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Si l’on compare nos lieux de travail d’aujourd’hui à ceux d’il y a 20 ans, bon
nombre d’entre nous dirons qu’il y a eu de véritables progrès. Avec raison
d’ailleurs.
Aujourd’hui, si les lieux de travail nous semblent plus propres et plus sécuritaires,
c’est parce qu’on a réussi à cibler ceux présentant un nombre élevé de dangers
évidents. Avec le recul, il semble que l’action syndicale, les grèves sauvages, les
grèves et la création de comité de santé et sécurité, en vertu d’une nouvelle
législation, aient réussi à soulever des montagnes au cours des années 70 et au
début des années 80, quant au règlement de problèmes liés à la santé et sécurité.
Au cours de cette période de vingt ans, les secteurs industriel et manufacturier ont
évolué, intégrant des processus de production automatisés, d’où une réduction des
effectifs et l’apparition de nouveaux dangers en matière de santé et de sécurité. La
main-d’oeuvre, jusqu’alors à prédominance industrielle, a commencé à affluer vers
le secteur des services.
Le secteur industriel par contre, était aux prises avec la première menace sérieuse et
généralisée pour le contrôle interne des lieux de travail; il a réagi en insistant pour
que le rôle des représentants et représentantes en santé et sécurité soit dépolitisé au
maximum.
Vers la fin des années 80 et au début des années 90, un nouveau cycle économique
et politique a commencé. Alors que l’économie sombrait dans une récession, les
grandes entreprises ont commencé à faire pencher le balancier vers la droite et la
politique gouvernementale a ouvert la voie à la déréglementation, au libre-échange,
à la réduction d’effectifs, à la décentralisation, à la dévolution, aux réformes
réglementaires et aux privatisations.
Au lieu de cela, les exigences liées au fardeau de la preuve pour faire reconnaître
des maladies professionnelles par des commissions des accidents du travail sont
rendues tellement élevées, que des années d’études épidémiologiques (l’étude de
travailleuses et travailleurs décédés ou malades) sont nécessaires. Les politiques
des commissions des accidents du travail visant les réclamations reliées au stress,
aux microtraumatismes répétées et à la douleur chronique font en sorte que
l’indemnisation de ces demandes peut être extrêmement difficile, voire illégale.
Les commissions des accidents du travail sont les victimes de la crise de la dette
(non provisionnée) fabriquée par les employeurs et reprise dans les campagnes
électorales du gouvernement. Les niveaux des prestations et les rentes d’accident
du travail ont été sabrés et l’admissibilité restreinte pour mieux gérer le soi-disant
déficit. Les services de réadaptation du système ont commencé à être privatisés et,
en fait, la menace de privatisation des parties entières du système administratif s’est
concrétisée, du moins dans une province.
Prévenir efficacement les accidents, les blessures et les maladies est devenu de plus
en plus difficile. À une époque de déréglementation (où des lois sont révoquées),
l’adoption de lois nouvelles et exécutoires visant de nouveaux dangers connus et
inconnus, semble quasi impossible, surtout que les gouvernements n’arrivent même
plus à faire respecter les lois existantes.
Les travailleuses et travailleurs ont plutôt été contraints à devenir des quasi-
régulateurs ou agents de la paix dans leur propre milieu de travail — sans pouvoir
imposer d’amende ou de sanction aux employeurs qui dérogent à la loi et qui
mettent en péril leur santé et leur sécurité. Par conséquent, leur participation à des
comités de santé et de sécurité est une lutte constante contre les tentatives de
cooptation de l’employeur. Les employeurs invoquent constamment l’argument
voulant que la démarche coopérative mandate les représentantes et représentants
syndicaux en santé et sécurité de trouver des moyens pour que les membres —
plutôt que les employeurs — se conforment à certaines règles.
Même lorsque les comités de santé et de sécurité sont efficaces, le système actuel
ne laisse aucune place pour faire la promotion de programmes véritablement
progressistes en milieu de travail. Les travailleuses et travailleurs n’ont pas le droit
de déclencher de grève spontanée ou de participer à des refus collectifs d’exécuter
des tâches dangereuses. Les cas individuels de refus se font de plus en plus rares
étant donné qu’en dépit de la loi, les employeurs imposent des mesures
disciplinaires et que l’application invariablement laxiste des lois prouve aux
travailleuses et travailleurs que leurs droits sont extrêmement limités. Il n’est pas
étonnant que même les comités les plus efficaces trouvent qu’il est de plus en plus
difficile d’obtenir des résultats.
Les résultats obtenus par les comités mixtes continueront de se faire plus rares sans
mesures immédiates du mouvement syndical pour amener les représentants et
représentantes en santé et sécurité au coeur du mouvement syndical et pour
réinsuffler un esprit de militantisme dans le domaine de la santé et sécurité et des
indemnisations des accidents du travail.
Les travailleuses et travailleurs de l’ensemble des provinces ont perdu toute illusion
face aux programmes gouvernementaux en matière d’hygiène et de sécurité au
travail, alors que les blessures, les décès et les maladies continuent de survenir dans
leurs lieux de travail. Nous devons trouver un moyen d’obtenir une réglementation
rigoureuse et moderne qui doit également être appliquée de façon efficace par un
organisme externe qui, par définition, doit avoir un préjudice favorable à l’égard de
la protection de la santé des travailleuses et travailleurs.
Les réalisations importantes qui ont découlé du militantisme syndical au cours des
années 70 et 80 risquent d’être éliminées suite à l’influence patronale, aux
politiques gouvernementales, aux structures syndicales mal adaptées et à l’apathie
de nos propres membres.
Éducation Et Militantisme
Négociation Collective
Nos objectifs
Réunir et publier des études de cas portant sur les lieux de travail ayant déjà
des programmes complets.
Réunir et publier des études de cas traitant de réclamations et de régimes
d’assurance qui ont mené à l’exploitation de travailleuses et travailleurs.
Examiner le rôle du droit d’intenter des poursuites dans le cadre de notre
lutte pour obtenir un système complet de protection contre l’invalidité.
Examiner les forces et les faiblesses des systèmes actuels, en tenant compte
du fait que la crise que nous traversons actuellement découle des lacunes
inhérentes aux lois et règlements relatifs à l’indemnisation des accidents du
travail et à l’hygiène et la sécurité au travail, de même que du programme de
la droite.
Préparer un document conceptuel traçant les grandes lignes d’un système
complet de protection contre l’invalidité pouvant servir de document de
travail au mouvement syndical.
Prologue
Jusqu’à présent, aucun organisme affilié du Congrès du travail du Canada n’a refusé
d’appuyer le rapport et ses recommandations.
Les nouvelles orientations et toutes les recommandations comprises dans le rapport ont été
soumises au Sous-comité des nouvelles stratégies du Congrès du travail du Canada, formé
récemment. Le Sous-comité des nouvelles stratégies s’est réuni pour la première fois en mars
1997 et a élaboré un programme ambitieux en vue de la mise en oeuvre des recommandations
du rapport sur les nouvelles stratégies. Un rapport provisoire sera soumis au Comité de la
santé et de la sécurité du CTC en juin 1997 et un rapport complet sera présenté à l’automne de
1997.