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REVUE BANQUE

CLUB BANQUE DU 24 MAI 2016

IFRS 9 :
Au cœur de la mise en œuvre

Président de séance : Isabelle SANTENAC, Assurance Leader for Financial Services,


EMEIA, Associé EY

IFRS 9 : Panorama des principaux enjeux d’application


Laure GUÉGAN, Responsable du département technique du Secteur Services
Financiers, Associé EY

Retour d’expérience sur les défis de mise en œuvre


Sébastien RÉROLLE, Head of Credit Analytics & Ratings, BNP Paribas

Le point de vue de la BCE


Anne LÉCUYER, DG Micro-Prudential Supervision I, Head of Division Significant Bank
Supervision III, BCE

La société Téléscribe a rédigé ce compte rendu. Pour faire appel à ses services: www.telescribe.fr
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Table des matières

IFRS 9 : PANORAMA DES PRINCIPAUX ENJEUX D’APPLICATION ..................................... 5

RETOUR D’EXPERIENCE SUR LES DEFIS DE MISE EN ŒUVRE ........................................ 11

LE POINT DE VUE DE LA BCE ...................................................................................................... 18

QUESTIONS DE LA SALLE ............................................................................................................ 26

Auditorium FBF, 18 rue La Fayette, 75009 Paris


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Mme Isabelle SANTENAC


Merci à tous d’être présents pour ce nouveau Club Banque sur un sujet d’actualité,
l’IFRS 9, et la mise en œuvre de cette norme par les banques. Bien sûr, cette norme
est une norme comptable, mais ses impacts vont bien au-delà du domaine
comptable. Il y aura des impacts business, des impacts sur les modèles, sur les
données, sur vos contrôles, sur vos systèmes d’information. Nous allons essayer
d’aborder, ce soir, un peu tous ces sujets.

Avant de démarrer avec nos trois speakers, j’aimerais formuler quelques


commentaires qui me semblent importants sur la mise en œuvre de cette norme.

Nous voyons généralement que les banques ont démarré leurs projets avec les
modèles. Elles sont donc plutôt assez avancées sur l’aspect modélisation des calculs
de provision. Le projet de mise en œuvre d’IFRS 9 va bien au-delà des modèles et il
nous semble important de réfléchir aux autres aspects, si cela n’a pas encore été fait.
Notamment, comment s’assurer que les données qui vont être utilisées sont des
données à qualité comptable ? Généralement, cela va être des données de gestion
et de risque. Quel processus allez-vous mettre en place pour aboutir à la
comptabilisation de ces provisions ? Quels sont les contrôles à mettre en œuvre, à
qualité comptable ? Comment allez-vous produire les annexes, puisqu’il va y avoir un
certain nombre d’informations supplémentaires à fournir sur IFRS 9 ? Tout ceci, bien
sûr, doit intervenir sans allonger les délais de clôture.

Tous ces éléments semblent, selon nous, devoir être traités dès à présent. Selon les
banques, ce n’est pas forcément la priorité qui a été donnée pour l’instant.

Un autre élément important à traiter est relatif à la gouvernance autour de tous ces
sujets. Il va y avoir beaucoup de jugements dans les provisions. Quelle gouvernance
– cela ne doit pas être uniquement la Direction des risques – sera mise en place pour
la validation de tout cela ?

Nous voyons pointer, aujourd’hui, un élément en termes de difficultés à traiter. Les


projets sont d’abord traités au niveau central – ce qui est normal –, mais beaucoup
d’entités dans vos groupes vont devoir appliquer les IFRS pour leurs propres
comptes locaux. Comment va-t-on gérer des éventuels raccourcis pris au niveau du
groupe qui sont tout à fait acceptables, mais qui ne vont pas l’être au niveau des
entités ? Comment va-t-on gérer, également, les relations avec le régulateur local qui
peut avoir certaines attentes en matière de mise en œuvre de l’IFRS 9, notamment
en comparaison avec les autres banques locales ?

Bien évidemment, le sujet du régulateur fait l’objet d’attentions extrêmement


détaillées et rapprochées de la BCE, entre autres, puisque c’est un des sujets de
revues qu’ils vont publier en 2016. Il nous semble également important d’associer,
dès à présent, la gouvernance de vos établissements. Est-ce que vous, cabinets
d’audit, avez été informés en détail de la manière dont le projet est géré, des
grandes options qui sont prises, etc. ? Les auditeurs sont aussi concernés parce que
vous allez avoir des impacts système importants. Certains d’entre vous sont déjà en
train de les mettre en œuvre. Il est important qu’il y ait des validations avant que ce
soit mis en œuvre dans les systèmes, car le pire qui pourrait arriver est que vous

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ayez tout mis en place et que vos auditeurs vous disent qu’ils ne sont pas d’accord
avec la manière dont vous mettez en œuvre l’IFRS 9.

Enfin, c’est un sujet qui peut très vite devenir très complexe, notamment sur l’aspect
modélisation. Il faut faire attention à ne pas avoir un effet boîte noire. Ce qui pourrait
arriver de pire serait que nous ayons des résultats de provision que personne ne sait
plus expliquer ni projeter. Je ne parle même pas de validation, parce qu’en tant
qu’auditeur, si personne ne peut les expliquer, je ne sais pas comment nous
pourrons les valider.

Attention, donc, à la tentation d’être trop perfectionnistes en termes de modélisation,


de complexifier, non par plaisir, mais pour être plutôt puriste, parce que le mieux peut
être l’ennemi du bien. On peut très vite se retrouver dans une situation où personne
n’y comprendra rien. Je pense que ce n’est pas l’objectif de cette norme.

Voilà pour mes quelques commentaires. Je vais maintenant laisser la parole à nos
intervenants. Nous allons commencer avec Laure GUÉGAN qui va nous poser le
décor rapidement pour pouvoir insister sur des éléments que vous ne connaissez
pas déjà par cœur. Elle est associée chez EY, en charge de la doctrine comptable
sur les instruments financiers. Elle sera suivie de Sébastien RÉROLLE, responsable
de méthodologie crédit chez BNP Paribas, et d’Anne LÉCUYER, chef de division au
niveau de la supervision directe de la BCE.

Je ne me suis pas présentée au début. Je suis Isabelle SANTENAC, en charge des


activités d’audit et de conseil comptable pour les services financiers en Europe chez
EY.

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IFRS 9 : Panorama des principaux enjeux d’application

Mme Laure GUÉGAN


Pour démarrer, nous nous sommes dit qu’il n’était pas inutile de faire un bref rappel
du calendrier d’application d’IFRS 9. Nous l’avons séparé en deux thèmes. Vous
avez, en haut, le calendrier des évolutions normatives ou réglementaires, parce que,
bien que ce soit une norme comptable, nous avons quand même beaucoup de
guidances ou d’attentions, comme l’a dit Isabelle, portées par les superviseurs sur la
manière dont cette norme est appliquée. En conséquence, c’est beaucoup de
littérature, d’étude d’impact, et de choses à suivre en parallèle à la norme qui est
bien stabilisée.

Nous avons mis, en parallèle de cela, le calendrier plus opérationnel auquel les
banques doivent faire face. Nous rappelons que la première date d’application de
cette norme IFRS 9 est le 1er janvier 2018. Un point important est que nous n’avons
pas à retraiter le comparatif. Les chiffres de 2017 n’auront donc pas à être retraités
des effets de la norme. En revanche, au 1er janvier 2018, nous avons une application
rétrospective, c’est-à-dire qu’il faut bien retraiter tout le stock d’instruments financiers
sur la base des nouvelles règles IFRS 9. L’enjeu est la présentation de ce premier
bilan d’ouverture au 1er janvier 2018, avec un impact dans les capitaux propres de la
première application.

Cette transition pose des difficultés évidentes. Qui dit application rétrospective dit
retourner dans le passé à la date de reconnaissance initiale des contrats pour
analyser leurs caractéristiques. Sur le nouveau modèle de provisionnement du risque
de crédit, cela signifie revenir à la date d’octroi pour pouvoir mesurer la détérioration
significative qui est le concept central du nouveau modèle de provisionnement de
risques de crédit d’IFRS 9. Il consiste à comparer la qualité de crédit aujourd’hui à ce
qu’elle était à la date d’octroi. Évidemment, sur tout le stock en date transition, il faut
pouvoir revenir dans le passé pour utiliser des outils de mesure homogènes pour
apprécier la situation des instruments financiers à la date de transition.

Inutile de dire qu’en date de transition, il y aura forcément des approches un peu
simplifiées pour mesurer cette détérioration, puisque, selon les critères retenus par la
banque, les données historiques ne seront pas disponibles. Il sera, de toute façon,
nécessaire d’avoir des approches simplifiées en transition, mais aussi, dans certains
cas, les premières années, le temps que les données se constituent, qu’on les
stocke, etc. C’est prévu par la norme dans tous les cas. Cependant, il faut être
conscient, qu’il n’y aura, dans la mise en œuvre d’IFRS 9, pas forcément une
stabilisation complète au 1er janvier 2018. Il y aura sans doute encore une phase de
mise en œuvre qui s’étalera un peu au-delà, en fonction à nouveau du
développement des données et de leur stockage.

Pour préparer cette transition au mieux, pour comprendre et expliquer le


comportement de ce nouveau modèle de provisionnement du risque de crédit
IFRS 9, les banques ont besoin, dès aujourd’hui, de mettre en œuvre des
simulations. C’est ce que nous avons représenté par les petites boules bleu ciel. Par
ailleurs, nous parlons beaucoup de parallel run. Nous avons bien fait la distinction ici
entre la simulation qui, de plus en plus, devient récurrente dans son exercice pour

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permettre à la fois de comprendre comment se comporte ce nouveau modèle de


provisionnement, mais aussi pour pouvoir le calibrer et ajuster certaines options
méthodologiques. On distingue bien cela du parallel run qui consiste vraiment à faire
une opération à blanc de ce que donne ce nouveau modèle dans les outils cibles,
dans les délais de l’arrêté. Là, c’est plutôt quelque chose que nous voyons pour mi
ou fin 2017, parce qu’il y a énormément de développements à mettre en œuvre. Les
outils seront difficilement prêts avant.

Il y a aussi un problème de jonction avec le projet phase 1, classement évaluation


qui détermine le périmètre, justement, du nouveau modèle de provisionnement du
risque de crédit. En conséquence, ce que l’on appelle le vrai parallel run se fera
plutôt sur la deuxième moitié de l’année 2017.

Ces simulations s’inscrivent aussi désormais dans le cadre des études d’impact
lancées par l’EBA. La première mouture de ces études était à rendre pour fin avril et
sera, vraisemblablement reconduite l’année prochaine. Leur but est à la fois d’avoir
une idée de l’impact d’IFRS 9 sur les fonds propres, de mesurer le degré de
préparation des banques et de voir aussi quelle différence d’application émerge déjà
à ce stade dans la mise en œuvre. Cet exercice va également aider les régulateurs à
piloter un peu l’atterrissage et à faire évoluer la supervision de ces projets. Anne
couvrira amplement ce sujet par la suite.

L’adoption par lieu est quand même un point important dans le calendrier, désormais
positionnée sur le quatrième trimestre, attendue pour octobre. Elle a été ralentie par
les discussions au niveau de l’articulation entre l’IFRS 9 et le projet assurance qui, du
fait de son décalage dans le temps, posait aux assureurs un problème d’application
pour coordonner les deux nouvelles normes. Nous nous attendons à ce que les
concessions faites par l’IASB sur ce sujet permettent de faciliter l’adoption par l’UE.

À ce titre, on peut brièvement évoquer les interactions avec IFRS 4, en soulignant


que l’IASB a accepté récemment une exemption pure et simple pour les assureurs,
moyennant la démonstration que les activités d’assurance sont prédominantes. Cela
se mesure avec un ratio des passifs d’assurance par rapport à l’ensemble des
passifs. L’IASB a accepté, relativement au projet initial, d’élargir cette notion de
passifs d’assurance, ce qui permet de passer plus facilement ce test prédominance
des activités d’assurance et de rendre plus largement éligible cette exemption pour
les assureurs. Nous aurions donc une exemption valable jusqu’au 1er janvier 2021,
avec une date de péremption, l’idée étant que normalement, la norme assurance
prendra le relais d’ici là. Nous l’espérons.

Le dernier point à avoir en tête est le projet US. Vous vous souvenez qu’à une
époque, nous espérions avoir une convergence des normes US-IFRS sur ce sujet.
Cela a explosé il y a environ deux ans. Depuis, c’est vrai que nous suivons de moins
près le projet US, mais il faut quand même le surveiller. La date attendue de
publication reste fixée à fin juin, avec une date de première application qui a été
décalée en 2020. Je rappelle que c’est un modèle qui, lui aussi, est fondé sur les
pertes attendues, mais sans le système de bucket, donc de provisionnement graduel
12 mois lifetime, et d’emblée un provisionnement des pertes à maturité dès
l’origination d’un crédit. C’est donc un projet à garder en tête. En effet, il est assez
inévitable que les discussions qui porteront sur ce projet et sur sa mise en œuvre

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pourraient déteindre, dans une certaine mesure, sur certains sujets auxquels nous
devons faire face en IFRS 9.

Très rapidement, où en sont les banques aujourd’hui ? Les projets ont plutôt démarré
sur les modèles et le provisionnement du risque de crédit qui était clairement le volet
le plus complexe. Sur la phase 1, qui consiste à l’analyse du classement et de
l’évaluation des actifs financiers, nous avons des projets qui, aujourd’hui, sont dans
un niveau de design avancé ou de conception détaillée. Ce sont des résultats qui
découlent d’une étude menée au mois de mai sur plus d’une trentaine de banques à
travers le monde, dans laquelle vous voyez ressortir un peu les différents niveaux
d’avancement des chantiers. Nous sommes là sur classement et évaluation. Je
rappelle que sur la phase 1 d’IFRS 9 classement évaluation, il y a une analyse en
deux axes à mener :
- Une première analyse des caractéristiques des instruments pour vérifier qu’ils
sont éligibles à la catégorie coût amorti ou fair value par OCI. En gros, c’est la
vérification que les caractéristiques des instruments d’aide consistent
simplement en un flux de principal et les intérêts, ce que l’on appelle, dans le
jargon IFRS 9, SPPI ;
- L’analyse du business model qui, lui aussi, conduit le classement coût amorti,
fair value par OCI ou fair value par P&L.

Sur phase 1, nous sommes donc à un stade où les méthodologies sont aujourd’hui
bien finalisées, même si quelques sujets normatifs restent encore ouverts. Les
impacts, aujourd’hui, sont assez bien délimités et se concentrent surtout sur les
portefeuilles actions, les parts d’OPCVM, certains crédits structurés et notamment
sans recours, avec quelques sujets de business models, en particulier dans le cas de
cessions de portefeuilles potentielles. L’idée est de définir une méthodologie qui
permette de ne pas polluer, dans le futur, l’ensemble d’un portefeuille s’il y a des
cessions.

Je souligne quand même que bien que moins complexe a priori, la phase 1 suppose
des développements assez lourds, à la fois pour l’identification, justement, dans les
chaînes d’information, des caractéristiques des instruments et pour rendre le process
automatique. Il y a des enjeux de valorisation, à juste valeur, pour des actifs qui sont
reclassés et l’adaptation du système comptable pour gérer, justement, la nouvelle
logique de classification. Ces enjeux sont quand même assez lourds.

Sur phase 2, nous sommes sur un niveau plus avancé des projets, avec, en
particulier, sur les modèles, un état d’avancement qui est plus sur la construction
réelle. Nous avons dépassé le stade de la conception. C’est le cas aussi pour les
données et les systèmes où on voit que le niveau d’avancement est un peu plus
important. Évidemment, s’agissant du modèle, je ne reviens pas sur l’ensemble des
enjeux – Sébastien le couvrira –, mais vous savez qu’il y a beaucoup d’enjeux de
modèles sur la construction des expositions à maturité, des structures par termes de
probabilité de défaut, de pertes en cas de défaut. Les modèles bâlois constituent un
socle essentiel, mais il y a des ajustements très lourds à mettre en œuvre derrière.
D’abord, l’horizon n’est pas le même. Nous sommes sur un an sur Bâle, sur la
maturité pour l’IFRS 9. Après, un certain nombre de paramètres de calibrage doivent
être revus pour IFRS 9. C’est clairement un chantier assez lourd. Isabelle a
mentionné l’IT, la qualité des données, c’est aussi le gros chantier.

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Enfin, la gouvernance et le modèle opérationnel sont vraiment des aspects clés de


ce nouveau modèle de provisionnement, étant donné le poids du jugement, le
forward looking, la complexité, etc. C’est un chantier moins développé que le reste,
finalement, et sur lequel il reste beaucoup de travail.

Nous avons voulu souligner l’enjeu de communication financière par rapport à ce


stade d’avancement des banques. C’est un grand sujet de savoir à partir de quand
les banques communiqueront des études d’impact sur le nouveau modèle de risque
de crédit. Nous rappelons qu’un rapport a été publié par l’EDTF, missionné par le
Financial Stability Board, pour donner les recommandations sur ce que doit être une
bonne communication financière dans le cadre de la mise en œuvre de ce nouveau
modèle. C’est un rapport qui donne des jalons, en fait, sur la montée en puissance
des informations à fournir. L’estimation d’impact est le point culminant de cette
communication, mais pour lequel le rapport EDTF reste assez light dans ses
recommandations, puisqu’il n’y a pas de date précise communiquée comme étant la
date butoir. Il est simplement mentionné que c’est fin 2017, au plus tard. Cela paraît
difficile de faire plus tard. Les estimations doivent être publiées dès lors qu’elles sont
fiables.

Nous attendons également une communication de l’ESMA sur ce sujet, qui sera en
cohérence avec les messages de l’EDTF qui pourraient éventuellement être plus
prescriptifs sur le timing de cette communication des études d’impact. Nous avons
représenté, dans cette balance, les avantages et les inconvénients. Ils sont assez
évidents, mais c’est vrai que la plupart des banques sont assez réticentes à
communiquer des impacts trop tôt, parce qu’un certain nombre de paramètres ne
sont pas encore figés. Il y a encore un point d’interrogation sur l’impact
réglementaire, car les portefeuilles ne seront pas les mêmes en date de transition, le
forward looking non plus. Il y a une réticence à communiquer trop tôt sur ces études
impact.

Nous avons mis aussi quelques préconisations sur ce qui nous semble être clé dans
le cadre de cette communication financière, autour de la mise en œuvre du nouveau
modèle de provisionnement du risque de crédit. C’est évidemment la répartition des
encours dans les fameuses buckets ou stages, Bucket 1, 2, 3, avec, entre Bucket 1
et 2, la détérioration significative. Cela sera un enjeu clé de communication, avec la
nécessité de bien expliquer pourquoi les encours se répartissent de telle ou telle
manière dans les buckets, en fonction des critères de détérioration retenus par la
banque, l’impact du forward looking. Surtout en transition, c’est l’articulation avec la
manière dont l’IAS 39 était appliqué, et en particulier la manière dont le
provisionnement collectif était mesuré.

Un point important nous paraît être aussi de bien communiquer sur la différence qu’il
peut y avoir entre la répartition des encours par bucket d’un côté, drivée par la
détérioration significative et sa mesure, la mesure des pertes et donc des provisions
en tant que telles et la répartition des encours par bucket, avec laquelle elle n’est pas
forcément totalement alignée. En effet, dans la mesure de l’EL, nous avons un
facteur supplémentaire qui est la LGD, donc la perte en cas de défaut, alors que
l’allocation des encours par bucket est complètement axée sur la probabilité de
défaut. Il est donc bien important de communiquer sur cette différence.

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Nous avons également un peu regardé les tendances du marché sur IFRS 9.
Comme nous n’avons pas encore de retour d’impacts par les banques, les analystes
et les journalistes cherchent à comprendre comment ce nouveau modèle va
s’appliquer aux banques. Nous avons essayé de recenser un peu tout ce qu’on lisait,
tout ce qui était convergent. Sur les études d’impact, évidemment, tout le monde
essaie de lancer sa petite étude à partir des données du pilier III, donc bâloises. Cela
suppose beaucoup d’hypothèses et de shortcuts, avec un certain nombre de limites.

Nous avons représenté sur cette slide les chiffres qui ressortent dans les différentes
études : entre 25 % et 34 % d’augmentation des provisions. Le message derrière est
surtout de dire, quand ces études d’impact sont réalisées à partir de données
publiques, qu’il y a d’abord une très forte amplitude, divergence des impacts d’une
banque à l’autre. Tellement d’hypothèses et de short cuts sont pris que cela nous
paraît devoir être pris avec prudence. La grande difficulté pour mener ce type
d’études sur la base de données publique réside dans l’articulation du nouveau
modèle avec la manière dont les provisions sont aujourd’hui comptabilisées selon le
modèle IAS 39, puisque nous savons très bien que d’un pays à l’autre et même au
sein d’un même pays, les pratiques sont relativement variées actuellement.

Un point de convergence dans les commentaires qu’il nous paraît important de


souligner est la volatilité et la procyclicité. Il y a une relative unanimité sur ce point.
Les analystes reconnaissent que, de toute façon, on ne sait pas prédire les
retournements de cycles. En revanche, il est clair qu’on observe généralement une
surestimation des pertes en cas de retournement sévère de tendance, ce qui va avoir
tendance à accroître la volatilité des résultats. Notamment, un certain nombre
d’études consistent à regarder les données de marché en temps de retournement.
L’idée est que, globalement, les estimations du marché, avec le recul, sont
généralement assez exactes, mais exagèrent clairement, en cas de retournement,
les tendances. En conséquence, les analystes ont tendance à considérer que cet
effet sera répliqué dans la manière dont les banques mettront en œuvre le modèle de
provisionnement du risque de crédit avec le forward looking.

Je passerai vite sur les autres grandes idées. Vous avez l’essentiel sur les slides.
Complexité et incertitude sur la mise en œuvre de la notion de probability outcome,
c’est-à-dire cette idée que le modèle doit refléter un ensemble de scénarios
possibles. On reviendra sur ce que cela implique, en termes d’hypothèses
prospectives et de scénarios macroéconomiques. Concernant la qualité de données,
un même message est de dire que l’on ne doit pas être trop myope sur les
problématiques de modèles et ne pas perdre de vue que c’est un enjeu fort. Les
analystes soulignent, en général, effectivement, l’incertitude qui reste sur le
traitement réglementaire. En matière d’impact business à ce stade, je dirais qu’on
reste encore sur des constats relativement intuitifs, c’est-à-dire des impacts plus forts
sur les portefeuilles les plus risqués : cartes de crédit, crédit à la consommation,
PME, et évidemment aussi sur les portefeuilles les plus longs.

En termes d’impacts sur la gestion, sur ce qui pourrait être fait pour les limiter, là
aussi, nous restons sur des choses assez hypothétiques. Les points, en général,
tournent autour de l’arbitrage qu’il pourrait y avoir entre appliquer de la juste valeur
par rapport à du coût amorti et maintenant, la nécessité de constater les pertes

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attendues en résultat avant même que les pertes ne se réalisent vraiment. On peut
se demander si, dans certains cas, la juste valeur, même si elle est potentiellement
plus volatile, n’est pas plus favorable. C’est aussi l’idée que, peut-être, les banques
auront, dans certains cas, intérêt à céder des portefeuilles, plutôt que de les porter
en Bucket 2, pour lesquels les pertes sont provisionnées à maturité.

Il y a juste deux points, au niveau méthodologique. Tout à l’heure, je disais que les
banques avaient globalement finalisé leur méthodologie IFRS 9 aujourd’hui, sur
l’impairment, donc le provisionnement du risque de crédit. Deux points restent en
cours de calibrage et/ou en cours d’étude. C’est la détérioration significative, c’est-à-
dire ce seuil qui va vous faire passer du stage 1 au stage 2 et donc d’un
provisionnement des pertes attendues à 12 mois, aux pertes attendues à maturité et
la prise en compte de scénarios macroéconomiques. Sur la détérioration significative
sur laquelle s’assoit le transfert des encours Bucket 1, Bucket 2, il est important de
rappeler, pour comprendre comment cet indicateur peut être défini par une banque,
que l’on a, d’un côté, toutes les informations relatives à l’emprunteur que la banque
collecte et ensuite des modèles qui transforment en indicateurs de gestion toutes ces
informations. Cela va être les ratings, les scores bâlois ou d’autres classes de risque
utilisées en gestion. Ensuite, nous avons les modèles de probabilité de défaut. Là,
nous sommes plus dans le purement quantitatif et dans la donnée qui est utilisée
ensuite pour la mesure des pertes. C’est intéressant d’avoir ces trois niveaux
d’indicateurs pour comprendre comment la détérioration significative d’IFRS 9 peut
être mise en œuvre par les banques.

Nous observons aujourd’hui deux tendances principales.


- Une première est de dire que je préfère asseoir la détérioration significative,
dont l’allocation des encours entre Bucket 1 et Bucket 2, dans des indicateurs
de gestion que je connais, que j’utilise par ailleurs et que je maîtrise, même
s’ils ont certaines limites, par rapport à ce que demande IFRS 9. Il faudra
adresser et gérer ces limites par ailleurs ;
- Je qualifierais l’autre tendance de beaucoup plus quantitative. Elle consiste à
dire : « IFRS 9 m’impose de construire des courbes de probabilité de défaut à
maturité avec du forward looking, donc des informations prospectives sur les
scénarios macroéconomiques. J’en ai besoin pour mesurer mes provisions
donc pourquoi ne pas l’utiliser aussi pour allouer les encours entre Bucket 1 et
Bucket 2 et donc pour mesurer la détérioration significative ? » Nous sommes
face à quelque chose de beaucoup plus quantitatif, qui semble beaucoup plus
conforme à ce que demande la norme. En effet, l’idée est de regarder la
détérioration significative sur la maturité d’un instrument, mais avec, en
contrepartie, d’abord un problème de disponibilité des données sur le stock
qui est évident, mais aussi un risque de manque d’expérience sur ce type de
données. En tout cas, les premières années, cela peut être une
d’appropriation plus limitée de la manière dont cet indicateur peut se
comporter.

Nous observons aujourd’hui ces deux tendances-là. Il est intéressant de bien


comprendre ce qu’elles impliquent, l’une et l’autre et de souligner aussi, peut-être en
conclusion sur ce point, qu’il faut distinguer ce qui relève de la divergence sur la
conception à long terme du modèle de provisionnement du risque de crédit, de ce qui
est une réelle différence dans l’application du modèle en transition et les premières

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années. En effet, le modèle plus quantitatif qui est décrit sur la droite, comme je le
disais, pose un problème de disponibilité des données. De ce fait, même s’il est
adopté dans la conception long terme, il va, dans les premières années, peut-être
plutôt tendre du côté gauche et donc des indicateurs de gestion plus classiques dans
la pratique.

Le dernier point que nous souhaitions évoquer, pour planter un peu le décor, c’est le
fameux débat, dans l’architechnicité du modèle IFRS 9 et dans des choses que nous
n’anticipions pas forcément il y a quelques années. Il s’agit de la notion de forward
looking et de multiscénario. La norme IFRS 9 précise que le modèle de
provisionnement du risque de crédit doit être forward looking. Nous devons donc
regarder loin devant pour mesurer la détérioration du risque de crédit et les pertes
attendues. Nous avions tous en tête de dire : « On doit prendre en compte les
hypothèses raisonnables que l’on peut émettre sur les développements futurs, donc
des scénarios macroéconomiques et des choses auxquelles on peut
raisonnablement s’attendre. »

Ce sujet a été discuté en décembre à l’ATG, le panel d’experts monté par l’IASB. Il a
été mis en avant la nécessité, non seulement de prendre en compte un scénario
macroéconomique, mais plusieurs, dès lors que le résultat de scénario alternatif ne
serait pas symétrique. En conséquence, la prise en compte d’un seul scénario
moyen pourrait, finalement, introduire un biais, dans la mesure des pertes attendues.

Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’exemple. Il vise juste à souligner ce que cela
implique. L’idée est de dire qu’il ne faut pas utiliser un seul scénario, mais plusieurs
et donc allouer à chacun une probabilité d’occurrence et finalement asseoir le
modèle de provisionnement du risque de crédit sur une prise en compte combinée
moyenne pondérée de l’ensemble de ces scénarios. Il y a plusieurs manières d’y
procéder et plusieurs combinaisons. Il est important d’avoir ces discussions en tête.
Cela a fait évoluer le degré de sophistication et de complexité dans la mise en œuvre
du modèle. Pour conclure sur ce point, je pense que nous sommes aujourd’hui à un
niveau où il y a une prise de conscience du seul fait que le sujet doit être étudié,
mais nous en sommes à un stade encore très précoce. Nous avons besoin
d’identifier les effets matériels par portefeuille, de définir les scénarios, de leur
attribuer une probabilité. Je pense que nous sommes encore dans une phase, sur
cette composante du modèle, qui est encore à l’étude et sur laquelle il faut suivre
attentivement les développements opérationnels réels et, comme le soulignait
Isabelle, essayer de trouver une solution raisonnable qui évite des effets black box,
ou en tout cas de définition d’un modèle qui deviendrait très difficile à expliquer.

Cela sera ma conclusion. Je passe la parole à Sébastien.

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œuvre
Panorama des principaux enjeux d’application

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Club Banque, 24 mai 2016


Au cœur de la mise en œuvre d’IFRS 9
2015 2016 2017 2018 2019 2020
ED IFRS 17
IFRS 9 / 4 Insurance ?
Calendrier normatif et

Amendement Fin du
IFRS 9 / 4 deferral
règlementaire

ITG 1 ITG 2 ITG 3

Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q1

BCBS Guidance UE 1/1/2019 1/1/2021


adoption
Rapport EDTF
FASB Credit 1ère application FASB
Losses Credit Losses
Draft ITS QIA ITS FINREP QIA FINREP avec
FINREP EBA IFRS 9 EBA IFRS 9
IFRS 9
Calendrier opérationnel

Impacts capitaux
propres
(bilan d’ouverture)

Q1 Q2 Q3 Q4
1/1/2018
Application obligatoire
1ers états financiers
Simulations Communication sur audités IFRS 9
estimation d’impacts (avec transition)
Parallel run
1ère communication 1er exercice
Pas de retraitement des IFRS 9 complet
financière avec
Go live comparatifs (avec transition)
IFRS 9

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Où en sont les banques aujourd’hui?
Classement et évaluation
► La phase 1 requiert une analyse croisée sur 2 axes
► L’analyse des caractéristiques SPPI
Modèle opérationnel ► L’analyse du business model
et environnement de
contrôle ► Des méthodologies à peu près finalisées malgré
quelques sujets normatifs encore en discussion
Systèmes ► Tests de benchmark (instruments avec
mismatch de taux)
Données ► Options de remboursement anticipé avec
pénalités symétriques
Analyse SPPI ► Principaux impacts identifiés:
des contrats
► Portefeuilles actions
Analyse du
business model
► Parts d’OPCVM
► Crédits structurés
Méthodologie ► Certains crédits sans recours ou achetés
« credit-impaired »
► Des développements données et IT significatifs
Design – début des travaux
Design – stade avancé ► Adaptation des systèmes comptables et des
Construction chaînes de reporting
Déploiement et période de test
► Identification des critères SPPI en amont
Go live
Source : étude EY menée en mai 2016 auprès de ► Valorisation en juste valeur
30 groupes bancaires mondiaux

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Où en sont les banques aujourd’hui?
Dépréciation
► Des projets plus avancés sur la phase 2
► Des méthodologies définies de manière détaillée
► Choix comptables et modèles
Modèle opérationnel
et environnement de ► Communication aux filiales et métiers
contrôle
► Tendance forte à la centralisation
► Sujets à affiner : calibrage et forward-looking
Systèmes
► Des modèles en cours de développement
Données ► Développements significatifs : EAD à maturité,
Structure par terme des PD et des LGD
► Les modèles bâlois : un socle de base qui
Modèles requiert d’importants ajustements
► Forward-looking : un vecteur additionnel de
Informations en complexité en cours d’étude
annexes
► Développements IT très lourds
Méthodologie ► Option privilégiée d’un calculateur central
► Fortes adhérences avec projets d’amélioration
des données et de rationalisation des bases de
Design – début des travaux
données
Design – stade avancé
Construction ► Feuille de route H2 2016 – H1 2017
Déploiement et période de test ► Modèle opérationnel et gouvernance : un
Go live
Source : étude EY menée en mai 2016 auprès de chantier à accélérer
30 groupes bancaires mondiaux

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Enjeux de communication financière

► Quel est le bon timing de communication pour les estimations d’impacts?


Une pression croissante sur les Avantages Inconvénients
estimations d’impacts
 Préparer le marché  Impact réglementaire
 Afficher l’avancement non connu
► EDTF
 Communiquer une  Options non stabilisées
Marché ► ESMA
information clé  Fiabilité insuffisante
► Analystes
 Evolution des
portefeuilles et
► EBA informations FL
Régulateurs
► BCE

Les enjeux d’une bonne communication en transition


 La répartition des encours entre stages 1, 2 et 3
 Critères de détérioration
 Impact du FL
 Lien avec les provisions IAS 39 (recyclage des provisions collectives)
 Niveaux de pertes attendues et articulation avec la répartition stages 1, 2 et 3
 Poids du forward-looking dans les estimations, hypothèses, méthodes
 Indications qualitatives sur la sensibilité du modèle (nourries par les simulations passées et les tests de calibrage)

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Quelle vision du marché sur IFRS 9?

► Études d’impacts avec données Pilier 3 ► Plus de volatilité


► Augmentation des provisions : 25% - 40%
► Impact CET1: moyenne de 20 - 40bp
► Forte amplitude entre banques ► Des effets pro-cycliques

► Forte incertitude sur le traitement


► Complexité et instabilité des
règlementaire
méthodologies forward-looking
► Possibilité d’un contre-effet au caractère
► Quelle transparence?
procyclique du modèle?

► Impacts plus forts sur les portefeuilles les


plus risqués : cartes de crédit, crédits ► Trop de temps passé sur la méthodologie,
conso, PME pas assez sur la qualité des données et le
► Pénalise la croissance des portefeuilles, en contrôle des modèles
particulier sur marché unsecured

► Arbitrages entre JV et coût amorti? “Regulators want better-capitalised banks.


Accountants want clarity.
► Couverture des EL?
Bank investors want both, along with high
► Cessions / achats de portefeuilles Stage 2
returns…”

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Définir la détérioration significative

Corporates PME Retail


Avec compte courant Sans compte courant

• Informations financières • CSP, situation familiale, • CSP, situation familiale,


• Analyses externes âge, ancienneté … âge, ancienneté …
Informations • Ratings • Mouvements et analyse • Utilisations
spécifiques à • Données de marché des soldes • Impayés
• Analyses sectorielles • Avoirs • Restructurations
l’emprunteur • Utilisations
• Impayés
• Restructurations
+ avancé + tardif

• Ratings • Scores Bâlois


• Watch lists • CHR
Indicateurs de • Autres classes de risque • PD
gestion • Autres classes de risque

+ expert +
mécanique

Détérioration
significative
• Modèles Balois Through-The Cycle (PD)
Modèles • Correction des biais conservateurs
• Extension à maturité
• Ajustements Point-in-Time
• Ajustement Forward-Looking (immobilier, taux, chômage, PIB)

Page 7
Définir la détérioration significative

► Privilégier les indicateurs de gestion ou les courbes de PD à maturité IFRS 9?

 Meilleure disponibilité des données  Compliance pure


 Cohérence avec gestion des risques  Approche unique
 Indicateurs mieux compris par les  Parfait alignement entre mesure
métiers et le management des EL et allocation

 Horizon limité à 12 mois  Moindre disponibilité des données


 Pas de forward-looking  Manque d’expérience
 Non alignement avec EL IFRS 9  Non alignement avec gestion
 Risque d’effets black box

► Des divergences sur la conception à long terme mais un impact réel difficile à estimer
► Une convergence autour d’une approche multi-critères : qualitatifs et quantitatifs, avec critères
primaires, secondaires et backstops
► Un calibrage en phase de test
Page 8
Forward looking & multi scénarios
► Changement de paradigme suite à l’ITG de Décembre 2015
► « La mesure des pertes attendues doit être un résultat neutre reflétant une moyenne pondérée
représentative d’une fourchette de résultats possibles »
► « Lorsqu’il existe une asymétrie entre les différents scénarios forward looking possibles et les
pertes attendues associées, utiliser un seul scénario ne remplit pas cet objectif. Dans ce cas,
plusieurs scénarios doivent être incorporés dans la mesure des pertes attendues »
► « Il doit y avoir une cohérence entre les informations forward looking utilisées pour la mesure
des pertes attendues et l’appréciation de la détérioration significative (transfert en Stage 2).
Cette appréciation peut reposer sur des approches quantitatives et qualitatives et une entité ne
doit pas se limiter à des approches quantitatives pour refléter plusieurs scénarios. »
► Exemple

of
scenario

S1

S1 Σ = 69

S2

Stage allocation ? Mesure des pertes attendues ?


Σ pondérée Lifetime PD = 15% S1 Σ pondérée 12m ECL = 63
Page 9
Forward looking & multi scénarios

► Aucune méthode spécifique préconisée par l’IASB


► Prise de conscience : le sujet doit être étudié
► Pas de consensus sur l’approche à retenir : scénarios multiples, Monte Carlo,
Etat de l’art

distribution historique des pertes, « downside forecast »


► Peu de modélisation disponible
► Matérialité différente d’un portefeuille à l’autre (a priori non matériel en Stage 1)
► Préférence pour un nombre limité de scénarios
► Allocation en Stage 2 : une prise en compte à l’étude

► Identifier les effets matériels par portefeuille (influence des paramètres,


sensibilité, asymétrie des scénarios)
► Définir les scénarios, leur attribuer une probabilité
► Modéliser les événements incertains (Brexit)
Enjeux

► Cohérence des scénarios utilisés dans la banque (budgets, capital planning,


stress testing, ICAAP)
► Nécessité d’une gouvernance robuste
► Difficulté accrue en transition (pas de point de référence)
► Communication autour d’un scénario central a priori plus transparente (avec
communication distincte sur les effets d’asymétrie)
► Eviter les effets « black box »

Page 10
Synthèse des discussions ITG (Transition Resource Group )

► Groupe de discussion formé par 22 avril 2015


► Forecasts of future economic conditions
l’IASB, constitué de préparateurs et
► Loan commitments – scope
d’auditeurs ► Expected credit losses – measurement date
► IOSCO et Comité de Bâle en ► Assessment of significant deterioration for guaranteed debt Instruments
observateurs ► The maximum period to consider when measuring expected credit losses
► Revolving credit facilities
► Objectifs :
► Measurement of expected credit losses for an issued financial guarantee contract
► Solliciter, analyser et discuter les ► Measurement of expected credit losses in respect of a modified financial asset
problèmes rencontrés
► Informer l’IASB des problèmes identifiés 16 septembre 2015
► Significant deterioration: portfolio with identical pricing & use of behavioural indicators
► Aider l’IASB à initier certaines actions le ► Use of changes in 12 month PD when assessing for significant increases in credit
cas échéant risk
► Offrir aux parties prenantes un forum ► Revolving credit facilities : Measurement of expected credit losses – focus on

public pour partager et se former EADs


► Forward-looking: level of incorporation & meaning of “reasonable and supportable”
► Volonté clairement affichée de ne pas
toucher le texte 11 décembre 2015
► Pas de guide d’application publié (mais ► Incorporation of forward looking scenarios
des comptes-rendus de réunions par ► Revolving credit facilities: scope
l’IASB) ► Measurement of expected credit losses for charge cards
► Period over which to measure expected credit losses for revolving credit facilities
► Plus de réunion prévue à aujourd’hui ► Collateral and other credit enhancements and the measurement of ECL
► Mais encore beaucoup de sujets ► Inclusion of CF expected from the sale of a defaulted loan in the measurement of
► Perspective de discussions similaires au ECL
► Meaning of current effective interest rate
niveau du FASB?
► Assessing significant deterioration for financial assets with a maturity <12m
► Measurement of the loss allowance for credit impaired financial assets
► Presentation of the loss allowance for financial assets measured at amortised cost

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Synthèse des décisions sur l’articulation IFRS 9 / IFRS 4
(IASB meeting – mai 2016)

Deferral approach Overlay approach


Application d’IFRS 9
mais avec reclassement de P/L vers OCI (non recyclable)
Report d’application d’IFRS 9 sur option
de la volatilité additionnelle pour les actifs financiers
liés à des contrats d’assurance

Option réservée aux groupes ayant une « activité Pas de condition pour l’utilisation de cette option
d’assurance prédominante »
- Condition évaluée sur la base d’un ratio quantitatif, en
incluant les investment contrats
- Condition évaluée au niveau de l’entité consolidante i.e. cette
option ne peut pas être retenue par une filiale assurance
incluse dans un groupe de bancassurance
- Une compagnie d’assurance mise en équivalence dans un
groupe qui applique IFRS 9 peut continuer d’appliquer IAS 39

Au plus tard jusqu’au 1er janvier 2021 Pas de date d’expiration avant l’application d’IFRS 17

Informations en annexes Informations en annexes


- Indication sur l’utilisation de l’option et explication sur - Indication sur l’utilisation de l’option ; classe et valeur
l’éligibilité comptable des actifs concernés ; politique pour déterminer
- Actifs qui ne seraient pas SPPI : JV à la clôture et variations les actifs auxquels l’option est appliquée
de JV sur la période - Explication sur le montant de l’ajustement total
- Actifs qui ne seraient pas évalués en JVPL : valeurs - Informations en cas de changement de désignation
comptables brutes par rating
- Actifs qui ne seraient pas low credit risk : JV

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 12

Retour d’expérience sur les défis de mise en œuvre

M. Sébastien RÉROLLE
Merci Laure.

Aujourd’hui, je vais vous donner quelques éléments sur la manière dont nous
travaillons sur le sujet IFRS 9 impairment, depuis quelque temps déjà. Aujourd’hui,
sur le projet IFRS 9, mon rôle est de travailler sur les aspects méthodologiques et de
les définir. Je présenterais un focus peut-être un peu plus marqué sur cet aspect-là.
Je couvrirai, également, les sujets tout aussi importants de process de système de
préparation plus général de l’établissement. En rebondissant assez naturellement sur
les points méthodologiques que Laure vient d’évoquer, ce sont des points, en tout
cas, sur lesquels on sent qu’il y a une difficulté à converger, soit que l’interprétation
via l’ITG de certains se soit un peu complexifiée, de notre point de vue, soit qu’il y ait
une difficulté d’atterrissage sur un certain nombre de ces notions.

Il faut avancer dans le cadre de nos projets tout en essayant de continuer à creuser
ces différents points complexes. Pourquoi sont-ils complexes ? Nous nous
retrouvons avec des problématiques de points d’équilibre. On citait la complexité
versus la simplicité ou la pureté méthodologique versus la simplicité. Derrière vient
également la problématique, notamment de la part des superviseurs ou des
auditeurs, de s’assurer que le dispositif capte bien les risques principaux. Derrière
certains raffinements, le multiscénario en fait probablement partie ; raffinement du
standard, peut-être par rapport à la vision simpliste que l’on pouvait en avoir au
démarrage. Ces notions-là viennent peut-être complexifier le dispositif, mais visent à
capter un certain nombre de risques qui pourraient ne pas être captés par des
approches trop simples.

Évidemment, nous tâchons de préconiser des solutions les plus simples possible,
mais il faut aussi que, dans un certain nombre de cas, nous nous assurions que nous
ne perdons pas en capacité du modèle ou de la méthode à capter un certain nombre
de risques. Le premier que j’illustre ici, dont nous venons de parler, est l’aspect multi-
scénario.

Je commencerai sur la partie measurement. C’est le calcul de l’expected credit loss.


Le multiscénario, c’est prendre en compte plusieurs scénarios économiques.
Pourquoi avons-nous ce besoin à exprimer ? Je pense que c’est assez raisonnable
économiquement de dire que ne regarder qu’un seul scénario ne reflète pas les
variations qui existent autour de ces scénarios. Si je devais me faire l’avocat de cette
approche, je dirais que, premièrement, un seul scénario, c’est peut-être un peu
simpliste. Établir des scénarios économiques, ce n’est pas une science où on arrive
à un seul scénario qui se produira à coup sûr. Deuxièmement, quand je parlais de
capture des risques, il y a l’aspect dissymétrique des distributions de pertes qui fait
qu’un scénario négatif a généralement un impact plus significatif proportionnellement
qu’un scénario optimiste. La dissymétrie de ces distributions fait que l’on peut
logiquement se poser la question de prendre en compte plusieurs points sur cette
distribution pour mieux capter sa forme.

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Ce sont les éléments qui peuvent faire comprendre l’éclosion de ce sujet. De l’autre
côté, il y a le sujet de définir ces scénarios macroéconomiques. Je ne suis pas sûr
que ce soit là la plus grosse difficulté. Définir des scénarios économiques, nous le
faisons pour les stress tests en interne, pour un certain nombre d’objectifs. Je pense
que la vraie problématique derrière va être d’attribuer des probabilités d’occurrence à
ces différents scénarios économiques. Je ne suis pas économiste, mais je pense que
la matière est beaucoup moins mature et aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’il se
dégage des consensus quant à une approche raisonnable de déterminer des
probabilités. Aujourd’hui, un économiste pourra prioriser ou ordonner les scénarios,
en disant que celui-là est plus probable que tel autre. Un certain nombre
d’économistes auront plus de mal à se positionner en disant : « Est-ce que c’est
30 % de probabilité d’occurrence, 5 % ou 25 % ? » Ils peuvent avoir des ranges
d’occurrence. C’est à la fois difficile à déterminer et, évidemment, difficile à auditer ou
à justifier dans un certain nombre de cas. En introduisant cette notion multiscénario
pour capter une réalité économique, on pose la question de la complexité de
l’approche et de la capacité à justifier les choix qui sont faits.

Je ne parle pas de l’aspect encore plus complexe qui est de traduire ces multiples
scénarios économiques, non seulement sur la mesure de l’expected loss, mais
également sur le critère de détérioration significative. Là, on peut rentrer, encore une
fois, dans des complexités extrêmement significatives. Sur ce point, j’avoue que nous
n’avons même pas cherché à creuser plus avant.

Sur l’aspect détérioration, l’autre sujet que Laure citait est donc la problématique de
comparaison de probabilité de défaut. Je zoome sur cet aspect-là. Il est évident
qu’au-delà de comparer les ratings ou les probabilités de défaut, tout un ensemble
de critères, plus relatifs à la gestion, doivent être pris en compte. La priorisation de
ces catégories de critères, les unes par rapport aux autres, dépend évidemment de
chacun. Cependant, je pense qu’à chaque fois, se pose la question de savoir ce que
le standard requiert en termes de comparaison. Si je simplifie, en parlant de
probabilité de défaut, on sait que l’utilisation du practical expedient – utiliser une
probabilité de défaut à 1 an – est introduite dans le standard, mais avec un certain
nombre de réserves ou de conditions. L’approche la plus pure est d’utiliser les
probabilités de défaut à maturité.

Sur ce point, il peut être intéressant de préciser que, si vous demandez aujourd’hui
ce que cela veut dire de comparer des probabilités de défaut à maturité, je ne suis
pas sûr que, mathématiquement, vous obteniez la même réponse chez les uns et les
autres. Pour prendre un exemple concret, sur un crédit originé il y a trois ans, pour
une maturité originelle de cinq ans, il reste deux années de vie. Que cela veut-il dire
comparer la probabilité de défaut ? Est-ce que je compare la probabilité de défaut à
cinq ans, au moment où j’ai originé le crédit, à la probabilité de défaut à cinq ans, si
j’originais le même crédit aujourd’hui à la même contrepartie ? On compare des
probabilités de défaut à même horizon, mais est-ce tout à fait ce que le standard
attend ? Peut-être pas, puisqu’on va, finalement, imaginer une facilité à cinq ans,
originée aujourd’hui qui n’existe pas. On peut aussi avoir l’approche de dire :
« Finalement, il me reste deux années à courir donc je compare la probabilité à deux
ans de l’époque avec la probabilité à deux ans si je l’estimais aujourd’hui. » Là aussi,
on voit qu’il y a un certain nombre de faiblesses dans cette approche, mais qu’elle a
aussi certaines justifications. Ou alors, on peut aller dans l’approche mathématique la

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plus pure qui était celle qui transparaissait derrière le graphique présenté par Laure,
où je rentre dans la problématique de calculer la probabilité de défaut marginale, à
l’origine entre l’année 3 et l’année 5, que je compare à la probabilité de défaut
aujourd’hui à deux ans.

C’est peut-être un peu technique et je n’approfondirai pas trop, mais on voit qu’il y a
de vraies questions. Toutes ces approches peuvent avoir du sens et capter un
certain nombre d’effets. Je pense qu’un des principaux éléments, sur le choix de
cette demande d’utiliser des probabilités de défaut à maturité et du focus particulier
sur cet aspect-là, est de s’assurer qu’on n’oublie pas de capturer un certain nombre
de risques. On parle toujours d’un engagement zéro coupon, qui n’aurait aucun
paiement de coupon et donc aucune probabilité de défaut à un an, par exemple. On
a toujours des cas un peu particuliers qui peuvent justifier une application un peu
maximaliste du standard. Je pense que, là encore, notre objectif est d’essayer de
démontrer que peut-être qu’il peut y avoir des interprétations différentes, mais qu’au
final, le résultat n’est pas matériellement différent. C’est probablement une analyse
qui ne peut pas se faire en une seule fois, qui doit être déclinée en fonction des
portefeuilles de produits. La réponse parfois raisonnable est plutôt de démontrer que
c’est un sujet qui, théoriquement, peut-être un vrai sujet sur certains portefeuilles et
qui, sur la plupart des cas, ne génère pas d’écarts significatifs.

Le dernier point est également un point d’équilibre. Ce n’est pas forcément entre la
simplicité et la pureté du dispositif, mais c’est finalement entre le caractère
compréhensible du résultat pour les personnes qui font vivre le dispositif de suivi des
risques et, d’un autre côté, une vision très exhaustive des risques. Je veux dire qu’on
se pose sur des critères de détérioration, s’il convient d’avoir une approche où on
ouvre le jugement expert de manière très large, ou au contraire, si on a un focus
d’abord sur des approches un peu mécaniques et ensuite, sur le jugement expert. Là
aussi, on remarque une certaine disparité dans les approches. C’est une question où
on sent qu’il n’y a probablement pas encore de convergence très forte entre les
différents établissements.

Ces sujets sont encore très d’actualité et pas forcément stabilisés. En revanche, il
faut bien avancer. Je pense que, du point de vue de BNP Paribas, l’optique qui a été
suivie est de maximiser la réutilisation des concepts et dispositifs existants.
Pourquoi ? D’une part, parce que ces dispositifs, pour un certain nombre d’entre eux,
sont déjà éprouvés, ont déjà été utilisés. Nous avons donc un recul qui nous permet
de bien en comprendre et en mesurer les effets. Deuxièmement, ils sont aussi bien
compris par les différents stakeholders des parties du process, que cela soit en
interne ou en externe. Ce ne sont pas des choses qu’il va falloir réexpliquer. Nous
savons que cela peut prendre beaucoup de temps. Évidemment, il y a une dimension
économique pour éviter de dupliquer des dispositifs, ce qui est toujours coûteux,
notamment en termes de réconciliation. Nous avons essayé de nous appuyer, autant
que possible, sur les dispositifs existants. C’est aussi la logique du Standard, qui
préconise de s’appuyer au maximum sur les outils de suivi des risques existants, de
réutiliser les indicateurs bâlois, pas forcément directement, parce que nous savons
bien qu’ils ne sont pas complètement dans l’épure de ce qu’il faut utiliser pour le
standard. Cependant, beaucoup d’éléments peuvent être réutilisés. Sur le stress
testing, tous les travaux de sensibilisation, des taux de défaut au scénario

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macroéconomique, sont d’utilisation assez immédiate et aussi, évidemment, les


scénarios macroéconomiques qui existent déjà.

Ces différents piliers sur lesquels on a construit le dispositif sont rassurants,


puisqu’ils sont préexistants et qu’on sait comment ils fonctionnent. Après, ils doivent
être adaptés et parfois, il faut un peu leur faire violence pour les intégrer dans le
standard. Il y a la question du forward looking, une vision sans biais par rapport aux
indicateurs réglementaires, les sujets complexes de prise en compte des profils
d’amortissement que mentionnait Laure. Ce ne sont pas des choses sur lesquelles
nous disposons de solutions très avancées. En effet, c’est peu utilisé dans les
dispositifs que je viens de citer. Il faut les faire évoluer, mais cela constitue une base
que l’on considère comme solide, que l’on pense de nature à nous rassurer en
interne, mais aussi à rassurer en externe de ce point de vue.

Un autre enjeu, au niveau d’un groupe comme le nôtre, est d’assurer une certaine
cohérence et homogénéité. L’approche que nous avons choisie est de décliner des
guidelines méthodologiques au niveau groupe qui rentrent jusqu’à un certain niveau
de détail dans l’interprétation du standard et fixent un certain nombre de seuils ou de
critères à appliquer de manière globale. Il est possible, toutefois et sous réserve de
passer par un processus de validation, d’y déroger dans un certain nombre de cas.
Nous essayons de les garder dans des proportions limitées et surtout de les
appliquer seulement dans les environnements qui ont de vraies raisons de dévier de
ces standards, soit parce que leurs produits ou leur clientèle sont très naturellement
différents de celles pour lesquelles les méthodologies groupe ont été développées,
soit parce que les pratiques de risques peuvent être plus avancées sur certains
sujets que le standard minimal du groupe.

Ces guidelines forment un peu le point de base, et sont complétées par un


processus de validation interne qui veille au respect de ces standards groupe et, de
manière générale, au respect des bonnes pratiques. Les scénarios économiques
doivent être cohérents à travers le groupe, ce qui ne va pas sans poser un certain
nombre de questions. Il est vrai que pour essayer de garantir une certaine
homogénéité sur ce sujet, on peut difficilement imaginer que la France d’une entité
est complètement différente de la France de l’autre. Il y a une aussi nécessaire
cohérence sur la détérioration qu’une approche assez mécanique sur le critère de
détérioration peut assurer, mais en s’appuyant sur les résultats du dispositif de suivi
des risques. Ceci garantit quand même d’éviter une déconnexion trop forte par
rapport à ce que les personnes en charge du suivi des risques peuvent mesurer.

Sur les scénarios macroéconomiques, il y a l’utilisation des scénarios qui sont


réalisés notamment dans le cadre budgétaire.

S’agissant du calendrier, nous avons positionné les trois grands blocs, l’aspect
méthodologique, l’aspect process et l’aspect système. Nous essayons de travailler
sur les trois aspects en parallèle. Nous avons, évidemment, un point d’arrivée qui est
plus court sur la partie méthodologique, même si un certain nombre de sujets qui ont
été définis au niveau du groupe doivent ensuite être déclinés de manière plus
opérationnelle dans les modèles de chacune des entités. Des travaux continuent, et
continueront sur l’année 2016, voire même peut-être sur l’année 2017.

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Sur la partie process, là encore, il y a une vision de groupe et ensuite une définition,
une adaptation dans les contextes de chacune des entités en local. C’est une même
idée d’essayer de définir, surtout que les processus, naturellement, nécessitent une
consolidation in fine. De ce point de vue, cela nécessite une certaine coordination et
nous verrons après comment cela fonctionne et les systèmes, avec aujourd’hui des
travaux complexes. La qualité des données ou la disponibilité des informations, la
complexité des calculs à réaliser sont de vrais défis. On reconstitue des choses qui
sont probablement plus complexes que ce qui a été défini lors de la mise en place
des calculateurs de capital, par exemple. Un parallel run qui commence en
mars 2017 continuera jusqu’à la mise en œuvre du standard.

En termes de mise en œuvre, l’implémentation s’appuie sur un projet préexistant au


sein du groupe. Elle vise à assurer une convergence des filières de reporting, aussi
bien dans les dimensions finance, risques et liquidités. Finalement, IFRS 9 s’insère
très facilement dans cette logique. Pourquoi ce projet ? Pour assurer, évidemment,
une cohérence des informations et des données dès la source. Cela permet donc
éviter d’avoir à faire des réconciliations entre les différents reportings, de faciliter
l’accessibilité des données pour les différents participants aux process, de tenir les
calendriers de reporting qui, évidemment, ont une contrainte, et de partager, aussi
dans cette dimension groupe, les informations, d’assurer une appropriation par le
local. Ces informations sont utilisées par le calcul et également les résultats, de
manière à ce que l’appropriation, les inputs et les outputs soient réalisés en local et
puissent être consolidés au global, en ayant une garantie de la qualité des
informations au plus près de ceux qui les fournissent.

Sur le point que l’on cite à la fin, l’idée est que chacune des entités reste responsable
de la détermination de son montant d’impairment en permettant, par la mise à
disposition de ces outils en central, une consolidation la plus simple possible des
informations calculées par le local.

En termes de process, un principe est de se baser sur des données à M-1,


potentiellement M. Aujourd’hui, le point de départ est M-1, avec certaines entités qui
veulent, dès à présent, passer sur des données fin de mois. Le M-1 permet de
procéder à un certain nombre d’itérations et d’affiner le calcul en amont de la période
d’arrêté. En revanche, évidemment, le M permet une cinématique plus fluide et
moins de problématiques de réconciliation entre M-1 et M.

Un impact également est qu’un certain nombre de comités ou de processus doivent


être revus pour assurer, justement, la cohérence avec ce process d’arrêté. On revoit,
que cela soit sur les scénarios économiques, par exemple, mais également sur un
certain nombre d’autres process de la banque, la nécessité d’adapter pour garantir
que les informations sont bien disponibles et validées au moment de l’arrêté.

Il y a quelques messages. Laure a évoqué le point sur la perception par le marché. Si


on essaie de dire : « Est-ce que l’on pense que ce standard va répondre aux
préoccupations du G20 initialement émises en 2009 ? », la réponse est
probablement positive sur le caractère anticipatif. Il est certain que l’on se pose
beaucoup de questions, aujourd’hui. Cela montre que le système de
provisionnement deviendra beaucoup plus anticipatif qu’il ne l’est aujourd’hui. Dans
l’élaboration d’IFRS 9, de nouveaux concepts vont dans ce sens-là. Un montant de

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 17

provision sera probablement plus élevé. En revanche, on sent un aspect assez


clairement procyclique dans le standard sur certains secteurs d’activité. On sait que
la cyclicité, combinée avec un niveau de risque élevé, fait que les provisions vont
probablement fluctuer de manière plus significative qu’elles ne le font aujourd’hui. Ce
point commence à être relativement partagé. Il y a également la question, encore
très ouverte : quel est l’impact sur l’activité, sur les métiers ou sur la nature des
produits que l’on octroie ? Je ne pense pas qu’aujourd’hui, nous l’ayons beaucoup
maturée. Nous réfléchissons aux impacts business, mais ce n’est pas encore un
sujet sur lequel nous nous sommes forgés une religion très forte.

Le dernier point est : pense-t-on que cela va améliorer la comparabilité entre


établissements ? Dans une certaine mesure, oui. En interne, nous le sentons. Cela
permet de redéfinir un cadre sûrement plus clair que ce qui préexistait et va donc
vers une cohérence plus réelle des méthodes. En revanche, sur leur paramétrage,
beaucoup de questions se posent sur la détérioration, measurement, etc. Est-ce que
l’on saura plus facilement comparer les provisions d’un établissement à un autre ?
C’est difficile à dire, mais cela peut générer encore un certain nombre d’écarts. Tant
que ces approches n’ont pas encore convergé, on continuera à avoir peut-être des
divergences, en tout cas des difficultés quant à comparer les provisions des
différents établissements.

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CLUB BANQUE
IFRS 9 : AU CŒUR DE LA MISE EN ŒUVRE

Sébastien Rérolle , Credit Analytics & Ratings


24 mai 2016
Agenda

● Sujets normatifs à stabiliser

● Modalités de mise en œuvre

● Premier bilan?

24 mai 2016 2
Sujets normatifs à stabiliser

Certains points structurants de la norme restent encore sujets à discussion,


et pour d’autres les interprétations ne semblent pas encore avoir convergé :

● Concernant le Measurement…
● Principalement, la prise en compte de multiples scenarii dans l’application du forward
looking : un fondement économique raisonnable mais au détriment du caractère
auditable et compréhensible du dispositif mis en œuvre
● … Et la Détérioration
● Utilisation du practical expedient pour la PD à 1 an ou interprétation de l’horizon des PD
à maturité devant être comparées
● Modalités d’insertion des critères de détérioration dans les dispositifs de suivi des
risques, quel équilibre entre les mesures quantitatives et/ou mécaniques et le jugement
expert ?

24 mai 2016 3
Modalités de mise en œuvre : fondamentaux (1/2)

Néanmoins, les contraintes de l’implémentation nécessitent de progresser


sur la base de certaines hypothèses structurantes :
● S’appuyer sur les concepts et dispositifs existants
● Pour ne pas dupliquer les dispositifs et pour une meilleure compréhension et
appropriation des concepts :
● Dispositif de suivi et d’anticipation des risques
● Indicateurs de risque utilisés pour le capital réglementaire
● Dispositif de Stress Testing pour la sensibilisation des projections aux scénarios macro-
économiques
● Scénarios macro-économiques internes

● Tout en complétant des éléments spécifiques à IFRS9


● Vision Forward Looking et sans biais
● Prise en compte des profils d’amortissement…

24 mai 2016 4
Modalités de mise en œuvre : fondamentaux (2/2)

● Assurer l’homogénéité et la cohérence au sein du Groupe tout en reflétant


les particularités de certains marchés / produits ainsi que le jugement
expert :
● Définition de standards de niveau Groupe déclinés localement
● Processus de validation interne veillant au respect des standards Groupe
● Application de scénarios macro-économiques cohérents à travers le Groupe
● Approche essentiellement mécanique de la détérioration, s’appuyant notamment sur les
ratings validés par les experts pour le suivi du risque
● Utilisation de scénarios économiques validés par le management et utilisés pour d’autres
usages (budget…)

24 mai 2016 5
Modalités de mise en œuvre : calendrier
QIA
31/12/15 31/12/16 01/01/18
31/03/15 30/06/15 30/09/15 31/03/16 30/06/16 30/09/16 31/03/17

Implementation Official
Finalisation of Methodological Group policy of Group
Start of
Parallel Run Go-Live
Guidelines methodology at Date

… …
local level Local
Methodology

deliverable
Method.Group Independent
Regular workshops
Guidelines review to be
with Divisions
defined

Simulations

Target process description Adaptation of target


processes at local level
Process

Principles on
roles & responsibilities
Local Workflow Local Roles & Resp Chart

Communications on
Processes & Systems

Target architecture description Target solution implementation Target solution


live
Systems

Macro Architecture
description

Tactical architecture Tactical solution & processes implementation Tactical solution


& process description live

Divisions Roadmaps

24 mai 2016 6
Modalités de mise en œuvre : concept
● L’implementation d’IFRS 9 s’appuie sur un projet pré-existant de
convergence de filières de reporting Finance, Risque et Liquidité dans
l’objectif de :
● Intégrer les informations à la source (comptabilité, gestion, risque de crédit et liquidité)
pour garantir la qualité de données et éviter les réconciliations
● Faciliter l’accès aux données nécessaires pour l’établissement des rapports
réglementaires dans le calendrier requis
● Développer le partage des informations à tous les niveaux
● Favoriser et promouvoir la rationalisation et l’alignement des processus de l’architecture
et de la production des reporting
● Ceci se traduit par la mise à disposition d’outils centraux à toutes les
entités du Groupe, chacune restant responsable de la détermination de
son montant d’impairment IFRS 9

24 mai 2016 7
Modalités de mise en œuvre : processus

● Intégration d’une phase d’anticipation


● Calcul basé sur des données M-1
● Possibilité d’itération pour affiner le calcul en amont de la période d’arrêté

● Possibilité de procéder à un calcul sur les données fin de mois


● Cinématique fluide et rapide entre les entités et les outils centraux

● Nécessité d’adapter le calendrier de certains processus, notamment sur


l’établissement et la validation des scénarios économiques

24 mai 2016 8
Premier bilan?

● La norme répond-elle aux préoccupations du G20?


● Oui, du fait de son caractère plus anticipatif et de montants de provisions plus élevés
● Cependant, elle introduit un aspect procyclique à travers les modalités d’application du
forward looking notamment
● Quel impact sur l’activité, les métiers, la nature des produits octroyés?

● La norme améliore-t-elle la comparabilité entre établissements?


● Un cadre plus prescriptif que IAS 39 permettant une application plus cohérente
● Mais laisse beaucoup de variables à l’interprétation des établissements, sur la
détérioration, le measurement, les scenario macro-économiques et le forward looking

24 mai 2016 9
Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 18

Le point de vue de la BCE

Mme Anne LÉCUYER


Je voudrais continuer avec le point de vue du superviseur, depuis Francfort. Je
pense que Laure et Sébastien ont bien souligné les nombreux enjeux liés à la mise
en œuvre de la norme IFRS 9. Les interventions précédentes ont aussi montré que la
mise en place de cette norme mobilise de nombreuses ressources au sein des
établissements que nous supervisons, avec un fort ancrage dans la gestion courante
du risque de crédit. C’est du fait de ce fort ancrage dans la gestion des risques que
la mise en œuvre de cette nouvelle norme comptable constitue un sujet majeur pour
la BCE, dans ses fonctions de supervision microprudentielle.

Nous rappelons toujours que la BCE n’a aucun pouvoir comptable, mais il est certain
que la norme IFRS 9 change les courroies de transmission de nos actions de
supervision. Dans ce cadre et compte tenu des progrès déjà réalisés par des
établissements dans la mise en œuvre de cette norme comptable, nous l’avons
inscrite parmi les priorités du mécanisme de supervision unique, donc SSM, pour
utiliser l’acronyme anglais, pour l’année 2016. Il est prévu, notamment, la réalisation,
sur les années 2016 et 2017, d’une revue thématique visant, d’une part, à évaluer
l’impact sur les banques, de la mise en œuvre de la norme et d’autre part, à définir
nos attentes, en tant que superviseur, pour favoriser une mise en œuvre cohérente
de la norme au sein du SSM.

Avant de présenter un peu plus avant les travaux que nous entreprenons à partir de
cette année, et peut-être également leur articulation avec les travaux et initiatives en
cours au niveau de l’EBA et du Comité de Bâle, je voulais vous rappeler un autre
point de vue sur la norme, ainsi que nos principaux sujets d’attention, voire sujets
d’inquiétude ou de préoccupation.

D’abord, pour nous, IFRS 9 est un progrès. Cette norme nous semble en effet plus
en phase avec l’approche prudentielle des pertes attendues, plus en phase
également avec les pratiques de gestion des établissements. Le progrès concerne
en particulier la phase 2 de la norme et la reconnaissance plus rapide des pertes de
crédit qui représentent un sujet important pour les superviseurs. La norme vient
corriger l’approche de provisionnement comptable par risque de crédit avéré qui,
combinée à des politiques trop restrictives de provisionnement, peut aboutir à un
provisionnement juste avant le défaut.

Nous estimons qu’IFRS 9, par la prise en compte des informations passées et


présentes, mais également des prévisions raisonnables, a potentiellement la
capacité de nous ramener un peu plus près des objectifs quantitatifs de
provisionnement à moyen terme de nos établissements. IFRS 9 rapproche
également le monde comptable et le monde prudentiel. Ainsi la BCE – mais je pense
que c’est le cas pour l’ensemble des superviseurs – souhaite que la nouvelle norme
mette un terme à ce que l’on appelle too little too late de l’IAS 39.

Un autre progrès, de notre point de vue, est la simplification des règles de


classement comptable, avec les deux critères caractéristiques des instruments et
modèles de gestion et également la simplification de la comptabilité de couverture

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 19

produite par la norme, avec notamment la suppression du test d’efficacité rétrospectif


et prospectif assez complexe pouvant entraîner une forte volatilité du résultat en cas
de couverture devenant inefficace. L’approche, en matière de couverture, sera
davantage fondée sur les principes, moins complexes. Ceci étant, nous rappelons
qu’il est important que la relation couverture et son efficacité continuent d’être
clairement expliquées au superviseur et au marché, sur la base d’une relation
formelle et d’une documentation particulièrement structurée. C’est un point important
de notre point de vue également.

Si la norme paraît être un progrès, nous y voyons de nombreux risques d’exécution.


C’est une norme plus simple dans les règles pour nous, mais complexe dans sa
réalité de mise en œuvre. Le premier point fondamental évoqué par Laure, c’est
l’absence de convergence avec la norme américaine, l’US-GAAP. Elle ne devrait pas
retenir ce concept reposant sur une mise en œuvre en plusieurs étapes, avec une
probabilité de défaillance à un an et une probabilité de défaillance à maturité. En
effet, la norme américaine passe directement à la probabilité de défaillance à
maturité. Les différences de normes sont donc un point d’attention pour nous, car
elles s’observent dans les bilans bancaires. Des conclusions pourront en être tirées
par les différents analystes et observateurs sur les politiques potentiellement moins
conservatrices des banques européennes versus les banques américaines en
matière de provisionnement. C’est évidemment un sujet majeur pour nous en termes
de confiance dans les bilans bancaires européens. Cette confiance a été renforcée
par l’exercice d’AQR mis en œuvre au moment de la mise en place du MSU, mais
qui est toujours mis à l’épreuve par le montant élevé des créances douteuses en
moyenne, dans le bilan des banques que nous supervisons. Il faudra donc nous
assurer que le passage en phase 2 dans le cadre d’IFRS 9 sera le plus forward
looking possible, le plus rapide possible en cas de dégradation du risque de crédit.

Plus globalement, nous avons évoqué la question du caractère procyclique de la


norme. Il y a une littérature assez abondante sur le sujet, pour essayer de répondre à
la question de savoir si IFRS 9 est moins procyclique qu’IAS 39. Potentiellement,
l’approche par les pertes attendues peut minimiser l’effet d’amplification des cycles
par une prise en compte plus précoce des pertes dans les capitaux des banques.
Dans les faits, la procyclicité de la norme dépendra assez largement de la manière
dont elle sera mise en œuvre. Plus les éléments forward looking et les données
macroéconomiques sont intégrés aux méthodes retenues par les banques, plus les
provisions sont réactives aux évolutions des risques de crédit. Là encore, un
passage le plus rapide possible en stade phase 2 en cas de dégradation du risque
est un élément essentiel.

Un autre point d’attention pour nous est relatif aux incohérences avec le dispositif
bâlois. D’abord, la norme et ce dispositif diffèrent, bien entendu, dans leur champ
d’application, puisque la norme comptable va s’appliquer à des banques qui utilisent
l’approche standard pour les calculs des exigences aux fonds propres au titre du
risque de crédit. Pour les banques qui utilisent les modèles internes, les différences
de concept sont aussi assez largement connues. Nous avons une probabilité de
défaut au travers du cycle dans le cadre du dispositif bâlois, une LGD dump turn, une
probabilité de défaut à 12 mois versus une probabilité de défaut à maturité dans le
cadre de la norme comptable. Nous avons donc un risque d’exécution lié à une
certaine complexité, avec la nécessité de manier différents concepts. À cela s’ajoute

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 20

une potentielle forte discrétionnalité dans la mise en œuvre, avec la place laissée
aux dires d’experts, d’une part, pour juger de la dégradation significative du risque
des crédits et d’autre part, aux modèles. Là, nous revenons sur un risque d’effet
black box peu lisible, y compris pour les superviseurs. Ce risque peut être non
négligeable.

Par ailleurs, au titre de nos sujets d’inquiétude, nous avons également une mise en
œuvre potentiellement incohérente au sein des établissements et entre les
différentes banques. Pour pallier ce risque de mise en œuvre incohérent, il est
important que l’ensemble des établissements dispose d’une solide gestion de projets
pour la mise en œuvre de la norme. Nous avons vu que le sujet est assez complexe
et largement transversal. Assurer la cohérence dans la mise en œuvre, c’est d’abord
s’assurer d’une gouvernance mixte associant les filières à risques et les finances, en
permettant de capitaliser sur les méthodes et pratiques de gestion des risques
existantes. L’ancrage dans la gestion courante est également un point important,
pour vous comme pour nous.

Les sujets de gouvernance et d’implication des différents acteurs sont d’autant plus
importants que de nombreux concepts restent à définir plus avant. C’est le cas,
notamment, de celui de dégradation significative du risque de crédit qui peut reposer
sur de nombreux critères différents d’un établissement à un autre.

Nous sommes attentifs à un autre sujet, l’articulation avec la notion de forbearance,


telle que définie par le standard technique de l’EBA. C’est une notion à laquelle nous
tenons particulièrement, puisque, selon nous, ce concept est la première tentative
réussie en Europe pour disposer d’une amorce d’approche homogène et cohérente
sur l’identification de risque de crédit. Nous veillerons à ce que cette notion soit mise
en œuvre de la manière la plus rigoureuse possible, y compris au travers de la mise
en œuvre de la norme IFRS 9.

Un autre sujet d’inquiétude évoqué concerne les systèmes d’information, puisqu’à


l’issue de l’AQR, du comprehensive assessment, notre constat est que l’état des
systèmes d’information des banques que nous supervisons est loin d’être parfait.
C’est une marche d’amélioration notable, un sujet assez compliqué qui nécessite et
nécessitera des investissements extrêmement importants dans les années à venir
pour l’ensemble des établissements. Avec IFRS 9, en termes de données, il s’agira
également de gérer un niveau de granularité important, en particulier pour
l’évaluation de la détérioration du risque de crédit. Par ailleurs, les systèmes devront
gérer des concepts multiples de défaut, de probabilité de défaut, ce qui ajoute à la
complexité. Cela constitue, d’après nous, un risque à la mise en œuvre également.

Enfin, bien entendu, il faudra tenir compte de la question de la transparence et des


reportings, avec la coordination des processus de reportings financiers et
réglementaires.

S’agissant des adaptations prudentielles possibles dans le changement comptable


introduit par la norme, nous avons plusieurs pistes de réflexion et d’action à moyen
terme. Le premier consiste à assurer une définition cohérente des concepts de
provision spécifique et générale. Ce point a de réels impacts en méthode standard et
en méthode avancée du risque de crédit sur la définition des fonds propres

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réglementaires. Cela a également un impact en méthode standard sur la définition de


l’exposition défaut. Nous avons constaté que le traitement des provisions collectives
en IAS 39 est réellement divergent dans les différents pays, en termes d’application
bâloise. Ce sujet occupe et continue d’occuper un certain nombre de superviseurs.
Ceci étant, ce n’est peut-être pas le plus urgent et le plus opérationnel. Vous avez
d’autres sujets mentionnés également sur ce slide.

Le deuxième sujet et la deuxième question posée sont l’ajustement du traitement


réglementaire des provisions. À ce titre, l’impact fiscal de l’IFRS 9 devra sans doute
être également examiné. Il est dû à l’impact potentiel sur les fonds propres via le
traitement bâlois des actifs d’impôts différés. Cela peut avoir une incidence non
négligeable pour le calcul des fonds propres réglementaires.

Un point plus important est la réflexion ouverte sur la mise en place éventuelle d’une
période de transition pour réduire l’impact d’une première application de la norme. À
ce stade, aucune décision n’a été prise pour mettre en place un éventuel filtre
prudentiel ou une phase de prise en compte progressive de l’impact de la première
application d’IFRS 9. La question est bien de savoir si l’impact est de nature à créer
des difficultés lors de la première application, avec un effet potentiellement très
significatif sur la définition des fonds propres réglementaires, avec le respect des
exigences fixées au titre du Pilier 2. C’est une question importante qui est ouverte.

La question de la modification du Pilier 3 se pose et se posera également dans la


mesure où la norme laisse une large part au jugement. La transparence jouera,
évidemment, un rôle essentiel pour nous, superviseurs, et pour les marchés. Tout
cela devra s’articuler avec les publications de Pilier 3 autour des paramètres bâlois.
À plus long terme, on pourra s’interroger également sur la convergence des
dispositifs bâlois avec IFRS 9, puisqu’en retenant un concept assez similaire, le fait
de passer d’une carte de crédit à 12 mois à des calculs à maturité est un coup assez
fort porté au dispositif bâlois. L’impact assez fondamental sur le calibrage de
l’ensemble du dispositif est donc une question qui pourra se pose à plus long terme.
Je pense que la question la plus urgente à ce stade est celle de la cohérence de la
mise en œuvre et le traitement à première application, avec un potentiel impact
prudentiel dès la première application.

Quel rôle la BCE entend-elle jouer dans la mise en œuvre de cette réforme
comptable, particulièrement structurante pour les établissements que nous
supervisons ? Notre action sur ce sujet vise, d’une part, à mieux évaluer les enjeux et
les difficultés de mise en œuvre et d’autre part, à jouer notre rôle dans une mise en
œuvre cohérente et rigoureuse de la norme entre les établissements. C’est avec ces
objectifs à l’esprit que nous entreprenons une revue thématique sur la mise en
œuvre de la norme qui sera conduite sur deux années. Nous commençons cette
année et elle se poursuivra en 2017. C’est donc une des priorités que nous avons
annoncées au moment de la publication du programme annuel de supervision. Nous
avions, jusque là, été assez peu présents sur ce sujet, pour cause de mise en place
du MSU et de mise en œuvre des recommandations post-AQR. Nous comptons
rattraper un peu notre retard.

Le point central, dans le cadre de cette revue thématique, sera essentiellement le


nouveau modèle de provisionnement, l’essentiel étant d’éviter un passage en phase

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 22

étape 2 beaucoup plus tardif qu’espéré, ce qui pourrait créer un effet à terme de
défiance renouvelée sur les bilans bancaires européens. Notre revue thématique
sera conduite en deux étapes.

Une première étape aura lieu cette année, sur les deuxième et troisième trimestres.
Elle aura pour point de départ l’examen des réponses apportées par plusieurs
banques pilotes au questionnaire en ce début d’année par l’autorité bancaire
européenne et dont nous avons reçu les résultats fin avril. Cet examen sera
complété par une série d’entretiens avec plusieurs banques pilotes représentatives
de l’ensemble du secteur bancaire que nous supervisons. L’objectif de cette première
phase est, sur la base de l’examen de ces réponses et des entretiens avec plusieurs
établissements, de définir, dans la mesure du possible, nos attentes en termes de
mise en œuvre avec un objectif de communication à terme à nos établissements.
Cette communication reste toutefois assez largement à préciser et dépend
beaucoup, premièrement du résultat de nos travaux, mais également de la
publication d’une guidance au niveau européen. En effet, l’EBA travaille également
une déclinaison dans le cadre européen des principes bâlois qui devraient être émis
pour consultation, au début de l’été 2016.

La deuxième phase de nos revues thématiques est programmée pour fin 2016,
début 2017. Elle sera constituée par une évaluation de l’état de préparation de
l’ensemble de nos établissements par les équipes de supervision conjointe. L’objectif
sera de revoir le positionnement, l’état d’avancement de chacun des établissements
par rapport aux attentes que nous aurons définies dans la première phase de cette
revue thématique et, le cas échéant, d’émettre des recommandations et actions, si
nécessaire, qui seront ensuite suivies dans le cadre du programme annuel de
supervision.

En première phase de cette revue thématique, le dialogue que nous initions avec un
certain nombre de banques pilotes couvrira différents aspects :
- Des aspects de gouvernance d’abord. Là, il s’agit pour nous de comprendre
l’organisation des projets, les lignes de reporting au management, l’implication
des fonctions informatiques, le budget alloué à la mise en œuvre de la norme,
le recours à des ressources externes éventuellement et dans ce cas, pour
quel type de sujet ? Sujet de modélisation, sujet système, sujet de données,
sujet de back testing.
- Nous couvrirons, également, dans cette première partie, des aspects
méthodologiques, parmi lesquels les informations utilisées pour appréhender
la dimension forward looking. Nous chercherons à comprendre dans quelle
mesure les paramètres réglementaires, donc les paramètres bâlois, sont
utilisés comme point de départ, quels ajustements y sont apportés, le cas
échéant, quel processus de réconciliation est envisagé au sein des
établissements, entre les paramètres réglementaires et le calcul comptable,
quel est le processus de validation des calculs. Pour les portefeuilles qui ne
sont pas couverts par des modèles de notation interne réglementaire, nous
chercherons à savoir si les banques envisagent le développement de modèles
internes, si ceux-ci seront développés à des fins comptables uniquement ou
s’il sera envisagé de les utiliser à des fins de calcul des fonds propres. Le
recours aux données externes, pour ces portefeuilles, sera également un point
d’attention.

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S’agissant de la phase 3 de la norme, nous chercherons à comprendre les


différences entre les expositions classifiées dans ce bucket et les expositions non
performantes. C’est la même chose vis-à-vis des expositions en défaut. Nous
chercherons également à interroger nos établissements sur les évolutions anticipées
dans les politiques de provisionnement ou encore la méthodologie utilisée pour
passer de la phase 2 à la phase 3.

Une attention particulière, dans cette première phase de notre revue thématique,
sera bien évidemment portée à la définition du critère de détérioration significatif du
risque de crédit. Pour mieux comprendre la méthodologie de passage entre les
différents stades, quelle approche appliquer, pour quel portefeuille ? Quel seuil de
déclenchement sera utilisé ? Quelle approche sera retenue en cas de manque de
données ? Ce sont des questions posées.

Enfin, nous interrogerons également les banques sous revue sur les simplifications
utilisées dans la mise en œuvre opérationnelle de la norme, notamment
l’interprétation donnée à la disposition selon laquelle les banques doivent tenir
compte des informations raisonnables et justifiables, mais qu’elles ne sont pas
tenues d’effectuer une recherche d’informations exhaustives. C’est aussi un point sur
lequel nous rechercherons des éclaircissements.

Comment tout ceci et cette revue thématique s’articulent-ils avec les travaux conduits
par l’autorité bancaire européenne et les travaux du Comité de Bâle ? D’abord, les
travaux lancés par l’autorité bancaire européenne constituent pour nous un point de
départ de notre revue thématique. Le questionnaire de l’EBA, comme déjà indiqué,
constitue la première pierre de la revue thématique que nous mettons en œuvre. Ce
questionnaire EBA comprend une partie quantitative et une partie qualitative. Les
données quantitatives recueillies dans le cadre du questionnaire EBA nous seront
particulièrement utiles en ce qu’elles constituent un véritable premier effort de
chiffrage à l’échelle du système bancaire européen. Les données collectées nous
permettent d’appréhender les changements de classification des instruments
financiers, entre l’IAS 39 et IFRS 9. Nous disposons, en outre, d’une répartition des
dépréciations entre les trois phases de la norme, ainsi – point très important – que
d’une mesure d’impact sur les fonds propres prudentiels selon l’origine, le
changement de classification comptable ou les dépréciations.

Sur les aspects qualitatifs, le questionnaire EBA couvre un certain nombre de sujets,
les sujets de gestion de projets et de gouvernance. Sur les aspects de classification
et de mesures, il nous permet de mieux cerner les enjeux liés à la définition des
business models, à la mise en œuvre des tests paiement d’intérêt, aux principaux
portefeuilles impactés par les changements de classification, aux anticipations
attendues en termes de volatilité. Les méthodes de provisionnement sont également
appréhendées au travers de ce questionnaire. Tout ceci constitue des éléments
précieux que nous viendrons compléter par une série d’entretiens avec nos banques
pilotes dans la première phase de notre revue thématique. C’est donc sur cette base
que nous pourrons définir plus avant nos attentes, dans le cadre de la mise en
œuvre de la norme.

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Par ailleurs, une mise en œuvre de la guidance émise en décembre 2015 par le
Comité de Bâle est aussi au démarrage de notre action. Trois attentes principales
sont exprimées par le Comité de Bâle, dans le cadre de cette guidance. Sans aucun
doute, elles seront reprises dans le cadre de la guidance actuellement définie au
niveau de l’EBA. Nous les partageons totalement. Premièrement, le Comité de Bâle
appelle la construction d’un dispositif robuste d’évaluation des pertes de crédit
attendues. Cela doit se produire par une identification le plus tôt possible des
informations prospectives et des indicateurs macroéconomiques susceptibles
d’affecter le profil de risque du débiteur. C’est le premier élément important.

Le deuxième élément, en termes de détermination de l’augmentation significative du


risque de crédit, est que le Comité de Bâle encourage à un transfert entre phase 1 et
phase 2 suffisamment précoce. Une défaillance est vue comme un indicateur retardé
d’augmentation importante du risque de crédit. Les banques doivent donc instaurer
des processus d’évaluation et de gestion afin que l’augmentation du risque de crédit
soit détectée bien avant que les expositions soient en souffrance ou en défaut. Une
nouvelle fois, il s’agit d’être réactif.

La troisième attente importante est relative aux mesures de simplification. Le Comité


s’attend à ce que les grandes banques, en particulier, fassent un usage limité des
mesures de simplifications prévues par la norme, en particulier parce qu’il est peu
probable, du fait de leur activité, que l’obtention des informations nécessaires
implique, aux yeux des superviseurs, des coûts ou efforts déraisonnables.
Lorsqu’une banque applique les exceptions prévues par la norme, on s’attendra à ce
que cela soit explicitement documenté et clairement justifié vis-à-vis du superviseur.

Plus globalement, le Comité de Bâle émet onze principes. Huit s’adressent aux
banques et trois directement au superviseur, déclinant différents aspects en termes
de gouvernance, de méthodologie, de système ou de communication financière.
Nous mettrons en œuvre l’ensemble de ces principes et nos attentes seront définies
en ayant à l’esprit les attentes exprimées par le Comité de Bâle. Nous serons donc
100 % en ligne avec les attentes exprimées au niveau international.

Le dernier point concerne les impacts variés et multiples de la mise en œuvre


d’IFRS 9 sur nos autres actions de supervision. Elle vient d’abord modifier les
reportings réglementaires que nous utilisons en supervision quotidienne des
établissements. Là aussi, l’autorité bancaire européenne envisage la finalisation des
états FINREP IFRS 9 d’ici la fin du deuxième trimestre. Les modifications apportées
par l’autorité bancaire européenne seront limitées aux adaptations nécessaires pour
la mise en place de la norme. Notre point de vue n’apporte pas d’évolution de ce
changement significatif en termes de volume de données demandées dans le cadre
de ce reporting parce qu’une dizaine de tableaux ont été ajoutés pour prendre en
compte la création de nouveaux portefeuilles, de nouveaux modèles de
provisionnement et des modalités de couverture. Quelques autres tableaux ont
également été supprimés. Je pense qu’une trentaine de tableaux restent inchangés.

Après l’impact sur les reportings réglementaires, une autre initiative impactée par la
mise en œuvre de la norme est la revue générale des modèles internes. La target
review internal model (TRIM, sous acronyme anglais) que nous initions cette année
doit donner lieu à un examen sur place, à partir de l’année prochaine, d’un certain

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 25

nombre de modèles de crédits à sélectionner en fonction de leur criticalité et de leur


matérialité. L’objectif, au travers de cette revue ciblée des modèles internes, est de
renforcer la confiance dans les modèles utilisés, en m’assurant davantage de
comparabilité entre les banques. Il est clair que, dans ce cadre, la problématique
IFRS 9 va se poser, assez rapidement. Pour l’instant, les deux sujets sont un peu
parallèles. Il est certain que lorsque nous allons entrer dans la phase de revue des
modèles sur place, la question de l’impact IFRS 9 se posera, plutôt l’année
prochaine.

En matière de stress test, comme vous le savez, nous conduisons, ces jours-ci, un
exercice de stress test au niveau européen, en lien avec l’autorité bancaire
européenne également. Cet exercice a vocation à être mis en œuvre tous les deux
ans. Dans ce cadre, la question de la prise en compte des impacts de l’application
d’IFRS 9 se posera aussi en termes de trajectoire de fonds propres et de solvabilité
des établissements lors de cette période de stress. Il est très clair que, pour les
prochains exercices, la question de la convergence et de l’adhérence avec la norme
comptable se posera.

Cette année, mais plus encore en 2017, se posera également pour nous la question
de la prise en compte de l’impact IFRS 9, l’impact de la première application dans le
cadre de la détermination des exigences de Pilier 2. Nous tiendrons compte de ces
impacts de la première application qui pourront être assez significatifs et de
l’évolution des débats autour de la mise en œuvre d’une période de transition. Enfin,
comme cela a déjà été souligné, la norme a un impact assez structurant et majeur
sur les systèmes d’information. Or la mise en conformité de nos établissements avec
la guidance du Comité de Bâle, en termes d’agrégation de données, constitue aussi
une priorité pour nous. Nous voyons des synergies possibles entre les sujets qui
seront assez liés dans nos actions de supervision à venir.

En conclusion, sur ce sujet, nous opérons un coup d’accélérateur. Nous sommes en


train d’amorcer les discussions concrètes, établissement par établissement, sur des
niveaux de préparation et des impacts potentiels. Nous espérons que cela permettra
de catalyser la mise en œuvre de bonnes pratiques. En tout état de cause, nous
comptons jouer pleinement notre rôle dans une mise en œuvre rigoureuse des
guidances des Comités de Bâle, mais également de la guidance à venir émise par
l’autorité bancaire européenne.

Mme Isabelle SANTENAC


Merci beaucoup. Avant de vous passer la parole, Laure, tu pourrais peut-être juste
apporter une précision. Tu as parlé des délais potentiels pour les assureurs sur
l’application IRFS 9. Je pense qu’il faut clarifier que les assureurs qui font partie des
groupes bancaires devront appliquer IFRS 9 dans le cadre du reporting consolidé de
la banque.

Mme Laure GUÉGAN


Effectivement, le critère de prédominance des passifs d’assurances, en gros, est à
90 %, au niveau d’un groupe de bancassurance. Ce test ne peut pas être appliqué

Auditorium FBF, 18 rue La Fayette, 75009 Paris


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Anne Lécuyer IFRS 9
DGMSI / Div. 3
Chef de Division
Point de vue du
superviseur bancaire
(BCE)

Club Banque ‘’IFRS 9 : au cœur de la mise en


œuvre’’ - Paris, le 24 mai 2016
Rubric CONFIDENTIAL

Contenu

1 IFRS 9, un progrès …

2 Principaux sujets d’attention

3 Revue thématique par la BCE

4 Lien avec les travaux internationaux et européens

5 Lien avec les autres travaux de supervision

2 www.ecb.europa.eu ©
1. IFRS 9 : Un progrès…
Rubric

Une norme plus en phase avec l’approche prudentielle et les pratiques de gestion

Simplification des règles de


Vers une reconnaissance plus rapide
classement comptable et de la
des pertes de crédit
comptabilité de couverture

Concept de perte attendue, plus en ligne


Traitement pour les HQLA
avec Bâle 3

Attention à la capacité d’explication des


Vision prospective de la dégradation du
stratégies de couverture au marché et au
risque de crédit
superviseur

Vers la fin du “too little, too late” ?

3 www.ecb.europa.eu ©
2. Principaux sujets d’attention (1/3)
Rubric

D’importants risques d’execution dans la mise en oeuvre de la norme ….

Pas de convergence
Des incohérences avec Encore plus “principle-
avec les US GAAP et
le dispositif bâlois based” qu’IAS 39
caractère pro-cyclique

• Attention au risque de • Quelle convergence • Risques de modèle


retarder les passages en avec l’IRB réglementaire
étape 2 (PD, LGD, EAD) ? • Auditabilité et
permanence des
• Eviter un nouvel épisode • Quel traitement pour les méthodes : Quel rôle
de défiance vis-à-vis des banques en approche pour les auditeurs sur
bilans bancaires standard ? les dispositifs IRB ?
européens

4 www.ecb.europa.eu ©
2. Principaux sujets d’attention (2/3)
Rubric

Des risques d’incohérence de mise en oeuvre au sein des établissements et entre


différentes banques ….

De nombreux Quelle transparence


Des sujets de Articulation avec les
concepts peu et quel impact sur
gouvernance concepts bâlois
définis les reportings ?

• Gestion de projet • Définition de la • Investissements • Impact opérationnel


complexe période importants en pour les banques 3
d’observation termes de système définitions
• Coordination entre d’information différentes de la PD
risque et finance • Critères de passage ? 2 définitions
(processus et en étapes 2 et 3 et • Enjeux significatifs différentes de la
fonctions) impacts sur les en termes de LGD et de l’EAD ?
dispositifs de reportings et de
gestion du risque transparence • Peut-on imaginer
(i.e. watch lists…) une convergence
des définitions ?
• Articulation avec la
notion de
“forbearance”

5 www.ecb.europa.eu ©
2. Principaux sujets d’attention (3/3)
Rubric

Plusieurs pistes de réflexion et d’actions à moyen terme en termes d’adaptations


prudentielles ….

Assurer une définition


Ajuster le traitemnent
cohérente des concepts Mise en place d’une
réglementaire des
de provisions techniques période de transition ?
provisions ?
et générales ?

Quel impact de la
Impact sur le calibrage du
première application sur Impact sur le Pilier 3 ?
dispositif bâlois ?
les exigences de Pilier 2?

6 www.ecb.europa.eu ©
3. Revue thématique par la BCE (1/2)
Rubric

•Objectifs
 Un des objectifs principaux du MSU en 2016-2017
 Evaluer l’impact des nouvelles règles de classification, dépréciation et provisionnement
 Encourager une mise en oeuvre cohérente au sein du SSM
 Un point central: le nouveau modèle de dépréciation

•Phase 1 au Q2-Q3 2015 •Phase 2 au Q4 2016-H1 2017


 Point de départ: examen des réponses  Evaluation de l’état de préparation des
apportées au questionnaire de l’ABE établissements
 Définition des attentes du MSU en termes  Revue du positionnement des banques
de mise en oeuvre de la norme par rapport aux attentes du SSM
 Entretiens conduits avec un certain  Mise en place de recommendations /
nombre de banques pilotes actions, si nécessaire, par les équipes de
 Participation active à la définition des supervision conjointes (JST)
standards européens et bâlois
 Communication des attentes du
superviseur (sous une forme non encore
déterminée à ce stade)

7 www.ecb.europa.eu ©
3. Revue thématique par la BCE (2/2)
Rubric

Principaux aspects couverts en phase 1 de revue thématique ...

• Budget et ressources ?
Gouvernance • Allocation des ressources aux différents sujets (e.g. modélisation, données, IT,
backtesting, politiques comptables) ?

• Pour les portefeuilles en IRBA: utilisation des modèles réglementaires ? Avec quels
ajustements ? Intégration de la dimension prospective ?
Phase 1 – IFRS 9 • Pour les portfeuilles en SA / IRBF: développement de modèles ‘’IRBA-like’’ ? Non-IRB
modèles uniquement pour la comptabilité ? Utilisation de données tiers ?

• Pour les portefeuilles en IRBA: estimation des PD ‘’life time’’ ? Utilisation des
paramètres bâlois ? Avec quels ajustements ? Intrégration d’une approche prospective?
Phase 2 – IFRS 9 • Pour les portfeuilles en SA / IRBF: développement de modèles ‘’IRBA-like’’ ? Non-IRB
modèles uniquement pour la comptabilité ? Utilisation de données tiers ?

• Différences avec la définition des NPE ? Différences avec la définition réglementaire


Phase 3 – IFRS 9 des expositions en défaut? Quelles modifications des politiques de provisionnement?
Critère de passage de la phase 2 à la phase 3 ?

• Méthodologie de passage de la phase 1 à la phase 2? Différence avec les expositions


Critère de détérioration ‘’forborne’’ performantes ?
significative • Utilisation des ratings pour les portefeuilles IRB? Développement de notations pour les
portefeuilles non IRB?

Exemptions / simplifications • Quelles sont celles envisagées?

8 www.ecb.europa.eu ©
4. Lien avec les travaux internationaux et européens (1/2)
Rubric

Les travaux lancés par l’ABE constituent un point de départ de la revue thématique
BCE (questionnaire ABE envoyé à un échantillon représentatif des banques
européennes) …

Objectifs

• Etude d’impact sur les fonds propres


• Identifier les principaux enjeux/ difficultés de la mise en oeuvre
• Evaluer les différences d’approches entre jurisdictions et entre banques

Une première étude dímpact …

• Changement de classification des instruments financiers entre catégories IAS39 vs IFRS9


• Impact des changements de classification sur le niveau de provisionnement
• Estimation des niveaux de provisionnement par phase 1 à 3
• Impact de la première application sur les fonds propres réglementaires

Une meilleure compréhension des enjeux et difficultés de la mise en


oeuvre …

• Gouvernance et gestion du projet IFRS 9


• Enjeux et difficultés dans la mise en place des nouvelles règles de classification et méthodes pour
les pertes de crédit attendues
• Impact en termes de volatilité et de ‘’business model’’

9 www.ecb.europa.eu ©
4. Lien avec les travaux internationaux et européens (2/2)
Rubric

Une mise en oeuvre rigoureuse de la guidance émise par le comité de Bâle (Déc.2015)
est aussi au démarrage de notre action …

‘’La transition vers des systèmes comptables ECL


par les instances de normalisation comptable est ‘’Le Comité attend une approche
une étape importante dans la correction du disciplinée et de haute qualité pour
problème révélé par la crise financière, à savoir l’évaluation et le calcul des ECL en
une comptabilisation trop limitée et trop tardive vertu du cadre comptable applicable’’
des pertes sur prêts’’

‘’Le Comité admet que les autorités de contrôle ‘’Une attention particulière doit
puissent adopter une approche proportionnée en ce aussi être accordée à
qui concerne les normes qu’elles imposent aux l’application du principe
banques et l’exercice de leurs propres responsabilités’’. d’importance relative’’.

‘’Le Comité note que, pour appliquer


un cadre comptable ECL, les
banques doivent tenir compte d’un
large éventail d’informations. Les ‘’La prise en considération d’informations
données prises en considération prospectives, dont les facteurs macroéconomiques,
doivent être pertinentes pour est l’une des caractéristiques des modèles comptables
l’évaluation et le calcul du risque de ECL et joue un rôle essentiel dans la reconnaissance
crédit afférent à l’exposition précoce des ECL’’.
considérée et informer sur les
événements passés, la situation
actuelle et les prévisions relatives aux
conditions économiques à venir’’. 10 www.ecb.europa.eu ©
5. Lien avec les autres travaux de supervision
Rubric

La question des impacts sur les autres actions de supervision en cours est posée ….

Prise en compte
Revue ciblée des Prise en compte
dans les exercices
modèles internes dans les décisions
de simulation de
(TRIM) de Pilier 2
crise

Enjeux en termes de
systèmes Reportings
dínformation (mise NPL Task Force réglementaires
en oeuvre des (travaux ABE)
principes BCBS 239)

Dialogue avec les


autres superviseurs

11 www.ecb.europa.eu ©
Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 26

au niveau d’un sous-palier et ne fonctionne pas. En conséquence, les concessions


accordées par l’IASB satisfont les assureurs purs, mais pas les groupes de
bancassurance.

Mme Isabelle SANTENAC


Je voulais juste que certains ne rêvent pas sur ce sujet-là.

Je suggère que nous vous passions la parole. Nous avons aussi plusieurs questions
pour les intervenants.

Questions de la salle

De la salle
Bonsoir. Merci beaucoup pour ces différentes explications. J’avais deux questions.
Vous avez évoqué le fait qu’il va être très important de pouvoir documenter les
différents modèles, les différentes options. Je voulais savoir, que ce soit du côté des
auditeurs, des banquiers et des régulateurs, s’il y avait des essais d’éventuelle
standardisation, de la même manière qu’il y a eu le format de type XBRL pour
standardiser les reportings. Est-ce que, sur cet aspect documentation, etc., des
réflexions sont en cours ?

Le deuxième aspect est que je souhaiterais connaître l’avis du régulateur sur le fait
d’avoir des modèles qui, dans un premier temps, ne seraient pas forward looking,
d’après ce que j’ai compris, et de se dire que, dans une période de transition plus ou
moins longue, les modèles ne correspondraient pas forcément à la cible. Est-ce que
cette période de transition sera de six mois, un an, deux ans, trois ans ?

Mme Laure GUÉGAN


Je vais peut-être juste préciser ce que j’ai voulu dire par rapport à la question. Quand
j’ai parlé de période de transition, c’était plus par rapport à la mesure de la
détérioration et, du coup, du point de départ qui lui n’est pas forcément forward
looking. En effet, faire du forward looking en se mettant dans ses chaussures 15 ans
avant, ce n’est pas évident. C’est donc plus au niveau de la mesure de la
détérioration et de l’allocation Bucket 1, Bucket 2, plutôt que les modèles de pertes
attendus qui eux, en date de transition, seront bien pour la mesure des pertes
attendues en date de transition et au-delà, seront, à terme, forward looking, etc.
C’était plus dans une logique de détérioration significative, comme c’est une mesure
relative.

Mme Isabelle SANTENAC


Peut-être sur les aspects documentation, en tant qu’auditeur, bien évidemment, ce à
quoi on s’attend, est qu’il y ait des descriptifs, des modèles, des paramètres, des
hypothèses qui sont prises comme ce qui se passe aujourd’hui sur n’importe quel
sujet de jugement. Pour l’instant, nous ne travaillons pas main dans la main avec le

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 27

régulateur pour accorder nos violons sur ce que nous attendons de la


documentation. J’allais dire que ce sont des descriptifs assez précis de ce qui est
réalisé. C’est surtout une piste d’audit. Je pense que c’est là qu’il peut y avoir des
améliorations dans ce qui est fait aujourd’hui, parce que, comme je le rappelais au
départ, la plupart des données vont être des données de risques sur lesquelles les
contrôles aujourd’hui ne sont pas forcément les contrôles que l’on attend en termes
de qualité comptable.

Je pense que c’est aussi là qu’il y a des efforts à faire de la part des établissements.
Je ne sais pas si Anne voulait ajouter quelque chose.

Mme Anne LÉCUYER


Non. De notre point de vue, je ne pense pas que l’on arrive à standardiser la
documentation. Effectivement, le point important est que cela soit auditable,
compréhensible. La validation en interne est également importante pour nous. Donc
en premier temps et même à terme, je ne pense pas que nous ayons vocation à
standardiser la documentation des établissements même si, au cours des différentes
revues que nous pourrons mettre en œuvre, les bonnes pratiques émergeront.

Mme Laure GUÉGAN


Un aspect important de la documentation est de bien garder la trace, finalement, de
tout ce qui est testé, puisque la plupart des banques essaie plusieurs pistes. On
parlait tout à l’heure d’utiliser un score bâlois ou un rating qui a plutôt un horizon plus
court et des courbes d’EPD à maturité. Peut-être que dans certains cas, finalement,
on capte l’essentiel, en tout cas, avec le premier, mais cela doit être testé et
documenté. La trace de tout ce qui a conduit à des choix méthodologiques, simplifiés
ou pas, est très importante pour que nous puissions nous approprier le raisonnement
dans sa construction, tel que la banque l’a eu dans son processus d’implémentation.

M. Sébastien RÉROLLE
Je dirais, à notre petite échelle aussi, à l’intérieur du groupe, que nous nous sommes
également fixé un certain nombre de thématiques sur lesquelles nous pensons qu’il
est important que chacune de nos entités soit capable de démontrer que les choix
qui ont été faits sont effectivement adaptés dans le cadre de son portefeuille. Nous
mettons en place progressivement un certain nombre d’indicateurs. Nous voulons
demander de calculer dans les différents contextes pour s’assurer que l’hypothèse x
ou y, dans le contexte du portefeuille ouvert par cette entité fait toujours sens, de
manière à être capable de justifier, au-delà des simples principes, par des aspects un
peu quantitatifs, des démonstrations que les choix sont pertinents.

Mme Isabelle SANTENAC


J’ai une question pour Anne LÉCUYER. Vous mentionniez, tout à l’heure, le fait que,
suite à vos revues, il y aurait, potentiellement, des recommandations de la BCE. Est-
ce que j’ai bien compris, quand vous dites qu’a priori, les recommandations seront

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 28

par rapport à la guidance globale, parce que vous avez rappelé aussi, au départ, que
la BCE n’a pas de pouvoir comptable ? Je me posais donc la question de savoir sur
quoi porteraient les recommandations.

Mme Anne LÉCUYER


En fait, nous allons avoir trois niveaux. Nous avons les guidances bâloises, les
guidances européennes et potentiellement, au terme de notre première phase de
revue thématique, nos attentes, que nous formaliserons en interne, vis-à-vis de
l’extérieur. Cela reste à déterminer. Nous avons trois différents layers. Si nous
sommes amenés à émettre des recommandations, ce sera sur cette base.

Mme Laure GUÉGAN


J’avais à nouveau une petite question pour vous, sur la période de transition et la
décision éventuelle d’amortir le choc de première application. Je me posais la
question de savoir à quel niveau cette décision éventuelle était discutée, dans la
mesure où il y a plusieurs niveaux. Il y a le Comité de Bâle, le niveau européen avec
l’EBA et ensuite le niveau BCE. Comme c’est quelque chose qui va être très drivé
par l’ampleur de l’impact, éventuellement, cela peut être quelque chose qui, d’une
zone à l’autre ou d’un pays à l’autre, diffère. Je me demandais comment, en
conséquence, ce sujet-là, en particulier, était conduit.

Mme Anne LÉCUYER


C’est un sujet qui est évoqué à tous les niveaux que vous mentionnez, mais
beaucoup plus difficile, de mon point de vue, à conduire au niveau du Comité de
Bâle, parce que nous n’avons pas d’études d’impact qui seraient sur l’ensemble des
banques internationales. Je pense qu’à notre niveau, pour la BCE et pour la
détermination à venir des exigences de Pilier 2, nous serons beaucoup plus équipés
une fois que nous aurons fait cette revue thématique et que nous disposerons, avec
le questionnaire de l’EBA et nos propres discussions avec les établissements, d’une
idée beaucoup plus précise de l’impact de la première application.

Mme Laure GUÉGAN


Donc cela pourrait être quelque chose qui se situe purement au niveau européen ou
en zone euro.

De la salle
Bonjour. Amal MERZOUK de SAS Institute.

J’aimerais vous poser une question à tous les quatre. Par rapport à la gouvernance
IFRS 9, déjà, je voudrais savoir si derrière cette gouvernance, vous comptez
produire, au niveau de la BCE, une réglementation semblable à celle qui existe aux
États-Unis sur la gouvernance des modèles SR Letter 11-7. En effet, elle est déjà
pratiquée en Amérique du Nord.

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 29

Deuxièmement, vous dites que vous assurez l’audit et la traçabilité des modèles.
Aujourd’hui, on sait que sur le risque de crédit, beaucoup de banques ont choisi de
faire la modélisation sur un système, et les calculs et les traitements bâlois sur un
autre système. La traçabilité reste à justifier. Il n’y a aucun lien dynamique entre les
résultats et le modèle appliqué. Comment allez-vous vous assurer, par rapport à
IFRS 9, que cette pratique-là va être exécutée au niveau des banques ? Merci.

Mme Isabelle SANTENAC


Juste pour comprendre la deuxième partie de votre question, c’est de dire s’il y a des
modèles complètement différents pour le réglementaire et IFRS 9. Est-ce votre
question ?

Mme Anne LÉCUYER


S’agissant de la première question, sur la gouvernance, je comprends ainsi : existe-t-
il une réglementation au niveau de la BCE sur la gouvernance autour des modèles ?
La réponse est non. Ceci étant, il y avait un point clé pour nous, quand nous avons
évoqué ces aspects de gouvernance. Au sein des recommandations, des attentes
que nous pourrions émettre dans le cadre de la mise en œuvre, il pourrait y avoir
également de bonnes pratiques qui émergeront et que nous essaierons de
promouvoir au sein de nos établissements. Il n’y a pas de réglementation comme
celle que vous évoquez, venant de nos collègues américains.

Sur la deuxième partie, en termes de système, oui, c’est un enjeu. Pour nous, c’est
un sujet d’inquiétude. Effectivement, il faut jongler avec différents concepts et
différents systèmes. C’est un point essentiel de la revue thématique que nous allons
mettre en œuvre sur ces deux années, de comprendre les interactions entre ces
différents systèmes, si le réglementaire est utilisé, avec quels ajustements, comment
ils sont réalisés dans les systèmes, avec quel concept différent la gestion des risques
est effectuée. C’est un sujet assez fondamental que nous allons regarder de plus
près. Je ne peux pas vous donner la conclusion, puisque nous commençons notre
revue thématique sur la mise en œuvre d’IFRS 9. Cependant, au point de
démarrage, c’est un sujet d’inquiétude de notre côté.

Mme Isabelle SANTENAC


Peut-être que sur la partie gouvernance, ce que nous faisons déjà, en tant
qu’auditeur, ce sont surtout les modèles utilisés pour les instruments financiers
complexes. Nous regardons quelle est la gouvernance qui existe et nous nous
assurons qu’il y a une gouvernance. Il n’y aura pas de changement spécifique pour
les modèles de crédit. Cela sera un sujet d’attention de notre part, de toutes les
façons.

M. Sébastien RÉROLLE

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Revue Banque – Club Banque du 24 mai 2016 30

En effet, sur la model risk governance, etc., qui se met en place dans le cadre des
activités américaines auxquelles nous sommes confrontés, l’idée, évidemment, est
d’essayer de construire quelque chose au niveau groupe qui puisse au moins être
relativement cohérent. Je ne dirais pas forcément aligné à la réglementation
américaine, mais qui s’en inspire, puisqu’un certain nombre de sujets sont assez
pertinents sur la classification des niveaux de risque et des modèles. C’est une
source d’inspiration. Après, je ne sais pas jusqu’où nous irons en termes
d’application au niveau groupe. C’est un point de départ.

De la salle
Luc VALVERDE, EY. Je voulais savoir quel était le point de vue du superviseur sur
les impacts potentiels que peuvent avoir, TRIM, d’une part, puisque c’est une revue
des modèles et d’autre part, les discussions actuelles du Comité de Bâle sur la
remise en cause d’un certain nombre de pratiques de modèles internes et d’options
de modèles standards sur les outils qui vont permettre, dans l’immédiat, de calculer
les provisions.

Mme Anne LÉCUYER


Un impact certain. Pour le package en cours de discussion à Bâle, je mets de côté
puisque c’est assez largement en cours de définition. Pour TRIM, là aussi, nous
allons démarrer nos enquêtes sur place avec des attentes et une harmonisation,
puisque, jusqu’à présent, nous avions des pratiques de validation des modèles
internes assez divergents en Europe. Nous commencerons donc cette revue des
modèles internes avec une harmonisation de nos principes, ce qui couvre un certain
nombre d’aspects, dont les paramètres, le calcul de la LGD dump turn étant une
chose. Nous arriverons dans les établissements avec des attentes définies, l’objectif
étant de mesurer l’écart par établissement entre nos attentes et ce qui est
effectivement mis en œuvre. Cela pourra se traduire par une modification des calculs
au sein des modèles, avec une période de transition plus ou moins longue qui pourra
être discutée. Il pourra y avoir un impact.

Mme Isabelle SANTENAC


Il n’y a plus de questions. Je vous remercie pour votre attention. Nous vous
proposons de nous retrouver autour d’un verre, dans la salle de cocktail située à
côté.

Merci beaucoup et merci à nos intervenants.

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