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Le recrutement se finalise par la formation d’un contrat de travail valide et suppose l’accord
de volonté des deux parties.
L’article L. 1221-1 CT dispose que :
« Le contrat de travail est soumis aux règles du droit commun. Il peut être établi selon
les formes que les parties contractantes décident d'adopter. »
Comme tout contrat, le contrat de travail est un accord de volontés entre deux parties, destiné à
créer des obligations :
(art. 1101 du code civil : « Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. »)
Selon l’article 1128 du code civil, le contrat de travail n’est valide que sous réserve de :
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a/ Le consentement des parties
Le contrat de travail se forme par l’échange des consentements : on parle de contrat
consensuel.
Le consentement des parties doit être exempt de tout vice, sous peine de nullité.
L'erreur, le dol et la violence vicient le consentement lorsqu'ils sont de telle nature que,
sans eux, l'une des parties n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions
substantiellement différentes.
Le caractère déterminant est apprécié en fonction des personnes et des circonstances dans
lesquelles le consentement a été donné.
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Cours n°4
c/ Le contenu licite et certain du contrat
Comme tout contrat, pour être valable, le contrat de travail doit avoir un contenu :
- certain, qui consiste dans la fourniture d'une prestation de travail moyennant
rémunération,
- et licite, c'est-à-dire non prohibé par la loi ou contraire aux bonnes mœurs et à l'ordre
public.
Par exemple, le contrat ne doit pas être conclu dans le seul but de faire bénéficier, par la suite,
le salarié de prestations de chômage.
a/ Le formalisme de protection
Les informations suivantes sont nécessaires pour fournir une protection au salarié :
• Pas d'écrit imposé pour les CDI
• Cependant, la Directive européenne du 14 octobre 1991 oblige l'empoyeur à fournir au salarié dans les deux mois de l'embauche un document
relatant des informations écrites sur la relation contractuelle : identité des parties, lieu de travail, emploi occupé, salaire, durée du travail,
éléments du durée des congés payés...
contrat de travail • Cela peut se faire dans le cadre d'une lettre d'embauche ou copie de la déclaration préalable à l'embauche ou bulletin de paie
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Cours n°4
b/ Les formalités liées à l’embauche
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Cours n°4
c/ La visite d’information et de prévention
Tout salarié non affecté sur un poste à risque1 bénéficie à
l'embauche d'une visite d'information et de prévention, réalisée par un membre de
l'équipe pluridisciplinaire en santé.
La visite est organisée dans les 3 mois suivant la prise effective de poste.
Elle a notamment pour objet d'interroger le salarié sur son état de santé, de l'informer sur
son suivi médical et d'identifier si sa situation nécessite une orientation vers le médecin du
travail.
Lors de cette visite, un dossier médical en santé au travail est ouvert au salarié.
Le professionnel de santé lui délivre une attestation de suivi, également adressée à
l'employeur.
La visite d'information et de prévention est renouvelée périodiquement, selon une périodicité
fixée par le médecin du travail et qui ne peut pas excéder 5 ans.
Les salariés affectés à un poste présentant des risques particuliers pour leur santé, leur
sécurité ou celle de leurs collègues ou des tiers évoluant dans le même environnement de
travail ou encore les jeunes de moins de 18 ans affectés à des travaux dangereux, bénéficient
d'un suivi médical individuel renforcé.
NB : Ce suivi médical individuel renforcé a notamment pour objet de vérifier que le salarié est
médicalement apte au poste auquel il doit être affecté et, à défaut, de proposer des
adaptations ou l'affectation à d'autres postes. À l'issue de cet examen, le médecin du travail
délivre un avis médical d'aptitude ou, le cas échéant, d'inaptitude physique, qui est versé au
dossier médical du salarié.
Le salarié est revu par le médecin du travail selon une périodicité que ce dernier détermine et
qui ne peut pas excéder 4 ans. Une visite intermédiaire est effectuée par un membre de
l'équipe pluridisciplinaire au plus tard 2 ans après l'examen pratiqué par le médecin.
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Les postes à risque sont ceux exposant les salariés à des substances ou agents dangereux (amiante, plomb, agents cancérogènes, mutagènes
ou toxiques pour la reproduction, agents biologiques susceptibles de provoquer des maladies graves), aux rayonnements ionisants, au risque
hyperbare ou au risque de chute en hauteur lors des opérations de montage et de démontage d'échafaudages. Sont également visés les travaux
dangereux auxquels sont affectés les moins de 18 ans. L’employeur peut compléter cette liste après avis du médecin du travail et du CSE
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Sont ainsi interdites :
- Les clauses couperet : celles prévoyant une rupture de plein droit du contrat de
travail en raison de son âge ou du fait qu’il peut bénéficier d’une pension de retraite,
- Les clauses d’indexation : sont interdites et nulles, dans les conventions collectives,
accords d'entreprise et contrats individuels, les clauses prévoyant une indexation des
salaires sur le Smic, le niveau général des prix, le niveau général des salaires, ou le
prix de biens, produits ou services sans rapport avec l'activité de l'entreprise,
- Les clauses attributives de juridiction : les clauses prévoyant une compétence
autre que celles des CPH,
- Les clauses compromissoires : clauses par lesquelles les parties conviennent à
l’avance de soumettre à un arbitre tout litige éventuel qui naîtrait de l’exécution du
contrat,
- Les clauses portant atteinte aux droits fondamentaux et à la vie privée : il
n’est pas possible d’apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et
collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à
accomplir ni proportionnée au but recherché,
- Les clauses qui dérogeraient de manière générale à une disposition d’ordre
public (congés payés, protection des représentants du personnel…).
a/ La période d’essai
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Focus : distinction avec l’essai professionnel :
L’essai professionnel consiste en une épreuve ou un examen permettant à l'employeur de vérifier
la qualification professionnelle du postulant et son aptitude à occuper le poste demandé.
Il est de très courte durée et il n'y a pas de lien de subordination pendant son exécution, l'intéressé ne
se trouvant pas dans des conditions normales d'emploi.
L'employeur n'est pas tenu de rémunérer l'essai, sauf disposition conventionnelle contraire.
La période d’essai ne se présume pas c’est à celui qi s’en prévaut d’en rapporter la preuve (par
la loi, le contrat de travail, la convention collective).
NB : La période d'essai et la possibilité de la renouveler ne se présument pas. Elles sont
expressément stipulées dans la lettre d'engagement ou le contrat de travail (art. L. 1221-23
CT).
La période d’essai débute le 1er jour d’exécution du travail (date d’embauche) et se décompte
en jour calendaire.
Est-il possible de retenir une durée différente du maximum prévu par la loi ?
Par exception, les accords de branche conclus avant le 26 juin 2008, date d'entrée en vigueur
de la loi du 25 juin 2008 (de Modernisation sociale) et prévoyant une durée plus longue que
les durées maximales légales continuaient à recevoir application (anc. Art. L. 1221-22 CT).
Toutefois, la loi du 9 mars 2023 met fin à cette dérogation à compter du 9 septembre
2023. Les durées de période d'essai plus longues que les durées légales prévues
par ces accords de branche ne peuvent donc plus être appliquées à compter de
cette date.
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Par conséquent, seuls les maximums légaux sont désormais applicables en matière
de période d'essai.
Dans tous les cas, le contrat de travail (ou la lettre d'engagement) peut prévoir des durées plus
courtes, voire l'absence de toute période d'essai. De même, des durées plus courtes peuvent
être prévues par des accords collectifs conclus après le 26 juin 2008.
Focus sur la loi du 9 mars 2023 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de
l'Union européenne dans les domaines de l'économie, de la santé, du travail, des
transports et de l'agriculture (n° 2023-171).
Elle permet à la France d'entrer en conformité avec la directive 2019/1152 (relative à des conditions
de travail transparentes et prévisibles dans l'Union européenne) qui, sauf exception, fixe à 6 mois la
durée maximale pour une période d'essai.
Cela correspond à la notion de durée raisonnable de la période d’essai.
En effet, la Haute juridiction n'a pas hésité à sanctionner à plusieurs reprises certaines périodes
d'essai trop longues.
- À titre d'exemple, dans un arrêt du 10 mai 2012 la Cour de cassation a, au visa de la
Convention n° 158 de l'OIT (Convention sur le licenciement du 22 juin 1982), jugé
déraisonnable une période d'essai de 6 mois pour un poste d'assistante commerciale et ce
au regard de la finalité de la période d'essai et de l'exclusion des règles de licenciement
durant cette période. La convention collective applicable (convention collective du Crédit
Agricole) prévoyait pourtant une telle durée.
- ou encore une décision du 11 janvier 2012, à propos d'une période d'essai qui,
renouvellement compris, pouvait atteindre un an, pour un directeur de magasin,
- une période de stage d'un an pour un chargé d'affaires : décision du 4 juin 2009.
En fixant une interdiction de dépassement des limites légales le législateur s'inscrit dans la doctrine
de la Cour de cassation et veille au respect de l'unique fonction d'une période d'essai pour
l'employeur : vérifier les capacités professionnelles du salarié et son adéquation au poste.
La durée de la période d'essai peut-elle être réduite si le salarié était déjà présent
dans l'entreprise ?
Plusieurs cas particuliers sont envisagés :
- En cas d'embauche dans l'entreprise dans les 3 mois suivant l'issue d'un
stage intégré à un cursus pédagogique réalisé lors de la dernière année
d'études, la durée de ce stage doit être déduite de la période d'essai. Cela ne
doit pas conduire à réduire la période d'essai de plus de la moitié de sa durée, sauf
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accord collectif prévoyant des dispositions plus favorables. Toutefois, si l'embauche est
effectuée dans un emploi qui correspond aux activités qui étaient confiées au stagiaire
pendant son stage, la durée de celui-ci doit être intégralement déduite de la période
d'essai. NB : lorsque le salarié est embauché par l'entreprise à l'issue d'un stage
d'une durée supérieure à 2 mois, la durée de ce stage doit être prise en compte dans
l'ouverture et le calcul des droits liés à l'ancienneté. (Art. L. 1221-24 CT),
- Si le salarié était en intérim dans l'entreprise, la durée des missions au cours des
trois mois précédant son embauche doit être déduite de la période d'essai (art. L.1251-
38 CT), à condition que les fonctions exercées ne soient pas différentes,
- Lorsqu’un CDI fait suite à un CDD, la durée du CDD doit être déduite de la période
d'essai – art. L. 1243-11 CT. Si le salarié a exécuté plusieurs CDD successifs ou
entrecoupés de brèves périodes d'interruption, il convient de déduire de la période
d'essai la durée totale de ces CDD (Cass. soc. 9 oct. 2013 n° 12-12113).
Enfin, certains salariés sont soumis à des durées spécifiques de période d’essai :
- Les VRP : pas plus de 3 mois,
- Les apprentis : pendant les 45 premiers jours, consécutifs ou non, de formation
pratique en entreprise effectuée par l'apprenti – art. L. 6222-18 CT. Ne sont donc pas
pris en compte les jours de formation théorique passés en centre de formation des
apprentis (CFA), ni les jours où l'apprenti ne travaille pas (dimanches par exemple).
Il s'agit de donner le temps à l'employeur d'être sûr de son embauche et de
permettre au jeune de tester son orientation professionnelle.
- Les titulaires d'un CDD : la durée maximale de la période d'essai varie en fonction de
la durée du contrat de travail et selon que le CDD a un terme précis ou non – art. L.
1242-10 CT,
- Les salariés intérimaires : entre 2 et 5 jours – art. L. 1251-14 CT).
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a.4/ Prolongation ou renouvellement de la période d’essai
Prolongation Renouvellement
•incidence d'événéments sur la durée de la période •Si l’employeur ou le salarié n’ont pas disposé du temps
d'essai : elle sera prolongée en fonction de la durée de nécessaire pour apprécier les compétences du salarié ou
suspension du contrat de travail (arrêt maladie, congés si le poste convient, il est possible de renouveler la
sans solde, fermeture de l'entreprise...) période d’essai, sous certaines conditions.
•décompte en jours calendaires •renouvellement possible une seule fois et sous 2
conditions :
•si prévu par accord de branche étendu qui fixe les
conditions et durée
•si prévu dans la lettre d'engagement ou le contrat de
travail
•le renouvellement doit être accepté par le salarié
(volonté claire et non équivoque)
•durée de la période d'essai, renouvellement inclus, fixé
par la loi (voir la durée).
•en cas de non-respect des conditions = licenciement
sans cause réelle et sérieuse
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La période d'essai, renouvellement inclus, ne peut être prolongée du fait de la durée du délai
de prévenance. En pratique il faut donc anticiper ce délai et la date de rupture.
Ainsi lorsque l'employeur met fin à la période d'essai avant son terme, la rupture ne s'analyse
pas en un licenciement même si l'employeur n'a pas respecté le délai de prévenance.
Une indemnité pourra être versée à ce titre.
En effet si l'employeur veut rompre la période d'essai avant la fin de cette période et si le délai
de prévenance se poursuit au-delà du terme il doit libérer le salarié au terme de la période
d'essai et verser une indemnité pour les jours restants.
L'indemnité compensatrice due en cas de non-respect du délai de prévenance est égale au
montant des salaires et avantages que le salarié aurait perçus s'il avait exécuté le préavis,
indemnité compensatrice de congés payés comprise.
En cas de non-respect du délai de prévenance l'employeur est susceptible de verser au salarié
une indemnité égale au salaire correspondant à la durée de ce délai de prévenance.
Rupture abusive :
Même si la rupture de l'essai n'a pas à être motivée, les circonstances de la rupture peuvent
révéler une attitude fautive de l'employeur ou du salarié.
En particulier :
- La période d'essai étant destinée à apprécier la valeur professionnelle du salarié, sa
rupture par l'employeur pour un motif non inhérent à la personne du salarié est abusive
(Cass. soc. 10 avril 2013 n° 11-24794),
- De même, l'interruption de l'essai par le salarié du fait de l'inexécution de ses
obligations par l'employeur s'analyse en une rupture abusive imputable à ce dernier
(Cass. soc. 7 fév. 2012 n° 10-27525).
- La rupture de la période d'essai pour un motif discriminatoire est nulle (Cass. soc. 16
fév. 2005 n° 02-43402) :
« Mais attendu que les dispositions de l'article L. 122-45 du Code du travail sont
applicables à la période d'essai ;
Et attendu que la cour d'appel, ayant constaté que l'employeur avait manifestement
souhaité écarter un salarié en raison de ses récents problèmes de santé, a légalement
justifié sa décision ; »
- Si l’employeur ne laisse pas au salarié un temps suffisant pour faire ses preuves (CA
Paris 11 dec. 2008 n° 07-2548)
- ou si elle intervient pour un motif économique (Cass. soc. 20 nov. 2007 n° 06-41212).
b/ La clause d’objectifs
Le contrat de travail peut prévoir une clause fixant des objectifs ou des quotas à atteindre.
Il s'agira le plus souvent de la réalisation d'un chiffre d'affaires minimum sur une période
déterminée ou la conclusion d'un nombre minimum d’affaires.
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Les objectifs doivent être réalisables. En cas de contestation ce sera au juge d'apprécier le
caractère réaliste des objectifs fixés.
Si le salarié ne réalise pas les objectifs fixés, le non-respect de la clause ne justifiera le
licenciement qu'en cas d'insuffisance professionnelle ou de fautes commises par le salarié.
Ne sera pas justifié le licenciement reposant sur un résultat dû, non pas au manque de
compétence du salarié, mais à la situation économique de l'entreprise ou à la politique
commerciale de la direction, ou si les objectifs fixés ne sont pas réalisables.
c/ La clause d’exclusivité
Il s’agit de la clause qui interdit au salarié pendant l’exécution du contrat de travail
d’exercer une autre activité, hors de l’entreprise, dans un secteur concurrent ou
non.
Elle doit être écrite et acceptée par le/la salarié(e) et est interdite dans les contrats à
temps partiel.
Elle n’interdit pas au salarié l’exercice d’une activité bénévole.
La clause obligeant le salarié à consacrer l'exclusivité de son activité à l'employeur
n'est valable que si elle est indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise,
justifiée par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherché.
Est illicite la clause d'exclusivité rédigée en termes généraux et imprécis, ne spécifiant
pas les contours de l'activité complémentaire interdite (bénévole ou lucrative, professionnelle
ou de loisirs) et ne permettant pas de limiter son champ d'application (Cass. soc. 16 mai 2018
n° 16-25272) :
« Mais attendu qu'ayant constaté que la clause d'exclusivité était rédigée en termes généraux
et imprécis ne spécifiant pas les contours de l'activité complémentaire qui serait envisagée par
le salarié, activité bénévole ou lucrative, professionnelle ou de loisirs et qu'ils ne permettaient
pas dès lors de limiter son champ d'application ni de vérifier si la restriction à la liberté du travail
était justifiée et proportionnée, la cour d'appel, qui n'avait pas à procéder à une recherche
inopérante au vu de ces constatations, a légalement justifié sa décision ; »
Si la clause est licite, sa violation par le salarié peut justifier son licenciement disciplinaire.
d/ La clause de mobilité
d.1/ Définition
Elle consiste à prévoir contractuellement l’éventualité d’une modification du lieu de travail du
salarié. Ainsi le salarié accepte par avance expressément toute nouvelle affectation
géographique.
Elle ne se présume pas et doit être prévue au contrat de travail ou dans la convention
collective.
NB : si la convention collective prévoit son caractère facultatif et que le contrat de
travail n’en stipule pas, la clause de mobilité conventionnelle ne sera pas applicable.
Dans le cas inverse si la convention collective la prévoit de façon obligatoire mais
pas le contrat de travail, la clause de mobilité trouvera application, sous réserve que le
salarié en ait été averti lors de son embauche et mis en demeure d’en prendre
connaissance.
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d.2/ Conditions de validité
ð L'employeur peut imposer une mutation au salarié dont le contrat de travail comporte
une clause de mobilité, à la condition que celle-ci définisse de
façon précise sa zone géographique d'application et ne confère pas à
l'employeur le pouvoir d'en étendre unilatéralement la portée.
Une clause portant sur tout le territoire national peut être valable (Cass. soc. 9 juill. 2014 n°
13-11306) :
« Vu l'article L. 1232-1 du code du travail, ensemble l'article 1134 du code civil ;
Attendu, selon les arrêts attaqués, que M. X...et trois autres salariés ont été engagés
par la société Euro Cargo Rail en qualité de coordinateurs des opérations France ; que
leur contrat de travail prévoyait une clause de mobilité ainsi libellée : « Compte tenu
de la nature de ses fonctions, M... prend l'engagement d'accepter tout changement de
lieu de travail nécessité par l'intérêt ou le fonctionnement de l'entreprise dans la limite
géographique du territoire français sans que ce changement constitue une modification
du contrat de travail » ; qu'exerçant leur activité à Frouard en Meurthe-et-Moselle, ils
ont été licenciés pour avoir refusé leur mutation à Paris ; qu'ils ont saisi la juridiction
prud'homale ;
Attendu que pour dire le licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse, les arrêts
retiennent que la seule mention du « territoire français » ne peut suffire à rendre
précise la clause de mobilité puisque n'excluant pas les « DOM-TOM », que cette clause
ne comporte aucune précision sur sa zone géographique d'application et ne permet pas
au salarié, au moment de la signature du contrat, de savoir si elle concerne les
établissements existants ou également ceux à venir ;
Qu'en statuant ainsi, alors que la clause de mobilité définissait de façon précise sa zone
géographique d'application et ne conférait pas à l'employeur le pouvoir d'en étendre
unilatéralement la portée, la cour d'appel a violé les textes susvisés ; »
Un salarié ne pouvant pas accepter par avance un changement d'employeur,
la clause de mobilité par laquelle il s'engage à accepter toute mutation dans une autre
société est nulle, même si cette dernière appartient au même groupe (Cass. Soc. 19 mai
2016 n° 14-26556, 14 déc. 2022 n° 21-18633).
« Attendu qu'ayant relevé que le contrat de travail à temps partiel de la salariée prévoyait la
possibilité de la modification de la répartition du temps de travail en respectant un délai de
prévenance ainsi que les cas et la nature de la modification et qu'il comportait une clause de
mobilité géographique, la cour d'appel, qui a justement retenu que la modification effectuée par
l'employeur conformément à ces dispositions relevait de son pouvoir de direction a pu décider,
sans encourir aucun des griefs du moyen, que le refus de la salariée de rejoindre sa nouvelle
affectation constituait une faute grave : que le moyen n'est pas fondé ; ».
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Cours n°4
o à une salariée mère de 4 enfants, peu de temps avant son retour de congé
parental alors que le poste était libre depuis longtemps (Cass. soc. 14 oct. 2008
n° 07-43071)
o en cas de mutation sur un site distant de plus de 150 km alors que l'employeur
avait connaissance des difficultés matérielles du salarié et du mauvais état de
son véhicule (Cass. soc. 2 juill. 2003 n° 01-42046)
o imposée à un salarié ne disposant d'aucun moyen de transport en commun
pour se rendre sur le nouveau lieu de travail (Cass. soc. 10 janv. 2001 n° 98-
46226)
o sans respecter un délai de prévenance suffisant (Cass. soc. 21 juin 2006 n° 04-
44866 : pour un délai de 10 jours).
e/ La clause de non-concurrence
e.1/ Définition
La clause de non-concurrence est la clause par laquelle il est interdit au salarié, à
l'expiration de son contrat de travail soit de créer une entreprise concurrente soit
de passer au service d'une entreprise concurrente.
Distincte de l'obligation de loyauté, à laquelle le salarié se trouve soumis pendant la durée
d'exécution du contrat de travail, la clause de non-concurrence n'a vocation à
s'appliquer qu'après la rupture du contrat.
Elle peut être prévue au moment de la conclusion de celui-ci, ou y être insérée par la suite (il
s’agira alors d’une modification du contrat de travail qui devra avoir été acceptée par ce
dernier : Cass. soc. 1er avril 2020 n° 18-24472).
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Un écrit est nécessaire. La clause peut être d'origine contractuelle ou conventionnelle.
ð Intérêts de l’entreprise
Apportant une restriction à la liberté individuelle du salarié, l'obligation de non-concurrence ne
se justifie que si elle est indispensable à la protection des intérêts de l'entreprise.
Il n'est cependant pas nécessaire que la clause mentionne les risques concurrentiels encourus
(Cass. soc. 15 déc. 2021 n° 20-18144) :
« Vu le principe fondamental de libre exercice d'une activité professionnelle et l'article L.
1121-1 du code du travail :
5. Une clause de non-concurrence n'est licite que si elle est indispensable à la protection
des intérêts légitimes de l'entreprise, limitée dans le temps et dans l'espace, qu'elle tient
compte des spécificités de l'emploi du salarié et comporte l'obligation pour l'employeur de
verser au salarié une contrepartie financière, ces conditions étant cumulatives.
6. Pour déclarer nulle la clause de non-concurrence et débouter la société de ses demandes,
l'arrêt retient que la clause n'indique pas quels sont les intérêts légitimes que la
société entend protéger et qui justifient l'existence de l'interdiction de
concurrence, faute de définition de l'importance du risque économique et
commercial encouru, et que c'est donc en vain que la société soutient que l'intéressé
avait un contact constant avec la clientèle et la patientèle, qu'il avait connaissance des
fichiers clients et des prescripteurs médicaux, des stratégies commerciales, des conditions
commerciales, des tarifs pratiqués par l'entreprise, des appels d'offre en cours et des clients
privilégiés de l'entreprise dont la perte pouvait avoir des conséquences préjudiciables.
7. En statuant ainsi, alors que si la clause de non-concurrence doit être
indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise, cette
condition n'implique pas que soient mentionnés dans le contrat de travail les
risques concurrentiels encourus, la cour d'appel, qui a ajouté à la loi une condition
qu'elle ne prévoit pas, a violé les principe et texte susvisés. »
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Illustrations :
- Une clause de non-concurrence peut être opposée à un serveur en contact direct avec
la clientèle (Cass. soc. 1er mars 1995 n° 93-42754),
- ou au chef d'une agence de voyages (Cass. soc. 20 juin 1995 n° 93-40287)
- En revanche, n'est pas valable la clause prévue par le contrat de travail d'un laveur de
vitres (Cass. soc. 14 mai 1992 n° 89-45300) ou d'un télévendeur (Cass. soc. 11 juill.
2001 n° 99-42915) ou d'un magasinier sans contact avec la clientèle (Cass. soc. 19
nov. 1996 n° 94-19404).
Cette condition s’apprécie donc par rapport à la nature de l’emploi, la qualification et
les fonctions exercées par le salarié mais également à la nature de l’activité de l’entreprise
en cause : la clause de non-concurrence doit protéger l'entreprise contre un risque tel que la
perte d'un savoir-faire ou le détournement de sa clientèle.
Si cette condition n’est pas remplie => nullité de la clause.
ð Spécificités de l’emploi
La clause de non-concurrence doit laisser au salarié la possibilité d’exercer une activité
professionnelle conforme à sa formation et ses compétences professionnelles.
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ð Contrepartie financière
La contrepartie financière doit être prévue par le contrat de travail.
À défaut, celle prévue par la convention collective s'applique si le contrat s'y réfère
expressément (Cass. soc. 21 oct. 2020 n° 19-18387).
La clause de non-concurrence ne comportant pas le versement d'une indemnité (Cass.
soc. 29 janv. 2003 n° 00-44882) ou fixant une contrepartie dérisoire (Cass. soc. 15 nov.
2006 n° 04-46721) est illicite et donc inapplicable, le juge ne pouvant donc pas en fixer
le montant dans ce cas (Cass. soc. 16 mai 2012 n° 11-10760).
De même, la clause de non-concurrence applicable en cas de licenciement ne peut pas exclure
le versement de l'indemnité en cas de faute grave ou lourde (Cass. soc. 28 juin 2006 n° 05-
40990 ; Cass. soc. 4 juin 2008 n° 04-40609) :
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NB : La nullité de la clause ne fait pas obstacle à l'engagement d'une action
en concurrence déloyale contre le salarié par l'ancien employeur (Cass. soc. 28 janv. 2005 n°
02-47527).
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Cours n°4
Ce qu’il faut retenir
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-histoire/pourquoi-le-marchandage-a-
t-il-ete-interdit-en-1848-4854792
Mots clés :
Recrutement, agence nationale pour l’emploi, travailleurs handicapé, déclaration préalable à l’embauche,
déclaration sociale nominative, liberté d’embauche, promesse d’embauche, pourparlers, registre unique du
personnel, visite de prévention et d’information, consentement, déclaration préalable à l’embauche, période d’essai,
clause de mobilité, clause de non-concurrence, clause d’exclusivité.
Année 2023-2024 21
DCG 3
Cours n°4