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A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait :
« Epidaure », « Esculape », éléments renvoyant à la Ces éléments installent un cadre antique, celui de la consultation
« temple », « le dieu », Grèce Antique des oracles religieux dans la Grèce antique ; le sanctuaire
« l’oracle », « Fils d’Epidaure était situé en Argolide et était l’un des plus fréquentés
d’Apollon » alors.
« consulte », « ordonne », champ lexical de la médecine Si l’on excepte les quelques termes renvoyant à l’Antiquité, tout
« insomnie », « prescrit », le reste de l’échange renvoie à une consultation médicale
« remède », « guérir », « diète »,
parfaitement semblable à celles qui se pratiquent à l’époque de
« conseils », « science »
l’auteur, dans la France du XVIIe siècle comme le montre le
« lasse et recrue de fatigue », champ lexical de la médecine. Les maux dont se plaint Irène sont
« insomnies », « sans appétit », lexique de la maladie eux aussi fort universels, et ne se rapportent pas spécialement à
« pesante », « indigestions » l’antiquité.
→Ce mélange permet à La Bruyère de créer un effet de pittoresque et d’exotisme en installant sa saynète dans un décor situé
dans une époque et un espace différent, mais c’est pour mieux souligner la dimension universelle de la réflexion qu’il propose
sur la peur de vieillir des hommes.
« Irène » utilisation ironique de Irène est un prénom qui, en grec, signifie « paix » ; il est ici
l’étymologie d’un nom utilisé de manière parfaitement ironique par La Bruyère d’abord
propre parce qu’Irène, hypocondriaque, inquiète de sa santé, soumettant
le dieux médecin à des questions toujours réitérées, semble bien
loin d’être en paix elle-même. La parataxe déployée dans la
première partie du texte, l’accumulation des propositions, et la
longueur excessive de la deuxième phrase renforce cette
impression.
De « D’abord elle se dialogue indirect entre les La Bruyère écrit cette consultation médicale à la manière d’un
plaint… » à « ... qu’elle fasse deux personnages dialogue de comédie, même s’il conserve de discours indirect. A
diète. » chaque question de la patiente, qui est aussi une jérémiade
(fatigue, manque d’appétit, insomnies, poids, indigestions), le
« se plaint », « prononce », utilisation du présent dieu répond nettement, sans passer par des détours de la parole et
« dit », « ordonne » , pour chaque maux, apporte une solution pleine de bon sens. Le
« ajoute », « prescrit », verbes de communication moraliste joue du burlesque parce qu’il s’agit ici d’une
consultation d’un dieu du panthéon grec à travers le rituel
« demande », « répond »,
mystique de l’oracle, dans un temple sacré, moment
« déclare », « dit », « ajoute » nécessairement emprunt de solennité et de noblesse or le sujet est
trivial (bas corporel), Irène est une patiente geignarde et pénible,
quant au dieu, il apparaît plutôt comme une incarnation du sens
commun, à l’intelligence plus pratique et terre à terre qu’abstraite
et métaphysique, ce qui crée ce décalage fort drôle.
« Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; discours direct Progressivement, La Bruyère fait basculer son texte du discours
prenez des lunettes, dit indirect (« elle lui déclare que ») au discours direct (« ma vue
Esculape » s’affaiblit »), et le récit prend des allures de dialogue de théâtre.
« quel moyen de guérir de cette question directe Le dieu répond à chaque demande de la patiente, exprimées sous
langueur ? » la forme de questions directes (« quel moyen de guérir de cette
langueur ? »), de manière brève, directe et efficace, ce qui donne
« dit Irène », « dit Esculape »,
« continue-t-elle », « dit le incises à l’échange des allures de stichomythies ; le moraliste donne au
dieu », « s’écrie Irène » lecteur des précisions quant à l’état émotionnelle de ses
protagonistes,dans des incises qui s’apparentent à des didascalies.
« Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; stichomythie théâtrale Avec beaucoup d’humour, et en jouant du décalage entre les
prenez des lunettes, dit + époques, L B renforce le contraste entre les deux caractères en
Esculape » anachronisme (les lunettes présence : le bon sens pratique du dieu face à jérémiades
n’existaient pas dans incessantes d’une patiente pénible. Par ce jeu, La Bruyère
l’Antiquité) souligne que les plaintes incessantes de cette patiente portent sur
des maux d’une très faible gravité, il s’agit plutôt d’incommodités
que de véritables maladies, d’où cette formule synthétique, aussi
brève que sèche, d’ailleurs pas tout à fait correct du point de vue
de la syntaxe « prenez des lunettes ». C’est le propre de
hypocondriaque que de confondre des peccadilles avec de très
sérieuses maladies : le lecteur prend plaisir à voir Esculape
remettre ainsi à sa place sa patiente trop pleurnicharde.
« c’est que vous vieillissez », Phrases courtes La litanie des maux d’Irène (fatigue, troubles du sommeil,
« le plus court, c’est de surpoids, problème gastriques, indigestions, perte de l’acuité
mourir » introduction du motif de la visuelle, faiblesse générale) glisse peu à peu de maux bénins aux
vieillesse et de la mort symptômes propres au vieillissement. Tout à coup, les réponses
du dieu se font plus brutales. L’introduction du motif de la mort
comme solution, dans le cadre de cette consultation médicale où
le dieu n’apportait jusque là que des remèdes attendus, crée une
rupture aussi saisissante qu’abrupte et inattendue. Le burlesque et
la fantaisie qui donnait beaucoup de légèreté à ce texte laissent la
place à des considérations plus sombres sur la finitude la de la vie
humaine et son caractère nécessairement éphémère.
« quel conseil me donnez-vous Série de questions Les 3 questions formulées par Irène à la forme directe n’ont en
? », « Est-ce là toute cette rhétoriques réalité pas de valeur interrogative ; contrairement aux
science que les hommes précédentes, celles-ci n’ambitionnent pas d’obtenir des réponses
publient, et qui vous fait ou des solutions, ce sont des questions rhétoriques, car elles
révérer de toute la terre ? », n’appellent pas de réponse de la part du dieu, elles ne sont là que
« que m’apprenez-vous de rare pour exprimer la stupeur d’Irène qui n’en croit pas ses oreilles.
(...) et ne savais-je pas t(...) ? » Par trois fois, Esculape est mis en accusation : ses réponses sont
décevantes, et loin d’être à la hauteur de sa réputation.
« Que n’en usiez-vous donc, Question rhétorique De manière très astucieuse, le dieu répond par une question à son
répond le dieu, sans venir me tour, s’appuyant sur la dernière affirmation, pleine de prétention
chercher de si loin, et abréger d’Irène. Celle-ci vient en effet d’affirmer qu’elle connaissait déjà
vos jours par un long d’avance toutes les solutions proposées par le dieu. Pour répondre
voyage ? » à l’arrogance de la patiente, le dieu la piège, en soulevant le
paradoxe de sa conduite. Ce contre-argument est redoutable
d’efficacité puisqu’il met la patiente face à l’incohérence de ses
actes, la rendant du même coup, responsable de ses propres
maux ! De manière très significative, le moraliste choisit de clore
l’échange sur cette dernière sortie, comme pour couper court et
souligner le camouflet infligé à Irène, qui en reste sans voix.
Irène n’est pas seulement le type caricatural de l’hypocondriaque ici. Certes ses plaintes et ses jérémiades sont sans fin et les
maux dont elles se plaint sont en réalité bien bénins et bien simple à soigner, mais le personnage incarne d’autres défauts :
l’absence de bon sens, et la croyance aveugle, presque superstitieuse en une science miraculeuse capable de tout soigner,
l’amour-propre et le sentiment de supériorité, l’incapacité à garder son calme… Il semble possible d’affirmer que la leçon de La
Bruyère serait du côté du bon sens, de la modération et de la raison.
Conclusion :
Etude linéaire n°2 : le portrait de Cliton, fragment 122 du chapitre XI, Les Caractères
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait :
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre : Mme de Sévigné est restée célèbre pour le nombre et surtout la richesse des lettres qu’elle
a, tout au long de sa vie, envoyées à sa fille et à ses amis. Elle y narre, pour leur divertissement, des épisodes de sa propre vie,
mais aussi des choses vues, ou encore se fait l’écho des anecdotes qu’on a pu lui rapporter. A travers cette dense
correspondance, c’est donc un véritable panorama de la vie de la bonne société au XVII ème qui se dessine.
→ présentation de l’extrait : Elle documente par exemple, à la manière d’un mémorialiste, la vie de Cour de son temps,
des histoires les plus sombres, comme celle du suicide du cuisinier Vatel, honteux d’avoir servi au Roi, selon lui, un banquet
indigne de celui-ci aux anecdotes les plus riantes, comme celle de notre texte. Mme de Sévigné y fait le récit du piège tendu par
Louis XIV à l’un de ses courtisans, le prenant en flagrant délit d’hypocrisie.
C. Projet de lecture : la mise en scène plaisante et théâtrale d’une anecdote au service de la satire de l’hypocrisie
courtisane.
« De Madame de Sévigné à M. noms de l’expéditeur et On observe d’emblée une série d’indices formels qui indiquent qu’i
de Pomponne » du destinataire / s’agit d’une lettre. En outre, le genre épistolaire se signale aussi
typographie clairement par la situation d’énonciation : une épistolière qui emploie
la première personne du singulier et d’adresse à la deuxième personne
« Lundi 1er décembre 1664 » mentions de la date et du du pluriel (« vous » de politesse, et non destinataire multiple).
lieu de la rédaction L’utilisation du présent qui renvoie à l’ici et maintenant de la rédaction
de la lettre : « Il faut que je vous conte ».
« vous » « vous » de politesse
« conter » Connotation plaisante Mme de Sévigné s’adresse à son destinataire avec un ton de légèreté et
de badinage, comme le souligne la connotation plaisante du verbe
« historiette » suffixe hypocoristique « conter » et l’utilisation du suffixe hypocoristique -ette dans
« -ette » « historiette » qui redouble sémantiquement l’effet de l’adjectif
« petite ». Elle se propose de divertir M.de Pomponne, conformément à
« petite historiette » pléonasme l’idéal classique « plaire et instruire » : il s’agira bien de délivrer un
enseignement moral, mais par le prisme plaisant du récit d’une anecdote
de cour, d’une chose vue savoureuse et plaisante à rapporter.
« depuis peu », « l’autre jour », indications temporelles On peut faire référence au genre des mémoires car ce récit repose sur
« un matin » (CC temps) une anecdote historique, vraiment survenue à la cour (comme l’attestent
les indications temporelles, les références à Louis XIV et à des
« MM. de Saint-Aignan et noms propres de courtisans nommément désignés, et le sujet : les divertissements
Dangeau », « maréchal de personnages existants mondains couramment pratiqués à Versailles : « des vers », « petit
Gramont » madrigal »), mais qui ne comporte, de la part de la rédactrice, aucun
élément autobiographique.
(à relever au fur et à mesure dialogue direct : Au lieu de rapporter, de manière indirecte et en l’intégrant à son
dans le passage qui va de -guillemets récit, l’entretien qui a eu lieu entre le roi et son courtisan, l’épistolière le
« Monsieur le maréchal, je -utilisation du présent donne à lire à son destinateur tel quel, ou prétendu tel, à travers un bref
vous prie (...) » à « (...)les plus -interpellation directe dialogue direct. Ce choix du dialogue direct rend le récit beaucoup plus
naturels. ») -injonction (« lisez ») plaisant, et donne à cette histoire le caractère très vivant et très
-exclamations savoureux d’une « chose vue ».
-interrogative directe
Mme de Sévigné emprunte au théâtre :
- le comique de situation : le roi, en ne révélant pas le nom de l’auteur du madrigal, a joué un mauvais tour à son courtisan, qui
s’est laisser duper, à la grande joie de tous ses complices, dont le lecteur.
- le comique de caractère : il s’agit ici de montrer le ridicule d’un type fréquemment rencontré à la cour : le flatteur hypocrite dont
le maréchal est la parfaite incarnation
- le comique de mots : les mots employés par le maréchal railleur, hyperboliques, font rire lorsque l’on sait, comme c’est la cas du
lecteur, qui ils visent en réalité, à l’insu de celui qui les profère : « il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que
j’aie jamais lu » ; on peut rire aussi de la réaction du piégé, lorsqu’il réalise l’étendue de sa maladresse et qu’il essaye, en vain, de
se rattraper : « Sire, quelle trahison ! Que votre majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement »
« Monsieur le maréchal, je quiproquo et double L’épistolière joue encore ici du dispositif théâtral puisqu’elle reprend le
vous prie, lisez ce petit énonciation fonctionnement du quiproquo et de la double énonciation : le lecteur,
madrigal, et voyez si vous en qu’il s’agisse de M.Pompone ou de nous-même, est mis au courant
avez jamais vu un si utilisation du pronom d’emblée de la vérité : « Il fit l’autre jour un petit madrigal », seul le
impertinent. Parce qu’on sait indéfini« on » personnage cible de la mauvaise farce ignore ce qui se joue en réalité.
que depuis peu j’aime les vers, Le piège est parfaitement retors : outre le fait que le roi ne révèle pas à
on m’en apporte de toutes son courtisan l’auteur véritable de ce texte, qu’il désigne du pronom
façons. » indéfini « on », ce qui s’apparente bel et bien à un mensonge de la part
du souverain, le roi laisse entendre que le poème est de fort mauvaise
« un si impertinent » hyperbole qualité à un courtisan forcément désireux de lui plaire, et qui, de fait,
partage l’avis du roi (« que lui-même ne trouva pas trop joli ») : le
« N’est-il pas vrai que celui qui question rhétorique maréchal n’a en réalité pas menti. Le roi ne laisse que très peu de marge
l’a fait est bien fat ? » de manœuvre à celui qui dépend entièrement de lui !
« Le Roi a fort ri de cette situation finale du La situation finale montre le roi riant, en complicité avec les témoins de
folie » schéma narratif cet échange, et l’humiliation du maréchal de Gramont. La narratrice ne
précise pas si le roi, en toute honnêteté, ajouta que le madrigal en effet
« voilà la plus cruelle petite était bien mauvais et que lui même n’en était pas fier ; sans doute n’en
chose que l’on puisse faire à un hyperbole a-t-il rien fait. Aucune information n’est donnée non plus sur la suite :
vieux courtisan » quel comportement le maréchal a-t-il adopté ensuite ? A-t-il fait les frais
de ces moqueries longtemps à la cour ? Est-il tombé en disgrâce ?
Derrière la plaisante anecdote, c’est toute la cruauté d’un système (en
témoigne l’hyperbole « la plus cruelle petite chose » associée à la
précision concernant la vieillesse du maréchal, cible facile), savamment
orchestré par le roi Louis XIV qui transparait : il est bel et bien
souverain absolu, indépendamment de toute notion de morale.
« Pour moi, qui aime toujours à utilisation de P1 : Le portrait fait par l’épistolière du roi n’est flatteur qu’un apparence.
faire des réflexions, je voudrais Certes, il apparaît comme un homme plein d’esprit, capable de jouer un
que le Roi en fît là-dessus » mauvais tour à l’un de ses courtisans, fortifiant au passage sa
supériorité à son égard. Mais c’est aussi un homme qui manque
« combien il est loin de hyperbole singulièrement de bienveillance : les courtisans témoins de cette scène
connaître jamais la vérité » ont ressenti, semble-t-il, plus de frayeur que d’admiration (« tout le
monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l’on puisse faire
à un vieux courtisan »). En outre, comme le souligne Mme de Sévigné,
ce bel esprit n’est pas si profond, car il ne semble pas avoir été capable
de tirer une leçon plus générale de cette petite anecdote particulière sur
l’hypocrisie généralisée de son entourage (manière subtile d’affirmer
que le roi n’a guère réfléchi), et les incessants mensonges qu’on lui
sert , probablement dans tous les domaines, et pas seulement pour des
choses de peu d’importance comme ces quelques vers….
La leçon de l’épistolière pourrait s’adresser d’abord au roi à qui elle conseille de ne pas se montrer trop naïf face aux louanges de
ses courtisans, le plus souvent très exagérés voire mensongers.
Mais par delà le cas particulier du système de la courtisanerie installé à Versailles, Mme de Sévigné invite son lecteur,
implicitement, à s’interroger sur la nature humaine et sur la noirceur des rapport de domination qu’on y décèle entre les puissants et
les ceux qui en dépendent, et comme ceux-ci sont empreints pour les uns, de cruauté, pour les autres, d’hypocrisie. L’image de
l’homme renvoyée par cette anecdote est en réalité franchement pessimiste.
Conclusion :
Etude linéaire n°4 : Manon Lescaut, « la 1ère rencontre avec Manon » (1ère partie du roman)
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait :
C. Projet de lecture : comment le romancier choisit-il de traiter cette scène de première rencontre amoureuse ?
« J’avais marqué le temps de références spatio- Par ces termes renvoyant à une date et à un lieu précis, le narrateur (Des
mon départ d’Amiens. » temporelles Grieux) se lance dans un récit circonstancié, dont il sera le personnage
principal. Le récit s’installe dans un cadre réaliste, avec un ancrage
puis «La veille», «cette ville», temporel et géographique précis, aussi bien que banal, ordinaire.
«Arras» . Il est important de noter qu’il y a ici 2 Des Grieux : le narrateur, qui
arrive au terme d’une histoire d’amour douloureuse, et le personnage de
son récit, innocent et naïf.
« Hélas ! » Interjection plaintive ; Le narrateur intervient en commentant ses actions passées.
exclamation L’interjection témoigne de son jugement rétrospectif marqué par le
regret. Le lecteur comprend que ce moment est décisif et sera à
l’origine du malheur du personnage : se met donc en place la tonalité
tragique de ce récit.
« que ne le marquais-je un jour phrase exclamative et Ensuite est explicitée la raison du remords : le choix du jour du départ
plus tôt ! » négative d’Amiens. Avant le récit même de l’événement, le narrateur procède
ainsi à une dramatisation qui vise à susciter l’intérêt de ses auditeurs et
à souligner l’importance de cet épisode : on comprend que ce qui s’est
passé ce jour là a eu des conséquences terribles pour lui.
« j’aurais porté chez mon père utilisation du L’emploi du conditionnel passé souligne le caractère irréversible de
toute mon innocence » conditionnel passé (= cette décision, qu’il juge, rétrospectivement, comme funeste et le point
irréel du passé) de départ de tous ses malheurs : la perte de son innocence. Un tel
jugement rétrospectif du narrateur met en évidence les changements
profonds qui ont affecté le personnage depuis cette date : il n’est plus,
aujourd’hui, ce jeune garçon innocent et pur, vertueux.
« La veille même de celui que je emploi du passé simple Le passage des formes verbales à valeur durative au passé simple, qui
devais quitter cette ville, étant à et du participe présent marque au contraire l’idée de soudaineté, indique qu’un événement
me promener avec mon ami, qui (étant) = valeur durative soudain se produit : on passe de la situation initiale du récit (la
s’appelait Tiberge » promenade de deux amis) à l’événement perturbateur (l’arrivée de la
série de verbes au passé voiture publique en provenance d’Arras). C’est donc la curiosité des
«nous vîmes», «nous le simple deux jeunes gens qui constitue le point de départ de cette histoire.
suivîmes»
« Il en sortit», « se retirèrent» Verbes au passé simple, Le récit de Des Grieux traduit l’agitation qui règne devant l’hôtellerie
« aussitôt » quasi antithèse où s’est arrêtée la voiture. Les verbes au passé simple signalent
adverbe temporel l’apparition des femmes et leur disparition presque immédiate ce qui est
« pendant qu’un homme d’un renforcé par l’adverbe « aussitôt ».
âge avancé(...) s’empressait proposition conjonctive La proposition circonstancielle signale aussi que plusieurs actions se
pour faire tirer son équipage des circonstancielle de temps déroulent en même temps. Le tout donne une impression d’agitation,
paniers » presque de tumulte, et par contraste, le fait qu’une jeune femme soit
isolée (« seule dans la cour ») et immobile (« resta »,« s’arrêta ») la
« s’empressait » » / « s’arrêta » antithèse rend singulière, elle détonne au milieu de toute cette effervescence.
« fort jeune », « moins âgée rares éléments descriptifs Le portrait de Manon, au moment de cette scène de première vue, est
que moi » très lacunaire : d’elle, le lecteur ne sait rien, à part qu’elle est jeune.
Est-elle grande ou petite ? Brune ou blonde ? On ne sait rien ni de sa
« quelques femmes » / « une » antithèses silhouette, ni des traits de son visage. On comprend seulement qu’aux
« se retirèrent » / « s’arrêta » yeux de DG, elle se distingue immédiatement des autres femmes.
adverbe intensifs L’impression qu’elle suscite semble effacer les détails factuels si bien
« si charmante », « fort jeune » que le narrateur préfère des adjectifs peu précis qu’il renforce par des
périphrase laudative adverbes d’intensité. La périphrase qui désigne Manon, achève de la
« maîtresse de mon cœur » placer sur un piédestal.
« moi, qui n’avais jamais Parallélisme de Des Grieux prend soin de mettre en évidence avec insistance son
pensé (...) moi, dis-je, dont construction innocence et son caractère raisonnable, pour mieux souligner, par
tout le monde admirait (...) » contraste, la violence du coup de foudre qu’il subit : on peut parler de
ravissement. Des Grieux n’est pas un habitué des conquêtes féminines,
« tout le monde » + formulations il ne connaît rien à l’amour : il est ici comme assommé par le sentiment
«excessivement timide» » hyperboliques qui le saisit tout à coup : violence du coup de foudre.
« enflammé tout d’un coup métaphore de l’amour Le lexique est emprunté à la tragédie et suggèrent la violence de la
jusqu’au transport » comme un feu qui brûle passion ; DG n’est pas sujet de ces verbes, mais bien objet de cette
« la maîtresse de mon cœur » + vocabulaire tragique passion. NB : Le mot « passion » a un sens très fort au XVIIIe siècle : il
« un coup mortel pour mes s’agit d’un sentiment dévorant, contre lequel on ne peut pas lutter
désirs » (passion vient de « passif »).
« Quoiqu’elle fût encore proposition subordonnée La réaction de Manon peut paraître ici étonnante : cette toute jeune fille
moins âgée que moi, elle reçut circonstancielle de ne semble pas intimidée par cet homme, plusieurs hypothèses :
mes politesses sans paraître concession - est-elle très naïve et très innocente, peut-être idiote ?
embarrassée » - n’a-t-elle pas reçu d’éducation ? n’est-elle donc pas de bonne famille ?
- est-elle une débauchée, précoce dans les choses de l’amour1 ?
Sa conduite aurait en tous cas du susciter la méfiance de Des Grieux !
« Je lui demandai (...). Elle me dialogue rapporté : Après avoir été fasciné à la vue de Manon et après avoir opéré un
répondit (...). » - au discours indirect rapprochement physique, DG entame un dialogue avec Manon, d’abord
« Je lui parlai d’une manière recours au discours indirect puis au discours narrativisé, qui permet de
qui lui fit comprendre mes - au discours narrativisé ne garder que la teneur du propos : frustration du lecteur, qui ne peut
sentiments » entendre le détail de la conversation des deux jeunes gens.
« elle y était envoyée par ses tournure passive Manon est sous la domination d’une autorité familiale : la voie passive
parents » renforce sa soumission et son impuissance. La volonté de Manon est
pronom indéfini + contraire à cette décision: «c’était malgré elle» : cette situation de
« on l’envoyait » Manon en position contrainte laisse présager une transgression pour faire opposition à ce
d’objet projet d’enfermement au couvent.
« dans la suite tous ses prolepse Par cette dernière remarque, le narrateur confirme la dimension tragique
malheurs et les miens» de cette rencontre , suscitant ainsi l’empathie et la curiosité de ses
emploi du pluriel auditeurs (et des lecteurs) qui attendent des péripéties nombreuses,
comme le suggèrent les pluriels employés.
Conclusion :
1Cette dernière hypothèse est confirmée par la suite du texte : « elle était bien plus expérimentée que moi », « pour arrêter sans doute
son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré ».
Etude linéaire n°5 : Manon Lescaut, « la mort de Manon »
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait : Situé dans les dernières pages du roman de l’abbé Prévost, ce passage est un des moments
clés de l’œuvre. Arrivant à la fin de son récit, Des Grieux y aborde un épisode particulièrement douloureux, la mort de
Manon, conséquence tragique de la fuite dans le désert des deux amants, à la suite du duel entre Des Grieux et Synnelet,
le neveu du Gouverneur, tombé amoureux de Manon et qui voulait l’épouser de force.
C. Projet de lecture : Dans cet extrait, nous nous demanderons comment le romancier, s’appuyant sur la retenue et
la pudeur de Des Grieux, parvient à rendre ce texte particulièrement émouvant.
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait :
C. Projet de lecture :
Conclusion
La poésie du XIXème siècle au XXIème siècle
Etude d'une œuvre intégrale : Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1850
A. Introduction :
→ présentation de l’oeuvre :
→ présentation de l’extrait :
« Le Temps mange la vie » allégorie Le poète semble ici prononcer une sentence, une vérité générale
+ présent de vérité générale sur la condition humaine qui est vouée à subir la destruction du
« nous ronge », « nous temps qui passe. Le poète ne parle plus seulement de lui-même :
perdons » passage de P1 à P4 en employant le « nous », il évoque le genre humain tout entier.
« l’obscur Ennemi » Personnification + périphrase Tel une créature vampirique vorace, le Temps ne tire son énergie
métaphore vampirique vitale que de celle qu’il retire à autrui. On a coutume d’associer
« fruit », « aliment », Baudelaire au Romantisme noir, génération fascinée par les
« ronge », « mange », « sang » champ lexical de la romans gothiques et les récits d’épouvante (NB : Baudelaire
nourriture traducteur d’Edgar Poe) ; d’ailleurs l’une des pièces condamnées
s’intitule « Les métamorphoses du vampire ».
Conclusion :