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CHAPITRE 2 : ANALYSE FINANCIERE FONDEE

SUR LE COMPTE DE RESULTAT

Le compte de résultat est l’un des documents de base de l’analyse financière. Il permet de
faire un diagnostic de la rentabilité de l’entreprise. En présentant l’ensemble des charges et
des produits, il aide à comprendre la formation de résultat de l’entreprise.

I. La structure du compte de résultat (les quatre niveaux de


l’analyse)
Les charges et les produits sont analysés dans quatre niveaux
- le niveau exploitation: résultat d’exploitation;
- le niveau financier: résultat financier;
- le niveau hors activité ordinaires (HAO) : résultat HAO;
- le niveau global (participation des travailleurs et impôt sur le résultat): résultat net.

Charges Compte de résultat Produits

Charges d’exploitation Produits d’exploitation

A. Résultat d’exploitation

Charges financières Produits financiers


B. Résultat financier

Produits HAO
C. Résultat HAO
Charges HAO

Résultat net= A+B+C-D-E


D. Participation des travailleurs

E. Impôt sur le bénéfice

Il convient de noter que le « niveau HAO du SYSCOA ne vise que des produits et des charges
sans rapport avec l’activité ordinaire ou courante de l’entreprise, donc d’éléments
véritablement extraordinaires résultant notamment de changements profonds de structure ou
de stratégies (frais de « restructuration ») ou d’évènements fortuits tels que guerres,
catastrophes naturelles, évènements politiques »1.
Ainsi, beaucoup d’éléments considérés comme « exceptionnels » (plan comptable 1957) ou
« hors exploitation » (plan OCAM) sont ordinaires dans le SYSCOA.
Exemple : charges et produits sur exercices antérieures, reprises sur provisions généralement
traitées comme « hors exploitation » dans le plan OCAM.
De même, certains éléments traités dans le niveau exploitation dans les plans antérieurs sont
analysés dans le SYSCOA comme charges et produits financiers. C’est par exemple le cas des
intérêts payés et les intérêts et dividendes reçus.
Ces différences du SYSCOA avec les plans antérieurs font que les soldes significatifs de
gestion qui dérivent de l’analyse du compte de résultat ne sont pas à confondre avec les
anciens.

Exemple d’application : compte de résultat LAMIDI.


En fin d’exercice N, on trouve dans la balance de l’entreprise LAMIDI les comptes suivants :

Salaires 817.000
Dépôts et cautionnements 44.000
Pertes de change 11.000
Intérêts reçus 2.300
Ventes de produits fabriqués 4.210.000
Charges sociales 409.000
Achats matières premières 2.210.000
Services extérieurs 281.000
Transports 137.000
Dotations aux amortissements (d’exploitation) 306.400
Variation du stock de produits finis (diminution) 79.000
Impôts, taxes et versements assimilés 394.000
Charges HAO 156.000
Charges d’intérêts 204200
Produits HAO 51.000
Variation du stock de matières premières 49.500
(augmentation)
Reprises sur provisions (exploitation) 213.000
Compte de l’exploitant 72.000
Production immobilisée 12.800
Autres charges d’exploitation 23.400

Question :
Présenter le compte de résultat selon le modèle SYSCOA.

1
SYCOA, Guide d’application, p. 94
II. Analyse des indicateurs de résultat : les soldes significatifs de
gestion
Le compte de résultat fait ressortir 8 soldes significatifs de gestion avant le solde final, le
résultat net.

1. La marge brute sur marchandises


Marge brute sur marchandises
Achats de marchandises Ventes de marchandises
- Variation de stocks de marchandises

Solde : MB sur marchandises

NB. Variation de stocks = stock final – stock initial

La MB sur marchandises est déterminée seulement par les entreprises purement commerciales
ou par la branche de négoce des entreprises industrielles.
Il convient de noter que la marge brute sur marchandises du SYSCOA est différente de la MB
du Plan OCAM et de la marge commerciale du Plan comptable français 1982. Ces deux
dernières sont des marges « sur coût d’achat » (calculées en comptabilité analytique) alors que
la MB sur marchandises est une marge sur « prix d’achat ».

La MB sur marchandises est généralement exprimée en pourcentage du chiffre d’affaires (ex :


15% du CA).

Exemple : Entreprise LAMIDI .


MB sur marchandises = 0.
Pas d’achats et de ventes de marchandises.

2. La marge brute sur matières


Marge brute sur matières
Achats de matières premières et fournitures Production vendue (ventes de produits
liées fabriqués, travaux et services)
- Variation de stocks (matières premières et Production stockée (variation de stock de
fournitures) l’exercice (en augmentation, signe + ou en
diminution signe -)
Production immobilisée (travaux faits par
l’entreprise pour elle-même)
Solde : MB sur matières

La marge brute sur matières est déterminée dans les entreprises industrielles et de BTP. Elle
permet des comparaisons entre les entreprises du même secteur. Elle est aussi exprimée en
pourcentage.

MB sur matières
Achats de matières premières 2.210.000 Ventes de produits fabriqués 4.210.000
- Variation de stocks de matières Production stockée -79.000
premières - 49.500 Production immobilisée 12.800

MB sur matières 1.983.300


4.143.800 4.143.800

3. La valeur ajoutée
VA
Autres achats MB sur marchandises
- Variation de stocks MB sur matières
Transports Produits accessoires
Services extérieurs Subventions d’exploitation
Impôts et taxes Autres produits
Autres charges
Solde : VA.

La valeur ajoutée est un élément essentiel de l’exploitation puisqu’elle représente la richesse


générée en propre par l’entreprise et qui sert à rémunérer les salariés, les propriétaires, les
prêteurs et à financer le renouvellement des immobilisations.

VA = Salaires et charges sociales (rémunération du travail)


+ charges financières, intérêts (rémunération du capital emprunté)
+ amortissements (rémunération du capital technique, investissements)
+ résultat (rémunération des capitaux propres).

VA = production (B et S) – Consommation (B et S).

NB. La VA du SYSCOA est différentes de celle du Plan OCAM et du Plan comptable français.

La VA est un excellent critère de comparaison de la dimension des entreprises. Elle renseigne


également sur la structure économique (à partir du rapport VA/CA ou VA/P) et l’organisation
économique interne de l’entreprise (FP/VA ou amortissements/VA) ;

VA
Transports 137.000 MB sur matières 1.983.300
Services extérieurs 281.000
Impôts et taxes 394.000
Autres charges 23.400
Valeur ajoutée 1.147.900
1.983.300 1983.300

4. L’excédent brut d’exploitation


EBE
Charges de personnel Valeur ajoutée
Solde : EBE

L’excédent brut d’exploitation est la différence entre la VA et les charges de personnel. Il


permet de mesurer la performance économique de l’entreprise. Son calcul est indépendant des
modalités de financement et d’investissement (puisqu’il ne tient pas compte des charges
financières et des amortissements), de la politique fiscale (imposition des bénéfices) et des
éléments HAO.
En fait, l’EBE est le solde entre tous les produits d’exploitation qui se sont traduits ou vont se
traduire par des encaissements et les charges d’exploitation qui se sont traduites ou vont se
traduire par des encaissements. Il représente un élément important de la capacité
d’autofinancement de l’entreprise.

EBE
Charges de personnel 1.226.000 Valeur ajoutée 1.147.900
EBE -78.100

1.147.900 1.147.900

5. Le résultat d’exploitation
RE
Dotations aux amortissements et aux EBE
provisions Reprises sur provisions
Transferts de charges
Solde : RE

C’est la différence entre les produits d’exploitation et les charges d’exploitation. C’est donc le
résultat tiré de l’activité d’exploitation avant la prise en compte des éléments financiers et
HAO.
Il sert à rémunérer les capitaux propres et empruntés et à payer l’impôt et la participation des
travailleurs.

RE
Dotations aux amortissements et EBE -78.100
aux provisions 306.400 Reprises sur provisions 213.000
RE -171.500
134.900 134.900

6. Le résultat financier
RF
Frais financiers Revenus financiers
Pertes de change Gains de change
Dotations aux amortissements et aux Reprises de provisions
provisions Transferts de charges
Solde : RF

Le RF est le résultat dégagé par les opérations financières. Il renseigne sur la politique de
financement de l’entreprise.

RF
Frais financiers 204.200 Revenus financiers 2.300
Pertes de change 11.000
RF -212.900
2.300 2.300

7. Le résultat des activités ordinaires


RAO
RE
RF
Solde : RAO

Le RAO est la somme du résultat d’exploitation et du résultat financier. C’est le résultat


généré par le cycle d’exploitation ordinaire. Il ne prend donc pas en compte les opérations
HAO.

RAO
RE -171.500
RAO -384.400 RF -212.900
-384.400 -384.400

8. Le résultat hors activités ordinaires


RHAO
Valeurs comptables des cessions d’immobilisations Produits des cessions d’immobilisations
Charges HAO Produits HAO
Dotations HAO Reprises HAO
Transferts de charges HAO
Solde : RHAO

C’est le résultat obtenu sur les opérations HAO.


Il est possible de mettre en évidence le résultat sur les cessions d’immobilisations par la
différence entre les produits et les valeurs comptables correspondantes.

RHAO
Charges HAO 156.000 Produits HAO 51.000
RHAO -105.000
51.000 51.000

9. Le résultat net de l’exercice


RN
Participation des travailleurs RE
Impôts sur le résultat RF RAO
RHAO
Solde : RN

C’est la différence entre les produits et les charges liés à l’ensemble des activités de
l’entreprise. C’est le résultat final de la période qui fait l’objet d’affectation.

RN
RAO -3.84.400
RN -489.400 RHAO -105.000
-489.400 -489.400

III. Analyse des performances monétaires

1. La capacité d’autofinancement
a) Définition et rôle
La capacité d’autofinancement est la ressource interne dégagée par l’activité correspondant au
solde entre tous les produits qui se sont traduits ou vont se traduire par des encaissements et
les charges qui se sont traduites ou vont se traduire par des décaissements. Elle est en fait la
somme des bénéfices et des charges ne correspondant pas à des décaissements (effectifs ou
futurs) nettes des produits ne correspondant pas à des encaissements (effectifs ou futurs).
La capacité d’autofinancement représente donc l’aptitude de l’entreprise à :
- financer ses investissements de renouvellement et d’expansion ;
- distribuer des dividendes ;
- rembourser ses dettes.
Elle donne une idée des ressources internes disponibles dans l’entreprise et concerne tous les
aspects de l’activité.

b) Calcul de la CAF

La CAF peut être calculée selon deux modalités :


- l’approche soustractive à partir de l’EBE ;
- l’approche additive à partir du résultat.
* Approche soustractive
Dans l’approche soustractive, la CAF est la différence entre tous les produits encaissables et
les charges décaissables.
On part de l’EBE (qui correspond à la CAF d’exploitation), on ajoute les produits
encaissables restants et on retranche les charges décaissables restantes (à l’exclusion des
cessions d’immobilisations).

CAF = EBE
+ Transferts de charges d’exploitation
+ Produits financiers encaissables
- Charges financières décaissables
+ Produits HAO encaissables
- Charges HAO décaissables
- Participation des travailleurs
- Impôts sur le résultat.
CAF (méthode soustractive)
Frais financiers 204.200 EBE -78.100
Pertes de change 11.000 Revenus financiers 2.300
Charges HAO 156.000 Produits HAO 51.000
371.200 -24.800
CAF -396.000

* Approche additive
Dans l’approche additive, on part du résultat, on ajoute les charges calculées diminuées des
produits calculés.

CAF= Résultat net


+ Dotations aux amortissements et aux provisions
- Reprises sur amortissements et provisions
+ Valeurs comptables des cessions d’immobilisations
- Produits des cessions d’immobilisations.

CAF (méthode additive)

Reprises sur provisions 213.000 RN - 489.400


Dotations 306.400
213.000 -183.000
CAF -396.000

2) L’autofinancement
La capacité d’autofinancement n’est pas à confondre avec l’autofinancement. Ce dernier
représente l’aptitude réelle de l’entreprise à s’autofinancer.

Autofinancement= CAF – Dividendes distribués.

Il s’agit ici des distributions de dividendes opérées durant l’exercice ; généralement, les
dividendes de l’exercice précédent (N-1), mais aussi des acomptes sur dividendes de
l’exercice N qui ont été mis en paiement durant l’exercice N.

3) Le cash flow
La CAF est aussi différente du cash flow qui s’analyse en termes de dépenses et de recettes.
Le cash flow est le surplus monétaire généré par les activités.

Cash flow =  Recettes - Dépenses.


4) L’excédent de trésorerie d’exploitation
La CAF est également différente de l’excédent de trésorerie d’exploitation (ETE) qui
correspond aux flux de trésorerie générés par l’exploitation.
ETE = Produits d’exploitation encaissés - Charges d’exploitation décaissées.
ETE = EBE - ΔBFE - Production immobilisée.
La ΔBFE et la production immobilisée sont en effet venues gonfler l’EBE alors qu’elles ne
correspondent pas à des variations de trésorerie. Il faut donc les retrancher de l’EBE pour
avoir l’ETE.

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