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2019-2020
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CHAPITRE I : AUX ORIGINES DU DROIT CRIMINEL
Parce que l’action de l’Etat ou de la société se joue souvent sur le terrain pénal avant
ancien que nous sont parvenues les premières tentations de codification pénale. Mais
il s’agit d’un droit, pour ainsi dire, sans doctrine qui ne permet pas de saisir les
Les sources juridiques qui nous sont parvenues des peuples orientaux sont riches.
Elles prennent la forme de texte législatif qu’on qualifie assez habituellement de code
mais aussi de dizaines de milliers de tablettes qui font foi d’actes de la pratique se
fournissent de nombreux détails sur les mœurs et règles propres à ces peuples. Sur le
D’abord le prologue étant une forme d’invocation aux dieux et qui rappelle le rôle
rôle de justicier.
Ensuite, il y a les articles qui sont au nombre de 282 décrets d’équité, des décisions
de justice qui ont trait notamment au droit civil, au droit commercial, à la procédure
et au droit pénal.
2
Enfin, un épilogue en forme de bilan sur l’œuvre de justice réalisée par Hammourabi1.
Les formules des articles s’articulent dans un style simple, compréhensible de tous
sous la forme conditionnelle d’une hypothèse suivie d’une réponse au futur sous la
forme d’une sanction. Ces prescriptions sont regroupées en chapitres et abordent des
infractions très diverses et qui traitent de l’adultère, de l’inceste mais aussi du vol de
nuit.
peines fixes imposées par l’Etat. La responsabilité y est individuelle et non collective
de même que l’on tient compte de l’intention du délinquant. Ainsi, les blessures
involontaires n’entrainent aucune sanction mais une place reste faite à la loi du talion
Les modes de preuve y sont variés et manifestement hiérarchisés reposant sur des
A. Les sources
Chez les hébreux, les lois hébraïques s’intéressent aussi au droit pénal. Elles nous sont
connues par l’ancien testament et d’abord par le pentateuque que les juifs appellent
1
L’empereur
de
Babylone.
Il
a
été
le
sixième
roi
de
la
première
dynastie
d’origine
amorrite
de
Babylone.
2
Cela
consiste
à
exercer
une
vengeance
sur
l’agresseur
et
sa
famille.
3
Par
exemple,
si
un
fils
frappe
son
père,
ses
mains
seront
tranchées
à
la
hache.
4
Présentée
aussi
comme
un
moyen
d’acquittement
passif,
l’ordalie
est
une
forme
de
procédure
en
justice
d’origine
religieuse
que
certains
considèrent
comme
un
jugement
divin.
C’est
un
mode
de
preuve
consistant
à
soumettre
le
plaidant
à
une
épreuve
dont
l’issue
est
déterminée
par
Dieu
et
qui
mettra
la
lumière
sur
l’affaire.
Ex
:
l’ordalie
du
feu,
ordalie
du
fleuve.
3
La loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme est formulée par le Décalogue. De
même, le code de l’alliance établit les règles à partir de la loi du talion sur l’homicide,
B. Les principes
Deux principes fondamentaux qui imprègnent encore notre droit pénal, sont d’ores
et déjà dégagés et constituent l’un des apports majeurs de la pensée juive aux droits
antiques.
et le Judaïsme admet la responsabilité des fils pour les fautes des générations
originel commis par l’homme en découle. Ceci étant, l’individualisme triomphe sur
l’antique solidarité du clan nomade au point que la doctrine des prophètes reconnait
voit déjà dans le Deutéronome qui interdit « de faire mourir les enfants pour les pères
Ensuite, l’intention du coupable est mise en avant. Le seul acte matériel étant négligé,
C. Les juridictions
D’abord exercée par les patriarches qui traitent des conflits au sein de leurs groupes
principes de solidarité qui trouvent application entre groupes pour régler des offenses
réciproques.
4
La monarchie substitue à ce fonctionnement une justice royale, le roi s’affirmant
comme le garant de la justice. Son pouvoir est délégué à une cour de justice
compétence criminelle.
D. Les preuves
Le régime des preuves s’appuie sur le témoignage. Toutefois, une série de personnes
en est exclue en raison de leur proximité avec l’affaire jugée trop grande. On retiendra
aussi la personne des parents, des femmes, des mineurs, des incapables etc.
Il est à noter également qu’un seul témoignage ne peut suffire à emporter la peine
Très détaillé, cette hiérarchisation des preuves inspire largement le droit canonique
E. La répression
Elle repose assez largement sur la loi du talion qui suppose de rendre coup pour coup.
L’idée de vengeance reste au cœur des mentalités justifiant les peines, aussi bien à
l’encontre hommes qu’à l’égard des animaux. Pour autant, l’aspect d’expiation de la
lapidation à la porte de la ville en cas de faute grave portant atteinte aux cultes et à
la pureté comme l’inceste, l’adultère par exemple. L’homicide exige cependant des
preuves solides.
5
SECTION 2 : LE DROIT PENAL GREC
des incendies.
• Ensuite, le tribunal des éphètes (des magistrats spéciaux) qui est une sorte de
excusable (dans les cas où l’auteur pourrait postuler pour les circonstances
qui a pour vocation d’examiner l’appel des décisions rendues par les
d’héliastes) qui sont tirés au sort parmi les hommes volontaires de plus de 30
est accusatoire. Dépourvu de Ministère public, L’Héliée peut être saisi par tout
particulier sans qu’il puisse se désister une fois l’action engagée à moins d’amende
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déclencher d’éventuels témoignages (l’un des objectifs de l’affichage public est d’en
recueillir d’ailleurs). Par la suite, le jugement est prononcé sous la présidence d’un
magistrat après un vote secret sans délibération préalable. Selon l’acte considéré, le
procès peut être sans estimation. La peine étant précisée par un texte ou avec
Chez les grecs, le droit reste très imprégné par son origine sacrée, contrairement aux
romains qui, très vite opèrent une distinction entre les règles d’ordre juridique et
d’ordre moral.
l’excommunication de l’accusé qui ne peut plus se rendre dans les lieux de culte et
Toutefois, l’apport de la Grèce au droit pénal plus que juridique reste, malgré ses
sur les questions que pose la philosophie pénale quant à la justification de la peine.
Platon par exemple, s’interroge notamment sur l’homme criminel et fonde la peine
sur l’idée de liberté de l’homme. L’homme étant libre, c’est librement qu’il choisit le
Aristote se fonde sur cette même notion de liberté humaine considérant le mal
comme le fruit d’une habitude vicieuse. La peine est envisagée comme un substitut
composition pécuniaire qui équivaut à une réparation matérielle et une rançon pour
la vie du coupable.
toujours soulignée, elle est dépassée par celle d’amendement. Elle n’appartient plus
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qu’à l’Etat et répond désormais à l’idée de correction du coupable. Ainsi la vertu de
est alors considéré comme une souillure fort déplaisante pour les dieux et dont il faut
débarrasser la cité. Devenu maudit, le criminel doit être livré avec ses biens à la
de qui veut. Cette malédiction dérive par la suite en une excommunication qui frappe
alors le condamné à un exil forcé qui entraine la mort civile et la confiscation de ses
biens. On peut donner en guise d’exemple l’enfant qui exerce des sévices sur ses
parents.
A ce droit archaïque succède un droit plus élaboré qui repose à ses débuts sur la loi
des 12 tables, premier corpus de loi romaine écrite. Quelques cas exceptionnels
meurtre par son père d’une fille surprise en état d’adultère. Malgré cela, se dessine
très tôt la distinction fondamentale entre les intérêts d’ordre privé et ceux visant la
Ainsi, ne considère-t-on pas sur le même plan les crimes et les délits de nature privée
qui ne lèsent que les seuls particuliers. Alors que les premiers relèvent bien de la
justice pénale proprement dite, les deuxièmes lui échappent de par leur nature civile
5
«
nemo
prudens
punit,
quia
peccatum
est,
sed
ne
peccetur
»,
«
aucun
homme
avisé
ne
punit
parce
qu’il
y
a
faute,
mais
pour
qu’il
n’y
ait
plus
faute
»
8
de sorte qu’au début de l’Empire Romain (an 27 avant JC), une frontière s’est établie
le vol qui est une soustraction frauduleuse du bien d’autrui, le dommage causé à la
propriété privée ainsi que les atteintes à la personne ou à l’honneur d’autrui. Le délit
esclave, des attentats aux mœurs, de la corruption électorale ou des crimes politiques
société. Cette fonction politique s’accentuant au fur et à mesure que le poids de l’Etat
augmente.
En dehors de l’amende, les peines du droit romain sont très variées. Toutes ces peines
entrainent l’infamie, c’est-à-dire une souillure qui dérive de l’ignominie infligée par les
censeurs qui privent le condamné d’une part de ses droits civils (une peine infamante
Paragraphe 4 : La procédure
A. La commission comitiale
Plus ancienne, elle prévoit l’appel au peuple, elle est ouverte à tous les citoyens
condamnés par un magistrat devant les comices centurias quand la peine prononcée
est la peine capitale ou devant les comices tributes en cas d’amende dépassant le
maximum légal. C’est une procédure d’office qui fonctionne sur la base d’un Ministère
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La nature de cette procédure reste encore obscure : appel pour certains, seconde
phase du procès pour d’autres ; elle consiste en tout état de cause à obtenir
qu’il en soit, elle est rapidement considérée comme inadaptée face à l’expansion de
Rome. Inadaptation qui explique l’attrait des juristes pour la procédure des
quaestiones perpetuae.
Apparues en 149 avant J.C., ce ne sont ni plus ni moins des jurys permanents
contradictoire. Le rôle du jury reste donc assez limité. En revanche, il se borne au vote
domaine. Des délits jusque-là privés sont désormais regardés comme touchant l’ordre
public. C’est le cas du vol, du vol de bétail ou du pillage. Devant ces nouvelles
instances, la procédure est d’abord accusatoire ou inquisitoire selon les cas avant que
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CHAPITRE II : LE DROIT PENAL FRANC ET MEDIEVAL
A. Les textes
La chute de l’empire romain et les invasions germaniques du 5ème siècle n’ayant pas
romain.
L’époque franque reste gouvernée par le principe de la personnalité des lois qui
En théorie, les populations se voient appliquer pour les romains, le bréviaire d’Alaric ;
Pour les barbares, des codes seulement ont été envisagés à partir de la fin du 5ème
siècle.
B. La logique « Vendicatoire »
Rédigée dans une langue sommaire, elle édicte des règles simples faites de
tarifs qui indique des prix à payer pour parvenir à trouver un terrain d’entente entre
Les lois barbares se présentent donc comme de véritables tarifs qui par leur
les lois romaines multipliaient les peines afflictives. On parle alors du « Wergeld » ou
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prix de l’homme qui s’analyse comme la composition de base que doit payer le
meurtrier à la famille de la victime. Ils tiennent compte de plusieurs facteurs tels que
parentèle et à son défaut, son supérieur jusqu’au roi. Ce n’est qu’à défaut du
paiement par le coupable et sa famille que le coupable doit composer de son corps,
La composition est même généralisée pour les crimes de sang, les atteintes
La lecture de ces prescriptions permet par ailleurs de saisir la hiérarchie des crimes
dans les mentalités barbares, soulignant le cas échéant, la valeur donnée à la vie dans
la société du haut moyen-âge ou le respect avec lequel la femme est traitée. Reste
que la conception du fait criminel semble demeurer très matériel. Ce que confirme
les spécialistes qui dénient toute place aux concepts de vice et de péché y compris
Aux côtés du Wergeld, on note l’existence des peines corporelles, écartant dans les
cas les plus graves la possibilité de composer. La place de l’Etat varie ici en fonction
de la paix » équivalent d’un tiers de la composition versé au roi, montre qu’aux cotés
Le succès des lois barbares s’explique en premier lieu par leur simplicité qui conduit
à l’abandon du système romain trop complexe. Tant sur le plan de la procédure que
abandonnée chez les romains. Dans une moindre mesure, la technicité du droit
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romain influence elle aussi les règles barbares à l’instar des lois des Burgondes ou
celles des Wisigoths dans lesquelles triomphent les procédures d’office ou certains
A. Le tribunal du palais
Il est composé du roi et ses conseillers. Toutefois, sa composition n’est pas fixe en ce
qu’elle évolue au gré des affaires. Sa compétence est limitée aux affaires qui touchent
L’action peut avoir lieu d’office ou par voie accusatoire. Enfin, le tribunal du palais
peut faire office de second degré de juridiction sans que l’on puisse parler d’appel. Il
s’agit d’un procès second intenté contre le juge et les assesseurs si la loi n’a pas été
B. Le Mallus
Le Mallus est installé dans chaque circonscription de base, la centaine, est composé
d’un représentant local du roi : le Comte ou le centenier, assisté par les notables : «
les prud’hommes » qui varient d’une affaire à une autre. Le tribunal siège en plein air
dans un lieu élevé en présence de tous les hommes libres de la province, suivant une
Dans le sens d’une simplification, on apprend que l’institution sera ensuite réformée
par Charlemagne. L’obligation judiciaire est limitée à trois sessions par an. Les
les échevins au nombre de 07 choisis pour leur sagesse par les envoyés du roi dans
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La compétence du mallus est resserrée au point de ne viser que les affaires criminelles
les plus graves, les causes majeures, notamment les homicides, l’incendie, le vol, le
rapt (enlever une personne dans le but d’obtenir une rançon). Les causes mineures
entre haute et basse justice n’opère pas de hiérarchie entre les juridictions, mais une
crimes les plus graves ; auxquels cas la procédure est exceptionnellement inquisitoire.
inspecteurs itinérants et dont la charge est de surveiller les comptes et de faire régner
Les formes procédurales suivies devant ces tribunaux, tiennent d’une justice encore
négative de son innocence. On parle alors de preuve diabolique. D’autant que cette
preuve intervient souvent sur de vraies difficultés opposant accusateur et accusé. Ainsi
6
Charlemagne
est
né
le
2
avril
742,
et
mort
le
28
janvier
814.
On
l'appelait
aussi
Charles
1er
le
Grand.
Roi
des
Francs,
il
devint
Empereur
en
800.
Deuxième
roi
franc
de
la
dynastie
Carolingienne,
Charlemagne
reste
le
restaurateur
de
l'Empire
d'Occident.
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A. L’aveu de l’accusé
d’une partie ou de la totalité des faits qui lui sont reprochés. A défaut, on fait appel
B. Le témoignage
sont largement confondues les parties, les témoins de visu ou de auditu qui ont assisté
à l’infraction et les témoins de crédit qui ont simplement pour objet de conforter la
position d’une partie en affirmant sa crédibilité. Par ailleurs, la défaveur dans laquelle
tombe le témoignage vient des abus qu’il a pu susciter dans la pratique (achat de
oblige par exemple le témoin à venir à jeun et on institue des peines très sévères
contre les parjures. Ceci explique que le témoignage est souvent accompagné par le
serment purgatoire.
C. Les serments
Le serment consiste à faire jurer l’accusé de son innocence sur les évangiles ou sur
des reliques. La place importante du culte dans ces sociétés peut en justifier le
de la cause dénoncée au tribunal. L’auteur d’un parjure, pour avoir fait un faux
témoignage, risque le courroux divin, soit à sa mort, soit sur le champ comme en
atteste un certain nombre de chroniques qui rapportent sur ce point des parjures
foudroyés sur place, ou frappés de cécité quand ils ne deviennent pas muets.
concerne surtout, au premier chef, l’accusé qui se disculpe de cette façon des
accusations portées contre lui, auquel cas, il est dit purgatoire. Dans cette hypothèse,
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l’accusé n’est pas seul puisque jurent avec lui un certain nombre de personnes
appelées les co-jureurs et qui sont supposés cautionner sa parole en prêtant serment
à leur tour, non des faits, mais de l’honorabilité de l’auteur du serment. Leur nombre
crime. Le serment purgatoire est conforté par la crainte de sanctions divines, mais
aussi d’une amende tandis que Charlemagne prescrira devant les dérives de faux
témoignages, la peine d’amputation de la main droite : main posée sur les évangiles
ou sur les reliques. Il reste malgré tout insuffisant, car il succombe au serment inverse
formulé par la partie adverse. Ainsi, la querelle doit alors se vider au moyen d’un
jugement de Dieu.
D. L’ordalie
L’ordalie est une épreuve physique subie par les parties ou leurs champions pour
lorsqu’elle est pratiquée par une partie isolée et bilatérale lorsqu’elle est effectuée
par les deux parties ensemble ou l’une contre l’autre et auquel cas, on institue le duel
judiciaire.
1. L’ordalie unilatérale
C’est une mise à l’épreuve d’une partie grâce à un élément naturel. On peut donner
à titre d’exemple l’ordalie du feu dans laquelle on saisissait une main nue sur laquelle
2. L’ordalie bilatérale
C’est celle qui est imposée aux deux parties. La plus fréquente reste celle du duel
judiciaire. A l’origine, l’épreuve répond à une double fonction puisqu’il s’agit tout
autant de punir que d’éprouver. L’issue pouvait être la mort d’un des combattants.
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Par la suite, le duel judiciaire n’est plus regardé comme un procédé probatoire (mais
était de plus en plus fréquent. A la vérité, on supposait que celui qui remportait le
duel, était considéré comme étant dans le vrai. Ce n’était plus la mort qui était
Le système répressif franc est fondé principalement sur la peine pécuniaire qui
un catalogue de peine. Le tarif essentiel à partir desquels les autres se définissent est
Dans certains cas exceptionnels comme les violences commises contre le roi, le
wergeld est prohibé. Seule la peine de mort est reçue pour ce type d’infraction jugé
impardonnable. Ce qui montre que les peines corporelles sont encore regardées
comme exceptionnelles, du moins à l’égard des hommes libres ; les hommes non
les mains du roi, va passer aux mains des seigneurs et qui aboutira à une certaine
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patrimonialisation7. Ce sont des anciens fonctionnaires et grands du royaume qui
leur compte pour l’exercer cette fois à leur nom. On note à ce propos que la justice
seigneuriale remonte à l’époque franque, quand les fonctionnaires du roi ont procédé
cette époque un émiettement qui commencera avec les princes territoriaux. Les
perdent leur sens, le comté disparait ou au contraire se maintient mais n’est plus alors
Au 9ème siècle, la carte judiciaire est donc largement fonction des seigneuries au
détriment d’une justice royale unifiée ; au détriment aussi du modèle de justice édifié
par les carolingiens. La justice des seigneurs en effet, repose largement sur l’idée de
force ; la force du seigneur sur ses sujets qui répond davantage à un pouvoir qu’à un
Ce rapport de force permet la mise en place d’une répartition des compétences qui
repose essentiellement sur l’idée de sang. Le critère du sang englobe aussi bien les
affaires dans lesquelles le sang a été versé que celle qui mérite qu’on verse le sang
du coupable.
De même qu’à l’époque carolingienne, on distingue des causes majeures telles que
le meurtre, le rapt, l’incendie et des causes mineurs sans pour autant qu’à cette
distinction, s’attache des dispositions très précises. Au 12ème siècle, la répartition des
7
On parle de patrimonialisation de la justice parce qu’elle permettait d’avoir des rentrées d’argent par
le biais des taxes de la plèbe, des confiscations de biens des condamnés à mort qui seront vendus et
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seigneur la compétence des affaires les plus graves. Cette distinction entre haute et
basse justice n’implique pas pour autant une hiérarchie entre les juridictions puisqu’il
n’existe pas de degré ni d’appel entre l’une et l’autre de ces juridictions. La même
population peut donc relever de deux tribunaux différents selon l’affaire en cause
Au sujet de l’organisation du procès dans le droit pénal féodal, il y a lieu d’en venir
Tous les justiciables n’en relèvent pas puisqu’une certaine partie d’entre eux n’y ont
cas du recours à la justice seigneuriale par les chevaliers, celle-ci est regardée comme
une instance arbitrale. Elle implique la mise à l’écart des règles juridiques pures pour
préférer celle de l’équité la plupart du temps. L’instance arbitrale permet d’éviter une
grande publicité autour d’une affaire arbitrale ainsi que le jeu de preuve irrationnel au
A. La procédure seigneuriale
La juridiction seigneuriale peut être saisie, non plus à titre d’instance arbitrale, mais
de façon plus classique, par une victime qui demande vengeance sans pouvoir la
dispenser elle même. Le procès s’ouvre alors par une accusation. Les formes
procédurales tiennent en grande partie aux usages en vigueur dans tel ou tel détroit.
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1- Les modes de preuve
poursuivi sur la clameur publique, le haro, ou si l’accusé avoue, l’aveu étant considéré
les preuves ».
des théories sur les témoins dits reprochables. Le témoignage a bien sûr cours mais
reste entouré d’une réglementation très précise pour éviter les abus : on peut toujours
rouge, supplantée en pratique par le duel judiciaire considéré comme moins infamant.
détermination des peines. La plupart des textes de l’époque témoigne des excès
8
En
dépit
de
certaines
pratiques
tendant
à
la
ritualisation
de
l’ordalie,
qui
s’accompagne
de
prières,
la
bénédiction
du
matériel
destiné
à
l’ordalie,
en
dépit
de
la
faveur
des
clercs
pour
les
ordalies
les
plus
douces,
l’Eglise
refuse
de
cautionner
ces
pratiques.
Malgré
une
tentative
d’introduire
l’ordalie
dans
les
juridictions
ecclésiastiques
le
clergé
cultivé
rappelle
la
parole
des
livres
saints
selon
lesquelles
«
les
jugements
de
Dieu
sont
insondables
».
20
Deux éléments vont contribuer à rééquilibrer ces rapports judiciaires :
ont pour effet de reconnaître des privilèges, d’ordre procédural9 et sur le plan
pénal10.
9
Un
grand
nombre
de
chartes
comporte
le
principe
«
pas
d’accusation,
pas
de
procès
»,
laissant
les
justiciables
la
faculté
de
s’orienter
vers
une
instance
arbitrale.
La
compétence
du
seigneur
reste
en
revanche
inchangée
pour
les
crimes
les
plus
graves.
10
Les
coutumes
et
chartes
de
franchises
fixent
des
peines
contre
l’arbitraire
du
Seigneur
sauf
pour
les
crimes
les
plus
graves
où
les
délinquants
restent
à
la
«
miséricorde
du
seigneur
».
21