Vous êtes sur la page 1sur 5

Analyse financière – MCCA1 FOAD – ISIG – Sources d’informations de l’analyse financière 2016

CHAPITRE II / LES SOURCES D’INFORMATIONS DE


L’ANALYSE FINANCIERE

Il s’agit dans ce chapitre de montrer que la matière première de l’analyse financière reste
l’information comptable. Or la comptabilité est marquée par une logique propre et des règles
internes qui ne sont pas forcément en adéquation avec la vision de l’analyse financière de
l’entreprise.

Nous allons donc voir dans un premier temps le cadre de production de l’information comptable
puis les besoins de l’analyse financière en matière de données quantitatives et qualitatives et enfin
les autres sources d’informations de l’analyse financière.

I / LE CADRE DE PRODUCTION DE L’INFORMATION COMPTABLE

1°) Les principes comptables


Le principe général d’image fidèle et sincère relève en fait d’un objectif général, il est articulé sur un
ensemble complet de principes reconnus par tous. Les principes comptables traditionnels les plus
importants sont les suivants :

1. Le principe de primauté du droit sur le fait  : dans le cadre des normes internationales IFRS,
une évolution à noter est la place grandissante de l’idée de la primauté de la réalité
économique sur l’apparence juridique. L’illustration type est le cas des biens financés par
crédit bail.

2. Le principe de la continuité de l’exploitation  : l’information comptable est établie dans


l’optique que l’entreprise continuera de fonctionner au cours des périodes à venir et non
dans une optique de liquidation ; voilà pourquoi par exemple les biens sont à amortir sur une
relative longue durée.

3. Le principe de la spécialisation des exercices  : à chaque exercice doivent être rattachés ses
produits et charges spécifiques ; ce qui explique les opérations de régularisations en fin
d’exercice comme par exemple les charges comptabilisées d’avance, les produits à recevoir…

4. Le principe de l’évaluation au coût historique  : toujours dans les normes IFRS, il est de plus
en question de l’évaluation à la « juste valeur » ou « fair value »

Présentateur du module : A. Jean-Marie WOBA Page 1


Analyse financière – MCCA1 FOAD – ISIG – Sources d’informations de l’analyse financière 2016

5. Le principe du nominalisme : ce principe implique que les évaluations des biens sont
maintenues constantes au cours du temps. L’altération de la valeur monétaire ne doit avoir
d’impact sur les valeurs comptabilisées des biens. L’évaluation des dettes et des créances en
devises est une brèche à ce principe.

6. Le principe de prudence : ce principe veut que toute charge susceptible soit constatée tandis
qu’ on ne pourra constater un produit que s’il est effectif.

7. Le principe de la permanence des méthodes  : les mêmes règles et procédures doivent être
appliquées dans le temps de manière à permettre une comparaison homogène des comptes
annuels de périodes distinctes.

8. Le principe de non-compensation  : aucune compensation n’est possible entre des postes


d’actif et du passif du bilan ou entre des postes de charges et de produits du compte de
résultat.

Les principes comptables restent marqués par une préoccupation juridique de garantie des tiers
créanciers tandis que le référentiel IFRS privilégie une optique d’information à destination des
investisseurs financiers ; ce dont se rapprochent les besoins de l’analyse financière.

2°) La liasse fiscale


Elle correspond à l’ensemble des imprimés des documents comptables et extra comptables à mettre
à la disposition de l’administration fiscale en vue de la détermination de l’impôt redevable.

Elle comprend (comme documents comptables) :

Le bilan actif

Le bilan passif

Le compte de résultat (débit)

Le compte de résultat (crédit)

Les immobilisations

Les amortissements

Les provisions du bilan

L’état des échéances

Et d’autres documents fiscaux et annexes.

Présentateur du module : A. Jean-Marie WOBA Page 2


Analyse financière – MCCA1 FOAD – ISIG – Sources d’informations de l’analyse financière 2016

C’est aussi essentiellement les documents comptables dont se servent les analystes financiers pour
leur diagnostic d’entreprise. Outre les documents de la liasse fiscale, les analystes se servent aussi
d’autres documents comptables tenus dans le cadre du système développé que sont le tableau des
soldes intermédiaires de gestion (SIG), le tableau de détermination de la capacité d’autofinancement
(CAF), le tableau de financement, le tableau de variation des capitaux propres et le tableau des flux
de trésorerie. Une copie de chacun de ces états sera communiquée en annexe et il sera fait cas de la
présentation, de la confection et de la lecture de chacun de ces documents au cours ou en TD.

3°) Le nécessaire dépassement pour le diagnostic financier


La comptabilité reste la source d’information à laquelle a recours systématiquement l’analyste
financier parce que l’information comptable est aussi bien synthétique que détaillée, chronologique
et homogène.

Cependant ce recours devra être critique du fait de la divergence de perspective. Pour les analystes
financiers, en obéissant aux normes citées ci-dessus, l’information comptable comporte des biais qui
altèrent de ce fait le principe de refléter l’image fidèle et sincère de l’entreprise. En témoigne
l’apport des normes IFRS qui sont pourtant des normes, à la base, comptables.

En outre l’analyste a souvent besoin d’informations qualitatives que ne donne pas la comptabilité et
pour cela, il devra avoir recours à des informations extra comptables.

II/ LES EXIGENCES DE L’ANALYSE FINANCIERE

1°) L’approche normative / l’approche positive


La comptabilité enregistre et traite l’information économique ; elle a pour vocation de constater : on
parle d’approche positive. Tandis que l’analyse financière développe une démarche interprétative ;
elle cherche à utiliser les informations qu’elle traite en vue de formuler un jugement, une
appréciation sur la situation ou les performances de l’entreprise : on parle d’approche normative.

2°) L’importance relative du formalisme dans l’analyse financière


La comptabilité s’exerce dans un cadre juridique contraignant et de principes strictes et formels, on
parle de normalisation comptable.

Présentateur du module : A. Jean-Marie WOBA Page 3


Analyse financière – MCCA1 FOAD – ISIG – Sources d’informations de l’analyse financière 2016

L’analyse financière, quant à elle, se préoccupe moins de ce formalisme que de la pertinence de la


lecture et de l’interprétation des données. Une bonne analyse financière n’est pas seulement un bon
calcul des agrégats et des ratios prédéfinis mais la présentation d’agrégats ou de ratios significatifs à
l’interprétation de la situation de l’entreprise. Autrement dit le critère de définition d’un « bon »
diagnostic n’est pas un critère interne de régularité mais un critère de pertinence par rapport à son
objet.

3°) L’importance des données qualitatives


Pour un bon diagnostic, l’on a toujours besoin de se rapporter à des informations d’ordre qualitatif
que la comptabilité ne peut malheureusement pas fournir, tels le potentiel technique d’une
entreprise, le potentiel commercial, la qualité de l’organisation …

L’importance de ces données qualitatives justifie le recours aux informations extra comptables
particulièrement diversifiées.

4°) La nécessité d’une anticipation


Le diagnostic financier comporte nécessairement une dimension prévisionnelle. L’analyste financier
cherche à évaluer la capacité bénéficiaire durable de l’entreprise, c'est-à-dire son aptitude à dégager
un niveau de performance stable à terme. Il cherche aussi à étudier son aptitude à maintenir sa
solvabilité et à faire face aux risques divers qui sont susceptibles de l’affecter à l’avenir. Ainsi le
diagnostic financier débouche nécessairement sur un pronostic, c’est la dimension anticipative.

III/ LES AUTRES SOURCES DE L’ANALYSE FINANCIERE

1°) Les sources extra comptables


Nous avons vu qu’outre les documents comptables classiques, la liasse fiscale comprenait d’autres
états tels le tableau des immobilisations ou celui des provisions dont se servent les analystes
financiers. D’autres états existent à caractère comptable ( tableau de financement, tableau de calcul
de la capacité d’autofinancement, tableau de répartition du résultats…) et qui sont nécessaires au
diagnostic financier des entreprises.

Présentateur du module : A. Jean-Marie WOBA Page 4


Analyse financière – MCCA1 FOAD – ISIG – Sources d’informations de l’analyse financière 2016

Ce sont des états dont le contenu se détermine à partir des données de la comptabilité mais qui ne
relèvent pas forcément d’états comptables à partir du moment où leur contenu peut aussi s’obtenir
par un truchement à la discrétion des dirigeants d’entreprise. On peut y faire fi des strictes normes
comptables et y mettre sa touche personnelle pourvu que l’information tende à refléter d’avantage
l’image fidèle et sincère de l’entreprise. Par exemple le tableau d’affectation provient des écritures
d’enregistrement de la répartition du résultat, mais est avant tout le résultat de la politique de
dividende de l’entreprise et des résolutions issues du conseil d’administration et de l’assemblée
générale des actionnaires.

2°) Le marché / secteur d’activités


Pour le diagnostic, l’analyste financier a besoin , d’une part, de savoir le contexte dans lequel les
performances de l’entreprise sont réalisées (le marché de l’entreprise) et, d’autre part, de
rapprocher ces performances à d’autres performances comparables (d’autres entreprises du même
secteur d’activités). En rappel le diagnostic a vocation à déboucher sur un pronostic. Pourtant pour
engager le pronostic d’un match de football par exemple, l’on doit savoir qui sont les challengers,
l’enjeu, le terrain sur lequel se joue le match, l’arbitre… c’est un peu à cette image que l’analyste
financier va collecter toutes les informations qui lui sont nécessaires pour engager son pronostic sur
l’avenir de l’entreprise.

3°) Le marché financier


Toute entreprise, même si elle n’a aucun recours au marché financier pour son financement, doit
pouvoir comparer ses performances à celles du marché. On parle d’une entreprise
« surperformante » ou « sous-performante » en comparaison de sa rentabilité financière au taux
d’intérêt du marché. Ainsi l’analyste financier va pouvoir donner son jugement de la situation de
l’entreprise par rapport à celle du marché, c'est-à-dire la situation moyenne globale des entreprises
du même secteur d’activités et du même marché.

Présentateur du module : A. Jean-Marie WOBA Page 5

Vous aimerez peut-être aussi