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Nouvelles Stratégies En Matière De Santé Et De Sécurité

Quelques Notes Au Sujet Du Sous-Comité Des Nouvelles Stratégies:

Le Sous-comité des nouvelles stratégies a été formé en 1996 par le Comité de la


santé et de la sécurité et le Sous-comité sur l’indemnisation des accidents du travail
du CTC. Il est chargé d’examiner les questions auxquelles font face les militantes et
militants syndicaux dans ce domaine et de faire des recommandations précises en
vue de la mise en oeuvre d’un programme proactif et cohérent, axé sur le
changement.

Les personnes suivantes font partie du sous-comité:

 Andy King, Métallurgistes unis d’Amérique


 Cathy Walker, Travailleurs canadiens de l’automobile
 Karl Crevar, Ontario Network of Injured Workers’ Groups
 John Weir, Fédération du travail de la Colombie-Britannique
 Jacquie Griffiths, Fédération du travail de la Saskatchewan et Syndicat
canadien de la fonction publique
 Neil Ménard, Syndicat des travailleurs de l’industrie du bois et leurs alliés du
Canada
 Anthony Pizzino, Syndical canadien de la fonction publique
 Jeff Bennie, Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes
 Mona Sykes, Syndicat des fonctionnaires provinciaux et de service de la
Colombie-Britannique/SNEGSP
 Larry Stoffman, Syndicat international des travailleurs et travailleuses unis
de l’alimentation et du commerce.
 Secrétaire: Amber Hockin, Congrès du travail du Canada

Les confrères Jim Pare, Fédération du travail de l’Ontario et George Heyman,


Syndicat de la fonction publique de la Colombie-Britannique/SNEGSP ont aussi
prêté main forte au sous-comité.

Le sous-comité des nouvelles stratégies s’est réuni à quatre reprises au cours de


l’année. Il a soumis son rapport final à l’approbation du Comité de la santé et de la
sécurité du Congrès du travail du Canada en novembre 1996.

Le rapport comprend un bref historique sur la santé, la sécurité et l’indemnisation


des accidents du travail, présenté du point de vue syndical. Il fait un exposé de la
situation économique et politique actuelle et de ses répercussions sur les militants et
militantes et les membres des syndicats. En plus, il prévoit une stratégie syndicale
nationale axée sur des objectifs proactifs et réalistes, à court et à long termes, dans
les domaines suivants : éducation et militantisme, mise en application, rapports
avec le gouvernement, négociation collective et indemnisation des accidents du
travail. Enfin, il demande que le Congrès du travail du Canada prépare un
document conceptuel traçant les grandes lignes d’un système complet de protection
contre l’invalidité.

L’état Des Systèmes D’indemnisation Des Accidents Du Travail Et De Santé


Et Sécurité

Si l’on compare nos lieux de travail d’aujourd’hui à ceux d’il y a 20 ans, bon
nombre d’entre nous dirons qu’il y a eu de véritables progrès. Avec raison
d’ailleurs.

Aujourd’hui, si les lieux de travail nous semblent plus propres et plus sécuritaires,
c’est parce qu’on a réussi à cibler ceux présentant un nombre élevé de dangers
évidents. Avec le recul, il semble que l’action syndicale, les grèves sauvages, les
grèves et la création de comité de santé et sécurité, en vertu d’une nouvelle
législation, aient réussi à soulever des montagnes au cours des années 70 et au
début des années 80, quant au règlement de problèmes liés à la santé et sécurité.

Le militantisme syndical a réussi à faire inscrire trois droits fondamentaux — le


droit de savoir, le droit de participer et le droit de refuser d’exécuter un travail
dangereux — d’abord dans des conventions collectives, puis dans les lois.
Concurremment, nous avons aussi aidé à élaborer les règlements en matière de
santé et sécurité les plus progressifs de notre histoire, en obtenant de nouvelles
dispositions pour protéger les travailleuses et travailleurs contre une foule de
dangers. Grâce à des campagnes de sensibilisation d’envergure, les travailleuses et
travailleurs ont davantage pris conscience de l’aspect santé et sécurité au travail.

Au cours de cette période de vingt ans, les secteurs industriel et manufacturier ont
évolué, intégrant des processus de production automatisés, d’où une réduction des
effectifs et l’apparition de nouveaux dangers en matière de santé et de sécurité. La
main-d’oeuvre, jusqu’alors à prédominance industrielle, a commencé à affluer vers
le secteur des services.

La création de comités mixtes de santé et de sécurité étant devenue obligatoire en


vertu de la loi, les syndicats ont désormais été tenus de former des groupes de
personnes désignées comme représentants et représentantes en santé et sécurité, et
occupant des postes distincts de celui des déléguées et délégués d’atelier
traditionnels.

Le secteur industriel par contre, était aux prises avec la première menace sérieuse et
généralisée pour le contrôle interne des lieux de travail; il a réagi en insistant pour
que le rôle des représentants et représentantes en santé et sécurité soit dépolitisé au
maximum.

Dans l’ensemble, les syndicats ont accepté la dépolitisation dans le domaine de la


santé et sécurité comme étant un moyen de légitimer la présence de leurs
représentants et représentantes et d’accroître leur capacité de cerner les dangers et
d’apporter des changements en milieu de travail.

Le domaine de la santé et de la sécurité est devenu un domaine spécialisé et bon


nombre de militantes et de militants, aux prises avec des dangers industriels, sont
devenus des experts techniques en la matière et ont commencé à faire davantage
attention aux autres dangers surgissant dans le secteur non industrialisé.

Au fur et à mesure que le domaine changeait, tant au sein du mouvement syndical


que sur le plan des protections légales fondamentales, il a été écarté des activités
syndicales d’organisation et de négociation collective pour occuper sa place
légitime. La santé et sécurité a cessé d’être un enjeu de syndicalisation ou de
négociation et les salaires et avantages sociaux sont redevenus la principale
revendication.

Vers la fin des années 80 et au début des années 90, un nouveau cycle économique
et politique a commencé. Alors que l’économie sombrait dans une récession, les
grandes entreprises ont commencé à faire pencher le balancier vers la droite et la
politique gouvernementale a ouvert la voie à la déréglementation, au libre-échange,
à la réduction d’effectifs, à la décentralisation, à la dévolution, aux réformes
réglementaires et aux privatisations.

Tandis que la main-d’oeuvre continuait à diminuer, les demandes liées à la


productivité ont augmenté les taux de production — avec des rythmes accélérés,
imposant de telles cadences de travail que le nombre de microtraumatismes
répétées a augmenté de façon marquée. De nouvelles compositions chimiques
inconnues ont continué à faire leur apparition. Un plus grand nombre de maladies
professionnelles ont été signalées. De plus en plus de travailleuses et travailleurs
souffraient des symptômes reliés au syndrome des bâtiments malsains et de stress
accru en raison des charges de travail élevées et d’un contrôle moindre sur leur
travail. De plus, étant donné que la main-d’oeuvre avait vieilli, de plus en plus de
cas de maladies — attribuables aux dommages à l’environnement et à l’exposition
à certaines substances, 15 ou 20 ans auparavant, ont été notés.

Le système d’indemnisation des accidents du travail — mis en place pour venir en


aide aux travailleuses et travailleurs ayant subi un accident ou qui souffrent d’une
maladie professionnelle — a, ces dernières années, été remis en question. Il semble
que nous menons une lutte à n’en plus finir — et le programme de l’employeur ne
connaît aucun répit — laissant les militantes et militants frustrés, surmenés et
dépassés. Dans bon nombre de cas, les ressources du mouvement syndical
(humaines et financières) semblent s’amenuiser alors qu’on défend chaque cas
séparément dans chaque province. Chaque fois que le système est remis en
question, il s’érode davantage, ce qui a une incidence sur d’autres provinces, d’où
une détérioration sans fin.

Il ne fait aucun doute que l’engagement du mouvement syndical a, de façon


importante, réduit l’ampleur et l’impact de bon nombre de propositions régressives
visant à détruire le système d’indemnisation des accidents du travail.

Cependant, le mouvement syndical a toujours souhaité s’assurer que le système


d’indemnisation des accidents du travail — qui visait initialement le traitement des
cas de lésions visibles — s’adapte à l’évolution du travail et à ses conséquences.

Au lieu de cela, les exigences liées au fardeau de la preuve pour faire reconnaître
des maladies professionnelles par des commissions des accidents du travail sont
rendues tellement élevées, que des années d’études épidémiologiques (l’étude de
travailleuses et travailleurs décédés ou malades) sont nécessaires. Les politiques
des commissions des accidents du travail visant les réclamations reliées au stress,
aux microtraumatismes répétées et à la douleur chronique font en sorte que
l’indemnisation de ces demandes peut être extrêmement difficile, voire illégale.

Les commissions des accidents du travail sont les victimes de la crise de la dette
(non provisionnée) fabriquée par les employeurs et reprise dans les campagnes
électorales du gouvernement. Les niveaux des prestations et les rentes d’accident
du travail ont été sabrés et l’admissibilité restreinte pour mieux gérer le soi-disant
déficit. Les services de réadaptation du système ont commencé à être privatisés et,
en fait, la menace de privatisation des parties entières du système administratif s’est
concrétisée, du moins dans une province.

Les syndicats ont réagi en multipliant leurs revendications à la table de


négociations pour faire payer par l’employeur une indemnisation supplémentaire et
en négociant des programmes d’indemnisation additionnels, comme des prestations
pour incapacité à court et à long terme.

Les gouvernements et les commissions des accidents du travail de certaines


provinces sont ensuite intervenus et ont limité les droits des syndicats en rendant
les dispositions relatives au supplément — négociées collectivement — illégales.

Aujourd’hui, un grand nombre de travailleuses et travailleurs choisissent d’utiliser


leurs congés de maladie ou de recourir au régime d’assurance-invalidité, plutôt que
de lutter contre le système d’indemnisation des accidents du travail. Et cela en dépit
des inconvénients inhérents aux régimes d’assurance-invalidité privés, comme le
fait que dans un grand nombre de cas, il s’agit de régimes de pension contributif,
offrant de faibles prestations, très peu de services de réadaptation professionnelle,
aucun système d’appel, sans parler des couvertures à long terme, qui sont
habituellement pires. Le système d’indemnisation des accidents du travail a déçu
tellement de travailleuses et travailleurs — tant au niveau de la perception qu’en
réalité — qu’ils estiment que le recours à leurs régimes négociés collectivement —
plutôt qu’au système d’indemnisation des accidents du travail financé par
l’employeur — est bien plus rapide et fiable.

Prévenir efficacement les accidents, les blessures et les maladies est devenu de plus
en plus difficile. À une époque de déréglementation (où des lois sont révoquées),
l’adoption de lois nouvelles et exécutoires visant de nouveaux dangers connus et
inconnus, semble quasi impossible, surtout que les gouvernements n’arrivent même
plus à faire respecter les lois existantes.

La politique gouvernementale sur l’application des lois a pris la direction opposée;


l’inspecteur en santé et sécurité assume désormais un rôle d’éducateur et
d’animateur, plutôt que de faire appliquer la loi. Les dernières politiques adoptées
auront permis au gouvernement d’assumer encore moins de responsabilité en santé
et sécurité, se cachant derrière l’idée que les deux parties en cause peuvent, au
moyen du système de responsabilité interne et d’un esprit de coopération
(l’argument erroné voulant que la santé et la sécurité soient différentes de la
négociation collective), régler efficacement les problèmes, généralement sans
intervention régulatrice. Bien que l’objectif semble noble, il ne sert qu’à justifier les
coupures gouvernementales.

Les travailleuses et travailleurs ont plutôt été contraints à devenir des quasi-
régulateurs ou agents de la paix dans leur propre milieu de travail — sans pouvoir
imposer d’amende ou de sanction aux employeurs qui dérogent à la loi et qui
mettent en péril leur santé et leur sécurité. Par conséquent, leur participation à des
comités de santé et de sécurité est une lutte constante contre les tentatives de
cooptation de l’employeur. Les employeurs invoquent constamment l’argument
voulant que la démarche coopérative mandate les représentantes et représentants
syndicaux en santé et sécurité de trouver des moyens pour que les membres —
plutôt que les employeurs — se conforment à certaines règles.

Avec la structure syndicale actuelle — où souvent les représentantes et


représentants syndicaux en santé et sécurité sont isolés des membres du comité
exécutif (d’où un manque de soutien et d’obligation de rendre compte) — la
menace de cooptation est plus grave.

Même lorsque les comités de santé et de sécurité sont efficaces, le système actuel
ne laisse aucune place pour faire la promotion de programmes véritablement
progressistes en milieu de travail. Les travailleuses et travailleurs n’ont pas le droit
de déclencher de grève spontanée ou de participer à des refus collectifs d’exécuter
des tâches dangereuses. Les cas individuels de refus se font de plus en plus rares
étant donné qu’en dépit de la loi, les employeurs imposent des mesures
disciplinaires et que l’application invariablement laxiste des lois prouve aux
travailleuses et travailleurs que leurs droits sont extrêmement limités. Il n’est pas
étonnant que même les comités les plus efficaces trouvent qu’il est de plus en plus
difficile d’obtenir des résultats.

Au moment de sa création, le système de responsabilité interne était un concept


important parce qu’il légitimait le rôle des travailleuses et travailleurs et de leurs
syndicats sur le plan de l’identification des dangers et de l’élaboration de mesures
de prévention. Depuis, cependant, la situation a évolué à bien des égards. Nous
avons reconnu que tant les employeurs que les gouvernements se servent de la
responsabilité interne pour éviter leurs propres responsabilités dans le domaine de
la santé et sécurité — les premiers, pour éviter d’avoir à fournir des lieux de travail
conformes aux normes de santé et de sécurité, les deuxièmes, pour éviter d’avoir à
veiller à l’application des lois. Les limites de notre participation telles qu’elles sont
imposées par l’évolution du système de responsabilité interne, de même que le
retrait du gouvernement de l’application des lois font que les comités de santé et de
sécurité — reposant uniquement sur le système de responsabilité interne — sont,
dans le meilleur des cas, une idée qui manque de crédibilité, si non, comme
l’illustre le cas Westray, extrêmement dangereuse.

Pendant que l’économie et le marché de l’emploi continuent de se resserrer, les


travailleuses et travailleurs ne savent pas d’un jour à l’autre s’ils conserveront leur
emploi, donc un grand nombre d’entre eux sont moins enclins à exprimer leurs
préoccupations au chapitre de la santé et la sécurité. Les travailleuses et travailleurs
n’ont pas l’occasion de changer d’emploi pour en occuper un qui serait plus
sécuritaire parce que pour un grand nombre de Canadiens et de Canadiennes, la
chance de trouver un autre emploi est nulle. Les syndicats doivent trouver des
façons de rejoindre leurs membres et de les faire participer à la lutte pour le
changement, en dépit de l’apathie et du climat économique actuels.

Nous savons très bien ce qui nous attend.

Certains syndicats ont réussi à accroître le degré d’intervention gouvernementales


grâce à l’inclusion dans leur convention collective de dispositions prévoyant le
règlement de conflits en matière de santé et sécurité au moyen de la procédure de
règlement de griefs et d’arbitrage et se sont dotés d’une structure qui fait que la
santé et la sécurité font partie intégrante de leurs services d’organisation et de
soutien aux membres. Cependant, la majorité des syndicats ont des conventions
collectives qui ont des dispositions limitées et des structures internes qui isolent les
militants et militantes en santé et sécurité et les comités connexes des membres du
comité exécutif du syndicat.

Le système d’indemnisation des accidents du travail a, dans toutes les juridictions,


été érodé au point où il ne peut plus adéquatement répondre aux incidences du
travail d’aujourd’hui. De plus en plus de travailleuses et travailleurs blessés ou
malades doivent demander des prestations d’aide sociale ou d’autres programmes
d’invalidité. Nous assistons présentement à une réforme intégrale du système
social, ce qui rend encore plus précaire la viabilité physique et économique de ces
personnes. Les travailleuses et travailleurs souffrant de maladies professionnelles et
d’incapacité permanente n’ont jamais obtenu ce à quoi ils avaient droit, quel que
soit le programme social. Vu l’orientation idéologique qui prévaut actuellement, il
est peu probable que la situation aille en s’améliorant. Nous savons pertinemment
que demain nous seront confrontés à la menace d’autres coupures touchant au
système d’indemnisation des accidents du travail.

La santé, la sécurité, l’environnement et l’indemnisation des accidents du travail


ont été perçus comme des questions techniques plutôt que des questions syndicales,
sociales et politiques. Cette manière de voir a bien servi les employeurs et les
gouvernements qui cherchent à dépolitiser la santé et la sécurité et l’indemnisation
des accidents du travail.

Les résultats obtenus par les comités mixtes continueront de se faire plus rares sans
mesures immédiates du mouvement syndical pour amener les représentants et
représentantes en santé et sécurité au coeur du mouvement syndical et pour
réinsuffler un esprit de militantisme dans le domaine de la santé et sécurité et des
indemnisations des accidents du travail.

Les travailleuses et travailleurs de l’ensemble des provinces ont perdu toute illusion
face aux programmes gouvernementaux en matière d’hygiène et de sécurité au
travail, alors que les blessures, les décès et les maladies continuent de survenir dans
leurs lieux de travail. Nous devons trouver un moyen d’obtenir une réglementation
rigoureuse et moderne qui doit également être appliquée de façon efficace par un
organisme externe qui, par définition, doit avoir un préjudice favorable à l’égard de
la protection de la santé des travailleuses et travailleurs.

Les réalisations importantes qui ont découlé du militantisme syndical au cours des
années 70 et 80 risquent d’être éliminées suite à l’influence patronale, aux
politiques gouvernementales, aux structures syndicales mal adaptées et à l’apathie
de nos propres membres.

Si le mouvement syndical ne se dote pas d’une stratégie nationale axée sur


l’atteinte d’objectifs réalistes à court et à long terme, nous continuerons de lutter de
façon fragmentée et réactive, plutôt que de nous concentrer pour amener des
changements progressifs. Pour toutes ces raisons, le confrère Dick Martin,
secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada et président du Comité de la
santé et de la sécurité, a mandaté le Sous-comité des nouvelles stratégies
d’examiner les questions relatives à l’indemnisation des accidents du travail et à la
santé et sécurité au travail et de recommander au Comité de la santé et de la
sécurité au travail et au sous-comité sur l’indemnisation des accidents du travail du
CTC un certain nombre d’options ou de stratégies.
Recommandations

Éducation Et Militantisme

Le mouvement syndical doit se réapproprier les questions relatives à la santé, la


sécurité, l’environnement et l’indemnisation des accidents du travail et sensibiliser
la population et les hommes et femmes politiques à celles-ci — la santé et la
sécurité, c’est une question syndicale!

 Autrement dit, il faut que le mouvement syndical remette à l’ordre du jour


les questions touchant à la santé, la sécurité, l’environnement et
l’indemnisation des accidents du travail. Les aspects environnementaux et
philosophiques doivent être intégrés au volet santé et sécurité de façon à
éliminer toute distinction entre les sujets — tant au niveau de la structure
syndicale que de l’éducation. Les aspects relatifs à la santé, à la sécurité et à
l’environnement doivent tenir une place plus importante au sein des activités
menées par le syndicat, qu’il s’agisse d’organisation, de recherche ou de
négociation collective.
 Il faut régler les problèmes qui existent au sein de nos comités mixtes de
santé et de sécurité, trouver des façons de venir à bout des tentatives de
cooptation dans ce domaine et corriger le rapport de force inégale au travail
qui permet à un grand nombre de comités de demeurer disfonctionnels.
 Pour rendre nos luttes visant la santé, la sécurité et l’indemnisation des
accidents du travail plus efficaces, nous devons sensibiliser le leadership, le
personnel et les membres du syndicat.
 La propagande de droite est efficace et influente. Cependant, compte tenu de
l’appui du public pour les questions touchant à la santé, la sécurité et
l’environnement, nous devons découvrir quelles questions sont suffisamment
importantes aux yeux des membres pour qu’ils veuillent s’y intéresser
personnellement et leur offrir le soutien organisationnel nécessaire.
 Il faut rendre les comités de santé et de sécurité plus efficaces, proactifs et
les intégrer davantage à la structure du syndicat.
 Nous devons fournir une éducation non traditionnelle pour contrecarrer
l’idéologie de droite. En nous servant des problèmes comme des outils
d’organisation, nous pouvons obtenir l’appui du public pour effectuer des
changements. L’opinion publique reflète l’opinion des membres.

Campagne De Mise En Application

Mise en application inadéquate — absence de mesures préventives — absence


de justice

 Nous devons revendiquer le droit de participer aux modifications touchant à


la politique d’application du gouvernement. La mise en application doit être
assurée par des inspecteurs du gouvernement qui, de par leur formation,
auront un préjudice favorable à l’égard de la protection de la santé et de la
sécurité des travailleuses et travailleurs, plutôt que des grandes entreprises.
Advenant un refus du gouvernement, nous devrons alors élaborer notre
propre politique de mise en application à l’intention des syndicats et des
comités locaux de santé et de sécurité. Cette politique sera également incluse
dans notre documentation à l’intention des médias et des hommes et femmes
politiques.
 Il faut mobiliser les comités de santé et de sécurité au travail pour exiger la
mise en application des lois relatives à la santé et la sécurité et à
l’environnement et dénoncer publiquement les échecs relatifs aux mises en
application.
 Il faut préparer de la documentation à l’intention des médias et des hommes
et femmes politiques présentant des témoignages de travailleuses et
travailleurs malades ou blessés. Il faut donner un visage humain aux
statistiques, citer des exemples de mauvais employeurs et commencer à
informer le public que le gouvernement n’est plus capable de faire respecter
la loi et de protéger ses citoyennes et citoyens.
 Il faut préparer des feuillets de renseignements à l’intention des militantes et
militants de la base — «Comment utiliser les services gouvernementaux de
mise en application de normes de santé et de sécurité», «Aspects positifs et
négatifs des comités de santé et de sécurité», «Comment exercer des
pressions» et «Comment présenter des questions en fonction des médias».
 Il faut préparer du matériel qui interpelle la collectivité, qui vise les
travailleuses et travailleurs plus jeunes non syndiqués, pour sensibiliser le
public davantage à ce que les syndicats peuvent accomplir.

Rapports Avec Le Gouvernement

Nos objectifs et comment nous allons les atteindre

 Établir un programme législatif syndical pro-actif pour l’avenir et en faire un


objectif dans toutes les provinces — les revendications syndicales doivent
être homogènes d’un océan à l’autre.
 Le Congrès du travail du Canada peut améliorer la communication et la
coordination entre les comités fédéraux menant les examens réglementaires
pour s’assurer que tous les affiliés connaissent le statut des projets faisant
l’objet d’un examen, puissent participer aux étapes du processus législatif
syndical et, par conséquent, puissent déterminer les mesures à prendre pour
se conformer au programme législatif syndical. Nous ne dérogerons pas du
principe voulant que nous n’accepterons aucune concession, aucune
déréglementation.
 Nous devons parler à nos membres au sujet de programmes
gouvernementaux touchant notamment à la décentralisation, à la dévolution,
aux réformes réglementaires, à la privatisation, à la réduction des effectifs et
à la déréglementation. Les questions doivent être considérées dans leur
ensemble, afin de dégager les objectifs du gouvernement et des grandes
entreprises et de trouver des solutions de rechange et des justifications.

Négociation Collective

Les syndicats doivent recommencer à faire ce qu’ils font le mieux pour


protéger la santé et la sécurité de leurs membres.

Nous étant fiés pendant un grand nombre d’années strictement au processus


législatif, nous devons maintenant nous tourner de nouveau vers la négociation
collective pour assurer la protection de nos membres.

 Les négociations collectives doivent de nouveau prendre en considération les


questions de santé et de sécurité; les questions touchant à l’environnement
nécessiteront une sensibilisation du leadership et des membres, de même que
des militantes et militants en santé et sécurité et, surtout, l’organisation des
membres.
 Il faut préparer du matériel pédagogique à l’intention du leadership, du
personnel et des militants et militantes, sur l’importance de négocier les
questions touchant à la santé et la sécurité. Un cours sur la négociation
collective doit être élaboré à l’intention des militantes et militants en santé et
sécurité. Le principal objectif visant les membres doit être leur mobilisation
en vue de négociations.
 Nous pouvons produire un Programme de négociation collective visant la
santé et la sécurité qui énoncera les clauses générales devant être négociées,
chaque section locale ou syndicat devant adapter le libellé à son propre
milieu de travail. Les principales clauses doivent inclure: une structure et des
droits fondamentaux; des protections contre les amendements législatifs
défavorables; une réduction des limites d’exposition; des normes
ergonomiques; des renvois aux lois dans les conventions collectives et le
recours à l’arbitrage comme mécanisme de mise en application; des
exigences quant à la mise en oeuvre de recommandations de comités mixtes
de santé et sécurité; un congé d’éducation; le droit à l’arbitrage et le droit
d’un arbitre d’imposer des redressements ou la conformité; le droit aux refus
collectifs; le droit des représentantes et représentants syndicaux de mettre fin
aux activités dangereuses; et, des dispositions visant à régler des problèmes
précis dans les lieux de travail.

Indemnisation Des Accidents Du Travail — Privatisation — Réductions Des


Droits Et Des Avantages Sociaux

Il existe au Canada divers systèmes d’indemnisation des accidents du travail dont le


degré d’efficacité varie; cependant, ils n’offrent pas une couverture adéquate à tous
les travailleurs et travailleuses. Si l’attaque actuelle de la droite visant les avantages
sociaux et les droits continue à faire des victimes, le système actuel ne pourra plus
satisfaire aux besoins futurs des travailleuses et travailleurs.

Si l’on veut que le système d’indemnisation des travailleuses et travailleurs puisse


satisfaire aux besoins de ces derniers, nous devons d’abord nous atteler à redresser
le système actuel, à neutraliser le programme de la droite qui, à ce jour, est efficace
et influent et à nous concentrer sur l’élaboration d’une solution à long terme qui
réponde aux besoins futurs des travailleuses et travailleurs.

C’est pourquoi la présente section se divise en deux étapes. La première propose


des recommandations pour une réforme immédiate et la seconde met de l’avant une
proposition à long terme visant un document relatif au Système universel de
protection contre l’invalidité.

La Réforme Des Systèmes Actuels D’indemnisation Des Accidents Du Travail

Nos objectifs

 Riposter aux menaces provenant de l’industrie privée des assurances.


 Exiger un système qui garantisse la protection du revenu et du travail à tous
les travailleurs et travailleuses victimes de maladies ou d’accidents liés au
travail.
 Dénoncer les attaques visant les travailleuses et travailleurs, leurs familles et
leurs collectivités, orchestrées par l’industrie et menées par le gouvernement,
de façon à créer une résistance à d’autres coupures et la volonté de se battre
pour améliorer le système.
 Maintenir notre revendication pour des recherches indépendantes sur les
maladies professionnelles.
 Si les syndicats veulent demeurer ouverts aux besoins des membres victimes
de blessures ou de maladies liées au travail, ils doivent négocier des
protections pour les membres dont le régime d’indemnisation des accidents
du travail a été érodé.
 Les militantes et militants syndicaux dans les domaines de la santé et la
sécurité et de l’indemnisation des accidents du travail doivent collaborer à la
recherche et à l’identification des principes nécessaires à l’élaboration de
libellé contractuel adéquat.

Comment nous allons les atteindre

Élaboration d’un «Programme d’éducation syndicale sur l’indemnisation des


accidents du travail» traitant des questions suivantes:

La privatisation et son incidence sur vous; la surindemnisation — qui sont les


vraies victimes; l’indemnisation des accidents du travail (en quoi cela consiste); la
travailleuse ou le travailleur insouciant et la travailleuse ou le travailleur
performant; mesures de prévention et leur mise en application.

 Réunir et publier des études de cas portant sur les lieux de travail ayant déjà
des programmes complets.
 Réunir et publier des études de cas traitant de réclamations et de régimes
d’assurance qui ont mené à l’exploitation de travailleuses et travailleurs.
 Examiner le rôle du droit d’intenter des poursuites dans le cadre de notre
lutte pour obtenir un système complet de protection contre l’invalidité.

Pour Un Système Complet De Protection Contre L’invalidité

 Examiner les forces et les faiblesses des systèmes actuels, en tenant compte
du fait que la crise que nous traversons actuellement découle des lacunes
inhérentes aux lois et règlements relatifs à l’indemnisation des accidents du
travail et à l’hygiène et la sécurité au travail, de même que du programme de
la droite.
 Préparer un document conceptuel traçant les grandes lignes d’un système
complet de protection contre l’invalidité pouvant servir de document de
travail au mouvement syndical.

Rôle Du Congrès Du Travail Du Canada Et De Ses Affiliés

 Comité de la santé et de la sécurité au travail et sous-comité des Priorités sur


l’indemnisation des accidents du travail du CTC: nous devons songer à
former un comité permanent des Priorités pour assister le Comité et le
président sur une base permanente. Des priorités seraient identifiées et elles
pourraient être modifiées en fonction de l’évolution de la situation.
 Une fois les priorités établies, les affiliés doivent demeurer disponibles. Les
activités doivent être coordonnées et les membres représentant le Congrès
dans divers dossiers et comités doivent communiquer régulièrement au
moyen de conférences téléphoniques et du courrier électronique.
 Les initiatives nationales et internationales dont l’incidence potentielle sur
les travailleuses et travailleurs canadiens sera majeure, doivent être
identifiées et priorisées. Le Congrès doit tenter d’assurer un leadership aux
deux paliers.
 Élaborer des outils génériques — incluant des feuillets de renseignements
des déléguées et délégués d’atelier, des affiches et des dépliants — traitant
de questions prioritaires. Ce matériel doit être utilisé à toutes les occasions
possibles, et non seulement dans le cadre d’activités liées à la santé et la
sécurité. Ce matériel peut être distribué par l’entremise d’affiliés et de
bureaux régionaux lors de conférences et de congrès (sous forme de trousse),
de séminaires d’éducation et, au fur et à mesure que des projets sont
identifiés et achevés, les frais doivent être partagés. Il faut explorer la
possibilité de mener des campagnes parallèles (par exemple, Commission
royale de la Colombie-Britannique et campagne de riposte de la FTO).

Prologue

Le Comité de la santé et de la sécurité du Congrès du travail du Canada a donné son aval au


rapport final sur les nouvelles stratégies, et les membres du Comité ont soumis le rapport à
l’approbation de leurs organismes respectifs.

Jusqu’à présent, aucun organisme affilié du Congrès du travail du Canada n’a refusé
d’appuyer le rapport et ses recommandations.

Les nouvelles orientations et toutes les recommandations comprises dans le rapport ont été
soumises au Sous-comité des nouvelles stratégies du Congrès du travail du Canada, formé
récemment. Le Sous-comité des nouvelles stratégies s’est réuni pour la première fois en mars
1997 et a élaboré un programme ambitieux en vue de la mise en oeuvre des recommandations
du rapport sur les nouvelles stratégies. Un rapport provisoire sera soumis au Comité de la
santé et de la sécurité du CTC en juin 1997 et un rapport complet sera présenté à l’automne de
1997.

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