Le contrôle antimicrobien: les applications

pratiques de l’immunologie

ELISA, TAAN et interféron, des stratégies pour lutter

contre les infections par le virus de l’hépatite C

Étude de cas
Vous devez vous occuper d’Édith, une patiente de 28 ans dont l’état maladif est chronique
depuis 3 ans. Au dossier, il est inscrit qu’Édith souffre de fatigue chronique, de malaises
abdominaux, de nausées et de vomissements, et qu’elle présente un ictère sévère. Les résultats
de ses prises de sang montrent une élévation constante du taux des enzymes hépatiques dans le
sang, d’où la recherche d’une cirrhose.

Le diagnostic a été obtenu grâce à la technique immunoenzymatique nommée méthode

ELISA et à un test d’amplification des acides nucléiques (TAAN). En premier lieu, le test
ELISA a permis de détecter la présence d’une immunité dirigée contre le virus de l’hépatite C
(VHC) dans le sang de la patiente. Par la suite, un TAAN a permis de détecter le matériel
génétique du virus. Ses antécédents de toxicomane laissent croire qu’Édith aurait été infectée
par l’intermédiaire d’aiguilles et de seringues contaminées.

Le VHC est un virus à ARN, enveloppé et possédant la transcriptase inverse. Son

génome présente une grande capacité à muter, ce qui n’est probablement pas sans rapport avec
la forte tendance du virus à provoquer des infections hépatiques chroniques dans 75 à 80% des
cas. Ce danger étant bien présent à leur esprit, les médecins qui traitent Édith s’orientent vers
une thérapie combinant le peginterféron , une forme modifiée de l’interféron  présentant
une durée d’action prolongée, avec la ribavirine, un antiviral qui perturbe la réplication virale.
On espère que le traitement sera efficace puisque la gravité de l’infection par le virus de
l’hépatite C est double, soit, d’une part, un dysfonctionnement sévère du foie qui mène à la
cirrhose et, d’autre part, l’apparition d’un cancer du foie.

Questions
 Références: voir le chapitre 8, p. 265-266 (section «Les tests d’amplification des
acides nucléiques (TAAN)»), le chapitre 17, p. 583-584 (section «Les méthodes
immunoenzymatiques») et le chapitre 24, p. 864-865 (section «L'hépatite C»).

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1. Quels sont les réactifs mis en présence grâce à la méthode ELISA et qui ont permis d’établir
le diagnostic de l’hépatite C? Est-ce une méthode directe ou indirecte?
Antigènes: antigènes du virus de l’hépatite C commerciaux.
Anticorps: Ac anti-VHC de la patiente à partir d’un prélèvement sanguin.
Méthode indirecte.

2. Expliquez comment un TAAN permet d’établir le diagnostic de l’hépatite C.

Le TAAN a généralement recours à la PCR (ou RT-PCR dans ce cas-ci), qui permet
d’augmenter la quantité de matériel génétique de l’agent pathogène recherché afin
que celui-ci puisse être détectable. L’utilisation d’une amorce spécifique au VHC
permet d’amplifier seulement le matériel génétique du VHC s’il est présent dans
l’échantillon à tester.

3. Quel est l’intérêt thérapeutique du peginterféron  pour améliorer le sort d’Édith? (Indice:
voir le chapitre 14.) De quelle façon ce médicament peut-il agir?

4. Quel est le mécanisme d’action du peginterféron ?

5. Comment peut-on relier l’action pathogène du virus de l’hépatite C à l’élévation observée

du taux d’enzymes hépatiques d’Édith?
Le VHC infecte les cellules du foie et s’y reproduit. Sa présence déclenche une
réaction inflammatoire qui endommage les hépatocytes. Normalement, les enzymes
hépatiques sont contenues à l’intérieur des hépatocytes vivants. La mort de ceux-ci
entraîne le déversement des enzymes hépatiques dans le sang, ce qui entraîne une
élévation constante du taux des enzymes hépatiques. Cette élévation progressive du
taux d’enzymes hépatiques peut être mise en relation avec la mort cellulaire
d’hépatocytes causée par l’infection virale, en l’occurrence le VHC.

6. Comment peut-on relier la capacité de muter du génome du virus à la chronicité de la

maladie?
Une mutation est un changement brusque de l’acide nucléique contenu dans un gène,
qui se manifeste par l’apparition de modifications dans la structure des protéines
codées par les gènes mutés. Les antigènes à la surface des microorganismes sont de
nature protéique et, par conséquent, sont soumis à des modifications lorsque le
génome d’un microorganisme, en l’occurrence le VHC, a tendance à muter. Les
anticorps et les lymphocytes T produits deviennent inefficaces lorsque les antigènes

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 sont modifiés à la suite d’une mutation. Le système immunitaire est ainsi mis en
échec et l’infection devient souvent chronique.

7. Comment peut-on relier la capacité de muter du génome du virus à l’inexistence de

vaccins contre le VHC?
Un vaccin se compose d’antigènes que l’on administre dans le but d’entraîner une
immunité active acquise artificiellement. Dans le cas du VHC, sa grande capacité à
muter entraîne la production de plusieurs souches variantes, sans compter
l’apparition probable de nouvelles souches; il est donc difficile de mettre au point un
vaccin contre l’infection.

8. Dans l’énoncé du cas, il est mentionné qu’un individu atteint de l’hépatite C risque d'avoir
un cancer du foie. Est-ce possible selon vous? Justifiez votre réponse. (Indice: voir les
chapitres 11 et 13.)
Oui. Dans certains cas, un virus est capable d’altérer le matériel génétique de la
cellule infectée et, par conséquent, de provoquer sa « transformation » de cellule
normale en une cellule anormale ou cancéreuse. Cette cellule anormale transformée
devient incapable d’obéir à une règle fondamentale de la croissance tissulaire, soit
l’inhibition de contact; en d’autres termes, une cellule normale cesse de croître
lorsqu’elle entre en contact avec des cellules voisines. La perte de l’inhibition de
contact entraîne une croissance cellulaire déréglée et l’apparition d’une tumeur.

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