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COURS DE SPONSORING ET
MECENAT
I- LE CADRE JURIDIQUE
A. LE CONTRAT DE PARRAINAGE
C’est un contrat par lequel une entreprise apporte son concours financier et/ou matériel à une
personne physique ou une personne morale, en contrepartie de quoi cette dernière lui assure
directement ou indirectement une certaine publicité (entendue largement). Il fixe les clauses
relatives d’une part à la préparation et à la création de l’événement ; d’autre part, à sa diffusion et à
son exploitation médiatique.
Un contrat de sponsoring comprend des clauses relatives aux principes de financement, au soutien
matériel et financier, au droit pour le parrain d’utiliser l’image du parrainé, à la publicisation de la
marque. La production d’un tel contrat est délicate : il faut juxtaposer dans un même acte des
obligations de natures différentes et d’inégales durées. Le souci premier de l’entreprise est de faire
connaître son appui : elle devra donc se montrer particulièrement vigilante pour ce qui concerne le
marquage de l’événement, sa promotion. L’information sur l’événement porte-t-elle la marque du
sponsor ? Le parrain peut-il développer une publicité autonome et son exploitation (Comment
l’entreprise peut-elle utiliser l’événement comme tremplin ?) ? Au cours de la rédaction d’un contrat
de parrainage, l’entreprise doit essayer de réduire au maximum les aléas, surtout s’il s’agit de
sponsoring sportif. Il est notamment prudent de faire figurer en toutes lettres dans le contrat la
nature sportive et publicitaire de l’obligation : ceci est important au cas où l’opération ne se déroule
pas comme prévu d’un point de vue sportif (les épreuves sont annulées au dernier moment, une
équipe boycotte la course, un cas de dopage est découvert, etc.).
Dans le cadre du sponsoring d’un champion, le sponsor devra se montrer particulièrement vigilant
pour ce qui est de la nature et de l’étendue des obligations du sponsorisé : est-il tenu de porter des
vêtements avec son logo ? De venir se produire dans l’entreprise ? De donner des conférences de
presse (et à quelle presse) ? De dédicacer des photos ? En quelles occasions doit-il citer le sponsor ?
Dans l’affirmative, il est important d’en déterminer précisément les modalités.
Il faut en outre délimiter l’étendue du privilège du sponsor : a-t-il l’exclusivité du nom et de l’image
du champion ? Et si oui, pour quels usages : campagne publicitaire, opération promotionnelle,
communication interne ? Enfin, il est souhaitable de fixer clairement les possibilités d’opérations
annexes, et la part qu’y prendra le sportif : assistera-t-il au cocktail donné après l’épreuve ? Viendra-
t-il expliquer au personnel de l’entreprise l’intérêt de telle action de sponsoring ?
Chaque action étant unique par son objet, sa durée, ses modalités d’application, il ne peut y avoir de
contrat type. Un contrat comprend habituellement six rubriques :
• Objet ;
• Durée : elle doit être définie en fonction de la durée de l’opération et des délais de mise en valeur
de celle-ci;
• Obligations de faire et de ne pas faire, pour le parrain comme pour la personnalité parrainée ;
• Conditions de rupture : les modalités de résiliation sont à définir notamment pour ce qui est de la
restitution du matériel et de la poursuite éventuelle de l’utilisation des éléments de la personnalité
du sportif ou de l’artiste, pendant un temps à déterminer ;
B. LA STRUCTURE JURIDIQUE
L’entreprise peut décider de créer, seule ou avec d’autres, une structure juridique spécifique au
travers de laquelle elle montera ses opérations de parrainage. Soit qu’elle veuille en assurer une
gestion distincte, soit qu’elle désire réunir des fonds d’origines différentes. La panoplie des solutions
offertes est large, de la forme la plus souple à la plus contraignante. Plus les formalités de
constitution sont exigeantes, plus la liberté et l’indépendance de fonctionnement et
d’accomplissement de l’objet seront ensuite importantes.
1. Régie directe/indirecte
Le mécénat peut être mis en œuvre par une entreprise directement : au sein d’une direction de la
communication dans un département mécénat. Le mécénat ne nécessite alors pas la création d’une
structure singulière et autonome. Dans ce cas de figure on parle de régie directe.
En revanche, on parle de régie indirecte dès lors que le mécénat est engagé par une structure
juridique différente de l’entreprise (association, fondation d’entreprise, fondation sous égide, etc.).
Bien entendu et c’est fréquent, une entreprise peut faire coexister ces deux modalités de
fonctionnement.
− La collection Société Générale (régie directe) qui possède plus de 300 œuvres d’art contemporain ;
− Le programme Citizen Commitment (régie directe) qui regroupe des actions et projets solidaires
des associations partenaires et des filiales Société Générale à travers le monde.
Une entreprise crée une filiale quand son parrainage génère, outre les retombées médiatiques, des
retombées matérielles, sous forme de droits sur les recettes, ou d’exploitation des produits dérivés.
En outre, la filialisation s’impose dans le cadre du sponsoring cinématographique : une société qui
souhaite participer à une coproduction est obligée de créer une filiale dont l’objet exclusif sera la
production cinématographique.
Un GIE correspond à un groupement de dépenses. Il peut être envisagé soit pour regrouper plusieurs
filiales autour d’un même projet de parrainage (dans le cadre d’une politique de communication de
groupe), soit pour associer plusieurs entreprises aux activités similaires ou complémentaires. Dans
les deux hypothèses, la constitution d’un GIE permet de mener une action plus importante que si elle
était entreprise individuellement par chacune des parties. Cette structure juridique présente deux
avantages majeurs : son fonctionnement n’est soumis à aucune règle contraignante ; les pertes
générées par le GIE sont fiscalement, et automatiquement, déduites des bénéfices de ses membres
(sans limite aucune). Cependant, l’étendue de l’objet d’un GIE et donc celle de sa capacité sont
encadrées : il doit être le prolongement de l’activité de ses membres.
Association, fondation et dotation sont les trois structures juridiques traditionnellement employées
pour les actions de parrainage : elles permettent de collecter des fonds afin de les répartir entre
différents projets, ou de contribuer à la vie culturelle propre de l’entreprise. Une chose est sûre :
l’image d’une association, ou d’une fondation, nourrit celle du parrain. Surtout si elle porte le nom de
l’entreprise qui est à l’origine de l’initiative (c’est d’ailleurs le cas de la plupart d’entre elles) : les
retombées médiatiques seront maximales.
Jusqu’à la loi du 4 juillet 1990, il n’existait aucune réglementation précise quant à l’emploi du terme «
fondation », lequel, en raison du prestige et de la crédibilité qu’il conférait, était employé à tort et à
travers. C’est ainsi qu’étaient notamment désignées de simples associations régies par la loi de 1901.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi, un tel laxisme n’est plus possible.
• la fondation reconnue d’utilité publique (formule peu usitée par les entreprises) ;
• la fondation abritée
Le fonds de dotation, créé par la loi du 4 août 2008, est un outil de financement permettant à des
organisations d’intérêt général (musées, hôpitaux, universités) de disposer de fonds en faisant appel
à la générosité. Le fonds de dotation peut être créé facilement et son fonctionnement est plus souple
que celui des fondations.
C- LA FONDATION D’ENTREPRISE
La loi du 4 juillet 1990 a créé les fondations d’entreprise afin d’inciter les sociétés Camerounaises à
s’engager dans la voie du mécénat, leur offrant enfin la possibilité d’associer leurs noms aux
opérations financées. Néanmoins, et bien que les entreprises se soient effectivement intéressées à ce
nouveau statut, peu de fondations d’entreprise ont vu le jour depuis l’adoption de la loi. C’est
pourquoi la loi du 1er août 2003, s’inscrivant dans la perspective plus large de réformer le régime
juridique et fiscal des fondations pour le rapprocher de celui de nos voisins européens, met en place
un système plus incitatif. Les fondations d’entreprise peuvent désormais recevoir, d’une part, des
dons effectués par les salariés de l’entreprise fondatrice et, d’autre part, des dons effectués par les
salariés des entreprises du groupe auquel appartient l’entreprise fondatrice. Depuis la loi du 1 er
août 2003, le nombre de fondations d’entreprise a fortement augmenté.
1- Les avantages
La crédibilité : la fondation d’entreprise, créée pour une durée minimale de cinq ans,
témoigne de l’implication réelle de l’entreprise, de sa volonté de poursuivre des actions dans
la durée. À cet égard, elle s’avère un merveilleux outil de communication institutionnelle.
L’indépendance : à l’exception des contraintes administratives (relativement légères) qui
s’imposent lors de la création de la fondation, le fonctionnement de celle-ci se fait en toute
indépendance. Contrairement à ce qui se passe pour la fondation reconnue d’utilité
publique, aucun représentant des pouvoirs publics n’est, de droit, membre du conseil
d’administration.
L’équilibre : grâce à la présence d’experts (« personnalités qualifiées ») et de représentants
du personnel au conseil d’administration, le monde de la culture et celui de l’entreprise sont
également considérés.
La fiscalité : les dispositions fiscales sont particulièrement incitatives pour les entreprises : en
effet les sommes consacrées par les fondateurs au programme pluriannuel, ainsi que la
dotation initiale contingente sont déductibles au titre de l’impôt sur les sociétés à hauteur de
5 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise.
2- Les inconvénients
La durée : la fondation d’entreprise est créée pour une durée minimale de cinq ans. Elle doit
d’ailleurs, pour obtenir l’autorisation préfectorale de création, présenter un programme
d’actions pluriannuel, précis et budgétisé. Cette durée minimale représente une contrainte
importante, dissuasive pour maintes entreprises.
Les ressources : avant la loi du 1er août 2003, la fondation d’entreprise ne pouvait ni faire
appel à la générosité publique, ni recevoir dons et legs. Ses ressources provenaient
exclusivement des versements des donateurs (hors dotation initiale), des subventions
publiques (de l’État ou des collectivités locales), des produits ou rétributions pour services
rendus, et des revenus de la dotation initiale ou d’un portefeuille de valeurs mobilières.
Depuis la loi du 1er août 2003, le régime s’est assoupli : les fondations d’entreprise peuvent recevoir
d’une part des dons effectués par les salariés de l’entreprise fondatrice, et d’autre part des dons
effectués par les salariés des entreprises du groupe auquel appartient l’entreprise fondatrice.
3- BILAN
La loi du 1er août 2003 illustre la volonté forte de l’État de favoriser le mécénat, afin de rattraper le
retard du Cameroun en la matière. Ainsi, les quatre articles de cette loi renforcent considérablement
l’incitation fiscale au mécénat tant pour les particuliers que pour les entreprises, tout en simplifiant
les mécanismes.
Ne doit pas dépasser 0.5% du chiffre d'affaires - les versements effectués à des organismes
de recherche et développement, des sports, des œuvres philanthropiques collectives, des
institutions scientifiques, éducatives, sociales et familiales basées au Cameroun. Celui-ci est
déductible s'il existe une preuve de paiement et que le montant ne dépasse pas 0.5% du
chiffre d'affaires de l'entreprise. Le montant excédentaire est réintégré dans le bénéfice de
l'entreprise et l'impôt sur le revenu appliqué.
Ne doit pas dépasser 5% du chiffre d'affaires annuel - les dons ou subventions accordés à
des clubs lors de compétitions nationales d'élite ou à des organisations chargées de
l'organisation de compétitions sportives officielles. Tout comme ci-dessus, l'excédent est
réintégré dans les bénéfices imposables de l'entreprise.
Les versements des entreprises ouvrent dorénavant droit à une réduction d’impôt (l’impôt sur les
sociétés ou sur le revenu) tels que définit précédemment. En cas d’exercice déficitaire, le crédit
d’impôt est reportable sur les cinq exercices ultérieurs.
Possibilité de verser la dotation initiale d’une fondation reconnue d’utilité publique sur une période
maximum de 10 ans, au lieu de 5. Il existait au 1er mars 2012 617 fondations reconnues d’utilité
publique.
Concernant les achats d’œuvres originales d’artistes vivants ou d’instruments de musique, les
entreprises peuvent en déduire le coût d’acquisition dans la limite de 0,5 % de leur chiffre d’affaires.
Cette déduction peut s’opérer sur l’année en cours et sur les quatre années suivantes, par fraction
égale. Seule condition : les œuvres d’art achetées doivent être accessibles au public et, pour les
instruments de musique, l’entreprise doit s’engager à les prêter gratuitement aux interprètes qui en
font la demande.
Les entreprises de boissons alcoolisées peuvent faire connaître leurs opérations de mécénat par des
mentions écrites sur les documents diffusés à l’occasion d’opération d’enrichissement ou de
restauration du patrimoine naturel ou culturel.