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Martine Menès
2004/2 no 56 | pages 21 à 24
ISSN 2101-6046
ISBN 2749202841
DOI 10.3917/lett.056.0021
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-
adolescence-2004-2-page-21.htm
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Problématiques
L’inquiétante étrangeté 1
Martine Menès
interne, que le Moi cherche à échapper. Et c’est en 1926, dans Inhibition, symp-
tôme, angoisse 4, que l’angoisse est clairement présentée comme un mécanisme
psychique dynamique qui provoque le refoulement. Freud reprend le cas de Hans
et démontre que l’angoisse de castration et l’ambivalence à l’égard du père est ce
qui, chez cet enfant, provoque l’angoisse.
exemple dans le Horla. Le narrateur commente la certitude qu’il a que sa vie est
peu à peu envahie par une sorte d’être qui le vampirise dans son existence même :
« Il est en moi, il devient mon âme ; je le tuerai ! » Jusqu’au moment où il pense
le voir se substituer à son image dans un miroir : « […] je ne me vis pas dans la
glace !… Mon image n’était pas dedans… et j’étais en face moi ! […] Puis voilà
que tout à coup je commençais à m’apercevoir dans une brume, au fond du
miroir… C’était comme la fin d’une éclipse. […] Je l’avais vu ! » ;
– répétition de situations semblables qui provoque un effet proche de certains
états oniriques :
• retour involontaire au même point, répétition du même trajet où l’on se
heurte au même obstacle,
• réapparition obstinée du même signe, ou du même nom, qui s’impose,
• pressentiments, superstitions.
Ce vécu est en lien avec l’automatisme de répétition qui s’affirme au-delà du
principe de plaisir. « Est ressenti comme étrangement inquiétant tout ce qui peut
nous rappeler cet automatisme de répétition résidant en nous-mêmes. » Freud
relève que cette expérience est plus fréquente dans la névrose obsessionnelle et
qu’elle témoigne du principe de toute-puissance de la pensée, d’une surestimation
narcissique de ses propres processus psychiques ;
– apparition d’un revenant, d’un spectre, manifestation de la crainte de la mort ;
– crainte d’être enterré vivant, que Freud interprète comme la transformation en
son contraire de la volupté de la vie dans le corps maternel ;
– sentiment de déjà vécu : « Quand quelqu’un rêve d’une localité ou d’un paysage
et pense : je connais cela, j’ai déjà été ici, l’interprétation est autorisée à remplacer
ce lieu par les organes génitaux ou le corps maternel. »
Freud conclut : « L’inquiétante étrangeté surgit quand quelque chose s’offre à
nous comme réel. » Ce n’est pas le Réel de Lacan dont parle ici Freud, mais n’y a-
t-il pas un lien avec le fait que ce qui n’est pas symbolisé fait retour dans le Réel ?
Pour Freud, il s’agit de certains éléments de refoulement très spécifiques, puisque
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