haute pureté, ainsi
que celui de matériaux magnétiques de terres rares utilisés dans les machines-outils à
commande numérique haut de gamme (Computer Numerical Control ou CNC). L'innovation
technologique pour accroître les découvertes dans d’autres domaines sera également
encouragée, notamment le développement d’un nouvel alliage de stockage d'hydrogène à
base de terres rares, mais aussi l'amélioration des catalyseurs à base de terres rares dans les

19
industries de l'acier, du ciment, de la verrerie, de l'automobile, de l'énergie thermique et de
la pétrochimie ».

Illustration 10 : Augmentation des capacités chinoises de production d'aimants permanents


entre 2010 et 2021

Source : BRGM, d'après SMM, Adamas Intelligence

La progression des capacités chinoises de production de production d’aimants permanents


(Nd-Fe-B et Sm-Co) est fulgurante avec une production estimée à 195 000 t en 2021, contre
175 000 en 2019, 165 000 t en 2018, et seulement 83 000 t en 2010 (d’après les sources
Argus Media, Adamas Intelligence). Cette industrie compte 3 principaux centres de
production dans les provinces de Zhejiang (ville de Ningbo), de Shanxi et Pékin. La ville de
Ningbo concentrait 40 % de la production totale de matériaux magnétiques à base de terres
rares en 2019, avec 67 entreprises dédiées, dont l’entreprise Ningbo NingGang, premier
fabricant de matériaux d'aimants permanents Sm-Co au monde, représentant 27 % de la
production nationale et presque 20 % de la production mondiale. Par cette structuration, la

20
Chine vise à être incontournable sur la réponse à la demande mondiale d'aimants
permanents sur la période 2025-2030.

Enfin, la stratégie chinoise est visible sur deux autres secteurs d’influence en particulier :

 Les publications scientifiques de recherche académique et l’obtention de brevets sur


les technologies innovantes de production et séparation des terres rares ;
 La standardisation 

Dans le premier cas, une augmentation notable des publications scientifiques sur le sujet de
la séparation des terres rares s’est confirmée durant la dernière décennie, la Chine étant
passé de 30 publications internationales en 2011 à 140 en 2019, sur 360 publications sur ce
domaine dans le monde (d’après Scopus). La Chine est également le pays recensant le plus
grand nombre de dépôts de brevets sur ces étapes, la plupart provenant de la zone
technologique de Baotou et des provinces du Sud. Elles s’inscrivent dans les « Plans de
Développement » pluriannuels de la filière et tendent à répondre notamment aux
problématiques de réduction de la pollution, paramètre très sensible de l’exploitation des
terres rares.

Dès 2011, des normes environnementales concernant les seuils tolérés de rejets dans les
eaux usées et l’atmosphère étaient publiées.  Puis en 2014, le Ministère pour l’Industrie et
les Technologies de l’Information (MIIT) publiait le « Plan pour la promotion de technologies
de production de terres rares propres », fixant des objectifs de pénétration de nouvelles
technologies dans l’industrie des terres rares. Dans ce cadre, plusieurs dépôts de brevets sur
de telles technologies ont été déployées à l’échelle industrielle sur de nombreuses lignes
pilotes. L’une des principales était la séparation des oxydes de terres rares sans
saponification afin de réduire les rejets d’ammoniac, source d’importants de dégâts
environnementaux.  En 2015, une ligne pilote d’une capacité de production de 2 000 t d’OTR
construite par Jiangsu Guosheng Rare Earth, a permis une avancée dans ce domaine, avec le
traitement de minerais sans rejets d’azote ammoniacal et avec le piégeage de plus de 90 %
des rejets gazeux. Cette dernière a été déclinée depuis à l’échelle industrielle.

Sur le deuxième sujet, un comité technique a été mis en place en 2015 par l’Organisation
Internationale pour la Standardisation (ISO) à la demande de la Chine afin d’établir des
standards internationaux pour la production de terres rares et leur recyclage. Or, le comité
technique ISO/TC 298 (Normes Internationales est confié aux Comités Techniques ) est
présidé par l’administration de standardisation chinoise (SAC). Depuis son instauration il a
abouti à 7 normes ISO publiées, notamment sur le recyclage. Par ce moyen, la Chine
bénéficie de l’avance prise dans ces domaines pour imposer des références internationales.
Le comité compte à ce jour 12 membres participants et 23 membres observateurs, dont la
France.

21
Nouveaux acteurs et structurations de "chaînons manquants" dans le reste du
monde :

Face à ce constat, un certain nombre de pays tente de valoriser la montée en


puissance de filières de production de terres rares pour réduire les risques de
dépendance aux importations chinoises. 

Illustration 11 : La figure suivante résume la chaine de valeur de la mine à la production des
aimants permanents Nd-Fe-B

Source : © BRGM publié en 2021

22
Afin de remonter vers l’aval de la chaîne de valeur, l’une des étapes cruciales au-delà de
l’ouverture d’une mine de terres rares est celle de la valorisation métallurgique. Deux types
d’usines se suivent dans le processus : les premières sont des usines de traitement visant à
purifier les concentrés de terres rares (extraire les éléments radioactifs et augmenter la
concentration en terres rares valorisables), les secondes ont un degré de complexité
supérieur : il s’agit de raffiner le concentré pour séparer des oxydes de terres rares purs
(technologies d’extraction par solvant). Or la complexité de séparation dépend d’un minerai
à l’autre et fait également varier le nombre d’étapes. Par exemple, à l’heure actuelle,
l’entreprise australienne Lynas qui est la principale entreprise occidentale à maîtriser l’étape
de séparation s’arrête à la séparation des terres rares légères pour produire un oxyde de
néodyme-praséodyme (Nd-Pr). Cette étape aboutit à un concentré de terres rares lourdes
mélangées (appelé SEG pour samarium-europium-gadolinium) qui est vendu en Chine, seul
pays disposant d’installations de séparation de ces terres rares lourdes à ce jour.

Trois étapes suivent la production d’oxydes Nd-Pr : 

 La réduction à l’état métallique (potentiellement sous forme d’alliages – permettant


l’intégration du fer et du bore)
 La production d’alliages ou de poudres magnétiques (précurseurs d’aimants
permanents)
 La synthèse des aimants en elle-même

La carte suivante présente le panorama des acteurs mondiaux à chacune des étapes : mines
en activité et projets miniers les plus avancés, complexes métallurgiques existants et en
projets, mais également le recensement des capacités mondiales de recyclage (ciblé
uniquement sur celui des aimants permanents Nd-Fe-B, présentant les plus forts enjeux).

Illustration 12 : panorama du marché des terres rares dans le monde en 2021

Source : BRGM , 2021

23
La Chine demeure le premier producteur mondial à hauteur de 60 %. La production chinoise
officielle, régulée par des « quotas de production » par région et par producteur a augmenté
de 20 %, s’élevant à 168 000 t d’OTR contre 140 000 t en 2020. Pour la plupart des analystes,
cette augmentation des quotas était quasiment inévitable étant donnée la situation actuelle
de l'offre en Chine et la croissance de la demande des fabricants d’aimants Nd-Fe-B.

Les Etats-Unis sont aujourd’hui le deuxième producteur mondial en termes d’opérations


minières, avec la reprise de la mine de Mountain Pass en Californie par l’opérateur MP
Materials. En 2021, 43 000 t d’OTR ont été extraites selon l’US Geological Survey, destinées à
produire des concentrés de TR, exportés et revendus par le partenaire chinois Shenghe. Des
extensions de capacités sont prévues à partir de 2023, afin d’aboutir à la production
d’oxydes Nd-Pr et de précurseurs d’aimants permanents sur le sol américain.

Avec sa mine de Mount Weld, la société australienne Lynas est la principale entreprise
occidentale de production et de raffinage de terres rares. L’étape de séparation des terres
rares légères est maitrisée et effectuée au sein de l’usine malaisienne de Gebeng. Pour
l’année 2021, 15 600 t d’OTR séparées ont été produites dont 5 400 t d’oxydes Nd-Pr à
haute valeur ajoutée. Cette production est estimée alimenter 65% de la fabrication des
aimants permanents Nd-Fe-B au Japon, du fait de relations étroites mises en place avec les
industriels du secteur dès les années 2010. Le reste de la production de Lynas se compose
d’oxydes de cérium et de lanthane (~8 000 t) de moindre valeur et destinés pour la plupart
aux marchés de la catalyse, et enfin d’un concentré de terres rares lourdes mélangées
appelé SEG pour Samarium-europium-gadolinium (~2 000 t) vendu en Chine pour
séparation.  La compagnie a plusieurs projets d’extension : en Australie tout d’abord avec la
construction d’une usine de purification (extraction des éléments radioactifs) à Kalgoorlie,
qui sera opérationnelle en 2023.  Aux Etats-Unis, Lynas a reçu un financement du Pentagone
pour la construction d’une usine de séparation des terres rares légères au Texas : 5 000 t/an
dont 1 250 t d’oxydes Nd-Pr. A cela s’ajoute une promesse d’investissement de 30,4 millions
US$ pour travailler sur la faisabilité économique de la séparation de terres rares lourdes aux
Etats-Unis.

Dans le reste du monde, des productions modestes peuvent être mentionnées, notamment
en Russie dans la péninsule de Kola où la société Solikamsk affiche une production de 2 700 t
d’OTR sous forme de concentrés de terres rares. De la même manière, des concentrés de
terres rares sont produits au Burundi à Gakara (Rainbow Rare Earths), au Brésil à Araxá
(CBMM) en sous-produit du niobium, en Inde dans les provinces de Kerala et Tamil Nadu
(Indian Rare Earths Ltd.) ou encore en Thaïlande (province de Phuket), au Viet Nam (Yen
Phu) ou au Myanmar (province de Kachin), ce dernier pays ayant émergé comme une source
notable de terres rares lourdes à partir de 2018, l’essentiel étant importé par la Chine.

En 2021, près d’une dizaine d’usines métallurgiques était en construction à travers le


monde.  Ces projets sont concentrés en Australie, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe.

L’Australie semble le prochain relais de croissance de la production occidentale de terres


rares. Plusieurs projets miniers ayant déjà résisté à la crise de 2010 sont désormais proches
d’une mise en production :

24
 L’entreprise Arafura Resources, avec le projet de Nolans Bore situé à 135 km au nord
d’Alice Springs : la compagnie a reçu le soutien du gouvernement australien (30
millions A$) pour aider à la construction de l’usine de séparation dont la capacité de
production est estimée à 7 000 tonnes/an d’oxyde Nd-Pr. La décision finale
d’investissement est prévue au deuxième semestre 2022 ;
 L’entreprise Iluka Resources, historiquement productrice d’ilménite, zircon et rutile
envisage deux opérations minières et une usine de séparation à Eneabba (Australie
Occidentale) et Wimmera (Victoria). La construction de l’usine débutera en 2022
pour un début de production prévu en 2025. A terme, une capacité de 15 000 t/an de
concentrés est envisagée (à partir de monazite et de xénotime). Le gouvernement
australien soutient également le développement de l’usine de séparation, qui aurait
pour finalité de pouvoir traiter des concentrés d’autres sources ;
 L’entreprise Australian Strategic Minerals, avec le projet Dubbo en Nouvelle-Galles
du Sud. La particularité du projet (coût total estimé à 800 millions A$) est de ne pas
dépendre uniquement des terres rares. En effet, 43 % des revenus proviendraient du
zirconium devant les terres rares (30 %), assurant ainsi une moindre exposition aux
risques de mouvements de prix ;
 L’entreprise Northern Minerals, avec le projet de Browns Range, qui s’étend de la
mine à l’usine de séparation. La mise en production est attendue à l’horizon 2025. 

Aux Etats-Unis, une nouvelle stratégie a émergé suivant les accords passés à l’été 2019 entre
les gouvernements américains et australiens notamment, pour des collaborations renforcées
sur le sujet des terres rares. En novembre 2020, le département américain de la Défense a
accordé trois subventions liées aux terres rares d'une valeur de 13 millions US$ aux sociétés
MP Materials, TDA Magnetics Inc et Urban Mining pour aider à la construction d’une ou
plusieurs usines de séparation des terres rares.

Aux Etats-Unis toujours, la compagnie Energy Fuels a déclaré fin 2020 avoir produit des
premiers concentrés de terres rares à partir de sables à monazite de Géorgie. Un accord a
été conclu avec la société canadienne Neo Performance, opérant l'usine de séparation
Silmet en Estonie pour la transformation ultérieure en matériaux avancés à base de terres
rares. Energy Fuels envisage de traiter au moins 15 000 t de monazite par an.

Les compagnies USA Rare Earths LLC et Texas Mineral Resources Corp ont également
officialisé l’ouverture d’une usine pilote dans le Colorado pour valider leur technologie de
séparation des terres rares, pour un budget de 10 à 12 millions US$ et continuent le
développement du gisement Round Top au Texas.

Au Canada, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé en juillet 2021 un financement


de 31 millions C$ pour une installation de traitement de terres rares à Saskatoon qui
appartiendra et sera exploitée par le Saskatchewan Research Council («SRC») et la société
Search Minerals. L'usine aura la capacité de traiter des concentrés de terres rares pour les
séparer en utilisant un procédé d'extraction par solvant.

En Russie, le gisement de Tomtor s’approche progressivement d’une mise en production. Un


atout supplémentaire est la prise d’intérêts du groupe minier russe Polymetal en mars 2020,

25
producteur d’or et d’argent dont la capitalisation boursière est estimée à 6 milliards US$.
Celle-ci s’élève à 9,1 % du projet. Les ressources du projet étaient évaluées en 2018 à 30,5
Mt de minerai avec des teneurs de 10,6 % OTR et 4 % Nb. Les opérations comprendront une
mine à ciel ouvert avec une usine de traitement (coût total estimé à 259 millions US$). La
position stratégique de cette usine, à proximité de la ville de Krasnokamensk, près de la
frontière de la Russie avec la Chine en fait un projet particulièrement important, d’autant
plus dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.

En Suède, le projet Norra Kärr, en phase d’exploration, mis à l’arrêt entre 2017 et 2020 pour
des raisons environnementales a obtenu une extension du permis d’exploration jusqu’en
août 2025. Une étude de faisabilité a été menée au cours de l’été 2021 par le nouvel
exploitant (Leading Edge Materials) afin de revoir le modèle d’exploitation et convaincre de
la viabilité de l’exploitation minière.

Un autre projet est porté par l’entreprise LKAB en Suède, exploitant de la mine de fer de
Kiruna et dont l’objectif est de prouver la faisabilité de traiter les terres rares contenues dans
les résidus miniers (apatite) afin d’obtenir 10 à 15 000 t/an de concentrés de terres rares. De
la même manière, l’entreprise Yara, en Norvège, étudie la possibilité de récupérer des terres
rares à partir de l’exploitation d’engrais phosphatés.

En Grande Bretagne, l’entreprise Pensana Rare Earths développant un projet minier à


Longonjo en Angola s’est engagé à construire une usine de purification des terres rares sur le
territoire britannique. Cet objectif est similaire pour l’entreprise britannique Rainbow Rare
Earths, produisant au Burundi des concentrés de terres rares et ayant annoncé relever ses
objectifs à 6 000 t de concentrés/an, avec une purification en Grande Bretagne.

Enfin, en Pologne, le groupe Azoty Pulawy, acteur majeur des produits chimiques, s’est
associé en juillet 2021 à Talaxis Limited développant un projet minier au Malawi avec
l’entreprise canadienne Mkango Ressources pour la construction d’une installation de
traitement des terres rares (purification et séparation) sur le sol polonais.

Au Groenland, le gisement de Kvanefjeld pourrait devenir le 2ème producteur mondial. Il


s’agit d’un des plus gros gisements de TR au monde (10 Mt d’OTR contenus dans les
ressources), avec une production de 32 000 t/an de concentrés envisagée d’après l’étude de
faisabilité finalisée en 2019. Cependant, le nouveau gouvernement du Groenland a décrété
un ban sur l’exploitation de minerais contenant plus de 100 ppm d’uranium début novembre
2021, rendant impossible l’exploitation du gisement sans changement ultérieur. (5)

La Chine crée un géant des terres rares pour consolider sa place de leader mondial. Avec la
création du China Rare Earth Group, la Chine cherche à faire émerger un champion national
de l’exploitation de terres rares.

Les autorités chinoises ont annoncé par décret fin décembre la création du China Rare Earth
Group, une nouvelle entreprise publique spécialisée dans les terres rares. Sous contrôle
direct de l’Etat via la Sasac (31% du capital), cette entité est appelée à devenir le premier
producteur mondial de terres rares lourdes. Elle aura pour ambition de mieux répartir les
ressources.

26
Le China Rare Earth Group est issu de la fusion des actifs dans les terres rares de trois géants
chinois (Minemetals, Chinalco et Ganzhou Rare Earth, qui se partageront 65% du capital) et
de deux groupes de R&D et technologie, Grinm Group et le China Iron & Steel Research
Institute Group (4% chacun). (2)

La Chine est la plus grande productrice de terres rares, avec 58% de la production mondiale
en 2020. La production de terres rares est donc répartie très inégalement sur Terre. Il est
en effet infiniment rare de voir un seul pays s’arroger plus de la moitié de la production
mondiale d’une famille entière de 17 minerais. Mais le plus gros problème n’est pas
nécessairement dans l’asymétrie de la production. C’est que cette asymétrie de la
production n’est pas directement liée à une asymétrie des réserves. En effet, si la Chine
produit 58% de ces minerais, elle n’en possède en réalité que 37% des réserves mondiales.

Pas si loin derrière, on retrouve :

 Le Vietnam (18%),

 Le Brésil (18%),

 La Russie (10%),

 L’Inde (6%),

 L’Australie (3%),

 Les Etats-Unis (1%).


Notons qu’aucun pays de l’Union Européenne n’apparaît donc dans ce classement, ce qui
nous donne déjà une petite idée du problème que les terres rares représentent pour nous.
Dans un monde équitable, il faudrait que le pays qui possède 37% des réserves représente
37% de la production mondiale. Et si ce n’est pas le cas et qu’il existe un déséquilibre entre
la part des réserves et la part de production (comme c’est le cas avec la Chine), ça veut dire
qu’il y a anguille sous roche. Et cette anguille sous roche, c’est que le pays en question
applique une stratégie agressive de conquête économique afin de dévorer la concurrence.
C’est le jeu de la libre concurrence, certes. Mais quand on sait que la Chine représente 80%
des importations américaines de terres rares, on comprend que ça va coincer. Mais ce qui
est terrible dans cette histoire, c’est qu’on nous avait prévenus.

Car voilà ce que Deng Xiaoping disait en 1992 : ¨Les terres rares sont à la Chine ce que le
pétrole est au Moyen-Orient¨. 40 ans plus tard, la Chine a effectivement gagné sa place de
nouveau Moyen-Orient.

Et nous, qui faisons la promotion des véhicules électriques car ils permettent de se libérer de
l’emprise du pétrole, sommes en train de nous libérer d’une dépendance (celle des pays
producteurs de pétrole) pour nous lier à une autre (celle de la Chine).

27
Enfin, pas tout le monde.
Car il existe des solutions pour libérer la mobilité électrique des terres rares. Et nous y
participons activement sur ce site, en faisant la promotion des moteurs électriques sans
terres rares (les moteurs à induction par exemple).
Mais nous en reparlerons dans la conclusion de cet article, car nous n’en avons pas fini.

Nous avons en effet vu que les terres rares présentent un problème de dépendance à la
Chine. Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi l’impossibilité de s’approvisionner en minerais sans
craindre de financer les mafias chinoises.

Illustration 13 : consommation et production mondiales des terres rares

In : Boulvais P. & Decrée S. (Eds), Ressources métalliques : cadre géodynamique et exemples

remarquables. ISTE Science Publishing Ltd-Wiley (9)

28
2. Les entreprises consommatrices (automobiles)

Les premiers véhicules hybrides, notamment la Toyota Prius et la Honda, étaient équipés de
batteries NiMH (Nickel Métal Hydrure) dont l’électrode négative (anode) était constituée
d‘un alliage de lanthane-pentanickel (LaNi5). Ces batteries des véhicules hybrides de la
première génération contenaient une dizaine de kilos de lanthane, qui est bel et bien une
terre rare. Mais aujourd’hui cette technologie de batteries est dépassée : elle a été
remplacée par la famille des batteries lithium-ion (Li-ion) aux performances bien plus
élevées. Si certains modèles de Toyota hybrides vendus en Europe font encore exception en
étant toujours équipés de batteries NiMH (mais ça ne devrait plus durer longtemps), la toute
grande majorité des véhicules hybrides et électriques sont pourvues aujourd’hui de batteries
Li-ion.

Il y a trois types de moteurs électriques possibles, tous faits d’un stator constitué de bobines
de fils électriques en cuivre et d’un rotor.

Aujourd’hui, 93 % des moteurs de véhicules électriques sont à aimants permanents, plus


efficaces que les motorisations synchrones à rotor bobiné ; Le moteur à induction présent
dans les Tesla de première génération et le moteur synchrone à rotor bobinés utilisé dans la
Renault Zoé qui est le modèle de véhicule électrique le plus vendu en 2020, ou encore la
Smart Electric Drive ne comprennent pas de terres rares ! Seuls les moteurs synchrones à
aimants permanent c’est le cas de la BMW i3 ou de la Volkswagen e-Golf contiennent des
terres rares (néodyme, dysprosium et praséodyme qui jouent le rôle d’aimant) à hauteur
d’environ 2 kg par moteur.
29
Les ventes de véhicules électriques et hybrides dans le monde pourraient monter à 12,5
millions d’unités en 2025 et 32 millions en 2030 (contre 4,3 millions en 2018).Pour
compenser ce rendement inférieur, ceux-ci peuvent rehausser de 15 % la capacité de leurs
packs batteries, mais pour un coût cinq à six fois supérieur à celui des matières (acier, cuivre
et terres rares) d’un moteur à aimants permanents.

Pour 93 kW de puissance moyenne, ils intègrent 1,2 kg d’aimants néodyme-fer-bore,


nécessitant l’achat de 1,6 kg d’aimants avant transformation. Soit 500 grammes de terres
rares, tirées de 700 grammes d’oxydes – du néodyme et du praséodyme, un peu de
dysprosium et moins encore de terbium –, transformés en 600 grammes de métal.

En 2025, les moteurs devraient atteindre 131 kW et consommer 1 kg d’oxydes de terres


rares. Avec 80 % des véhicules recourant aux aimants permanents pour leur moteur
principal, la demande de terres rares pour ce seul segment augmenterait de 350 % d’ici à
2025, puis de 127 % supplémentaires en 2030. Soit 13 000 tonnes d’oxydes de néodyme-
praséodyme en 2025 et 28 000 tonnes (20 % de la demande) en 2030. Le dysprosium
pourrait venir à manquer dès 2020.

Les terres rares sont des éléments nécessaires à la fabrication d’aimants permanents
performants, composants clés pour des moteurs et alternateurs à forte densité de
puissance. Les aimants Néodyme-Fer-Bore nécessitent comme leur nom l’indique du
Néodyme (Nd) mais aussi du Dysprosium (Dy) en faible quantité pour améliorer la tenue en
température des aimants. Les gros consommateurs d’aimants permanents sont l’éolien en
mer pour limiter le poids des nacelles et ainsi la taille des mâts et les véhicules électriques
pour faciliter l’intégration du moteur, qui plus est sur un hybride rechargeable où le moteur
électrique partage l’espace avec le moteur thermique, et limiter son poids. (15)

Les terres rares ne sont pas rares, les réserves recensées donnant une visibilité de 50 à 500
ans suivant la croissance de la demande. La problématique est liée à la concentration des
gisements exploitables à un coût raisonnable quasi exclusivement en Chine, pour le
Néodyme comme pour le Dysprosium [16] [17].

La Chine a, en 2011, montré son monopole en jouant sur le cours des terres rares :

• Néodyme : 25 $/kg en 2010, 460$/kg en 2011, 50$/kg depuis 2016 ;

• Dysprosium : 200 $/kg en 2010, 3400 $/kg en 2011, 250$/kg depuis 2016.

Cette hausse subite des prix en 2011 a déstabilisé la filière des alternateurs comme des
moteurs électriques. Renault a fait le choix de construire des moteurs plus lourds et plus
complexes, sans aimants permanents et des recherches sont menées pour diminuer
drastiquement la quantité de terres rares dans les moteurs à aimant permanent. [16]

Le Néodyme comme le Dysprosium sont classés en risques d’approvisionnement fort par le


BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières).

30
Les constructeurs automobiles européens qui ont su rester leader pendant 100 ans sur ce
marché extrêmement concurrentiels investissent massivement, incités par les pouvoirs
publics et attisés par la concurrence de Tesla et des constructeurs asiatiques, pour proposer
une offre pérenne, diversifiée, attractive et de qualité en véhicules électrifiés. Gageons que
ces investissements vont continuer de faire progresser encore rapidement ces technologies.
Les ressources suivantes de ce dossier présentent l’état de l’art et les perspectives
nombreuses pour les années futures dans les domaines des motorisations [16], des batteries
[17] et des chargeurs [18] et de la charge sans contact, des architectures machines.

31
À titre d’exemple, les éoliennes nécessitent des métaux de base en quantité (de l’acier, du
nickel, du cuivre notamment) ainsi que, pour certaines d’entre elles, des terres rares. Celles-
ci se retrouvent également dans la voiture électrique pour son moteur, tandis que du nickel,
du lithium, du graphite, du manganèse, du cobalt peuvent entrer dans la composition de la
batterie. Les électrolyseurs et les piles à combustible nécessaires à la production et au
stockage d’hydrogène sont pour leur part constitués entre autres de nickel et de platine.
Sans oublier les besoins plus généraux liés aux progrès de l’électrification, en cuivre
notamment pour la construction des réseaux supplémentaires.

Les prévisions diffèrent selon les auteurs et des ruptures technologiques peuvent à tout
moment les remettre en cause. Il reste que les besoins de plusieurs métaux connaitront une
forte croissance en quelques années. Pour les véhicules électriques et les systèmes de
stockage, les besoins en lithium de l’UE pourraient, selon la Commission européenne, être
multipliés par 18 d’ici à 2030 (par 60 d’ici à 2050), ceux de cobalt par cinq (par 15 d’ici à
2050). Une multiplication par dix des besoins en terres rares est par ailleurs envisagée d’ici à
2050. Non seulement l’UE est dépendante d’autres pays pour ces métaux mais le nombre de
pays producteurs est limité et leur législation environnementale et sociale s’avère souvent
défaillante.

32
Le sujet mérite d’autant plus d’attention que les énergies renouvelables, en l’état actuel de
leur développement, requièrent davantage de matériaux que les énergies concurrentes pour
une même puissance nominale. Or, la croissance démographique, l’élévation du niveau de
vie dans certains pays dits émergents ajoutés aux modes de consommation en vigueur dans
les pays développés sont d’ores et déjà à l’origine de tensions sur les marchés des métaux.
Établir des scénarios pour les matériaux nécessaires à la transition énergétique relève
cependant de la gageure. Les facteurs à prendre en compte sont nombreux (évolution de la
demande, stratégie chinoise, tensions géopolitiques, spéculation, opposition des populations
locales, règlementations environnementales, etc.) et les évolutions technologiques peuvent
être soudaines. Surtout, au-delà des risques éventuels en matière de sécurité
d’approvisionnement, les métaux critiques constituent un enjeu central pour la soutenabilité
sociale et environnementale de la transition énergétique, d’où la nécessité pour les pays
européens de développer le recyclage, une traçabilité efficiente voire de relancer l’activité
minière sur leur propre sol.

Si la montée en puissance des énergies renouvelables et du véhicule électrique permet une


réduction de la part des énergies fossiles, la consommation de métaux sera indexée sur les
progrès effectués en matière de transition énergétique. Dans l’hypothèse d’une mise en
œuvre effective de l’engagement principal de l’Accord de Paris (une hausse des
températures nettement inférieure à 2°), la consommation de métaux devrait ainsi être
multipliée par quatre d’ici à 2040. Si la neutralité climatique devait être atteinte en 2050,
cette consommation serait multipliée par six d’ici à 2040 (AIE : Agence internationale de
l’énergie, 2021). Anticiper la demande s’avère néanmoins aléatoire.

Selon les politiques climatiques adoptées et les évolutions technologiques, l’AIE (2021)
estime ainsi que la demande en cobalt pourrait être entre 6 à 30 fois supérieure à la
demande actuelle. La demande en terres pourrait être accrue d’un facteur 3 ou d’un facteur
7 pour les mêmes raisons. Principale filière responsable de la hausse de la consommation de
métaux, le véhicule électrique a une part de marché encore confidentielle (4 % en 2021)
mais bénéficie d’un contexte favorable. De l’ordre de deux millions d’unités en 2018, les
ventes mondiales pourraient atteindre entre 20 et 38 millions d’unités par an (AIE, 2020).
S’agissant des moteurs, certaines technologies permettent de ne pas recourir aux aimants
permanents (et donc pas aux terres rares) : le moteur à induction par exemple, mis au point
dans les années 1920 par Nikola Tesla. Le moteur synchrone à rotor bobiné, également
exempt de terres rares, a été retenu par certains constructeurs.

Pour les autres constructeurs, le recours aux fournisseurs asiatiques de terres rares ou
d’aimants permanents s’impose. En outre, les batteries en plomb actuellement
prédominantes dans le secteur de l’automobile n’ont pas les propriétés nécessaires pour
équiper les véhicules électriques. La batterie lithium-ion s’impose pour ces derniers. Le
cobalt, le lithium, le nickel et le graphite sont ici des composants importants même si on les
retrouve dans des proportions variables selon les différentes technologies. L’industrie
automobile étant structurée autour de sous-traitants, la question des métaux critiques a le
plus souvent été laissée à l’initiative de ces derniers, la compétitivité-coût à court-terme
prévalant sur une vision stratégique globale à long-terme. Or, si les équipements portatifs
contiennent déjà certains de ces composants, la mobilité électrique change la donne
compte-tenu des quantités exigées, incomparables avec la demande actuelle. Au marché du

33
véhicule électrique s’ajoutent en outre les progrès du stockage stationnaire. L’éventail des
technologies appropriées est large dans ce domaine. Néanmoins, comme pour la batterie
des véhicules électriques, la solution lithium-ion demeure à ce jour la plus prisée même si la
batterie rechargeable à flux (Redox Flow) présente des avantages pour le stockage long. [19] 

3. Les stratégies suivies par les états en terres rares

Il n’est pas acquis que l’ouverture de nouvelles mines soit une réponse suffisante à la
croissance de la demande en matériaux critiques. La Chine dispose non seulement de
ressources abondantes mais également de la chaîne de valeur nécessaire au raffinage,
notamment des terres rares. En outre, la rentabilité n’est guère assurée pour des matériaux
critiques disponibles en faibles quantités et dont les cours peuvent varier brutalement au gré
des évolutions technologiques et de la demande chinoise63. Les projets au Groenland, en
Russie, en Inde connaissaient ainsi en 2017 des retards imputables à un maintien des cours à
un niveau relativement bas. Pour certains métaux (comme le lithium), le financement est
incertain dans la mesure où ils ne peuvent faire l’objet de stratégies de couverture à l’instar
d’autres matières premières (le cuivre par exemple). Dans cet environnement, la Chine
conserve la capacité d’influer sur les cours mondiaux, de les maintenir si nécessaire à un
niveau bas pour dissuader toute ambition concurrente et à un niveau assez élevé pour
avantager les industriels implantés sur son territoire.

Fermer et rouvrir des mines au gré de l’évolution des cours comme le font certains
producteurs américains de pétrole non conventionnels ne serait guère réaliste dans le cas
des métaux critiques. La mise en valeur des gisements exige du temps, qu’il s’agisse des
terres rares (Golev et al., 2014), du lithium (sept années se sont écoulées entre l’exploration
et l’exploitation commerciale du gisement argentin d’Olaroz) ou des métaux de base.
Mettent ainsi en évidence l’allongement des délais pour l’exploitation des mines de cuivre
qui se situent désormais entre 13 et 23 années et concluent que l’industrie n’est pas en
capacité de répondre à brève échéance à une hausse soudaine de la demande. Dans ce

34
contexte, la montée en puissance de filières de recyclage ou la recherche de technologies de
substitution constituent des alternatives.

Une stratégie de substitution

La volatilité des cours a conduit les industriels à rechercher des solutions de substitution ou
du moins à réduire la quantité de matériaux critiques dans leurs installations. Les aimants
permanents installés dans les éoliennes et les moteurs des véhicules électriques et qui
nécessitent des terres rares ne sont ainsi pas la seule technologie disponible. Le moteur à
induction ne recourt pas à ces matériaux et équipe les véhicules de la marque Tesla.

Renault a opté́ pour un moteur électrique dépourvu de terres rares. Nissan continue
d’utiliser des terres rares mais est parvenu à diminuer de 40 % la quantité de dysprosium
utilisé. Toshiba a mis au point des aimants samarium-cobalt dépourvu de terres rares.

Dans l’éolien, Siemens s’est fixé pour objectif d’éliminer ses besoins en terres rares lourdes
pour renforcer l’acceptabilité économique, sociétale et environnementale de ses produits.
Certaines éoliennes terrestres sont dépourvues d’aimants permanents (cas de Nordex,
d’ENERCON) et pour l’éolien marin, certains industriels comme Vestas ont réduit les
quantités nécessaires de néodyme et de dysprosium.

S’agissant de l’industrie du panneau solaire, différentes pistes ont été explorées pour limiter
le recours au tellurium et à l’indium. Elles vont de l’augmentation du voltage supporté par
les cellules des panneaux à base de cadmium et de telluride, à l’utilisation de polymères
organiques66 ou encore de pérovskite.

Pour le stockage d’énergie, la technologie lithium-ion s’impose peu à peu. D’autres solutions
apparaissent, que ce soit pour le stockage stationnaire (batteries à flux avec ou sans
vanadium) ou pour le stockage mobile (piles à combustible, aluminium-air, sodium-soufre,
batteries à base de plastique et de céramique dépourvues de terres rares). (6)

Néanmoins, le coût ou les limites techniques de ces technologies en limitent pour l’heure les
chances d’une commercialisation à grande échelle. La concurrence prévaut principalement
entre les différentes variantes de la technologie lithium-ion (NMC, NCA, LFP, LCO, LMO,
LTO). Quelle que soit la technologie qui pourrait in fine prévaloir, l’impact sur la demande de
lithium et de cobalt ne serait pas significatif. Dans les équipements portables, la technologie
LCO prévaut mais la variante NMC moins riche en cobalt progresse. Les batteries de voitures
électriques et hybrides recourent principalement aux technologies NMC, NCA, LMO sauf en
Chine où la technologie LFP, moins efficace mais plus sure que la technologie NMC/NCA, est
privilégiée (notamment par BYD). Néanmoins, l’intérêt croissant que manifestent les
entreprises d’État pour les gisements de cobalt, notamment au Congo, laisse à penser que la
technologie NMC pourrait finir par s’imposer.

LCO : Lithium Cobalt Oxyde ; LMO : Lithium Manganèse Oxyde ; NCA : Lithium Nickel Cobalt Aluminium ; LFP :
Lithium Fer Phosphate ; NMC : Lithium Nickel Manganèse Cobalt ; LTO : Lithium Titanate Oxyde

35
Une stratégie de recyclage

Le recyclage des métaux rares constitue une autre option permettant à la fois de limiter la
dépendance à l’égard des fournisseurs étrangers et de limiter les dégâts causés à
l’environnement par l’exploitation minière. Pour l’heure, les quantités concernées sont
néanmoins limitées. Recycler les produits en fin de vie est rendu difficile sur le plan
économique tant les quantités sont faibles ou intimement mélangées à d’autres matériaux
dans les produits finaux. En outre, s’agissant des infrastructures des énergies renouvelables,
les matériaux sont immobilisés pour au moins 10 ou 20 ans dans des proportions nettement
moindres que celles qui seront requises à ce moment… si de nouveaux matériaux n’ont pas
été introduits entre-temps. L’organisation des circuits de recyclage en grandes filières avec
pour chacune des procédés industriels et des acteurs économiques différents constitue un
autre obstacle. Les métaux rares sont en effet pour la plupart des coproduits de métaux de
base (gallium et aluminium par exemple) et s’inscrivent difficilement dans un système
métallurgique segmenté. Dans ce contexte, les métaux disponibles en faible quantité et aux
propriétés chimiques spécifiques sont peu valorisés, surtout lorsqu’ils sont utilisés dans des
alliages avec d’autres métaux plus abondants (cas du béryllium et du cuivre). (7)

Les faibles quantités disponibles, les ruptures technologiques fréquentes, la volatilité des
cours ne garantissent pas aux unités de recyclage des conditions de rentabilité satisfaisantes.
Ainsi, en Europe, Solvay/Rhodia débuta en 2011 des activités de recyclage de certaines
terres rares (à La Rochelle) mais dut fermer en 2016, une fois les cours retombés à des
niveaux antérieurs à la crise de 2010. En 2017, un seul site de production de terres rares
demeurait en Europe (NPM Silmet AS en Estonie). En Belgique, Umicore s’est engagée dans
le recyclage de batteries lithium-ion mais n’attend une forte hausse des volumes qu’autour
de 2025. Pour 60 métaux étudiés, le United Nations Environment Programme (UNEP)
qualifiait en 2014 le taux de recyclage de « désespérément bas ». À peine un tiers des
métaux examinés étaient à plus de 50 % recyclés en fin de vie et 34 avaient un taux de
recyclage de moins de 1 % (UNEP, 2014).

36
Les métaux les plus recyclés sont les métaux de base pour lesquels les flux de déchets sont
importants (cuivre, zinc, aluminium, fer) et les métaux précieux comme l’or dont les cours
élevés assurent un recyclage rentable.

À terme, les quantités de déchets recyclables disponibles devraient toutefois croître


fortement. Selon l’Université des Nations unies (UNU), la quantité de DEEE (Déchets
d’équipements électriques et électroniques) ont atteint 50 millions de tonnes en 2018. (8)

En 2050, 60 à 78 millions de tonnes de déchets de panneaux photovoltaïques devraient être


disponibles. Si la diversité des matériaux qui composent un panneau photovoltaïque
complique son recyclage, un marché de plus de 15 milliards USD pourrait émerger d’ici à
2050. Les unités de stockage devraient abonder également mais de nouvelles techniques
seront requises pour atteindre le taux élevé de batteries au plomb recyclées. Pour le lithium
et le cobalt, une part très réduite de la ressource utilisée provient à ce jour du recyclage mais
avec une durée de 7-8 ans, l’activité de la batterie recyclée devrait monter en puissance vers
2023. Le recyclage des aimants permanents ont pu contribuer en 2020 à hauteur de 8 à 16 %
dans l’approvisionnement en Terres rares (BRGM, 2015).

De fait, des activités de recyclage se sont développées, notamment au Japon : Santoku,


Hitachi, ShinEtsu, Showa denko, Mitsubishi Materials recyclent le néodyme et le dysprosium
les aimants permanents. En outre, la quantité de néodyme et de dysprosium à récupérer
dans les véhicules électriques et les éoliennes est nettement plus importante que dans les
appareils électroniques (Hoenderdaal, 2013). Pour les métaux de base, le recyclage devra
également monter en puissance compte tenu des déséquilibres qui s’annoncent entre l’offre
et la demande. Le niveau des cours sera ici un levier important. Dans un contexte de
renchérissement de la matière première, la production de cuivre raffiné à partir de déchets a
progressé de 11 % durant l’année 2016.

Le fait que les circuits de recyclage soient organisés en filières avec pour chacune d’elle des
procédés industriels et des acteurs économiques différents constitue un autre obstacle. Les
métaux critiques sont en effet pour la plupart des coproduits de métaux de base (gallium et
aluminium par exemple) et s’inscrivent difficilement dans un système de valorisation des
métaux qui est segmenté. Dans ce contexte, les métaux disponibles en faible quantité et aux
propriétés chimiques spécifiques sont peu valorisés, surtout lorsqu’ils sont utilisés dans des
alliages avec d’autres métaux plus abondants (cas du béryllium et du cuivre).

Les quantités de déchets recyclables disponibles devraient néanmoins croître fortement. La


rentabilité du recyclage progresse au point que la croissance de ce dernier devrait pour la
première fois dépasser celle du secteur minier d’ici à 2060 (OCDE, 2019). (5)

En 2050, 60 à 78 millions de tonnes de déchets de panneaux photovoltaïques devraient ainsi


être disponibles. Si la diversité des matériaux qui composent un panneau photovoltaïque
complique son recyclage, un marché de plus de 15 milliards USD pourrait émerger d’ici à
2050. De même, dans l’industrie automobile, les sites industriels de recyclage sont chaque
année plus nombreux en Europe et certains constructeurs contractent avec des entreprises
européennes spécialistes en la matière, notamment pour la récupération du cobalt et du
nickel dans les batteries lithium-ion. Pour les métaux de base, le recyclage devra également
monter en puissance compte-tenu des déséquilibres qui s’annoncent entre l’offre et la
37
demande, le niveau des cours jouant ici aussi un rôle important pour garantir la viabilité des
filières.

Le fait nouveau intervenu ces dernières années est la décision prise par la Chine de ne plus
jouer un rôle de hub pour les déchets, dans un premier temps pour le plastique et le
papier70 puis pour le cuivre et l’aluminium en 2020. Le pays a, par étapes successives, durci
sa législation mettant en difficulté les filières de recyclage de plusieurs pays développés dont
le modèle économique reposait précisément sur l’exportation de ces déchets. Résultat : le
rôle de la Chine comme pôle d’attraction des déchets de métaux s’est fortement réduit.
D’autres pays d’Asie, l’Inde notamment mais aussi la Malaisie, Taïwan, la Thaïlande et
l’Indonésie, voient leur rôle dans les processus de recyclage gagner en importance.

Plus qu’une infortune, il convient probablement de lire la décision chinoise comme une
opportunité. Des capacités de traitement et de recyclage nouvelles se mettent en place dans
les pays développés, notamment aux États-Unis, dans le secteur du cuivre, où elles
retrouvèrent dès 2019 un niveau similaire à celui des années 1990 lorsque l’industrie
chinoise du recyclage commença à absorber le cuivre américain. L’UE fut une des premières
puissances à légiférer sur la gestion des déchets électriques et électroniques. Une politique
d’économie circulaire fut énoncée en 2015, réactualisée en 2020. Plus généralement, la
Commission européenne a soumis en décembre 2020 une proposition de règlement actant
son approche de la batterie en termes de chaîne de valeur.

Sur l’ensemble du processus de fabrication des batteries, la Commission entend soumettre à


partir de 2023 les acteurs du secteur à des exigences en matière d’empreinte carbone, de
durabilité et de pourcentage de composants issus du recyclage. L’initiative, qui prolonge
l’Alliance européenne de la batterie lancée en 2018, doit permettre au terme d’un processus
échelonné dans le temps de réduire l’impact environnemental des batteries destinées aux
véhicules électriques tout en valorisant l’écosystème européen qui pâtit à ce jour d’un retard
par rapport à la concurrence asiatique. La difficulté résidera ici dans la méthodologie retenue
pour évaluer l’impact environnemental des différentes composantes de la chaîne de valeur
des batteries et dans la capacité des pouvoirs publics à imposer la transparence nécessaire
de la part des différents acteurs de celle-ci. [19] 

Usines de recyclage des aimants permanents Nd-Fe-B et positionnement français :

A l’heure actuelle, le recyclage des aimants permanents Nd-Fe-B n’est effectué qu’en Chine
et au Japon. Toutefois, les deux modèles diffèrent :

1. Au Japon les filières se sont structurées dès les années 2010, en ciblant la
récupération en fin de vie des appareils commercialisés par les utilisateurs de terres
rares eux-mêmes (équipements électroniques, compresseurs des climatiseurs, etc.).
Les principaux acteurs sont Hitachi, Shin Etsu, Showa Denko, Mitsubishi Materials,
Toyota Tsusho. En 2020, Hitachi estimait que les filières de recyclage mises en place
par le groupe contribuaient à 10 % de leur approvisionnement en aimants
permanents. Selon la même source, cela correspond à 26 t, exprimées en contenu de
terres rares recyclées, depuis 2013 ;

38
2. En Chine, les activités de recyclage semblent essentiellement se concentrer sur les
chutes de production d’aimants permanents ou scraps, en particulier dans les
provinces du Shandong et du Jiangxi (d’après Shanghai Metals Market).

Dans le reste du monde, les initiatives se multiplient les plus visibles étant nord-américaines
et européennes : 

 GéoMega au Canada
 Urban Mining Company aux Etats Unis
 Hypromag au Royaume-Uni
 Carester, MagResources, Orano et Arelec en France

Illustration 14 : Positionnement des acteurs internationaux du recyclage des aimants


permanents Nd-Fe-B

Source : © BRGM 2021

39
Deux grandes possibilités existent pour recycler les aimants permanents :

 La boucle courte aussi schématisée par le terme « magnet to magnet » : les aimants
usagés sont broyés pour obtenir une poudre d’alliage magnétique, qui peut être
réutilisée pour fabriquer de nouveaux aimants permanents, avec de potentielles
pertes de performance ;
 La boucle longue : les aimants sont broyés, puis des traitements permettent d’obtenir
des oxydes purs de terres rares. L’avantage est de ne pas dépendre de la qualité et
de permettre de s’adapter aux évolutions technologiques, notamment en cas
d’évolution des proportions des différents composants des alliages magnétiques.
Toutefois, cette voie est dépendante des capacités industrielles à produire des
aimants permanents à partir des oxydes.

Le schéma présent dans l’illustration 14 présente les principaux projets en phase de pré-
industrialisation et leur positionnement entre les modèles de boucles courte et longue.
Comme l’illustre le cas français, ces deux modèles ne s’opposent pas, n’ayant pas les mêmes
sources ni les mêmes débouchés. Ils pourraient donc s’intégrer de manière complémentaire.
(1)

III- l’évolution de la production des métaux rares

1- l’évolution des marchés

Il n'y a encore pas si longtemps, les terres rares, ces métaux utilisés dans la fabrication de
produits de haute technologie - batteries, LED, puces, écrans, panneaux photovoltaïques,
éoliennes, etc. - provenaient presque exclusivement de Chine. Mais ces dernières années,
plusieurs pays ont relancé leur production minière et le monopole chinois tend
progressivement à s'amenuiser.
En 2021, la Chine représentait toujours 60 % de la production mondiale, selon
les données d’Institut d'études géologiques des États-Unis (U.S. Géologique Survey). Mais
alors que la demande ne cesse d'augmenter et que de nombreuses économies se soucient
de leur dépendance technologique à l'égard de la Chine, les nations disposant de gisements
de terres rares commencent à en intensifier l'extraction.
Le marché des terres rares est estimé à 7 milliards de dollars par année. Cependant, si nous
prenons en compte l’ensemble des secteurs où ses métaux sont impliqués dans la
fabrication de nouveaux produits technologiques, il est estimé qu’ils contribuent à un
marché d’environ 7'000 milliards de dollars par année, soit l’équivalent de 10% de
l’économie mondiale.
La Chine possède les plus grands gisements actuellement connus dans le monde, mais des
pays comme le Brésil, le Vietnam et la Russie disposent aussi d'un gros potentiel minier
encore largement inexploité. Les États-Unis et l'Australie ont, quant à eux, augmenté leur
production de terres rares à partir des années 2010 et, plus récemment, le Myanmar et la
Thaïlande ont commencé à en extraire des quand titrés considérables. Comme le révèle
notre graphique, les États-Unis extrayaient déjà des terres rares par le passé, notamment à

40
des fins militaires. Ils ont récemment relancé leur production lorsque ces métaux sont
devenus indispensables pour l'industrie technologique.
De son côté, l'Europe dépend toujours quasi-exclusivement de la Chine pour son
approvisionnement. Comme le rapporte l'Usine Nouvelle, l'UE travaille actuellement sur
plusieurs projets d'extraction et de recyclage des terres rares, dans l'objectif d'assurer 20 %
des besoins européens à l'horizon 2030

Illustration 15 : Réserves d'oxydes de terres rares, en milliers de tonnes, 2019

Source : lelementarium.fr/product/terres-rares

Illustration 16 : Production minière de terres rares par les principaux pays extracteurs

41
Concernant la production minière mondiale de terres rares, elle peut être estimée en 2021
de l’ordre de 280 000 t à 300 000 t OTR (diverses sources).

La Chine demeure le premier producteur mondial à hauteur de 60 %. La production chinoise


officielle, régulée par des « quotas de production » par région et par producteur a augmenté
de 20 %, s’élevant à 168 000 t d’OTR contre 140 000 t en 2020. Pour la plupart des analystes,
cette augmentation des quotas était quasiment inévitable étant donnée la situation actuelle
de l'offre en Chine et la croissance de la demande des fabricants d’aimants Nd-Fe-B.

Les Etats-Unis sont aujourd’hui le deuxième producteur mondial en termes d’opérations


minières, avec la reprise de la mine de Mounia Pas en Californie par l’opérateur MP
Materials. En 2021, 43 000 t d’OTR ont été extraites selon l’US Géologique Survey, destinées
à produire des concentrés de TR, exportés et revendus par le partenaire chinois Shanghai.
Des extensions de capacités sont prévues à partir de 2023, afin d’aboutir à la production
d’oxydes Nd-Pr et de précurseurs d’aimants permanents sur le sol américain.

Avec sa mine de Mount Weld, la société australienne Lysan est la principale entreprise
occidentale de production et de raffinage de TR. L’étape de séparation des TR légères est
maitrisée et effectuée au sein de l’usine malaisienne de Goeben. Pour l’année 2021, 15 600 t
d’OTR séparées ont été produites dont 5 400 t d’oxydes Nd-Pr à haute valeur ajoutée. Cette
production est estimée alimenter 65% de la fabrication des aimants permanents Nd-Fe-B au
Japon, du fait de relations étroites mises en place avec les industriels du secteur dès les
années 2010. Le reste de la production de Lysan se compose d’oxydes de cérium et de
lanthane (~8 000 t) de moindre valeur et destinés pour la plupart aux marchés de la catalyse,
et enfin d’un concentré de terres rares lourdes mélangées appelé SEG pour samarium-
europium-gadolinium (~2 000 t) vendu en Chine pour séparation.  La compagnie a plusieurs
projets d’extension : en Australie tout d’abord avec la construction d’une usine de
purification (extraction des éléments radioactifs) à Kalgoorie, qui sera opérationnelle en
2023.  Aux Etats-Unis, Lysan a reçu un financement du Pentagone pour la construction d’une
usine de séparation des terres rares légères au Texas : 5 000 t/an dont 1 250 t d’oxydes Nd-
Pr. A cela s’ajoute une promesse d’investissement de 30,4 millions US$ pour travailler sur la
faisabilité économique de la séparation de terres rares lourdes aux Etats-Unis.

Dans le reste du monde, des productions modestes peuvent être mentionnées, notamment
en Russie dans la péninsule de Kola où la société Solikamsk affiche une production de 2 700 t
d’OTR sous forme de concentrés de TR. De la même manière, des concentrés de TR sont
produits au Burundi à Makara (Rainbow Rare Arthus), au Brésil à Araxe (CBMM) en sous-
produit du niobium, en Inde dans les provinces de Kerala et Tamil Nadu (Indiana Rare Arthus
Ltd.) ou encore en Thaïlande (province de Phuket), au Viet Nam (Yen Phu) ou au Myanmar
(province de Kachin), ce dernier pays ayant émergé comme une source notable de TR
lourdes à partir de 2018, l’essentiel étant importé par la Chine.

En 2021, près d’une dizaine d’usines métallurgiques était en construction à travers le


monde.  Ces projets sont concentrés en Australie, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe.

L’Australie semble le prochain relais de croissance de la production occidentale de TR.


Plusieurs projets miniers ayant déjà résisté à la crise de 2010 sont désormais proches d’une
mise en production :
42
Complexes métallurgiques de traitement/séparation des terres rares légères :

 L’entreprise Arafuna Ressources, avec le projet de Nolan Bore situé à 135 km au nord
d’Alice Springs : la compagnie a reçu le soutien du gouvernement australien (30
millions A$) pour aider à la construction de l’usine de séparation dont la capacité de
production est estimée à 7 000 tonnes/an d’oxyde Nd-Pr. La décision finale
d’investissement est prévue au deuxième semestre 2022 ;
 L’entreprise Ilka Ressources, historiquement productrice d’ilménite, zircon et rutile
envisage deux opérations minières et une usine de séparation à Ensabla (Australie
Occidentale) et Limera (Victoria). La construction de l’usine débutera en 2022 pour
un début de production prévu en 2025. A terme, une capacité de 15 000 t/an de
concentrés est envisagée (à partir de monazite et de xénotime). Le gouvernement
australien soutient également le développement de l’usine de séparation, qui aurait
pour finalité de pouvoir traiter des concentrés d’autres sources ;
 L’entreprise Australien Strategic Mineras, avec le projet Dubbo en Nouvelle-Galles du
Sud. La particularité du projet (coût total estimé à 800 millions A$) est de ne pas
dépendre uniquement des TR. En effet, 43 % des revenus proviendraient du
zirconium devant les TR (30 %), assurant ainsi une moindre exposition aux risques de
mouvements de prix ;
 L’entreprise Noether Mineras, avec le projet de Browns Range, qui s’étend de la mine
à l’usine de séparation. La mise en production est attendue à l’horizon 2025. 

Aux Etats-Unis, une nouvelle stratégie a émergé suivant les accords passés à l’été 2019 entre
les gouvernements américains et australiens notamment, pour des collaborations renforcées
sur le sujet des TR. En novembre 2020, le département américain de la Défense a accordé
trois subventions liées aux TR d'une valeur de 13 millions US$ aux sociétés MP Matériaux,
TDA Magnétiques Inc. et Urbana Mining pour aider à la construction d’une ou plusieurs
usines de séparation des TR.

Aux Etats-Unis toujours, la compagnie Energy Fuels a déclaré fin 2020 avoir produit des
premiers concentrés de TR à partir de sables à monazite de Géorgie. Un accord a été conclu
avec la société canadienne Néo Performance, opérant l'usine de séparation Sillet en Estonie
pour la transformation ultérieure en matériaux avancés à base de TR. Energy Fuels envisage
de traiter au moins 15 000 t de monazite par an.

Les compagnies USA Rare Arthus LLC et Texas Minéral Ressources Corp. ont également
officialisé l’ouverture d’une usine pilote dans le Colorado pour valider leur technologie de
séparation des TR, pour un budget de 10 à 12 millions US$ et continuent le développement
du gisement Round Top au Texas.

Au Canada, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé en juillet 2021 un financement


de 31 millions $ pour une installation de traitement de TR à Saskatoon qui appartiendra et
sera exploitée par le Saskatchewan Resarci Council («SRC») et la société Sérac Mineras.
L'usine aura la capacité de traiter des concentrés de TR pour les séparer en utilisant un
procédé d'extraction par solvant.

43
En Russie, le gisement de TomTom s’approche progressivement d’une mise en production.
Un atout supplémentaire est la prise d’intérêts du groupe minier russe Poly métal en mars
2020, producteur d’or et d’argent dont la capitalisation boursière est estimée à 6 milliards
US$. Celle-ci s’élève à 9,1 % du projet. Les ressources du projet étaient évaluées en 2018 à
30,5 Mt de minerai avec des teneurs de 10,6 % OTR et 4 % Nb. Les opérations comprendront
une mine à ciel ouvert avec une usine de traitement (coût total estimé à 259 millions US$).
La position stratégique de cette usine, à proximité de la ville de Krasnokamensk, près de la
frontière de la Russie avec la Chine en fait un projet particulièrement important, d’autant
plus dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.

En Suède, le projet Nora Karr, en phase d’exploration, mis à l’arrêt entre 2017 et 2020 pour
des raisons environnementales a obtenu une extension du permis d’exploration jusqu’en
août 2025. Une étude de faisabilité a été menée au cours de l’été 2021 par le nouvel
exploitant (Leading Edge Materials) afin de revoir le modèle d’exploitation et convaincre de
la viabilité de l’exploitation minière.

Un autre projet est porté par l’entreprise LKAB en Suède, exploitant de la mine de fer de
Kiruna et dont l’objectif est de prouver la faisabilité de traiter les TR contenues dans les
résidus miniers (apatite) afin d’obtenir 10 à 15 000 t/an de concentrés de TR. De la même
manière, l’entreprise Yara, en Norvège, étudie la possibilité de récupérer des TR à partir de
l’exploitation d’engrais phosphatés.

En Grande Bretagne, l’entreprise Pensant Rare Arthus développant un projet minier à


Logroño en Angola s’est engagé à construire une usine de purification des TR sur le territoire
britannique. Cet objectif est similaire pour l’entreprise britannique Rainbow Rare Arthus,
produisant au Burundi des concentrés de TR et ayant annoncé relever ses objectifs à 6 000 t
de concentrés/an, avec une purification en Grande Bretagne.

Enfin, en Pologne, le groupe Azote Puławy, acteur majeur des produits chimiques, s’est
associé en juillet 2021 à Talais Limited développant un projet minier au Malawi avec
l’entreprise canadienne Mango Ressources pour la construction d’une installation de
traitement des TR (purification et séparation) sur le sol polonais.

Au Groenland, le gisement de Kvanefjeld pourrait devenir le 2ème producteur mondial. Il


s’agit d’un des plus gros gisements de TR au monde (10 Mt d’OTR contenus dans les
ressources), avec une production de 32 000 t/an de concentrés envisagée d’après l’étude de
faisabilité finalisée en 2019. Cependant, le nouveau gouvernement du Groenland a décrété
un ban sur l’exploitation de minerais contenant plus de 100 ppm d’uranium début novembre
2021, rendant impossible l’exploitation du gisement sans changement ultérieur.

44
2- l’évolution des volumes produits
Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés voisines comprenant
le scandium Sc), l'yttrium Y et les quinze lanthanides.
La croissance de la démographie et de l’économie sur des continents autrefois peu
développés entraîne des besoins nouveaux qui risquent de créer de nouveaux déséquilibres
d’ici 2050.
Cette augmentation de la demande est liée au développement des technologies utilisatrices,
mais aussi à la montée en puissance des pays émergents.
Pour M. Didier Julienne, stratège industriel et éditorialiste en ressources naturelles,
président de Néométal, « c’est dans cet environnement de grande dépendance que
l’industrie minière fait face au défi de nouveaux consommateurs équivalent à plusieurs fois
la Chine, à l’horizon 2050. En effet, la Chine n’a fait que la moitié du chemin, l’Inde qui arrive
est une autre Chine, puis arrive également toute l’Asie du Sud-Est et, enfin, l’Afrique. Sans
compter qu’il existe au moins une autre Chine cachée, voire deux, avec la transition
énergétique mondiale décarbonée, basée notamment sur l’éolien et le solaire. Dans ces
pays, la principale ressource électrique de transformation est le charbon. C’est aussi la
première ressource énergétique dans le monde. En moyenne, 40 % de l’électricité mondiale
est fabriquée avec du charbon. Ainsi, remplacer le charbon par des énergies dites
climatiques, dans le cadre de la transition énergétique mondialisée, est préoccupant. D’ici
2050, cette transition cumulera la demande des ressources classiques et stratégiques, c’est-
à-dire qu’il faudra utiliser beaucoup plus de béton, fois 10, de l’acier, fois 100 à 600, de
l’aluminium, fois 100, autant de cuivre que depuis l’an 2000, du verre et d’autres métaux de
base ou matières. En ce qui concerne les métaux stratégiques et les terres rares, l’effet
multiplicateur de la consommation est aujourd’hui impossible tant la courbe est
asymptotique »

45
Illustration 17: La demande mondiale en termes des terres rares 2017-2025

Source : BRGM, d'après Argus Media/minéral/info

Illustration 18 : principaux secteurs d’usage des TR en 2012 et en 2016

Les applications sont multiples, qu’elles concernent les aimants, la métallurgie, les batteries,
les catalyses, les poudres abrasives, ou la filière nucléaire. Si l’on raisonne à l’échéance de
2025, 2035, voire 2050, soit l’espace d’une génération, le risque qui s’était matérialisé en
2011, réapparaît et nous avons besoin de terres rares, comme nous avons besoin de
plusieurs matières premières stratégiques et critiques, dont la demande pourrait très bien,

46
dans les prochaines années, dépasser l’offre. Certes, rien n’est mécanique, et de nouvelles
ressources apparaîtront avec l’augmentation des prix
Des innovations sont en cours, notamment pour les éoliennes et les aimants permanents,
afin de limiter le recours aux terres rares. Mais globalement, le risque de pénurie doit être
pris au sérieux, même si dans la plupart des cas, d’autres solutions techniques pourront être
envisagées.
La demande va être particulièrement forte pour le néodyme, une terre rare intermédiaire,
liée à la fabrication des aimants permanents à néodyme-fer-bore (avec du dysprosium pour
des utilisations dans des zones chaudes au-delà de 150°C).
Les secteurs d’utilisation des métaux rares ont largement évolué depuis 2010, année de la
crise mondiale provoquée par la restriction des exportations chinoises et la baisse
momentanée de la consommation mondiale (Bru et al., 2015). Dès 2012, la croissance de
cette consommation a repris, et dépassé les 100 000 t REO (Figure 6), grâce notamment au
secteur des aimants permanents. La principale technologie utilisée est celle des aimants
NdFeB, utilisant en particulier Nd et Pr avec en moindre mesure Dy et Tb pour les
applications de haute performance. Les aimants NdFeB sont l’application la plus
consommatrice de REE à l’échelle mondiale, avec environ 30 % en tonnage des usages de
REE en 2018, et près de 53 % de la valeur totale du marché des REE. Cette demande croît de
10 % par an. Les secteurs d’usages de ces aimants sont multiples, comme le domaine des
moteurs électriques à très haut rendement où ils permettent la miniaturisation
(électronique, robotique) et l’allègement des équipements (générateurs d’éoliennes off-
shore, moteurs des véhicules électriques, etc.). Les autres secteurs d’usages des REE
deviennent proportionnellement minoritaires (Bru et al., 2015), soit du fait d’usages
restreints ou spécifiques (industrie de la défense, lasers médicaux, etc.) ou au contraire
d’usages à plus faible valeur ajoutée pour des applications où les performances ont une
moindre importance (poudres de polissage, catalyseurs automobiles, alliages
métallurgiques).
Les utilisations sont telles qu’il va falloir de grandes quantités de terres rares pour les
aimants permanents, de l’ordre d’une tonne de néodyme pour une seule éolienne. Face au
constat d’une demande mondiale pour les matières premières qui ne fait qu’augmenter
d’année en année, M. Patrice Christmann, du Bureau de recherches géologiques et minières
(BRGM), nous invite à remettre en cause notre paradigme.
il va falloir trouver plus de matières premières entre maintenant et 2050 que depuis l’origine
de l’humanité. Selon les projections de Rio Tinto, cela veut dire, par exemple, qu’il va falloir
trouver l’équivalent du plus gros gisement mondial de cuivre, qui est l’Escondida au Chili,
chaque année et le mettre en production, ou bien trouver tous les cinq ans l’équivalent du
Pilbara, c’est-à-dire la région productrice de fer de l’Ouest de l’Australie et la mettre en
production. Un Pilbara, c’est plusieurs dizaines de milliards de dollars d’investissement ». Ces
déséquilibres risquent d’être amplifiés, d’ici 2050, pour plusieurs matières premières qui
créeront des difficultés si elles sont stratégiques ou critiques, voire les deux. Il est toutefois
difficile de les prévoir avec précision. Ils peuvent en effet résulter de l’existence de cycles de
production et de prix finalement assez classiques. Ils peuvent aussi être dus aux évolutions
technologiques, source d’incertitude, et à l’évolution de la croissance des besoins dans les
pays en voie d’industrialisation
Illustration 19 : Tableau de production des métaux rares de

47
2006-2030
DEMANDE DES
PRODUCTIO
METAUX RARES TECHNOLOGIES EMERGENTES DEMANDE EN 2030
N EN 2006
2006(t)
Gallium 152 28 603
Indium 581 234 1 911
Germanium 100 28 220
Neodymium 16 800 4 000 27 900
Platinum (PGM) 255 285 345
Tantalum 1 384 551 1 410
Silver 19 051 5 342 15 823
Cobalt 62 279 12 820 26 860
Palladium (PGM) 267 23 77
Titanium 7.211.000 2 15 397 58 148
Copper 15 093 000 1 410 000 3 696 070
Source : https://hal.science/hal-03138953/document

3- évolution des prix des terres rares

Alors que la demande en véhicules électriques connaît une hausse constante ces dernières
années, avec un parc mondial qui a franchi le seuil des 10 millions de voitures en 2020, l'un
des métaux essentiels pour alimenter ce boom de la mobilité électrique à batterie a vu son
prix grimper en flèche ces derniers mois.
Comme le montre le suivi des prix présenté dans notre graphique, le carbonate de lithium,
essentiel à la production des batteries, connaît une flambée récente de son coût,
s'échangeant en moyenne à près de 80 000 euros la tonne en Chine au mois d'octobre
(conversion au taux de change moyen). C'est environ le double des prix mesurés à la fin de
l'année dernière (près de 40 000 euros la tonne en décembre 2021). D'après les estimations
de l'Institut d'études géologiques des États-Unis (U.S. Geological Survey), la consommation
mondiale de lithium a dépassé 90 000 tonnes en 2021, en hausse de 33 % par rapport à
2020.

Compte tenu des problèmes persistants de chaîne d'approvisionnement dans l'industrie


automobile, et des prévisions d'augmentation continue de la demande en batteries au cours
des prochaines années, les producteurs de véhicules électriques sont soumis à une pression
croissante pour maintenir leurs modèles de prix.

Illustration 20 :

48
Source : BRGM, IMCOA, SWM

Largement utilisées dans la production industrielle et technologique, les terres rares sont un
enjeu géopolitique. Leur prix s'est élevé en Chine, premier producteur mondial qui fait
évoluer son arsenal législatif relatif à l’exportation.
Les derniers mois ont connu une très forte augmentation dans le marché des matières
premières et métaux précieux avec notamment des larges fluctuations sur le marché du
pétrole ou encore sur le marché de l’or. Une autre catégorie de métaux, celle des “terres
rares” a elle aussi connu une envolée de son prix en Chine au cours des dernières semaines.

Ce groupe de 17 métaux, dont la Chine représente 61,97% de la production mondiale, a vu


son cours flamber sur les marchés mondiaux. Une note de recherche produite par BMO
Capital Markets confirme que cette envolée est surtout marquée sur les terres rares utilisées
dans la production d’aimants, incluant celles que l’on retrouve notamment dans les
micromoteurs, dans les éoliennes et même dans certains appareils électroménagers. Parmi
elles, le néodyme avec une augmentation de 27% mais aussi le terbium (+17%),
le dysprosium (+17%) ou encore le gadolinium (+9%).

Deux raisons essentielles dans à cette tendance haussière généralisée. La première est


l’accroissement des tensions géopolitiques entre la Chine et le bloc occidental. En effet, la
situation de monopole de l’Empire du Milieu incite un certain nombre de pays à renforcer
leurs productions nationales pour assurer leur sécurité d'approvisionnement. À titre

49
d’exemple, le Canada a entamé un projet de 31 milliards de dollars pour la construction
d'installations de traitement de ces métaux. De leur côté, les Etats-Unis ont dès 2019
lancé six plans d’action pour sortir de cette dépendance. On y découvre la volonté de réaliser
un travail de recensement des ressources exploitables sur le territoire et de se rapprocher
commercialement du Canada et de l’Australie. L’accent est mis également sur des méthodes
d’exploitation plus écologiques avec l’utilisation des biotechnologies.

La deuxième raison est l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi en Chine afin de mieux
contrôler les exportations stratégiques, dont les terres rares. Selon BMO, « les acteurs du
marché sont de plus en plus d’avis que l’introduction de la nouvelle loi entraînera une
restriction des exportations de terres rares de Chine vers des partenaires clés, y compris les
États-Unis, sous prétexte qu’elle protège sa sécurité nationale. »

Ainsi, loin d’être simplement conjoncturelle, la tendance haussière du prix des terres rares
chinoises risque également de se poursuivre dans les mois à venir. Sous l’impulsion de
l’entreprise australo-angolaise Pensana, une nouvelle usine de transformation des terres
rares va bientôt voir le jour au Royaume-Uni pour tenter de briser le monopole chinois. Le
dilemme offert à Pékin est donc relativement simple : poursuivre son bras de fer
économique pour maintenir sa position de leader ou assouplir sa politique protectionniste
pour prendre de court une diversification des approvisionnements en continuant à inonder
le marché.

Illustration 21 : Prix d’une tonne de carbonate de lithium négocié en Chine de janvier 2018
A octobre 2022

Source : Investing.com U.S Geological Survey

50
Le marché intérieur chinois dicte les prix internationaux des terres rares. Le premier signe de
cette position dominante est le fait que les mouvements de prix des terres rares sont
principalement régis par les événements du marché intérieur chinois. N’ayant pas de
cotation sur les marchés boursiers, les prix des terres rares sont établis par négociation
directe de contrats entre producteurs et transformateurs ou utilisateurs. Ces prix sont à
considérer de manière individuelle par élément de terres rares, une grande disparité
existante entre les terres rares légères, plutôt abondantes, et les terres rares lourdes
réservées à des applications de niche du fait de leur rareté sur le marché. Ainsi, les prix du
lanthane (La) et du cérium (Ce) s’établissent aux alentours 5 US $/kg, tandis que les plus
chères, dont le terbium, peuvent dépasser 1 000 US $/kg. 

En 2020, les mouvements de prix ont été relativement limités malgré le développement de
la pandémie mondiale de COVID-19, avec deux raisons principales. D’une part, d’importants
stocks avaient été accumulés en Chine avant la crise sanitaire ; cette dernière a ainsi permis
leur écoulement progressif. D’autre part, malgré les interruptions temporaires de 70 à 80 %
des capacités de transformation de terres rares en janvier et février 2020 liées au
confinement (en particulier dans les régions du Sud, des provinces du Jiangxi et du
Guangdong, plus proches de la ville de Wuhan), la plupart des capacités de traitement des
terres rares lourdes ne fonctionnaient déjà pas à pleine capacité, ou concernaient des sites
illégaux ou obsolètes. Ce sont donc les surcapacités du pays qui ont limité l’impact de la crise
sanitaire sur la filière, les approvisionnements et les prix mondiaux.

A l’inverse, au cours de l’année 2021, les prix des terres rares ont connu un fort mouvement
haussier. Exprimés sous forme métal 99 % FOB Chine, les prix du lanthane (La) et du cérium
(Ce) ont augmenté de 10 % en 2021, s’établissant à 6,4 US $/kg en moyenne, tandis que les
prix des terres rares utilisés dans les aimants permanents ont explosé. Le prix du terbium
(Tb), la plus chère des terres rares, s’est établi à 1 709,5 US$/kg contre 660,8 US$/kg en
2020, soit une hausse de 158 %, tout comme le dysprosium (Dy) (+ 55,7 %) à 527,1 US$/kg,
tandis que le praséodyme (Pr) et le néodyme (Nd) sont passés respectivement de 93,6
US$/kg à 122,9 US$/kg (+ 31,3 %) et de 61,3 US$/kg en 2020 à 120,9 US$/kg en 2021 (+ 97,2
%).

Ce phénomène s’explique tout d’abord par des niveaux de stocks faibles des producteurs
d’aimants chinois face à la reprise de la demande mondiale post-COVID début 2021. D’autre
part, elle a semblé être une réponse du marché à l’introduction par la Chine de plusieurs
mesures réglementaires, en particulier la nouvelle norme chinoise d'efficacité énergétique
pour les moteurs électriques (plan 2021-2023), dont la mise en œuvre entraînerait une
demande supplémentaire d’aimants Nd-Fe-B pour ce seul secteur atteignant 20 000 t/an sur
le marché intérieur chinois.

Si les prix des terres rares sont cotés en dollars américains, l’un des objectifs de Pékin serait
à terme d’imposer le Yuan comme monnaie de référence. A cette fin, une bourse d’échange
51
sur les terres rares a été mise en place à Baotou, en Mongolie Intérieure, en 2018. Bien que
cette place d’échange soit aujourd’hui uniquement tournée vers le marché intérieur chinois,
les volumes qui y sont négociés augmentent progressivement, étant passés de 670 t en 2018
à 3 387 t en 2019 (selon Argus Media) comprenant des oxydes, des métaux et des alliages de
TR. La Mongolie Intérieure vise à promouvoir la mise à niveau de cette dernière, afin de
renforcer l'influence de la région sur le marché mondial des terres rares.

Illustration 22 : Prix indicatifs de l'yttrium, des terres rares légères et du gadolinium

Source : brgm d’après Agrus média.méniral/info

Conclusion : Enjeux politico-économiques


Les terres rares, sont un enjeu stratégique dans la guerre commerciale sino-américaine. La
Chine en est le premier producteur mondial. Mais un embargo sur ses exportations vers les
Etats-Unis apparaît comme une arme économique de portée limitée.
« Le Moyen-Orient a le pétrole. Nous nous avons les terres rares », avait dit Deng Xiaoping
en 1987 après avoir visité Baotou, en Mongolie-Intérieure, où se situe l'un des plus grands
sites de production de terres rares. Plus de trente ans après la déclaration du Petit Timonier,
son successeur Xi Jinping s'est rendu à la fin mai à Ganzhou, dans la province du Jiangxi , où
sont situés une importante mine et un centre de transformation de ces minerais dont la
Chine est devenue le principal producteur et exportateur mondial.
En pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, cette visite effectuée en compagnie du
principal négociateur chinois sur le commerce international, Liu He, a été interprétée comme
un avertissement selon lequel la Chine pourrait recourir à un embargo sur les exportations
de ces minerais essentiels dans nombre d'industries, de l'automobile à la défense en passant
par les smartphones, les téléviseurs, et presque toute la technologie de pointe.
Une menace pour les Etats-Unis, qui importent 80 % de leur besoin de Chine, laquelle
détient plus de 40 % des réserves connues. La presse officielle chinoise n'a d'ailleurs pas

52
hésité à agiter le chiffon rouge. Dans la guerre commerciale, les terres rares sont « le joker
dans la main de Pékin », affirmait ainsi le « Global Times ». Il faudrait des années, ajoutait un
éditorialiste du journal proche du Parti communiste chinois, pour reconstruire aux Etats-Unis
une filière d'exploitation des terres rares.
En attendant, il est impératif que des améliorations du système d’échanges internationaux
des ressources minérales soient mises en œuvre, notamment en ce qui concerne les métaux
mineurs. Le système libéral d’échanges internationaux a rendu possible la concentration de
la production de terres rares en Chine, mais le fait que ce pays soit partie prenante de ce
système a aussi permis aux échanges de perdurer, en dépit d’évidentes obstructions. En
effet, la procédure de règlement des différends dans le cadre de l’OMC, si elle a mis du
temps à réagir face aux distorsions de concurrence créées par la Chine, a néanmoins permis
un règlement pacifique du conflit. Le développement économique constitue un objectif
essentiel des politiques chinoises dans le secteur des terres rares, ainsi que dans d’autres
secteurs des matières premières. Il ne fait plus aucun doute que le développement
économique de la Chine est également dépendant d’un système d’échanges internationaux
en état de marche. À ce titre, Pékin considère comme sa priorité absolue le fait de continuer
à jouer un rôle sur la scène des échanges internationaux, et cette volonté l’emporte sur les
bénéfices qu’elle peut retirer de ses restrictions à l’exportation dans le secteur des terres
rares et dans d’autres.

BIBLIOGRAPHIE

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numérique. Paris : Les Liens Qui Libèrent, Janvier 2019
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(10) Le quasi-monopole de la Chine sur le marché des terres rares et ses conséquences sur
les relations commerciales et financières avec les États-Unis. Fabio FERREIRA DA COSTA
(11) La chine et les terres rares ( son rôle critique dans la nouvelle économie) john seaman
NOTE DE L’iFRI janvier 2019
(12) Terres rares : enjeu géopolitique du XXIe siècle Chine , Etats-unis -Europe-Japon-
Groenland : Georges Nurdin Harmattan 2021
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stratégique ? Revue Diplomatique, Hors-série n°1, L’Arctique, enjeux et perspectives d’un
nouveau pôle géopolitique, 1-21.
(14) Le quasi-monopole de la Chine sur le marché des terres rares et ses conséquences sur
les relations commerciales et financières avec les États-Unis. Travail de Bachelor réalisé en
vue de l’obtention du Bachelor HES par : Fabio FERREIRA DA COSTA. Genève, 16 juillet 2020
Haute École de Gestion de Genève (HEG-GE) Filière Économie d’entreprise en emploi
(15) : Terres rares, énergies renouvelables et stockage d'énergies, ADEME, novembre 2019,
https://www.ademe.fr/terres-rares-energies-renouvelables-stockage-denergies
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https://eduscol.education.fr/sti/si-ens-paris-saclay/ressources_pedagogiques/les-
solutionsactuelles-de-motorisations-pour-véhicules-électriques
[17] : État de l’art et perspectives des batteries de voitures électriques, V. Sauvant-Moynot,
F. Orsini, A.Juton,
https://eduscol.education.fr/sti/si-ens-paris-saclay/ressources_pedagogiques/etat-de-lart-
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[18] : Les chargeurs de batteries pour véhicules électriques, C. Saber, N. Rouhana,
https://eduscol.education.fr/sti/si-ens-paris-saclay/ressources_pedagogiques/chargeurs-de-
batteries-de-voitures-électriques
[19] : Le rôle des métaux critiques pour la transition énergétique : défis et stratégies, Gilles
Lepesant, Directeur de recherche au CNRS et Centre Marc Bloch, 9 septembre 2021

[20] : Lire Olivier Zajec, «Comment la Chine a gagné la bataille des métaux stratégiques», Le
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[21] : https://fr.statista.com/infographie

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