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Pr. F.

CHEMAA

L’EPUISEMENT PROFESSIONNEL « BURN OUT »

Cours pour étudiants de 6ème année de médecine

Module de médecine du travail

Les objectifs du cours :

- Définir l’épuisement professionnel,


- Citer les facteurs de risque,
- Identifier les professions à risque,
- Enumérer les manifestations cliniques.

Plan du cours :

- Généralités.
- Définitions.
- Facteurs de risque.
- Professions à risque.
- Manifestations cliniques.
- Prévention.
- Conclusion.

Généralités :

Les risques psychosociaux au travail « RPS » recouvrent les risques rencontrés


dans la sphère professionnelle pouvant porter atteinte à la santé mentale des
individus, voire à leur intégrité physique.

Les RPS sont à l'origine de pathologies professionnelles telles que les dépressions
professionnelles, les maladies psychosomatiques, les troubles du sommeil, mais
aussi des pathologies concernant la santé physique.

Les RPS peuvent émerger des sphères professionnelles, familiale, sociale ou, le plus
souvent, de plusieurs d’entre elles.

Les RPS regroupent :

 Le stress au travail ;
 Les violences externes : menaces, agressions, insultes ;
 Violences internes : harcèlement, conflits.

Stress et burnout ou épuisement professionnel :


a) Le stress : c’est une réponse biologique de l’organisme à toute sollicitation
physique ou émotionnelle, agréable ou désagréable, qui exige de sa part une
adaptation. Il y a stress lorsque la personne se sent incapable de faire face à une
trop forte accumulation de tensions et que les situations stressantes s’enchaînent de
manière rapprochée sans que l’individu aie la possibilité de récupérer.
Il évolue en trois phases :
- La phase d’alarme : dès sa confrontation à la situation évaluée comme
stressante, l’organisme réagit immédiatement en stimulant le système
sympathique, générant la production accrue de catécholamines. Il se produit
alors une vasoconstriction avec hypertension artérielle, tachycardie,
contraction musculaire, hyperglycémie, augmentation du niveau de vigilance
et de la température corporelle.
- La phase d’adaptation : si la situation stressante persiste, l’organisme entre
en phase de résistance. L’axe corticotrope est activé préparant l’organisme
aux dépenses énergétiques que nécessitera la réponse au stress. les
glucocorticoïdes augmentent le sucre dans le sang pour apporter l’énergie
nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau y maintenant un apport
constant en glucose. Les glucocorticoïdes ont la particularité de pouvoir
freiner leur propre sécrétion par rétroaction.
- La phase d’épuisement : si le stimulus stressant se prolonge ou s’intensifie,
l’organisme peut entrer dans une phase d’épuisement caractérisée par une
hyperstimulation de l’axe corticotrope. La boucle rétroactive devient
inefficiente, les récepteurs du système nerveux central deviennent moins
sensibles aux glucocorticoïdes, lesquels augmentent constamment dans la
circulation. L’organisme est alors submergé d’hormones activatrices qui
peuvent devenir délétères pour l’organisme.

b) Le burn-out : se définit comme un état de stress permanent entraînant un


état d’épuisement total. C’est le syndrome d’épuisement professionnel.
I/ Définition :

L'épuisement professionnel est un état de fatigue générale se traduisant par


un affaiblissement physique, une exténuation émotionnelle, des sentiments de
désespoir, une perte de concentration, une fatigue intellectuelle ainsi que par le
développement d'une attitude négative aussi bien vis-à-vis de soi-même, que de son
travail, de la vie et des gens.

Le syndrome d'épuisement professionnel ou burnout, est un ensemble de


réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans
lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante dans des situations de
travail exigeantes sur le plan émotionnel.

II/ Les facteurs de risque :

L’épuisement professionnel étant une conséquence du stress au travail, on


retrouve parmi les causes du burnout des facteurs de stress. Différentes études ont
spécifiquement permis de souligner le rôle des facteurs suivants :

- Surcharge de travail, pression temporelle,


- Faible contrôle sur son travail,
- Faibles récompenses,
- Manque d’équité,
- Conflits de valeur, demandes contradictoires,
- Manque de clarté dans les objectifs, les moyens…

L’effet de ces facteurs de risque peut se combiner, pour certaines professions de


relations d’aide (infirmières, médecins, travailleurs sociaux, enseignants,…), à la
charge émotionnelle inhérente à ces professions.

III/ Les professions à risque :

L’épuisement professionnel a longtemps été considéré comme un syndrome


psychologique spécifique aux professions « aidantes ». Cependant, aujourd’hui de
plus en plus de métiers nécessitent une interaction avec un public. Des métiers de
services de plus en plus nombreux imposent une efficacité et un contact direct avec
la clientèle, les nouvelles technologies permettant (ou imposant) cette disponibilité
(mail, téléphone, appel en visio, etc.). Par conséquent, nous partons du point de vue
que l’épuisement professionnel n’est pas uniquement spécifique aux professions
dites aidantes mais touche l’ensemble des salariés, quelle que soit leur activité.

Nous citons :

- les personnels soignants/médecins,

- les enseignants,

- le personnel des banques, des postes,

- les chefs d’entreprises,

- les agriculteurs

- les journalistes

- les chauffeurs routiers

- les policiers,

- les pompiers,…

IV/ Les manifestations cliniques :

Il se caractérise par 3 dimensions :

- l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources


émotionnelles,
- la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant,
déshumanisation de la relation à l’autre (les clients ou patients deviennent des
objets), vision négative des autres et du travail,
- le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de
ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l'entourage,
dépréciation de ses résultats.

Les manifestations de l’épuisement professionnel, plus ou moins aigues,


peuvent être d’ordre :

- émotionnel : sentiment de vide, d’impuissance, perte de confiance en soi,


irritabilité, pessimisme, anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse ou
manque d’entrain, hypersensibilité, absence d’émotion ;
- cognitif : troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, altération
des fonctions exécutives, difficultés à faire des opérations simples, altération
de la qualité du travail, indécision,…,
- physique : fatigue généralisée voir asthénie, maux de tête, de dos, troubles
du sommeil, troubles musculo-squelettiques (type lombalgies, cervicalgies,
etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux…,
- comportemental : repli sur soi, isolement social, comportement agressif
parfois violent, impulsivité, baisse de l’empathie, hostilité à l’égard des
collaborateurs, conduites addictives…,
- motivationnel : attitude négative envers le travail et les autres,
désengagement progressif, baisse de motivation et du moral, effritement des
valeurs associées au travail ; doutes sur ses propres compétences (remise en
cause professionnelle, dévalorisation).

La symptomatologie du burnout est de fait assez complexe, peu spécifique et peut


évoluer vers la dépression ou l’anxiété.

V/ La prévention :

- Etablir des limites claires entre la vie professionnelle et la vie privée.


- Programmes de soutien aux travailleurs : psychologie de groupe, séances de
relaxation, programmes de remise en forme, sessions de formation sur la
gestion du temps et du stress ;
- Prendre des pauses régulières,
- Réduire la charge de travail ;
- Récompenses, salaire adéquat ;
- Offrir des opportunités de formation et de développement de compétences.
- Favoriser le travail d'équipe : aide à prévenir le burnout en offrant un soutien
émotionnel et social aux travailleurs…

Conclusion :
L’évolution des conditions et des organisations de travail est associée à une
prévalence croissante des facteurs de risque psychosociaux susceptibles de porter
atteinte à la santé à la fois physique et mentale. Il faut donc veiller à la création d'un
environnement de travail sain, qui favorise la santé mentale et offre aux employés
une protection contre les préjudices psychologiques tout en favorisant de saines
habitudes de vie.

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