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SOMMAIRE
INTRODUCTION -------------------------------------------------------------------------------------------------2
CONCLUSION ----------------------------------------------------------------------------------------109
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
INTRODUCTION
En admettant que la négociation existait dès les premiers temps de l’humanité avec
les sociétés primitives, elle a pris aujourd’hui une ampleur à la mesure des intérêts
humains dans les entreprises et organisations, avec les Etats et les individus.
L’inévitable coexistence des hommes pose de plus en plus de problèmes. Les rapports
humains deviennent de plus en plus complexes avec l’apparition de nouveaux
problèmes dus aux mutations sociale, politique, culturelle et économique que connaît
le monde. La négociation constitue « l’articulation d’une variété énorme d’activités »
(Strauss, 1978).
La terre, cet héritage providentiel commun dans toutes ses composantes, est l’objet de
toutes les rivalités. Le conflit est présent partout. Il est d’autant plus omniprésent que
son objet, intégré à la nature même de l’homme, confine celui-ci dans son égo, le
rendant excessivement possessif, agressif et belliqueux. « Ceci est à moi, vous avez
tort, je suis le plus fort, je ne fléchirai pas, je vais vous écraser, je vous montrerai qui
je suis ou de quoi je suis capable…».
C’est dire que, s’il existe une voie noble et élégante de régler des problèmes, de
prévenir ou de désamorcer des situations conflictuelles, de poser les bases d’une
nouvelle relation, d’entretenir une relation existante ou de reprendre une relation
rompue, c’est bien celle de la négociation.
Nous découvrirons à travers une esquisse des généralités et des enjeux, l’utilité et
l’importance de la négociation (Première partie). Cette première partie, plus théorique
que pratique, sera suivie des phases successives de la négociation, davantage
pragmatiques, allant de la préparation à la conclusion d’accord, autrement la conduite
ou le pilotage des phases de la négociation (Deuxième partie). Une dernière partie
sera consacrée aux applications de la négociation à travers sa typologie (Troisième
partie).
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Techniques de négociation
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Le chapitre troisième, nous transporte sur le terrain des écoles de pensée avec des
théories contradictoires dont la synthèse et la manifestation des besoins
psychologiques de l’Homme, semblent expliquer le bien fondé.
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Il s’agit notamment de notions portant sur des réalités économiques ou des besoins
vitaux dont l’importance détermine les rapports de force au plan mondial (I) et
conduit les Etats et autres acteurs non étatiques à négocier des accords (II).
En s’armant pour des convictions de high politics (sécurité militaire), les Etats créent
un climat d’insécurité et d’instabilité général. Il faut, par la négociation et au moyen
d’accords, assurer l’équilibre des forces pour éviter la guerre (Accords Salt, problème
nucléaire iranien). La diplomatie, la voie par excellence de règlement des différends
internationaux, s’impose comme régulateur des rapports entre Etats, accordant
davantage de crédit à la coordination et à la coopération qu’à la concurrence.
La sécurité militaire dont le budget des Etats Unis d’Amérique est élevée en 2009 à
515 milliards de dollars, soit l’équivalent des budgets de la défense de tous les autres
Etats de la planète réunis, s’impose comme la priorité absolue au détriment de la
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sécurité humanitaire. La sécurité humanitaire est un concept qui définit l’être humain
comme l’objet de la politique internationale en le plaçant au centre de l’action
étatique. « L’être humain est au centre de tout. Le concept même de souveraineté
nationale a été conçu pour protéger l’individu, qui est la raison d’être de l’Etat et
non l’inverse. Il n’est plus acceptable de voir les gouvernements flouer les droits de
leurs citoyens sous prétexte de souveraineté »1, (Kofi Annan).
A l’instar du lion repu, apparemment inoffensif, les pays nantis semblent se plaire
dans la décomposition de la puissance, selon joseph Nye. En même temps qu’ils
exercent la force par le hard power (pouvoir de contraindre et de commander), ils
font diversion par le soft power (pouvoir de séduction exercé sur les plus faibles pour
se faire passer pour des modèles à imiter). C’est du moins ce qui ressort du discours
de la Baule, des leçons de bonne gouvernance et des mesures d’ajustement structurel
imposées par les institutions de Breton Wood à l’endroit des pays pauvres.
Le conflit est omniprésent et les mécanismes de règlement, multiple. Il est d’autant
plus présent que son objet, intégré à la nature de l’homme, confine celui-ci dans son
égo en le rendant excessivement possessif : « ceci est à moi, vous avez tort, je suis le
plus fort, je ne fléchirai pas … ».
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Charles Philippe DAVID, cité par Stéphane PAQUIN, in Economie Politique Internationale, 2è éd. Montchrestien, P.
137 et 138.
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« La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a offert du fruit de l’arbre et j’en ai
mangé ». Cette accusation, un peu trop hâtive, pourrait appeler une sentence
expéditive de la part du doigt accusateur, ce qui serait préjudiciable au couple. En
cela, les psychologues estiment que la réussite d’un mariage dépend essentiellement
de la capacité des époux de résoudre ensemble leurs conflits. Il ne s’agit pas, disent-
ils, de mettre définitivement fin aux problèmes liés aux humeurs intempestives du
couple puisque les problèmes, de façon ininterrompue, continueront de jalonner leur
existence. Le défi consiste plutôt à pouvoir prolonger la vie du foyer, à chaque fois
qu’elle est menacée. Cette manière responsable de parvenir à une entente est le fruit
de la négociation.
Au plan syndical, le risque de péril est grand pour les entreprises et les sociétés qui
refusent de dialoguer avec les ouvriers et les employés, et qui ignorent encore
aujourd’hui que la réussite des unités de production passe par la volonté de collaborer
avec le salarié, cet autre décideur anonyme qu’il convient de ménager par voie de
négociation. C’est dire l’importance des négociations collectives entre partenaires
sociaux, une voie sage de règlement des conflits et d’amélioration du profit de
l’entreprise. Car les mouvements sociaux sont de nature à paralyser le cours normal
des activités de production entraînant ainsi plus de perte à l’employeur qu’à
l’employé.
Au plan politique, dans les pays où des clans monopolisent le pouvoir pour s’en
servir comme un moyen d’enrichissement et de domination, des résistances
s’organisent pour réclamer l’alternance au pouvoir ou son partage, la démocratisation
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La négociation se révèle un outil par excellence qui s’impose donc comme la voie
raisonnablement admise et privilégiée de parvenir à un règlement pacifique des
problèmes et de traitement des questions d’intérêt commun. Autrement, les torts
causés à l’Homme par l’incompréhension de l’Homme et les raisons qui le poussent à
solliciter le rapprochement avec autrui sont suffisamment importantes pour nécessiter
l’intervention pacifique de l’Homme lui-même.
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Le commencement d’une relation amicale fait naître le sentiment d’une situation qui
va perdurer.
A tort ou à raison, le partenaire peut être assimilé à l’ami entier, parfait, raisonnable,
sérieux, compétent, gentil, intelligent, courageux, attentionné, courtois,
irréprochable…
Il peut aussi arriver que, contre toute attente, l’ami, le partenaire ou le voisin, fasse
volte face, enfreignant ainsi les règles élémentaires de coexistence pacifique et de non
ingérence, pour des raisons d’intérêts personnels. Hier fréquenté, courtisé et adulé, il
est aujourd’hui identifié au chaos, diabolisé et traité avec inconvenance. Exposé à
tout moment au dysfonctionnement de ses traits de caractères sensiblement
changeants, son évolution constante ne lui permet pas toujours de savoir qui il est
réellement ni ce que les autres pensent qu’il est.
La métamorphose ainsi opérée peut faire place à des sentiments variés : sentiment de
joie, de satisfaction et de soulagement, celui de pouvoir continuer à entretenir ou à
rompre une relation insoutenable ; le sentiment de tristesse, de méfiance et de colère,
celui d’être contrarié, incompris, outragé et abusé.
La rencontre de l’idéal et de la réalité, le choc de l’amour et de la haine, l’union de la
joie et de la peine, le moulage des qualités et de défauts, voilà autant de
contradictions et d’ambiguïtés qui appellent l’intelligence humaine à admettre et à
s’accommoder, plutôt bien que mal, à toutes les situations ou mutations
conflictuelles, quelle qu’en soit la résultante : succès, échec ou point de vue mitigé.
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Un Accord étant défini comme la « rencontre des volontés en vue de produire l’effet
de droit recherché par les parties » (Lexique des termes juridiques, Dalloz 1998), il
peut être spécifié selon l’intérêt véhiculé. Ainsi parle-t-on de :
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- Accord de partenariat ;
- Accord secret : accord dont les termes sont gardés confidentiels (accords de
défense entre la France et certains pays francophones d’Afrique) ;
- Entente, etc.
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1- Définitions
Des définitions très variées sont données par de grands spécialistes et auteurs de la
négociation. Parmi eux, Anzien, Chalvin, Dupont Christophe, Mastenbroek, Merle,
Rubin et Brown, Touzard, Zartman et bien d’autres encore.
Tous avancent des interprétations multiples très subtiles pour expliquer la
particularité des formulations proposées. Certains y voient "un face à face d’acteurs"
ou une méthode de règlement des problèmes qui distingue la négociation de "la
confrontation".
D’autres considèrent qu’elle porte sur des "divergences de vues" dont la mise en
commun par les protagonistes fait ressortir leur solidarité malgré la tension
perceptible qui reflète l’identité ou la vraie nature de chacune des parties en présence.
A côté des nombreuses définitions inspirées par des considérations et des opinions
diverses, la définition classique, simple et claire donnée par Le ROBERT et
facilement assimilable dit que la négociation est "une série d’entretiens, d’échanges
de vues, de démarches qu’on entreprend pour parvenir à un accord, pour conclure
une affaire".
La négociation s’apparente donc à une manière pacifique de mener des tractations en
vue d’aboutir à un accord consensuel c’est-à-dire approuvé et accepté par toutes les
parties contractantes.
L’ensemble des méthodes d’approche ou des moyens mis en œuvre (habileté, flair,
fair-play, diplomatie, connaissance, maîtrise …) constitue les "Techniques" ou le
savoir-faire qui permet de maîtriser les subtilités et de contourner les difficultés
relevant de la négociation.
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Tout compte fait, plusieurs formulations s’accordent à mettre l’accent sur la finalité
de la négociation qui consiste à trouver un accord dont les intérêts ou les causes sont
tout aussi variées que les solutions à y apporter.
« Celui qui cherche un ami sans défaut restera toute sa vie sans ami ». Ce proverbe
sahélien traduit la quintessence des inquiétudes et des préoccupations qui, du fait de
l’Homme, suscitent de nombreuses interrogations : "pourquoi ceci ? Pourquoi cela ?"
Autant de questions qui viennent comme une invite permanente à négocier, ce qui
pose un autre problème, celui du caractère obligatoire de la négociation qui nous
pousse à nous demander "pourquoi devons-nous négocier ?"
« La femme – que tu m’as associée – c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et
j’en ai mangé ». S’il est facile à l’homme de rejeter le tort sur sa femme et vice versa,
il se pose un problème de responsabilité partagée auquel tous les deux doivent faire
face.
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Les deux entités unies pour une même cause et un objectif commun s’accordent à
négocier avec le Gouvernement plusieurs points dont la baisse des prix des produits
de première nécessité (carburant, eau, électricité, téléphone, timbre-poste) et la baisse
de taxe sur les produits pharmaceutiques, le lait, le sucre, le savon et les matériaux de
construction, en raison des prix fortement indexés.
En s’attelant à calculer par exemple l’indice de prix d’un sac de riz vendu entre les
mois de juin et décembre de l’année courante, respectivement à 18 000 francs et
25 000 francs, cela revient à faire la différence des deux prix, multipliée par 100,et
divisée par l’ancien prix :
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Sitou : Voilà, madame ! Tenez, ce beau collier est à vous, avec une
garantie de 5 ans. Merci et au plaisir de vous revoir.
"Parce qu’il faut initier, adopter, continuer ou mettre fin à une relation"
A l’exemple des avances faites à une dulcinée et pouvant aboutir à une union sacrée
ou à une rupture, tout pays a la liberté d’initier ou d’établir des relations
diplomatiques avec tous autres pays de son choix, de les entretenir aussi longtemps
que cela est possible et de les rompre en cas de besoin.
Si l’établissement de relations est salué par les parties intéressées qui s’en félicitent,
la rupture par contre est un acte grave qui intervient en dernier ressort avec le divorce
ou la fermeture réciproquement des missions diplomatiques concernées, lorsque
toutes les voies d’un arrangement consensuel sont épuisées.
Dans toutes les négociations, les interlocuteurs ont des intérêts communs et opposés.
Le bon sens recommande que la prise en compte des intérêts communs, fruit de la
volonté manifeste de toutes les parties, leur permette de parvenir à un accord malgré
les réserves observées d’un côté comme de l’autre. Il s’agit d’un accord d’où chacun
sort gagnant et cela vaut mieux qu’un échec.
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L’exemple précédent s’inscrit dans cette logique qui veut que des concessions
réciproques permettent à chacune des parties d’accepter de gagner un peu et de perdre
un peu. La recherche commune de solution donne ainsi à chacun la chance d’obtenir
satisfaction même si elle n’est pas totale.
1- Négociation explicite
La négociation explicite ou explicative, suffisamment claire et précise pour ne pas
faire place au doute, c’est celle qui est en principe guidée par le bon sens. Elle
privilégie le dialogue, des contacts directs entre les interlocuteurs, donne lieu à des
concessions réciproques, et fait avancer les discussions dans de bonnes conditions de
consolidation des rapports. Elle permet aussi à chaque interlocuteur d’identifier plus
facilement les intérêts de son vis-à-vis. Mais comment ? Il suffit d’observer et
d’écouter attentivement le vis-à-vis pour déceler le ou les points auxquels il semble
s’accrocher le plus.
2- Négociation tacite
La négociation tacite c’est-à-dire muette ou silencieuse, c’est celle qui évite le contact
direct entre les parties en conflit. Elle ne cherche donc pas à engager des pourparlers
entre les protagonistes. Provocatrice, la négociation tacite se sert des méthodes
d’intimidation ou de persuasion à l’exemple des démonstrations de force visant à
impressionner l’adversaire.
Au plan social, on peut citer les menaces verbales entre mari et femme, des
intimidations entre individus vantant leur rang social, voire leur force mystique, des
menaces de licenciements abusifs dans les entreprises etc.
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Entre les Etats, les méthodes fréquemment utilisées pour effrayer l’adversaire sont les
déploiements et le renforcement de forces militaires le long des frontières communes,
les essais nucléaires, les manœuvres militaires, l’étalage d’armes sophistiquées au
cours de défilés militaires etc.
Dessin Boris
Exemple de négociation tacite : défilé militaire avec exhibition d’armes sophistiquées.
3- Brinkmanship
"Brink" pour "bord", "ship" pour "navire" et "man ship" pour “faire passer
l’équipage ...”. Ce sont des notions qui traduisent "brink man ship" comme une
action menée de façon manu militari c’est-à-dire exercée par la force militaire.
En effet, le "brink man ship" est une méthode brutale consistant à ramener par la
force un acteur à la table de négociation pour l’obliger à signer par exemple un
accord de paix ou à capituler.
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Dessin Boris
A cette interrogation, nous répondrons qu’il y a trois manières de négocier, les unes
plus intéressantes que les autres selon les styles utilisés.
Il s’agit des méthodes douce, dure et objective.
Elle vise à éviter des conflits personnels, à faire des concessions en vue d’un
règlement pacifique mais avec le sentiment et le regret d’avoir été triché.
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Dessin Boris
Exemple de négociation préjudiciable à l’un et l’autre négociateurs avec perte de gains mutuels.
Elle s’apparente à un combat de volontés visant à tout gagner (rafler la mise). Elle
affecte les relations avec l’interlocuteur.
Dessin Boris
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Elle consiste à négocier avec fermeté tout en étant souple avec son interlocuteur.
Dessin Boris
Le gagnant-gagnant procure la satisfaction réciproque chez les négociateurs riant des dents
d’une blancheur égale.
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Malgré leur divergence de vue, les deux écoles s’accordent à reconnaître que
l’Homme, dans son existence quotidienne, exprime des besoins et que la recherche de
la satisfaction de ces besoins est la preuve de la motivation de son comportement
(III).
1- Théorie traditionnelle
S’appuyant sur des considérations d’ordre naturel, les tenants de cette école estiment
que la négociation est un art, un don inné qui ne s’apprend pas.
Quant aux psychologues de la même école, ils lient les résultats de la négociation à
l’état d’esprit du négociateur au moment de la négociation.
Il ressort de leur analyse qu’une dépêche ou un message véhiculant une bonne ou
mauvaise information agit sur la valeur intrinsèque du négociateur dont le moral,
ainsi affecté, modifie instantanément le comportement. Les nouvelles d’une
naissance, d’un mariage, d’un décès, d’un enlèvement ou d’une prise d’otage, de
troubles politiques ou de succès électoral, de tremblement de terre ou d’une
inondation, voilà des exemples d’événements aléatoires susceptibles d’opérer des
changements psychiques chez le négociateur.
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Techniques de négociation
Dans la même logique qui fait dire que l’approche traditionnelle est
"multidimensionnelle", une décision prise par la direction d’une entreprise peut être
influencée par des pôles d’intérêt à l’exemple des élites et leaders d’opinion.
Par élites d’opinion, on entend les groupes constitués ou les multinationales comme
les sociétés pétrolières Elf, Texaco, Shell, les très puissantes industries d’armement et
aéronautiques, capables de retourner à leur avantage, à tout moment, la situation
politique d’un pays lorsque leurs intérêts sont menacés.
Les leaders d’opinion sont des groupes de personnes, très influents au sein des partis
politiques, des parlements et sénats ou encore des groupes élargis de décideurs à
l’exemple de celui des pays les plus industrialisés le G7 ou G8.
En résumé, la technique d’approche de l’école traditionnelle est le "cas par cas"
c’est-à-dire une démarche descriptive qui place la négociation dans un cadre
particulier, ce que réfute la nouvelle approche scientifique.
2- Théorie scientifique
Sa préoccupation est de montrer, à partir d’une variable commune, comment tous les
cas peuvent être expliqués, démontrés et appliqués à une échelle élargie, susceptible
de déboucher sur la généralisation des faits.
Considérons les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bisau, Mali, Niger, Sénégal
et Togo, en pensant qu’ils ont en commun un tissu politique, économique et social
assez dégradé.
L’école scientifique veut démontrer, à partir de cette articulation commune, comment
peut-on établir une similitude entre tous ces pays et l’étendre, si possible, à une
échelle plus élargie comme la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO).
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commandées par des motivations relevant de besoins tout aussi naturels que ceux
énumérés par H. Calero.
Ce sont des besoins semblables chez tous les Hommes. Ils relèvent de l’ajustement
automatique de l’esprit et du corps humain.
Exemples :
la disette ou la pénurie d’une denrée, les catastrophes naturelles (tremblement
de terre, inondation …) poussant un individu, un groupe social ou un
gouvernement à solliciter ou à négocier des vivres et non-vivres etc. ;
la protection contre une menace imminente, prévisible ou réelle (agression
terroriste, guerre, invasion de criquets migrateurs …) nécessitant la mise en
place d’indicateurs d’alerte et autres mesures appropriées.
C’est la tendance à protéger l’entité à laquelle l’on appartient (famille, groupe social,
communauté, institution, nation).
Exemple :
Appel lancé le 23 septembre 2004 à Paris par le Secrétaire Général de la
Francophonie, M. Abdou Diouf, suite au passage meurtrier de l’ouragan "Ivan"
en Haïti : « je lance dès à présent un appel pressant aux Etats et
Gouvernements membres de la Francophonie pour qu’ils se mobilisent très
rapidement face à cette catastrophe sans précédent et qu’ils viennent en aide
massivement à la population haïtienne en détresse ».
Mêmes cris de détresse, d’alerte et d’appel à l’aide à la communauté
internationale par les autorités compétentes togolaises suite à l’inondation de la
partie sud du pays en juillet 2008 et ayant causé d’importants dégâts matériels
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Exemples : l’application de la loi du talion "œil pour œil, dent pour dent" consistant à
répondre à la violence par la violence (le Président américain Georges W. Bush face
au terrorisme international, les raids israéliens à Gaza en réponse aux projectiles et
aux attentats suicides, la vendetta avec des meurtres perpétrés réciproquement dans
des groupes rivaux mafieux…) ; l’arrangement d’une situation à l’amiable ; se laver
de tout soupçon par l’apport de preuve d’innocence ; la demande d’un franc
symbolique en guise de dommage etc.
5- Besoins d’auto-actualisation
Ils sont dictés par l’ambition légitime ou la motivation propre à chaque individu de
parvenir à un rang social ou professionnel élevé.
Exemples :
Nourrir des ambitions politiques en postulant à la magistrature suprême, aux
fonctions de député, de sénateur …
Efforts fournis par des agents de l’administration publique et privée pour
évoluer dans leur grade.
6- Besoins esthétiques
Exemple : Plus l’on connaît son interlocuteur, mieux l’on va se préparer pour le
rencontrer.
Tous ces besoins sont exprimés dans des circonstances diverses, individuellement ou
collectivement, par les Hommes et les Nations dans des styles variés.
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I- STYLE NATIONAL
Tous les traits qui permettent d’identifier un pays entrent dans l’appréciation de son
style. Il s’agit de traits portant principalement sur des éléments culturels, religieux et
historiques.
Au plan culturel, le style d’un pays est identifié par la langue parlée, les
manifestations à l’exemple des chants et danses (carnaval, genres musicaux, folklore
etc.)
Du point de vue historique, les symboles d’un pays, l’emblème national et l’hymne
national permettent d’identifier un Etat, une Nation et ses citoyens (Etat belliqueux,
travailleur, corrompu, paresseux etc.)
Mais en quoi le style d’un pays peut-il intéresser le négociateur d’un autre pays ?
C’est parce que le style d’un pays comporte des éléments exploitables permettant de
définir des stratégies appropriées lorsqu’on se retrouve en face de ses citoyens.
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Techniques de négociation
Tout individu porte en lui une prédisposition à un style, ce qui explique la nature
plurielle et complexe de l’Homme : honnête et malhonnête, gentil et méchant, doux et
brutal, humble et arrogant, pacificateur et bagarreur, démocrate et dictateur …
Ces traits reflètent la diversité des styles, regroupés en trois catégories : les styles
gagnant-perdant, perdant-perdant et gagnant-gagnant.
a- Le bagarreur
Le bagarreur de rue ou de jungle est un personnage charismatique, dominateur,
impulsif, agressif et énergique, désireux de gagner, quelle que soit la situation.
La contre tactique à observer à son endroit est la prudence. Il faut aussi veiller
que l’objet de la négociation ne soit pas noyé dans des préoccupations inutiles
et trompeuses.
b- Le dictateur
Il est, comme les autres de sa catégorie, le négociateur de tous les "défauts", proche
de l’affrontement. Instinctif, rigide et opiniâtre, il est tout aussi compétent. Souvent
isolé, il a horreur du défi mais aime soumettre son entourage à ses ordres.
Très calculateur et friand d’honneur, il déteste perdre la face. Il est par conséquent
dangereux et la collaboration avec lui exige une grande prudence telle que
recommandée par le Président Maréchal Mobutu qui disait : « ce qui se hisse sur le
visage n’est pas toujours ce qui se passe dans le cœur ». Cela est d’autant plus vrai
que le dictateur se montre excessif ; polémique, agressif ou hostile et voit dans son
interlocuteur un adversaire à abattre et non un partenaire, lui prête des intentions
douteuses ou mauvaises et des préjugés fondés sur la mauvaise foi. Tout ce qui
compte pour lui est son gain propre.
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paroles telles qu’il éprouve le plaisir de l’entendre et éviter de lui dire toute la
vérité.
c- Grand-papa / Grand-maman
Grand-papa (ou Grand-maman) est un personnage orgueilleux, imbu de suffisance et
animé par un sentiment de supériorité qui lui fait penser que la négociation ne pourra
pas aboutir sans son apport personnel.
Tout en nourrissant l’illusion qu’il est la clé du succès ou que la réussite tient à sa
seule compétence, il joue volontiers avec l’ordre du jour pour affaiblir l’attention de
son interlocuteur. En conséquence, il se présente en protecteur en s’illustrant au jeu
du partenaire inférieur en vue de faire perdurer les relations avec son vis-à-vis.
a) Le pacificateur
Il se présente comme quelqu’un d’indécis, serviable, extrêmement gentil et se
comporte de la manière la plus paisible possible pour plaire à son interlocuteur et le
mettre à l’aise.
Il évite l’affrontement et écarte tout obstacle pouvant gêner l’évolution de la
négociation avec l’intention de créer une atmosphère plaisante (complaisante) et un
cadre de négociation exagérément parfait. La conséquence est que ce personnage au
style un peu trop souple préfère même perdre la négociation au profit de son
interlocuteur plutôt que de créer un climat de tension.
b) La silhouette
Tout comme le pacificateur, la silhouette déteste les situations conflictuelles, évite et
fuit les contacts avec les autres. Son caractère introverti fait de lui un personnage
proche de l’ermite, raison pour laquelle il est présenté comme le personnage type de
négociateur perdant-perdant.
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Cette deuxième partie du cours se veut davantage pragmatique avec des exemples et
des exercices pratiques. Les quatre chapitres qui constituent son ossature s’inscrivent
dans cette démarche générale. Aussi, examinerons-nous successivement les étapes de
la préparation (Chapitre V), de l’exploitation (Chapitre VI), du déroulement (Chapitre
VII) et de la finalisation de l’entente (Chapitre VIII).
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Techniques de négociation
I- INVESTIGATION
II- Information
Quelles sont les informations déjà en ma possession ? Que puis-je apprendre avant et
durant la négociation ?
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Toutes informations obtenues sur l’interlocuteur ou de lui, sont utiles pour la maîtrise
du problème, le traitement des données recueillies et la planification de la réunion.
1) A la découverte de l’interlocuteur
2) Maîtrise du problème
3) Traitement de l’information
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Techniques de négociation
Exemple 1 :
a) Description de la situation
Monsieur Baba, expert, conseiller économique à la Présidence de la République du
Niger est chargé de renégocier les termes du contrat relatif à l’exploitation de
l’uranium de son pays par la Société française AREVA.
b) Identification de la problématique
Comment amener la Société AREVA à la raison ?
Comment parvenir à un accord judicieux ?
Les insuffisances de l’accord mis en cause.
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Techniques de négociation
Exemple 2
a) Situation
Au nom du collectif des syndicats du Togo dont vous êtes le porte-parole, vous êtes
appelé à rencontrer le Gouvernement dans le cadre de négociations visant à améliorer
les conditions de vie des consommateurs.
b) Problématiques
Révision du code du travail
Création et préservation de l’emploi
Service minimum dans l’administration publique et privée en cas de grève
c) Objectifs
Atténuer les effets de la crise
Résoudre les problèmes par la recherche d’un accord judicieux
Cette démarche nécessite la fixation d’objectifs pour chaque enjeu et d’objectifs
généraux.
4) Planification de la réunion
Planifier une réunion, c’est prendre de commun accord, des dispositions préliminaires
d’ordre organisationnel (ce qui s’apparente à la règle classique des trois unités) sur le
temps, le lieu et l’action.
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Techniques de négociation
EXERCICES D’APPLICATION
Questions
- Quels sont les objectifs, les revendications et les stratégies des parties ?
- Y-a-t-il eu des problèmes ? Quels sont-ils ?
- De quelle négociation s’agit-il ? Multilatérale, bilatérale, tripartite ?
Questions
- De quelle négociation s’agit-il : multilatérale, bilatérale, quadripartite ?
- Comment appréciez-vous la préparation de la négociation par la République
de Tamata ?
- Existe-t-il un problème ? Lequel ?
- Quels peuvent être les agendas ouverts et cachés des pays comme la Chine et
les Etats-Unis d’Amérique, réticents à la conclusion rapide d’un accord ?
- Quels sont les enjeux ?
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Techniques de négociation
CHAPITRE VI : Exploration
I- CONFERENCE
La conférence est une méthode qui consiste à convoquer, au plan national, une
réunion au cours de laquelle les participants (experts et non experts) donnent leurs
avis sur le sujet, objet de la négociation.
Les débats, dirigés par un participant, débouchent sur une position générale au vu de
laquelle les autorités compétentes donnent des instructions ou dictent aux participants
à une prochaine réunion, la conduite à tenir.
Conditions de succès
Tout dire, sans censure ni autocensure, sur tout ce qui vient à l’idée concernant
le sujet sans craindre d’émettre des idées a priori farfelues.
Ne pas hésiter à utiliser les idées des autres pour en émettre d’autres : parce
qu’elles se ressemblent, s’opposent ou sont variantes.
Rester neutre pendant toute la phase de production des idées, sans
commentaires, sans critiques ni censures.
Participer avec beaucoup de sérieux à l’exercice sans perturber le déroulement.
But de l’exercice
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Cet exercice a l’avantage d’inciter à une discussion ouverte très tôt et de créer un
climat propice à l’obtention de résultats mutuellement satisfaisants. Il suffirait de
procéder généralement par :
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Rester flexible
Entre les positions limites maximale et minimale (plafond et plancher), il faut avoir
une position intermédiaire raisonnable pouvant susciter des concessions.
Des concessions
Les faire dans un esprit de réciprocité permet quelques fois de gagner plus que l’on
espérait.
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Techniques de négociation
Des faveurs
Les faveurs ("side payments") sont des attentions particulières réciproques apportées
par les parties en négociation en vue de soigner les relations. En réalité aucun cadeau
n’est gratuit, il véhicule toujours une intention cachée. (Exemples : une invitation à
dîner, la gratuité de transport et d’hébergement, etc).
Ne pas faire transparaître votre état d’âme. Le contraire ternit le bon déroulement de
la négociation. Dans cet esprit, il faut s’abstenir de répondre aux provocations de la
partie adverse, garder le sang-froid et le calme nécessaire pour transformer son
arrogance en des options à exploiter.
2) Maîtrise de l’offre
Le négociateur averti détermine le plancher et le plafond, c’est-à-dire les limites
acceptables de ses offres. Cette précaution lui vaut d’éviter des surprises avec le
regret et le sentiment d’être volé. Les limites convenables reposent sur des indicateurs
d’appréciation dont le Seuil d’Alerte, le Point de Rupture et la Meilleure Solution de
Rechange (MESORE)
a) Seuil d’alerte
Comparé à un fil tendu en guise de traquenard (Trip Wire) ou d’avertissement, perçu
également comme un disjoncteur de courant électrique, le Seuil d’alerte ou Seuil non-
négociable ou signal d’alarme correspond au niveau en dessous duquel tout accord
conclu mène à la perte.
Comme la MESORE, le Seuil d’alerte est une mesure par laquelle l’on évalue
l’opportunité d’un projet d’accord c’est-à-dire s’il vaut la peine d’être signé. Tout
accord conclu à ce niveau est acceptable dans la mesure où l’intérêt fondamental est
préservé.
Exemple : Une maison mise en vente pour un prix de 40 000 000 F CFA peut être
acquise pour une valeur acceptable de 35 000 000 F CFA si l’on suppose que le
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Techniques de négociation
propriétaire lui-même l’avait achetée à 30 000 000 F CFA. En dessous de 35 000 000
F CFA qu’il s’est fixé comme plancher, toute offre est irrecevable.
Le seuil d’alerte est le point à partir duquel l’on gagne un peu sans trop perdre.
L’intérêt de 5 000 000 F CFA étant préservé, un accord conclu dans cette limite est
acceptable.
Le seuil d’alerte limite le mandat du négociateur et lui procure par conséquent une
marge de sécurité ou de manœuvre qui l’empêche de sombrer complètement.
b) Point de rupture
Le Point de rupture est une position de recul, fixe et habituellement arrêté à l’avance.
Bien que protégeant contre la conclusion hâtive d’un accord, il comporte des
inconvénients parce qu’il limite l’esprit d’imagination et la faculté d’adaptation à la
complexité de la négociation.
En effet, le Point de rupture peut être irréaliste lorsqu’il est trop élevé ou trop bas par
rapport au point de rentabilité. Il induit par conséquent dans l’impossibilité matérielle
de concevoir et d’accepter des solutions satisfaisantes.
Exemple : Le fait, pour un négociateur, de faire un choix sélectif des points à l’ordre
du jour dans l’intention de ne s’accrocher qu’à quelques-uns.
c) MESORE
Il faut éviter de conclure un accord pour le regretter aussitôt ou plus tard. Il convient
toujours de prévoir des solutions de rechange ou des options (accords possibles ou
partiels) qui, examinés et évalués, permettent de savoir en quoi elles satisfont les
intérêts de toutes les parties en présence.
Les critères qui guident la recherche des points sont des références ou des solutions
antérieurement adoptées pour le règlement d’une situation identique, la jurisprudence,
le cours du marché.
Les exemples suivants de MESORE sont donnés par William URY (Comment
négocier avec les gens difficiles : de l’affrontement à la coopération, éditions du
Seuil, 1998, p.38) :
• « Si vous négociez une augmentation avec votre patron, votre MESORE est
peut-être de trouver un emploi dans une autre entreprise.
• Si vous négociez avec un vendeur, votre MESORE est peut-être de parler au
directeur du magasin ou, si cela ne marche pas, de changer de magasin.
• Si une nation négocie avec une autre à propos de pratiques commerciales peu
équitables, votre MESORE est peut-être de faire appel à l’instance
internationale appropriée ».
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Techniques de négociation
C’est dire que la MESORE, une fois déterminée, examinée et identifiée, doit être
consolidée. Cela signifie que parmi plusieurs solutions envisagées, le négociateur doit
pouvoir choisir la meilleure possible qui ne produise pas contre lui un effet de
boomerang.
Une fois que l’accord est signé, le négociateur doit chercher à se protéger pour ce qui
est de son suivi notamment à propos des engagements de promesses faites par la
partie adverse, et prévoir également des procédures de résolution des conflits.
a) Stratégies
Plusieurs types de stratégies sont essayées par rapport aux objectifs et aux intérêts.
Stratégies de contournements
Elles sont proposées en cinq points par William Ury ("Comment négocier avec les
gens difficiles : De l’affrontement à la coopération", Editions du Seuil, 1998, Paris)
et s’inscrivent principalement dans l’esprit des stratégies d’opposition :
• "Monter au balcon" c’est-à-dire prendre une hauteur de vue, une vue
dominante et équilibrée sur la question en évitant de réagir brutalement ;
• Résister à la tentative des disputes en aidant le vis-à-vis à contrôler ses
émotions (peur, frustration etc.) ;
• Recadrer le débat pour faire croire au vis-à-vis qui tente de vous faire céder, en
utilisant son argumentation comme moyen de régler le problème. (Exemple :
Pour n’avoir pas donné une suite favorable aux nombreuses démarches de sa
femme d’augmenter l’argent de la popote, monsieur Diallo se trouve face à
une situation qu’il cherche à maîtriser et à tourner à son propre avantage.
A l’heure du dîner, il lui est servi une sauce de gombo sec avec pour seuls
ingrédients, du sel et du piment.
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Techniques de négociation
Dans tous les cas, le négociateur doit faire preuve de patience, d’ouverture d’esprit,
d’humilité en se demandant s’il n’est pas lui-même la cause du blocage par son
comportement, être flexible sans faiblir.
Techniques de rapprochement
Elles sont relatives aux négociations intégratives :
• propositions, contre-propositions ;
• compromis, concessions, échanges, contreparties, compensations ;
• appel à des tiers extérieurs ;
• appel à la créativité ;
• promesses (non fictives)
• ballon d’essai (surévaluer ou sous-évaluer délibérément la situation pour
provoquer une réaction) ;
• fuites organisées (dans un sens stabilisateur)
• références à des solutions historiques, à des normes, à des usages courants
(exemple : les solutions "50 – 50" ;
• suspensions, réunions informelles « couloir », « bar »
Techniques exploratoires
Elles tendent à exercer une pression coercitive :
• mensonge
• chantage, intimidation
• manipulation
• bluff (impressionner, intimider un adversaire)
• surenchère (exagération)
• fait accompli
• « chaise vide », retrait momentané
• harcèlement
• engagement irrévocable
• ultimatum, délai - limite
Techniques de déstabilisation
Elles concernent les situations mixtes :
• surprise, faits nouveaux ;
• déplacements du niveau de la discussion ;
• renversement de position ;
• pivot factice (fausse piste)
• dérobade, esquives, renvoi continuel à d’autres instances ;
• alibis (fax, téléphone, santé, etc.) ;
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Techniques de négociation
• feintes ;
• camouflage ;
• « chaud et froid » (dire une chose et son contraire)
• rétention d’information
• silence
• incartades, incidents, actions perturbatrices (télégrammes etc.)
• remise en cause
Technique de la grimace
Elle s’apparente à la négociation à contre-cœur dans laquelle chacun des
négociateurs montre les limites de ses offres dans des discussions où il y a possibilité
de donnant-donnant. Lorsqu’un vendeur fixe sa marge de bénéfice, même sur des
articles soldés, il ne manque d’y ajouter une marge de négociation.
La leçon est qu’il faut se méfier des intermédiaires (bon policier) et ne pas les laisser
influencer votre décision. Il vaudrait mieux négocier directement avec eux comme
cela se doit. C’est un leurre de penser qu’un intermédiaire peut négocier en vos lieu et
place sans se soucier de ses propres intérêts.
Technique du silence
Le silence, comme moyen de négocier, n’est pas le refus de la négociation. Il est au
contraire l’une des techniques les plus puissantes visant à provoquer des concessions.
Considérez-vous comme un vendeur à contre-cœur. Vous proposerez un prix que
l’acheteur trouve trop élevé. Il est scandalisé. Vous gardez le silence.
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Techniques de négociation
Le pivot factice
Technique à orientation conflictuelle, le pivot factice s’achève par un donnant-
donnant tactique qui consiste à chercher une monnaie d’échange peu coûteuse pour
vous, mais hautement valorisée pour l’interlocuteur. Une fois qu’elle est obtenue, la
monnaie d’échange est aussitôt mise en débat avec une générosité trompeuse.
Exemple
La société nigérienne "Issa et Fils", spécialisée dans le fret, est sollicitée par
l’entreprise nigérienne de construction immobilière "Ecomo" pour acheminer du
ciment, de Lomé à Niamey.
1er acte : Issa et Fils, joue sur l’item « temps », prétextant que son calendrier est
rempli par rapport à son cahier de charges et qu’il ne pourrait honorer une telle
prestation de service que vers la fin de la saison pluvieuse.
L’entreprise "Ecomo" trouve intéressante cette proposition qui est juste en deçà de
son point de rupture, c’est-à-dire du délai convenu pour le démarrage effectif des
travaux.
2è acte : "Issa et Fils" joue sur l’item « prix » en disant : "en raison des risques de
pluies sporadiques en cette fin de saison et d’ennuis certains (mécaniques,
douanes…), le transport devrait vous coûter légèrement plus cher, soit 800 000 F
CFA de plus par voyage de 100 000 tonnes".
L’entreprise "Ecomo" accepte la proposition après avoir obtenu un bonus de 50
000 F sur le transport.
3è acte : fort de ces acquis sous forme d’accords séparés, "Issa et Fils" valorise
hautement la monnaie d’échange, le « temps et le prix ».
"Je comprends votre empressement de démarrer les travaux dans le délai imparti. Le
forfait de 50 000 F CFA serait plus élevé avec d’autres transporteurs".
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Techniques de négociation
La finalisation de l’entente est une étape décisive au cours de laquelle des inquiétudes
et des réserves peuvent ressurgir et appeler des commentaires sur des points ayant
déjà fait l’objet de compromis au cours de la négociation. Pour cela, les termes de
l’entente doivent être évalués dans leur ensemble. La conclusion et le suivi, autant
que la forme (modalité) de l’entente, ne sont pas non plus à l’abri de toutes
éventualités de remise en cause et de modifications inattendues tant que le document
final n’est pas établi, signé et entré en vigueur. L’évaluation (I) est importante pour la
conclusion et le suivi de l’entente (II) qui peut prendre plusieurs formes.
I- EVALUATION
Sur les points ayant préalablement fait l’objet d’une entente négociée, l’une des
parties pourrait toujours être tentée d’y ajouter ou soustraire un point ou une clause.
Cela minerait le progrès jusque là réalisé.
Pour cette raison dictée par la méfiance, le doute ou le sentiment d’avoir été triché, la
meilleure précaution est de veiller à la bonne qualité de l’entente.
1) Conclusion
Pour produire de bons résultats, une entente doit être claire et exécutable. Au fur et à
mesure qu’on approche la rédaction de l’entente, plusieurs possibilités s’offrent aux
négociateurs quant à l’option :
2) Suivi
La rédaction de l’entente peut être faite conjointement par les Parties elles-mêmes, ce
qui est préférable mais prend beaucoup de temps.
La rédaction, lorsqu’elle est assurée par un Sous-comité Conjoint composé de
préférence de gens souples (modérés), permet de gagner du temps.
Par ailleurs, un Avocat peut assurer cette tâche, mais avec le risque de déformer
l’esprit et le jargon de l’entente (mauvaise interprétation).
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Techniques de négociation
Applications
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Techniques de négociation
Cette troisième partie du cours regroupe quatre chapitres consacrés aux quatre
domaines spécifiques d’application où les tenants et les aboutissants des affaires
tiennent en haleine des acteurs intervenant généralement, chacun, dans son domaine
de compétence. Il s’agit de la négociation générale (Chapitre IX), de la négociation
commerciale (Chapitre X), de la négociation sociale (XI) et de la négociation
internationale (XII).
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
La négociation générale embrasse, à des degrés différents, tous les aspects des
relations humaines, tous les domaines d’activité et touche à toutes les disciplines.
De l’établissement de nouvelles relations au règlement de conflits en passant par
l’attention portée à l’excellence des rapports, la négociation générale est
omniprésente. On dirait l’ancêtre de toutes les formes de la négociation.
En admettant que notre « ère est celle de la négociation » (W. Zartman, 1976), l’on
pourrait également convenir avec Strauss (1978), qu’elle est aussi vielle que le monde
et qu’elle régissait les relations humaines primitives avant de s’étendre à des
domaines plus complexes.
I- METHODE DU COMPROMIS
Exemple :
En votre qualité de Président Directeur Général (P.D.G.) d’une société de transport
urbain, vous vous proposez de renouveler le parc d’autocars.
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Techniques de négociation
b- Attribuez à un tiers une opinion extrémiste : [Nos clients sont si exigeants qu’ils
demandent le renouvellement du parc d’autobus après le seul accident survenu en
15 ans d’exploitation].
C’est la méthode par laquelle les politiciens font face le plus souvent aux
revendications imprévisibles.
Exemple
Le Chef du Canton d"Eden" demande au député élu de sa circonscription ou de sa
préfecture de faire construire au profit des populations de la localité un marché
moderne.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Observation
Au lieu d’aller droit au but en démontrant l’irrecevabilité de la proposition du Chef
de canton, le député lui laisse le soin de se rendre lui-même à l’évidence, évitant ainsi
de s’engager personnellement. Mais ce sera tant mieux pour lui si le marché venait à
être construit, ce qu’il mettrait volontiers à son propre actif.
Exemple
Un jeune homme très brillant, diplômé d’études supérieures, opposant politique et
très remarqué pour ses critiques, est convoqué par le Ministre de l’Intérieur et de la
Sécurité qui lui dit en ces termes :
« Ecoutez jeune homme, vous êtes libre d’accepter ou de rejeter mes propositions.
Des voix plus autorisées me chargent d’être leur porte-parole. Vous êtes dynamique,
brave, intelligent et donc capable de mettre vos compétences au service de votre pays.
Non ! ne dites rien !
Vous connaissez l’intérêt du Chef de l’Etat à l’égard de la jeunesse, fleuron de la
relève. Je ne vous demande pas de solliciter ou de postuler à un poste ministériel.
D’ailleurs, cela se mérite et le lieu et le moment ne se prêtent pas à de telles
discussions. Je tiens néanmoins à vous signifier que vous pouvez vous rendre utile à
la nation. Il vous appartient de juger de cette opportunité et de me dire ce que vous en
pensez, le plus rapidement possible.
Observations
• Comme préparation du terrain, le Ministre a loué les qualités du jeune
homme ;
• en guise de semis, il a inculqué des paroles dans l’esprit du jeune homme ;
• comme résultat, il attend sa réponse.
Le but de cette méthode est de comparer les apports des parties en présence sous
forme de garantie. La méthode consiste à poser des questions tests à l’interlocuteur,
appelé à apporter une garantie à son offre. La méthode du bilan est initiée par Max
Merkel, un ancien entraîneur allemand de football du club TSV 1860 München dans
les années 1975 pour négocier avec les nouvelles recrues leurs rémunérations et
prestations.
Exemple
Franz Gerber, un gardien de but venu de Hambourg, demande 75 000 Marks de
rémunération. A sa grande surprise, l’entraîneur lui propose 100 000 Marks avant de
lui demander :
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Après avoir inscrit tous les chiffres avancés, l’entraîneur demande au gardien de but
une garantie. Celui-ci garde le silence, ne sachant pas quoi dire.
Et l’entraîneur de poursuivre :
• "Garantissez-vous que notre équipe sera toujours en tête du classement ?
• Que notre équipe montera en première division la saison prochaine ?
• Si oui, je vous accorde volontiers 100 000 marks de plus.
Observations
Le joueur ne pouvant pas donner une si importante garantie, l’entraîneur lui fait
comprendre que le club non plus ne peut donner de garantie pour ce qui le concerne.
Face à l’absence de tout engagement de sa part, le joueur s’est rendu à l’évidence que
ses exigences sont exagérées et donc irrecevables.
V- METHODE DE CULPABILITE
• Le langage du corps
Il consiste à créer dans un premier temps, une atmosphère tendue en faisant asseoir le
collaborateur pendant que le Chef se tient debout et fait des pas de promenade (des
va-et-vient) dans la salle.
• L’attaque
Le Chef se livre ensuite à une offensive contre le collaborateur et l’accuse de tous les
maux.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
• Le sentiment de culpabilité
Le collaborateur se sent coupable des fautes qui lui sont reprochées, présente des
excuses et cherche à gagner effectivement la confiance du Chef par l’amélioration de
son travail.
Observations
Par cette méthode courante plus ou moins cruelle en raison des dangers qu’elle
comporte, l’on met l’interlocuteur dans son tort par des arguments moraux ; on
éveille en lui le sentiment de culpabilité sans le repousser définitivement et sans en
faire un ennemi, en même temps qu’on lui fait miroiter une brillante carrière.
2) Problématique
a) Nature du conflit
Technique de rapprochement
Communication verbale
• soigner son langage : éviter la grossièreté, la vulgarité, des propos
désobligeants et fâcheux, injures, dénigrements ;
• éviter les insultes sur l’aspect physique du conjoint ou à son intelligence ;
• être positif : éviter des menaces c’est-à-dire des représailles et encore moins de
séparation ;
• pas d’allusions négatives aux beaux-parents ou à d’autres membres de la
famille ou des amis ;
• ne pas interrompre ni contredire ;
• respect mutuel ;
• renouvellement et affirmation mutuels d’amour ;
• langage franc et sincère, sans ironie ni moquerie ;
• pas de dispute devant les enfants, les membres de la famille et les personnes
étrangères ;
• ne pas agir de manière défensive.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Sans tendresse et sans amour, la vie conjugale devient monotone, ennuyeuse et brute.
Un effort de caresses renouvelées sur les zones érogènes comme un rituel
préliminaire à l’acte intime est nécessaire.
Sitôt le summum du plaisir atteint, il est important pour les conjoints qui connaissent
et maîtrisent bien leur registre de variation (zones sensibles), de continuer à s’offrir
quelques sensations agréables supplémentaires avant de se désunir. Cet effort est
nécessaire au cas où, involontairement ou par sensation de volupté précipitée, l’on
empêche la compagne d’atteindre la plénitude de sa jouissance. C’est la manière la
plus élégante de ne pas considérer la femme comme un réceptacle à libérer sa
semence (esclave sexuelle).
Technique de séduction
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Techniques de négociation
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Son champ d’action est le "marché". Ses acteurs sont les "vendeurs" et les
"acheteurs" qui animent le marché. Les divergences entre les acteurs sont aplanies
grâce à leur volonté de conclure un "arrangement".
La variété des situations s’observe à travers trois types de négociation : les grande et
petite négociations, la négociation de vente et d’achat et la négociation selon la nature
des biens.
Comme l’on peut l’observer, les deux démarches n’obéissent ni aux mêmes
techniques ni aux mêmes règles.
Cette stratégie centrée sur l’utilisation du temps, consiste à poser des jalons pour la
conclusion d’une entente future (Foires, expositions, "B" to "B" ou Business to
Business)
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Techniques de négociation
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Jeu de Go : jeu d’origine chinoise, qui se dispute entre deux partenaires munis
chacun de pions sur un support comportant 361 intersections. Comme le salami, le
jeu de Go est une technique de découpage basé sur des stratégies défensives et
consistant à grignoter petit à petit les positions globales de la partie adverse de façon
à ouvrir des brèches à exploiter ultérieurement. Autrement, il consiste à découper la
négociation point par point, sans chercher à relier ou à globaliser les résultats partiels.
2- La vente négociée
La vente négociée est celle qui vise la recherche d’un arrangement satisfaisant pour le
vendeur et l’acheteur.
Au regard de ces traits distinctifs, quelles peuvent être les qualités du vendeur ou de
l’acheteur ?
- optimisme ;
- fermeté ;
- honnêteté ;
- aptitude à évaluer, la personnalité, la psychologie, les problèmes de votre
interlocuteur ;
- ambition ;
- volonté, combativité, courage, persévérance ;
- esprit sportif (goût pour la compétition et esprit d’équipe) ;
- autorité, assurance ;
- intelligence (capacité de passer du particulier au général, replacer une
information dans son ensemble, saisir, interpréter ou comparer ce qui est
nouveau à la lumière de ce que nous avons déjà) ;
- bon sens (la mobilité de l’intelligence qui se règle sur la mobilité des choses) ;
- maîtrise de soi ;
- sensibilité (personnalité riche en émotion) ;
- sens du contact, de courtoisie, du charisme (le bon vendeur sait allier le
tempérament dominateur et le tempérament séducteur) ;
- enthousiasme ;
- originalité et imagination ;
- sincérité, loyauté ;
- esprit de méthode ;
- esprit d’entreprise.
Toutes ces formes de négociation sociale ne résultent pas du conflit mais elles portent
généralement sur quatre points essentiels. Il s’agit de :
Notre but n’étant pas d’entrer dans les détails de la réglementation syndicale, ni des
conflits sociaux, le présent chapitre sera consacré aux caractéristiques propres de la
négociation sociale (I), à la nature des relations entre les acteurs sociaux ainsi que
leurs stratégies (II). A titre d’application, nous examinerons la négociation sociale
dans un contexte de conflit (III).
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
La négociation sociale a pour but de définir ou de redéfinir les règles qui régissent le
marché du travail. Elle ne peut donc être assimilée à une transaction entre un vendeur
et un acheteur, ni à une prestation de service. Elle répond à des règles propres
assorties de conditions posées par chacune des parties concernées.
Quels sont les facteurs qui définissent les variables spécifiques de la négociation
sociale et quelles sont les conséquences de cette spécificité ?
Le facteur politique est flagrant dans certains pays où les activités syndicales sont
encore inexistantes (Corée du Nord, Chine) ou encore dans d’autres pays où le
syndicalisme, à l’état embryonnaire, n’existe que de nom en raison de son
embrigadement par les pouvoirs publics.
c) Variables institutionnelles
La négociation sociale se déroule dans un cadre juridique et règlementaire qui influe
sur les procédures et les pratiques de négociation, d’un pays à un autre.
La multiplicité et l’interdépendance des acteurs dont certains, de par leurs
accointances avec les pouvoirs publics, constituent des facteurs d’instabilité dans la
recherche de solutions concertées et inclusives. Le Togo compte huit organisations
syndicales2.
2
Confédération Générale des Cadres du Togo (GGCT)
Confédération Nationale des Travailleurs du Togo (CNTT)
Confédération Syndicale des Travailleurs du Togo (CSTT)
Force Ouvrière Togolaise (FOT)
Groupe des Syndicats Autonomes (GSA)
73
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Un autre facteur est l’omniprésence des pouvoirs publics dans la négociation sociale.
Par leur présence plus ou moins discrète, ils veillent au respect des procédures et au
déroulement de la négociation conformément aux règles en vigueur.
Un tout autre facteur d’instabilité institutionnelle résulte de la stratégie des acteurs à
remettre en cause les règles existantes en la matière.
Somme toute, « il n’y a pas un modèle type de négociation sociale, mais un ensemble
de situations différenciées dont les caractéristiques varient selon la conception des
acteurs et la finalité recherchée » (Christophe Dupond, 1982).
Les employeurs et les syndicats se cachent derrière des déclarations officielles pour
dire leur attachement à la négociation, pour masquer leurs profonds désaccords sur
les objectifs et les pratiques (C. Dupond et P. Dubois, 1975).
Qui sont les acteurs sociaux, leurs caractéristiques et leurs stratégies en matière de
négociation ? Ces aspects sont respectivement examinés dans le développement qui
suit.
Les contraintes relationnelles font des acteurs sociaux, des partenaires obligés, des
partenaires collectifs, des partenaires complexes et des partenaires à motivations
variables :
Les acteurs sociaux expérimentés ont la réputation de mettre en œuvre des stratégies
plus ou moins détaillées, explicitées et réfléchies, axées sur trois principaux facteurs
de base : les enjeux, les tensions et le rapport de force.
• les enjeux peuvent ne pas apparaître clairement dans l’esprit des acteurs
avant la négociation (ou l’ensemble conflit-négociation) ; ils peuvent
aussi être masqués ; enfin ils sont souvent susceptibles de se déplacer.
Quelles que soient la situation initiale et son évolution, la détermination
et la formulation de l’enjeu constituent un acte stratégique en ce sens que
sont créées par là même une série de décisions d’un poids majeur et
souvent irréversible ;
etc. ?
• y en-a-t-il de nouvelles ?
• trésorerie
• soutiens financiers
• stocks
• position des banques
• position des clients
• positions des actionnaires
• coût actuel de la grève
• coût si elle se prolonge : 1-2-4-5 jours – 2 semaines – 3 semaines
– 4 semaines
• attitudes des concurrents
• opinion publique
• pouvoirs publics
• journaux
• radio
Exemple N° 1 suite
• Télévision
• la ville
• la région
• retentissement national
• pourcentage des grévistes
• solidarité
• attitude des grévistes vis-à-vis de la direction, de l’encadrement,
des non-grévistes
• attitude des non-grévistes vis-à-vis de la direction, de
l’encadrement, des grévistes
• attitude de l’encadrement vis-à-vis de la direction, des grévistes
• intensité des motivations des grévistes
• qu’est-ce qui est le plus remis en cause : la direction,
l’entreprise, le système, autres ?
• qui mène le conflit ?
• quels sont les fonds des grévistes ?
• aide de l’extérieur ? ville, confédération, autres
• réactions des familles
Stratégies de la direction
• informations (non grévistes, grévistes, tiers)
• actions à envisager
• préalables
déplacement du motif de la revendication
Source : Comment négocier avec les syndicats (1978), cité par C. Dupont.
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Techniques de négociation
• Se préparer tactiquement
Organisation : lieux, temps, statuts, rôles, procédures, imprévu.
Argumentation : ce qui me sert, ce qui me gêne, effets de surprise, exposé
préalable, question.
Préparation psychologique : niveau d’aspiration élevé, pas
d’agressophobie, imagination ouverte, crédibilité,…
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Techniques de négociation
1) Facteurs culturels
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Techniques de négociation
- valeur et croyances
- langage et communication
- tempérament et caractère
- attitude en général et notamment vis-à-vis du changement
- motivations et besoins d’accomplissement
- stéréotypes nationaux
- pratiques relatives au travail et au fonctionnement de l’économie
- structures et pratique sociales
- modes d’autorité
- changement technologique
• motivations et besoins
d’accomplissement négociateur américain
Les négociations se déroulent dans des contextes originaux et différents que sont
l’espace géographique, le champ couvert par la négociation et le temps qui y est
consenti.
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Techniques de négociation
Il est établi que les facteurs juridiques (lois, règlement) et les usages affectent la
validité et l’exécution des engagements (contrats, accords, ententes …) négociés à
l’extérieur. Le négociateur étranger se trouve dans un univers juridique différent du
sien. Il est donc tenu de considérer certaines exigences importantes :
Cadre organisationnel
• Dans les pays du Golfe et pour ce qui est des premiers contacts, le
négociateur étranger doit être représenté par un «Sponsor » local
(directeur régional, représentant local, agent…), qui facilite la suite
de la négociation. Le jeudi et le vendredi ne sont pas indiqués pour
des rendez-vous. Le samedi et le dimanche sont des jours normaux de
travail. La connaissance du calendrier musulman est nécessaire pour
éviter des surprises. La négociation est souvent assortie
d’engagements financiers (cautions, garantie bancaire…).
• Connaître les règles traditionnelles de l’hospitalité (posture, manière
d’accepter ou de refuser quelque chose, les usages, le maniement de
l’humour avec une extrême prudence…).
b- LA NEGOCIATION DIPLOMATIQUE
La négociation diplomatique se présente donc comme celle qui traite des relations
encore plus traditionnelles entre Etats ou entre Etats et organisations internationales.
En cela, elle comporte des traits caractéristiques et une manière propre d’agir aux
plans bilatéral et multilatéral.
Spécificité
La spécificité de la négociation diplomatique tient à son application à plusieurs
situations. Elle permet de discuter les termes d’une convention, d’un accord ou d’un
protocole. Elle est aussi la voie par laquelle les principaux acteurs ou les diplomates
règlent les différends entre Etats et les conflits internationaux.
86
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Dans tous les cas, les acteurs négocient pour parvenir à des résultats satisfaisants pour
toutes les parties en présence et si besoin, par l’intermédiaire de tierce personne.
Intervention de tiers
L’intervention de tiers peut prendre des formes variées, visant soit à faciliter la
négociation elle-même par la recherche de moyens d’apaisement de la tension, soit à
préparer les conditions d’ouverture de la négociation, soit à garantir le respect de la
solution négociée.
Bons offices et médiation
Bons offices, c’est « l’intervention d’une tierce personne qui juge « bon d’offrir » son
entremise pour faire cesser un litige entre deux Etats, ou qui est invitée à le faire par
l’un ou les deux Etats en conflit » [cf. Nguyen Quoc Dinh, Droit International Public,
5e édition, L.G.D.J., Paris, 1994, p. 785].
La mission de l’Etat tiers prend fin dès l’instant qu’il réussit à mettre en contact les
parties en conflit et que celles-ci entament effectivement la négociation.
La "facilitation"
D’utilisation récente, le terme "facilitation" désigne la médiation. La "facilitation" est
ainsi confiée au "facilitateur" qui joue pratiquement le même rôle que le médiateur.
Aux Nation- Unies, la formation d’une décision s’obtient soit par le vote, soit par la
recherche de consensus.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Le vote est le mode d’expression le plus simple. Exprimé de plusieurs façons, il peut
être manuel, mécanique, qualifié, enregistré, enregistré avec appel nominal.
Vote manuel
- Le représentant d’un pays exprime son opinion en levant la main en signe
d’approbation ou à ne pas le faire en signe de désapprobation.
- Le vote par cochage se fait à l’aide de bulletins comprenant des petites "cases" à
cocher, à un ou plusieurs tours. Ce mode d’expression est souvent utilisé à l’occasion
d’élection de candidats aux différents postes des organes des Nations (Conseil de
Sécurité, FAO, etc.). Il est apprécié pour son caractère discrétionnaire.
Vote mécanique
Il s’exprime à l’aide de trois boutons tricolores électroniques à actionner pour
marquer une réponse positive, négative ou une abstention, le résultat étant affiché à la
seule discrétion du Président de la séance.
Dans les deux cas de vote manuel et mécanique, le principe de la majorité simple des
voix est requis pour la prise de décision.
Vote qualifié
Contrairement à la majorité simple des voix (le plus grand nombre de voix), le vote
qualifié appelle la majorité requise des 2/3 des voix. Lorsque ce quota n’est pas
atteint, aucune décision ne peut être prise. Cette règle s’applique notamment pour les
décisions sur des questions essentielles tel le maintien de la paix et de la sécurité
internationales.
Vote enregistré
Mode fréquent aux Nations Unies depuis quelques années, il est vide de tout
caractère discrétionnaire. En effet, une fois le vote exprimé, le résultat sort
immédiatement par écrit (le nombre de "oui", de "non" et d’ "abstention", la référence
et le titre de la résolution mise au vote …).
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
b) Le consensus
Les principaux acteurs de cette démarche sont les membres du Bureau élu à savoir, le
Président, le Vice-président, le Rapporteur etc. ainsi que des délégués "Amis du
Président".
Le Bureau et sa charge
A l’instar du Président, les membres du Bureau sont tenus de mener des contacts au
niveau des différents Groupes d’influence. Ici également, les démarches peuvent se
révéler satisfaisantes, permettant ainsi au Président de faire à l’Assemblée des
propositions de solution. Dans le cas contraire, l’obligation de résultat le pousse à se
faire assister par un nombre restreint de délégués communément appelés les "Amis
du Président".
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
En cas d’échec également de la part de ses amis, le Président seul constitue le dernier
recours et est donc obligé de prendre toutes les responsabilités qui sont les siennes.
Au cours d’un dîner de travail, le Président discute avec des membres influents de
son choix, en prenant toutefois le soin de ne pas y convier les parties dont les
positions bloquent les discussions.
Cette recherche de l’ambiguïté positive est une épreuve fatidique, mais elle constitue
la seule et ultime possibilité qui s’offre au Président après qu’on a fini d’épuiser
toutes les autres voies de négocier un accord.
90
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Certes, l’ambiguïté positive conduit souvent à des intentions que l’on se garde
d’énoncer clairement. Mais elle est indispensable pour le dénouement d’un problème
majeur puisqu’elle permet aux uns et aux autres de se retrouver dans leurs positions
respectives avec des mots justes pour exprimer les doutes et les réserves.
Les deux principaux volets de la négociation internationale (ordinaire et
diplomatiques) se complètent et s’interpénètrent.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
I) CARACTERISTQUES COMMUNES
La négociation appelle l’existence d’intérêt c’est-à-dire de désirs ou besoins
manifestés par les parties :
Observations : Les intérêts sont opposés. Les deux parties doivent négocier une
entente pour la stabilité de l’entreprise.
Les éléments fondamentaux sont les points de vue des parties et les concessions faites
par l’une et l’autre.
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Techniques de négociation
b-) Concessions :
Une négociation guidée par le bon sens aboutit nécessairement à la conclusion d’un
accord satisfaisant et durable. La volonté de partage de gain est le fruit de
concessions et de renoncement d’un ou plusieurs intérêts de part et d’autre. Le
sacrifice vaut la peine surtout lorsque la situation ne nécessite pas qu’il soit tenu
compte de l’intérêt de toutes les parties à la fois.
Exemples de concessions :
- la négociation dure,
- la négociation objective,
- la négociation douce.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Cette technique, déconseillée, accroît le risque d’impasse ou de blocage. Elle crée une
atmosphère relationnelle pesante et lourde de conséquences parce que débouchant sur
un accord aléatoire.
Elle tient compte des intérêts de toutes les parties. Les propositions et concessions
sont faites dans un climat relationnel apaisé empreint de convivialité et de
compréhension menant à la conclusion d’une entente durable, acceptable par toutes
les parties.
maîtrise du dossier.
identification des obstacles.
préparation d’un argumentaire solide.
V) ORGANISATION DE LA NEGOCIATION
fermeté par rapport aux intérêts défendus (respect des principes, souplesse) ;
respect vis-à-vis des interlocuteurs ;
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Techniques de négociation
CONCLUSION
La négociation était ; elle est, et demeure ; elle sera de tous les temps. Sa fin est
souvent le début de la suivante.
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Techniques de négociation
1. AVANT LA REUNION
2. PENDANT LA NEGOCIATION
3. APRES LA NEGOCIATION
dehors de ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, le bon sens voudrait que le
bréviaire du négociateur modèle s’écrive en termes d’hymne à la paix, semblable au
cri de cœur d’un témoin de son temps, impuissant mais optimiste.
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Hymne à la Paix
Couple en détresse
Union en péril
Effrayante zone de turbulence
Saisis la paix par le nombril
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Exercices pratiques :
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i. Questions
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7- « Il n’y a pas un bon style, le meilleur en toutes circonstances, mais plutôt des
bons styles au regard de situations différentes ».
Commentez cette réflexion de Maurice Mamon.
8- Discutez de cette citation de Dean G. Pruitt
problèmes par les parties elles-mêmes ou par un médiateur dans le cas où les
parties ne sont pas en mesure de la faire elles-mêmes.
9- « Quel que soit le domaine abordé, un blocage isolé ne doit pas vous amener à
conclure que la question entière est vouée à l’échec.
Que pensez-vous de cette réflexion de Léonard Koren et Peter Goodman ? »
10- Par la négociation, nous nous sentons si proches les uns des autres que nous
nous croyons éternels.
Commentez.
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BIBLIOGRAPHIE
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SOMMAIRE ......................................................................................................................................... 1
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 2
I- STYLE NATIONAL.......................................................................................................................... 31
I- INVESTIGATION ............................................................................................................................. 38
I- CONFERENCE.................................................................................................................................. 44
II- SIMULATION ET SCENARIO ....................................................................................................... 44
III- REMUE-MENINGE (BRAINSTORMING)................................................................................... 44
110
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I- EVALUATION .................................................................................................................................. 59
I- METHODE DU COMPROMIS......................................................................................................... 63
II- METHODE DES POLITICIENS OU METHODE DE LA JUSTIFICATION ............................... 64
III- METHODE BEL-AMI OU METHODE DE LA GRAINE DE MOUTARDE .............................. 65
IV- METHODE MAX MERKEL OU METHODE DU BILAN .......................................................... 67
V- METHODE DE CULPABILITE...................................................................................................... 68
VI- METHODES DE REGLEMENT DE CONFLITS CONJUGAUX................................................ 69
1- Description de situation : cas de la famille Achina ........................................................................... 69
2- Problématique .................................................................................................................................... 69
a) Nature du conflit ................................................................................................................................ 69
b) Evaluation des chances de continuer à vivre ensemble ou de mettre fin à l’union ........................... 69
3- Tentatives de résolution du conflit .................................................................................................... 70
a) Technique de rapprochement ............................................................................................................. 71
b) Technique de séduction...................................................................................................................... 72
111
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Techniques de négociation
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Techniques de négociation
a- Spécificité ......................................................................................................................................... 99
b- Intervention de tiers (bons offices, médiation et facilitation) .................................................. 99
2- Négociation multilatérale : formation de la décision aux Nations Unies.......................................... 100
a- Formation de la décision par le vote............................................................................................ 100
b- Le Consensus................................................................................................................................... 102
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Annexes :
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Techniques de négociation
Le Président
Lomé
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Techniques de négociation
- Commande d’une étude afin de disposer d’informations exhaustives et actuarielles sur toutes
les branches en vue d’envisager une compensation statistique et financière entre les branches
excédentaires et déficitaires ;
- Refonte de l’ordonnance N°39/73 du 12/11/73 qui a plus de trente ans de vie. En matière
sociale, l’adaptation et l’amélioration des textes sont permanentes ;
- Commande d’une étude « benchmarking » pour s’inspirer éventuellement des expériences
des organismes de sécurité sociale des autres pays de la CIPRES et des pays en voie
d’émergence.
Nous pensons que ces suggestions, si elles sont prises en compte, contribueront à améliorer
sensiblement la situation de la Caisse.
En espérant avoir répondu à vos attentes, nous vous prions d’agréer, Monsieur le directeur Général,
l’assurance de notre parfaite considération.
Signé
Kossivi D. NAKU
117
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
DIALOGUE SOCIAL
--------------
SITUATION DE LA CNSS
2- Recouvrement quasi nul Il n’y a pas de recouvrement Maintenir des contacts avec
des cotisations des de cotisations pour les le greffe du tribunal pour
entreprises en entreprises en liquidation disposer rapidement des
liquidations informations sur les
entreprises en liquidation.
5- Paiement des droits de Les périodes d’assurance non Procéder à l’étude d’un
pensions pour des couvertes par des cotisations nouveau mode de calcul des
périodes non couvertes sont prises en compte dans le pensions.
par des cotisations calcul de la pension :
avantage accordé sans
contrepartie du payement des
cotisations attendues ; ce qui
aggrave le déséquilibre de la
banche.
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Du 25 avril au 18 mai 1995, se sont tenues à Lomé à la salle Entente au CASEF, des négociations
tripartites entre le Gouvernement, le conseil National du Patronat et les Organisations syndicales sur
les plates-formes de revendications introduites par les Centrales Syndicales. A l’issue des
discussions, il a été convenu ce qui suit :
1. PRIORITES N°1
1.1.2 Les salaires de la période du 1er au 30 septembre 1993 seront payés avant le 15
septembre 1995 ;
1.1.3 Un mois supplémentaire d’arriérés de salaire sera payé avant la fin de l’année
1995 si les disponibilités financières de l’Etat le permettent ;
1.1.4 Les autres mois d’arriérés de salaires seront payés dans la mesure du possible
avant la fin de l’année 1996.
Le point 1.1.1 est contesté par une partie des représentants des travailleurs qui estime que la
première mesure prise par le gouvernement relative aux arriérés de salaires doit être, 15 mois après
la dévaluation, une mesure générale.
Deux mois d’arriérés de pension seront payés au cours de l’année 1995 et les 4 autres mois
seront payés avant la fin de l’année 1996.
Tous les arriérés de subventions salariales seront payés avant la fin de l’année 1995 et l’Etat
fera des efforts pour éviter d’accumuler de nouveaux arriérés.
119
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Techniques de négociation
1.4 Paiement allocations familiales de l’année 1994 aux agents permanents de l’Etat
La partie gouvernementale a informé les autres parties qu’elle a déjà pris des dispositions
pour verser dès la première semaine de mai 1995, 80 millions de F CFA de cotisations à la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale en complément de ses versements antérieurs pour permettre à celle-ci
de payer 6 mois d’allocations familiales aux agents permanents de l’Etat au titre de l’année 1994.
Des efforts ultérieurs seront faits pour le paiement des 6 mois restants.
1.5.2 Des études seront réalisées pour la révision de l’Impôt sur le Revenu des
Personnes Physiques (IRPP).
2. PRIORITES N°2
2.1.2 Commission pour l’étude de la levée des taxes sur les matériaux de
construction.
120
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
2.1.4 Commission pour l’étude de la levée de toutes taxes sur le matériel agricole et
les engins utilitaires.
Sur la base du recensement déjà effectué par le Gouvernement, la dette intérieure sera
progressivement apurée en fonction des disponibilités financières de l’Etat.
2.3 Accroissement des dotations budgétaires des services sociaux (Santé, Education)
Des dispositions ont été déjà prises par le Gouvernement pour satisfaire cette exigence.
3. PRIORITES N°3
En foi de quoi, le présent accord préliminaire est établi et signé par les représentants des trois
parties en négociation.
ONT SIGNE :
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
Pour l’Union Nationale des Syndicats Pour l’Union des Travailleurs du Togo
Indépendants du Togo (UNSIT)
Dzike LADE-AHLIDZA
Pour le Gouvernement,
Le Ministre de l’Economie et des finances
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Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
MINISTERE DU TRAVAIL,
DE L’EMPOI
ET DE LA FONCTION PUBLIQUE
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le monde du travail togolais est aujourd’hui marqué par les conséquences désastreuses d’une crise socio-politique de plus
de dix ans et par les aléas mal maîtrisés de la mondialisation de l’économie. Les effets pervers de ces deux phénomènes
ont altéré de façon sérieuse la marge manœuvre des principaux acteurs que sont le gouvernement, les employeurs et les
travailleurs :
123
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
L’effet conjugué de ces situations aboutit à une précarisation des relations de travail. Pour arrêter ce mouvement décadent,
il est indispensable de créer une nouvelle dynamique sociale qui puisse sécuriser les intérêts des uns et des autres. Cette
dynamique ne peut naître que d’un dialogue franc entre les différents acteurs du monde du travail. Ce dialogue instamment
demandé par le groupe des travailleurs a trouvé un écho favorable auprès des autorités gouvernementales et des
organisations d’employeurs. Pour donner effet à cette volonté unanimement manifestée, des rencontres préliminaires ont eu
lieu, tant avec le Premier Ministre qu’avec le Ministre chargé du Travail et ont permis de mettre en place le cadre de ce
dialogue et d’en lancer le processus.
II- OBJECTIF
L’objectif principal du dialogue social est de permettre aux partenaires de s’entendre pour trouver des solutions
consensuelles aux problèmes auxquels le monde du travail est confronté. Il s’agit de conclure des accords tripartites qui
scellent l’engagement des acteurs à convenir de conditions minimales protégeant les intérêts des uns et des autres et qui
érige un cadre de gestion consensuelle et apaisée des enjeux nouveaux auxquels les acteurs doivent faire face.
III- STRATEGIE
La stratégie adoptée est celle d’une négociation directe, d’une table ronde devant regrouper tous les protagonistes. Le
tripartisme doit jouer ici à fond afin de permettre le plus large consensus possible. Il s’agit de poser les problèmes de façon
claire et explicite, d’y trouver des solutions ou à défaut, de les gérer de façon consensuelle.
A cet effet, des travaux préparatoires ont été menés et ont permis d’élaborer les termes de référence du dialogue. Lesdits
termes de référence seront amendés et adoptés par la structure du dialogue qui démarrera ses travaux aussitôt après son
installation officielle et solennelle par le gouvernement. Cette installation par les autorités aura pour effet de mettre en
confiance les partenaires du gouvernement, de stabiliser les relations de travail et de placer les acteurs sociaux dans la
dynamique d’une amélioration des conditions économiques et sociales.
La structure du dialogue social revêt une composition tripartite. Elle comporte en son sein des représentants du
gouvernement, spécialement ceux venant des départements ministériels qui seront impliqués dans l’exécution des
124
Cours de M. Adomaya ADO
Techniques de négociation
décisions issues du processus, les représentants des centrales syndicales de travailleurs et les représentants du Conseil
National du Patronat. Elle sera présidée par un modérateur de haut niveau désigné par les plus hautes autorités de l’Etat.
Son Secrétariat sera assuré par le Ministère chargé du travail. La structure de dialogue peut solliciter toute autre
compétence capable de l’aider dans la prise de décision.
La réunion préparatoire a abouti à un consensus sur le nombre des participants au dialogue. Ainsi :
- pour le groupe des travailleurs : 18 participants auxquels s’ajoute une équipe de conseillers techniques en nombre
raisonnable ;
- pour le groupe des employeurs : 10 participants auxquels s’ajoute une équipe de conseillers techniques en nombre
raisonnable ;
- pour la partie gouvernementale : 10 participants auxquels s’ajoute une équipe de conseillers techniques en nombre
raisonnable ;
L’ordre du jour du dialogue établi à partir des plates-formes des différents partenaires et des objectifs d’ordre public et de
développement du gouvernement comporte les points ci-après :
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Techniques de négociation
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Techniques de négociation
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Pour le compte du groupe des travailleurs
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Techniques de négociation
I-4 Retraite et ses Suspension des indemnités - Ré instituer et payer effectivement les Cette suspension crée des frustrations
avantages de départ à la retraite indemnités de départ à la retraite et accentue les soucis des travailleurs
et travailleuses
Elle est aussi source d’injustice
II- Priorités - Régler la question de représentation
N°2 des travailleurs au Conseil
Protection sociale Mauvaise gestion d’Administration
II-1 Situation de la Couverture sociale faible ou - Améliorer la gestion Pour que la CNSS joue effectivement
CNSS inexistante - Mettre en œuvre le nouveau statut le rôle qui lui est dévolu, il faut
Non-déclaration des agents juridique et institutionnel de la CNSS qu’elle paye à temps les allocations
à la CNSS - Réorganiser la protection sociale et étende la couverture sociale aux
Mauvaise conception des - Déclarer tous les agents et payer la affiliés de tous les secteurs
projets de la CNSS part patronale
(inaccessibilité aux - Entreprendre une politique de Sur le logement, que la CNSS oriente
logements) logement accessible à tous et sa politique vers les plus démunis
déduction du revenu imposable des
agents de l’Etat pour l’acquisition du
premier immeuble d’habitation (voir
Accords Préliminaires 1.5.4)
- Elever le taux de couverture sociale
des frais de santé et de pharmacie
II-2 Allocations - Plusieurs mois d’arriérés - Payer 6 mois d’arriérés Frustrations des agents concernés Avant la
familiales (20 à 50 mois) fin de
- Non-versement de la part - Revoir à la hausse le taux d’allocation l’année
patronale 2005
II-3 Pensions veuvage - Procédures lourdes et - Alléger les procédures Pallier la situation financière
lentes pour payer les - Payer aux veuves et aussi aux veufs, dramatique de la famille éprouvée
allocations les allocations et les pensions des
- Difficultés de subvenir aux orphelins
besoins des orphelins
2129
Techniques de négociation
III- Priorité N°3 - Abaisser les prix des productions de
Questions économiques première nécessité : carburant, eau,
électricité, téléphone, timbre-poste Permettre aux ménages et aux familles
III-1 Inflation - Salaire non indexé à - Revoir à la baisse le taux de la TVA sur de mieux vivre
l’inflation les produits pharmaceutiques, lait, sucre,
- Prix élevé des produits de savons et matériaux de construction
première nécessité - Mettre en place les commissions
tripartites (prix, levée des taxes sur les
matériaux de construction, libéralisation
de la vente du ciment) Cf. Accords
Préliminaires 2.1
III-2 Subvention aux - Manque chronique des - Mettre à temps et à prix raisonnable, les Augmenter la production et contribuer à
intrants et aux matériels intrants agricoles (engrais) intrants agricoles à la disposition des la baisse des prix des produits agricoles
agricoles paysans
- Interdire la vente anarchique des intrants
- Insuffisance de matériels agricoles par des individus
agricoles - Maintenir les subventions et augmenter
les points de vente
III-3 Les privatisations - Privatisations tous azimuts - Faire le bilan des sociétés privatisées à ce Arrêter de brader le patrimoine national
jour
- Arrêter les privatisations anarchiques et
suicidaires
III-4 Dettes - Lourd endettement de l’Etat - Payer progressivement la dette intérieure Pour relancer la consommation et
Dettes intérieures vis-à-vis des entreprises et - Honorer les bons de commande de l’Etat d’économie
établissements. Conséquences : - Accroître les dotations budgétaires des
licenciements, fermetures et services étatiques
délocalisations
Dettes extérieures - Exiger l’annulation pure et simple de
- Dette extérieure trop lourde la dette extérieure Permettre à l’Etat d’investir
- Tenir compte de l’avis des
organisations syndicales des
travailleurs dans les négociations avec
les bailleurs de fonds
130
3
Techniques de négociation
IV- Priorités N° 4 - Faible participation de l’Etat - Ouvrir une ligne budgétaire pour Pallier le manque de formation des
Les questions budgétaires à la formation des travailleurs l’éducation ouvrière travailleurs pour une meilleure
participation de ceux-ci au
IV-1 Formation et développement
éducation
IV-2 Conférences - Difficulté d’assurer la - Ouvrir une ligne budgétaire spécifique Pour une meilleure représentation des
tripartites représentation de toutes les pour ces conférences travailleurs
organisations syndicales des
travailleurs
V- Priorités N° 5 - Doter suffisamment ces institutions de
Revendicationssectorielles - Faibles subventions de l’Etat l’Etat Permettre à ces institutions de jouer
à certaines institutions de - Intégrer toute cette catégorie pleinement leur rôle de formation
V-1 Enseignement formation publique comme d’enseignants dans la fonction publique
privée
- Précarité de l’emploi dans - Rapporter toutes les mesures de
l’enseignement licenciement et de suspension de salaires
- Situation de misère pour les des enseignants pour fait de grève lors Pour un enseignement de qualité
enseignants auxiliaires et des mouvements de revendications de
volontaires l’année scolaire
- 1999-2000
V-2 Industrie TOGOTEX - Payer les arriérés de salaires et Rouvrir éventuellement l’usine en
Faillite totale avec licenciement d’allocations aux travailleurs revalorisant les salaires
et fermeture
- Indemniser les travailleurs et payer les
IFG-TOGO allocations familiales Pour une meilleure production et plus de
Entreprise en difficulté : - Moderniser les installations vitalité
matériel désuet - Trouver des solutions de survie aux
populations déplacées des sites des mines
TOGOPHARMA - Indemniser les travailleurs Améliorer leurs conditions de vie et
Mauvaise gestion et faillite - Régler leur situation administrative de travail
- Opérer des redéploiements
4
131
Techniques de négociation
V-3 Les agents - Beaucoup d’arriérés - Payer les arriérés d’allocations familiales Améliorer leurs conditions de vie et de
permanents d’allocations familiales - Payer régulièrement et à terme échu ces travail
allocations familiales
- Revoir le reclassement des agents
- Adopter leur statut particulier
V-4 Les agents - Précarité de l’emploi - Intégrer tous ces agents dans la fonction Améliorer leurs conditions de vie et de
temporaires et agents PEF publique travail
V-5 Agents de banques - Pension de retraite faible - Revoir la situation de leur cotisation pour Améliorer leurs conditions de vie et de
relever le niveau de leur pension travail
V-6 Agents de l’ICAT - Situation inconfortable du - Prendre les dispositions pour faire rentrer Régler la situation administrative des
personnel redéployé les agents dans leurs droits agents lésés pour plus de justice sociale
- Plusieurs mois d’impayés de
salaires et d’allocations
familiales
V-7 Promotion des - Déni de droit - Vulgariser la loi 91-11 du 23 mai 1991
femmes travailleuses d’administration des biens à fixant le régime des pensions civiles et
la femme au décès du mari militaires
- Permettre aux femmes de faire valoir leur
charge dans le calcul de l’IRPP
- Réviser les dispositions de nomination de
tutelle Respect du droit de la femme et des
- Désigner la femme comme administrateur enfants
des biens après le décès du mari
VI- Priorité N° - La plupart des textes - Adopter le nouveau code du travail qui
6 statutaires et réglementaires tienne compte des intérêts des
Les questions relatives sont dépassés travailleurs
aux respects des libertés - Réviser le statut général de la fonction Pour mieux régir de monde du travail
syndicales et des droits publique
fondamentaux - Réviser la convention collective
interprofessionnelle
- Réviser les statuts particuliers de certains
services étatiques et sociétés :
enseignement, douane, santé …
-
5132
Techniques de négociation
6
133
Techniques de négociation
Pour le compte de la partie gouvernementale, l’objectif essentiel est la paix sociale, condition indispensable pour
le décollage économique. De façon spécifique, elle souhaite recueillir l’assentiment des partenaires sur certains
aménagements pouvant permettre à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale de rééquilibrer ses comptes afin
d’être à même d’offrir ses prestations dans de meilleures conditions. (Voir document en annexe).
Les conclusions consensuelles auxquelles seraient parvenus les acteurs seront exécutoires et suivant les
périodes convenues une fois qu’elles seront revêtues du sceau de l’autorité compétente. C’est pour cette raison
que des comptes-rendus réguliers seront faits aux plus hautes autorités de l’Etat sur l’évolution des travaux.
Les accords tripartites qui en résulteront seront largement diffusés et constitueront la feuille de route pour une
période dont la durée sera spécifiée lors du dialogue social. Toute révision de ces accords sera faite dans les
mêmes formes et procédures ou à défaut, par une procédure plus simple arrêtée de façon consensuelle.
Au terme des négociations, un mécanisme de suivi des conclusions à caractère tripartite sera mis en place. Il
permettra d’évaluer périodiquement l’exécution des accords suivant les échéances qui ont été arrêtées.
Les assises des réunions préparatoires ont abouti à la conclusion unanime que le dialogue social débute assez
rapidement et qu’il ne s’éternise pas. Aussi les partenaires ont-ils suggéré que le dialogue soit lancé au plus tard
début octobre 2005 pour une durée de quatre semaines.
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Techniques de négociation
3- Les ressources
Les parties ont convenu que les ressources soient mises à la disposition des structures de gestion du dialogue
par le gouvernement. Il s’agit essentiellement :
Pour le Conseil National du Patronat Pour la partie gouvernementale Pour le groupe des travailleurs
Le Président de la Commission Le Directeur du Cabinet du Ministre Le Porte-parole
des Affaires Sociales Chargé du Travail
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