Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Claude Allione
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
Claude Allione
C’est une petite fille autiste. Je l’appelle Mademoiselle Rideau. Je l’ai affu-
blée de ce surnom depuis qu’en séance elle a littéralement disparu derrière les
rideaux de la fenêtre, il y a plusieurs années de cela.
Mademoiselle Rideau était une de ces autistes immobiles. Elle pouvait
mimer la statue, rester longuement inerte, sans bouger aucun muscle, mais
sans effort de concentration apparent non plus. Rêveuse et vaguement déta-
chée du monde, elle était une sorte de Princesse Dénid de l’autisme 1. Lors des
premières séances, j’avais bien tenté de lui proposer de quoi dessiner. Elle en
avait conçu de l’ennui, et je n’avais pas insisté. La pâte à modeler, les figu-
rines et autres sujets de plastique n’eurent pas plus de succès. Je lui parlais.
Elle regardait au loin dans la minuscule pièce où je la recevais. Elle semblait
s’ennuyer, mais ne le montrait pas vraiment. Je me désespérais. Je me mis à
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
torpeur que je ressentis comme coupable. Ce fut pourtant le début d’une rela-
tion pleine d’enseignement, mais qui fut interrompue prématurément par
des événements indépendants de ma volonté comme de la sienne. Nous
pûmes toutefois jouer pendant quelques semaines à se perdre puis à se
retrouver, nous servant du rideau comme d’un voile, comme de l’instaura-
tion d’une proto-coupure.
DE LA DISPARITION
2. Les limbes sont aussi le séjour des âmes des enfants morts sans baptême (limbes des enfants).
3. Substance vient du latin impérial substantia « substance, être, essence », « existence, réalité
d’une chose » […]. Ce nom dérive de substare « être dessous », « tenir bon » […]. » Alain Rey et
coll., Le Robert historique de la langue française, vol. 2, Paris, Le Robert, 1992. C’est l’idée d’essence
que nous retenons ici : consubstantiel = qui se nourrit d’une même essence, laissant apparaître
ainsi les éléments autistiques présents en chacun.
4. Claude Allione, « Quelques remarques à propos de l’autoérotisme et de l’autisme dans l’œuvre
de Frances Tustin », dans Cliniques méditerranéennes, n° 72, Toulouse, érès, novembre 2005.
5. « Lien » qui reproduirait alors une antériorité à la permanence de l’objet.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 279
(du rideau ; de l’oubli), créant une forme de transfert très particulière où cha-
cun serait aux prises avec un même noyau d’une universelle perte que l’on
éprouverait séparément.
Plus tard, il y eut cette analysante qui, à la fin d’une séance, me parla
d’une chemise que j’avais portée un jour, et qu’elle n’avait plus revue depuis.
Elle associa alors l’ouverture de cette chemise (blanche) avec ce qu’elle ima-
ginait de mon corps, particulièrement de mon sexe, et de situations érotiques
qu’elle se plaisait à inventer ; puis elle ajouta : « C’est comme cette biblio-
thèque qui se trouvait dans cette pièce auparavant et que vous avez fait dis-
paraître. La chemise aussi a disparu. » Disparition du savoir des livres,
disparition du voile de l’objet qui laisse imaginer, disparition de l’objet phal-
lique supposé… À quelle permanence se fier ? Inutile d’ajouter que le thème
de l’apparition-disparition du pénis jouera un rôle essentiel dans cette ana-
lyse, et qu’il s’agissait là d’un report transférentiel.
Dès 1960, Lacan désignait la disparition des enveloppes au moment de la
naissance, thème qu’il a repris en 1964 dans le séminaire sur les Quatre
concepts, avec justement l’accent mis sur la disparition du placenta comme
déclencheur de la libido. Ce terme de disparition reprenait un concept plus
ancien d’Ernest Jones, en le transformant toutefois : l’aphanisis. En grec,
aphanisis signifie disparition.
On sait que Jones a proposé d’appeler aphanisis « l’abolition totale et
donc permanente de la capacité de jouir » dans un article daté de 1927 6. Si
l’homme craint la castration, quel est l’élément qui correspond à cette peur
chez la femme ? À quoi Jones répondait par l’équivalence et l’universalité de
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
LA DISPARITION DU PLACENTA
séparation. […] Moyennant quoi, viendront à cette place l’objet qu’il perd par
nature […], ou encore les supports qu’il trouve au désir de l’Autre […], il n’y
a pas d’accès à l’Autre du sexe opposé que par la voie des pulsions dites par-
tielles où le sujet cherche un objet qui lui remplacera cette perte de vie qui est
la sienne d’être sexué 14. »
En d’autres termes, la séparation de la naissance produit un reste, le
délivre (nom vulgaire des enveloppes du fœtus), le placenta, mais aussi l’en-
veloppement en tous points du corps, et le rythme, lui aussi perçu en tous
points ; restes qui se forment hors du corps, mais dans la limite de l’orga-
nisme, de la disparition de ces organes qui n’en sont pas, et dont le sujet est
condamné à leur trouver des équivalents. Ce reste produit – justement par sa
disparition – une recherche dont résultent les représentants de l’objet à
jamais perdu : les objet a. C’est de la disparition d’un objet qui n’en est pas
un – Lacan insiste sur ce point, il dit aussi « irréel 15 » – que se constitue un
nouvel objet séparable qui, perdu à son tour lors de l’opération de la castra-
tion, deviendra objet cause du désir en ce qu’il sera toujours recherché.
Autrement dit, ce sont les disparitions inaugurales qui finiront par causer le
désir. Dans cette perspective, la naissance est paradoxalement le temps de la
disparition, qu’il s’agisse du placenta, des enveloppes ou encore de tout ce
qui entoure corporellement et continûment le fœtus, particulièrement les
rythmes. Encore faut-il discriminer clairement perte et disparition, c’est-à-
dire manque et disparition.
Des observations récentes ont confirmé ce que Lacan avait pressenti : le
placenta joue un rôle particulier et prééminent dans le développement du
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
14. Jacques Lacan, « Position de l’inconscient », Conférence faite au congrès de Bonneval (1960),
dans Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.
15. Pour Lacan, l’objet est irréel, mais le manque est réel (voir supra).
16. « … le fœtus a une forte attirance pour le placenta en tant qu’objet clairement perçu. Le fœtus
montre continuellement de l’intérêt à toucher cet organe, à jouer avec. […] je pouvais observer
comment Elisa à la dix-huitième semaine touchait sans arrêt le placenta avec ses pieds et ensuite,
à la trente et unième semaine, comment elle s’est intéressée à son frère comme à un objet. Elle
touchait l’enveloppe, elle touchait son frère très légèrement, elle le recherchait, etc. Dans sa vie
après la naissance, quand elle a été à la crèche, nous avons vu comment elle le cherchait toujours,
et elle se comportait avec lui comme si c’était un bébé à protéger. » Romana Negri, « Observa-
tion de la vie fœtale », dans Les liens d’émerveillement, Toulouse, érès, 1995.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 282
CE QUI DISPARAÎT
identité 22 ». Mais Pérec était-il aussi conscient de tout cela, contrôlait-il véri-
tablement sa création jusque dans ses motivations inconscientes ? N’y aurait-
il pas plutôt une partie qui lui échappe dans cette expérience de la
disparition ? Ne faut-il pas plutôt y voir la tentative de traduire un état psy-
chique, certes centré sur l’expérience du maternel, mais bien plus archaïque ?
Le thème troublant c’est ici la reconnaissance d’une transition entre un
monde parfaitement familier et le prolongement de ce monde, identique et
pourtant différent. De même que la vie du nouveau-né, sans les rythmes uté-
rins, sans la présence du placenta, sans non plus l’enveloppement massant de
manière globalisante est la vie, la même vie qu’auparavant, vie dont quelque
chose simplement a disparu à tout jamais.
Avec Pascal Quignard, nous sommes dans un domaine plus directement
psychologique. À la question : « Que recherchez-vous dans la musique ? » il
donne une réponse qui renvoie aux « états qui précèdent l’enfance. Quand on
était sans souffle. Quand on était sans lumière 23. » Quoi d’autre que la vie
utérine ? S’interrogeant sur le rapport de l’homme à la musique, il évoque
dans La haine de la musique 24 cet épisode fœtal et les traces qu’il laisse en l’hu-
main. Citant Plotin : « La musique sensible est engendrée par une musique
antérieure au sensible », Quignard accentue cet antérieur au sensible d’un
ante natal d’abord (« l’acquisition de la langue maternelle se forge au sein
d’une couvaison sonore très rythmée datant d’avant la naissance »), et
ensuite puisant dans la phylogenèse : « Le rythme prébiologique des vagues,
avant que Pangée émerge, a anticipé le rythme cardiaque et le rythme de la
respiration pulmonée. Le rythme des marées lié au rythme nycthéméral nous
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
26. « Méhaigniez : mutilé, blessé, maltraité, tourmenté » (A.J. Greimas, Dictionnaire de l’Ancien
Français, Paris, Larousse, 1999. « In fut en une bataille / Mavrez et mehaigniez sanz faille / Si
que puis aidier ne se pot / Si fut navrez d’un javelot / Parmi des hanches amadeus… », c’est-à-
dire que le roi méhaigniez fut mutilé entre les hanches. Où exactement ?
27. L’effacement marque la lenteur visible de la chose qui petit à petit n’est plus là, quand la dis-
parition se caractérise du départ, de l’absence dont on ne remarque pas la transition, le passage
de l’avant à l’après.
28. Jean Giono, cité dans les notes et variantes de Un roi sans divertissement, Paris, Gallimard,
Bibliothèque de la Pléiade, 1974.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 286
29. Voyez par exemple le commissaire du Roi sans divertissement qui fait égorger une oie sur la
neige pour se repaître à son tour de cette vision, avant de se faire péter la tête à la dynamite, afin
dit Giono, qu’il prenne enfin les dimensions de l’univers tout entier. Et on pourrait citer de nom-
breux exemples de disparitions dans l’œuvre de Giono, pur poète de la phobie, depuis la femme
de Regain qu’une autre femme fait disparaître pour donner une nouvelle vie jusqu’à celles du
Roi… : « Car Marie Chazottes a bel et bien disparu. Elle est sortie de chez elle vers les trois heures
[…] Elle a tourné l’angle du mur, et depuis, plus rien. » Jean Giono, Un roi…, ibid.
30. Marcel Jousse, L’anthropologie du geste, Paris, Gallimard, 1974.
31. « Couper la relation qui existe entre le balancement de tout le corps et le balancement des pro-
positions orales constitue une sorte de mutilation », Marcel Jousse, op. cit.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 287
32. Bénédicte de Boysson-Bardies, Comment la parole vient aux enfants ?, Paris, Odile Jacob, 1996.
Cette ligne de base a été mise en évidence et étudiée en 1969 par Siqueland et Delucia grâce à la
méthode de la tétine non-nutritive (High Amplitude Succion, HAS) qui a permis de montrer com-
bien les nouveau-nés présentent une appétence toute particulière vis-à-vis des amplitudes ryth-
miques de la parole, spécialement des amplitudes prosodiques.
33. Marcel Jousse, L’anthropologie du geste, ibid.
34. Mais pourquoi avoir justement choisi le son « pa » ?
35. Jean-Pierre Rousselot, expérience relatée dans Marcel Jousse, op. cit.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 288
40. Émile Benveniste, La notion de « rythme » dans son expression linguistique (1951), dans Pro-
blèmes de linguistique générale, 1, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1966.
41. Émile Benveniste, ibid.
42. Ibid.
43. Platon, Le banquet, Lausanne, Éditions de l’Aire, 1979.
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 290
contraire parce qu’il a disparu. De même, la voix, dans son écoulement, est
aussi un fleuve. On écoute avec attention les débordements vocaux des
autistes, le flowing-over-at-oneness, qui rythment, sans aucune cadence, leur
existence d’un écoulement sans fin, sans césure, comme a-rythmé. On pense
alors à l’indéfectible balancement corporel (rocking) qu’ils mettent en scène
sans fin, sorte de prière sans autre, sans Dieu, sans adresse aucune. On
reparle alors de l’autisme de Perceval laissant couler le temps devant les
tâches de sang, semblance hypnotique du visage de l’autre.
On retrouve d’ailleurs cette conception d’un rythme créateur de tempo-
ralité chez l’ethnologue et préhistorien André Leroi-Gourhan : « Les rythmes
sont créateurs de l’espace et du temps […] ; espace et temps n’existent
comme vécus que dans la mesure où ils sont matérialisés dans une enveloppe
rythmique. Les rythmes sont aussi créateurs de formes 44. »
L’homme préhistorique qui, rythmiquement, casse par un long martèle-
ment la pierre qu’il taille, est-il en train d’appliquer à son environnement une
rythmique interne qu’il adapte à la tâche, ou a-t-il pensé d’emblée la
meilleure technique pour éclater un galet ? Leroi-Gourhan répond que « les
techniques de fabrication se placent dans une ambiance rythmique », à quoi
il compare le sciage. Nous y ajouterons volontiers le pilage des grains, geste
ancestral qui existe encore 45. Au rythme efficient et utilitaire dans le déve-
loppement de l’humain s’opposent des rythmes autosensuels et inutiles de
l’enfant autiste. Les premiers sont utilitaires par leur aspect nourricier (piler),
laborieux (scier, tailler), artistique (danser, musiquer), religieux (prier) ou
sexuel (coïter) ; les seconds sont inféconds et autosensuels (rocking, auto-
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
44. André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole, tome II, Paris, Albin Michel, 1964.
45. La taille du silex, le sciage et la mouture des grains dans un mortier sont bien dans l’ordre
d’apparition de ces gestes car la percussion qui taille le silex est de toujours, même chez les
grands singes, le sciage n’apparaît pas avant 90000 et la mouture vers 12000 sans doute, avec la
sédentarisation. Le tailleur réfléchit avant de donner le coup et cela varie au cours de la taille ;
en revanche quand il retouche le produit, dans un deuxième temps, pour vraiment former l’ou-
til, cela se rythme davantage. (Remarque de l’archéologue Danielle Stordeur, Lyon, CNRS).
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 291
ajoutée à ces assertions. Ce n’est pas comme le laisse entendre Maiello dans
la continuité, mais au contraire dans la trace en creux laissée par la dispari-
tion des rythmes premiers, leur aphanisis, que se fait l’appétence rythmique
du nourrisson. Lorsqu’elle évoque la petite Rosetta, enfant autiste, c’est pour
situer la non-communication du côté de « L’absence d’alternance
rythmique » comme si cette enfant avait encore à construire, à plus de 5 ans,
son « rythme de sécurité 50 », consécutivement à une incapacité néo-natale à
trouver un accordage rythmique du fait du défaut d’installation d’un Autre
fiable et… rythmant.
Évoquons enfin une proposition que Lacan avançait en 1955 lorsqu’il
évoquait la porte, ouverte puis fermée, puis ouverte, puis fermée encore.
« Vous engendrez ainsi ce qu’on appelle une oscillation. Cette oscillation est
la scansion 51. » Et cette scansion forme le point d’appui primitif de l’être, sa
sub-stance : « L’homme est engagé par tout son être dans la procession des
nombres, dans un primitif symbolisme qui se distingue des représentations
imaginaires. C’est au milieu de cela que l’homme a à se faire reconnaître 52. »
On ne saurait être plus clair. Le rythme est fondateur primitif du symbole, et
donc du signifiant cadençant le sujet. On pourrait relire sous cette lumière le
texte de Freud sur le fort-da, et les innombrables exégèses qui en ont été faites
depuis. Le fort-da aussi est rythmique et rythmisant. On constate également
une forte réappétence rythmique au moment où les identifications infantiles
doivent être quittées par l’adolescent, qu’il s’agisse de création (musicale) ou
d’enfermement quasi utérin dans l’espace clos de la carrosserie des voitures
grâce à des sonorisations ultra-puissantes permettant d’effacer le monde
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
Résumé
Les rythmes nous fondent, non pas en tant qu’objets d’expérience, mais en tant qu’ob-
jets disparus, en tant que partie de soi perdue lors de la naissance, dans cette transi-
tion que Jones a proposé d’appeler aphanisis. L’expérience de la psychothérapie des
enfants autistes confronte en effet à cette épreuve de la disparition, que nous retrou-
vons également dans nombre de thèmes littéraires : Perceval de Chrétien de Troyes, Le
roi sans divertissement de Giono, La disparition de Perec et La haine de la musique de Pas-
cal Quignard. Lacan avait très tôt attiré notre attention sur ces pertes de la naissance
(placenta, délivre, etc.), Marcel Jousse et plus récemment Henri Meschonnic nous ont
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)
Mots clés
Rythme, aphanisis, libido, autisme, temporalité, musique, danse.
Summary
Rhythms underlie us, not so much as objects of experience, but as objects that have
disappeared, as part of us lost at birth, in this transition that Jones proposed to call
aphanisis. Indeed, autistic children’s experience of psychotherapy confront this trial of
disappearance that we also come across in so many literary themes, as with Chrétien
de Troyes’ Perceval, Giono’s The King without Distraction, Perec’s A Void and Pascal
Quignard’s Hatred of Music. Lacan drew our attention early to these losses in birth
Cliniques Méd 75 18/03/07 11:35 Page 294
(placenta, afterbirth, etc.), Marcel Jousse and more recently Henri Meschonnic sho-
wed us the considerable place occupied by rhythms in the living world. This text is
an attempt to identify the function of rhythms that vanished in the constitution of the
libido, and thus constitutes a reflection on rhythms, on their role in psychic construc-
tion, and on what that implies in autistic pathology.
Keywords
Rhythm, aphanisis, libido, autism, temporality, music, dance.
© Érès | Téléchargé le 04/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 98.127.90.160)