Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CHAPITRE 2
DROIT COMPTABLE ET PRINCIPES COMPTABLES OHADA
Toute entité de l’espace OHADA est soumise aux dispositions de l’AUDCIF. À cet effet, elle
doit mettre en place, pour l’information externe et pour son propre usage, une comptabilité
générale conformément audit Acte uniforme. Nous commençons par rappeler quelques
dispositions générales relatives à la tenue de la comptabilité dans l’espace OHADA, avant de
nous intéresser aux principes et postulats comptables.
I. DISPOSITIONS GÉNÉRALES ET ORGANISATION DE LA COMPTABILITÉ
Au sens de l’article 1er de l’acte uniforme rénové, l’entité est tenue de classer, saisir, enregistrer
dans sa comptabilité les événements qui sont constatés et toutes opérations, entraînant des
mouvements de valeur, qui sont traitées avec des tiers ou qui sont constatées ou effectuées dans
le cadre de sa gestion interne. Le même article précise que l’entité doit fournir, après traitement
approprié de ces opérations, les redditions de comptes auxquelles elle est assujettie légalement
ou de par ses statuts, ainsi que les informations nécessaires aux besoins des divers utilisateurs.
Pour garantir la fiabilité, la compréhension et la comparabilité des informations, la comptabilité
de chaque entité implique :
• le respect d'une terminologie et de principes directeurs communs à l'ensemble des
entités concernées des États parties au Traité relatif à l'harmonisation du droit des
affaires en Afrique ;
• la mise en œuvre de postulats, de conventions, de méthodes et de procédures
normalisées éventuellement par secteurs professionnels ;
• une organisation répondant à tout moment aux exigences de collecte, de tenue, de
contrôle, de présentation et de communication des informations comptables se
rapportant aux opérations de l’entité.
Il est institué un système comptable unique, commun à tous les États parties composé du Plan
comptable général OHADA, dénommé Système comptable OHADA en abrégé SYSCOHADA.
Ce système a pour objet la collecte, la tenue, le contrôle, la présentation et la communication
par les entités, d'informations financières établies dans les mêmes conditions de fiabilité, de
compréhension et de comparabilité.
Toutefois, les établissements de crédit, les établissements de microfinance, les acteurs du
marché financier, les sociétés d'assurance et de réassurance, les organismes de sécurité et
prévoyance sociale et les entités à but non lucratif ne sont pas assujettis au SYSCOHADA.
1.2. Organisation comptable
L'organisation comptable mise en place dans l’entité doit satisfaire aux exigences de régularité
et de sécurité pour assurer l'authenticité des écritures de façon à ce que la comptabilité puisse
servir à la fois d'instrument de mesure des droits et obligations des partenaires de l’entité,
d'instrument de preuve, d'information des tiers et de gestion.
L'organisation comptable doit assurer :
2.1.1. Définition
a. Le postulat de l’entité
Par entité, on entend toute organisation exerçant une activité économique et qui contrôle
et utilise des ressources économiques. Lorsqu’une entité (personne morale) contrôle une ou
plusieurs entités, l’ensemble forme un groupe qui doit présenter des états financiers consolidés.
Le postulat de l’entité suppose la séparation du patrimoine de l’entité de celui de ses
propriétaires. L’entité est à cet effet considérée comme une personne morale distincte de ses
propriétaires et de ses partenaires économiques.
Les effets des transactions et autres événements sont pris en compte dès que ces
transactions ou événements se produisent et non pas au moment des encaissements ou
paiements.
• Inscription à l’actif du bilan du locataire des biens utilisés dans le cadre d’un contrat
de location-acquisition (côté preneur) et d’une créance de location financement (côté
bailleur). Ces dispositions sont limitées aux contrats de crédit-bail, de location-
vente ou tout autre contrat de location assortie d’une option d’achat dont le
preneur est raisonnablement certain d’exercer) ;
• Inscription à l’actif du bilan des effets remis à l’escompte et non encore échus ou
honorés ;
• Inscription dans les « charges de personnel » du personnel facturé par d’autres
entités.
Dans ces quatre cas, les conséquences comptables de ces solutions sont les suivantes :
1
Clause de réserve de propriété : contrat par lequel acheteur et vendeur conviennent que la chose vendue restera
la propriété du vendeur jusqu’à complet paiement et ce nonobstant les acomptes versés.
• Inscription dans les charges et les produits des éléments correspondants : dotations
aux amortissements, charges financières (crédit-bail, location-vente), charges de
personnel (personnel intérimaire).
Contrairement aux dispositions prévues par l’ancien référentiel comptable qui prévoyait
l’inclusion dans le patrimoine du concessionnaire, des biens mis à sa disposition par le
concédant, ce cadre conceptuel exclut de tels biens du patrimoine du concessionnaire car, ils ne
répondent pas à la définition d’un actif (ressource économique actuelle contrôlée par l’entité).
• Réévaluation légale : organisée par une loi interne des États parties, et normalement
sous le bénéfice d'avantages fiscaux (neutralité fiscale ou écart de réévaluation peu
ou faiblement imposable ; amortissements fiscaux calculés sur les montants
réévalués, etc…).
b. Convention de prudence
Cette convention est énoncée d’entrée dans les articles 3 et 6 de l’Acte uniforme relatif
au droit comptable et à l’information financière : « La comptabilité doit satisfaire, dans le
respect de la convention de prudence, aux obligations de régularité, de sincérité et de
transparence inhérentes à la tenue, au contrôle, à la présentation et à la communication des
informations qu’elle a traitées ».
La prudence est l'appréciation raisonnable des faits dans des conditions d’incertitude
afin d'éviter le risque de transfert, sur l'avenir, d'incertitudes présentes susceptibles de grever le
patrimoine ou le résultat de l'entité. Les actifs et les produits ne doivent pas être surévalués, et
les passifs et les charges ne doivent pas être sous-évalués. Les plus-values latentes ne peuvent
être inscrites en comptabilité alors que les moins-values latentes doivent être comptabilisées,
sous forme de provisions.
Sont significatifs « tous les éléments susceptibles d’influencer le jugement que les destinataires
des états financiers peuvent porter sur le patrimoine, la situation financière et le résultat de
l’entité » (article 33 de l’Acte uniforme). Cette convention concerne en premier lieu les
comptables, dirigeants et auditeurs. Elle adresse les problèmes relatifs aux « arrondis » lors des
calculs et des estimations des comptes de régularisation (charges à payer, produits à recevoir.
En définitive, il apparaît que la comptabilité est un outil d’aide à la décision tant pour les parties
prenantes internes que pour les parties prenantes externes. Elle établit des états financiers dont
la sincérité permet à ces parties prenantes, la prise de décisions optimales.