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Cours droit des contrats spéciaux

- Semestre 5 -
Année Universitaire 2023-2024

Pr M’hamed AQABLI
Enseignant chercheur à la FpBm

Pr M'hamed AQABLI FpBm


Le contrat de vente
• Le contrat de vente est régi par le titre deuxième du livre
deuxième du dahir formant code des obligations et des
contrats sous les articles 478 à 618-20.
• Nous étudierons dans un premier chapitre les règles
générales du contrat de vente telles qu’elles ressortent
du DOC et dans un deuxième chapitre les usages relatifs
au contrat de vente commerciale.

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CHAPITRE : LE CONTRAT DE VENTE

L’article 478 du DOC définit « la vente est un


contrat par lequel l’une des parties transmet la
propriété d’une chose ou d’un droit à l’autre
contractant, contre un prix que ce dernier
s’oblige à payer ».

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1 - LA FORMATION DU CONTRAT DE VENTE
a) Les caractères du contrat de vente :
• c’est un contrat consensuel : il se forme par la réunion de
l’offre et de l’acceptation :
- L’offre : peut être générale et impersonnelle (mise en vitrine,
catalogue, prospectus etc.) ou faite à une personne
déterminée,
- L’acceptation: peut être expresse ou tacite.
- c’est un contrat synallagmatique : il met à la charge des
parties des obligations réciproques : payer le prix pour
l’acheteur et livrer la chose pour le vendeur.
- C’est un contrat à titre onéreux, ce qui le différencie de la
donation ou du prêt ;
- C’est un contrat translatif car il a pour objet le transfert d’un
droit de propriété.
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b- Les éléments constitutifs du contrat de vente

Quatre éléments constitutifs conditionnent la


licéité du contrat de vente :
• 1. Le consentement des parties doit exister : - il
ne doit pas être vicié (erreur, dol ou violence), - il
doit être exprimé (interdiction des ventes forcées).
• 2. Les parties doivent avoir la capacité d’aliéner
le bien objet du contrat, (l’air est un bien
inaliénable qui n’a pas de propriétaire ; de même,
la vente de la chose d’autrui est nulle), (art.485
DOC : sauf ratification de la vente par le
propriétaire ou l’acquisition de la chose par le
vendeur).
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3- L’objet du contrat concerne la chose et peut
présenter différentes natures :
- un corps certain qui est identifiable à la
conclusion du contrat (ex. une table).
- une chose future qui n’existe pas encore au
moment de la conclusion du contrat mais qui est
identifiable (ex. récoltes sur pied).
- une chose de genre (fongible) qui est
déterminable au moment de son individualisation
entre les mains de l’acheteur, il s’agit de la vente
en bloc (indication du lieu où la chose se trouve)
vente au poids, au compte ou à la mesure (ex. un
kilo de pêches sur un étal de marché).
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• La protection de l’ordre public et de l’intérêt
général a amené le législateur à réglementer
ou à interdire la vente de certains produits :
- est interdite la vente des organes humains,
l’alcool aux personnes de religion musulmane
(article 484 DOC), les stupéfiants …
- est réglementée les biens faisant l’objet d’un
monopole : les cigarettes, les timbres poste …
(voir la Loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence).

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4. Le prix doit être déterminé ” ‫( ”معين‬article
487 DOC) c’est à dire connu dès la conclusion
du contrat ou tout au moins « déterminable
‫ ”قابل للتعيين‬c’est à dire non définitif à la
conclusion du contrat.
En l’absence de détermination possible du
prix, le contrat de vente est frappé de nullité
absolue.

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2- LES EFFETS DU CONTRAT DE VENTE

Aux termes de l’article 487 du DOC, la vente est


parfaite entre les parties, dès qu’il y a
consentement des cocontractants :
- l’un pour vendre,
- l’autre pour acheter,
et qu’ils sont d’accord :
- sur la chose,
- sur le prix
- et sur les autres clauses du contrat

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a) Les transferts de propriété et des risques

• L’article 491 du DOC fait naître d’un seul et même acte qu’est
le contrat de vente une double fonction de création
d’obligations et de transfert de propriété :
« L’acheteur acquiert de plein droit la propriété de la chose
vendue, dès que le contrat est parfait par le consentement des
parties. »
La propriété de la chose vendue est ainsi transférée « solo
consensu », c’est à dire par le seul échange des
consentements.
selon les dispositions de l’article 493, dès la perfection du
contrat, l’acheteur va supporter :
- les impôts, contributions et autres charges qui pèsent sur la
chose vendue,
- les frais de conservation.
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• Néanmoins, l’article 494 du DOC prévoit que si
la vente est faite « à la mesure, au compte, à
l’essai, sur dégustation ou sur simple
description » tant que la chose vendue n’a pas
été « comptée, mesurée, jaugée, essayée,
dégustée, examinée ou agréée par l’acheteur
ou par son représentant ». c’est le vendeur qui
supporte les risques liées à la chose, même si la
chose est déjà entre les mains de l’acheteur.
La chose vendue voyage aux risques du vendeur
jusqu’à sa réception par l’acheteur, ce qui
revient à dire que le vendeur supporte le risque
du transport (article 496 du DOC).
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• Le contrat de vente est donc translatif des droits du
vendeur vers l’acquéreur. Le transfert de propriété
a lieu dès le consentement des parties même s’il n’y
a encore eu ni livraison, ni paiement. Son
application facile pour un corps certain, l’est moins
pour une chose de genre (un disque est une chose
de genre). Il n’interviendra que lorsque cette
dernière sera affectée précisément à l’acheteur. Il
peut être retardé par :
- L’expression de la loi (ex. en matière immobilière).
-La volonté des parties lesquelles peuvent
introduire dans le contrat une clause de réserve de
propriété ( Ex: le vendeur conserve la propriété de
la chose tant que l’acquéreur n’en a pas payé le
prix).
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Modèle de clause de réserve de propriété

La société reste propriétaire de la


marchandise livrée à compter du jour de
livraison jusqu'à complet paiement de
l'intégralité du prix de vente.

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Très important
• Dans l’attente du versement intégral de la créance, vous
demeurez propriétaire du bien. Voilà une protection efficace
contre le risque d’impayés, mais attention à la charge des
risques !
• Comme vous êtes encore propriétaire du bien, c’est vous qui
devez supporter les risques de pertes ou de dégradation,
même si les marchandises ont déjà été remises à l’acheteur.
• En effet, la jurisprudence considère que la clause de réserve
de propriété n’a pas pour effet de transférer la garde des
marchandises à l’acheteur. Tant qu’il n’en est pas propriétaire,
l’acheteur n’en est pas le gardien. Sa responsabilité ne peut
donc pas être recherchée en cas de pertes ou de dégradation.

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Intérêt d’une clause de réserve de propriété ?

• Grâce à la clause de réserve de propriété, si le débiteur ne


paie pas à la date d’échéance indiquée , On dispose de deux
actions :
• Une action en revendication : elle consiste à faire reconnaître
votre droit de propriété sur les marchandises et à vous les
faire restituer si elles se trouvent toujours dans les locaux ou
le patrimoine du débiteur ;
• Exercer une action sur le prix auprès de l’acquéreur ou des
sous-acquéreurs, pour exiger le paiement du reliquat du prix.

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• Si un bien vendu est détruit ou abîmé, en principe,
le dommage subi par la chose vendue est à la charge
de l’acquéreur. Mais cette règle est parfois
inadaptée et les parties peuvent convenir d’insérer
dans le contrat une clause de dissociation :
- Le transfert de risques se fera après le transfert de
propriété quand la livraison du bien a lieu après la
signature du contrat sur une chose future. Le
vendeur assume toujours le risque alors que le
transfert de propriété est déjà intervenu.
- Le transfert de risques se fera avant le transfert de
propriété dans l’hypothèse où une clause de
réserve de propriété a été introduite dans le
contrat. L’acquéreur qui est en possession du bien
mais qui n’en est pas encore propriétaire supporte
le risque (ex. en cas de paiement fractionné).
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• Les contrats translatifs de propriété soumis au droit
de la consommation
– Les articles L. 216-1 à 216-6 du Code de la consommation
régissent la livraison de la chose aliéné et le transfert de la
charge des risques lorsque le contrat est conclu entre un
professionnel et un consommateur
– Par souci de protection du consommateur, le législateur a
ainsi dérogé au principe posé par l’article 1196 al. 3e du
Code civil en prévoyant à l’article L. 216-4 du Code de la
consommation que « tout risque de perte ou
d’endommagement des biens est transféré au
consommateur au moment où ce dernier ou un tiers désigné
par lui, et autre que le transporteur proposé par le
professionnel, prend physiquement possession de ces
biens. »
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– Le transfert de la charge des risques intervient, de la
sorte, non pas au moment du transfert de
propriété, mais au moment de la livraison du bien.
– Cette règle étant d’ordre public, le professionnel ne
peut pas s’y soustraire par convention contraire ( L.
216-6 C. conso).
– Seule exception à la règle, l’article L. 216-5 prévoit
que « lorsque le consommateur confie la livraison
du bien à un transporteur autre que celui proposé
par le professionnel, le risque de perte ou
d’endommagement du bien est transféré au
consommateur lors de la remise du bien au
transporteur».
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b) Les obligations réciproques :
art 499 à 531

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A- Les obligations du vendeur

Le vendeur a deux obligations principales :


• Celle de délivrer la chose vendue;
• Celle de garantir
• Obligation d’information

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1. La délivrance (articles 499 à 531)

Que faut-il livrer ?


Le vendeur doit livrer une chose conforme pour la
quantité et la qualité à la convention. L’article 512
dispose que « la chose doit être délivrée dans
l’état où elle se trouvait au moment de la vente
», ce qui revient à dire que le vendeur ne peut pas
modifier l’état de la chose vendue.

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• S’agissant de la quantité, les usages déterminent
valablement la valeur des unités employées (tonne,
tonneau, baril,…).
• Concernant la qualité, en principe le vendeur n’est tenu
que de livrer une qualité loyale, sauf si le contrat est plus
précis. Tel est le cas des ventes sur échantillon, des
ventes subordonnées à l’agréage ou à l’essai par
l’acheteur.
• La délivrance doit porter sur les accessoires de la chose
vendue tels que par exemple les manuels d’utilisation et
de maintenance d’une machine, les documents
administratifs (le connaissement), voir les droits et
actions attachés à la chose vendue (art.516 DOC).
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Article 516:
L'obligation de délivrer la chose comprend
également ses accessoires selon les conventions
des parties ou selon usage. A défaut de
stipulation ou d'usage, on suit les règles ci-après.
( voir les articles 517 à 531).

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Où et quand faut-il livrer?
L’article 502 du DOC prévoit que la délivrance doit
s’effectuer au lieu où la chose vendue se trouvait au
moment du contrat, sauf convention contraire des
parties.
Quant à la date de délivrance, le principe est posé par
l’article 504 du DOC « aussitôt après la conclusion
du contrat ». Toutefois, il faut distinguer selon que la
vente est faite « en disponible » et dans ce cas les
usages ne permettent qu’un bref délai, ou que la vente
est dite « à livrer » c'est-à-dire que la délivrance sera
différée jusqu’au moment où la chose vendue parvient à
l’acheteur.
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Comment délivrer la chose vendue ?

• La délivrance s’effectue par le délaissement de la


chose vendue par le vendeur et sa prise de possession
par l’acheteur. L’article 500 du DOC détermine
plusieurs modalités :
- le délaissement ou la remise des clés pour les
immeubles,
- la tradition réelle pour les choses mobilières,
- par le seul consentement si le retirement ne peut être
effectué au moment du délaissement,
- la remise d’un document administratif.
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Quelle est la sanction du non respect des règles de livraison?

Si le vendeur ne délivre pas la chose vendue à l’époque


convenue, ou s’il délivre une chose non conforme ou ne
délivre aucune chose, il manque à son obligation de
résultat et l’acheteur pourra alors mettre en œuvre plusieurs
actions :
-Opposer au vendeur l’exception d’inexécution (article 504
alinéa 2)
-Demander au juge l’exécution forcée de la vente,
-Demander la réfaction du contrat ( sanctionner une
inexécution partielle d’une obligation par une révision du
contrat qui consiste à diminuer de façon proportionnelle
l’obligation réciproque).
-Demander la résolution du contrat à ne pas confondre
avec la résiliation du contrat
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2- La garantie (articles 532 à 575)
La garantie que le vendeur doit à l’acheteur a un
double objet :
- Garantir la jouissance et la possession paisible de la
chose vendue, c’est la garantie dite pour cause
d’éviction, ‫ضمان االستحقاق‬
- Garantir que la chose vendue est exempte de défaut qui
rendrait la chose impropre à son usage, c’est la
garantie dite pour les vices rédhibitoires
(empêchement) ‫ ضمان العيب‬Cette garantie est, selon
les termes de l’article 532 du DOC, due de plein droit,
c'est à dire qu’elle n’a pas à être stipulée dans le
contrat.
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S’agissant de la garantie pour cause d’éviction
le vendeur doit faire en sorte que l’acheteur ne souffre d’aucune
éviction de son fait personnel mais également de tout fait de tiers.
Pour permettre à l’acheteur d’invoquer la mise en jeu de cette
garantie, 3 conditions doivent être réunies :
- le trouble doit être actuel et non pas seulement éventuel,
- le trouble doit consister en une éviction telle que définie par
l’article 534 du DOC, « il y a éviction :
- 1°) lorsque l’acquéreur est privé en tout ou en partie de la
possession de la chose,
- 2°) lorsqu’il ne réussit pas à en obtenir la possession contre un
tiers détenteur
- 3°) ou enfin, lorsqu’il est obligé de faire un sacrifice pour la délivrer. »
- le trouble doit avoir une cause antérieure à la vente.

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• Selon l’article 538 du DOC, l’acheteur qui a souffert
d’éviction a le droit de se faire restituer :
- le prix qu’il a déboursé et les loyaux coûts du contrat,
- les dépens judiciaires qu’il a fait sur la demande en
garantie,
- les dommages et intérêts qui sont la suite directe de
l’éviction.
Les parties peuvent convenir que le vendeur ne sera
soumis à aucune garantie (article 544 DOC) mais cette
clause n’affranchit le vendeur que des dommages et
intérêts mais ne le libère pas de restituer le prix qu’il a
reçu.
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• La garantie des défauts de la chose vendue (dite aussi garantie
des vices cachés) est fondée sur un mécanisme simple :
• si les défauts non apparents de la chose vendue la rende
impropre à l’usage, l’acheteur peut :
- soit rendre la chose au vendeur et se faire restituer le prix au
moyen de l’action rédhibitoire. ( éviction totale)
- soit conserver la chose vendue et se faire restituer une partie
du prix versé au moyen de l’action dite estimatoire. (éviction
partielle).
Le DOC a mis en place les conditions dans lesquelles la
garantie peut être appelée :
- il faut que le défaut soit d’une gravité suffisante : l’article 549
du DOC nous dit le vice doit diminuer sensiblement la
valeur ou rendre la chose vendue impropre à son usage et
c’est le juge en cas de litige qui apprécie cette gravité .
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• L’action indemnitaire du fait d’un vice caché, une action en
réalité conditionnée?
A la question de savoir si l’acheteur a la faculté
d’exercer l’action indemnitaire indépendamment de
l’option qu’offre l’article 1644 du Code civil (action
rédhibitoire qui consiste à restituer la chose acquise
contre le prix payé et l’action estimatoire consistant,
quant à elle, à la garder même viciée en contrepartie
de la restitution d’une partie du prix), la Cour de
cassation répond par l’affirmative.

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• qu’il ne soit pas apparent : l’article 553 du DOC met à
la charge de l’acheteur une obligation d’examen « de
l’état de la chose aussitôt après l’avoir reçue et de
notifier dans les 7 jours suivants la réception au
vendeur tout défaut constaté.
• Et l’article 569 du DOC énonce que « le vendeur n’est
point tenu des vices apparents, ni de ceux dont
l’acheteur a eu connaissance ou qu’il aurait pu
facilement connaître. »
- qu’il soit antérieur à la vente : en effet selon les
dispositions de l’article 552 du DOC, n’est garanti par le
vendeur que le vice qui existait au moment de la vente
s’il s’agit d’un corps déterminé ou au moment de la
délivrance s’il s’agit d’une chose fongible ( l’huile –
blé…).
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Comparer les dispositions de l’article 553 du DOC
avec les dispositions de l’alinéa 3 de l’article 65 de la
loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du
consommateur, qui dispose : « Par dérogation aux
dispositions des articles 573 et 553 du dahir du 9
ramadan 1331 (12 août 1913) formant code des
obligations et des contrats, toute action en justice
découlant des défauts nécessitant la garantie ou du
fait que l’objet vendu est dépourvu des qualités
promises, doit être intentée dans les délais
suivants, à peine de forclusion :
• pour les immeubles, dans les deux ans après la
livraison;
• pour les biens meubles, dans l’année suivant la
livraison. Ces délais ne peuvent être réduits par
accord entre les contractants ».
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L’article 573 du DOC a fixé les délais d’exercice de
l’action:
• i. pour les choses immobilières dans les 365 jours qui
suivent la délivrance.
• ii. pour les choses mobilières et les animaux dans les
30 jours après la délivrance.
Les parties peuvent, toutefois, prolonger ou réduire
contractuellement ces délais. Il faut en outre savoir que :
- l’action en garantie des vices cachés est transmissible,
en cas de revente, au sous acquéreur qui peut agir, à
son choix, contre son vendeur ou le vendeur initial ;
- les clauses limitatives de garantie sont nulles, sauf si
la vente est conclue entre 2 professionnels de même
spécialité.
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B- Des obligations de l’acheteur : (articles 576 à 584)

L'acheteur a deux obligations principales :


• 1. l’obligation de payer le prix;
• 2. Et l’obligation de prendre livraison de la
chose.

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Les modalités de paiement:
Concernant le paiement du prix, on peut se poser 3 questions.
A qui doit-on payer ?
• L’acquéreur doit se libérer du prix de vente entre les
mains du vendeur lui même ou à la personne qu’il a
mandatée ; mais le mandat ne se présumant pas, il
incombe à l’acheteur qui paie entre les mains d’un
tiers de s’assurer que ce tiers a bien qualité ou
pouvoir de recevoir le paiement.

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Combien doit-on payer ?
Le paiement porte sur le prix convenu et ses
accessoires puisqu’au terme de l’alinéa 2 de
l’article 577 du DOC, les frais du paiement sont à la
charge de l’acheteur.
Selon les termes du contrat, le prix peut également
comporter d’autres composantes telles que les frais
de transport, les droits de douane.

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Quant et comment payer ?
• L’alinéa 1er de l’article 577 du DOC dispose que « l’acheteur est tenu de
payer le prix à la date et de la manière établie au contrat ; à défaut de
convention, la vente est censée faite au comptant et l’acheteur doit
payer au moment même de la délivrance ».
 Le paiement à l’époque de la délivrance:
• Ainsi sauf clause contraire dans le contrat, délivrance et paiement doivent
s’exercer simultanément. Ce qui permet au vendeur de bénéficier d’une
double garantie en cas de non paiement du prix:
• -droit de revendication des choses mobilières en vertu des dispositions de
l’article 582 du DOC qui énonce que le vendeur qui n’a accordé de délai peut
aussi, à défaut de paiement du prix, revendiquer les choses mobilières qui se
trouvent au pouvoir de l’acheteur, ou en arrêter la vente. )‫(دعوى االسترداد‬
• -droit de rétention qui sur la base de l’article 583 du DOC octroie à l’acheteur
qui est troublé ou qui se trouve en danger imminent et sérieux, en vertu d’un
titre antérieur à la vente la possibilité de retenir le prix tant que le vendeur n’a
pas fait cesser le trouble ) ‫ ( حق الحبس‬.

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 le paiement retardé:
Dans le cadre des ventes à crédit où délivrance et
paiement sont différés dans le temps, lorsque
l’acheteur ne paie pas le prix à l’échéance, le
vendeur peut :
- soit agir selon les modes de contrainte de droit
commun,
- soit demander la résolution de la vente
puisqu’en application des dispositions de l’article
581 du DOC, si les parties l’ont convenu dans le
contrat, celui-ci peut être résolu de plein droit par le
seul fait du non paiement dans le délai convenu.

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 L'obligation de retirer la chose
L’obligation de retirement est le complément de
l’obligation de délivrance et ses modalités
correspondent aux modalités de cette dernière.
Ainsi, si la chose vendue doit être délivrée sur place, il
appartient à l’acheteur d’aller la retirer par lui-même ou
par un tiers mandaté à cet effet.
Si la chose vendue doit être livrée chez l’acheteur, il doit
désigner au vendeur le lieu de livraison ou de
déchargement.
A défaut de retirement, le vendeur pourra demander :
- L’exécution forcée,
- ou la résolution de la vente.
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CHAPITRE 2 – LES SPECIFICITES DE CERTAINS TYPES
DE CONTRAT DE VENTE

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Certains types de contrat de vente présentent des
spécificités particulières :
- le contrat de vente commercial,
- la vente à réméré (articles 585 à 600 du DOC)
- la vente à option (articles 601 à 612 du DOC)
- la vente selem (articles 613 à 618) et
- la vente d’immeuble en l’état futur d’achèvement
(articles 618-1 à 618-20 du DOC).

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1) LES SPECIFICITES DE LA VENTE COMMERCIALE

Acheter pour revendre c’est la définition classique de


l’acte de commerce tel qu’il est défini par l’article 6 de
la loi n°15-95 formant code de commerce.
Il ne faut oublier que la vente commerciale n’est pas
réglementée par le code du commerce et qu’elle obéit
donc aux règles générales du DOC ; toutefois, les
usages commerciaux jouent un rôle très important
ainsi que les dispositions légales particulières, par
exemple la loi sur la concurrence.

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a-La forme du contrat

• L’écrit n’est pas obligatoire, même pour les


ventes importantes, le contrat n’est rédigé qu’en
vue de ménager une preuve. En outre, en matière
commerciale, il existe très souvent des contrats
préétablis dans lesquels figurent « les conditions
générales de vente ».
• Un écrit est toutefois exigé, il s’agit de la facture
depuis la promulgation de la loi n°6/99 et ceci
essentiellement pour des raisons fiscales. La
facture doit contenir un certain nombre de
mentions obligatoires.

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b- Le consentement
L’offre de vente effectuée par un commerçant est
normalement impersonnelle et à durée
indéterminée ; elle résulte par exemple de la
présentation de marchandises en vitrine ou en étal,
de la diffusion de notices commerciales, de
catalogues de produits…
Toutefois, la loi sur la concurrence a fixé un certain
nombre de règles relative à la publicité et à la
protection du consommateur.

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Ainsi parfois, la simple proposition de contracter est aussi
réglementée en cas d’offre à distance par un vendeur
professionnel : informations permettant d’identifier le
vendeur, obligation de renseignement renforcé.
Par ailleurs, la proposition de contracter fait par
exposition prend la forme d’une offre ferme dans les
limites des quantités offertes. Il faut aussi préciser que
l’offre n’et pas seulement réglementée dans son contenu
et son expression mais elle peut l’être également dans la
durée. L’acceptation de l’acheteur ne peut résulter de son
silence comme dans le droit commun.
Le régime de l’acceptation de la vente commerciale
entraîne souvent des difficultés car elle est ralentie par
un délai de réflexion donné dans certains cas à l’acheteur
et notamment par l’exercice du droit de rétractation.

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• La pratique commerciale a introduit des conditions
résolutoires ou suspensives au profit de l’acheteur. C’est
par exemple le cas de la vente par dépositaire dans
laquelle l’acheteur achète pour revendre et se réserve le
droit de restituer les marchandises invendues, l’acheteur
ne paie donc pas le prix immédiatement, il ne paiera que
ce qu’il a vendu ; on rencontre ce type de contrat dans le
commerce de journaux ou les librairies.
• Attention toutefois à ce que le contrat ne change pas de
qualification et soit assimilé un dépôt. C’est aussi le cas
de la vente dite à l’essai dans laquelle l’acheteur se
réserve la faculté de tester les marchandises afin de
juger si elles lui conviennent, son appréciation ne pourra
porter que sur les qualités objectives des marchandises.
Si le vendeur prouve que l’essai est satisfaisant,
l’acheteur doit procéder à l’acquisition et il devient
propriétaire rétroactivement au jour de la conclusion du
contrat.
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c- l’objet
• La vente commerciale peut porter sur tout objet pouvant être
dans le commerce. Dans les contrats de vente commerciale, il
sera utilement précisé la qualité ou l’ensemble des qualités de
la chose objet du contrat, en l’absence de définition de ces
qualités, la marchandise devra être de qualité « loyale et
marchande ».
• La vente d’un corps certain emporte transfert de propriété
dès la conclusion du contrat et les risques sont donc à la
charge de l’acheteur. si la chose vient à périr avant la
livraison sans qu’il y ait faute du vendeur et l’acheteur devra
tout de même payer le prix. La vente de chose future
implique quant à elle que le risque pèse sur le vendeur qui a
l’obligation de satisfaire la livraison à son client dans les
termes et conditions prévus au contrat.
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S’agissant de la vente de chose de genre, il faut
distinguer :
- le cas de la vente en bloc pour laquelle le transfert de
propriété s’effectue lors de la conclusion du contrat.
- la vente au poids, au compte ou à la mesure dans
laquelle le transfert de propriété ainsi que des risques
a lieu dès que les opérations spéciales de comptage,
de mesurage ou de pesage permettent
l’individualisation de l’objet de la vente.

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d-Les obligations
• La jurisprudence et la doctrine ont admis une troisième
obligation à la charge du vendeur (en sus de l’obligation de
délivrance et de celle de garantie) c’est l’obligation de
renseignement.
• En effet, le vendeur doit renseigner l’acheteur sur le produit
vendu, ses conditions d’utilisation et les dangers que l’usage
ou la consommation peuvent présenter. Cette obligation entre
dans le souci de la protection du consommateur compte tenu
de la diversité et de la technicité croissante des produits ainsi
que devant les nouvelles formes de distribution.
• Cette obligation de renseignement et ce devoir de conseil à
la charge du vendeur sont basés sur le consensualisme du
contrat de vente. Ainsi, pour accepter l’acheteur doit avoir
une connaissance suffisante de la chose.
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3) La vente à réméré (articles 585 à 600 DOC)
« vente avec faculté de rachat » ‫بيع الثنيا‬
L’article 585 du DOC définit la vente à réméré comme
étant « la vente par laquelle l’acheteur s’oblige,
après la vente parfaite, à restituer la chose au
vendeur contre remboursement du prix », il s’agit
donc d’une vente avec faculté de rachat.
La faculté de rachat est limitée dans le temps pour une
durée maximale de 3 ans (art. 586 DOC). Ce délai de
3 ans est d’ordre public, même le juge ne peut
prolonger ce délai. Toutefois, si c’est par la faute de
l’acheteur que le vendeur n’a pu exercer la faculté de
rachat, l’expiration du délai fixé ne l’empêche pas
d’exercer son droit.
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• Pendant la durée du délai, l’acheteur peut jouir de la
chose vendue à titre de propriétaire, il en perçoit les
fruits et exerce toutes les actions relatives à la chose
pourvu que ce soit sans fraude.
• Le vendeur peut exercer son action de rachat contre
un second acquéreur quand bien même la faculté de
rachat n’aurait pas été déclarée dans le second contrat.
Si le vendeur n’exerce pas son droit de rachat dans le
délai stipulé au contrat, il perd son droit.
• Si au contraire, le vendeur exerce son droit de rachat,
la chose vendue est censée n’avoir jamais cessé de lui
appartenir.
• La faculté de réméré s’exerce par notification faite par
le vendeur à l’acquéreur de sa volonté d’effectuer le
rachat ; le vendeur doit en même temps faire une offre
de prix Pr M'hamed AQABLI FpBm
• Le vendeur qui use du pacte de rachat ne peut
rentrer en possession de la chose vendue qu’après
avoir remboursé :
- le prix qu’il a touché,
- les dépenses qui ont augmenté la valeur de la
chose.
• L’acheteur doit restituer :
- la chose ainsi que tous ses accroissements depuis
la vente,
- les fruits qu’il a perçus depuis le jour où le prix a été
payé. L’acheteur a un droit de rétention du chef des
remboursements qui lui sont dus.
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• En France, la technique de vente à réméré a trouvé
une nouvelle jeunesse comme étant une solution
aux problèmes de surendettement.
• En effet, cette opération s’adresse à des personnes
physiques qui ne peuvent obtenir de crédits
bancaires soit parce qu’elles sont fichées à la
Banque de France ou que leur taux d’endettement
est trop important. Le produit de la vente sert alors
à rembourser leurs dettes ou à réaliser un
investissement.

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4- La vente à option: ‫ بيع الخيار‬- ‫ أو البيع المعلق على شرط واقف‬-( sous
condition suspensive en faveur de l’une des parties au contrat)
régie par les articles 601 à 618 du DOC.
• Dans ce cadre, la vente est faite sous la condition que
l’acheteur ou le vendeur aura le droit de se départir du
contrat dans un délai déterminé :
• - 60 jours pour les immeubles,
• - 05 jours pour les choses mobilières.
Pendant le délai d’option, le droit aux fruits, accroissements
et accessions de la chose demeure en suspens ;
il passe avec la chose elle-même à la partie qui acquiert
définitivement la propriété.

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• Si la partie opte affirmativement dans le délai imparti,
la vente devient pure et simple et la chose est réputée
avoir appartenu à l’acheteur dès le jour du contrat.
• Si la partie qui s’est réservée le droit d’option laisse
passer le délai sans faire connaître sa décision, elle
est présumée, de plein droit, avoir accepté. L’acheteur
perd le droit de refuser la chose par tout fait impliquant
son intention de faire acte de propriétaire tel que :
- Hypothéquer, gager, vendre, louer la chose,
- dégrader volontairement ou transformer la chose
vendue.
Au contraire, le vendeur est présumé avoir opté
négativement et perd le droit d’exiger l’exécution de la
vente dans les cas prévus ci-dessus.

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• Lorsque la partie opte négativement, le contrat est
réputé non avenu et les parties doivent se restituer
réciproquement ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre.
• L’acheteur qui ne peut restituer la chose ou la
restitue détériorée pour une cause non imputable à
son fait ou à sa faute n’est tenu d’aucune
responsabilité.

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5- La vente Salam ‫( بيع السلم‬à livrer avec avance de prix)
réglementée par le articles 613 à 618 du DOC.

• La vente « salam » est un contrat par lequel l’une des parties


avance une somme déterminée en numéraire à l’autre partie,
qui s’engage de son côté à livrer une quantité déterminée
d’objets mobiliers dans un délai convenu.
• Ce contrat ne peut être prouvé que par écrit. Le prix doit être
payé au vendeur intégralement dès la conclusion du contrat.
Lorsque dans une vente dite à livrer, les vendeurs ne se sont
pas exécutés dans les délais et que le produit de la vente
n’existe plus, l’acheteur peut :
- demander la résolution du contrat,
- ou la restitution du prix.

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Ce type de contrat est souvent utilisé au Maroc en
matière de vente de récoltes, notamment de céréales.
Ainsi, les choses qui font l’objet de ce type de contrat
de vente doivent être déterminées par qualité, poids et
mesure selon leur nature.
Si le débiteur est empêché, pour cause de force
majeure, de livrer ce qu’il a promis, sauf faute de sa part,
le créancier peut choisir d’attendre la prochaine
récolte (article 618 DOC).
Si au plus tard l’année suivante la totalité des produits
de la vente est enfin disponible, l’acheteur est tenu de le
recevoir et n’a plus la faculté de résoudre le contrat. Si
au contraire, le produit n’existe pas, le créancier peut
demander la résolution du contrat.
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Merci de votre attention

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